L'image d'un Mitterrand jeune d'ED.
Cette image a été imposé par Pierre Péan après la mort du grand homme.
Qu'en est-il ?
A ce jour, la meilleure analyse que j'ai trouvé est celle de Mitterrand lui-même.
Il reconnait être né dans un milieu de droite et avoir été logiquement influencé totalement dans sa jeunesse.
Le début de l'éloignement commence avec la rencontre de la belle Marie Louise Terrasse qui est fille d'un politique de centre-droit. Déjà il s'éloigne un peu de la base. Il rencontre ensuite un juif athée de gauche qui devient son ami. 2ème étape.
Ensuite vient la guerre de 40 et l'internement en Allemagne où il se rend compte que la gauche est la vraie humanité.
Après-guerre il est de gauche. En 1980 il devient le premier président de gauche, fat le RMI, le SMIC etc. beaucoup de choses tout de même.
Alors, qu'en est-il de sa jeunesse d'ED ?
Je crois qu'il est évidemment exagéré de le classer à l'ED.
D'abord qu'est-ce que l'ED dans l'entre deux guerres ? Hitler... Mussolini... en France l'ED ce sont les royalistes, l'Action française à la limite, pour ce qui est du fascisme il s'est très peu développé...
Mitterrand n'a jamais fait partie de l'AF, sa famille non plus. En réalité, ce sont de bons bourgeois de province très catholiques. Donc conservateur, oui, antisémite oui un peu, anticommuniste aussi... mais tout reste dans la norme.
En réalité, le seul argument réel de ceux qui le traitent d'ED est le suivant :
Mitterrand a fait partie de la ligue des Croix de Feu. Quand elle a été dissoute, le chef de la Rocque a fondé le Parti Social Français. Mitterrand a sans doute aussi fait partie de ce parti.
Mais dans quelle mesure cette ligue et ce parti étaient d'ED ?
Aucunement à mon sens. Les croix de feu étaient une association d'anciens combattants voulant empêcher le retour d'un nouveau massacre comme 14-18. On peut le dire pacifiste. Il était un peu antisémite, un peu anticommuniste, très catholique... bref il reflétait parfaitement le milieu de Mitterrand. Mitterrand y était donc très à l"aise.
C'est grâce à ces connexions et à l'Eglise que Mitterrand publie des articles dans la presse de droite (L'Echo de Paris).
Rappelons que les ligues ont été dissoutes par Blum en 1936. Rappelons que les croix de feu étaient la plus importante de toutes les ligues, mais elle était aussi la plus responsable. Le 6 février 34 elle appelle ses membres à ne pas forcer les barrages de police. Elle est donc tout à fait républicaine. Il ne s'agit pas d'une "ligue factieuse".
Quant au PSF, il est créé en 1936, et s'il a beaucoup de soutien, il ne participera à aucune élection, puisque la prochaine échéance était 1940... la guerre l'a donc rattrapé. Ses membres seront aussi bien dans la collaboration plutôt molle que dans la résistance. Le qualifier d'extreme droite parait donc absurde. En réalité, c'est du centrisme de droite.
Un autre argument pour blesser Mitterrand a été de lui reprocher les engagements politiques de sa famille éloignée.
En effet, on trouve bien des gens d'ED dans sa famille. Mais dans sa famille élargie uniquement. Dans sa famille lointaine et par alliance.
Ainsi, la famille de Mitterrand se trouve liée à la famille Deloncle. Deloncle est la famille fondatrice de la Cagoule. La Cagoule est indéniablement un mouvement d'ED.
Le frère de Mitterrand, Robert, épouse Edith Cahier qui est la nièce de la femme d'Eugène Deloncle, fondateur de la Cagoule.
Le lien existe. Mais on avouera qu'il est ténu. Reprocher à Mitterrand le mariage de la mère de sa belle-soeur... c'est pousser le bouchon un peu loin, n'est-ce pas ?
Un autre lien le rattache à la Cagoule. Celui d'un ami d'enfance : Jean Bouvyer. Car dernier était bel et bien d'ED. Membre de la Cagoule il est mouillé dans l'assassinat célèbre des frères Rosselli, des militants antifascistes italiens venus se réfugier en France.
Au final, oui Mitterrand est issu d'une famille bien bourgeoise de province. Une famille très catholique. Il est au milieu de réseaux catholiques de droite. D'où sa connexion à l'ED,n de manière très relative. Mais d'où aussi sa connexion au centre-droit.
Le plus important est la personnalité de F Mitterrand lui-même. Son milieu l'a influencé. Mais au final, très vit il penche pour le centre droit, et même vers la gauche. Après guerre, il s'engage à gauche. Et plus la vie va passer, plus il sera de gauche.
Tout ça me pousse à penser que Mitterrand est un homme bien. Né dans un bon milieu, il a su en tirer le meilleur et ne pas sombrer ni dans l'égoïsme, ni dans le narcissisme. Mieux encore, il a su à l'âge adulte tourner le dos à son milieux dépasser son origine sociale pour s'accomplir en tant qu'être humain. D'où son oeuvre sociale et économique en faveur des plus pauvres.
Cependant faire de Mitterrand un révolutionnaire serait exagéré. Il était beaucoup trop bourgeois, conservateur. C'est là sa limite. Mais si tout bourgeois catholique de droite pouvait évoluer comme il l'a fait, le monde sen porterait mieux.
Regardez le comportement de Macron. C'est l'exemple type du bourgeois catholique de province qui a mal tourné, qui a été incapable de critiquer son milieu. Il est fat, satisfait de lui-même et ne voit aucune raison de se tourner vers le peuple, d'aider les miséreux... bien au contraire, il se voit comme esclave du système et ne peut s'empêcher d'enrichir les riches quitte à appauvrir les pauvres.