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Sujet : L'anneau de commandement
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Chocobo_3
Niveau 15
30 mars 2016 à 22:02:21

Voila le début du projet de fantasy sur lequel je planche depuis un petit temps. Le texte est (en théorie) corrigé, la lecture n'en sera que plus agréable, j'imagine. Ou pas. Ce début fait office de "prologue", les événements étant antérieur a tout ce qui suivra :)

Et non, je n'abandonne pas "les étranges aventures d'écriture", donc pas la peine de me poser la question :noel:

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L'anneau de commandement

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L'obscurité lui procurait un plaisir certain, un sentiment de puissance bien à lui. Une fois la lumière du jour déclinante, seul le feu pouvait vous découvrir. La dernière torche éteinte, il se cala le plus confortablement possible sur le rebord de la terrasse. La chambre du jeune prince dominait la plaine qui s'étendait, paisiblement, jusqu’à l'horizon. Un endroit d’où on pouvait toiser le monde, un endroit qui lui allait très bien. A défaut d'être passionnante, sa mission n'en restait pas moins plutôt agréable.
Le roi l'avait assigné à la surveillance permanente de son fils. Une surveillance qui n'était, selon lui, aucunement justifiée. Le jeune prince vivait dans l'opulence du château, chacun ici bas se bousculant pour s'accorder ses faveurs. Le roi n'avait rien voulu savoir. Lorsqu'il lui demanda pourquoi il ne confiait pas cette surveillance primordiale à l'un de ses soldats, ou mieux encore, à l'un de ses précieux capitaines, celui-ci se contenta d'une réponse pour le moins inattendue.

« La confiance est quelque chose de relatif. Concernant l'avenir de mon fils, je ne peux avoir confiance qu'en toi, Egar. »

Il s'amusa lui même de son imitation. « Le roi »... Il s'y était fait, petit à petit. Leur rencontre, leurs aventures, son dénouement, rien ne pouvait se rapprocher, de près ou de loin, de faits dignes d'un seigneur, mais cet homme l'avait sorti d'une autodestruction programmée. Il lui avait donné une chance. Il se remémora l'instant où sa lame, pourtant, avait failli lui trancher le cou. Une fois leur rencontre agitée terminée, ses talents innés et son abnégation l'avaient également sauvé une bonne douzaine de fois. Cela devait jouer, supposait-il.

— C'est mon père que vous imitez ?

La petite voix fluette le sortit de sa nostalgie. Le prince se tenait au milieu de la terrasse, en habit de nuit, baillant à s'en rompre la gorge.

— Vous devriez être au lit, Majesté, se contenta-t-il de lui signifier.
— Je n'arrive pas à dormir. Puis je n'aime pas lorsque vous me nommez de la sorte.
— Et comment donc voudriez vous que je vous nomme, lui répondit-il amusé.
— Ben... Salak, puisque c'est mon nom.

Il se contenta de sourire tout en continuant d’aiguiser la lame de son poignard. Le môme n'avait pas encore huit ans. L'âge où, en cas de force majeure, un héritier pouvait être considéré comme un souverain légitime. Un gamin pourri gâté, qui n'avait comme mérite que d'être le fils de son père. Cela finirait par le rendre malade, tant de précaution de langage envers un mioche a peine sorti des jupons de sa génitrice. Un léger désagrément en comparaison de la dette qu'il croyait être la sienne.

— Question de principe envers votre personne si prestigieuse, Majesté, ironisa-t-il.

Le gamin ne s'en contenta pas.

— Je ne suis peut-être pas si prestigieux que vous, reste que vous ne m'avez même pas vu venir... pas terrible pour celui qu'on surnomme « la lame de l'ombre »...

Piqué à vif, il ne put s’empêcher de répondre à la provocation. Le jeune prince le perdit des yeux sans même s'en rendre compte. L'ancien vagabond fit glisser sa lame courte sous la nuque de l'enfant, qui se retourna vivement, laissant transparaître une peur qu'il tentait tant bien que mal de contenir. Egar se contenta de lui administrer une pichenette sur le front.

— Adrianna va se faire réprimander si quelqu'un vous découvre dehors, en habit de nuit, à cette heure-ci. Vous ne voudriez pas que votre pauvre domestique endosse la responsabilité de vos escapades nocturnes, n'est-il pas ?

L'enfant secoua vivement la tête. La seule mention de sa domestique bien aimée le fit capituler. Il s’apprêtait a tourner les talons lorsque la porte de la chambre, au loin, vola en éclats. Les premiers morceaux de bois n'eurent pas le temps de toucher le sol qu'Adrianna, se réveillant en sursaut, poussa son dernier cri lorsqu'elle aperçut la lame prête a la décapiter. Il agrippa le gosse par le col et le tira violemment derrière lui, tout en essuyant un premier carreau d'arbalète dans l'avant bras. La tête de la domestique roula a ses pieds. Sans un réflexe hors du commun, le projectile l'aurait atteint en pleine gorge. Il fit sauter son épée dans sa main gauche et analysa la situation. Une demi-douzaine d'hommes masqués, en armures lourdes. Trop peu pour l’impressionner outre mesure. Il n'avait pas peur de mourir et entre toute les morts possibles, s'il lui était donné d'en choisir une, alors son choix se porterait assurément sur un trépas par les armes.

« La confiance est quelque chose de relatif. Concernant l'avenir de mon fils, je ne peux avoir confiance qu'en toi, Egar. »

Il se remémora les paroles du roi, son air grave, soucieux. Une vilaine intuition le piqua soudain. Le roi n'était plus. Les inconnus masqués venaient simplement finir le boulot et éliminer l'héritier. Tout ce qu'il pouvait faire pour cet homme, maintenant, était d'accéder à sa dernière requête. Il rengaina, prit le jeune prince dans ses bras et sauta par dessus le muret de la terrasse. Un nouveau carreau d'arbalète lui traversa le bas-ventre, entaillant l'os de sa hanche. Une sale blessure. Il dévala la pente de pierre en tentant de rester sur le dos, protégeant l'enfant du mieux qu'il put. Une de ses côtes se brisa, il cracha une gerbe de sang sur la tignasse ébène du jeune prince, puis s’efforça de tenir bon. Son crâne heurta le sol violemment, ne laissant qu'un voile noir comme horizon. Il s'évanouit.

Pseudo supprimé
Niveau 10
30 mars 2016 à 22:28:40

Lu.[[sticker:p/1lgd]]
C'est assez court pour l'instant, donc je ne vais pas poser de jugement définitif sur le fond. J'ai trouvé le début bien, mais c'est peut-être à peine mou quand les assassins arrivent. M'enfin, je suis fatigué donc c'est peut-être juste moi. ça m'a l'air bel et bon, sinon. ça promet beaucoup de choses, et on voit déjà qu'il s'est passé des trucs pleins de camaraderie et de baston entre Egar et le (défunt, du coup ?) roi. :hap: Un truc qui m'agace un peu dans les récits, et je sais pas du tout si c'était l'intention (mais en tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti), c'est le syndrome "anime" (c'est le nom que j'y ai donné mais c'est pas du tout légitime). Le syndrome anime, c'est le mec qui disparaît en un clin d'oeil pour se retrouver derrière le prince. C'est le mec qui encaisse un carreau d'arbalète avec son bras. C'est le mec qui se prend une flèche dans les reins et continue de courir. C'est le mec qui saute dans le vide avec un gosse sur l'épaule.
Enfin bref, c'est pas du tout fondé mais c'est quelque chose qui m'agace, mais je suis certainement trop occidental pour le coup. :hap: Et puis merde, c'est de la fantasy, donc laisse comme ça c'est très bien. En plus il finit par se fracasser la gueule donc ça va (big up pour le vomi de sang dans les cheveux du prince, il l'a mérité ce mioche :hap:)

J'ai remarqué deux petites erreurs, sinon.
"baillant à s'en rompre la gorge" :d) à s'en rompre la mâchoire, plutôt ? Se rompre la gorge en bâillant je trouva ça bizarre :hap:
"par dessus le muret" :d) Par-dessus

Voilà, j'attends la suite, parce que ce que j'ai critiqué là c'est surtout du détail et ça me concerne moi, et ton récit m'a l'air de qualité et plein de promesse !

Chocobo_3
Niveau 15
30 mars 2016 à 22:44:35

Merci Caramel!

Pour le "syndrome anime" c'est pas la première fois qu'on me le dit, pourtant ici... Il se retrouve derrière le gosse parce qu'il fait nuit, que les dernières torche sont éteintes, donc qu'on y voit pas grand chose. Lever son bras pour éviter de prendre un projectile me semble tout à fait naturel. Quant au deuxième, il se le prend alors qu'il s’apprête a sauter, et finit donc par dégringoler tout en tentant de protéger l'enfant. (D'ailleurs c'est peut-être pas assze détaillé, mais il ne saute pas dans le vide, il saute du balcon et se ramasse dans une pente très raide. J'aurais peut-être du préciser :-)

Bref, je ne trouve pas que le "syndrome anime" soit très dérangeant ici. Mais je ne m'en rends peut-être même plus compte :p)

(Je posterais la suite, qui est déja écrite, lorsqu'elle sera corrigée :) )

Pseudo supprimé
Niveau 10
30 mars 2016 à 23:00:26

Non mais le syndrome anime n'est pas forcément une mauvaise chose, c'est un parti pris qui peut donner des très beau trucs. Je disais juste que c'était pas trop ma came, mais si c'est dans le postulat de départ je m'adapte quoi, d'autant plus que ça a aucun sens de reprocher ce genre de truc à une oeuvre de fantasy. :noel:
Mais c'est clair que là c'est très léger hein, y a rien de vraiment fantasque et ça reste quand même assez crédible.

Chocobo_3
Niveau 15
30 mars 2016 à 23:04:33

Ah, parce que j'me disais aussi :p)

(Après je cache pas que je suis un gros gros, GROS bouffeur d'animé, c'est un secret pour personne^^)

ggiot
Niveau 10
30 mars 2016 à 23:20:49

Lu également !

Et j'ai bien apprécié :-d ! J'ai un peu tiqué au début, mais on rentre très vite dans l'action et les personnages sont assez crédibles pour une entrée en matière.

"L'obscurité lui procurait un plaisir certain, un sentiment de puissance bien à lui. Une fois la lumière du jour déclinante, seul le feu pouvait vous découvrir. La dernière torche éteinte, il se cala le plus confortablement possible sur le rebord de la terrasse. La chambre du jeune prince dominait la plaine qui s'étendait, paisiblement, jusqu’à l'horizon. Un endroit d’où on pouvait toiser le monde, un endroit qui lui allait très bien."

Le début m'a un peu gêné, dans le sens où ça pourrait être plus clair. Tu changes de sujet assez bizarrement : "lui procurait" puis "pouvait vous découvrir" puis "il se cala" puis "où on pouvait" et enfin "qui lui allait". Tu oscilles entre ton personnage et des pronoms qui ne s'adressent pas à lui, c'est pas sympa à la lecture. Je fixerai tout sur le personnage principal :

:d) "L'obscurité lui procurait un plaisir certain, un sentiment de puissance bien à lui. Une fois la lumière du jour déclinante, seul le feu pouvait le découvrir. [...] Un endroit d'où il pouvait..."

"A défaut d'être passionnante, sa mission n'en restait pas moins plutôt agréable"

Le "plutôt" est en trop, c'est un détail que je pense inutile et qui rend la fluidité bancale.

"Ben... Salak, puisque c'est mon nom."

Pas trop fan du "ben". Je mettrai "Eh bien...".

"Il se contenta de sourire tout en continuant d’aiguiser la lame de son poignard."

On comprend en lisant mais le "il" se réfère normalement au dernier qui parle, donc l'enfant. Il faut rappeler le protagoniste ici.

"Piqué à vif"

Je crois que c'est "piqué au vif" l'expression.

"il ne put s’empêcher de répondre à la provocation"

Même chose, le "il" ne fait pas bien son job. Mais on a "piqué au vif" avant donc on sait de qui tu parles, là ça va. Mais le gamin nomme le héros juste avant ("lame de l'ombre"), donc un simple "ce dernier" suffirait je pense.

"la lame prête a la décapiter"

Il y a un accent sur le "a" :hap: (c'était l'instant orthographe juste pour t'embêter, sinon c'est très propre ^^). Même chose pour "roula a ses pieds".

"Il agrippa le gosse par le col"

Je bloque un peu sur "gosse", ça ne va pas très bien avec le ton du texte je trouve.

Bien vu pour la gerbe de sang, c'est crédible. Je n'ai pas été rebuté par les carreaux d'arbalètes, on peut être lame de l'ombre et se faire percer de partout (attention à ne pas le faire gambader tranquillement après par contre :noel:).

Donc j'ai trouvé ça bien, par contre si ton intention était de présenter le prince comme un petit morveux avec une cuillère d'argent dans la bouche, c'est raté, je le trouve plutôt agréable et courtois (donc j'espère que tu vas aussi dans ce sens). Je sais pas pourquoi, mais j'ai imaginé un contexte oriental à ton récit :(.

--crazymarty--
Niveau 10
31 mars 2016 à 00:23:15

Lu aussi. Peu à dire (via mobile) sinon que c'est une belle entrée en matière, agréable, flide, et qui donne envie d'apprécier la suite :-) .

Chocobo_3
Niveau 15
31 mars 2016 à 00:54:35

Merci pour les retours, celui de Ggiot est particulièrement plaisant car il souligne des choses sur lesquelles j'ai hésité! Pour revenir dessus:

Le "ben" me dérangeait un peu aussi a la lecture. Je voulais que ca fasse enfant, mais en effet, un "eh bien" aurait peut-être été plus judicieux. Sinon tu souligne assez bien mes problème récurrent, surtout au niveau de "qui" parle. (perso, narrateur, autre perso...)

Si tu trouve le prince "plutôt agréable et courtois" alors c'est tant mieux, c'est exactement ce qu'il est^^ Son coté "morveux pourri gâté" n'est en fait que la représentation que s'en fait Egar. Donc c'est plutot réussi tout en étant pas très clair, je pense :p)

Je posterais la suite quant elle reviendra de correction :)

LePerenolonch
Niveau 10
31 mars 2016 à 14:19:07

Salut, j'ai lu, deux trucs me dérange :hap:

Le premier, qui n'est pas bien grave (le second ne l'est pas non plus :hap: )

C'est qu'ils sont sur un balcon, et au loin on entend la domestique qui hurle, on peut penser qu'elle est assez loin, donc comment ça se fait que sa tête vienne jusqu'ici ?

Le second, c'est lorsque le héro est acculé avec le prince, arbalètes chargées, lui en joue, on s'attend à plus de description, là il saute du balcon, j'étais déçu de pas avoir une scène un peu plus épique :hap:

Après pour le reste, je peux pas dire grand chose, j'ai pas encore assez :hap: Concernant l'influence des animés, n'en aillant vu aucun, je ne peux pas dire :hap:

HelpingFR
Niveau 25
31 mars 2016 à 14:38:55

J'ai lu, ça va très vite, mais gigot a pointé ce qui m'a empêcher de bien me repérer.

Tu devrais t'assurer de rappeler le protagoniste qui exécute l'action. Je pensais que c'était l'enfant qui avait le poignard :noel:

Et lorsque les assassins débarquent, la servante se fait louseizier puis ensuite, tu t'engage dans un "il" qui agrippe le môme. Qui est ce "il" ? Egar ? Un assassin ?

J'attend la suite :oui:

Chocobo_3
Niveau 15
31 mars 2016 à 17:30:21

Oui, ca manque peut-être un brin de description. La domestique est toute proche d'eux en fait, elle est assoupie près du lit du prince. Elle ne crie pas parce qu'elle est loin, par contre. Et vu que le prince retourne vers son lit au moment ou la porte vole en éclat, et qu'Egar intervient pour le tirer en arrière, la distance entre les deux au moment ou elle se fait décapiter n'est pas très grande. Après une fois qu'il prend la fuite, il est de dos, et se mange le deuxième carreau lorsqu'il enjambe le muret du balcon.

Et c'est bien sur Egar qui attrape le gosse, Helping. C'est vrai que ca peut porter a confusion.

FatuiteR
Niveau 10
02 avril 2016 à 23:27:02

Lu.

Une bonne entrée en matière, malgré un niveau de détails un peu faible. ça ne se sent pas vraiment sur le coup, mais quand ça commence à bouger un peu, on remarque qu'il manque quelques éléments pour se repérer. Rien de bien grave. J'ai quand même une légère remarque qui m'apeure un chouia. On sent très vite qu'il y a un gros vécu entre le roi et le héros, et ça m'a un peu déconcerté. C'est pas une mauvaise chose en soi, mais je trouve que ça complexifie beaucoup une situation de départ assez simple pourtant. Il y a quand même pas mal de build-up là-dessus, et j'ai trouvé que ça faisait too much. C'est purement personnel, c'est juste que moi, ça me brusque :hap:

Chocobo_3
Niveau 15
03 avril 2016 à 01:35:26

Merci pour ta lecture Fat! Juste pour préciser, je pense que tu te trompe de héros :-) Je devrais pouvoir poster la suite demain, en théorie :)

FatuiteR
Niveau 10
03 avril 2016 à 08:23:39

Euh... Je me trompe de héros ? :doute: J'veux dire, le héros ici, le protagoniste principal, celui qui agit et tout, c'est le garde du corps, Egard ( le gentleman cambrioleur ! ).

Chocobo_3
Niveau 15
03 avril 2016 à 16:49:50

Oui, c'est lui qui "mène l'action", mais c'est une sorte de prologue, déja, la suite prendra place dix ans plus tard. Et de toute facon, dans la plupart de mes récits, y'a jamais véritablement de héros dans le sens commun du terme. C'est a dire personnage principal autour duquel tourne l'histoire. C'est généralement plus souvent un groupe, un plusieurs individu :) Bref, tu verra bien^^

(Et c'est Egar, et non Egard :-) )

Chocobo_3
Niveau 15
03 avril 2016 à 17:22:14

Après la première partie qui faisait office de "prologue", voila la suite :)

(Ceux qui ont suivit mon dernier récit commenceront a y retrouver de vieilles connaissances^^ )

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I.

Le soleil déclinait lentement à l'horizon, laissant Miri admirer le teint coloré que prenait le ciel en ce début de soirée d'été. Une soirée qu'il passait plongé dans les archives du château, s'intéressant, cette fois, au règne d'Anathor Maelys, le premier à avoir utilisé le célèbre anneau de commandement. Anathor "l'autoritaire" fut le premier Maelys à prendre le contrôle de Libéria. S'en suivit deux cents ans de règne sans partage pour cette dynastie dont la principale caractéristique restait incontestablement la possibilité exclusive d'utiliser l'anneau. Bien d'autres s'y étaient essayés, sans succès. Un règne sans partage qui prit fin dix ans plus tôt, sous l'impulsion d'un jeune loup aux dents longues. Miri ne comptait pas plus d'une vingtaine de printemps à l'époque. Ce fut pourtant lui qui, dans l'ombre, fomenta l'assassinat du roi et se forgea une place de choix dans la politique décisionnaire de Libéria.

Ancien marchand itinérant et négociateur hors pair, le jeune homme finit par s'établir définitivement dans la cité. Un endroit prospère, sûr et grouillant d'activité. Une fois la température de l'endroit bien assimilée, il s'évertua à nouer des relations de commerce privilégiées avec tout un tas de gens haut plaçés. Parmi eux, Ömuur Krastak, maître d'arme des jeunes recrues et commandant de la section de renseignement. A la tête des "chevaliers noirs", Krastak était incontestablement l'une des figures les plus emblématiques et les plus respectées de Libéria. Miri, dont les voyages incessants avaient gonflé les possibilités et le carnet d'adresses, rentra vite dans ses bonnes grâces. Pas de confiance entre les deux hommes, Krastak étant bien trop méfiant que pour faire confiance à quelqu'un d'autre qu'à l'un de ses précieux chevaliers, mais un respect mutuel. Cela lui permit, à défaut de compter sur son soutien physique, de profiter de son accord implicite et de son absence de remords quant à la possibilité d'éliminer le seigneur de ses propres terres. 

Ömuur Krastak faisait partie de la vieille école. Sa fidélité n'allait pas à un homme, mais au royaume. Peu lui importait qui siégeait sur le trône ou qui accédait au conseil, tant que la pérennité du pays ne s'en voyait pas altérée. Un code moral qui lui allait parfaitement. Après avoir réussi à destituer le roi par le sang, il put compter sur le soutien de Krastak pour intégrer le conseil. Depuis, Miri Naz Rhur comptait, lui aussi, comme l'une des figures les plus importantes de Libéria. Une réussite qu'il ne devait qu'à lui, fruit de sa sagacité et de son art du marchandage. C'est sur ses pensées pour le moins réjouissantes qu'on toqua a sa porte. Deux coups rapides suivis d'un coup plus sec. L'un de ses hommes.

— Entre, ordonna- t-il de sa voix chantante. 

L'individu pénétra dans la pièce sans un bruit, silencieux comme une ombre. Drapé dans une tunique d'un blanc éclatant, il baissa légèrement la tête en signe de respect.

— Un homme désire s'entretenir d'un fait de la plus haute importance avec son maître.
— Parle, je t'écoute, lui répondit-il avec un sourire amusé.

Après son accession au conseil, Miri avait mis sur pied une escouade de guerriers à son service. Les débuts avaient été compliqués. Calquant sur ce qu'avait fait Krastak avec ses Chevaliers noirs, Miri recruta de jeunes enfants. Esclaves, vagabonds, maraudeurs, tout était bon tant qu'il pouvait les former à sa guise. Après presque dix ans d'insistance et d'abnégation, les "Assassins blancs" formaient maintenant un groupe redouté, influant et incorruptible, entièrement dévoué à sa protection et à ses bons désirs.

— Nous avons retrouvé l'enfant, qui n'en est plus un, par ailleurs.

Miri n'eut aucun mal à deviner de quel "enfant" son subordonné parlait. Dix ans s'étaient écoulés et beaucoup de monde, au château, considérait que le jeune prince, s'il n'avait pas succombé au régicide, avait fini par mourir quelque part, loin de chez lui, privé de ses repères. Dehors, les dangers ne manquaient pas. Entre les ennemis de son père, les Barbares du Nord ou même les animaux sauvages et les maladies, la vie d'un enfant en bas âge, livré a lui même et habitué au confort de la bourgeoisie, ne manquerait pas de se terminer de manière brutale et prévisible. Miri, quant à lui, ne partageait pas cet avis. Le gosse était bel et bien vivant, il le savait, le "sentait". 

— Suis moi, le temps est venu de passer à la vitesse supérieure, déclara-t-il d'un ton froid, se levant en faisant voltiger sa tunique d'un vert émeraude.

Il saisit son bonnet orné d'une plume aux mille couleurs et se dirigea vers ses appartements d'un pas pressé. Entre inquiétude et impatience, Miri ne put s'empêcher d'appréhender avec un certain détachement les conséquences de cette nouvelle. Le gamin était vivant, et après?  Son oncle contrôlait, du moins officiellement, Libéria depuis dix ans maintenant. Peu de gens pouvaient s'en plaindre, d'ailleurs. Le nouveau roi était discret et déléguait la majorité des décisions politiques au conseil, véritable pouvoir décisionnaire du royaume. De plus, lorsque le gamin fut forcé de fuir, il n'était qu'un gosse en bas âge, un gosse qui n'aurait pu, à l'époque, revendiquer le trône, du moins dans l'immédiat. Pas de quoi fouetter un chat. C'est du moins ce dont il voulait se convaincre... sans succès.

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Son épée tournoyait dans l'air comme un oiseau. Rapide, précise, brutale en piqué. Le son du métal se répercutait au loin dans la clairière, faisant déguerpir toute forme de vie téméraire qui s'approchait de trop près. La joute entre les deux hommes se termina par le désarmement du plus âgé. Loin d'en être contrarié, il sembla plutôt enchanté à l'idée que le jeune garçon lui faisant face vienne de poser sa lame sur sa gorge.

— Pas mal! Pas mal du tout! C'était excellent, Salak.
— Il était temps, répondit négligemment le jeune homme, voilà dix ans que je prends rouste sur rouste...

L'homme d'âge mûr partit d'un grand éclat de rire sonore, ce qui ne manqua pas de le surprendre. Dix ans qu'il ne l'avait plus entendu rire de la sorte.

— Aurais-tu oublié qui je suis, gamin? 

Il souffla et baissa légèrement la tête, se remémorant tout ce qu'il devait à cet homme.

— Egar de Lys, la lame de l'ombre, l'homme qui sauva mes nobles fesses un nombre incalculable de fois. A l'oublier, jamais je ne pourrais me résoudre.
— Alors regarde moi bien dans les yeux, j'aimerais faire quelque chose une dernière fois.

Le garçon releva à peine la tête que le poing bien fermé de son instructeur vint le cueillir en pleine face, l'envoyant valdinguer comme un vulgaire fétu de paille. C'était loin d'être la première fois qu'il en prenait une sans raison apparente, mais là, la sanction lui semblait sévère. Il se releva d'un air de défi, encouragé par sa première victoire lors de leurs joutes quotidiennes, oubliant que l'homme lui faisant face prenait soin de n'utiliser aucune de ses redoutables techniques, se contentant de manier son épée d'une manière des plus classique, presque décontractée.

— Vous êtes...

Egar se tenait agenouillé devant lui, la main sur la garde de son épée, sa tête s’inclinant légèrement vers le sol. La posture d'un chevalier qui prête allégeance. Il leva les yeux en s'amusant intérieurement de la réaction du gosse.

— Je suis désormais à votre service, pour le meilleur et pour le pire, pour le présent comme pour l'avenir. Mon corps devient bouclier, ma lame une partie de la cité. Chevalier de Libéria, je serai.

Le serment des Chevaliers de Libéria. Salak ne comprenait pas, ne comprenait plus. Après dix ans d’errance et de vie brisée, voilà que l'homme qui s'était montré impitoyable avec lui, le traitant comme un incapable tout juste bon à le ralentir, s'agenouillait à ses pieds, la mine grave, pour réciter le laïus des Chevaliers de Libéria.

— Je ne comprends pas, répondit-il sur la défensive.
— Le problème n'est pas votre connaissance, le problème, c'est vous. Qui êtes-vous ?

Il fut pris de court par la question et avait l'impression de plonger lentement vers un puits sans fond. Son enfance insouciante au château, la tête d'Adrianna qui roulait sur le sol, le sang. La fuite, l’errance, la faim, la soif, encore le sang. Qui était-il ? Un enfant hier, presque un homme aujourd'hui. Et que signifiait ce vouvoiement soudain ?

— Je suis Salak, jusqu’à preuve du contraire.

Egar sourit, toujours agenouillé.

— Une présentation un peu rapide. Vous êtes Salak Maelys, fils d'Asgaard « le juste », descendant d'Anathor « l'autoritaire ». Le seul homme foulant cette terre à pouvoir utiliser l'anneau de commandement. L'héritier légitime du trône de Libéria.

AdAeternam
Niveau 10
03 avril 2016 à 18:01:16

J'ai tout lu.
J'ai bien aimé, mais j'ai préféré le prologue, que j'ai trouvé plus adroit.

Parmi ce qui m'a fait tiquer dans le second texte, d'abord "C'est sur ses pensées pour le moins réjouissante", puisque le texte qui précédait, les pensées que tu désignes ici, je les ai lu comme un aparté du narrateur, qui parle bien de Miri à la 3ème personne du singulier. Ah et j'aurais mis "ces pensées" non ?

Ensuite le contraste entre "silencieux comme une ombre" et "blanc éclatant" qui m'a perturbé, j'ai eu du mal du mal à m'imaginer la scène sur le coup, ça m'a un peu stoppé dans ma lecture et j'ai du prendre 1s pour reconstruire mon image du récit.

Au début de la "deuxième" partie, tu évoques "son épée" puis le combat entre Egar et Salak. Mais au final on ne sait toujours pas à qui est l'épée en fait, ça me gène un peu. Juste après c'est l'expression "formes de vie". Je trouve ça moche, si elle est acceptable en sci-fi je pense qu'en fantasy elle contraste trop.

Chocobo_3
Niveau 15
03 avril 2016 à 22:39:20

Merci pour vos lectures, et en effet Ad, tout ce que tu souligne m'a moi même fait un peu tiquer a la relecture^^ Pour le "qui" parle, "qui" pense, c'est un de mes problème récurrent. Pour le coup l'épée était celle de Salak. Mais c'est vrai que la dernière phrase est centrée sur Egar, du coup ca prête a confusion.

Pseudo supprimé
Niveau 10
03 avril 2016 à 23:02:41

J'ai lu, et je dois avouer que je suis moins emballé que par le prologue...
Je sens bien qu'il y a une grosse histoire (qui a l'air très intéressante, d'ailleurs) là-derrière, mais j'ai l'impression que tout est balancé un peu vite, comme si on faisait un compte-rendu formel des dix ans passé. J'aurais préféré que ça prenne un peu plus son temps, que l'ambiance et les personnages se posent.
La même pour la deuxième partie, avec le prince et Egar. C'est vraiment trop rapide, on a à peine le temps d'entrevoir la relation qu'ils entretiennent, et je ne suis même pas sûr d'avoir bien compris si Egar était gentil et paternel, ou au contraire rude et bourru. Et les dernière lignes me laissent perplexe, la phrase d'Egar me laisse supposer que Salak ne sait pas qu'il est le prince, ou qu'il l'a oublié, mais je ne suis pas sûr d'avoir compris...
En bref, je sens bien qu'il y a des enjeux en train de se mettre en place, mais ça manque de "chair" tout ça, d'ambiance et de personnages réellement typés. J'aurais vraiment apprécié que tu dépeignes plus l'exil du prince et d'Egar (c'est juste, ils sont bien en exil ? ) et leur relation, leur quotidien etc.

Sinon, sur la forme plus que le fond, il y a une chose qui m'a fait tiquer : les noms. Je ne sais pas si c'est voulu, mais certains des noms de tes personnages font vraiment écho à Game of Thrones.
Par exemple Krastak = Karstark, ou Miri Naz Rhur = Mirri Maz Duur... C'est un peu trop, là, tu gagnerais à t'en détacher je pense (à moins que ce soit purement fortuit).

Voilà pour mon avis ! :)

LePerenolonch
Niveau 10
03 avril 2016 à 23:18:22

Salak alaykoum ! :hap:

Le soleil déclinait lentement à l'horizon, laissant Miri admirer le teint coloré que prenait le ciel en ce début de soirée d'été.

Soleil déclinait lentement/soirée, ça fait deux fois la même info dans la même phrase (comment je devance Ggiot :p) )

Miri Naz Rhur, désolé, mais ça me fait carrément penser à http://www.lagardedenuit.com/wiki/index.php?title=Mirri_Maz_Duur :hap:, et je ne pense pas à tord, je crains :rire:

L'individu pénétra dans la pièce sans un bruit, silencieux comme une ombre

Toujours cette notion d'information en double, avec sans un bruit/silencieux comme une ombre.

— Parle, je t'écoute, lui répondit-il avec un sourire amusé.

Ici, je pense que tu peux remplacer le 'il' par Miri.

La scène du combat apprenti/mentor, j'ai l'impression de l'avoir vécu tellement de fois dans tellements de bouquins, films, que j'avais presque pas besoin de lire pour savoir ce qu'il se disait :hap:

Voila, c'est tout pour moi :hap:

Dans ton texte, (à mon avis, et à mes préférences), il y a un point faible, c'est que tu racontes trop, et que tu ne montres pas assez. Tu nous parles d'un Omür Krastak, au final (sauf erreur de ma part, je suis pas trop sûr sur l'identité du type qui révèle qu'il savent ou est Salak) on le voit pas. Je pense qu'il aurait été plus pertinent (dans la cas ou j'ai raison) de le faire apparaitre en pliene action plutot que de parler de lui et de ne pas le voir.

Mais dans ton texte, il y a aussi un point fort, c'est les pensées des personnages qui sont très bien faites, on s'immerge bien dedans, et en plus c'est pas évident à faire (en tout cas, personnellement j'éprouve des difficultés à le faire)

Je trouve que la seconde partie est meilleure que la première :oui: en attendant la suite.

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Sujet : L'anneau de commandement
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