Bonjour tout le monde!
Je n'ai habituellement rien à voir avec ce forum, mais j'aimerais néanmoins avoir des avis sur le roman que je suis en train d'écrire. Même si écrire en soi me plait, composer ce que je juge une jolie phrase reste un effort harassant, et que d'ailleurs je peux tout aussi bien faire dans ma tête, sans le motif d'immortaliser. Je poste cet extrait, je ne pense pas que je me remettrais facilement si je devais apprendre que je fais tout ce travail pour accoucher de quelque chose de mauvais.
Je ne vous demande pas d'avis sur l'histoire je la juge que secondaire, et ce premier chapitre d'ailleurs, banal je pense, par sa thématique, sert simplement de fondation à des évènements qui seront bien plus extravagantes. J'aimerais plutôt des avis sur mon écriture.
A force de me relire et de me relire, j'admets que le sens de ce texte m'échappe un peu, et c'est avec plaisir que j'accueillerai vos retours, au cas où il y aurait des incohérences subtiles au niveau du sens même. un peu comme lorsque qu'un rappeur explique qu'il dors le jour et se réveil la nuit, pour ensuite dire quelques couplets plus loin qu'il fume son herbe dès 8h du mat J'en avais déjà relevé quelques unes, c'est pour ça que je vous dis ça.
Dernière chose, ceci n'est pas le premier chapitre (dont je ne suis pas encore satisfait) mais le deuxième. Il est très court j'en ai conscience, et c'est voulu en principe, mais je sens à certaines lectures que c'est vraiment trop succinct, et notamment la lettre qui sert d'introduction, sur les thématiques de laquelle je n'ai pas vraiment l'intention de revenir plus tard, et donc d'expliquer en meilleurs détails.
Sur ce, voici le fameux extrait, en espérant qu'il vous plaira Dites le moi gentiment si c'est non svp
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Je trouve la vie plutôt déprimante Harley.
La mienne, parce que je sens dormir en moi un certain potentiel, dont les différentes distractions d'une vie banale, leur saveur d'eau tiède, et la paresse, me détournent. Et parce que je sais que chacun, et même les individus médiocres, le ressent.
La leur, incidemment, parce qu'ils sont souvent médiocres, et que ceux qui ne le sont pas, parce qu'ils souffrent, aussi, et peut-être plus que les autres, ne sont pas enviables.
J'ai appris que la fille d'un acteur d'Hollywood s'est suicidée récemment; j'ai trouvé cela beau et triste. Il me semble qu'elle était belle - je ne me souviens plus très bien - et, bien sur, elle vivait généreusement de fortunes. J'avoue avoir une sorte d'attirance pour les filles mélancoliques. Quoi qu'il en soit, si je te raconte ça, Harley, c'est parce que je vois dans son acte les preuves de la sagesse de mes convictions : il n'existe plus de situation raisonnablement enviable car les échos de nos premières lamentations résonnent aussi à ciel ouvert. Ainsi, je ne désire rien, et n'envie vraiment personne.
Mais peut-être qu'au fond tout cela me vient plus du coeur que de la raison.
Je n'ai pas mentionné l'élancement temporaire de mélancolie qui me prit, et auquel je dois cette lettre, sa rhétorique gémissante, son style insupportable; il est important de comprendre qu'il m'avait mit comme en dehors de moi même.
Je vivais à cette époque de peines immenses et d'indifférences, alternativement, à l'endroit de mon propre destin. La danse intellectuelle cynique à laquelle se livrent pour la première fois bien des gens de mon âge avait insinué en moi la conception de ma vie pour ce qu'elle est : une mobilisation absurde d'énergie, un effort vain, douloureux. Et si les penseurs, qui reconstruisaient comme moi cette idée parvenaient malgré cela à vivre apparement normalement, ce ne fut d'abord pas mon cas. Cette danse, surement plus funeste que la mort, m'ayant dans un premier temps ébloui - ayant ébloui, en fait, cette part qui est comme distincte de moi-même; où se regroupent, elles exclusivement, mes conceptions métaphysiques, excluant tout, et ne s'incluant du moins à presque rien de ce qui faisait le Moi du jour; qui ainsi ne servait seulement plus qu'a me bercer - me tâcha de sa noirceur, souilla ma source de rêves purs, que j'abandonnai, et enfin, m'imprima de fatigue, de paresse, d'angoisses.
Ma vie est un travail inutile et sans espoir, et de cette axiome simple découla, non pas naturellement - car en fait j'appliquais un effort dramatique à cet engrenage - mais au moins logiquement, un grand désintérêt, l'abandon de mes passions, et la deconstruction, presque entière je crois, de mon ego. Il en découla, bien plus logiquement encore, une intolérable tristesse de vivre.
Je vivais alternativement de peines immenses et de profondes indifférences; et, froidement, c'est dans ces dernières que je collectais les faits que, dans un prochaine épisode de désespoir, je romancerai, que je ferai vire, et que j'appellerai à mon secours; c'est ainsi que s'explique cette lettre, et c'est ainsi que s'explique Harley.