Chapitre 8 : Sous les fleurs de cerisier (1/3)
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Shigeta allongea Airi sur une des banquettes du bar, Ichi ne bougeait plus. La patronne apporta au policier, une trousse de secours disposé entre quelque bouteille d’alcool sous le comptoir. Airi respirait encore, les genoux d’Ichi tombèrent au sol pour témoigner de son impuissance.
— Pourquoi vous n’êtes pas resté à l’hôpital, l’interrogea en hurlant le policier.
Shigeta possédait des petites connaissances en soin d’urgence, à cause de sa formation de policier. Son maigre savoir permettait juste de traiter de légère blessure, en cas de blessure grave, il sera impuissant.
— Ça n’a pas l’air de saigner beaucoup, aucun organe à l’air d’être touché. Plus de peur que de mal.
— Déshabille là, proposa Okuda. Tu n’arriveras à rien comme ça.
Kloé regarda d’un air menaçant Okuda. La lame avait transpercé le t-shirt et le bas de du soutien-gorge, le sous-vêtement ne tenait plus. Okuda le savait grâce à son instinct masculin, dès que Shigeta enlèverait son t-shirt, le reste partira avec.
— Non, ça devrait aller.
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Ichi s’agenouilla auprès d’elle, dès que ses yeux s’ouvrirent, en début de soirée.
— Elle s’est réveillée, hurla Fumiko.
Shigeta et Ichi l’aidèrent à se redresser.
— Comment vous sentez-vous ?
— Fatigué et molle…
— Pas mal à l’estomac, nausée, vertige ou quelque chose d’autre pour l’instant ?
— Non…
— Dès que vous sentez quelque chose de bizarre, vous nous le dites.
Les yeux d’Airi se plantèrent sur le visage d’Ichi.
— Ton bandeau, il est où ?
La douceur du tissu caressa ses phalanges, elle le tenait.
— Est-ce que je l’ai gardé contre moi durant tout ce temps ?
Miraculeusement, son sang ne souilla pas sa blancheur.
— Mais comment il fait pour rester toujours autant blanc, demanda-t-elle.
Ichi caressa de sa main la joue d’Airi. La jeune femme remit le bandeau autour des orbites vides de l’aveugle.
Fumiko déposa un petit sac en plastique sur la table.
— Tiens c’est pour toi.
Entre la pile de sous-tifs, se trouvait un sweat à capuche blanc pour elle.
— Pourquoi ?
— Tu ne vas pas sortir comme ça, tout ensanglanté, quand même.
— Merci…
Okuda regarda le fond du sac.
— Tu t’es acheté des sous-tifs, remarqua le jeune yakuza.
Effectivement, Fumiko avait pris quelques vêtements, l’occasion de se refaire une petite garde-robe, facilement transportable. Pour une fois, l’argent ne s’avéra pas un problème, dans sa grande bonté, Shigeta accepta de régler la note.
— Mon soutien-gorge est en train de partir, s’exclama Airi.
— Tiens, dit Fumiko en lui lançant un petit sous-tif rouge parfaitement adapté à sa poitrine. C’est Ichi qui me l’a demandé, au cas où. J’ai aussi une culotte si tu veux.
Ichi parut gêné, son visage s’orientant vers le sol, ses joues rougissaient.
— Monsieur c’est se faire désirer à ce que je vois, souligna Okuda.
— La ferme, hurlèrent Ichi et Shigeta en cœur.
— Patronne, il y a un endroit où je pourrais me changer, tranquillement ?
— Non, désolé. Allez, les gars, tout le monde se retourne.
La patronne, Fumiko, Kloé, Sayuka et Shigeta détournèrent leur regard de la jeune femme. Seul Okuda continua de la regarder.
— Tu as de la chance que j’ai les deux mains occupées et que je ne puisse pas bouger, sinon je suis d’humeur à te refaire le portrait. Sale pervers !
Ses mots arrivèrent aux oreilles de Kloé. Son cœur sauta de tristesse dans sa poitrine, la jeune femme craqua, ses larmes coulèrent. Sayuka remarqua sa peine, dans un geste purement innocent, elle saisit son bras pour la réconforter.
— Dégage !
Kloé n’en voulait pas à Sayuka, elle voulait juste tenter de faire chavirer le regard de son petit ami, il n’en fut rien. « Mais putain regarde-moi », pensa-t-elle. Sa piètre tentative blessa Sayuka, la fillette se recroquevilla dans un coin.
Le policier agaçait par l’arrogance du jeune, procéda à une clé de bras pour plaquer son visage contre le comptoir.
— Mais attends, pourquoi lui il a le droit de le regarder ?
— Parce qu’il ne voit rien.
Airi essaya de détacher le reste de son soutien-gorge. Passer les mains derrière son dos provoquait une douleur désagréable. Ichi le comprit, elle n’avait pas besoin de parler pour dire les choses. Une main de l’aveugle caressa son dos délicatement, dégrafant le sous-tif.
— Tu as l’habitude, murmura Airi à son amour.
Okuda ne voulait plus bouger. À la moindre tentative de résistance, le policier claquera sa tête contre le comptoir pour l’envoyer à l’hôpital, et avec un flic dans sa chambre, afin d’éviter une tentative de drague envers les infirmières.
— C’est bon j’ai fini.
Shigeta lâcha Okuda.
— Vous pouvez vous tenir debout, demanda Shigeta à AIri.
Sur ses jambes, elle ne se sentait pas très en forme, sa tête tournait légèrement et ses jambes menaçaient de l’abandonner à tout moment.
— Je devrais. Pourquoi ?
— Patronne, on peut utiliser votre sortie de secours ? J’aimerais que Fumiko, Airi et Ichi m’accompagnent j’ai à leur parlé ?
— Et moi, protesta Okuda.
— Je veux les voir qu’eux trois. Alors toi tu laisses poser ton cul d’ivrogne ici, et tu nous laisses. Et si tu n’as pas envie de boire, tu as qu’à prendre ta bouteille pour te l’enfoncer où je pense, cela te fera passer le temps.
— Allez-y, ne vous gênez pas, répondit la patronne.