Se connecter

Création

Ecriture

Sujet : [Nouvelle] L'Esprit de l'Ecole
HelpingFR
Niveau 32
29 juin 2016 à 16:28:16

----------------------------------------------------------------------------

Chapitre 10 : Une Pierre, deux coups. (partie 2/2)

----------------------------------------------------------------------------

*

*

*

Luc enterra de nouveau le portable de Mélanie dans sa tombe. Si Esther avait commencé à semer le doute et le remord dans son âme, l’évocation de Matthieu qui éclipsait presque son existence l’avait galvanisé.
Et revoir sa tombe avait renforcé son désir. Ces connards l’avaient piégé, humilié, avant de le tuer à l’issue de la pire blague qu’ils n’aient jamais faite. Et maintenant, il devait supporter d’en voir un flirter avec Esther ? Hors de question.
Pour la première fois, il se sentait nerveux, tant les émotions défilaient en lui. Les chats autour de lui l’avaient perçu, eux aussi paraissaient excités.
Avant d’envoyer l’appât, Luc avait pénétré la salle d’art-plastique pour voler de la peinture rouge. Sous le coup de l’émotion, il avait donné de gros coups de pinceaux sur l’écorce des arbres, à tel point qu’elle giclait sur les conifères proches.
Il s’était bien appliqué pour tracer le chemin qui mènerait sa victime à l’endroit où il souhaitait en finir avec lui. Il faisait en sorte que la piste obligerait Pierre à zigzaguer dans la forêt. Il voulait qu’il prenne le temps de réfléchir à ses actes. Il voulait le travailler.

A présent, l’esprit dominait ses troupes depuis l’un des toits pointus du château. Les chats s’étaient entassé dans la cour du lycée, se résumant à présent à une large marre de fourrure lisses, tachetées et tigrées. Luc forma des groupes, chargés d’attirer l’attention des gendarmes, toujours au nombre de cinq. Il y avait assez de chats pour tous les distraire. Il devait ouvrir la voie pour Pierre lorsqu’il arriverait.
Les chats, silencieux dans l’ombre, commencèrent à grimper les murs, monter sur les toits, entrer dans les salles de cours dont les fenêtres étaient mal fermées.
Luc avait sélectionné une salle de classe à saccager, pour être sûr, mais Pierre tardait.
Il lui avait donné trente minutes… Il espérait que sa stratégie payait. Il essayait de se rassurer en se disant qu’il avait été méticuleux, mais il redoutait le moindre inconvénient. Et patienter ne faisait qu’accroître ce sentiment. Les secondes étaient longues, les minutes paraissaient interminables.
A plusieurs reprises, il descendait dans une salle où une horloge surplombait le tableau blanc. Chaque fois, il s’insurgeait de la lenteur des aiguilles.
Puis enfin, il vit une silhouette se découper dans l’obscurité. Elle escalada le mur et pénétra dans l’enceinte de l’établissement. La faible lueur de la lune dessina son visage et Luc se frotta les mains. Les chats se lancèrent dans leur besogne, abordant les gendarmes d’approches différentes… Ils s’asseyaient sur les toits et écrasaient les gendarmes de leurs billes noires et luisantes. Ils pénétraient les salles de classe pour y miauler sourdement ou tout saccager. Certains préféraient une approche câline là où d’autres prenaient leur patte à « jouer » avec leur cible.
Il n’y avait plus qu’un gendarme que Luc jugeait trop proche de Pierre.
L’esprit se jeta dans la salle de classe qu’il visait, dans l’une des tours, assez proche pour que l’agent des forces de l’ordre l’entende.
Luc se concentra à un tel point qu’il se sentit fusionner avec la pièce.
Il leva les mains, et poussa.
Quelques pupitres se renversèrent sous l’impulsion. Des chaises décollèrent avant de se retrouver prise dans une tornade que Luc tissait le long de ses doigts. Il faisait claquer les volets en bois contre les murs en pierre du château.
Il arrêta sa manœuvre, écoutant les pas lointains du gendarme qui approchait.
Luc s’extirpa de la salle et plana dans le vide. Pierre progressait dans la cour du lycée, profitant de la diversion… Puis il vit une autre silhouette.

« Quentin ? Merde ! »

Luc se mordit les lèvres. Il balaya le sillage des deux adolescents, s’attendant à découvrir d’autres membres du groupe. Mais personne d’autre n’arriva, et Quentin et Pierre s’enfonçaient déjà dans la forêt.
Heureusement, Luc avait une idée.

*

Quentin suivait Pierre à travers la végétation, suivant les troncs marqués d’une trace de peinture encore fraîche, aidés par une application de lampe torche dans le portable de son ami.
Lorsque Pierre lui avait montré le message. Il avait insisté pour l’accompagner.
Il avait redouté ce moment lorsque Vanessa avait émis le risque que la vidéo de l’humiliation de Luc était resté dans le téléphone de Mélanie.
Et à présent, le gars qui l’avait volé allait les faire chanter.
Pierre s’était montré récalcitrant. Il avait peur que le type panique en voyant qu’il était accompagné. Mais Quentin ne voulait pas laisser son ami aller seul dans la forêt derrière l’école, en pleine nuit, attiré par un salaud qui ne leur voulait pas du bien et qui ne devait ressentir aucun remord quant aux conséquences de ses actes. Après tout, lui aussi voulait savoir qui était derrière tout ça.
Il s’imaginait déjà le profil du maître chanteur. Un gamin qui aurait plus ou moins leur âge, ricanant à son plan de connard, compensant sa maigreur par son esprit tordu. Il l’imaginait se cacher le visage dans la capuche d’un sweet.
Quentin sentait brûler en lui l’envie de casser la gueule à l’ordure qui était responsable de la mort de Mélanie et qui osait s’attaquer à Pierre. Il faisait craquer ses articulations.

« T’as fini avec tes doigts ? remarqua Pierre.
— Désolé, c’est plus fort que moi. Et puis de toute façon, personne ne peut nous entendre.
— Peut-être, mais j’ai pas envie que cet enculé pense qu’on va le tabasser. Il pourrait passer à l’acte. Reste à l’écart. »

Pierre n’était pas sûr de lui. Quentin lisait sa nervosité. De nombreuses perles de sueurs ornaient son front, sa peau perdait de sa couleur et son souffle était de plus en plus irrégulier. Il tremblait tellement qu’il en devenait parfois maladroit.
Quentin aussi l’était. Il pensait également à ses amis.
Si jamais quelque chose tournait mal, ils resteraient dans l’ignorance. Et si cette vidéo venait à se perdre sur le net…
Il en venait à regretter de ne pas avoir eu de téléphone. Pierre ne pouvait plus appeler ses amis, et il n’arrivait pas à se connecter à Facebook. Il était coupé des autres.
Alors qu’ils continuaient de marcher, toujours suivant les marques rouges, Quentin commençait à regretter d’avoir agi trop vite. Il aurait pu rentrer chez lui et accéder aux réseaux sociaux. Il aurait peut-être même pu appeler les autres. Ils auraient mis du temps à arriver, et aussi à justifier leur départ précipité auprès de leurs parents, mais peut-être que les choses auraient pu se dérouler autrement s’il avait pris le temps de réfléchir.
Mais il avait réfléchi trop vite, et le voilà avec Pierre, en train d’avancer, suivant aveuglément des signaux à travers la forêt, en pleine nuit. Ils ne dépendaient plus que d’eux.
Il entendit un miaulement lointain, plaintif.
Quentin s’arrêta un instant.
Puis quelque chose d’autre fendit le silence. Un murmure froid et effrayant.
L’adolescent tendit l’oreille, effrayé par ce son étrange surgi de nulle part. Il regarda autour de lui, cherchant l’origine du murmure, la respiration sifflante. Il secoua sa tête et se rassura en se disant que le vent lui jouait des tours.
De ses bras et de ses jambes se dressèrent des petites billes de chair, manifestation de la chair de poule, alors que l’air devenait anormalement glacial.
Il se croirait presque en hiver.
Puis un nouveau murmure, plus intelligible… Plus proche…

« Quentin… »

Il venait de toutes les directions. Des branches tremblèrent, d’autres se brisèrent. Le garçon, essayant de voir malgré l’obscurité, tournant sur lui-même à la recherche de l’origine de ces bruits sinistres dignes des films d’horreur.

« Quentin… »

Un souffle perçant lui piqua l’oreille, accompagnant le nouveau chuchotement. Il était juste derrière. Quentin se retourna. Il n’y avait personne.

« Qui est là ?! » hurla Quentin.

La terreur l’avait envahi. Il avait l’impression de perdre la tête.
Puis il réalisa qu’il était vraiment seul. Pierre avait continué de progresser dans la forêt sans lui.
Et il faisait trop noir pour que Quentin puisse retrouver les croix rouges.
Il porta ses mains sur son visage, il sentait son ventre se contracter à cause de l’angoisse, il sentait son esprit s’embrumer de panique.
Puis il vit une silhouette se détacher des ombres de la nuit. Maigre, pâle, stoïque. Elle le fixait.

« Pitié ! » Hurla Quentin en courant dans la direction opposée.

Les conifères fouettaient ses jambes, il zigzaguait entre les arbres, se baissait pour éviter des branches traîtresses. Quentin voulait retourner dans le parc de l’école, il espérait même se faire repérer par un gendarme. Derrière lui, il entendait un glissement sinistre et d’autres murmures qui lui glaçaient le sang.
La forêt paraissait interminable. Les arbres commençaient à se multiplier, et le terrain devenait de plus en plus escarpés, couverts de trous cachés par la végétation.
Il voulait fuir le bois, mais il ne faisait que s’y enfoncer.
Il se perdait.
Une forme bondit devant lui et Quentin hurla alors qu’il se prenait le pied dans un creux. Son visage se cogna durement contre le sol et sa cheville le lança d’une douleur fulgurante.
Son cœur tambourinait contre sa poitrine. Il se releva rapidement et lança plusieurs coups d’œil derrière lui.
La silhouette n’était plus là.
Quentin se sentit idiot, sur le coup. Puis une force invisible le détacha du sol. Il décolla du sol sur plusieurs mètres et il heurta les branchages de certains arbres avant d’être relâché. Son crâne heurta violemment une racine émergeante.
Et dans un dernier accès de conscience, il vit la silhouette… Luc…
Impossible. Il ne pouvait pas être là. Il était mort…
Les doigts de Luc se refermèrent sur ses tempes et il sentit quelque chose de froid couler dans son cerveau.
Ses yeux roulèrent.

*

Pierre ignorait sa fatigue, son essoufflement et ses points de côté. Son regard était braqué vers les croix rouges et dégoulinantes qui ornaient l’écorce des arbres.
D’innombrables scénarios défilaient dans son esprit, sur les motivations du maître chanteur, sur l’issue de cette nuit. Son avenir n’avait jamais paru aussi inexistant.
Il oubliait tout. Le monde n’existait plus. Il n’y avait plus que lui et les troncs d’arbres frappés d’une trace rouge.
Puis, petit à petit, le rongeait les souvenirs de cette horrible nuit. Il se rappelait son propre rire à la vue du corps nu de Luc. Il se rappelait, lorsque la barque avait cédé, avoir ri bêtement.
Il se rappelait avoir été coupable par son inaction.
Il se rappelait à quel point il était une ordure.
Il se rappelait les nuits blanches à pleurer, les repas intacts chez lui, les chiottes remplies de sa chiasse liquéfié par les angoisses, ainsi que les vomissements.
Il se rappelait de l’envie pressante d’enfoncer son compas dans une veine et, d’un coup sec, sceller son destin.
Et alors qu’il pensait en avoir fini, qu’il semblait avoir trouvé un peu de paix, voilà que toutes ces horreurs lui retombaient sur la figure.
Pierre continua d’avancer, semant des larmes sur son chemin. Puis son corps finit par lâcher en même temps que son esprit. Il s’effondra dans la terre, face à un arbre lui aussi marqué à la peinture rouge.
Il se frappa plusieurs fois le crâne contre l’écorce, en avouant à voix haute sa débilité profonde. Il se claqua les paumes de ses mains contre son front en pleurant.
Il se releva, sale, et continua d’avancer. Puis il comprit où il allait. Le fleuve était visible entre les arbres. Il arrivait précisément devant la tombe.
Une nouvelle fois, il se mit à genoux, accablé par le remord, face à son crime. Il se déplaça à quatre pattes vers la sépulture et pleura en frappant le sol.

Quentin surgit des bois, derrière lui, et le découvrit dans cet état.

« J’ai eu du mal à te rattraper. Tu vas pas me croire si je te dis ce qu’il s’est passé pendant que tu continuais de tracer. » avoua Quentin.

Il était aussi essoufflé que lui, de longues gouttes de sueur perlaient son front, et un mince filet de sang gouttait de ses cheveux.

« Il t’est arrivé quoi ?
— Un truc de dingue, j’arrive déjà pas à y croire moi-même… Où est l’autre connard ?
— J’en sais rien. »

Pierre revint légèrement à lui. Ses larmes avaient cessées de couler et il sondait les environs, à la recherche de l’individu. A sa grande surprise, il n’y avait personne.

« Il doit être en retard ? émit Pierre avant de se rendre compte de la débilité de sa question.
— Bien sûr que non, les traces de peinture sont fraiches… Il nous a menés à la tombe.
— Ouais…
— Putain, on aurait jamais dû faire ça.
— T’as bien raison. Je le regrette tellement. »

Les larmes roulèrent de nouveau en suivant les traces sèches de leurs prédécesseurs. Quentin s’approcha pour l’enlacer.

« Putain, si je pouvais remonter dans le temps, je dirais à Lucas et Matthieu d’aller se faire foutre ! C’est aussi de ma faute, il me faisait confiance, on était pote putain ! Comment un ami peut-il faire ce genre de chose. On s’entendait bien, et j’ai tout gâché pour satisfaire ce besoin merdique de le rabaisser comme on le faisait depuis toutes ces années. On est allé trop loin. Je te jure que je me déteste.
— Tu as raison… Vous êtes allés trop loin. »

Pierre cessa de pleurer. Il se détacha de Quentin en le dévisageant. Il souriait et ses yeux laiteux le fixaient.

« Quentin ?
— Quentin ? Je le sens qui gratte pour essayer de reprendre le contrôle, mais je l’ai bien sonné tout à l’heure.
— Luc ? »

Pierre sentit ses organes internes se liquéfier en voyant le sourire de Quentin s’élargir. Il recula avant de trébucher.
« Quentin » referma sa main sur la gorge de Pierre et le souleva au-dessus de lui. Les doigts étaient glacés et il n’arrivait pas à parler. Il ne pouvait que regarder le visage de « Quentin », déformé par quelque chose de surnaturel, surtout ses yeux vides.
Il eut le souffle coupé lorsqu’il heurta un arbre. Son dos le lança, il avait l’impression de s’être brisé la colonne vertébrale. Il tendit les mains pour se traîner et l’une d’elle fut accueillie par la chaussure de son ami qui les écrasa à tel point qu’il avait l’impression qu’il voulait le clouer dans le sol.
Le pied se détacha pour s’enfoncer dans son ventre. Le souffle coupé, Pierre toussa à en cracher ses poumons. Un autre coup, plus bas, manqua de le faire vomir.
« Quentin » l’attrapa par les cheveux et le lança dans l’eau en lui arrachant quelques touffes.
Elle était si froide. A peine eut-il le temps de remonter que « Quentin » s’emparait de son col et lui faisait baiser son poing à plusieurs reprises. Il sentit la chaleur de son fluide couler de ses narines pour s’étaler sur ses lèvres, et il goûta son parfum cuivré.

Negatum-
Niveau 10
29 juin 2016 à 20:30:39

J'ai lu, et je vais être court, parce que j'ai pas pris vraiment de notes. Tu suis assez bien les conseils et ça s'améliore pas mal, vu qu'on sent une vraie évolution dans le personnage de Quentin depuis la mort de la vieile : il est devenu plus violent et l'ambiguité est enfin tombé ; c'est bien le bad boy. La transition vers d'autres narrateurs internes permet aussi de marquer ce changement, vu que tu prends de plus en plus l'avis des victimes. La mort de Pierre et de Quentin marque moins que la mort de Mélanie, vu que l'action était moins centrée sur eux.
Quelques remarques en resurvolant rapidement
-la visite chez la psy et le cri de Quentin. Déjà, worst psy evar, je confirme, et deuxièmement j'aurais amé un truc plus développé qu'un simple cri.
-Madame Cuiller est un peu caricaturale… Je sais, c'est un peu le trip de l'histoire, mais quand même.
-Tu précises pas que Quentin est avec Pierre à la fin de 1/2
-J'aime bien le fait que Pierre regrette à la toute fin ; il se met en état de faiblesse juste pour que Luc le défonce. En revanche, tu peux appeler l'autre autrement que par « Quentin », ça sonne bizarre.
-La scène d'action devrait être un peu plus clair. Le problème, c'est que tu passes de l'environnement physique à l'environnement mental avec de looonngues phrases. Tu devrais en cas de réecriture expliquer déjà comment Luc se bat pour contrôler le corps de Quentin, comme ça t'as pas à t'emmerder avec ça au milieu de la noyade.
-Pour l'orgasme… je sais pas trop. Si tu veux identifier la source comme le fait qu'il les ait bouffé, identifie ça à l'avance, parce que c'est ultra glauque et choquant. Sinon, ne rend peut-êttre pas le plaisir si sexuel.
-J'ai du mal avec les deux dernières phrases. L'humanité de son âme, c'est une expression un peu bizarre d'abord, ensuite, j'ai pas l'impression que c'est déjà le cas, vu qu'il reste le cas Esther, et je pense que là aussi, il devrait y avoir une « décision », au moins une réflexion réelle sur le fait qu'il a avancé sur la route du crime. Je développerais plus si tu veux, mais là j'ai un peu la flemme tout de suite.

Allez, sweet. :-)

HelpingFR
Niveau 32
29 juin 2016 à 21:53:04

Le 29 juin 2016 à 20:30:39 Negatum- a écrit :

Quelques remarques en resurvolant rapidement
-la visite chez la psy et le cri de Quentin. Déjà, worst psy evar, je confirme, et deuxièmement j'aurais amé un truc plus développé qu'un simple cri.

Mon pauvre psy :snif:
Pour le cri, je préférais juste laisser ça, plutôt que sortir un paragraphe dégoulinant de haine et ça serait un trop grosse répétition avec la réflexion qu'il fait avant de pousser le cri :oui:

-Madame Cuiller est un peu caricaturale… Je sais, c'est un peu le trip de l'histoire, mais quand même.

Ouais, c'est un peu mon trip, j'ai pris énormément de plaisir à écrire ses scènes :noel:

-Tu précises pas que Quentin est avec Pierre à la fin de 1/2

Si, à la toute fin :hap:
Mais si je l'ai révélé si tard, c'était pour la surprise de la fin. :oui:

-J'aime bien le fait que Pierre regrette à la toute fin ; il se met en état de faiblesse juste pour que Luc le défonce. En revanche, tu peux appeler l'autre autrement que par « Quentin », ça sonne bizarre.

J'ai longtemps hésité à la relecture :oui: J'ai trouvé mieux d'utiliser ceci, car ça reste quand même le corps de Quentin qui le tabasse :oui:

-La scène d'action devrait être un peu plus clair. Le problème, c'est que tu passes de l'environnement physique à l'environnement mental avec de looonngues phrases. Tu devrais en cas de réecriture expliquer déjà comment Luc se bat pour contrôler le corps de Quentin, comme ça t'as pas à t'emmerder avec ça au milieu de la noyade.

Je vois ce que tu veux dire :( Pour l'instant, j'ai du mal à concevoir comment traiter cette lutte entre deux dimensions, j'essaierai de pousser la réflexion pour les chapitres futurs :oui:

-Pour l'orgasme… je sais pas trop. Si tu veux identifier la source comme le fait qu'il les ait bouffé, identifie ça à l'avance, parce que c'est ultra glauque et choquant. Sinon, ne rend peut-êttre pas le plaisir si sexuel.

Ouais, je me disais aussi que "orgasme", c'était too much. J'ai pris le risque :noel:

-J'ai du mal avec les deux dernières phrases. L'humanité de son âme, c'est une expression un peu bizarre d'abord, ensuite, j'ai pas l'impression que c'est déjà le cas, vu qu'il reste le cas Esther, et je pense que là aussi, il devrait y avoir une « décision », au moins une réflexion réelle sur le fait qu'il a avancé sur la route du crime. Je développerais plus si tu veux, mais là j'ai un peu la flemme tout de suite.

C'est un concept en effet compliqué, mais j'espère vraiment qu'il prendra sens à la fin :oui: Peut-être aurai-je dû préciser que l'humanité en soit était la facette lumineuse de sa propre salle d'âme :oui:

Allez, sweet. :-)

LePerenolonch
Niveau 10
30 juin 2016 à 13:56:26

J'ai aussi lu :hap:

suite : je me demande ce que sont devenus les esprit de Quentin et de Lucas. Par contre Quentin c'est pas genre le plus méchant de la bande ? étonné qu'il meurt au même moment que le pusillanime Piètre. euh Pierre :hap:

HelpingFR
Niveau 32
30 juin 2016 à 16:17:47

Le 30 juin 2016 à 13:56:26 LePerenolonch a écrit :
J'ai aussi lu :hap:

suite : je me demande ce que sont devenus les esprit de Quentin et de Lucas. Par contre Quentin c'est pas genre le plus méchant de la bande ? étonné qu'il meurt au même moment que le pusillanime Piètre. euh Pierre :hap:

Quentin et Pierre sont morts, mais Lucas est toujours vivant :noel:
Mais pour le plus méchant de la bande, ça, c'est Lucas :hap:

LePerenolonch
Niveau 10
30 juin 2016 à 16:19:31

ah merde j'ai mal compris alors.

Ah mais c'est quentin qui s'est jeté à l'eau, c'est vrai :hap: pour sauver Luc

HelpingFR
Niveau 32
02 juillet 2016 à 15:13:47

-----------------------------------------------

Chapitre 11 : La Surprise.

-----------------------------------------------

*

*

*

Le chantier était désert et pas un seul bruit ne brisait le calme de la nuit. Luc avait le choix parmi les parpaings, empilés les uns sur les autres pour former un immense cube gris.
Le souvenir de l’horrible chef de chantier revint subitement en Luc et ce dernier décida de creuser dans le cube de parpaing, vers le bas, provoquant la chute inévitable d’autres blocs de béton manufacturés. Certains se brisèrent en plusieurs morceaux qui s’éparpillèrent dans la terre et le sable.
Et comme Luc avait besoin de deux parpaings, il continua son entreprise destructrice.
Soulever les deux blocs n’était plus un problème. Luc pouvait les tenir du bout de son petit doigt si l’idée lui chantait.
Toutefois, il dut se résigner à les intégrer dans sa dimension pour éviter que les gendarmes se posent des questions à la vue de parpaings flottants.

Un cri brisa le silence et se répercuta contre les murs.

« Que se passe-t-il ? hurla une gendarme.
— Putain de chat, y en a qui m’a pris par surprise. »

Et l’instant d’après, Luc voyait Esberg se précipiter vers lui. L’animal dérapa et émis un miaulement de détresse tout en levant sa truffe. Luc lâcha les deux parpaings qui s’écrasèrent lourdement. L’un d’eux venait de se fendre mais Luc n’en avait cure.
Il communia avec l’esprit d’Esberg.

« Il y a quelqu’un, sur la berge. Il voit les deux cadavres.
— Que fait-il ? répliqua Luc.
— Je pense qu’il est là pour te détruire. »

La nouvelle eut l’effet d’un électrochoc en Luc. Il ne comprenait rien mais la panique d’Esberg présageait que la menace était sérieuse. Luc vola au-dessus de l’établissement et plongea dans la forêt avec une telle force qu’il fit trembler les feuillages sur son sillage.

Les deux cadavres étaient toujours allongés. Leurs yeux avaient été clos et leurs mains reposaient croisées sur leur thorax. Un homme vêtu d’une veste en cuir, le visage masqué derrière un fouloir à carreaux rouge et blanc, faisait désormais face à Luc. Il tenait un étrange appareil orné d’une diode qui s’illumina d’une lueur blanche en émettant un couinement strident.

« Qui êtes-vous ? tonna Luc d’une voix qu’il voulait glaciale.
— Tiens, un esprit qui cause, c’est bien la première fois. » rétorqua l’homme

Luc s’empara de l’intrus et le plaqua contre un arbre.

« Qui es-tu ?! répéta Luc.
— Je m’appelle Jean Michel L’enculeur de fantôme. »

Luc fouetta l’air de sa main, décochant une gifle qui manqua de briser la nuque de l’homme. Sa lèvre s’était fendue et du sang jaunit l’émail de quelques dents.

« Ne joue pas avec moi.
— Très bien… Très bien… Tu veux savoir ce que je fais là… Je vais te le dire. »

L’inconnu prit une profonde inspiration.

« Je fais partie d’un ordre très ancien qui remonte aux environs d’Adam et Eve et nous nous occupons de protéger les hommes de toutes les créatures surnaturelles qui les menacent dans le monde entier. Nous sommes le Bouclier de Lumière.
— Et comment m’avez-vous trouvé ?
— Comment ? Mon garçon, tu es très loin d’être discret. Un lieu qui subit plusieurs faits divers attire toujours notre attention. Une disparition mystérieuse… Un suicide… Un décès… Des orages étranges et inhabituels sortis de nulle part et capable de faire s’abattre la nuit en plein jour… D’habitude, on prend notre temps pour faire des investigations, mais disons que dans le cadre de cette enquête, nous n’avons pas eu à faire de trop grandes recherches. On avait droit au parfait scénario basique de l’esprit vengeur.
-—Et que comptiez-vous faire ?
— Trouver ta dépouille et la détruire pour te forcer à aller dans l’Au-Delà. Et je commence à regretter de ne pas être venu plus tôt, j’aurais pu sauver ces deux gamins.
— Bonne chance pour retrouver mon corps.
— A dire vrai, tes deux copains viennent de me dire où il se trouve. »

L’homme pointa les deux corps.

« Ils sont au courant ?
— Qui ça ?
— A votre avis ?
— Tes cibles ? Il en reste ?
— Vous avez parlé avec leurs esprits alors ?
— Oh oui, on a un peu manqué de temps, et ils ont détalé en entendant ton arrivée. Réjouis-toi, au moins, tu auras de la compagnie. »

La colère s’empara de Luc et il s’avança. Il leva son poing et il se jeta vers l’intrus pour le lui enfoncer dans le cœur.
Ce dernier tira de sa poche des grains blancs qu’il jeta sur le fantôme à la dernière seconde.

La douleur était insoutenable. Luc eut l’impression d’avoir été aspiré au niveau de la zone touchée. L’environnement autour de lui était flou, mais il devinait les contours de la cour du collège. Comment était-il arrivé ici ?
Sa souffrance l’obligea à se recroqueviller, ses membres étaient engourdis et il avait l’impression qu’ils étaient écrasés. Des acouphènes perçants lui vrillaient le cerveau. Puis tout s’estompa lentement. Peu à peu, Luc reprenait possession de son enveloppe spirituelle. Il revenait.
Subitement, la situation lui apparut limpide. Il se précipita de nouveau vers la forêt, mais ses capacités étaient incroyablement limitées. Il devait courir, mais même là, il avait l’impression que l’air engluait ses mouvements.
L’homme allait détruire la dépouille. Et il irait dans l’Au-Delà. Et la Faucheuse le faucherait.
Il se rappela les chats. Ils allaient essayer de l’arrêter. Ils étaient assez nombreux pour réduire cet enfoiré en charpie.
Il allait payer son affront. Il commençait déjà à imaginer ce qu’il allait faire de lui avant et après l’avoir tué.
Il traversa la forêt, et ses mouvements commençaient à se fluidifier.

Il arriva enfin vers la berge. Les chats s’étaient enfuis et n’avaient même pas pris la peine de défendre son corps.

« Vicieux salopards égoïstes et couards. »

L’homme, une pelle plantée à quelques centimètres, faisait briller une allumette qu’il s’apprêtait à balancer dans la fosse où se trouvait son corps. Une odeur d’essence se diffusait lentement autour de la tombe souillée.
Luc n’hésita pas. Il s’empara de la pelle et s’apprêta à asséner un coup dans le crâne de son agresseur.
L’homme esquiva le coup et l’allumette vola à plusieurs mètres. Il plongea sa main dans sa poche, mais Luc fut plus rapide. La lame de la pelle frappa en plein dans le bras, avec une telle force qu’un crac retentit. Son foulard avait glissé, dévoilant son visage.
Il avait un joli minois, pas autant que Matthieu, mais suffisamment pour avoir du succès auprès des filles. Il avait aussi la peau métisse. Ses yeux marron luisaient de rage et ses cheveux noirs plaqués vers l’arrière commençaient à se défaire.
L’étranger hurla et Luc continua de frapper le bras, encore et encore, tandis qu’un bruit spongieux retentissait et que la zone qu’il frappait éjaculait du sang dans l’herbe.
Il balaya la main tranchée d’un coup de pied et enfonça le plat de la pelle dans le visage de l’étranger, brisant le nez et éclatant plusieurs dents. Le joli minois fut altéré par les ecchymoses et les boursoufflures. Les yeux marron disparurent derrière des cocards violacés. Sa chevelure avait perdu de son élégance.
Luc jeta la pelle et cloua l’intrus au sol par la force de son esprit. Il voulait l’agiter dans les airs comme une poupée en chiffon mais il se sentait toujours aussi faible.

« Qu’est-ce que c’était que ça ? » demanda Luc, en proie à la colère.
— Du sel… Un bon outil contre les esprits… répondit l’homme en crachant du sang.
— Où sont mes… « amis » ?
— Ils se sont dirigés vers l’établissement. »

Les gendarmes… Ils allaient peut-être essayer d’interpeller les gendarmes… Mais ils n’étaient que trop récents. Leurs pouvoirs étaient limités. Non, impossible qu’ils puissent leur parler, ou même tenter de communiquer par un autre moyen.
Il revint à son interrogatoire.

« Comment es-tu arrivé ici, précisément ?
— Je suis tombé sur les espèces de marques rouges sur les troncs. Pas très discret. A dire vrai, je m’attendais à ce que ce soit un piège que tu m’avais tendu.
— Pourquoi t’aurais-je tendu un piège, j’ignorais ton existence jusque-là. »

Luc se remémora la journée. Le parking. L’espèce de vieille voiture qui y attendait.

« La vieille voiture.
— Merde.
— T’es accompagné ?
— Non.
— Je ne te crois pas.

Luc sentait son énergie s’agrandir en lui. Elle se libérait lentement des effets du sel. Tant mieux.
Luc fixa la jambe de l’ennemi et s’imagina cette dernière se tordre violemment. Le pauvre homme hurla tandis que son os émergeait de sa chair, le pied dirigé vers son moignon qui continuait de pleurer du sang.

« Dis la vérité.
— Va te faire foutre. Même si je te dis que je suis accompagné, la disparition de deux membres du Bouclier ne passera pas inaperçu. D’autres viendront, bien plus ingénieux que nous.
— J’attends de voir ça. »

Les chats commençaient à sortir de leurs cachettes de feuilles. Luc se tourna vers eux, mécontent.

« Vous m’avez laissé tomber. Merci beaucoup. Je m’en souviendrais. sermonna Luc.
— Tes pauvres matous ont essayé de s’opposer à moi, mais il semblerait que mon amulette de protection ait révélé leur vraie nature. Je n’aurai jamais cru possible que ce genre de truc marcherait un jour… »

Le ghostbuster leva son menton pour dévoiler une petite chaîne d’argent sur laquelle était accroché l’objet idoine. Une petite gravure entourée de rune, montrant une étoile enfermée dans un bouclier.
Luc lança son regard sur l’assemblée de félins qui les entouraient désormais. Leurs yeux noirs reflétaient les radiations lunaires. Il se doutait bien que ces chats étaient intrigants.

« Visiblement, ton amulette ne suffit pas pour me repousser, moi… »

Luc arracha l’artefact, brisant la chaîne qui pendouilla des deux côtés de sa paume.

« Alors. Tu me tue ?
— Pressé de mourir ?
— Je sais que j’ai une place toute chaude qui m’attend dans l’Au-Delà.
— Tu vas devoir attendre alors… J’aimerais bien interroger ton esprit. »

Luc posa ses doigts sur les tempes du chasseur de fantôme. Il devait en savoir plus.
Alors qu’il commençait à s’insinuer dans le crâne de sa victime, une brûlure se répandit dans toute l’enveloppe spirituelle de l’esprit, et Luc fut expulsé avant même d’avoir pénétré la salle d’âme.

« Qu’est-ce que c’était que ça ? s’exclama-t-il
— Nous sommes protégés par tout type d’intrusion. Désolé, mais tu ne tireras rien de moi. »

L’inconnu ferma les yeux qu’il leva au ciel. Luc voyait qu’il ne craignait plus rien, si ce n’était la douleur de la mort.
Il enfonça ses griffes dans sa poitrine, ferma sa main sur son cœur et exécuta une forte pression. L’organe se craquela sous la pression de ses doigts, Luc sentait le sang couvrir ses phalanges. Puis il extirpa son poing, arrachant le cœur de la poitrine de sa victime.
Un nouveau meurtre pour Luc…
Il contempla le corps encore chaud de l’inconnu qui avait osé l’affronter.
Puis il entendit un cheval s’ébrouer dans l’obscurité de la forêt. Les chats entouraient les dépouilles et s’écartèrent pour laisser passer la Grande Faucheuse.

« Ah, vous revoilà ! s’exclama Luc d’un air ravi.
— Je ne viens pas pour toi. » trancha l’ange de la Mort.

La Faucheuse descendit de selle tandis que son cheval demeurait stoïque. Les chats ne la quittait pas des yeux, et elle n’osait pas les regarder.
L’espace d’un instant, Luc croyait entendre des sifflements raillards glisser entre les babines des félins.
L’esprit de l’étranger émergea.

« J’ai failli, Azraël.
— Vraiment ? »

HelpingFR
Niveau 32
02 juillet 2016 à 15:14:13

Les deux êtres se fixèrent, comme pour parler par télépathie.

« Je suis prêt à partir. » conclut l’inconnu.

La Faucheuse leva sa grande faux et frappa l’esprit.

« Je suppose que vous pouvez m’expliquer. Je ne pense pas avoir tout compris.
— Accepte que je te fauche avant que tu ne termines ta vengeance, et je te dirais tout.
— Désolé, mais non.
— Tant pis. Je te laisse dans l’ignorance alors.
— Et mes deux petits copains ?
— Ah, eux. Deux de mes hommes sont en train de découvrir leur choix, mais quelque chose me dit qu’ils ne suivront pas l’exemple de ta première victime. On dirait que tout se complique pour toi. Tu es maintenant découvert, tes deux dernières victimes s’empresseront de faire parvenir le message aux survivants. Peut-être même à tes amis. »

La Faucheuse éperonna sa monture et disparut dans le bois.
Le silence était revenu, mais Luc se rendit compte que sa situation se détériorait.
Osghul s’approcha et pointa sa truffe.

« Il ne reste que peu de temps. répondit le chat
— Je ne ferais rien tant que je n’aurai pas de réponses. » protesta Luc.

Les chats se comportaient d’une manière étrange. Ils n’étaient pas normaux. Luc le pensait au début, mais leurs agissements au fur des journées avaient placé le doute en lui. Un doute qui s’était confirmé lorsqu’ils avaient pénétré l’internat pour terrifier Ingrid.

« Il y en a d’autres qui viendront pout tenter de te détruire. Cet homme n’était pas seul. Il a envoyé les informations à son partenaire grâce à un vieux téléphone portable. La position de ta dépouille est compromise, il faut que tu la déplace.
— Il fait presque jour et je suis très faible…
— Il est clair que tu n’auras pas le temps. Nous pouvons surveiller la zone et guetter des intrusions en attendant la prochaine nuit. Et tu auras récupéré d’ici là.
— Et pour mes réponses ?
— Je te promets que tu les auras… Quand tu auras terminé ton travail. »

*

Luc venait d’accourir vers l’établissement. Les étoiles commençaient à s’évaporer tandis que le soleil commençait son ascension.
Les gendarmes continuaient leur ronde, et au loin, Luc aperçut les deux faucheurs. Tous d’eux étaient habillés de tenues qui rappelaient l’Antiquité, un long drap serré par une ceinture de cuir pour l’un, une tenue de gladiateur pour l’autre.
Les deux faucheurs attendaient sur un banc, visiblement en train de profiter du doux confort de la nuit.

« Voilà donc le prodigue esprit qui a terrassé un membre du Bouclier. Quel exploit. commenta le premier faucheur en se levant de son banc.
— Je suis d’accord mon ami. Je n’ai jamais vue telle prouesse depuis un très longtemps. ajouta le deuxième.
— Où sont Pierre et Quentin ?
— Houlà, il commence bientôt à ressembler à une Furie. Peut-être verra-t-on la version finale.
— Je doute que le monde soit si impatient de le découvrir. »

Ugtulghul bondit depuis un banc et s’immobilisa devant les deux agents de la mort, dont les sourires narquois et les yeux moqueurs s’effacèrent. Un véritable défi se déclarait dans leur bataille de regards.

« Alors les rumeurs sont vraies… murmura l’un des faucheurs en inspirant lourdement.
— Où sont Pierre et Quentin ?
— En quoi cela t’intéresse ?
— Je n’ai pas envie qu’ils me fassent obstacle.
— Nous ne sommes pas obligés de le dire.
— L’une de vois faux brille. Luc pointa l’objet idoine. Vous en avez pris un. Lequel ? »

Le faucheur qui tenait la faucille luisante la dévisagea.

« Zut, j’aurais bien aimé te faire mariner à l’idée que tes deux victimes errent ici avec toi. Bonne chance quand même pour te débarrasser de ton nouveau compagnon. »

Les deux faucheurs s’évaporèrent dans la brise nocturne, laissant le fantôme seul.

« Génial… » maugréa Luc.

L’esprit se rappela qu’il devait encore aller chercher des parpaings.
Il en ramena deux, callés sous ses bras et il flotta dans la cour, croisant quelques gendarmes. Mais depuis un moment, Luc sentait la présence de l’autre esprit… Il aurait dû y penser, qu’une de ses victimes dirait non au faucheur. Pour le gêner.
Mais le revenant ne le voyait pas. Il se cachait.
Les chats arpentaient les bâtiments, fouillant chaque pièce, chaque salle de classe. Introuvable.
Le revenant finit par se rappeler qu’il devait effacer les traces de peintures sur les arbres. Il ne voulait pas que d’autres invités surprises ne se mettent à suivre la piste.
Les chats exécutèrent cette tâche avec joie, en se faisant les griffes sur l’écorce et le bois, tandis que leur maître faisait les cent pas, réfléchissant à la situation actuelle.
Luc finit par se rassurer, il était sûr que Quentin ou Pierre devait attendre pour pouvoir réellement impacter l’environnement et nouer un contact avec ses amis restants. Mais ses doutes grandissaient dans sa poitrine. A côté, il y avait le partenaire du membre de cet ordre du Bouclier, qui savait qu’il était là, et qui savait désormais où le trouver.
Une idée traversa soudainement l’esprit de Luc.

Il posa les deux parpaings dans l’herbe et déshabilla l’intrus à l’aide de sa pensée. Il agita les vêtements pour déceler les poches où il avait caché du sel. Il n’y en avait que dans le pantalon, qui semblait ne contenir que ça. Il trouva une petite gourde d’où s’échappait un parfum amer d’essence. Elle était à moitié vide. Luc la posa à côté de lui et continua ses recherches. Il découvrit la boîte d’allumette, chargée de trois bâtons coiffés d’une boule rouge, ainsi qu’un vieux portable, plus ancien que celui de Luc.
L’esprit vida le contenu de la flasque sur les corps de Quentin et de Pierre. Le chasseur de fantôme voulait détruire son corps pour lui imposer l’Au-Delà… Il allait s’assurer d’écarter Pierre et Quentin de la même façon.
Mais lorsqu’il craqua l’allumette, rien ne se produisit. Pas d’étincelle. Il réitéra plusieurs fois, en vain. Il essaya avec d’autres pour obtenir le même résultat. Puis il constata que les bouts inflammables des allumettes s’étaient humidifiés. Il n’arrivait pas à produire du feu, et il se sentit idiot, avec ses deux cadavres qui empestaient l’essence.
Finalement, Luc les balança dans le fleuve, un parpaing attaché à leur cheville.

« Visiblement, on va devoir passer du temps ensemble ! » cria Luc à l’adresse de son colocataire.

Il fixa ensuite le corps du membre du Bouclier et s’empara de la main tranchée… Puis les prunelles scintillantes qui se tenaient dans les arbres.

« Fêtons cette soirée meurtrière. Voici votre repas. »

La horde de chat se rassembla pour se refermer sur le cadavre qui fut déchiqueté par les crocs fins et les griffes pointues des félins.
Il ouvrit ensuite sa tombe et y précipita ce qui restait du corps, avec ses affaires, et la main tranchée… Puis une étincelle éclaira l’esprit de Luc… Une idée qui lui donnerait du temps pour bouger son propre corps… Et pour obliger Quentin ou Pierre à se révéler.
Il referma la tombe en conservant la main de sa dernière victime.

LePerenolonch
Niveau 10
02 juillet 2016 à 15:42:07

Mouais mouais mouais :hap:

Déjà pas convaincu d'un truc, le dialogue avec le ghostbuster :hap:
Le mec se prend un putain de coup de pelle dans la face et se fait casser le bras (puis couper la main) et parle oklm à Luc quand même. :hap:

Deuxièmement, la faucheuse qui veut convaincre Luc d'abandonner sa vengeance et au moment de la quitter lui souhaite presque bonne chance wtf :hap:

Aussi, la façon dont les chats effacent les croix rouges c'est tout aussi discret :hap: l'écorce mis à nu se verra forcément :hap:

Aussi, tu dis que le sang jaunit l’émaille des dents, c'est pas rougit ?

+ ejaculer du sang, c'est douloureux :hap:

HelpingFR
Niveau 32
02 juillet 2016 à 15:55:45

Le 02 juillet 2016 à 15:42:07 LePerenolonch a écrit :
Mouais mouais mouais :hap:

Déjà pas convaincu d'un truc, le dialogue avec le ghostbuster :hap:
Le mec se prend un putain de coup de pelle dans la face et se fait casser le bras (puis couper la main) et parle oklm à Luc quand même. :hap:

:-(

Deuxièmement, la faucheuse qui veut convaincre Luc d'abandonner sa vengeance et au moment de la quitter lui souhaite presque bonne chance wtf :hap:

Ouais, enfin, je voulais surtout que ça sonne comme une condamnation :(

Aussi, la façon dont les chats effacent les croix rouges c'est tout aussi discret :hap: l'écorce mis à nu se verra forcément :hap:

Ils sont intelligents, et puis bon, des centaines de chats dans la forêt... :hap:

Aussi, tu dis que le sang jaunit l’émaille des dents, c'est pas rougit ?

Je me rend compte que j'aurais plutôt dû mettre chromé :( Je sais pas trop si ça marche...

+ ejaculer du sang, c'est douloureux :hap:

Hum :hap:

HelpingFR
Niveau 32
03 juillet 2016 à 20:36:44

Mais sinon, à part ça ? :peur:

LePerenolonch
Niveau 10
03 juillet 2016 à 20:40:11

bah comme d'hab :hap:

HelpingFR
Niveau 32
10 juillet 2016 à 16:03:24

-------------------------------------------------

Chapitre 12 : Révélations.

-------------------------------------------------

Mercredi matin débutait réellement pour le collège lycée avec l’arrivée des premiers élèves.
Luc fut surpris de voir Lucas et Matthieu arriver plus tôt que prévu. Les deux garçons se séparèrent sous ses yeux, un phénomène assez inhabituel. Le fantôme envoya Esberg et Ugtulghul pour les épier. Il avait quelque chose à prendre.

Il pénétra le self, plongé dans un silence inquiétant. Luc avait toujours arpenté la grande salle lorsqu’elle bouillonnait d’activité, il avait l’impression que la pièce elle-même était morte, plongée dans une semi-pénombre, les tables propres, les présentoirs à desserts et à entrées vides. Mais la chose qui manquait le plus, c’était bien le brouhaha ambiant, le cliquetis des couverts, avec quelques notes de verre brisé ou d’assiette cassée.
Bizarrement, Luc se rendit compte qu’il voulait ressentir de la nostalgie, mais il n’arrivait pas à la faire surgir en lui.
Son regard se porta sur une fourchette qui reposait sur le sol. Ses dents étaient tordues et couvertes d’une croûte jaunâtre, vestige du dernier repas. La vue du couvert rappela à Luc l’objet de sa venue.
Il pénétra la cuisine et voulut faire ouvrir tous les tiroirs, tous les placards, pour révéler leur contenu. Seulement certains s’exécutèrent. Les effets du sel ne s’étaient pas totalement dissipés. Et comme pour enfoncer le couteau sous la plaie, l’esprit sentait la présence de sa victime flotter autour de lui pour le narguer.
Ce dernier devait bien s’interroger sur ses agissements, et Luc comptait bien lui faire la surprise.
Il trouva l’objet qu’il cherchait, scintillant dans l’obscurité. Un grand couteau de boucher à la lame bien pointue. Luc le fit léviter jusqu’à lui. Bien que le trajet de l’arme paraissait fluide, le revenant ressentait les quelques irrégularités dues à son état de faiblesse.
Luc possédait maintenant un couteau et une main. Il ne manquait plus que l’ingrédient final.
Il pivota vers la sortie, ressentant toujours l’esprit de sa victime derrière lui.
Il découvrit Ugtulghul qui grattait le verre de la porte du self avec frénésie. L’esprit l’ouvrit à distance et le chat miaula follement à son attention.
Quelque chose se passait.
Luc suivit le félin qui courrait sur les gravats vers la cour du lycée, peuplée seulement de trois lycéens, dont Lucas.
L’adolescent était à côté d’un autre garçon, un élève de seconde. Luc connaissait juste son nom, Cédric.

« Qu’est-ce qu’il y a, je vois pas vraiment ce qu’il y a d’intéress… »

Lucas s’empara du bras de son interlocuteur et l’emmena vers le parc. Il sentit l’excitation lui monter à la tête alors qu’il réalisait la trouvaille que venait de lui offrir le chat.
Luc se précipita vers la forêt en traversant Lucas, le couteau toujours dans la main, une idée derrière la tête.
Il arriva devant sa tombe en quelques secondes. La lumière n’avait pas encore totalement envahie le lieu, il pouvait l’ouvrir rapidement. Il écarta la terre, pour dévoiler les restes de l’intrus couvrant les siens. Les effets du sel s’estompaient à tel point que l’esprit ne ressentait plus la gêne occasionnée.
Luc tira le téléphone de Mélanie et retourna vers l’établissement.

Il retrouva Lucas et l’élève de seconde en train de se promener dans le parc. La main de Lucas avait glissé le long du bras de son compagnon pour croiser les doigts avec les siens, avant qu’ils ne disparaissent tous deux derrière des buissons. Luc les suivit, rejoint par Ugtulghul qui marchait avec grâce et fierté, visiblement ravi d’avoir découvert cette information.
Lucas avait toujours paru insensible, inapte à éprouver de l’empathie et plus intéressé à l’idée d’emmerder les autres, à les provoquer, à les pousser à bout. Et l’idée de la farce venait de lui également…
Luc jouissait d’avoir trouvé la faille. Et il n’allait pas se retenir pour l’exploiter. Il allait briser cette enflure, d’une pression de bouton.
Le revenant monta, jusqu’à s’enfoncer sans bruit dans le feuillage d’un arbre qui surplombait tout la scène. Il trouva deux branches d’arbres capables de soutenir le téléphone de Mélanie, et glissa son doigt sur l’écran tactile, à la recherche des galeries photos, pour accéder au mode vidéo.
Le garçon qui accompagnait Lucas était un blondinet pas trop mince, ni trop gros. Il paraissait extrêmement timide et hésitant, alors que Lucas commençait déjà le travail en le plaquant contre lui et l’embrasser sur le visage et le cou.

« Tu es sûr que personne ne nous verra ?
— Quasi sûr. C’est très tôt, et l’accès au parc est interdit le matin, donc on est tranquille. répondit Lucas.
— Ouais… J’aimerais éviter quand même de me faire punir. »

Lucas allongea Cédric, et commença à soulever son haut pour couvrir de baiser le ventre de son petit copain.

« Ca va faire un moment qu’on a pas vraiment parlé.
— Est-ce qu’on en a vraiment besoin ?
— Peut-être… Je trouve étrange que tu conserves cette espèce de carapace du gars assuré, qui cache ses émotions…
— C’est pas ce que tu préfères chez moi ? »

Lucas commençait à déboucler la ceinture de Cédric, qui cliqueta en dévoilant son caleçon.

« J’ai surtout l’impression que les derniers évènements ne t’ont rien fait. Et c’est pas rien…
— Je croyais qu’on était là pour baiser ?
— Ben… c’est le cas ?
—Alors pourquoi tu me fais chier avec ça ? Allez, retourne-toi. »

Luc se soustrait à l’observation de cette magnifique scène romantique. Il n’avait clairement pas envie de savoir ce qu’il se passerait après. Il se tourna vers Ugtulghul qui lui, ne quittait pas le spectacle des yeux.

« Préviens moi quand ils auront fini. » ordonna Luc avant de s’évaporer dans la forêt tandis que des gémissements retentissaient derrière lui.

Il arriva à la berge plus vite qu’il l’envisageait. Ses petits bobos du combat de la veille avaient complètement disparus. Luc se réjouissait de pouvoir enfin récupérer toutes ses capacités et d’exploiter toutes les nouvelles possibilités que ses trois récents meurtres lui offraient.
Il tendit la main et ferma les yeux. Il s’imagina l’eau, sa densité, sa pression, et le fond, où il avait expédié les cadavres de deux de ses tortionnaires. Il visualisa la corde, et focalisa son esprit pour la faire craquer.
Quelques secondes plus tard, le corps flasque de Pierre remonta à la surface en rebondissant légèrement, répandant de douces ondulations.
Luc le tira à lui avec la simple force de ses yeux.
Il n’avait pas vraiment besoin du corps… Mais le fantôme était convaincu qu’il servirait bien la mise en scène.
Et bientôt, Osghul arriverait.
Mais Ugtulghul arriva en premier. Un long sourire assombri les traits du fantôme.

*

Vanessa posa son sac dans le coin du mur, parmi les autres affaires des lycéens. Elle était ravie de ne pas avoir à trop porter sur son épaule, une des raisons pour lesquelles elle préférait les Mercredis.
Mais la courte matinée qui s’augurait ne la rassurait pas. Privée de téléphone, elle n’avait plus la possibilité de contacter ses amis… Et surtout Pierre. Et les réseaux sociaux n’avaient rien donné. Il ne répondait pas. Vanessa avait fini par se rassurer en se disant qu’il devait avoir un empêchement, une coupure de courant, ou Internet qui défaillait.
Elle avança vers une des tables de pique-nique pour attendre les autres avant de se rendre compte qu’ils étaient encore mouillés par la pluie de la veille.
Un miaulement retentit derrière elle et elle vit le chat noir aux yeux verts qui la suivait partout depuis un moment. Levant la queue, le félin se frotta à ses collants et elle se baissa pour le caresser, glissant ses doigts doucement sur le pelage soyeux de l’animal dont la queue se raidit tout en pointant vers le haut.
Le chat tendit sa truffe et Vanessa lui caressa les moustaches. Elle le suivit dans un petit coin sombre et sec où il se roula en ronronnant.

*

Luc venait de reprendre le téléphone, et vérifiait que tout y figurait. Chaque posture, chaque gémissement, chaque baiser, chaque visage.
Le produit final le satisfaisait, il n’y avait plus maintenant qu’à l’exploiter.
Lucas venait de revêtir son haut tandis que Cédric le regardait d’un air amoureux et continuait à le caresser malgré la fin de leurs ébats.

« Mes potes devraient bientôt arriver. déclara Lucas
— Tu peux bien rester un petit moment. Au moins qu’on discute un peu. Les SMS, ça me gonfle à force.
— J’ai pas envie qu’ils me cherchent. De toute façon, il faudra pas qu’on rentre dans la cour tous les deux, je veux que personne se pose de questions.
— Et tu pensais à assumer ?
— Attend, ceux que je n’ai pas saoulé, je m’amusais à les harceler ou à les provoquer. J’ai pas envie de leur donner une bonne occasion de… Je voudrais garder une image…
— Donc t’as honte. Il faudra bien que tu te décides à ce sujet.
— Et toi, tu l’as dit à quelqu’un que tu aimais les bites dans le cul ? T’es dans le même cas que moi ! »

Le regard amoureux de Cédric s’était métamorphosé. Luc voyait que la patience de l’adolescent était mise à rude épreuve.
Il se releva et commença à se revêtir.
Lucas s’avança pour l’arrêter mais Cédric le repoussa.

« Je suis désolé, mon cœur.
— N’essaie pas de m’attendrir. Tu as tout gâché. »

Mal rhabillé, l’élève de seconde quitta les buissons pour retourner vers la cour du lycée. Lucas soupira et passa son doigt le long de sa lèvre pour retirer une goutte laiteuse.
Le buisson remua soudainement et Vanessa en surgit en compagnie d’un chat noir.

« Tiens, Lucas, tu fais quoi là ?
— J’allais me branler.

Luc fut heurté par la spontanéité et la tranquillité avec laquelle Lucas avait répondu. Vanessa demeura sans réaction, comme si ce genre de réponse était une habitude.

« Ah. Je te dérange du coup ?
— T’as pas une question moins conne ?
— Tu sais, on a pas le droit d’être ici.
— Et tu fous quoi là alors ?
— Je caresse le chat. On dirait qu’il m’aime bien.
— On dirait que tu le suis, surtout.
— Tu sais bien que je résiste pas aux chats, ils sont trop mignons.
— Enfin, y une limite quand même. C’est interdit, le parc, le matin.
— Et c’est monsieur Masturbation Matinale qui me dit ça ?
— Bon d’accord, t’as gagné, fais ce que tu veux… Mais attention, il pourrait te mener à un piège. C’est fourbe, ces bestioles. plaisanta Lucas.
— T’y connais rien. Le seul animal de compagnie que tu as, c’est une tarentule.
— Ouais ouais… » soupira Lucas.

Le garçon se leva en soupirant, redressant son pantalon La discussion l’énervait, Luc le sentait.

« Ils sont arrivés, Pierre et Quentin ?
— Non, je les ai pas vu. En plus, on a pas nos portables, c’est chiant. Merci la connasse d’anglais. J’ai envoyé plein de messages à Pierre sur Facebook, il ne m’a pas répondu. C’est bizarre et du coup, je m’inquiète. Peut-être un peu trop.
— Pourquoi je sens qu’il y a quelque chose entre toi et Pierre ? » un petit sourire malicieux creusait les joues de Lucas.

Vanessa rougit, avant de se rendre compte qu’elle venait de se trahir… Ce qui la fit rougir encore plus.

« Y a du dossier là.
— Oh, commence pas !
— Attend que Matt l’apprenne, il va adorer ça. »

Lucas se comportait comme un gamin. Comment cinq personnes pouvaient supporter un type ainsi ?
L’adolescent se précipita hors des buissons, visiblement déterminé à annoncer la nouvelle auprès de son ami.
Vanessa souffla.

« Mon ami m’avait prévenu qu’il serait aussi lourd s’il apprenait pour Pierre et moi. Je me demande comment il le prendrait si je déballais la petite conclusion que j’ai faîte en voyant Cédric. » confia-t-elle à Osghul en gloussant.

Le chat approuva en roucoulant dans sa direction avant de s’enfoncer lentement dans la forêt, traînant Vanessa comme un toutou, ses miaulements et ronronnements lui servant de laisse invisible.
Luc se glissa derrière eux et les suivit. Il sentait la présence de l’autre esprit s’intensifier. Etait-ce la peur ? La rage ? L’inquiétude ?
Luc était désormais sûr que son compagnon fantôme avait deviné ce qu’il préparait.
Vanessa finit par arriver dans la zone que Luc avait définie. Osghul bondit en avant et disparut derrière des bosquets
L’adolescente l’avait trouvé rigolo, à s’exciter comme ça. Puis son regard pointa dans la direction d’une silhouette immobile et debout, les traits cachés dans l’ombre.

« Pierre ? C’est toi ? »

HelpingFR
Niveau 32
10 juillet 2016 à 16:04:15

Elle avança vers la silhouette. Elle commença à se rendre compte qu’il avait le teint trop pâle, qu’il était nu… Puis, une fois qu’elle fut suffisamment près, Luc étendit de son esprit de longs bras crochus qui écartèrent les branchages qui bloquaient les rayons solaires.
La lumière illumina le visage de Pierre. Vanessa hurla et tomba en arrière tandis qu’elle fixait la grimace d’horreur gravée sur la figure du garçon. Il lévitait à quelques centimètres du sol.
Luc retira ses fils de sa marionnette et la poussa sur Vanessa qui hurla de nouveau. Le cadavre la recouvrit, leurs lèvres se frôlant d’une manière totalement hasardeuse. Dans l'air, la colère de Quentin ou de Pierre bouillonnait.

« Coucou Vanessa. fit Luc qui apparut devant la jeune fille, toujours écrasée par le poids du macchabé.
— Luc ? »

La terreur avait atteint son paroxysme sur le faciès de Vanessa. De longues larmes coulaient.

« Ne t’inquiète pas, Quentin était avec lui. Mais ils se sont séparés lorsqu’ils ont eu à faire leur choix quant à aller dans l’Au-Delà ou rester ici. J’aurais bien aimé qu’autre chose me motive pour précipiter le moment où j’allais te tuer, mais on me force la main… Enfin… Dans notre cas, ce sera cette main. »

Luc tira de sa poche la main du membre de l’ordre du Bouclier, aussi blafarde que le cadavre de Pierre.

« C’est toi… murmura Vanessa.
— Bien sûr que c’est moi. Mémoire courte ?
— C’est toi qui es à l’origine de tout ! C’est toi qui as volé les médicaments de Mel ! Et son portable !
— Correction, connasse, vous êtes à l’origine de tout. Si vous ne m’aviez pas fait cette blague stupide, je ne serais pas là à me masturber les méninges pour vous crever des plus horribles façons qui soient. J’ai adoré mettre la corde autour du coup de Mélanie et tirer ses jambes vers le bas pour m’assurer qu’elle n’en échapperait pas. Et le mieux, c’est qu’après, son esprit errait dans le gymnase. Elle en a bavé jusqu’au bout… Quentin et Pierre ont été plus chanceux qu’elle. Tu veux savoir comment j’ai tué ton petit ami ? »

Luc lui sourit, lui dévoilant l’intégralité de ses dents. Vanessa avait cessée de pleurer et soutenait le regard de Luc pour le défier. Mais les reflets du soleil trahissaient sa terreur.
Luc fit entrer sa main dans celle du chasseur de fantôme, l’enfilant à la manière d’un gant. S’il ne pouvait pas prendre directement possession des morts, il pouvait manipuler ces derniers par la force de l’esprit. Il saisit ensuite le couteau de cuisine dont la lame réfléchit la lumière, après avoir vérifié que son gant organique obéissait bien à ses propres mouvements.

« Je lui ai envoyé la vidéo de Mélanie… Je l’ai attiré vers ma tombe, puis j’ai pris le contrôle de Quentin. Je l’ai ensuite déshabillé et je l’ai traîné jusqu’au fond du fleuve. Je l’ai repêché rien que pour toi. »

L’adolescente poussa le corps de Pierre et se releva maladroitement avant de se mettre à courir. Luc se déplaçait plus vite, sa proie n’osant pas s’érafler contre des branches de buissons ou des ronces.
Le fantôme la rattrapa rapidement et se positionna face à elle.

« Allez, montre toi ! » hurla-t-il à l’attention de l’autre fantôme.

Vanessa essaya de le contourner, et comme Luc n’avait pas de réponse, il fit briller le couteau et traça une longue estafilade sur le bras de sa victime. Du sang en goutait déjà. La douleur la fit se courber en avant, et Luc donna deux nouveaux coups de couteaux, dans son dos.
Toujours pas de réponse.
La lame trancha de nouveau l’air pour glisser le long des jambes de Vanessa qui pleurait de douleur. Elle s’effondra à quatre pattes, mais continuait d’avancer.

« Pitié ! Pitié !
— Dis à ton ami de se manifester et peut-être que je terminerai ça vite !
— Au secours ! »

Vanessa reçut la poignée en plein dans le front, ouvrant une plaie qui saigna aussi abondamment que les autres.
Luc le sentit soudainement… Un voile venait de glisser à travers lui et enveloppait maintenant Vanessa. Que faisait-il ?
Le revenant le comprit lorsqu’il vit sa proie se relever malgré la douleur et se mettre à courir, cette fois sans se soucier des ronces qui lui écorchaient les jambes et des branches qui lui fouettaient le visage.
Luc se précipita pour l’arrêter.
Il passa son bras autour du cou de la jeune fille et une légère impulsion électrique tenta de le repousser. A défaut d’être efficace, cette parade rendait l’emprise de Luc sur l’adolescente moins agréables.
Il donna deux coups de couteau dans le bas du dos de Vanessa. Il retourna sa victime brutalement et lui enfonça la lame dans le ventre. La plaie pleura du sang qui s’écoula le long du bassin et des jambes. Luc la poignarda de nouveau, enfonçant l’intégralité de la lame, et la tourna lentement pour élargir l’ouverture. Lorsqu’il la retira, les intestins émergèrent, pressés d’humer l’air frais.
Le visage de Vanessa se tordit de nouveau de douleur, mais l’enveloppe spirituelle de Pierre ou de Quentin lui donnait la force de la surpasser. Elle s’empara de ses intestins et continua de courir vers le parc du lycée qui se dessinait à travers les arbres. Tant mieux.
A l’orée du bois, il la fit trébucher. Elle s’éclata le visage contre une des dalles de pierre qui composait les petits chemins du parc.
Luc la maintint au sol, l’obligeant à manger la pierre froide et humide, avant de la positionner sur le dos et de lui taillader le visage. Il décora les lèvres et les élargit, lui donnant un sourire digne du Joker. Puis il lui découpa le nez et lui creva les yeux.

Un miaulement paniqué arriva aux oreilles de Luc qui leva les yeux vers Ugtulghul.
Lucas arrivait en courant vers eux, déjà à mi-chemin, alors qu’il commençait à scalper Vanessa.
Luc misa sur l’ombre des arbres pour ne pas être démasqué, et il traça un deuxième sourire dans la gorge de Vanessa, s’étendant d’une oreille à l’autre.
L’adolescente poussa un dernier soupir, expulsant l’esprit de Quentin ou de Pierre.
Lucas était tout proche, mais quelque chose clochait.
Il venait de plonger sa main dans sa poche.
Luc esquiva de justesse la longue traînée de sel qui fut projetée sur lui. Il sentit le poison qu’il contenait lui frôler la peau. Cependant, son camarade fantôme n’eut pas le temps de se dérober. Le souffle blanc le captura et le fit disparaître instantanément. Luc rata presque la vue de son visage.
Lucas tourna sur lui-même, scrutant les arbres et le parc. Son amie gisait à ses pieds, une large fleur de sang s’étendant autour d’elle telle une aura macabre.
Luc apparut dans le dos de Lucas, le couteau toujours à la main, mais sa cible fut plus rapide. Un trait vertical s’évapora dans le vide.
Luc venait de réapparaître derrière Lucas. Ce dernier se retourna et le fixa droit dans les yeux.
Un véritable cocktail d’émotions se lisait dans son regard. La peur, la colère… Même la tristesse, pour une fois.
Lucas n’avait plus de sel, mais il comptait profiter des grains encore dans sa paume pour se battre. Il essaya de gifler Luc, comme il aimait parfois le gifler de son vivant.
Le revenant oublia la vidéo qu’il avait prise quelques minutes plus tôt, la scène qui venait de se dérouler plusieurs minutes plus tôt.
Il venait de l’énerver…
Et il savait.
Luc entendait des semelles claquer contre les gravats de la cour du lycée, se dirigeant vers le parc. Les gendarmes allaient arriver.
Il leva le couteau. Un éclair fendit l’air.
Lucas tomba à la renverse et son assaillant lâcha son arme, en conservant la main cadavérique avant de s’élancer dans la forêt.
Plusieurs balles fusèrent, découpant les feuilles, éclatant l’écorce. L’une d’elle traversa la poitrine de Luc.

LePerenolonch
Niveau 10
10 juillet 2016 à 16:47:03
[[sticker:p/1lmh]]

suite

HelpingFR
Niveau 32
10 juillet 2016 à 18:20:43

Sinon, des commentaires sérieux ? [[sticker:p/1kki]]

LePerenolonch
Niveau 10
10 juillet 2016 à 20:10:46

Bah, je pensais au début qu'il allait dans la cantine pour prendre du sel et qu'il allait essayer d'affaiblir l'autre esprit :hap:

Sinon j'ai trouvé qu'ils ne sont pas trop choqué d'apprendre que les fantômes existent

HelpingFR
Niveau 32
10 juillet 2016 à 22:29:55

Le 10 juillet 2016 à 20:10:46 LePerenolonch a écrit :
Bah, je pensais au début qu'il allait dans la cantine pour prendre du sel et qu'il allait essayer d'affaiblir l'autre esprit :hap:

Sinon j'ai trouvé qu'ils ne sont pas trop choqué d'apprendre que les fantômes existent

Il ne peut techniquement pas prendre de sel par la force mentale ou "spirituelle", c'est comme si t'essayais de t'emparer de lave en fusion :hap:
Tout comme il ne peut pas créer de chose chaude comme des flammes :oui:

HelpingFR
Niveau 32
14 juillet 2016 à 17:58:32

----------------------------------------------------------------

Chapitre 13 : Déménagement improvisé.

----------------------------------------------------------------

*

*

*

Un large voile de ténèbres surgissait de nulle part et annonçait son arrivée en faisant rouler des tambours dans ses profondeurs.
La lumière du soleil, seule obstacle aux plans de Luc, avait été écartée d’un simple souhait.
Mais il le savait. Son plan n’avait pas si bien marché que ça.
Certes, le résultat était là. Il avait démasqué l’autre fantôme, il avait tué un de ses tortionnaires et il avait réussi à priver d’accès quiconque tenterait de s’introduire dans la forêt.
Mais la façon dont il avait exécuté le plan lui paraissait brouillonne, bâclée. Maintenant, des gendarmes sillonnaient la forêt, assistés par des chiens à l’odorat infaillible. Des journalistes se massaient à l’entrée de l’école, leurs caméras indiscrètes pointées un peu partout… Et puis Matthieu et Lucas savaient maintenant qu’il les menaçait. Lucas était à l’hopital, certainement pour un moment, et Matthieu trouverait bien le moyen d’éviter l’école… Si elle rouvre un jour.
Comment l’avaient-ils appris d’ailleurs ?
Il se rappelait de la poignée de sel que Lucas avait failli lui envoyer à la figure. Le partenaire du membre du Bouclier passait-il à l’action en révélant aux deux adolescents ce qui se tramait vraiment ?

Osghul l’avait arraché à ses réflexions en lui rappelant que les chiens pouvaient remonter à sa tombe, car il avait fait la bêtise d’y mettre également le cadavre du membre du Bouclier.
Grâce à l’obscurité, Luc avait rouvert la tombe et jeté le corps flasque dans le fleuve. Contrairement à celui de Pierre, Luc n’avait pas eu à aller chercher un nouveau parpaing. Que le courant fasse son œuvre et emporte le macchabé aussi loin que possible de son domaine.
Il entendait au loin les chiens qui aboyaient, accompagnés par les cris des gendarmes. Les chats s’étaient organisés pour dissuader les chiens de pénétrer dans la zone où reposait le corps de Luc.
Les bêtes se mettaient à couiner lorsqu’ils regardaient trop longtemps dans les prunelles obscures des félins.
Les gendarmes paraissaient également de moins en moins à l’aise. Le soudain orage qui arrivait, les chats qui se comportaient étrangement, et les réactions des chiens paraissaient diminuer leur assurance.
Luc sentait que sa dépouille était en sécurité, mais il redoutait une certaine ingéniosité de la part de l’autre membre du Bouclier. Peut-être s’était-il infiltré chez les gendarmes. Peut-être savait-il comment éviter leur surveillance.
Luc se rendait compte qu’il s’était paré d’un bouclier dont la poignée pourrait être traîtreusement tranchante.
Il était évident qu’il devait bouger son corps. Mais où, exactement ?

Un éclat illumina ses réflexions. Le champ de construction. Sous la zone destinée au ciment. Une parfaite cachette. Et au moins, l’horrible cube moche qui servirait de nouveau lycée servirait à quelque chose.
Au-dessus de lui, les nuages devenaient de plus en plus compacts et plongeaient la terre dans une pénombre anormale pour un après-midi. L’amas noir s’étendait dans le ciel en y plantant des racines grisâtres.
Luc se réjouissait de cette invocation. L’obscurité, son amie, allait lui faciliter la tâche. Le fantôme ouvrit une nouvelle fois sa tombe, en espérant que cette fois, ce serait la dernière. La pelle qui avait servie au membre de l’ordre du Bouclier reposait toujours dans l’herbe, tâchée de sang séché.
Il ne se rappelait même plus combien de fois il s’était profané. L’état de son cadavre faisait peine à voir. Il ne restait presque plus de chair. Il ressemblait à n’importe quel squelette, mais son âme était singulière. Il avait commencé à apprécier le fait d’être quelque chose d’unique. Sa transformation le confortait dans ses décisions.
Le fait de changer de lieu de repos lui rappelait qu’il était enfin maître de tout dans la mort.
Pendant toute sa vie, il avait subi et enduré les autres, leurs choix. Il se laissait faire. Sa propre tombe, il ne l’avait pas choisie. En réalité, personne ne choisissait vraiment sa tombe.
Luc le pouvait.
Il pénétra dans la fosse et s’apprêta à soulever les ossements de sa sépulture.
Ses mains traversèrent les os. Malgré la concentration de Luc, il n’arrivait pas à s’en emparer.

« Qu’est-ce que c’est que cette merde ? »

Il fixa le ciel, toujours aussi noir qu’avant. Il était censé avoir ses pouvoirs exploitables au maximum. S’il ne pouvait toucher ses restes concrètement, peut-être le pouvait-il mentalement.
La nouvelle tentative se clôtura comme la précédente. Un échec cuisant.

Luc commença à se questionner. Et s’il déclinait ? Non, c’était absurde. Seulement quelques minutes plus tôt, il avait réussi à ouvrir la tombe aussi facilement qu’il couperait une feuille avec des ciseaux.
Etait-ce une nouvelle limite ?
Il appela Osghul.

Le chat répliqua rapidement en courant, surgissant d’un bosquet.

« Pourquoi je ne peux pas déplacer mes os ?
— Pourquoi me demande-tu cela ?
— Je sens que tu as des réponses satisfaisantes.
— Je pense que ça doit être un interdit. Est-ce que c’est surmontable ou absolu, je n’en sais rien… Peut-être devrais-tu essayer avec d’autres mains que les tiennes. »

Le spectre comprit ce qu’insinuait le chat. Un corps pour en porter un autre. Quelle absurdité. Il avait jusque-là tous les pouvoir pour jouer avec les cadavres des autres, mais pour le sien, c’était hors de question, du moins, pas avant un certain seuil hypothétique de puissance.
Et puis, comment allait-il se décarcasser pour trouver quelqu’un à posséder. Il pouvait essayer de s’emparer d’un gendarme. En cognant suffisamment fort, peut-être qu’il pourrait.
Et après ?
Que se diraient ses collègues s’ils le surprenaient en train de transporter un cadavre, recherché qui plus est ?
Il essayait d’organiser le scénario idéal mais il y avait bien trop de complication.

« Et puis merde, après tout, il y a un tueur dans la forêt… »

Les fougères commencèrent à trembler non loin. Leur bruissement trahissait l’arrivée de quelqu’un. Une voix rauque parvint aux oreilles de Luc.

« Et moi, je dis qu’on a pas vérifié cette zone. Ouais, les chiens ont la frousse, mais c’est la faute de ces foutus chats. Je veux quand même aller vérifier. Putain, on voit que dalle ici. C’est la première fois qu’il fait aussi sombre alors que c’est bientôt midi. »

Le gendarme émergea des bosquets en allumant sa lampe torche qui vomit sa lumière blanche et artificielle. Le halo se posa sur le spectre qui se jeta sur lui. Le petit tube noir s’effondra dans l’herbe, plongeant de nouveau la scène dans les ténèbres. Luc projeta l’homme contre un arbre. Il lui cogna l’arrière de la tête contre un tronc, sans s’arrêter, les coups devenant de plus en plus fort.
En voyant la fleur de sang qui maculait l’écorce grise, Luc se reprit :

« Bordel, je dois le posséder, pas le buter. »

Le gendarme avait cessé de gesticuler, mais Luc parvenait à sentir les palpitations sanguines dans son cou et ses poignets. Sans attendre, il s’enfonça dans le crâne de son nouveau vaisseau, s’écoulant inéluctablement dans sa chambre d’âme.
Le fantôme découvrit la chambre de contrôle. Le siège était vacant.
Mais il devait neutraliser totalement le gendarme. Pour être sûr. Luc ne pouvait pas se permettre d’ajouter une nouvelle dose d’aléatoire, pas maintenant.
Il fit quelques pas vers la porte des rêves, sa cible devait s’y trouver. Sur son chemin, il vit le mur s’écarter en faisant rouler les pierres et en faisant grincer l’armature de bois et d’acier pour positionner l’isoloir. La porte avait l’air bien plus solide que celle qui était apparue dans l’esprit de Quentin.
Pas très étonnant finalement. Il avait tué quatre personnes entre temps. Et l’expérience jouait aussi.
Luc ouvrit la porte des rêves et se retrouva face au néant. Pas d’imagination, pas de paysage… Rien du tout.
Seule l’âme de gendarme dont la lumière tremblait dans les ténèbres. Luc fit un premier pas, mais il n’y avait rien de concret sur quoi poser le pied. Pourtant, il ne tomba pas. Il était retenu par le manque de gravité.
Il se sentit brusquement puissant. Une puissance infinie. Comme si dans les ténèbres, il pouvait tout faire. Après tout, l’obscurité n’était-elle pas, depuis le début, son ultime alliée ?
Luc s’empara rapidement de l’âme et la traîna sans ménagement vers la sortie. Elle ne luttait pas. Visiblement, elle était aussi sonnée que son corps. Après deux claquements de porte, Luc se réveilla dans un nouveau corps étranger. Il se sentait plus adroit et moins lourd que la première fois.
Le fantôme se redressa avec l’horrible douleur à l’arrière du crâne. Quel imbécile de s’être laissé emporter. Si jamais il devait croiser les collègues de son vaisseau, il aurait du mal à justifier sa blessure.
Il était temps de vérifier s’il voyait juste. Il se félicita de ne pas avoir fermé sa tombe avant de s’emparer du gendarme, il n’avait clairement pas envie de creuser.
Il sauta à pied joint dans la petite fosse et posa ses mains sur ses ossements. Ils étaient durs et froids. Ils puaient aussi. Mais ça ne faisait rien, Luc pouvait toucher son propre corps désormais.
Et maintenant, les choses sérieuses commençaient.

Il extirpa sa carcasse de sa tombe et la posa sur une des bordures pour pouvoir remonter. Les os ne s’étaient pas décrochés, et heureusement. Luc n’avait pas envie de faire des allers et retours, ni de faire tomber quelques morceaux de lui-même.
Il fut soudainement ébloui par une lueur qui s’abaissa, dévoilant les formes d’un homme en habits bleus.

HelpingFR
Niveau 32
16 juillet 2016 à 17:53:12

« Nous ne sommes pas ici pour régler nos comptes. Ça peut se faire plus tard. Car nous avons un problème plus urgent à régler.
— Personnellement, je serais d’avis de le balancer dans l’école. Puis d’aller chercher ce connard de Lucas.
— Au contraire. Votre ami ne doit pas achever sa vengeance. D’habitude, nous ne sollicitons les proches des fantômes qu’en cas d’extrême urgence. Ce qui est en train de lui arriver, aucun fantôme ne l’a vécu depuis plusieurs siècles. Jamais un fantôme n’a été aussi tordu et puissant. Et ça fout les jetons. Vous voyez cet étrange orage dehors ? Un fantôme ne peut pas faire ça… Pas un fantôme normal. A moins que quelque chose le booste. Nous avons essayé de faire des recherches, mais ce que nous trouvons n’aide pas à éclaircir ce qu’il se passe en ce moment. Ce qui me fait peur, c’est ce qui arrivera lorsque votre ami aura acquis un niveau suffisant de puissance pour repousser les limites habituelles des esprits vengeurs.
— Et que se passera-t-il, si Luc achève sa vengeance ?
— Eh bien, il n’aura plus aucun but sur Terre… Et comme les esprits vengeurs sont peu enclins à se laisser emporter dans l’Au-Delà, il pourrait se lancer en quête d’un autre but… Et généralement, c’est le meurtre… Il frappera qui il veut, quand il veut. Tous ceux qui seront exposés à son aura auront une cible sur le front.
— Pourquoi il se tournerait vers le meurtre ? Jusque-là, il n’a tué que ces quatre ordures.
— Peut-être qu’il est responsable également de la mort d’Ingrid. ajouta Matthieu avant de repartir dans son mutisme en voyant les regards noirs des trois adolescents.
— Le meurtre galvanise les esprits. Prendre une vie, c’est quelque chose que les fantômes apprennent à apprécier. Et il continuera jusqu’à ce qu’il atteigne le dernier stade.
— Quel dernier stade ? »

Le barbu s’avança en allongeant ses avant-bras sur la table.

« Lorsqu’un fantôme tue, son enveloppe spirituelle se transforme lentement. Mais ce qu’on sait, on ne le tire que de vieilles archives qui remontent à des siècles d’histoire humaine, car jamais un esprit vengeur n’a réussi à atteindre la fin de sa transformation, grâce aux interventions du Bouclier de Lumière. Lorsqu’un fantôme accumule les meurtres, il perd peu à peu de son humanité, il devient ce qu’on appelle une Furie. Une grande créature quasi squelettique sortie tout droit d’un cauchemar. Sauf que cette fois, c’est réel. Et une Furie, c’est extrêmement dangereux. Et votre ami s’approche dangereusement de ce stade. C’est pour ça qu’il faut l’arrêter. Et vite.
— Mais Lucas est hors de l’école. Vous aviez dit que Luc hantait…
— Terminer une vengeance et se transformer en Furie sont deux choses différentes. Il peut tout aussi bien se transformer en Furie avant de s’en prendre à Lucas, que d’avoir encore besoin de quelques meurtres avant de passer le seuil critique.
— Et comment on arrête un fantôme ?
— Détruire la dépouille, en la brûlant. trancha l’homme à la barbe.
— Votre ami, en tuant Vanessa ce matin, a réussi à bloquer la forêt. Des gendarmes patrouillent, il sera difficile de s’y faufiler. Je ne mentionnerai pas également les hordes de journalistes. Mais nous avons un plan. J’ai deux hypothèses. Soit il va être certain d’être en sécurité, soit il va essayer de bouger son corps. Et l’endroit idéal, c’est ce champ de construction. Un cadavre caché sous du ciment est une cachette très pratique, et je suis sûre que votre ami est suffisamment malin pour le deviner lui aussi.
— Et on ne peut pas essayer de contacter Pierre comme on l’a fait ce matin ? demanda Matthieu.
— Pierre est coincé dans l’école. Nous aurions pu essayer de le contacter hors de l’enceinte, mais ce qu’a fait Lucas l’a affaibli, il n’aura pas la force d’établir un lien hors de son lieu de errance. Toutefois, on pourrait essayer de l’invoquer une fois qu’on aura nettoyé l’école. Heureusement, je lui ai laissé quelques instructions qui pourraient lui être utile.
— Et celui de Vanessa ? Elle doit bien y être aussi, non ?
— Il faudrait que l’esprit de Pierre la trouve avant Luc… Et rien ne nous garantit qu’elle ne se soit pas élevée dans l’Au-Delà. répliqua la psy.
— Et à quoi on sert, nous ? demanda Grégoire en croisant les bras.
— D’après ce qu’Esther m’a confié, il ne devrait pas vous faire de mal. Vous auriez plus de chance d’atteindre son corps. Peut-être que vous pourriez le persuader de se laisser faire. Faire appel à son ancienne vie.
— Et moi ? fit Matthieu d’une voix faible.
— Toi, tu nous amène à la tombe dans la forêt.
— Je croyais que les gendarmes et les journalistes poseraient problème...
— Pas avec ça. »

L’homme à la barbe sortit d’une de ses poches un petit sac de toile, fermé par une ficelle blafarde.

« Cette poudre a un effet hypnotique très puissant et ceux qui sont exposé à son nuage sont soumis au contrôle de celui qui le libère. Ça peut s’étendre sur toute l’école. Nous n’aurons aucun problème.
— Et donc, là, vous voulez qu’on vous suive maintenant dans un endroit hanté par notre ancien ami devenu un monstre sanguinaire, c’est ça ? rétorqua Esteban avec méfiance.
— Nous ne vous obligeons à rien. Mais si vous acceptez, vous pourrez donner à votre ami le repos qu’il mérite… la psychologue se tourna vers Matthieu. Et racheter vos fautes. »

Les quatre adolescents réfléchirent pendant de longues minutes. Puis leurs regards furent attirés par la foudre qui illuminait les nuages obscurs, dessinant les contours de leur école dans une nuit surnaturelle qui n’allait pas tarder à les envelopper à leur tour.

« Je viens, fit Esther.
— Moi aussi. Luc mérite mieux que ça. poursuivit Grégoire.
— Bon, vu que tout le monde y va, je suppose que je n’ai pas trop le choix. Je m’en voudrais à mort de pas vous aider. se résigna Esteban.

*

La voiture cabossée et crasseuse s’arrêta sur un chemin de terre non loin de l’établissement. La « psychologue », Regina, s’empara des clés et se dirigea vers l’arrière du véhicule.
Le coffre de la vieille voiture s’ouvrit en grinçant, dévoilant aux quatre adolescents un véritable arsenal de guerre.
Fusils à pompe, fusil à deux canons, pistolets, revolvers, faucilles, pieux, talismans et amulettes, de nombreux tubes contenant de la poudre ou de la substance liquide ou molle.
L’homme à la barbe, Boris, s’empara de quatre fusils à pompe. Il en envoya un à Regina puis en tendit deux en direction des adolescents.

« Attendez, on est supposé faire quoi avec ça ? fit Grégoire, étonné.
— Tirer sur le spectre si jamais vous jugez que la situation empire.
— Je savais pas qu’on pouvait tirer sur des fantômes…
— Il doit être chargé de sel. C’est suffisant pour neutraliser un fantôme. corrigea Matthieu, bravant son mutisme et sa culpabilité.
— Est-ce que quelqu’un sait s’en servir au moins ? Personne ? Eh bien Je pourrais essayer de vous apprendre à le manier, avant qu’on y aille. Des volontaires ?

Grégoire et Matthieu levèrent la main. Boris les isola dans un coin et bientôt, les autres entendirent les claquements de la pompe et de la détente.
Esther s’approcha de Regina :

« Finalement, vous n’êtes pas psychologue ?
— J’ai eu un diplôme mais je n’ai pas eu vraiment le temps de m’y exercer… Mais à dire vrai, je suis meilleure avec mes « collègues » qu’avec les gens que nous protégeons d’habitude.
— Que vous est-il arrivé ?
— J’ai rejoint le Bouclier juste après la fin de mes études… J’étais allé voir ma grand-mère… Dans un cimetière. Pile le jour où une sorcière avait décidé de lancer un sort vaudou. J’ai vu ma grand-mère sortir de terre pour essayer de me dévorer et je serais morte s’il n’y avait pas eu celui qui m’a entraînée.
— Il y a autre chose que des fantômes ?
— Bien évidemment. Et rares sont celles qui sont amicales ou bienveillantes.
— Donc finalement, je n’étais qu’une source d’information pour vous.
— Partiellement…
— Du coup, vous savez ce qu’il y a Au-Delà ?
— On sait qu’il y a un Paradis, un Enfer, et des Limbes.
— Et Luc, ira-t-il au Paradis ?
— Normalement oui. Si on arrive à brûler sa dépouille, il serait escorté par la Mort elle-même. Et encore, ce ne sont que des suppositions.
— Et vous n’en savez pas plus ?
— Non. Mais disons qu’apprendre ce genre de choses… Ca redonne un peu la foi.
— Mélanie, Vanessa, Pierre et Quentin… Ils vont aller au Paradis ? demanda Esteban en s’immisçant dans la conversation.
— Normalement oui. Les portes du Paradis sont ouvertes à tous.
— Dommage… Un séjour en Enfer, voilà ce qu’ils méritent…
— Je pense que personne ne mérite d’aller en Enfer. finit par dire Regina.
— Vous pouvez nous parler un peu de l’Enfer ?
— Je m’y connais pas trop. Mais d’autres en savent plus que nous.
— Ca a l’air cool comme travail quand même… Je préfèrerais étudier ça plutôt que des maths ou de la philo...
— Ce travail est tout, sauf cool. C’est une vie de souffrance et d’errance infinie. Nous avons toujours quelque chose à faire, et ce n’est pas comme d’aller dans un simple bureau. Parfois, vous devez vous occuper d’un loup-garou sanguinaire qui a massacré un village tout entier, parfois, vous devez mener de longues enquêtes pour éliminer un réseau de vampires profondément ancrés dans des villes, parfois, nous devons assister des représentants religieux pour exorciser des malheureux. Et qu’est-ce qu’on gagne ? Pas grand-chose. Du moins, on ne touche pas d’argent. Mais nous arrivons à vivre décemment. Et nous avons au moins le mérite de rendre le monde un peu mieux. »

Grégoire et Matthieu revinrent.

« Bon, j’ai fait de mon mieux. Ils se débrouillent pas trop mal pour des débutants. Faudra voir ce que ça donnera sur le terrain. Même si j’espère ne jamais le découvrir. Je suppose qu’il est temps de passer à l’élaboration du plan, non ?
— Parfait. Venez tous. Boris, donne-leur du matériel. »

Boris s’exécuta et se mit à fouiller dans le coffre tandis que les quatre adolescents entouraient Regina.

« Matthieu va tous nous conduire à la tombe initiale de Luc, sauf Boris, qui restera au chantier pour vérifier si mon hypothèse comme quoi il déplacera son corps se vérifie. On aura donc des talkie walkies avec nous. Ensuite, nous avons la poudre hypnotique. Boris utilisera la sienne, et une fois que le chantier sera désert, on l’enverra dans le parking, puis dans l’école et enfin dans la forêt. Et on avancera. Si jamais les choses s’enveniment, sachez que vous restez les amis de Luc, je doute qu’il essaie de vous faire du mal, même si il risque de ne pas apprécier la compagnie de Matthieu. Si jamais il l’agresse, je veux que vous soyez prêts à presser la détente. Une fois à la tombe, tout le monde creusera, sauf Grégoire et Matthieu, vu qu’ils ont les flingues. Une fois déterré, on verse de l’essence, et on en aura fini.
— Et si jamais il déplace son corps ?
— Boris le verra. Alors il faudra se préparer pour le rejoindre, car Luc sera rapidement vulnérable, ainsi que sa dépouille. Et Matthieu devra quitter immédiatement l’établissement pour être hors d’atteinte du spectre.
— Non. Je veux être sûr de réparer ce que j’ai fait. Je n’ai pas envie de m’enfuir.
— Si jamais il te tue, il deviendra plus puissant. Il y aurait des chances qu’il bascule en prenant ta vie.
— Bonne chance pour penser la même chose lorsqu’il essaiera de te prendre. ironisa Boris.
— Des questions avant qu’on parte ? prévint Regina.
— Ouais… Esther et moi, on est un en manque de défense. Il se passe quoi si jamais il bute Matthieu et neutralise Grégoire ? »

Boris lança trois pelles vers Regina, Esther et Esteban.

« Ces pelles ont été fabriqué à partir d’un matériel spécial appelé le Célestium. Ca fait bobo à toutes les créatures nocturnes et infernales. C’est un matériel pas très commun, mais seul le Bouclier de Lumière sait comment en trouver. Prenez ça aussi. »

Il envoya à chacun des petits tubes contenant du sel, des briquets, ainsi que des gourdes qui puaient l’essence… Avant de tirer un couteau.

« Attendez, vous foutez quoi avec ça ? s’exclama Esteban en voyant le regard déterminé de Boris.
— Les fantômes grandissent et voient leurs pouvoirs augmenter avec le temps. Je ne serais pas étonnée s’il peut appliquer la possession mentale. Il faut graver une rune dans la chair pour lui interdire l’accès.
— Hors de question que je me fasse mutiler.
— La cicatrice que vous aurez restera sur vous pour toujours. C’est bien mieux qu’un tatouage. Vous serez impénétrable jusqu’à votre mort. Du moins, si la cicatrice reste intacte. Vous voulez sauver votre ami ? »

Les quatre adolescents se résolurent à se laisser marquer par la lame de Boris, taillant dans leur chair une espèce de rune avec une précision monstrueuse. Regina sortit des bandages et un spray pour arrêter les saignements.
Elle s’assura ensuite que tout le monde était prêt, et ils embarquèrent dans la vieille voiture cabossée.
Esther avait la peur au ventre. Elle avait du mal à comprendre comment sa vie avait changé en deux semaines, comment elle arrivait à croire tout ça… Et elle savait qu’après ça, elle ne risquerait plus de voir le monde de la même façon.
Dans le ciel, les ténèbres avaient élu domicile. Il faisait nuit à midi…
Et bientôt, les adolescents allaient tous combattre à l’intérieur d’une école où ils avaient passé une bonne partie de leur vie.

Sujet : [Nouvelle] L'Esprit de l'Ecole
   Retour haut de page
Consulter la version web de cette page