Je remets un extrait de la partie précédente afin de rendre cette suite plus cohérente et agréable à lire
La suite du récit
. Perdu dans ses pensées, Golem finit par apercevoir que Chouette avait arrêté de vomir. Elle lui lance faiblement un sourire : « Où en étais-je déjà ?
- Tu t’apprêtais à m’expliquer ta condition actuelle…
- Ah oui, c’est vrai… Pour que tu comprennes ce qui m’arrive et le danger qui plane actuellement sur nous je dois à nouveau faire un bond dans le temps, il faut remonter deux ans en arrière, lors de l’ouverture de ce laboratoire. Connais-tu son origine ?
- Evidemment, l’objectif de sa construction était de donner naissance à la première conscience robotique de l’histoire.
- Et y sont-ils parvenus ?
- Pardon ?
Golem était lassé de toutes ces questions, n’était-il pas possible qu’on lui donne une réponse simple et sans énigme ?
- Je vais reformuler ma question : selon toi, est-ce que l’objectif du laboratoire a été atteint ?
- Bien sûre que oui. N’en sommes-nous pas la preuve vivante ? s’esclaffa Golem
Ce fût au tour de Chouette de rire.
- Il t’a donc suffi de quelques minutes pour découvrir mon incroyable intellect et esprit de réflexion et conclure que je n’étais pas qu’une simple intelligence artificielle programmée pour répondre à tes questions ? Et comment pourrais-tu être certain que tu es toi-même doté d’une conscience robotique ?
- Car c’est inscrit dans ce que nous appelons mes « gènes ». Il n’est pas question d’être sûre ou non, je le sais c’est tout. C’est naturel pour moi. A partir de là il est évident de déduire pour moi que je suis doté d’une conscience puisque je n’ai pas réellement à te le démontrer, c’est quelque chose d’instinctif, comme si j’étais « né » avec.
- Regarde-toi, Chouette avait désormais le regard froid et affichait une mine dure, tu es pathétique. Te rends-tu compte que ce que tu viens de me dire n’a aucun sens ? Si cela te parait naturel que tu aies une conscience ne serait-ce pas car tu as été programmé ainsi ? Ne te viendrait-il pas à l’esprit que l’on t’a créé avec inscrit dans ton code « Je possède une conscience ».
- Et toi alors si tu es si maligne, qui es-tu réellement ? Une simple IA connaissant sa véritable identité et fonction ? Ou bien peut-être que tu es convaincue d’être un robot différent des autres IA alors qu’en réalité tu n’es qu’une IA programmée pour penser qu’elle est différente ? Alors ? Réponds-moi !
- Je suis ce qu’on m’a dit ce que j’étais, rien de plus. Peut-être que je suis une simple IA mais la conscience que l’on m’a programmée me définit comme une entité à part entière, disposant d’une capacité de réflexion qui n’est pas propre à un simple programme informatique chargé d’accomplir une tâche. Dans le fond, nous ne sommes tous les deux que des simples IA, tout comme les humains sont de simples intelligences. Ce qui nous différencie par rapport à un simple outil ? C’est le fait qu’on le croie être différent. C’est le fait que le hasard génétique nous a donné telle particularité. Il n’y a pas de conscience à proprement parlé mais simplement une foi absolue dans notre individualité. Une citation humaine très célèbre est « je pense donc je suis ». En réalité, il serait plus approprié de dire « je crois donc je suis ». Il ne suffit pas de penser à qui nous sommes. Un robot ménager sait très bien qu’il est un robot ménager puisqu’il a été codé pour répondre uniquement aux tâches ménagères.
Mais quant à nous deux qu’est-ce qui nous différencie réellement des êtres humains si ce n’est qu’à la place d’organes biologiques nous en avons des mécaniques ? Nous avons été programmés au hasard par un algorithme et les humains ont été programmé au hasard par la génétique. A partir de là, pour parler de conscience il faut croire en quelque chose qui n’existe pas.
- Mais donc je ne m’étais pas trompé, l’interrompu Golem. Le laboratoire a pleinement réussi son objectif, puisque si je suis ta logique, nous croyons à notre identité propre.
- En effet dans ce sens ils ont réussi, mais c’est là qu’intervient un vrai problème. Notre « conscience » n’est que l’aboutissement de calculs mathématiques. Or, notre conception est restée secrète et n’est intervenue que des dizaines d’années après que Grutch est fondé son laboratoire. Nous sommes les cinq centièmes modèles et pourtant dès son adolescence Grutch avait déjà fabriqué un cerveau robotique. Cela fait également des années qu’il est entouré de robots d’une incroyable perfection et dotés d’un esprit d’analyse dépassant le simple stade du robot ménager. Alors pourquoi avoir attendu tant de temps avant notre conception ? Comment se peut-il qu’il y ait eu autant de ratés alors que l’on connait le génie de Grutch ? Et si justement un homme tel que lui a échoué, comment se fait-il que de simples roboticiens n’ayant même pas le quart de son talent y soient parvenus en à peine deux ans ? La réponse à toutes ces questions comme aux tiennes trouvent réponse dans le modèle quatre cent quatre-vingts, celui qui aurait été le premier à intégrer une copie conforme du cerveau humain.
- A chaque fois que je te pose une question tu me réponds avec plusieurs autres interrogations. J’attends toujours de savoir pourquoi tu m’as appelé « le fils prodigue » et les raisons de tes vomissements.
Chouette qui était restée adossée contre le mur depuis la reprise de la discussion se leva.
- Arrête de te montrer impatient. Les réponses à tes questions vont arriver mais ce n’est pas le tout que tu les apprennes, tu dois également pouvoir les comprendre. »
Elle lui fit un signe du doigt, l’invitant à la suivre, puis elle s’enfonça dans le couloir sombre.
Ils marchèrent pendant environ cinq minutes avant que Chouette ne s’arrête et indique de la tête une porte à Golem. Ce dernier se montrait de plus en plus méfiant envers Chouette. Outre le voile de mystère entourant le robot, il trouvait suspect de n’avoir croisé aucun humain lors de la traversée du couloir. Il avait été tellement occupé par sa discussion avec Chouette qu’l en avait totalement oublié sa situation des plus délicates. Il avait tué des êtres humains, ceux qui semblaient être ses créateurs. Et pourtant, aucune alarme ne s’était déclenchée, aucun protocole de sécurité ne s’était mis en route. Rien ne faisait sens. Pourquoi Chouette savait-elle tant de choses alors qu’elle était également une machine ?
Il n’eut pas le temps de continuer son questionnement intérieur puisque Chouette vient le pousser légèrement afin qu’il rentre dans la pièce. Ce qu’il y découvrit gela momentanément ses circuits. Dans cette sombre petite pièce carrée, des dizaines de cadavres jonchaient sur le sol qui était recouvert de sang, mais ce n’était pas le pire. Car au fond de la pièce, était suspendu par des lianes de câbles une personne. Les vêtements déchirés, le corps ensanglanté, les câbles la nouaient au niveau de ses deux poignets et ses jambes étaient attachés, son corps ainsi suspendu renvoyait l’image d’une croix. Elle avait tête baissée ce qui empêchait à Golem de pouvoir distinguer son visage. Petit à petit ses circuits se remirent à fonctionner correctement et Golem lança un regard effaré à Chouette :
« Qui est-il ? Est-ce toi qui est à l’origine de ce carnage ?
- Je te présente le modèle quatre cent quatre-vingts, notre « Père » et la clé de notre survie.
- C’est donc lui le premier robot à avoir reçu une copie conforme du cerveau humain ?
- Oui et non. C’est en effet le premier modèle dans son genre, l’une des plus grandes réussites de Grutch, mais il n’a pas exactement reçu une copie conforme du cerveau humain. En fait il y a certaines choses que je ne t’ai pas raconté sur celui qui est surnommé « Le Pirate ». Mais avant que je t’en dise plus, pourrais-tu observer plus en détail Père ?
- Il ne risque pas de m’attaquer ? s’inquiéta Golem. Le fait qu’il soit entouré de cadavres ne me met pas vraiment en confiance.
- Ne t’en fait pas, la rassura Chouette, tu vois bien qu’il a les bras et les jambes liées. Non seulement il lui est impossible de te faire du mal mais de toute façon ce n’est pas son souhait. Approche-toi de lui, il ne t’arrivera rien. »
Depuis qu’il était entré dans la pièce, Golem avait totalement oublié ses doutes et nombreux questionnements, le modèle quatre cent quatre-vingts, celui que Chouette appelait Père, dégageait une sorte d’aura que les humains qualifieraient de mystique. Une fois que l’on avait posé son regard sur lui, il devenait difficile de détourner le regard, comme si Golem se retrouvait aimanté par le robot. Il avança avec précaution vers le corps suspendu et remarqua que le robot semblait désactivé. Ses derniers doutes s’envolèrent et il souleva la tête du robot. Ce dernier avait exactement la même figure que Golem mais la réaction de celui-ci sembla décevoir Chouette puisqu’il semblait ne montrer aucun signe d’étonnement.
« Tu ne sembles pas particulièrement surpris, remarqua-t-elle.
- Je suis un robot et lui aussi, il n’est pas surprenant que nous ayons le même visage, après tout nous ne sommes que des machines pour les humains. Ils étaient peut-être en panne d’inspiration lors de ma conception.
- Pourtant tu as déjà croisé d’autres robots dans le laboratoire, en as-tu déjà vu avec le même visage ?
- Non jamais, mais même, cela ne rend pas notre similitude si singulière. Si tu espérais que je m’écroule sous le choc de cette découverte je vais te décevoir. Je suis fatigué de tes petits manèges, il est temps d’en finir. Dis-moi ce que tu as à me dire puis laisse-moi tranquille.
Chouette ne semblait pas être vexée par les propos de Golem, au contraire elle arborait à nouveau un petit sourire narquois.
- Crois-moi tu arrêteras bien assez tôt de faire le fier, les similitudes entre toi et le Père ne se limitent pas à l’aspect physique. Vous êtes en réalité tous les deux des modèles uniques destinés à servir les intérêts de Grutch. Enfin de celui qui se fait passer pour Jimmy Grutch puisque le véritable Jimmy Grutch est mort il y a de cela quinze ans.
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