Bonjour.
J'avais au départ écrit cette nouvelle pour le concours interforum, mais je n'ai pas été accepté car elle était trop longue. Mais j'aimerais tout de même avoir un avis dessus. Bonne lecture.
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Le dernier Envoyé
— Que ?... Quoi ?... Où suis-je ?
L’homme tourne la tête, regarde autour de lui, tout est blanc, partout. Il ne peut même pas voir le sol à ses pieds.
— Bonjour monsieur Foucher.
— Qui ?... Qui êtes-vous ?
Un vieil homme apparait soudain devant lui. Il porte une longue barde, et est vêtu d’une grande toge blanche.
— Je suis Dieu.
— Vous… Êtes... Dieu ? Alors, ça veut dire que je suis mort ?
— Non, vous n’êtes pas mort. Je vous ai juste fait venir ici.
— Et donc… Vous existez ? Et vous avez vraiment l’apparence d’un vieil homme ?
— Oh non. Bien sûr que non ! Mais il me fallait bien une apparence pour vous accueillir. C’est plus convivial. Et en occident, on se représente le plus souvent Dieu sous l’apparence d’un vieil homme, cette forme était donc toute trouvée.
— Je suis athée. Enfin, je l’étais, jusqu’à maintenant.
— Oui, et c’est assez dommage. Je préfère les agnostiques. Ils ont au moins l’intelligence de ne pas se prononcer sur des choses qu’ils ne peuvent pas savoir.
— Ah… Mais… Est-ce que… Est-ce que je suis dans un rêve ?
— Comment savoir ? Peut-être que tout n’est qu’un rêve. Mais cela semble bien réel, non ?
L’homme regarde autour de lui, de nouveau. Mais il ne peut rien observer d’autre qu’un blanc uniforme, partout. Pas d’horizon, pas de ciel, juste un sol dur et lisse, qu’il peut sentir plus qu’il ne peut le voir. Il se pince. Il sent la douleur dans son bras, mais le monde blanc autour de lui ne s’évapore pas. Alors il se griffe, jusqu’à ce que des perles de sang apparaissent. Il a maintenant mal au bras, et il ressent très nettement la douleur, mais cela n’a pas plus d’effet.
— Je comprends votre besoin de vérifier par vous-même, mais évitez de vous abîmer plus que ça, j’ai besoin de vous.
— De moi ? Vous voulez dire, vous avez besoin de moi… comme prophète ? Comme Jésus, Moïse, Mahomet ?... Vous m’avez élu ? Qu’est-ce que j’ai de plus que les autres ?
— Rien. Je n’élis pas. Je tire au sort. Les hommes doivent être capables de régler leurs problèmes par eux-mêmes, sinon leur vie même n’a pas de sens. Et si d’aventure je juge qu’il me faut intervenir, alors je choisi un humain au hasard. Certain s’en sortent, d’autre restent dans l’anonymat. Mais jusqu’ici, le résultat n’a jamais vraiment été satisfaisant. Les hommes sont trop imprévisibles, et ont tôt fait de tout déformer ou de servir leurs propres intérêt. Mais cette fois-ci, je veux essayer autre chose.
— Autre chose ?
— J’observe énormément l’humanité depuis quelques décennies. Tout s’accélère. Votre technologie progresse… de façon chaotique et incontrôlée. De nouveaux systèmes politiques apparaissent. Pour la première fois depuis le début de votre histoire, tous les états peuvent échanger, communiquer, faire des alliances. Vous appelez ça la mondialisation. On aurait pu croire que ce serait l’occasion pour l’humanité d’enfin s’allier dans un but commun. Mais non, ce n’est qu’un prétexte à toujours plus de compétition et de rivalités. Le XXème siècle a été très intéressant notamment. Particulièrement les deux guerres mondiales. J’ai entendu beaucoup d’appels. On m’a supplié d’intervenir. Et puis, quand je ne suis pas intervenu, on a dit que j’étais mort, ou que j’étais mauvais. Peut-être bien que je le suis. Les humains considèrent que Dieu doit pallier à tous les problèmes que eux-mêmes se créent. Si je les sauve à chaque fois, et que je règle tous leurs problèmes, quel sens à leur vie ? Quel mérite ont-ils ?
— Je… N’avais pas pensé à ça. Mais c’est au nom de ces principes que vous avez laissé six millions de juif se faire tuer ?
— Oui. L’histoire de l’humanité n’est ponctuée que de tueries et de génocides. C’est comme si l’homme, après avoir surpassé et éliminé tous ses prédateurs, était obligé de se trouver un nouveau prédateur en lui-même.
Cependant, après avoir médité la question durant de nombreuses années, j’ai décidé, pour une fois, d’exhausser en partie les prières des hommes. Ils ne peuvent pas vivre leur vie par eux-mêmes. Ils ne veulent pas juste d’un créateur, mais d’un leader, ils veulent quelqu’un pour les diriger et les aider. Cependant, je tiens toujours au principe selon lequel l’humanité doit s’aider elle-même. Ce leader, ce sera donc toi.
— Moi ? Mais… Je ne suis personne ! Qu’est-ce que je devrais faire ? Je m’en sens incapable !
— Ecoutez-moi bien monsieur Foucher. Actuellement, nous vivons la fin de l’humanité, le bouquet final, en quelque sorte. La technologie se développe à un rythme effréné et incontrôlé, la surconsommation épuise les ressources de la planète, et tout ce que fait l’homme actuellement tend à empirer le problème de façon exponentielle. L’homme cherche à régler les problèmes écologiques par la technologie, alors que toutes les décisions politiques et économiques qu’il prend vont à l’exact opposé de ce qu’il prétend vouloir faire. Nous sommes en 2015. L’humanité a cent, cent cinquante… Peut-être pas loin de deux cent ans. Passé l’année 2200, il n’y aura pratiquement plus aucun humain en vie sur la Terre ni nulle part ailleurs. Je donne une chance à l’humanité. Je ne suis jamais intervenu aussi personnellement, mais l’humanité n’a jamais été aussi proche de sa fin.
Je vais donc vous donner un pouvoir monsieur Foucher. Un pouvoir que je n’ai jamais donné à aucun humain. Je vais vous donner le pouvoir de faire ce que vous voulez, juste en l’imaginant. Je fais de vous pratiquement mon égal, en quelque sorte. Vous serez l’incarnation de Dieu parmi les hommes.
— Vrai… Vraiment ? ! Ca veut dire que je vais pouvoir faire tout ce que je veux ? Sans impunité ?
— Pas tout à fait tout ce que vous voulez. Vous ne pourrez pas voyager dans le temps. Vous ne pourrez pas non-plus acquérir la science infuse, il vous faudra continuer à apprendre les choses de façon « normale ». Et enfin, vous ne pourrez pas donner votre pouvoir à un autre humain, seul vous pouvez l’utiliser. Et vous ne pourrez pas vous éloigner à plus de dix mille kilomètres de la Terre, que votre mission ne concerne que la Terre. En fait, vous aurez en quelque sorte le pouvoir de manipuler la réalité à votre gré. Vous imaginez ce que vous voulez réaliser, et ça se réalise. Vous pouvez transformer la Terre, forcer les humains à faire certaines choses sous peine d’utiliser vos pouvoirs infinis contre eux, ce genre de choses. Vous serez pratiquement omnipotent et totalement invulnérable, si vous le décidez, personne n’aura le pouvoir de vous empêcher d’agir. Quoi que vous fassiez, je vous laisserais faire.
— Mais c’est de la folie ! Vous vous rendez compte que si je le souhaite, je pourrais détruire la Terre ?
— Tout le monde peut détruire la Terre. Moi, je le peux. Les hommes le peuvent aussi, depuis qu’ils ont l’arme atomique. Maintenant que vous aussi vous le pouvez, est-ce que vous allez le faire ? Rappelez-vous que vous êtes la dernière chance de l’humanité. Si vous échouez, tout sera fini pour toujours. À vous de prendre conscience de la responsabilité qui pèse sur vos épaules et d’agir en conséquences. Bien, cet entretient a assez duré, bon retour dans le monde des hommes. Et bon courage !
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Les parisiens se rassemblent sur le Champ de Mars. Une silhouette humaine, imbibée d’une lumière aveuglante, flotte à cinquante mètres au dessus du sol. La foule grossi de plus en plus, jusqu’à former une marre humaine de centaines de milliers de personnes. Nul ne peut manquer un tel spectacle. Les gens sont à la fois fascinés et effrayés. Beaucoup pleurent, de peur ou d’admiration. D’autres crient. Certain se signent et hurlent au miracle.
L’homme fait un geste du bras en direction de la tour Eiffel. Les gens qui se trouvaient sur la tour sont enveloppés dans des milliers de bulles, semblables à des bulles de savon, puis sont lentement déposés sur le sol. Puis la tour elle-même sort de ses fondations, se soulève, et flotte bientôt à plusieurs kilomètres au dessus du sol. Elle fait un tour complet dans le ciel, avant de redescendre, puis s’évapore d’un seul coup. Mais elle réapparait bientôt, aussi soudainement qu’elle a disparue, se tord et s’étire plusieurs fois comme un élastique avant de reprendre sa position initiale.
Ayant fini de s’amuser avec le symbole de Paris, l’être nimbé de lumière fait un nouveau geste, avec ses deux bras cette fois, et le ciel devient soudain sombre. Des étoiles apparaissent. En une seule seconde, la nuit est tombée. Puis le jour réapparait. Puis de nouveau la nuit. Puis le jour encore une fois. Un arc-en-ciel apparait lui ausssi dans le ciel, puis deux, trois, quatre. Les nuages se déplacent soudainement, mus par la volonté de l’être omnipotent. Bientôt, ils forment toutes sortes de silhouettes, à toute vitesse. Un visage humain de profil, un chat, le masque de Dark Vador, le visage de Mickey Mouse, la tour Eiffel, le visage de François Hollande, un dragon… Les images se succèdent pendant environ une minute. Puis finalement, tout dans le ciel reprend sa place, et les arcs-en-ciel disparaissent comme ils étaient venus.
Alors, tous les humains, sur toute la planète, poussent un cri de surprise en même temps. La voix d’un homme français leur parle, directement dans leur tête.
« Bien, bien. Dieu ne m’a pas menti. Je suis effectivement devenu omnipotent. J’espère que vous avez apprécié la démonstration. Si vous n’êtes pas à Paris, je pense que les images seront bientôt relayées sur la télévision et par internet. Si vous vous posez la question, chaque humain sur la planète entend exactement la même chose que vous. Avant toute chose, je tiens à m’excuser auprès des gens ne parlant pas le français. Je ne peux vous parler que dans une seule langue, et comme la plupart des français, je parle très mal anglais. J’aimerais donc que mon message soit le plus clair possible. C’est pourquoi j’invite toutes les personnes, dans tous pays du monde, qui connaissent le français, à noter ce que je vais dire, puis à en faire une traduction par la suite, pour que tout le monde puisse avoir connaissance de mon message. Je m’excuse vraiment pour les nombreuses personnes que je vais embêter pendant plusieurs minutes avec une langue qu’ils ne comprennent pas. Bien, je fais essayer de parler lentement.
Dieu en personne m’a fait venir à lui, il y a tout juste quelques minutes. Il m’a dit que je n’étais pas un élu, mais juste quelqu’un qu’il avait choisi au hasard, par soucis d’impartialité. Il m’a dit que je représentais la dernière chance de sauver l’humanité, car, à cause de la mondialisation, de la pollution et de l’épuisement des ressources, l’humanité court à sa perte. Il m’a donc donné le pouvoir de faire ce que je voulais par la pensée, et me laisse libre d’utiliser ce pouvoir comme je l’entend. Vous ne pouvez pas vous débarrasser de moi. Je suis maintenant totalement invulnérable, car je l’ai pensé. Cependant, ce pouvoir implique certaines limites. Ainsi, je ne suis pas capable de vous parler dans toutes les langues en même temps, car je garde l’esprit limité d’un être humain, et je ne peux pas connaitre des choses sans les avoir apprises. Je ne peux pas non-plus remonter le temps, ni donner, même en partie, mon pouvoir à qui que ce soit. Mais sinon, tout ce que je veux faire se réalise.