En sociologie, la "race" est un outil d'analyse de la société. C'est à dire qu'on le veuille ou non, à la manière de la classe sociale ou du genre, la race est concept judicieux afin de comprendre comment s'articulent les groupes sociaux dans nos sociétés.
Tant qu'il n'y aura pas de statistiques ethniques en France, tant qu'on ne fera pas la différence entre une discrimination raciste et une discrimination statistique (si 80% des habitants d'un quartier sont d'origine maghrébine, tu te doutes bien que les contrôles de police là-bas concerneront majoritairement des individus d'origine maghrébine...), et tant qu'il n'aura pas été formellement démontré que les discriminations "toutes choses égales par ailleurs" envers les descendants d'Afrique, à l'emploi ou au logement par exemple, sont effectivement des discriminations racistes et non pas des discriminations purement culturelles (liées au prénom, donc à un signe d'appartenance à une communauté qu'on estime réticente à s'intégrer et qui dans l'expérience de beaucoup de Français est surreprésentée dans les délits et les crimes), ce concept de race est condamné à rester une pure fiction, donc un très mauvais outil d'analyse de la société. A plus forte raison quand on commence à l'articuler au concept de "racisme systémique", concept fumeux (déjà, de quel système parle-t-on ?) qui n'a pas besoin d'être dit explicitement pour être pensé.
Et puis je veux bien qu'on me dise que la sociologie ne prend pas parti, mais le deux poids deux mesures dont parle Veyli, je le sens effectivement dans les travaux universitaires : dès qu'on y parle de races, c'est uniquement (mais je parle ici du point de vue de mon expérience restreinte, car j'avoue que je ne passe pas mes weekends à lire de la sociologie) pour dénoncer le racisme "inconscient" et "systémique" des Blancs envers les minorités "racisées" (le mot n'est pas anodin, il ne s'applique qu'aux minorités non-blanches et sous-entend qu'elles n'ont pas choisi de se définir par leur race). Idem, je n'ai encore jamais lu d'article de sociologie explorant la possibilité de l'auto-discrimination, l'auto-stigmatisation de certaines communautés par rapport à d'autres qui s'en sortent bien mieux sans êtres blanches. Tous les articles que j'ai lus partaient du principe que c'est la discrimination qui produit la délinquance, aucun n'admettait la possibilité que ce soit au moins également (et sûrement davantage) le contraire.
Mais c'est dans la société que je sens le plus ce deux poids deux mesures. Je ne sais pas si les sociologues sont à blâmer pour cela (en vérité j'en doute beaucoup, je ne pense pas qu'une Assa Traoré passe son temps libre à lire de la sociologie), mais je constate que les Noirs peuvent s'enorgueillir de la race noire, alors que si un Blanc s'enorgueillit de la race blanche, on crie au racisme, au suprémacisme blanc, etc. Pareil, on peut interdire un camp d'été aux Blancs et faire passer ça pour de la solidarité raciale dont on peut être fier, mais si des Blancs faisaient pareil, on crierait aux heures les plus sombres de l'Histoire. Enfin bref, nous sommes à l'évidence d'accord sur l'existence des dérives communautaires.
Le problème c'est que sans compensation de la part de l'autorité publique, les clivages ne font que se renforcer sous l'effet de l'héritage (héritage du capital culturel, du capital social et du patrimoine) et des discriminations.
Honnêtement, ce genre de discours victimaire ("c'est la faute à la société" https://www.youtube.com/watch?v=z5CHNmHFA3c ) commence à me saouler. Le statut de victime est trop confortable, tout autour de nous on peut voir moult exemples d'enfants d'immigrés africains qui se débrouillent très bien, même en ayant grandi dans des quartiers modestes. Et je ne fais même pas référence à Omar Sy ou à Yseult (qui a dit en recevant son prix que c'était à cause de la France si les femmes noires restaient invisibles et... Ah bah zut en fait, ça marche pas son histoire, erreur 404 à l'évidence). Non, je fais référence à des gens ordinaires.
Je t'invite à regarder cette vidéo qui est intéressante : https://youtu.be/mnkI4cNmNlw
"Le racisme en France, on le mesure peut-être mal, mais on ne peut pas dire qu'il n'existe pas."
Je te confirme que c'est très mal mesuré, c'est pas très sérieux d'établir l'existence de discriminations raciales à partir des simples prénoms. Encore une fois, rien ne dit que Nicolas Bensalah n'aurait pas été embauché.
Avec l'argument que tu tiens, au nom de l'universalisme républicain, faudrait-il s'interdire de questionner le sexisme ? Est ce que ce sont les études sur le sexisme qui le font advenir ?
C'est au nom de l'universalisme républicain que je critique le sexisme de l'islam radical, sexisme professé et assumé contrairement au sexisme qui peut encore exister dans notre culture occidentale.
Contrairement aux races, il y a des données sur le sexe, sur les coûts de la maternité, la répartition des tâches ménagères, etc. Les études sur les discriminations sexuelles sont plus objectives, plus sérieuses que celles sur le racisme, pour toutes les raisons évoquées plus haut... et déjà évoquées sur ce topic... C'est fou comment on tourne en rond, personne ici ne va changer d'avis, 99,99999% de la population se fichent de ce que chacun pense ici, pourtant on continue volontairement à perdre notre temps.