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Sujet : ICHI ZATO Pur amour à Kabukichō
A-San
Niveau 10
19 mai 2019 à 17:39:48

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Chapitre 8 : Sous les fleurs de cerisier (1/3)
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Shigeta allongea Airi sur une des banquettes du bar, Ichi ne bougeait plus. La patronne apporta au policier, une trousse de secours disposé entre quelque bouteille d’alcool sous le comptoir. Airi respirait encore, les genoux d’Ichi tombèrent au sol pour témoigner de son impuissance.

— Pourquoi vous n’êtes pas resté à l’hôpital, l’interrogea en hurlant le policier.

Shigeta possédait des petites connaissances en soin d’urgence, à cause de sa formation de policier. Son maigre savoir permettait juste de traiter de légère blessure, en cas de blessure grave, il sera impuissant.

— Ça n’a pas l’air de saigner beaucoup, aucun organe à l’air d’être touché. Plus de peur que de mal.
— Déshabille là, proposa Okuda. Tu n’arriveras à rien comme ça.

Kloé regarda d’un air menaçant Okuda. La lame avait transpercé le t-shirt et le bas de du soutien-gorge, le sous-vêtement ne tenait plus. Okuda le savait grâce à son instinct masculin, dès que Shigeta enlèverait son t-shirt, le reste partira avec.

— Non, ça devrait aller.

.
Ichi s’agenouilla auprès d’elle, dès que ses yeux s’ouvrirent, en début de soirée.

— Elle s’est réveillée, hurla Fumiko.

Shigeta et Ichi l’aidèrent à se redresser.

— Comment vous sentez-vous ?
— Fatigué et molle…
— Pas mal à l’estomac, nausée, vertige ou quelque chose d’autre pour l’instant ?
— Non…
— Dès que vous sentez quelque chose de bizarre, vous nous le dites.

Les yeux d’Airi se plantèrent sur le visage d’Ichi.

— Ton bandeau, il est où ?

La douceur du tissu caressa ses phalanges, elle le tenait.

— Est-ce que je l’ai gardé contre moi durant tout ce temps ?

Miraculeusement, son sang ne souilla pas sa blancheur.

— Mais comment il fait pour rester toujours autant blanc, demanda-t-elle.
Ichi caressa de sa main la joue d’Airi. La jeune femme remit le bandeau autour des orbites vides de l’aveugle.

Fumiko déposa un petit sac en plastique sur la table.

— Tiens c’est pour toi.

Entre la pile de sous-tifs, se trouvait un sweat à capuche blanc pour elle.

— Pourquoi ?
— Tu ne vas pas sortir comme ça, tout ensanglanté, quand même.
— Merci…

Okuda regarda le fond du sac.

— Tu t’es acheté des sous-tifs, remarqua le jeune yakuza.

Effectivement, Fumiko avait pris quelques vêtements, l’occasion de se refaire une petite garde-robe, facilement transportable. Pour une fois, l’argent ne s’avéra pas un problème, dans sa grande bonté, Shigeta accepta de régler la note.

— Mon soutien-gorge est en train de partir, s’exclama Airi.
— Tiens, dit Fumiko en lui lançant un petit sous-tif rouge parfaitement adapté à sa poitrine. C’est Ichi qui me l’a demandé, au cas où. J’ai aussi une culotte si tu veux.

Ichi parut gêné, son visage s’orientant vers le sol, ses joues rougissaient.

— Monsieur c’est se faire désirer à ce que je vois, souligna Okuda.
— La ferme, hurlèrent Ichi et Shigeta en cœur.
— Patronne, il y a un endroit où je pourrais me changer, tranquillement ?
— Non, désolé. Allez, les gars, tout le monde se retourne.

La patronne, Fumiko, Kloé, Sayuka et Shigeta détournèrent leur regard de la jeune femme. Seul Okuda continua de la regarder.

— Tu as de la chance que j’ai les deux mains occupées et que je ne puisse pas bouger, sinon je suis d’humeur à te refaire le portrait. Sale pervers !

Ses mots arrivèrent aux oreilles de Kloé. Son cœur sauta de tristesse dans sa poitrine, la jeune femme craqua, ses larmes coulèrent. Sayuka remarqua sa peine, dans un geste purement innocent, elle saisit son bras pour la réconforter.

— Dégage !

Kloé n’en voulait pas à Sayuka, elle voulait juste tenter de faire chavirer le regard de son petit ami, il n’en fut rien. « Mais putain regarde-moi », pensa-t-elle. Sa piètre tentative blessa Sayuka, la fillette se recroquevilla dans un coin.

Le policier agaçait par l’arrogance du jeune, procéda à une clé de bras pour plaquer son visage contre le comptoir.

— Mais attends, pourquoi lui il a le droit de le regarder ?
— Parce qu’il ne voit rien.

Airi essaya de détacher le reste de son soutien-gorge. Passer les mains derrière son dos provoquait une douleur désagréable. Ichi le comprit, elle n’avait pas besoin de parler pour dire les choses. Une main de l’aveugle caressa son dos délicatement, dégrafant le sous-tif.

— Tu as l’habitude, murmura Airi à son amour.

Okuda ne voulait plus bouger. À la moindre tentative de résistance, le policier claquera sa tête contre le comptoir pour l’envoyer à l’hôpital, et avec un flic dans sa chambre, afin d’éviter une tentative de drague envers les infirmières.

— C’est bon j’ai fini.

Shigeta lâcha Okuda.

— Vous pouvez vous tenir debout, demanda Shigeta à AIri.

Sur ses jambes, elle ne se sentait pas très en forme, sa tête tournait légèrement et ses jambes menaçaient de l’abandonner à tout moment.

— Je devrais. Pourquoi ?
— Patronne, on peut utiliser votre sortie de secours ? J’aimerais que Fumiko, Airi et Ichi m’accompagnent j’ai à leur parlé ?
— Et moi, protesta Okuda.
— Je veux les voir qu’eux trois. Alors toi tu laisses poser ton cul d’ivrogne ici, et tu nous laisses. Et si tu n’as pas envie de boire, tu as qu’à prendre ta bouteille pour te l’enfoncer où je pense, cela te fera passer le temps.
— Allez-y, ne vous gênez pas, répondit la patronne.

A-San
Niveau 10
19 mai 2019 à 17:42:02

Chapitre 8 : Sous les fleurs de cerisier (2/3)
.

Ils montèrent l’escalier de secours en direction du toit, la ruelle adjacente était trop sombre aux gouts du policier. Ils discutèrent entre le bruit des différentes armoires électriques et des climatiseurs, cachant la belle vue sur les alentours.

— Alors qu’est-ce que vous vouliez nous dire qu’Okuda ne doit pas savoir, demanda Fumiko.
— Il le sait, mais je préférais qu’il ne participe pas à cette conversation. Avec sa connerie, il ne rendrait pas les choses plus faciles. Fumiko, a-t-on avis pourquoi moi et Okuda sommes ici ?
— Parce que vous voulez savoir si Uesugi est liée à la mort d’Otomo Aiichirō ?
— Attendez, vous enquêtez sur la mort du Démon de Kabukichō, s’étonna Airi. Pourquoi ?
— En partie oui, mais nous ne sommes pas là uniquement pour ça. Nous recherchons aussi son père spirituel on va dire, Otomo Minato.

Airi connaissait le clan Uesugi de nom, mais elle ne voyait pas le rapport entre Minato et la mort d’Aiichirō. Ses trois éléments semblaient pour elle, complètement incompatibles. Rien ne tournait rond.

— Vous lui voulez quoi à Otomo Minato ?
— Okuda veut le protéger.

« Et lui, il veut quoi ? », se questionna Airi. Le seul point noir l’empêchant de dire la vérité était son interrogation. Un grand doute planait sur les intentions de Shigeta, vengeance personnelle ou une opportunité pour sa carrière, elle l’ignorait.
— Et Abe, il le recherche aussi, s’intéressa Fumiko.
— Oui…
— Mais pourquoi nous dire ça maintenant ?
— L’hôpital. M. Ichi, je sais que vous avez beaucoup d’ennemis, et que pour vous ce qui s’est passé dans votre chambre doit en résulter. Cependant, je pense que la personne qui se cache derrière ça, n’est ni Abe ni un de vos ennemis. Je suis persuadé, que c’est quelqu’un du clan Uesugi qui a ordonné votre assassinat.
— Comment pouvez-vous l’affirmer ?
— Fumiko a rencontré le chef du clan Uesugi avec nous…
— Quoi ?

Le visage d’Ichi se tourna vers la jeune fille remplie de colère, son imprudence constante le dépasse. Finalement, Fumiko était une fille impossible, détestant les yakuzas un jour puis un autre jour elle travaillait avec eux.

— Vous savez, reprit Shigeta, avant de vous rencontrer la première fois, on a fait beaucoup de bars. On a entendu beaucoup de rumeurs concernant un aveugle, qui voyagerait avec une jeune lycéenne. Malgré que l’histoire était racontée par une ivrogne vagabonde, elle a beaucoup pris. Vous êtes quelqu’un de connu, M. Ichi. Si en plus vous nous aidiez, ça donnera une raison suffisante à Uesugi pour vous éliminer. De plus, il faut réellement de bonnes relations pour pouvoir localiser quelqu’un dans un hôpital, et savoir le numéro exact de sa chambre.
— Pourquoi dites-vous que ce n’est pas Abe, répliqua Fumiko. Il en veut à Ichi. Et en plus il pouvait demander à l’accueil et voler le matériel sur place.
— C’est vrai, mais hormis nous, personne ne savait qu’Ichi se trouvait à l’hôpital. Et concernant Abe, il n’est peut-être pas très intelligent, mais il a un respect exemplaire, donc il n’organiserait pas ce genre de petit coup bas. Il vous affronterait en face à face.
— Autrement dit on est dans la merde, déclara Ichi.
— Attendez un peu, reprit Fumiko. Si c’est vraiment Uesugi qui a fait le coup, ça veut dire…
— Oui, il y a des chances qu’il soit lié à la mort d’Aiichirō, et visiblement il ne veut pas que la vérité se sache. Malheureusement, on ne peut pas exclure la possibilité qu’on l’ait payé pour vous assassiner, ou qu’il s’en soit pris à vous pour d’autres raisons, Uesugi est très opportuniste.
— Bien joué…
— Ne sous-estimez pas la police, ricana Shigeta.

Un petit bruit métallique sous la pression d’une charge résonna depuis l’escalier. La petite tête de Sayuka dépassa.

— Qu’est-ce que tu fais ici, demanda Shigeta.

Elle regarda désespérément le palier du bar, maintenant que le silence régnait dans le groupe, ils entendirent un écho de voix hurlant.

— Encore, soupira Shigeta.

.
À l’intérieur du bar, Kloé et Okuda se disputaient.

— Tu penses un peu à moi Okuda…
— Dans la vie les rapports entre les femmes et les hommes…
— Tu crois que moi je n’en ai pas marre…
— Ouais allez-vas-y, tu ne veux pas chialer tant que tu y es ?
— T’es qu’un connard, tu crois que se serais ce qu’Aiichirō voudrait pour moi…
— Je n’en veux pas qu’on en parle !
— Me voir pourrir avec un gars qui préfère mater les seins des autres filles que de me faire l’amour…
— La ferme !

Les poings du yakuza se fermèrent de rage.

— Tu la rouvres, une seule fois, et je te jure que je te le ferais regretter !

Juste pour le défier, Kloé le provoqua.

— Je suis sûr que si j’avais fini avec Aiichirō, j’aurais été plus heureuse.

Okuda perdit le contrôle de ses gestes.

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La patronne prenait une pause cigarette dehors, le tabac l’aidait à prendre l’air comme elle disait. La structure du bâtiment empêchait, les clients de rentraient par la sortie de secours, la rencontre entre elle et le groupe était inévitable.

Quand elle les vit, Sayuka caressait de manière stressée le haut du crâne de sa peluche. Ses ongles serraient les poils jusqu’au bout.

— Vous n’êtes pas là-haut ? Et fumer dans la rue c’est interdit.
— Non. Pourquoi elle tire cette tête la petite ?

Ils prirent ensemble l’ascenseur les ramenant au bar. Dans le couloir, ils n’entendirent rien, hormis un silence digne d’un cimetière. Le bruit du claquage de la porte contre le mur acheva se long silence. Kloé sortit furieuse du bar, marquer par des bleus sur son visage. Une de ses plaies en haut du crâne saigner, ses gouttes remplacèrent les larmes qu’elle voulait verser.

— Kloé attend !

La jeune fille esquiva les bras de Shigeta. Elle s’engouffra dans l’ascenseur pour partir. Où, elle ne le savait pas. Okuda sortit à son tour avec une allure fière et décontractée.

— Est-ce que tu vas bien, le questionna Fumiko.

Okuda bandait d’excitation à s’imaginer Fumiko nue.

— Viens, ordonna-t-il à la lycéenne en l’attrapant par le poignet.

Shigeta le saisit par sa gorge. Il l’entraina à l’intérieur de l’établissement, l’obligeant à lâcher sa proie.

— Veuillez bien m’excuser un petit instant, déclara le policier.

La porte du bar se ferma tellement violemment que la pancarte « ouverte », se tourna pour indiquer « fermer ».

— On me met à la porte de mon propre bar, c’est la meilleure.

Ils entendirent des petits bruits, Shigeta l’envoyait voler dans tous les sens. Fumiko comprit le traitement dur que subissait Okuda, avant de réaliser ce qu’il venait de se passer.

— Ichi, on est d’accord qu’il voulait me…
— Oui.

Sayuka se mit à l’écart. Ses lèvres tremblaient de tristesse.

— Dites, et si on emmenait Sayuka faire un petit tour, le temps que les deux terminent leur petite affaire, proposa Fumiko.
— D’accord, je ne suis pas contre. Tu viens avec nous Airi, demanda Ichi.
Airi rougit, la décision ne fut pas si difficile à prendre.
— Oui…
— Moi je vais attendre ici, dit la patronne. J’espère juste qu’ils ne me casseront pas encore des trucs.

A-San
Niveau 10
19 mai 2019 à 17:46:01

Chapitre 8 : Sous les fleurs de cerisier (3/3)
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Dans la rue Sayuka serra la main de Fumiko dans la sienne. Le geste de cette petite fille fendit son cœur en deux, jamais avec sa mère elle n’avait connu de moment aussi complice, aussi simple.

— Je crois qu’il y a un parc pas très loin, supposa Airi.

Le parc se trouvait entre deux grands buildings d’affaires, un petit parquet de verdure calme au milieu du béton où l’agitation régnait. Ichi s’assit sur un banc sous un ancien cerisier en fleur. Complètement épuisé des événements de la journée, il ne remarqua pas les petites mains de Sayuka fouiller le petit sac en tissus autour de sa taille.

— Hé mon saké, l’avertit Ichi en reprenant la petite bouteille des mains de la fillette. Ce n’est pas pour toi.

Pour éviter que cette dernière continue de fouiller, il se saisit d’une de ses nombreuses flutes afin de la divertir. Sayuka s’empara des bras de son ourson, les agitant au rythme rapide de la mélodie.
Airi et Fumiko la laissèrent profiter du spectacle. Ils s’assirent sur une balançoire, entre femme.

— Tu te sens comment Airi ?

La légère distance et la musique camouflèrent la discussion aux oreilles d’Ichi.

— Bizarre, mais vivante, je suppose que c’est ce qui compte.
— Ne nous refais plus jamais ça, dit Fumiko en posant la main sur l’épaule d’Airi. Ichi était tellement inquiet pour toi.

Les pieds d’Airi se levèrent du sol. Un petit vent doux la balança.

— Il se fiche de moi, murmura Airi avec le regard orienté vers l’intéresse. Je ne l’intéresse pas.

Son cœur s’exprima sans retenue.

— Pourtant, il y a des moments où j’ai l’impression qu’il…
— Où tu as l’impression de quoi, insista Fumiko.

Elle ne réussit pas à prononcer les mots, persuadée que cela venait plus de son imagination que d’une réalité concrète.

— Non rien, de toute façon face à une fille comme toi je n’ai pas mes chances.

Le regard d’Airi s’orienta sur la forte poitrine de Fumiko, chose que cette dernière remarqua.

— Si tu crois qu’Ichi s’intéresse à moi uniquement à cause de mes seins, il ne peut pas voir je te rappelle.
— Si, Ichi peut voir, à sa façon. Et c’est un homme, finalement il est comme Okuda.
— Je vois où tu veux en venir. T’espères me blesser, car tu crois que je suis sa petite amie.
— …

Au fond Airi avait honte, mais elle ne pouvait pas nier, elle enviait Fumiko, sa beauté, ses formes généreuses. Contrairement à elle, la nature ne lui avait donné aucun atout de séduction physique particulier.

— Écoute, je pense que tu devrais lui demander.
— Quoi ?
— Sayuka, viens-on va faire de la balançoire.

La petite fille courut vers Fumiko avec le sourire aux lèvres. Ichi rangea sa flute, puis resta figer comme une statue. Il semblait pensif et terriblement seul.

— Je peux m’assoir Ichi ?

Il se contenta de hocher la tête en guise de réponse.

— Je peux te poser une question Airi ?
— Oui. Quelle est ta question ?
— Elle ne va pas te plaire.
— Est-ce que ça me donnera le droit d’en poser une en retour ?
— Oui.

Le portable d’Airi se mit à sonner. L’écran afficha un numéro inconnu.

— Excuse-moi Ichi.
— Tes parents qui sont-ils ?

Ses paroles atterrirent dans l’oreille d’Airi s’éloignant de lui. Les mots la touchèrent, sa cache thoracique bâtait fort pas d’excitation ou de peur, mais de tristesse. À bonne distance, elle décrocha.

— Bonsoir Madame Matsuba, ici l’hôpital. Désolé de vous déranger à une heure si tardive, mais nous venons de recevoir les résultats de la recherche.
— Je vous remercie de prendre le temps de me les communiquer à cette heure. Quels sont les résultats ?
— Nous avons contacté tous les hôpitaux et toutes les maternités de la ville, les résultats sont négatifs. Nous n’avons rien trouvé.

Le cœur d’Airi s’arrêta, une larme coula de son œil. « Je suis toute seule », pensa-t-elle. Elle ne voulait pas fondre en larme, pas face à Ichi. Elle se sentait au milieu du néant, dans un monde où personne ne voulait d’elle.

Ichi ressentait la tristesse d’Airi. La même tristesse qui avait enchainé son cœur pendant des années, mais aujourd’hui, depuis leur rencontre Airi avait eu cet effet magique d’en briser un peu plus les chaines, chaque jour. Il se frappa le haut du crâne avec sa canne, « Qu’est-ce que tu es en train de faire ? » pensa-t-il. La main de la jeune femme se posa sur le sommet pour l’arrêter.
De nouveaux ensembles, Airi regarda Fumiko jouer avec Sayuka. Elle ressemblait beaucoup à une mère s’occupant de sa fille.

— Elles ont l’aire tellement heureuse ensemble.

Les mains de Fumiko poussèrent la balançoire de Sayuka, l’envoyant haut, très haut dans les airs. Elles riaient beaucoup, ses minuscules bras se tendirent vers le ciel pour essayer d’attraper les étoiles.

— C’est vrai, dit doucement Ichi.

Les larmes d’Airi recoulèrent aussitôt tant le regret de n’avoir jamais connu ce genre de moment l’envahissait. Elle pleurait en silence. Ichi entendait ses larmes roulait sur ses joues.

— Je…

Ichi colla la tête d’Airi contre son torse comme à son habitude, dans l’espoir de la réconforter. Son oreille distingua chaque battement de son cœur battre à travers le kimono.

— Ta question Airi, quelle est-elle ?

La jeune femme prit un temps pour réfléchir. Elle ne pouvait pas poser la question directement, sans paraitre trop brusque, de toute façon, ses forces manquaient à l’appel. Son cœur meurtri se camoufla sous sa tristesse, incapable d’exprimer la moindre chose, mais une lueur réussit à s’échapper de ses ténèbres.

— Si on devait être tous les deux, uniquement tous les deux, là maintenant sans Fumiko et Sayuka. Si tu pouvais réaliser sur moi ton désir le plus sombre, si j’étais entièrement à toi, tu ferais quoi de moi ?

Ichi afficha le sourire d’un adolescent, gêné de devoir parler de sexe avec sa petite amie.

— Je n’ai pas besoin de réponse, ricana Airi.

Sayuka se trouva en face d’eux à les écouter tranquillement, ils ne la remarquèrent pas immédiatement.

— Je n’ai pas compris, vous feriez quoi si on n’était pas là, demanda la fillette dévoilant sa présence.

Sa voix sonna comme une sorte de retour à la réalité pour les deux amants.

— Rien du tout, dirent-ils ensemble.
— Il y a un club Sega pas très loin, déclara Fumiko en revenant d’une rue en amont du parc. On y va ?

A-San
Niveau 10
22 mai 2019 à 13:24:42

Oups, je suis désolé de vous avoir oublié hier, je corrige cela tout de suite.

A-San
Niveau 10
22 mai 2019 à 13:28:51

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Souvenir 3 : Un score parfait
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Tokyo, quelque part à Kabukichō, 2014 :

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Les musiques des machines d’arcade résonnaient autour d’elle, donnant un aspect étrangement mélodieux, et hypnotisant, le tout se mélanger parfaitement. Les différents bruitages accompagnaient cette mélodie. Pourtant, cela ne déconcentra pas le moins du monde, Sayuka. Ses pas de danse suivaient le rythme exact de la machine en face d’elle, contrairement à son père.

Derrière eux, Abe tentait d’attraper une grosse peluche en forme d’ours rose, dans un UNFO catcher. Aiichirō l’observait dans ses piètres tentatives.

— Vous devriez arrêter avant de casser la machine, lui conseilla Aiichirō au bout du quarantième essai.

Le rythme des flèches sur l’écran jouait à l’avantage de Sayuka, elle menait avec mille points d’avance.

— Allez, allez, allez…

La pince descendit pour saisir de ses bouts crochus le grand nounours. Manque de chance, ils caressèrent juste l’oreille, incapable de la saisir.

— Putain, ce n’est pas vrai !

Abe abandonna pour regarder son frère de sang. Il se mordit la lèvre, la vue de son ami tentant de danser avec son costard, provoqua des rires étouffés. Mizuno ressemblait plus à un businessman ivre, qu’à un père de famille qui ne ressentait aucune honte face au ridicule auquel il s’adonnait. Il quitta le tapis électronique en sueur, vaincu.

— Qui s’y colle maintenant, demanda-t-il.
— Oncle Abe, demanda Sayuka.
— Aller vieux frère, à ton tour de te taper l’humiliation de ta vie, s’enthousiasma Mizuno

Abe monta sur le tapis électronique, la partie démarra. En à peine deux pas, il admit sa défaite cependant il continua, voir Sayuka sourire et s’amuser le satisfaisait plus que toute chose au monde.

— Aiichirō, t’as vue comment il déhanche ses fesses ?

Le jeune ne répondit pas, trop occupé à faire rouler une pièce dans le mécanisme de l’UFO catcheur. Il connaissait ses faibles de chance de succès, pourtant la perspective de l’échec ne l’empêchait jamais de tenter sa chance.

La pince descendit. Les deux bouts se posèrent sous la gorge de la peluche. Elle gigota de droite à gauche, prête à s’échapper d’une seconde à l’autre. Doucement, elle se dirigea au-dessus de la sortie. Une voix féminine artificielle « félicitation » se lança, marquant le succès de sa tentative.

Il tapota l’épaule de Mizuno et fourgua la peluche dans ses bras. La partie de danse se termina, avec un score parfait pour Sayuka, qui n’essuya aucune défaite de la soirée.

— Allez on rentre, il est tard et demain tu as l’école.

Sayuka se retourna, quand elle vit l’immense peluche dans les bras de son père, elle devint folle de joie. Elle courut vers lui pour la serrer dans ses bras. Aiichirō ne lui dira jamais qu’il avait attrapé la peluche.

A-San
Niveau 10
23 mai 2019 à 20:52:34

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Chapitre 9 : Un amour blessé (1/2)
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Fumiko portait dans ses bras, une Sayuka à bout de force après avoir explosé le meilleur score, sur une borne d’un jeu de danse. Ce petit calme, offert par cette fille à la limite de l’hyperactivité, permit aux trois d’appréhender la suite des événements. De retour, face à la porte du bar, aucun n’osa rentrer, peureux de tomber au milieu de quelque chose de personnel. De l’autre côté du bois, le silence, la dispute paraissait finie.

— On entre ou pas ?

Okuda apparut comme un comédien apparaissant sur scène, dans le plus grand calme et silence, ou comme une putain fatiguée de simuler pendant l’acte. Une cascade de sang couler d’une plaie entre ses cheveux, au niveau de son front. Seul le bruit de ses pas animait l’ambiance. Ils se croyaient tous à un enterrement. Fumiko, attristé par son état, tendit un mouchoir aux jeunes hommes pour se nettoyer la figure. Sa grande gentillesse finirait par la perdre, au fond d’elle, la méfiance restait une carapace très légère, fissurer de part en part, dont une certaine innocence s’échapper. Avec Okuda, Sayuka ou un sans-abri, elle aurait agi pareil.
Le mouchoir se teinta en rouge, par chance, son apparence ne reflétait pas son état, il était juste un peu amoché, aucun os de briser, juste des petites douleurs pour les trois jours à venir. Les poings ensanglantaient de Shigeta se montrèrent en dehors du bar.

— Alors, ça s’est bien passé, demanda Shigeta.

Aucun ne répondit, ils remarquèrent juste Sayuka éveillé s’échappait des bras de Fumiko. Son attitude se transforma en celle d’une vraie furie, elle se retenait tellement de se jeter sur la gorge d’Okuda, cette violence elle le tenait d’Abe et son attitude parfois trompeuse de son père. En réalité, son adolescence allait la changer, les années tuaient cette petite fille, à son entrée au lycée, elle deviendra chef de gang ou yakuza.

— Il est peut-être temps de se coucher, conclut-il.

Okuda commença à partir, sans dire un seul mot. Fumiko voulut le suivre, Ichi s’interposa.

— Que comptes-tu faire ?
— Je veux juste voir s’il va bien. Laisse-moi passer Ichi, exigea-t-elle calmement.

Ichi ne protesta pas, il s’écarte et Fumiko s’élança à la poursuite du yakuza.

— Ichi, je crois que je devrai rentrer moi aussi. Merci pour ce soir, balbutia Airi à cause d’une timidité touchante.

Il ne resta plus que Shigeta, Sayuka et Ichi dans le couloir. La patronne remonta, elle trouva son bar toujours entier, Shigeta avait pris le soin de nettoyer ses dégâts. Elle servit un verre aux deux derniers hommes. Ichi se commanda un saké assez fort, provenant d’Hiroshima, et Shigeta prit une bière, très populaire dans la province d’Izu. Sayuka observa avec envie les différentes bouteilles, elle s’y connaissait un minimum, son père Mizuno adorait collectionner les vieilles bouteilles, en plus des tas d’autres trucs inutiles qu’il aimait collectionner. La déception de ne pas trouver de bouteille digne de ce nom se lisait dans ses traits.

Le liquide coula dans la gorge d’un Shigeta songeur. Ichi ne pensait plus, il ne voulait plus penser aujourd’hui, juste se laissait se noyer dans l’alcool. Il crevait de fatigue.

— Votre amie, elle est trop gentille pour ce monde.
— Probablement. J’espère juste qu’elle sait ce qu’elle fait. Je ne serais pas toujours là pour lui sauver la vie.
— La jeunesse est optimiste. D’ailleurs, j’ai un truc à faire ce soir, si vous n’avez rien de prévu, j’aimerai bien un peu d’aide.

.
Fumiko aida Okuda à nettoyer le reste de son visage. Les quelques plaies se refermèrent à une vitesse impressionnante. Sa peau allait cependant garder des marques de la leçon de Shigeta sur la fidélité en couple. Fumiko agissait par pure gentillesse, alors quand le jeune homme proposa d’aller boire dans un bar, elle ne sut pas dire non.

Ils s’arrêtèrent aux premiers qu’ils trouvèrent, un lieu sympa, affreusement banal, sans originalité dans un quartier chaud. Le mot bordel convenait mieux à l’endroit. Okuda se commanda une bouteille d’alcool fort, dont il but le premier verre avant de s’intéresser à sa proie.

— Dites ils se passent quoi entre Kloé et vous ?
— Elle m’emmerde.
— Pourquoi ?
— Parce qu’au lieu de fermer sa gueule, elle fait que parler. Le problème c’est que ce n’est pas le moment !

Fumiko amena sa boisson jusqu’à ses lèvres, une petite gorgée suffit à faire monter la température de sa gorge. En deux verres elle sera ivre. La raison la poussa à reposer le verre, tandis que celle d’Okuda le poussa à remplir le sien.

— Mais si elle veut vous parler, c’est qu’elle doit avoir des choses à vous dire…
— Ce n’est pas le moment, l’interrompit Okuda.
— Alors quand est-ce que ce sera le bon moment ?

Okuda ingurgita son troisième verre.

— Pas maintenant !

Une main du jeune se posa sur le haut des jambes de Fumiko. Elle paressa gêner. Par peur de la réaction de cet homme au premier stade de l’ivresse, elle ne tenta pas de l’enlever. En absence de réaction, Okuda ne se retint pas, il remonta délicatement en direction la cible.

— Salut les jeunes !

Takeda déambula dans le bar, s’asseyant à côté de Fumiko. Son arrivée soudaine démotiva Okuda à poursuivre son acte, il battit en retraite, dégouter et humilier dans son esprit de con.

— Alors on profite de la soirée en couple, à ce que je vois ?

Fumiko rougit d’embarra. À droite, un gars qui voulait la baisser, et à gauche, un vieux qui ressemblait à un jeune, matant des magazines pornos dans sa chambre. Il n’y avait pas qu’avec Airi que le destin se montrait ironique ou cruel.

— Mais on n’est pas en couple, affirma-t-elle.

Okuda rageait, il pensait passer une soirée tranquille, sauf que ce fossile venait de débarquer.

— Vous portez les mêmes vêtements, vous êtes un clochard ou quoi, divulgua le jeune.
— Ah, je l’étais dans mon enfance. Et toi, tu sors de quel cul de grosse salope privilégié pour me parler comme ça ?
— Je suis sûr que ta femme ne te suçait pas correctement, le provoqua Okuda en se levant.

Takeda lui fit face.

— Tu te prends pour qui petit con pour me parler comme ça ?

Le jeune sortit une arme de sa veste. La patronne ne paniqua pas, et les autres clients s’en fichaient complètement d’eux.

— Tu n’as pas le droit de me parler comme ça !
— Bah quoi, tu as l’attention de me tuer petit con !

Le canon pointait son front, une seule balle bien placée suffira à le tuer, pourtant, Takeda n’afficha aucune once de panique. Il ne tremblait pas, à la place il restait fier, droit, fort, courageux, fier et stoïque.

— Okuda, tu devrais te calmer, murmura Fumiko.
— Occupe-toi de ton gros cul salope, lui rétorqua Okuda.
— Vas-y tire, je suis sûr que ton bras partira tellement loin quand tu presseras la détente que je n’aurais rien, allez vas-y, tire !
— Je vais le faire !
— Comment tu fais pour tirer un coup avec une fille, si tu n’as pas la force d’appuyer sur la détente, vas-y tire !

Les mains du jeune se branlèrent à cause de l’alcool. Fumiko voulait essayer de le raisonner, mais elle ne savait pas comment faire. Au fond, elle voulait juste ne plus l’entendre. Ne plus entendre ses insultes ou ce ton qui voulait dire « Salut, tu veux baiser ? ». De toute façon, elle sentait en Takeda une certaine détermination et une assurance forte, peu importe la suite, Takeda s’en sortira, pour Okuda elle s’en fichait. De son point de vue, il méritait son malheur, il était juste un grand gosse irresponsable en pleine crise d’adolescence.

— Pan, hurla Takeda pendant cinq secondes.

A-San
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23 mai 2019 à 21:00:56

Chapitre 9 : Un amour blessé (2/2)
.

Une main attrapa l’arme.

— Espèce de lâche, tu croyais que j’allais tomber dans le panneau. C’est une arme en plastique.
— Quoi, demanda Fumiko stupéfaite.
— C’est un jouet.

Le vieil homme appuya avec son petit doigt sur le front d’Okuda. Son acte suffit à faire provoquer une perte d’équilibre, il retrouva alors son verre. Takeda s’assit. Entre les deux hommes, Fumiko préférait discuter avec celui qui était le plus raisonnable.

— C’est un jouet ?
— Oui, ils en vendaient de ses merdes quand j’étais petit.
— Comment avez-vous fait ? Moi, je ne ferai pas la différence entre ça et un jouet.
— Cela m’étonnerait qu’un flic puisse laisser un yakuza se promener avec une arme. Enfin, j’en ai déjà connu un qui le faisait, mais ce n’est pas le bon exemple.
— Comment ça ?
— Mon meilleur ami était flic, mais bon je l’ai perdu très tôt.

Takeda pointa le jouet sur la patronne du bar.

— Patronne la caisse.

Il commença à pointer le bout de l’arme n’importe où, mimant avec sa bouche le bruit de détonation, « piou, piou… ».

— Vous aviez dit que vous viviez dans la rue. C’était comment ?
— Dur, très dur, surtout l’hiver.
— Et comment vous en êtes sortis ?

Il sortit de sa poche une sucette à l’orange. Il arracha le papier avec délicatesse. La boule sucrée entra dans sa bouche.

— J’avais un frère. Je le détestais plus que tout, il me battait tous les jours et me faisait travailler comme un chien sur les docks, à l’époque où faire travailler des gamins au noir ça allait encore. Un jour, j’en ai eu marre, j’ai pris un couteau, et je l’ai poignardé puis après j’ai balancé son corps agonisant dans une broyeuse sur le port. Regarde, je l’ai poignardé comme ça, expliqua-t-il en imitant le geste avec ses doigts. Et paf, paf, paf…

Takeda sourit d’une manière sadique en regardant le regard apeuré de la jeune femme. Il continua de mimer le geste, Fumiko se demanda si cela était dû à son âge, ou s’il était juste un psychopathe.

— Je rigole, ça ne s’est pas du tout passé comme ça. En vérité, je l’ai tué par accident, il avait tenté d’agresser une femme. Je me suis opposé entre eux, mais dans la lutte il a fait une chute mortelle…
— Et tu sais quoi toi, déclara Okuda en se penchant sur Fumiko. Je vais te refaire la chatte et ton cul. Tu vas voir tu n’en auras jamais connu de meilleur.
— Pousse sa tête de l’autre côté, conseilla Takeda à Fumiko.

Le corps d’Okuda n’opposa aucune résistance. Ses joues se remplir, heureusement, il vomit à temps, loin de Fumiko.

— Merci du conseil.
— De rien, bon où n’en étais-je moi ? Ah voilà, donc après la mort de mon frère j’ai reçu la visite d’un groupe de yakuza. Ce gros con avait emprunté une somme d’argent à leur clan pour jouer. Même en travaillant sans interruption aux docks je savais que je n’aurais jamais suffisamment d’argent pour rembourser. Alors…

Takeda posa sa main gauche sur le comptoir.

— … je me suis coupé le doigt. Lorsqu’ils sont revenus me voir, je leur ai donné mon doigt à la place de l’argent, ils étaient impressionnés et ils m’ont demandé si je cherchais du travail. Depuis ce jour, je suis un yakuza.

Fumiko s’envola dans ses pensées lorsqu’il enleva sa prothèse.

— Que se passe-t-il, on dirait que vous avez vu un cadavre ?
— J’ai tué quelqu’un par accident, marmonna Fumiko. Un parfait inconnu et je m’en veux, pourtant, je ne me suis jamais imaginé ce qui se sera passé si cela était mon propre père…
— Et tu penses qu’il se serait passé quoi ?
— Si c’était mon père, je pense que je n’aurais rien ressenti, comme vous. Et vos parents, vous ne les aviez pas mentionnés, vous les avez connus ?
— Ma mère est morte en me donnant la vie, mon frère m’en parler quelquefois. Elle se prostituait, elle est tombée enceinte de moi et de mon frère à la suite d’une erreur professionnelle, donc je ne connais pas mon père. Et toi ?
— Un peu pareil, ma mère est morte lors de mon accouchement et mon père était plus en prison qu’à la maison.
— Pourquoi tu le détestes autant ?

Okuda s’écroula sur le sol.

— Tu devrais partir pour le ramener à l’hôtel.

Il décrocha le reste de la boule sucrée. Au bord d’un cendrier, il déposa le bâtonnet.

— D’ailleurs, maintenant que j’y pense, reprit Takeda. Je voulais vous dire, pourriez-vous me rejoindre à mon QG demain matin. J’aimerais parler à vous trois.
— Vous avez du nouveau ?
— Oui. À demain passer une bonne nuit.

.
Fumiko aida Okuda à marcher dans les rues. Nouveau problème, elle ne savait pas où se situer son hôtel, et rien dans ses poches ne pouvaient l’aider à le deviner. Elle savait qu’Ichi n’allait pas être d’accord, elle l’amena à leur hôtel, dans leur chambre.

Okuda semblait aller mal, plus d’alcool que de sang devait couler dans ses veines. Il était incapable de prononcer le moindre mot, chose pas plus mal pour Fumiko. Ses mains étaient plus baladeuses que d’habitude, cherchant toujours la bonne ouverture.

À l’intérieur de l’hôtel, ils ne croisèrent personne. Fumiko se dépêcha de l’installer sur le lit de la chambre. Alors qu’elle le lança dessus, Okuda se satisfaisait de savoir que ses talents d’acteurs restaient toujours aussi convaincants.

— Enfin, ce n’est pas trop tôt, soupira-t-il de soulagement.
— Quoi ?

Il saisit les épaules de la jeune femme. Toutes ses forces, toute la puissance de sa musculature transpirante et excitée d’envie la plaquèrent contre le lit.

— Okuda arrête !

Ses lèvres se posèrent contre son cou, à ses gouts la viande tendue avait meilleur gout que de la viande douce, en surface. Ses mains arrachèrent les vêtements de Fumiko. Son soutien-gorge se détacha laissant apparaitre ses seins à l’air libre, ils amusaient beaucoup Okuda, tellement ils ressemblaient à de grosses balles.
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Shigeta et Ichi surveillèrent Kloé de loin. En deux heures ils réussirent à la retrouver dans les rues. Elle ne s’était pas enfuie très loin du bar. Maintenant elle marchait en rond sur le trottoir en pensant à Otomo. « Qu’est-ce que tu aurais fait à ma place Aiichirō ? ».

— À votre avis elle pense à quoi, demanda Shigeta.
— Comment je le serais je ne suis pas dans sa tête ? Honnêtement, elle aurait dû choisir un autre petit ami.
— Il est plus en tort qu’elle.
— Comment ça ?
— Kloé, elle avait surement le plus de raison parmi nous de venir ici. Le problème, c’est qu’elle sait qu’une fois notre tâche ici terminée, plus rien pour elle ne sera comme avant. Okuda ne comprend pas ça, il pense qu’elle fait juste une sorte de crise de jalousie, en réalité elle a peur.
— Il n’a pas l’air de comprendre les femmes, plaisanta Ichi.
— Vous non plus d’ailleurs.
— …
— En plus la mort d’Aiichirō les a beaucoup touchés tous les deux.

Le téléphone de Shigeta sonna. Une vieille chanson disco des années 80 qu’il avait adoré à l’époque de sa jeunesse, et encore aujourd’hui. De ses yeux, le vieux sentait mieux que la modernité. Il se rappelait encore de son mariage, dans la pure tradition, au point d’avoir tabassé la seule personne qui avait osé s’amener avec un costard.

— Qui est-ce ?
— Okuda. Allo… Fumiko !

Shigeta alluma le mode hautparleur. Ichi entendu la voix de Fumiko, complètement apeurée.

— Il se passe quoi ?
— C’est Okuda…

A-San
Niveau 10
25 mai 2019 à 20:54:49

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Chapitre 10 : Un amour retrouvé (1/4)
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Shigeta marcha en solitaire sur le chemin de l’hôtel, l’envie d’appuyer sur la gâchette le démangeait. La responsabilité de la vie de Kloé reposait au bout de la lame d’Ichi en son absence. Lors de la tentative de l’acte, le courage de Fumiko s’était accru. Okuda se retrouva assommé par une lampe de chevet, en moins de deux secondes. Attaché comme une pute ou un sadomasochiste aux extrémités du lit, les bras et jambe liés par l’uniforme déchiré de Fumiko.

Devant la porte de la chambre, Shigeta serra ses poings de colère, « Qu’est-ce que tu ferais à ma place Aiichirō ? », pensa-t-il. La lycéenne ouvrit, recouverte d’une petite chemise blanche moulante, et d’un jean serrant les formes de ses jambes.

— Très bien, attends-moi dehors s’il te plait. Chouette chemise d’ailleurs.
— Merci…

Cette horrible expérience l’avait endurci, à un point qu’elle n’imaginait que très difficilement. À attendre dans le couloir, elle se sentait différente de la Fumiko qui était entrée dans la chambre. L’air semblait nouveau, plus lourd et plus frais, son corps aussi paraissait avoir changé à ses yeux. En dessous de ses formes, elle ressentait la moindre action de ses muscles. Son pied ne cessait de taper le sol, pas par peur, par envie, celle de vouloir aplatir sous sa semelle les parties génitales d’Okuda.

Le dos d’Okuda entra en collision avec la porte dans une telle violence que les gonds s’arrachèrent. Apercevoir Okuda voler dans cet état, donna un semblant de satisfaction sadique à sa victime. Il s’écrasa dans un bruit atroce, finissant d’attirer l’attention des quelques clients dans le couloir. Des microfissures apparurent sur chaque os de son corps, trop petite pour poser de véritable problème, trop douloureuse pour être ignoré, il se releva avec beaucoup de peine.

.
Ichi et Kloé les attendaient au parc dans lequel ils avaient emmené Sayuka en début de soirée. L’aveugle n’en pouvait plus de cette journée de dingue, il aspirait juste à une chose, se reposer, chose à laquelle le vagin de Kloé n’aidait pas.

— Dites, je peux vous embrasser ?
— Ce n’est pas vrai vous vous étés tout les deux biens trouvés. Aussi obsédé l’un que l’autre.
— Quoi ? Je ne fais rien de mal, il passe son temps à reluquer des filles et fantasmer sur elle. Je suis sûr qu’il m’a déjà trompé au moins une fois. Pourquoi je n’aurais pas le droit à mon tour ? Surtout avec un beau mec comme toi.

Ses cuisses enflammées se déposèrent sur celle froide de l’aveugle. Elle était prête à tout pour le chauffer.

— Vous n’êtes pas d’accord, la questionna-t-elle. Je suis sûr que vous n’avez jamais couché avec une fille de mon acabit.
— J’ai couché avec des filles bien mieux que toi.

Ses mains passèrent sous son kimono pour caresser ses pectoraux. Le corps d’Ichi ne brulait pas contrairement à la jeune fille, toute trempée d’excitation. Ses seins bondissaient à croire que des secousses de plaisir les traversaient.

— Vous avez envie de moi ? Je le sais, murmura-t-elle secrètement à son oreille.

Ses lèvres embrassèrent le cou de l’aveugle. Derrière les apparences dans d’autres circonstances, Ichi l’aurait fait sans hésiter. Durant son adolescence, il s’amusait à tenir une liste de fille avec qui il avait couché, pas en fonction des noms ou du nombre, en fonction des catégories comme « blonde », « plate » ou « yeux bleus ». La catégorie « occidentale » n’étant pas coché, il bandait dur. Pourtant, il repoussa ses avances du bout de sa canne, prêt à s’en servir si jamais elle jouait la sourde.

— D’un, inutile de jouer de votre charme physique, je ne vois rien. Et de deux, si tu ne bouges pas d’ici tout de suite, je m’arrange pour trancher ta colonne vertébrale et vue comment je suis fatigué, je pense que ma lame tranchera d’autres choses.
— C’est quoi votre problème ? Okuda à violer une fille il y a longtemps, pourquoi moi, je n’aurais pas le droit à un peu de sexe sauvage et gratuit ?

Ichi soupira de désespoir, elle était irrécupérable. La tête de la jeune femme se colla contre son épaule prête à arracher ses vêtements.

— Ce n’est pas vrai, pourquoi le destin a mis sur mon chemin des rigolos comme vous…

Un homme observa la scène de loin, manque de chance il ne s’agissait pas d’un voyeur. Son poing pointa le ciel, un signal, envoyait à une horde d’une cinquantaine d’hommes dans les ruelles.

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Airi rentra complètement épuisé chez Sengoku. Il finissait de regarder un match de baseball à la télé. Son équipe favorite subissait l’humiliation du siècle, de quoi bien l’énerver. Le retour de son amour, agit comme une aspirine traitant un mal de tête. Il observa la jeune femme s’écrouler dans son lit.

— Tu es bien jolie, marmonna-t-il.
— Pas de tutoiement avec moi, et combien de fois devrai je vous rappelais de m’appeler Mme Matsuba.

Sengoku se leva de son siège pour hurler, son équipe plaça une balle en dehors du stade, le Home Run les remit dans la course. « Putain, il ne pouvait pas jouer quand je n’étais pas là », se dit Airi. Heureusement, le vieillard dormait déjà à point de ferme, hormis l’explosion d’une bombe rien d’autre ne pouvait le réveiller.

— Avez-vous mangé, on pourrait sortir ?

Elle ne répondit pas. À l’aide de ses bras, les deux bouts du cousin se collèrent à ses oreilles pour étouffer le brouhaha des commentateurs sportifs.

— Et sinon il y a d’autres endroits sympas en ville. Alors, on sort ?
— Je vous répondrai demain. Bonne nuit.

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Okuda ne broncha aucun mot sur le trajet. L’œil attentif de Shigeta analysa le moindre de ses gestes.

— C’est quoi ça ?

Une tempête de sang tournait autour de l’aveugle. Deux hommes se détachaient de l’océan de jambes, de bras, de doigt, de tête, de boyaux et de cadavre, ils maintenaient les bras de Kloé. Okuda courut sur eux en rage.

— Hé, laissez ma petite amie tranquille !

Il frappa de toute sa force sur le crâne du premier, l’os protégeant le cerveau explosa de la même façon qu’on cassait un verre, la puissance l’envoya dans les airs. Le second lâcha Kloé pour tenter de riposter, un coup atterrit sur sa gorge bloquant sa tentative de contre attaquer, sa respiration se stoppa, son corps s’étala au sol en suffoquant. Pour le finir, le pied d’Okuda frappa son ventre, l’estomac de l’homme se compressa, il vola sur plusieurs mètres avec plus de sang dans la bouche provenant de ses entrailles que de salive. Okuda saisit Kloé pour l’emmener au loin, elle souriait de manière naïve juste heureuse d’être dans ses bras de sauveur. Okuda répondit par un petit sourire agréable cachant son éternelle inquiétude de la savoir en danger par sa faute. Son cœur battait aussi vite que les mouvements de sabre d’Ichi dos à dos avec Shigeta prêt à en finir avec leurs opposants. Fumiko tenta de rejoindre la mêlée. Dès qu’elle entra dans le cercle sanguinaire, Ichi la poussa en dehors.

A-San
Niveau 10
25 mai 2019 à 20:57:40

Chapitre 10 : Un amour retrouvé (2/4)
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Aucun des opposants ne tenait une arme dans les mains. Poing contre lame, papier contre ciseau, ils allaient se faire massacrer. Shigeta ne voulant pas faire durer cet affrontement s’arma de son revolver. Plus la bagarre continuait, plus les chances de l’arrivée de la police s’augmentaient, et pour un policier recevoir les menottes au poignés consistait en la pire humiliation imaginable. La lumière d’un lampadaire se refléta sur la crosse, dont le canon se pointa sur un homme. La détonation projeta la balle. Le petit projectile se planta à l’intérieur d’un poumon, à l’exact endroit où se trouvaient les bronches respiratoires. Une seconde, évita scrupuleusement les organes pour ressortir avec de minuscules morceaux de colonne vertébrale. L’hémorragie l’acheva cinq secondes après le dernier impact. Shigeta s’en occupa d’un autre, sa tête ne lui paissait pas, il arrangea cela, sa cervelle se répandit sur le sol.

— Rendez-vous, et on n’arrêtera de vous faire du mal, hurla le policier.

Il reçut l’effet attendu, à cause de leur supériorité technique le groupe d’ennemi s’enfuit. Cela n’empêcha pas Ichi de tuer les derniers à sa portée, et Shigeta de vider son chargeur dans le tas. Sa méthode se résumer à cela, on tirait puis après on parlait, on frappait puis après on demandait d’arrêter. L’aveugle donna un coup de sabre dans les cadavres, achevant les potentiels survivants.

— J’aurais pu m’en sortir seul, reprocha Ichi au policier.
— On discutera plus tard. Retournons au bar, la police va arriver, répondit Shigeta.
— Vous êtes sûr que vous êtes de la police, s’inquiéta Fumiko. Normalement on demande puis après on tire.
— En vérité, on nous demande de passer ce passage de la procédure.

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La patronne rangea une des rares bouteilles du seul client de la soirée. Les affaires n’allaient pas bien, le bar sur la rue d’en face, son seul concurrent direct se confrontait à ce phénomène. Heureusement, le petit groupe squattait beaucoup, au point de renflouer ses caisses. Ils arrivèrent avec la gorge desséchée par l’effort.

— Patronne à boire, cria Shigeta.
— Dites-vous revenez de quoi ? Vous voulez habiter chez moi ? D’ailleurs, ne vous inquiétez, la petite Sayuka s’est tenue tranquille.
— À boire, répéta-t-il.

Okuda et Kloé s’assirent à une banquette. Les jambes de coller, leurs regards se fuyaient en attente d’une réaction de l’autre. Ichi, Shigeta et Fumiko épuisées, s’installèrent au comptoir.

— Vous voulez quoi ?
— De l’eau, beaucoup d’eau !
— Je vous l’ai déjà dit, je n’en vends pas ici.
— Attendez M. Shigeta. Je vais en chercher, affirma Fumiko. On va bien trouver un konbini.
— Je viens avec toi, dit Ichi.

Dans l’ascenseur, Fumiko sentit le regard absent d’Ichi l’observer.

— Comment te sens-tu ?
— Bien, Ichi ça va. Je ne me suis jamais autant bien senti de ma vie, mais…
— Mais ?
— Rien, ce n’est pas important.

L’ascenseur s’ouvrit, à leur grande surprise, Shigeta se trouvait en bas à les attendre. Il avait emprunté les escaliers de secours à l’arrière du bâtiment, plus rapide que l’ascenseur et le policier possédait une forme physique impressionnante, pour son âge.

— Je vous accompagne. J’ai quelque question à poser à M. Imagawa.

Ils entendaient aux loin les gyrophares de la police et des ambulances, ils partirent dans la direction opposée.

— Comment vous sentez-vous ?
— Bien, j’ai déjà vu du sang couler, rassurez-vous.
— Il ne te demandait pas à propos de ça Fumiko.
— D’ailleurs qui était-ce ses personnes Ichi ?
— Des hommes d’Izaemon surement mélangé à quelque partisan de Someya encore en vie. Il avait plusieurs amis puissants dans l’organisation Sanno. Cela ne m’étonnerait pas, que ses personnes cherchent aussi à me faire la peau. Tu n’as pas répondu à sa question.
— Bien, ça va, j’encaisse.
— Je peux vous accompagner chez la police, ils ont une cellule psychologique, enfin normalement, mais je ne suis plus sûr qu’on les finance, enfin c’est comme les procédures pour viol, on n’a plus de budgets.
— C’est inutile. La seule chose que je me reproche c’est d’avoir senti le coup venir, mais de n’avoir rien fait. Même si j’ai bien réagi au bon moment, je me sens un peu responsable.
— Responsable, répéta Shigeta.

Le policier s’arrêta, sa main passa sous son imperméable. Il sortit son arme qu’il pointa sur Fumiko.

— Et là si je tire, est-ce que vous direz la même chose ?

Fumiko se retourna. Ce type était fou à sa façon. Le canon de pointaient entre ses deux yeux ne provoqua aucun sentiment de peur.

— Vous n’oserez pas ?

Son pouce enleva le cran de sécurité.

— Non, vous n’oserez pas, Ichi ne vous laissera pas faire.

Fumiko regarda Ichi, il resta extrêmement silencieux et calme.

— Ichi, fais quelque chose ! il est complètement taré, il peut tirer !

Ses yeux fixèrent le doigt appuyant lentement sur la gâchette, d’ici quelque seconde, elle n’allait plus rien voir, hormis le néant.

— Répondez à ma question ou je tire. Si la balle partait est-ce que vous direz que c’est votre faute ?
— Alors, allez-y. Tirer, l’autorisa-t-elle en collant son front contre la bouche du canon.

Le doigt finit de presser la détente. Le cœur de Fumiko sauta aussi fort qu’une détonation, si cette dernière devait avoir lieu. À la place du grand bruit, elle en distingua un petit « clic ».

— Un jouet en plastique, demanda-t-elle.
— Non pas du tout, il était juste déchargé. Quelle personne serait assez conne pour se faire braquer avec une arme en plastique sans remarquer que l’arme est fausse.

À un carrefour non fréquenté à cette heure, ils trouvèrent une de ses supérettes. Shigeta fonça aux magazines disposés sur un présentoir. Il feuilleta les magazines X, observés par Fumiko cherchant dans les étagères du fond des bouteilles d’eau.

— Fumiko, on peut parler deux petites secondes ?
— Oui. Que se passe-t-il ?
— L’eau est là, dit-il en pointant l’étagère du bas avec sa canne.

Les petites bouteilles s’amassèrent dans ses bras, une ne les contenterait pas tous.

— Écoute, je ne veux pas que tu le prennes pour toi, et je veux que tu me laisses parler jusqu’aux bouts. D’accord ?
— Que se passe-t-il ?

Les bras submergeaient de bouteille empilée n’importe comment, une s’échappa roulant aux pieds de l’aveugle.

— Cela ne va pas te plaire.

Il s’abaissa pour aider Fumiko à récupérer l’eau, se mettant à la hauteur de son amie.

— Ce que je veux te dire Fumiko, est que je pense que la situation est bien trop dangereuse pour que nous restions ensemble, maintenant. J’en ai parlé à Shigeta, une fois qu’il aura réglé ses affaires, il t’amènera à Tokyo. Tu vas être placé sous protection policière le temps que certaines choses se tassent. Et une fois que ça sera bon, tu rentreras chez toi pour reprendre une vie normale.
— Et toi ?
— Tu ne me reverras plus de ta vie, et il serait préférable que tu ne cherches pas à savoir ce que je deviens.
— Non pas ça, dit-elle tout attristé. Toi, qu’est-ce que tu vas devenir ? Tu pourrais venir et reprendre une vie normale ?
— Non, ce n’est pas possible. Boulot, métro, je pense que je finirai par m’ennuyer au bout de dix secondes.
— Mais pourquoi ? Pourquoi tu t’obstines à rester comme ça ?

Shigeta saisit deux ou trois magazines pornographiques avec une oreille pointait sur Ichi et Fumiko. Les lèvres de la jeune fille remuèrent sans prononcer un mot, le policier s’immisça.

— Tenez, je vais prendre quelques présents pour M. Takeda.
— En parlant de ça, prononça Fumiko dans un ton monocorde, il veut nous voir demain, enfin aujourd’hui à son QG.
— Il est déjà plus de minuit ? Oh, est-ce que je vous ai interrompus au milieu de quelque chose ?
— Non, répondit-Ichi, nous finirons cette discussion plus tard.

Ils retournèrent au bar, la patronne les accosta dès leurs entrées.

— Dites, vous leur avez fait quoi à ces deux-là ?
— Pourquoi ?
— Ils n’ont pas bougé depuis votre départ, c’est à peine s’ils clignent des yeux.
— Okuda, l’appela Ichi.
— Oui !
— J’ai à te parler, viens.

A-San
Niveau 10
26 mai 2019 à 21:06:45

Chapitre 10 : Un amour retrouvé (3/4)
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Ils partirent par l’entrée. Dans l’ascenseur Okuda s’attendait à passer un sale moment, malgré la récente bagarre ayant secoué les deux hommes, il gardait en mémoire ses agissements déplacés envers Fumiko.

— Vous voulez que nous parlions de quoi ?

Ichi s’enferma dans un silence des plus inquiétants. L’air se refroidit, les lumières s’obscurcirent.

— Si c’est à propos de Fumiko je…
— Pas ici.

Ils se rendirent dans une ruelle, à l’arrière du bar, à l’abri des regards. Ici, Okuda pouvait être tué ce soir, et retrouver des semaines plus tard. L’odeur des égouts remontait, de vieux sacs poubelles d’une dizaine d’années trainaient ci et là. En s’infiltrant dans les tentacules de la ville, la chaleur d’été s’estompa laissant un froid mordant.

— Donc vous désirez que…

Ichi se retourna rapidement. Son poing cogna le visage du yakuza. Rien ne se cassa, Ichi l’avait un peu raté, mais cela suffit à l’envoyer au sol. Sa lèvre saigna.

— Okuda, arrête de faire ta pute !
— M. Ichi, je suis désolé…
— La ferme, ne sois pas désolée pour Fumiko, mais pour Kloé !
— Comment ça ?
— Je lis en vous comme des livres ouverts. Je ressens la soif de vengeance qui réside en Shigeta, Kloé et toi. Mais pour toi, c’est en train de vous détruire. À quel moment t’es-tu imaginé une seule seconde que c’était aussi dur pour elle ? Le premier à avoir fait son connard dans l’histoire, c’est toi !
— Je…
— Tu es tout pour cette fille, mais la vengeance ne doit pas dire qu’on peut agir comme on veut, surtout avec ceux qui nous aiment.
— …
— Tu as méprisé tes sentiments pour elle depuis trop longtemps, alors qu’en vérité elle comptait là-dessus plus que jamais pour l’aider.
— …
— Parmi vous trois, la seule qui est-là en partie par amour, et non uniquement pour se venger, c’est elle.
— …
— Elle est là que pour toi !
— …
— Okuda, tu cherches à venger ton chef, je comprends et je respecte ça, mais aujourd’hui il faut que t’oublies ça.
— La ferme, comment t’oses parler de lui espèce de connard !

La rage l’envahit, sa vision vira au rouge. Sans réfléchir, il se jeta sur Ichi. Trop aveuglé, il ne remarqua pas le coup de canne de se dernier sur le haut de son crane. Déstabilisé, il retourna au sol.

— C’est ce que j’essaye de te dire Okuda, tu as perdu le contrôle et ça te détruit !
— Fils de pute !
— Cette fille t’imite Okuda, elle regarde les autres hommes parce que tu regardes les autres filles, tu es son seul point de repère.

Le jeune tenta une nouvelle fois de se relever, il reçut un autre coup de bâton dans le ventre, la douleur le cloua au sol pour les dix prochaines minutes.

— Écoute-moi bien Okuda, si tu continues ainsi alors tu perdras Kloé à jamais.
— La ferme, elle est à moi et tu ne l’auras pas enculé !

La moindre parole provoqua une douleur chez le yakuza.

— Si tu laisses la vengeance te consumer, Kloé finira par voir en toi plus que le spectre de l’homme qu’elle a aimé. Et te voir disparaitre, est la chose la plus insupportable qu’elle est en train de vivre.

Okuda se calma à l’entente de ses mots, pour la première fois il réalisait enfin que Kloé souffrait à cause de lui, de ce qu’il était devenu. Surtout, il ressentait dans les paroles d’Ichi une forme de vécu.

— Si tu perds Kloé, tu pourras tuer autant de gens que tu voudras pour te venger, mais le seul responsable sera toi !
— …
— Si tu ne veux pas comprendre ça, alors va temps. Pars refaire ta vie avec une fille que tu materas sur le trottoir, et laisse Kloé refaire sa vie, sans toi. Mais sache que si jamais nous nous recroiserons, je ne t’épargnerais pas. Ne t’inquiète pas, si tu fais ce choix, j’aiderai Shigeta. Oui, j’aiderai Shigeta à tuer Otomo Minato.

Ichi s’en alla. Okuda le regarda s’éloigner avec les yeux se remplissant de larme. L’inévitable poids de la réalité, il nous retombait toujours dessus, là, il l’écrasait. Un immense cri de désespoir résonna dans les entrailles de la ville.

.
Le retour seul d’Ichi ne surprit pas Shigeta. Fumiko discutait avec Kloé sur une banquette des petits coups de foudre de jeunesse, à l’époque de leur virginité.

— Fumiko, notre discussion, je veux qu’on la termine maintenant. Désolé Kloé, mais peux-tu nous laisser.

La jeune étrangère les laissa à deux, rejoignant Shigeta au comptoir. Une bouteille d’eau se déversait sur le visage ridé du policier.

— Hé mon bar, s’exclama la patronne, on voit que ce n’est pas vous qui devez nettoyer.
— La ferme sac à merde, ou je t’envoie au trou. Je suis flic. Je fais ce que je veux.
— Comme tirer sur des enfants, le relança Kloé dans un japonais approximatif.
— Je ne vois pas le problème, je le visais. Il pointait une arme sur moi, enfin elle était en plastique, mais bon de loin, je considère ça comme de la légitime défense. Et ne rigolez pas, devant le juge mon excuse est passée.

Fumiko qui écoutait la conversation d’une oreille, ne pouvait pas s’empêcher de sourire. Ichi chercha ses mots, le doute l’habitait perpétuellement pour dire ce qu’il refoulait au plus profond de son esprit, ses pensées si pures de bienveillance restaient si difficiles à exprimer, à la moindre fausse note, Fumiko pourrait lui en vouloir à vie.

— Ton père Fumiko, tu ne devrais pas le détester.
— Attends, ne me dis pas que tu comptes prendre sa défense ? C’est quoi ça ? Une mauvaise blague ?
— Si, je suis désolé. Lors de notre dernier jour à Sera ensemble, lorsque que tu as décidé de partir avec moi, tu l’as fait sans savoir ce qui t’attend. En réalité, si j’ai décidé de te laisser partir avec moi, c’est parce que je voulais te montrer quelque chose. Une chose que ton père t’a laissée.
— Il ne m’a rien laissé.
— Si.
— Quoi alors ?
— Un choix.
— Tu parles…
— Non, en venant avec moi, je voulais que tu comprennes, que si ton père était autant éloigné de toi, c’est parce qu’il voulait te laisser le choix.
— Mais quel choix putain ?
— Celui de devenir comme lui, ou pas.
— Tu veux dire que si mon père m’a négligé pendant toutes ses années, c’est pour me laisser le choix de devenir comme les hommes qui ont foutu ma vie en l’air ou pas. Bravo quel génie, je l’applaudis !
— Fumiko, parlons sérieusement. Je pense que tu es faite pour être yakuza.

Ses lèvres ne réussirent pas à parler, elle détestait les yakuzas plus que n’importe qui au monde. La dernière chose qu’elle souhaitait dans sa vie était bien de devenir l’un d’eux.

— Soit honnête avec moi Fumiko. Si tu voulais tant partir avec moi, c’est parce que le quotidien de ta vie ne te passionnait pas tant que ça, la vie de monsieur et madame tout le monde ? Tu savais que j’étais un yakuza. Tu savais qu’un jour ou l’autre sur notre chemin, on aurait dû faire face à de nouveaux ennuis. Depuis qu’on est arrivé ici, tu t’es mêlé de cette histoire pas par gentillesse, parce que cette vie t’excite.

Un mensonge ou une tentative de l’éloigner de sa vie, il ne s’agissait en rien de cela.

— Je ne sais pas Ichi, je ne sais plus. Mais Tokyo, pourquoi tu ne veux pas venir avec moi ? Et pourquoi me l’imposait ?
— Moi j’ai déjà fait mon choix, mais pour toi ce n’est pas encore le moment de le prendre.
— Donc, si mon père m’a quasiment abandonné, c’était pour me préserver ?
— Oui, je ne pense pas que cela a dû être facile pour lui, mais c’était son choix pour que tu puisses le moment venu faire le tien.
— Mais quand est-ce que je serais prête ?
— Je l’ignore.
— Ichi écoute…

Fumiko s’arrêta de parler à cause de ses émotions, la tristesse de la dure vérité prit le dessus.

— Je ne veux pas, je ne veux pas…
— Quoi ?
— Je ne veux pas retourner à ma vie d’avant. S’il m’a laissé le choix, il m’a aussi laissé le choix de n’en prendre aucun des deux.

Ichi bloqua, sa logique n’envisageait pas cette possibilité.

— Alors voilà mon choix. Je veux continuer à voyager avec toi, peut importer ce qui arrive, et le jour où je me sentirais prête à faire mon choix entre les deux options qu’il m’a laissé, tu me ramèneras chez moi. D’accord ?
— Fumiko je ne crois pas que…

La tête de la jeune fille tomba contre son torse tout paniqué, elle remua de désespoir, elle préférait mourir à la place de rentrer à la maison. Retourner sur les bancs de son lycée, sentir le regard des lycéens pesait sur elle à cause de ses origines, alors qu’elle préférait le silence régnant sur la route et l’agitation dans son corps lorsqu’il retrouvait la civilisation.

— Je ne veux pas Ichi, je ne veux pas…
— Fumiko…

Ichi inspira une grande fois.

— Je vais mourir.

Fumiko resta muette, elle sortit tout doucement son visage pour observer celui d’Ichi.

— Abe, reprit-il, je ne peux pas le battre.
— Quoi, c’est une blague ? Où est le rapport ?
— Il me veut, et je compte bien lui offrit le combat qu’il attend.
Fumiko le gifla.
— Mais t’es putain de con !

Elle ne contrôlait plus ses propos.

— T’es vraiment qu’un putain de gros con !
— Je suis comme ça, c’est le destin d’un yakuza on ne meurt jamais naturellement ou rarement.

Une deuxième gifle abima son visage.

— C’est surement mieux ainsi, conclu Shigeta. De toute façon c’est un truc que je n’ai jamais compris, l’honneur.
— Quoi ? Ichi arrête avec ton principe d’honneur, il n’y a rien d’honorable de partir se battre contre un adversaire qui va gagner à coup sûr.
— Je ne parlais pas uniquement de ça. M. Ichi en ce qui concerne Fumiko, c’est surement mieux ainsi. Si son père lui a laissé le choix, laissé lui le choix de continuer à vous suivre ou de venir à Tokyo avec moi.

La porte du bar s’ouvrit doucement, c’était Okuda.

— Bonsoir.

Il se plaça au centre des regards de chacun.

A-San
Niveau 10
26 mai 2019 à 21:07:28

Chapitre 10 : Un amour retrouvé (4/4)
.

— Désolé de vous le demander, mais pourriez-vous me laisser seul avec Kloé un moment ?
— D’accord, tenez je vous laisse les clés, je devais fermer. Fermez la porte derrière vous et planquez-la sous le paillasson. Et n’essayez pas de me rouler, j’ai un double.

La patronne les déposa sur le comptoir. Shigeta dévisagea de méfiance Okuda en sortant. Il avait promis à Aiichirō de veiller sur Kloé, il partit à contrecœur. Une fois son souhait de réaliser, il ferma la porte à double tour. Ce geste ne rassura pas Kloé. Le dos du jeune homme se cogna contre la porte. Kloé se pétrifia d’incompréhension, tandis qu’il s’écroula.

— Je…

Son égo dû partir prendre un café le temps de cette conversation.

— Je suis désolé Kloé. Je ne me suis pas rendu compte que tout ça t’affecter autant. Je n’ai pensé qu’à moi, je ne mérite même pas que tu m’appelles ton petit ami. Je sais que c’est peut-être trop tard, donc si tu veux me plaquer fais le ce soir, je ne te retiendrai pas, si tu me promets que ça sera le choix qui te rendra heureuse.

Okuda tendit les clés au bout d’un doigt. En voyant Kloé les saisir, il se sentit anéanti, il voulait juste pleurer et hurler. Elle les regarda au creux de sa main, puis dans un geste résolu les jeta sur le sol.

— Qu’est-ce que tu fais ?

Les bras de la jeune femme entourèrent sa taille.

— Je t’aime Kloé et je ferais n’importe quoi pour ne pas te perdre.

Elle sauta sur ses lèvres. Pour Okuda, il s’agissait du meilleur baiser de sa vie, doux, pétillant, intense de quoi bien l’excité. Il passa ses bras sous ses jambes pour la porter jusqu’à une des tables basses du bar. Leurs bouches s’ouvrirent en grande, leurs langues dégoulinantes se caressèrent dans une sensation si étrange et enivrante. Sur la table, elle gesticula d’envie.

— Ici ?
— Oui, je t’ai fait attendre trop longtemps, déclara le yakuza.

Ses lèvres embrassèrent le coup de la jeune femme. Okuda balança sa veste et ses chaussures.

— Sérieux ?
— Oui, j’ai envie. Et toi ?
— Oui, plus que jamais.

Elle retira ses chaussures en laissant son regard se perdre dans les beaux yeux d’Okuda. Alors qu’elle voulut déboutonner sa chemise, Okuda attrapa ses mains.

— Non, laisse-moi faire.

Ses doigts décrochèrent les boutons un par un, une sorte de compte à rebours précédent le plaisir. Les jambes de Kloé remuaient d’excitation. Une partie de ses seins se retrouvaient en dehors du soutien-gorge, faute de pouvoir en trouver à sa taille au Japon, elle se rabattait sur des modèles plus petits, parfois ils craquaient ou laissaient apparaitre ses deux ronds neigeux sacrés. Okuda colla son visage entre eux. Progressivement, sa langue remonta en direction du centre en les léchant comme une boule de glace. La respiration de la jeune femme s’accéléra, les dents d’Okuda arrachèrent le reste du sous-vêtement. Le reste bondit à l’air libre.

Kloé enleva la chemise du jeune homme, caressant son torse musclé. Deux doigts vinrent tapoter le bout de ses seins, elle en rigola toute tremper d’excitation. Autant, Okuda aimait les femmes qui ne se laissaient pas faire, mais il préférait bien plus une Kloé en chaleur, que n’importe quelle autre femme.

Le pantalon de la jeune femme descendit le long de ses jambes. Une petite culotte violette cachait son entre-jambe. Très vite, elle rejoignit le tas de vêtements à leurs pieds. Le champ libre, la langue d’Okuda vint en caresser l’intérieur, une forme de mission de reconnaissance pour la suite des événements.

Le torse de son petit ami vint aplatir ses seins. Pour plus de plaisir, le vagin ne tarda pas à se faire pénétrer. Kloé hurla de bonheur, ses pieds décollèrent sous la force des coups de bassin de son partenaire. Elle réussit à se soulever pour s’attacher à Okuda, ses jambes entourèrent ses fesses et ses bras se collèrent à l’arrière de ses épaules.

— T’aimes ça ?
— Oui !

Okuda accéléra, il n’avait rien d’un ange dans sa manière de faire, ni d’un homme civilisé, il se rapprochait plus de la bête sauvage. Au bout de trente minutes, il jouit. Les deux s’écroulèrent sur une banquette du bar, complètement trempé. Kloé passa au-dessus de lui, pour le laisser téter ses seins brulants.

— Encore, le supplia-t-elle.

Okuda souriait, mais ses forces manquaient, elle prit donc les devants en manipulant le sexe du jeune homme. Elle débordait d’énergie, la seule chose qui les interrompus intervient au bout de plusieurs heures, sa sonnerie de téléphone.

— Qui c’est qui m’emmerde ?
— C’est Shigeta, tu n’es pas rentré à l’hôtel, je te rappelle qu’on doit retrouver Takeda dans deux heures.
— Deux heures ?

Kloé lâcha un immense orgasme, son cri traversa les ondes téléphoniques pour arriver aux oreilles de Shigeta.

— Je vois, bon amuse-toi bien et sois à l’heure.

A-San
Niveau 10
27 mai 2019 à 22:15:40

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Chapitre 11 : Doute (1/3)
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Le soleil rayonnait de nouveau dans le ciel, éclairant au moment de l’aurore le dos d’Okuda, Shigeta et Fumiko. Leurs gigantesques ombres se projetèrent sur le QG de Takeda. Le beau temps matinal aida Shigeta et Okuda à sourire, eux qui d’habitude vivaient dans la nuit noire, éclairaient par les néons de Kabukichō.

Ils montèrent dans la chambre du vieux chef. Le panneau coulissant les laissa découvrir un Takeda souriant au regard inquiet. Le présent en magazine porno offert par Shigeta ne l’aida pas à faire disparaitre ce point noir dans ses yeux. Il le cachait bien, dans son esprit aucune lueur de bonne humeur n’illuminait son âme.

— On a un problème, annonça Takeda.
— Lequel ?
— Kazuki est injoignable depuis hier. La dernière fois que nous nous sommes parlé, il m’a dit qu’il avait trouvé quelque chose d’intéressant pour vous.
— Évidemment, grogna Shigeta. Il n’est pas chez lui ?
— Non, je suis allé vérifier personnellement les endroits où il trainait d’habitude. C’est d’ailleurs comme ça que je suis tombé sur vous deux.

Sa remarque gêna légèrement Fumiko, elle voulait juste oublier cette maudite soirée. Okuda leva la tête de fierté, il regrettait ces gestes et paroles, seul son égo l’empêcher de prononcer des excuses sincères ou mensongères.

— Que fait-on alors maintenant, demanda Fumiko.
— J’ai déjà demandé à mon réseau de SDF de chercher des informations sur l’endroit où son dernier poil de cul a été aperçu, il ne reste plus qu’à attendre leur réponse.
— Attendre, s’alarma Okuda. On va devoir encore attendre ?
— Oui, si vous voulez attendre ici, faites comme chez vous.

Ses derniers mots se déformèrent sous l’effet d’une perversité étrange. Sa main passa sous la table. Il en ressortit une boite de mouchoirs, qu’il déposa sur la table.

— Si vous le désirez, proposa-t-il en pointant un meuble sous une télé dans un coin de la pièce, j’ai pas mal de films pornos si vous voulez passer le temps. Avec les dernières jeunes actrices à la mode et les nouveaux fantasmes, faites-vous plaisir. Maintenant, excusez-moi, je dois passer le balai en bas.

Takeda quitta la chambre. Okuda n’avait pas besoin de porno pour jouir, juste imaginer le corps nu de Kloé suffisait à le faire entrer en érection. Shigeta apercevait cette situation d’une autre manière, divorcé depuis de nombreuse année et trop occupé par son travail, il tirait rarement un coup avec une femme ou seul. L’hésitation se forma alors dans sa tête, surtout que Fumiko s’indigna ouvertement de la proposition du vieillard.

— On fait quoi maintenant, demanda-t-elle à la suite de l’expression de son dégout.
— Faites ce que vous voulez, répondit Okuda. Et vous M. Shigeta ?
— Euh, je pense que pour une fois Okuda à raison, on ne va pas pousser le bouchon trop loin.

Okuda s’écroula de déception sur les tatamis, il sortit son téléphone pour envoyer un petit message à l’amour de sa vie.

« Okuda : Comment vas-tu ?
Kloé : Bien, j’ai le vagin déjà prêt pour te recevoir.
Okuda : Tu as aimé ça ? J’avais peur de te broyer le dos en le fessant sur la table.
Kloé : J’avais un peu mal ce matin, mais ça va mieux maintenant 😉.
Okuda : Super 😊
Kloé : Tu rentres quand ?
Okuda : Pas avant un moment, mais promis dès que j’ai dépassé le seuil de notre chambre je m’occupe de toi.
Kloé : Tu vas me refaire ?
Okuda : Oui 😉
Kloé : Hihi ^^ rien qu’à y penser je mouille déjà.
Okuda : ^^
Kloé : Tu fais quoi là ?
Okuda : Hormis te parler, je m’ennuie, on ne risque pas de rentrer à Tokyo avant un moment. Tu penses pouvoir tenir le coup ?
Kloé : Moi oui, mais mon corps je ne pense pas 😊
Okuda : Il transpire déjà à l’idée des 12 heures que je t’ai promises à notre retour ?
Kloé : Il en jouit.
Okuda : LOL !
Kloé : ^^
Okuda : Sinon, tu fais quoi de beau à l’hôtel ?
Kloé : Hihi ^^
Okuda : Quoi ?
Kloé : Tu veux vraiment le savoir ?
Okuda : Oui, pourquoi ?
Kloé : J’enlève tout doucement ma chemise
Okuda : Ooooohhhh !!!!! 😊 😊 😊
Kloé : Elle tombe tout doucement sur le sol
Okuda : Tu veux que je me branle ?
Kloé : Mon pantalon tombe doucement
Okuda : Arrête-je bande ^^
Kloé : Mais tu n’as pas envie que j’arrête, je le sais ^^
Okuda : Attend deux petites secondes 😉 »

Pendant ce temps, Fumiko naviguait dans un océan de pensée sans logique et Shigeta fumer une cigarette.

— Les toilettes où elles sont ?
— Je ne sais pas Okuda, demande à Takeda il te répondra surement.

Takeda balaya la poussière à droite à gauche, pour un chef réalisait cette tâche se révélait indigne de son rang. En manque de personnel, il se plia à cette sale besogne. Les marches claquèrent sous les pompes surexcitées d’Okuda.

— Les toilettes sont où ?
— Par-là, indiqua-t-il en montrant la porte au fond de la pièce.

Okuda s’y engouffra. Il baissa son pantalon.
« Okuda : Me revoilà
Kloé : Je dégrafe mon soutien-gorge puis je m’allonge sur le lit
Okuda : 😊
Kloé : J’écarte mes jambes
Okuda : Attend je déboutonne un peu ma chemise, j’ai trop chaud
Kloé : Je commence à caresser mes seins
Okuda : Je les sucerais jusqu’à ce que du lait en sorte ce soir 😊
Kloé : Ma main se pose sur ma culotte
Okuda : Mets-là en dessous
Kloé : Je commence à faire des ronds avant de la glisser en dessous
Okuda : 😊
Kloé : Je jouis Okuda, je te veux là maintenant
Okuda : Moi aussi
Kloé : Putain, je jouis je n’arriverai plus à écrire
Okuda : Attends

Il composa son numéro, elle décrocha immédiatement. À l’autre bout du fil, il entendit un immense cri de plaisir.

A-San
Niveau 10
27 mai 2019 à 22:18:11

Chapitre 11 : Doute (2/3)
.

Shigeta examina les jaquettes des films pornos. Malgré son opposition à en regarder, l’ennui avait eu raison de Fumiko, elle le rejoignit. La collection avoisinait la centaine d’exemplaires.

— Il a des gouts bizarres, rétorqua-t-elle en voyant une jeune femme nue prisonnière d’un monstre alien à tentacule sur un des DVD.
— Attends, il a des Blu-ray, des DVD et même des VHS.
— Et ça, c’est quoi ?

Fumiko désigna une série d’albums sous des piles de casettes. Shigeta sortit les immenses livres.

— Drôle d’endroit pour des albums photos.
— Tu es bien naïve Fumiko, ce ne sont pas des albums photos, mais…

Il en ouvrit un en grand.

— … une collection de cartes d’hôtesse et de prostitué.

L’œil de Shigeta flasha sur une belle blonde. Ses formes correspondaient parfaitement à ses gouts. Fumiko pencha sa tête pour lire les inscriptions sur la tranche.

— Celui-là date de 1956.

Shigeta dégoutait de fantasmer sur une fille qui ressemblait aujourd’hui à sa mère, balança le livre au sol. Fumiko fit un calcul rapide, Takeda avait neuf ans lors de la composition de cet album. Elle le ramassa pour rechercher le nom du propriétaire, la curiosité pouvait la forcer à chercher le moindre détail.

— Propriété de Suzuki Zetsu, lit-elle sur la dernière page.
— Quoi ?
— Non rien, excusez-moi je pensais à voix haute.
— D’accord. 1970, 1980, 1982…

Shigeta tria la pile d’albums à la recherche du plus récent. Par mégarde, il se débarrassa de celui de cette année. Fumiko le reprit pour voir la dernière page.

— Propriété de Takeda Toshio. Album de 2017…
— Quoi ?
— J’ai trouvé l’album de cette année tenez.
— Merci beaucoup.

Fumiko ne voulant pas voir Shigeta fantasmer sur des femmes rejoignit Takeda en bas. Le craquement du bois sous le poids de Fumiko indiqua sa présence aux vieillards.

— Yo !

Elle s’installa dans la salle d’accueil, de l’autre côté du mur, Okuda et Kloé profitait d’un plaisir à distance.

— Okuda est toujours aux toilettes ?
— Oui, aux toilettes là-bas et depuis longtemps. J’espère qu’il se presse, car s’il est encore dedans lorsque j’en aurais envie, je le dégage.
— Il doit avoir une diarrhée.

Ils entendirent Okuda pousser un grand crie de soulagement.

— Elle doit être terrible sa diarrhée.
— Vous êtes bien naïf, ricana Takeda.

Il passa le balai autour du fauteuil sur lequel elle s’était assise.

— Je peux vous poser une question, quémanda-t-elle.
— Oui bien sûr.
— Comment faites-vous pour garder toujours cette bonne humeur en vous ?
— Une question bien étrange. Je suis plus proche de la fin alors que vous, vous tirez tous la plupart du temps des têtes d’enterrement. La raison c’est qu’aujourd’hui par rapport à ma situation initiale, je ne vois pas pourquoi je devrais me plaindre. Tu devrais remonter, je vais bientôt devoir vendre mes films pour payer mes factures, donc profites-en.
— Et vos albums ?
— Jamais de la vie, plutôt mourir que de vendre ses trucs.

.
Airi s’ennuyait, Sengoku était partie depuis plusieurs heures, chose qui ne la déplaisait pas. Elle pouvait enfin se reposer, mais le sommeil ne venait pas à elle. L’image d’Ichi restait dans son esprit à la hanter.

— Et si…

Son corps se leva du lit désireux de bouger jusqu’à la fatiguer à mort. Un étrange cheminement de réflexion se réalisa, ses pieds commencèrent à marcher en ligne. Ses yeux se fermèrent, la lumière s’atténua. Lorsque les derniers rayons disparurent, un frisson la parcourut.

— Cela doit être terrifiant.

Face à ses ténèbres éternelles pour Ichi, Airi tenta de s’imaginer les couleurs et les emplacements des meubles. Après cinq minutes à parcourir sa ligne, elle s’aventura en dehors. Sa jambe se cogna contre un meuble. Le bruit arrive aux oreilles de Otomo, endormies à moitié. Croyant à un cambrioleur ou à Sengoku drogué, il se permit de vérifier avec un pistolet accroché à l’arrière de son pantalon. Il découvrit alors Airi continuant de jouer à l’aveugle, « Qu’elle bouffonne », pensa-t-il.

— Tu fous quoi ?

Sa phrase marquée de mépris stoppa son jeu.

— Oh, rien du tout.

Le vieillard s’approcha d’elle armée d’un regard sévère.

— La première fois que j’ai emmené Aiichirō à l’hôpital, les médecins me disaient qu’il risquait de devenir aveugle.

Il s’en alla doucement vers une fenêtre dans le salon pour s’en griller tranquillement une, écrabouillant sur son passage le lit d’Airi.

— Mon briquet, demanda-t-il. Il est dans ma chambre.

Airi ne bougea pas.

— Mon briquet !

Elle finit par céder à sa demande. L’état moral d’Otomo se composait d’un mélange amer de tristesse, de regret saupoudré de colère, envers sa propre existence. Ses derniers jours, alors que dehors un couple d’oiseaux volait loin de son nid en quête de nourriture pour nourrir le jeune petit à peine sortit de l’œuf, le vieil homme réalisa son inévitable fin. Elle lui apparut dans un flash, une plaie immense traversait son corps, une de ses mains à moitié découpées tentait de stopper l’hémorragie. Une lumière illumina son visage, puis plus rien.

— Ohé…

Airi tendait le briquet sous le nez de l’ancien chef. Ses mains toutes tremblantes le saisirent.

— Vous allez bien, s’inquiéta-t-elle.
— Oui, ça va.

Ses jambes devenaient molles à croire qu’elles pourrissaient. Son visage se rapprocha de celui d’un cadavre. Ses yeux divaguaient, durant un instant il se sentit partir. Son esprit le souhaitait plus que tout, mourir maintenant.

— Tu ne vas pas mourir maintenant, murmura une voix que seul le vieillard distinguait.

Un souffle chaud enflamma le tabac, Airi utilisait le briquet pour l’allumer. Lorsque la cigarette s’échappa de ses doigts, la jeune l’agrippa pour l’assoir sur le canapé. Le bout de la cigarette s’enflamma, la fumée dessina une forme macabre aperçue par les yeux malades d’Otomo, une tête de démon.

Airi balança la cigarette à travers la fenêtre avant que cette dernière enflamme le parquet.

— Je suis désolé de vous avoir fait…
— Ce n’est rien, dit-il.

Le regret dévora sa joie de vivre, suçant les dernières gouttes de tout plaisir. La vieillesse, cette chose horrible le torturer chaque instant.

— Tu sais, c’était un gentil garçon, Aiichirō.
— Vous devez être très fier de lui. Si je peux me permettre, je peux vous posez une question ?
— Vas-y.
— D’où est-ce qu’il venait ?
— Honnêtement, je n’en ai pas souvenir.
— Comment ça ?
— À vrai dire, j’ai l’impression que j’aurais bien pu me coucher un soir, et que le lendemain matin sans explications ils apparaissent dans ma vie comme s’il en avait toujours fait partie.
— Mais si ce que vous dites est vrai, pourquoi vous l’avez laissé rejoindre votre clan ?
— C’est vrai que tu as raison, si c’est la vérité j’ai été très irresponsable. Mais je pense que ma décision aurait été là même.
— Qu’est-ce qui vous a motivé dans votre choix alors ?
— Je n’ai jamais eu la vie facile, je pense que c’est surement le plus grand fardeau que le destin m’est accordé, après lui. Lorsque je le voyais courir partout dans les rues de Kabukichō, quand je voyais le bonheur de vivre qu’il avait, je me suis dit que j’avais bien plus à apprendre d’Aiichirō que lui avait à apprendre de moi. À son âge, je n’étais qu’une petite merde, alors je voulais lui donner la chance d’être quelqu’un.
— Et finalement, vous avez appris quoi de lui ?
— Une seule chose.
— Laquelle ?
— Il ne faut jamais sous-estimer un abruti.

Otomo se força à rire.

— Mais la chose dont je me rends compte que maintenant, reprit-il, c’est que personne n’avait été là pour lui au moment où il en avait le plus besoin.

A-San
Niveau 10
27 mai 2019 à 22:19:06

Chapitre 11 : Doute (3/3)
.

Okuda sortit des toilettes en sueur, le manche et le téléphone vidaient de leurs batteries.

— On s’est fait plaisir à ce que je vois, insinua Takeda.

Shigeta descendit la mémoire remplie de bon souvenir. Fumiko secoua la tête « Quelle bande de gros gamins », pensa-t-elle. Takeda remonta dans sa chambre pour finir de faire son ménage. Le regard de la jeune femme s’orienta vers la porte vitrée.

— Les gars, cria-t-elle.

Une horde de yakuza se formait à l’entrée de l’impasse. Okuda et Shigeta sortirent à leurs rencontres, Fumiko les suivit, mais resta à l’arrière.

— Oui, dit Okuda, c’est à quel sujet ?
— Takeda est là, demanda un yakuza chauve.
— J’arrive, ne bougez pas les cons, ordonna-t-il depuis sa chambre.

Il sortit comme s’il s’apprêtait à accueillir un vieil oncle à un repas de Noël. Le nombre n’impressionnait pas une personne de son ancienneté. Une veste de costume grise passa au-dessus de sa chemise rouge. Un bâtonnet d’une sucette à la fraise de coincer entre ses dents rendait la scène encore plus comique. Elle ressemblait à une vaste blague, tellement Takeda n’accordait aucune importance à ses visiteurs surprises.

— Cela vous tuerait de me donner un coup de fil. Le patron me veut quoi ?
— Tu es exclu, annonça le yakuza chauffe, on récupère ton territoire.
— Et moi dans tout ça ? Attends je te connais toi ? Ah oui tu étais mon voisin avant, avec le chien.
— Justement, mon chien te souhaite le bonjour.
— Quand j’en aurais fini, j’irai voir ce putain de crieur, j’en verrai une capote, pour… pour… je ne sais pas trop quoi…

Des battes de baseball en fer, des couteaux et des katanas se pointèrent sur lui.

— Très bien, grogna-t-il. Peux-tu me tenir ça ?

Ses dents arrachèrent la boule de fruit. Dans son enfance, il pratiquait les jeux du pauvre, un se résumer à cracher dans des pots, s’il en existait une compétition Takeda aurait été un des plus grands champions. Son souffle amena le bout de son bâtonnet à se planter en plein milieu de la rétine droite du chauve. Le sang coula le long de sa joue. Un puissant coup de poing atterrit dans son ventre le projetant en arrière.

— Ouah pour un vieux, il n’est pas rouillé, s’exclama Okuda.

L’effet de ce KO direct terrorisa le groupe, les plus peureux reculèrent dans le fond des rangs. Takeda les regarda faire avec un petit sourire nostalgique.

— J’ai l’impression d’avoir retrouvé mes huit ans.

Ses doigts se rétractèrent pour former ses poings.

— Attendez, il va vraiment, s’exclama Fumiko.
— Shigeta, on fait quoi nous ?
— Allons-y, cria Takeda.

Shigeta courut pour le rejoindre suivi d’Okuda. Fumiko emporter par l’adrénaline suivit le mouvement. Le sens du danger n’entra pas dans les calculs de survie effectuer d’habitude par son esprit, elle ne pensait plus, elle agissait. Takeda désarme de sa batte de fer l’assaillant le plus proche. Dans ses mains, ce petit morceau de métal provoqua des dégâts considérables dans les rangs des yakuzas. Le reste du trio entra dans le combat au moment où il s’en débarrassa en la jetant dans la foule, elle atterrit en plein sur la bouche d’un yakuza brisant plusieurs de ses dents à l’impact.

À sa grande surprise, Fumiko ne se débrouillait pas mal, surtout dans cette situation. L’aura que dégageait Takeda l’aider beaucoup, une grande partie des ennemis avait déjà reconnu inconsciemment leur défaite et ne mettait plus aucune volonté dans le combat, les plus malins s’enfuirent de peur. Les os se craquèrent, se brisèrent ou explosèrent.

Takeda en attrapa un par la gorge, il réussit à le soulever du sol pour le faire tourner autour de sa taille. Son corps percuta les quelques personnes présentes dans un rayon d’un mètre, les assommant pour la plupart. Le tour de manège finit, il le lâcha, le yakuza alla heurter un poteau détruisant sa colonne vertébrale en dizaine de morceaux.

Il donna un coup à un ennemi qui tomba au sol, un de ses amis chercha à l’aider. Il tenta d’asséner un puissant coup aux vieillards, mais ce dernier le rattrapa. Takeda combina sa force avec la puissance de l’ennemi pour le faire décoller en direction de son ami rampant au sol.

Les quelques derniers opposants s’enfuir. Fumiko contempla le champ de bataille, une trentaine de personnes reposaient sur le sol avec pour une grande partie le visage en sang. Si Ichi se trouvait ici, la scène serait beaucoup plus sanglante. Ils respiraient tous pour l’instant, les plus chanceux auront des séquelles à vie de cette petite escarmouche, et les autres plongeaient dans le coma pour le restant de leurs jours.

— On a gagné, hurla Takeda. Je les ai niqués, je les ai niqués…

Il répéta ses mots en boucle tout en effectuant une danse de victoire ridicule. Okuda et Shigeta étaient morts de fatigue. Fumiko croyait ne plus avoir de mains tellement la douleur de la bagarre les abîmes, malgré tout, elle se sentait en grande forme, libérée de la gentille Fumiko bienveillante d’autrefois. Remarquer le sang de ses ennemis dégoulinait le long de son poing la satisfaisait.

— Aller les gars, on va chez les putes pour fêter ça, les invita-t-il.
— Vous êtes un putain de taré, grogna Okuda. Putain aller vous faire soigner !
— Dans ce cas, attendez une petite seconde.

Il courut à l’intérieur de son QG pour sortir avec un sac à dos.

— Il y a quoi dedans ?
— Ma collection d’albums et de magazines pornos monsieur l’agent.
— On ne reste pas là, le questionna Fumiko.
— Non.
— Attendez…

Les trois n’en pouvaient plus, ils suaient à grosse goutte.

— C’est quoi la suite, demanda Okuda.
— On court ! Courez comme si une horde de putes vous poursuivez et que vous étiez à bout !

.
Takeda les guida jusqu’à un ancien restaurant de rāmen abandonné.

— Dites, les flics de nos jours sont moins endurants.

Shigeta épuisé était accoudé par Okuda et Fumiko.

— Fermez-là, répliqua-t-il.

La jeune fille observa la façade. Elle était très vieille et abandonnée depuis des années.

— Quel est cet endroit ?
— Un ancien restaurant de rāmen, ça ne se voit pas ?

Le vieillard fit coulisser le panneau d’entrée. L’intérieur du restaurant était resté privé de lumière longtemps, le papier peint s’était décoloré et les instruments en métal avaient rouillé.

— Je vais me cacher ici, le temps que la situation se tasse. Si vous voulez me trouver, venait là.
— On peut rester un moment pour nous reposer, demanda Shigeta à bout de souffle.
— Oui, il y a des chambres à l’étage et un salon. Et sinon on doit bien pouvoir se retrouver quelque part en dehors d’ici ?
— Oui, on traine dans un bar, attendez, voilà l’adresse.
— Très bien.

La bâtisse se mit à gronder.

— Dites, ça ne va pas s’écrouler ?
— Pas du tout.
.

Ichi retourna au bar, seul. Sa patience d’attendre le temps défilé arriva à bout. Dans l’ascenseur, il sentit l’odeur encore fraiche d’Airi. Derrière la porte, il le savait, elle était de l’autre côté. Il hésita cependant, l’odeur d’une autre personne avec elle le poussa à céder.

Airi buvait au comptoir avec Sengoku. Ce dernier la harcelait tellement de proposition pour se retrouver en tête à tête en dehors de son minuscule appartement qu’elle finit par accepter, avec le choix de l’endroit. Sentir un peu d’alcool dans sa bouche la relaxa légèrement de toute façon elle ne payait pas.

— Ichi ?

Sengoku se retourna pour voir la drôle dégaine de cette aveugle. Il s’approcha doucement du comptoir pour s’assoir au siège voisin d’Airi.

— Qui êtes-vous, demanda Sengoku.
— Ichi Zato.

Il dégaina de son sac un billet.

— Patronne, vous remettez à la jeune femme la même.

Sengoku ne ressentait pas la tension dans l’air. Airi voulait s’écrouler dans un coin, la honte l’envahissait. Ichi mit la main sur le bout de sa canne et commença à faire tourner la poignée de son sabre.

— Airi, on s’en va autre part ?

Ichi dégaina légèrement son sabre, la vue de l’acier de la lame par Sengoku étant une méthode d’intimidation, une menace.

— Euh, je vais t’attendre chez moi…

Il mit la main dans la poche de son pantalon pour payer le premier verre d’Airi, mais Ichi était plus rapide.

— Garder la monnaie, exigea Ichi en déposant un autre billet sur le comptoir.

Dès que la porte allait claquer, Airi savait qu’Ichi la bombarderait de questions. Sengoku partit en vitesse toujours avec son rictus de dragueur.

— C’était qui ?
— Il s’appelle Sengoku…
— C’est qui ?
— Juste un ami.
— Un ami, répéta-t-il.
— Qu’est-ce qui se passe Ichi ?

L’aveugle se passa la main sur son visage.

— Ce n’est pas un bon gars. Tu ne devrais pas trainer avec ce genre de personne…

Ichi plaque sa tête contre la surface en bois du comptoir.

— Que se passe-t-il Ichi ? Tu te remets à saigner des orbites ?
— Non, ça va…

Ichi repoussa la main d’Airi en direction de son épaule.

— J’ai dit que ça va !

Il s’énerva sur le coup, mais se calma rapidement.

— Je suis désolé Airi…
— Qu’est-ce qui t’arrive Ichi ?
— Patronne, dites, vous êtes ouverte tout le temps ou quoi ?
— Non, je n’ouvre qu’en fin d’après-midi pour fermer après minuit à deux heures du soir.
— Quoi ? On est déjà en fin de journée ?
— Oui, Ichi. D’ailleurs Sengoku m’attend. Je devrais y aller.
— D’accord…

Airi quitta le bar, « Il est jaloux ou quoi ? », pensa-t-elle. Sans s’en rendre compte la peur l’envahit, pour la première fois elle sentait que quelque chose de plus profond que l’égo des légendes qu’elle adorait le torturer.

Ichi plongea son visage entre ses bras.

— Patronne, avez-vous du saké ?
— Oui. Vous en voulez ?
— Tout ce que vous avez ?
— Je ne pense pas que ce sera dans vos moyens.
— Je vous ai déjà donné tout l’argent que j’avais…
— Alors comment comptez-vous payer ?
Ichi posa délicatement sa canne sur le comptoir.
— Avec ça…

.
Sengoku discuta avec Otomo.

— Je vois, donc le fameux ami d’Airi, est Ichi Zato…
— Oui, que voulez-vous que je fasse ?
— J’ai entendu la rumeur. Il voyage avec une fille. Une certaine Imagawa, je crois.
— Oui, de ce que j’ai entendu de mon côté elle passe son temps en compagnie de l’inspecteur de Tokyo et de son ami.
— Il est peut-être contre nous…
— Dois-je m’en débarrasser ?
— Non pas maintenant. Mais, je doute qu’Airi reste encore longtemps dupe…

RevoltinQuater
Niveau 7
29 mai 2019 à 16:13:59

Hello A-San, je suis très occupé en ce moment mais je vais lire tout ça, j'ai hâte ! :oui:

A-San
Niveau 10
30 mai 2019 à 19:08:03

Le 29 mai 2019 à 16:13:59 RevoltinQuater a écrit :
Hello A-San, je suis très occupé en ce moment mais je vais lire tout ça, j'ai hâte ! :oui:

Ok, ne t'inquiète pas, moi aussi je suis très occupé en ce moment. Inutile de te presser. :ok:
Par contre ne t'attend pas à un truc qui ressemble aux précédents, j'ai essayé de faire un truc plus sérieux au niveau des personnages. Les deux prochaines qui suivront, devraient plus te plaire je pense

A-San
Niveau 10
30 mai 2019 à 21:00:09

https://www.noelshack.com/2019-22-4-1559242645-c12.png

Chapitre 12 : Un drôle de bonhomme (1/2)
.

Takeda passa un coup de chiffon sur une des tables, la tonne de saleté s’envolant entoura son ancien visage.

— Putain, avec la poussière je pourrais me faire un masque de beauté.

Cette pénible tâche l’occupait, à défaut des autres, à peine actifs. Fumiko guettait la sortie, avec l’espoir, que personne ne reviendra les déranger, tout en nourrissant secrètement l’envie d’envoyer ses poings écrasaient d’autres nez, et fracturaient d’autres mâchoires. Alors qu’Okuda n’inspirait qu’au calme, il se reposait dans les bras de morphée sur une des tables. La force de ses ronflements résonnait jusqu’aux étages inoccupés. De temps à autre, la vieille bâtisse s’amusait à répondre, avec un grognement des plus effrayants, Okuda sursautait à leurs ententes. Les planches à moitié pourries, sortant des murs ou du plafond laissaient présager le pire. Les immenses fissures paraissaient organiques, Okuda avait compté, en six heures, la plus importante derrière le comptoir s’était agrandie d’un quart de pouce.

Un rat dans le salon traversa le décor figé dans la fin des années 50. Il sauta d’une télé en noir et blanc, en direction d’une vitre ouverte. Quand ses petites pattes atterrirent, Okuda se mit à hurler.

— Oh putain, le truc va s’écrouler !
— La ferme petit abruti, j’essaie de dormir…

La sonnerie du téléphone portable de Shigeta joua son air. Ils s’extasièrent d’entendre un bruit autre que les grincements de la façade.

— Allo. Oh, je vois…

Les yeux de chacun se fixèrent sur les lèvres du policier, comme on regardait un mirage en plein dessert assoiffé d'espoir. Il aurait dû regarder ses espérances disparaitre dans son propre regard.

— Très bien, j’ai compris…

Il raccrocha avec déni.

— C’était qui, demanda Okuda complètement désemparé.
— Mme. Imagawa, la patronne du bar vous demande. Apparemment votre ami ne va pas bien.
— Du genre ?

Ichi qui n’allait pas bien, cela l’étonnait.

— On peut l’accompagner, proposa Okuda.

La demande du jeune ne cachait aucune envie d’être galant avec Fumiko, il n’en pouvait juste plus de devoir attendre ici. Une heure encore, et il deviendra fou. De plus, le bar se trouvait plus près de l’hôtel où l’attendait Kloé avec le vagin en feux.

— On devrait éviter, répondit Shigeta, les hommes d’Uesugi nous cherchent peut-être…
— Probablement, l’interrompit Takeda, mais ils en ont après moi en priorité. Et c’est la fin d’après-midi, ils sont déjà partis faire la fête, vous pouvez y aller sans craindre d’avoir une troupe qui vous tombes dessus. Restez juste discret. Je vous rejoindrai là-bas, si j’ai du nouveau.

.
Lors de la nuit, les pompes de Takeda résonnèrent à travers les quartiers. L’ancien géant était chez lui, dans sa ville et il aimait laisser son attitude transparaitre cette idée. Des petits clins d’œil aux filles charmantes, des salutations aimables aux businessmen ivres, une distribution de monnaie aux SDF et aux prostitués du trottoir, le dragon voulait de nouveau régner depuis le ciel.

Sur le trottoir du bar, une petite fille recouverte d’un manteau rouge, très voyant, attendait devant une ruelle sombre. Takeda aimait le rouge, sa chemise l’était, elle gagnait un début considérable dans son estime. Plus que tout, il aimait les choses douces, et l’immense ours dans ses mains paraissait doux. Il aurait aimé l’inviter pour prendre le gouter, elle avait son petit charme, un charme de femme fatale. Dans dix ans, Takeda n’hésitera pas à en faire sa quarante-cinquième femme. En attendant, il devait se contenter de cette petite fille.

— Yo petite, qu’est-ce que tu fais ici ?
— Bonsoir monsieur, est-ce que vous pouvez m’aider ?
— Tu as besoin de quelque chose ?
— Oui. Comment dire, avant on m’achetait des revues dans des distributeurs et le seul que j’ai pu trouver ici, est au fond de la rue. Mais je…
— Ne t’inquiète pas je comprends le problème, il faut dire que l’endroit n’est pas des plus rassurants. Dans le temps, on se tapait dans ses rues, pour la castagne. Bon, j’ai du temps devant moi. Attend moi ici, j’en ai pour une petite minute.
— Tenez, j’ai l’argent.
— Pas la peine, le plaisir est pour moi. Je m’appelle Takeda Toshio. Et toi ?
— Mizuno Sayuka. Ravie de vous rencontrer, M. Takeda.
— Juste pour savoir, j’imagine qu’il s’agit d’un en particulier ?
— Numéro 29 du magazine Atsui on'na.
— D’accord, je reviens.

Sayuka l’observa disparaitre dans l’obscurité. La seule chose qui produisait de la lumière provenait de l’éclairage de la machine. Le système fonctionnait comme un distributeur de boissons. On insérait son argent puis on cliquait sur le bouton pour noter le numéro de référencement du produit. Une couverture affichant de beaux jeunes hommes en maillot de bain correspondait à la demande de Sayuka. Un bras mécanique le poussa à l’avant, il tomba au fond de la machine. Takeda le récupéra dans le compartiment, intrigué, il en feuilleta des pages.

— Hm, elle a du bon gout pour les mecs…

Sayuka aperçut sa silhouette ressortir des entrailles de la ville.

— Tiens, le voilà, mais dis-moi. Comment tu connais ça ? Tu as fouillé dans les affaires de ta mère ?
— Non pas du tout, c’est le meilleur ami de mon père qui me l’a fait découvrir.
— Son meilleur ami ?
— Oui, une fois je voulais aller voir mon père à son bureau après l’école, mais à la place, j’ai trouvé son meilleur ami avec un magazine. Sur la couverture il y avait des femmes en sous-tifs, enfin, je n’ai pas de souvenir exact à se sujet. Il l’a tout de suite caché, car en réalité le magazine était à mon père. Pour me faire garder le secret, il a commencé à m’acheter cette série de magazines chaque mois.
— Si c’est un secret, c’est justement qu’il ne faut pas le dire.
— Mais, ce n’est plus la peine que je le garde, mon père est mort.

Sa petite mouille devint toute triste.

— Oh excuse-moi. Mais tu les collectionnes ?
— Oui, mais je ne les ai jamais ouverts.
— Pourquoi ?
— L’ami de mon père m’a fait promettre de ne pas les ouvrir, tant que le moment ne serait pas venu.
— Et c’est quand le moment venu ?
— Il m’a dit que ça sera quand mon corps commencera à avoir chaud, sans raison.
— Oh, je vois on ne peut pas faire plus explicite que ça. En attendant si je peux te donner un conseil. Ne les cache pas sous ton lit. Au revoir.

Elle l’observa traverser la route pour rentrer dans le bâtiment du bar.

— C’est un drôle de bonhomme ce monsieur, se murmura-t-elle.

A-San
Niveau 10
30 mai 2019 à 21:01:09

Chapitre 12 : Un drôle de bonhomme (2/2)
.

— Yo la compagnie, cria-t-il en entrant.

Okuda et Kloé s’embrassèrent langoureusement sur un des canapés du bar. Par mesure de sécurité, Shigeta rapatria tout le monde au même endroit, il fut le seul à saluer Takeda à son entrée d’un petit signe de la main, l’invitant à boire au comptoir. Fumiko se trouvait au côté d’Ichi, la canne de l’aveugle se situait sur les cuisses de la jeune femme, alors que des bouteilles de saké entouraient son ami. Il en saisit une pleine pour la boire en une fois. Takeda les rejoignit.

— Dis donc il a la descente rapide ton ami.
— Encore une, supplia Ichi.
— M. Shigeta, il en veut encore une.
— Lorsque je parlais de lui offrir à boire, je ne voulais pas dire qu’il fasse un trou dans ma carte de crédit.
— De toute façon inspecteur, il ne me reste plus qu’une bouteille de saké en réserve.

Shigeta paya, « Allez cette fois c’est sa dernière bouteille » pensait-il à chaque virement. N’importe qui serait déjà en coma éthylique à la place d’Ichi. Il but jusqu’à la dernière goutte la liqueur. Les particules d’éthanol disparurent dans son estomac, échouant à partir dans son sang.

— De toute façon même quand j’ai envie d’être bourrée je n’y arrive pas.
— Si vous voulez, j’ai d’autres alcools aussi.
— Ah non, non non non, répéta Shigeta. Ça se voie que ce n’est pas vous qui payez.
— Et ça se voit que ce n’est pas vous qui encaissez.

Ichi leva la bouteille pour l’éclater sur la table. Le verre explosa en mille morceaux, miraculeusement, aucun éclat n’effleura sa peau.

— Même crevé ça serait trop me demander.
— Il n’a pas l’air d’être en forme, remarqua Takeda. Que lui arrive-t-il ?

Fumiko leva les bras d’ignorance. Le vieillard se retourna, vers Okuda et Kloé. Malgré le bruit, il continuait à faire leur petite affaire.

— Hé vous deux, si vous voulez faire l’amour ici, vous nous donnez le droit de regarder !

Kloé s’arrêta, elle regarda Takeda avant de pousser un immense fou rire. Okuda la fit taire en introduisant sa langue dans sa bouche, réalisant des moulinets sur l’intérieur de ses joues.

— Et les voilà repartis. Dites vous ne m’aviez pas dit que vous étiez accompagné ?
— On pensait que ce serait plus prudent de se trouver tous au même endroit pour éviter les problèmes.
— Me revoilà, dit Sayuka.

Elle cachait le magazine entre son torse et son nounours qu’elle serrait fort contre son manteau. La petite fille alla s’assoir sur une des banquettes libres. Le magazine se glissa discrètement sous un des cousins de cuir. Satisfaite de sa russe, ses pieds se balancèrent pour marquer la joie de sa réussite.

— Vous devriez abandonner l’idée, reprit Shigeta au sujet d’Okuda et de Kloé, il pourrait se gêner ces deux-là. Sinon, trêve de plaisanterie, vous ne vous êtes pas déplacé pour rien.
— Effectivement, mes recherches ont fini par aboutir. Kazukl serait passé dans un bâtiment abandonné, à Minookicho.
— Minookicho, c’est où, demanda Fumiko.
— Au sud, de la ville. C’est la zone industrielle autour du port. Je ne sais pas s’il y est encore, mais c’est un bon point de départ.
— J’imagine que c’est mieux que rien, grogna Shigeta. Bon on y va.
— Je peux venir avec vous, demanda Ichi.
— Je ne vois aucune raison de refuser. Malgré tout, il me parait être très sobre, se rassura le policier.

Kloé et Okuda continuaient les préliminaires.

— Vous croyez qu’on devrait les laisser seuls dans le bar un moment, proposa le policier.
— Vous êtes tarés, hors de question que je les laisse faire l’amour dans mon bar.
— Pas la peine, j’arrive.

Il embrassa Kloé avec un immense sourire pervers.

— Tu m’attends ici ?
— D’accord.

.
Ils arrivèrent ensemble à la destination. Une usine désaffectée datant de la jeunesse de Takeda. Plusieurs structures menaçaient de s’écrouler au prochain grand coup de vent. La plupart des meubles ne se trouvaient plus à l’intérieur, le rez-de-chaussée en était entièrement débarrassé. Ichi ouvrit la marche dans cette immense espace vide.

— Il y a quelque chose ici, je le sens, au deuxième étage.
— C’est pratique, affirma Takeda. C’est quoi ?
— Un cadavre…

Takeda monta rapidement à l’étage. Il inspecta l’immense rangée d’anciens bureaux individuels. Les murs entièrement rouillés rendaient l’espace gris et sombre. L’air vieux et âgé pesait lourd dans ses poumons.

— Appelez-le sur son portable, hurla Ichi dans les marches.

Takeda s’exécuta à l’idée. La sonnerie du téléphone résonna. Shigeta trouva le corps en premier derrière un bureau en fer. La gorge tranchée de part en part. À sa découverte Takeda se rétracta dans une expression neutre, à croire qu’il venait de voir un chien traverser la rue en se disant « Ouais c’est bien ».

— Cela ne vous choque pas plus que ça, l’interrogea Fumiko.
— Non pas vraiment, contrairement à certains d’autres de mes gars, Uesugi me l’avait refourgué pour me faire croire que j’avais encore un clan. Mais finalement, pour moi c’était juste un simple inconnu.
— Rappelez son numéro.

Il s’exécuta sans poser de question. La sonnerie ne venait pas du corps, mais de sous le bureau. Kazuki avait tenté de se débattre, et le téléphone avait dégagé dans la lutte. Shigeta le ramassa alors que les autres observaient le cadavre.

— Amateur, lança le policier.

Il l’alluma, aucune demande de mot de passe ne s’afficha.

— On peut rentrer, demanda Fumiko.

Elle angoissait, l’endroit ne lui plaisait pas. Un bruit résonna de plusieurs étages au-dessus, un chat s’amusait à bouffer le cadavre de sa mère morte de maladie. Dans quelque jour, il subira le même sort. Ses griffes tentaient de s’accrocher dans le sol, ses pattes tapotaient lors de ses tentatives avec un rythme semblable au pas d’un humain. Ichi entoura Fumiko de ses bras pour la rassurer.

— D’accord, dit Shigeta. Rentrons au restaurant de rāmen. M. Takeda que voulez-vous faire de lui, je peux appeler une unité pour qu’on vienne chercher son corps.
— Non, laissez-le là.

Les mouches et les charognards avaient déjà déchiqueté son nez. Takeda l’abandonnait par totale indifférence.

— M. Shigeta, dit Ichi, appelez-les quand on sera rentrée.

Ils quittèrent, un à un la pièce. Le dernier était Takeda, il se retourna une dernière fois vers Kazuki.

— Garde-moi une place, j’arrive dans pas longtemps.

.
De retour au restaurant de rāmen, Shigeta fouilla la messagerie pleine à craquer.

— J’ai un contact étrange. Un certain Sengoku Chigiru.
— Jamais entendu parler, répondit Takeda.

Ichi garda le silence.

— C’est lui qui a donné rendez-vous à Kazuki. On a même une photo. Je crois que c’est un yakuza d’Uesugi. « Le patron veut que je te dise quelque chose… », lut Shigeta. Je vais appeler Tokyo, et demander à ce qu’on lance une recherche dans nos fichiers. Excusez-moi.

Shigeta sortit pour passer son coup de fil.

— Bon, ce n’est pas tout ça, mais moi j’ai une femme qui m’attend. On devrait retourner au bar.
— Pour une fois, je suis d’accord avec toi, dit Takeda. On va pouvoir enfin s’en jeter une.
— Airi…

Ichi lâcha sa canne, sa peau passa au blanc en un clin d’œil. Fumiko se précipita sur lui.

— Ichi qu’est-ce que tu as ?

Ses mains tremblaient, son corps était aussi froid qu’un cadavre. Sa respiration commença à s’accélérer rapidement comme son cœur. Okuda sortit son téléphone pour composer le numéro des urgences, de l’extérieur ses agissements laissaient penser à un malaise.

— Non pas la peine, ça va. Juste un grand coup de froid, mentit-il. Allez, rentrons au bar.

A-San
Niveau 10
31 mai 2019 à 20:08:18

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Souvenir 4 : Chef d’accusation
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Dans un commissariat de police à Tokyo, 2014 :

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— Bon, reprenons une toute dernière fois, prononça calmement Shigeta, que s’est-il passé ?

Sur la chaise de l’accusé, Otomo Aiichirō. Du haut de ses quinze ans, son visage était en sang, battu sous les coups enragés de l’inspecteur.

— Je l’ai tué, parce que j’avais des problèmes d’argent. Je l’ai entrainé dans le fond de la ruelle. Une fois qu’il s’est retourné, j’ai tiré dans sa tête, puis je me suis enfui.
— Alors pourquoi es-tu venu au commissariat pour te rendre ?

Le visage d’Aiichirō se referma, ses lèvres n’allaient plus bouger. Le chef de Shigeta, observant l’efficacité de son meilleur homme derrière le miroir sans tin, se brancha sur un micro.

— On recommence à zéro. Reprenez une dernière fois, depuis le début.

Aiichirō redit les mêmes mots, à la lettre près, le même disque tournait sur sa langue. Trois heures à l’écouter en boucle, Shigeta était à bout. L’effet inévitable se reproduit, à la fin de sa chanson, il péta les plombs. Le visage du jeune homme se transforma en un punchingball humain. Derrière la glace, les autres policiers rigolaient beaucoup du comportement de leur collègue.

Une fois ses poings à bout, il se stoppa.

— Qui était avec toi ? Qui est ton chef ?

Aiichirō releva la tête comme si rien ne venait d’arriver, il ne ressentait aucune douleur. Son visage l’affichait fièrement, Shigeta frappa le mur puis s’en alla de la salle. À son arrivée son supérieur était exténué de perdre autant de temps.

— Putain ce gosse de mes couilles, grogna Shigeta.
— Bon, vous avez eu votre temps d’interrogatoire et vous n’aviez rien pu en tirer, déclara son chef. Nous avons ses aveux, l’affaire est pliée, signer le rapport pour qu’on en finisse, il sera jugé dans trois jours.
— Non, je ne change pas d’avis, je suis sûr qu’il y avait quelqu’un d’autre avec lui.

Shigeta utilisait des méthodes violentes, au service de sa vision de la justice. Pourtant, il suivait toujours ses premières impressions, et jamais de sa vie il aurait accepté d’envoyer le moindre innocent en prison, après, les boxes pour obtenir ses réponses, appartenaient à un autre chapitre de sa philosophie de vie.

— Je le sais, il couvre quelqu’un, il se peut même qu’il ait agi en cas de légitime défense. Le type qu’il a abattu, on la retrouver une arme à la main, sois il visait quelqu’un, ou sois il s’apprêtait à le descendre.
— On a ses aveux, on s’en fiche. Signer-là, ordonna-t-il en tendant un rapport qui sera envoyé au juge.
— Non, je refuse.

Le système judiciaire japonais possédait de grosses failles, facilitant le travail de la police. Un aveu dans un dossier constituait une preuve irréfutable lors d’un jugement. Dans le cas d’Aiichirō, seule une opposition de l’inspecteur chargé de l’affaire pouvait contrer l’aveu.

— M. Shigeta, on peut l’envoyer en prison, ce n’est rien qu’un petit bras des yakuzas. Je préfère le voir passer une perpétuité, dans le meilleur des cas, que de le savoir libre dans la rue.
— Non, je conteste les aveux. Pour moi, ils sont trop incomplets pour pouvoir être présenté comme preuve devant un juge. Laisser juste moi une semaine, une semaine le temps de continuer les investigations.
— Désolé, je ne peux pas. L’affaire a déjà été envoyer au tribunal pour mineur, qui la transféré au tribunal de la cour d’assises. Il sera jugé pour homicide volontaire avec attention de vol, dans trois jours. Signez maintenant !
— Non, je m’oppose.
— M. Shigeta, je vous aime bien, vous êtes notre meilleur homme, mais si vous refusez de signer, je vous rétrograde.
— Et votre tête de con va me faire quoi ? Vous allez m’envoyer nettoyer les chiottes avec les stagiaires.
— Non, il recherche des gars dans la section de lutte contre le crime organisé. Signé.

Shigeta attrapa la feuille pour la mettre dans sa bouche. Ses dents déchiquetèrent le papier en millier de morceaux. En la rouvrant, la langue de sortit, les dizaines de morceaux de papier dégoulinèrent dans une cascade de bave immonde. Une fois la bouillit au sol, il cracha au pied de son chef, l’outrage de trop.

A-San
Niveau 10
02 juin 2019 à 21:42:00

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Chapitre 13 : Dans le froid (1/2)
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Les quatre notes, douces, et joyeuses du piano se jouèrent en boucle. Chaque seconde où le bar ouvrait ses portes, ses quatre notes sortaient des enceintes. Aucun d’entre eux, jusqu’à cette soirée, n’avait prêté la moindre attention à cette mélodie, extraite d’une musique des années d’après-guerre. Dans l’extase heureuse qui l’envahissait, Shigeta s’acheta la plus ancienne des bouteilles de la patronne.

Ils rirent, burent en hurlant à tue-tête qu’ils aimeraient que le soleil ne se relève jamais. Sayuka, lors un instant de mégarde de la patronne, réussit à voler une petite fiole de saké sous le comptoir. Au contact de la première goutte, elle plongea dans un état si agréable qu’elle croyait apprendre le vrai sens de la vie. Un instant de bonheur, aussi doux et bon que les caresses de la langue d’Okuda sur celle de Kloé.

Seul un restait dans l’ombre, à l’écart des lumières qui mettaient les formes de Fumiko au centre de l’attention, Ichi. Pensif et méditant, il ne savourait rien des heures défilantes.

Dès que l’alcool corrompu l’esprit de Kloé, elle insista lourdement pour organiser un plan à trois avec Fumiko, Okuda s’en réjouissait beaucoup. Les deux l’entourèrent aux comptoirs. Au fil de la discussion, ils se rapprochèrent de son corps. Fumiko comprenait maintenant pourquoi Okuda aimait autant Kloé, au niveau des critères physiques, car elle admirait sa beauté. Il ne s’agissait pas d’un charme exotique, mais de quelque chose d’autre, quelque chose de plus fort, au point qu’aucun mot ne pouvait le qualifier.

Par inattention Fumiko but un très léger alcool proposé par Kloé, léger certes, mais suffisant pour la mettre aux portes du début du mal de l’ivresse.

Takeda au bout du comptoir, encore sobre, guetta les mains de Kloé massant les seins de Fumiko. Cette dernière s’abandonna entièrement quand Kloé embrassa son cou.

— Dites patronnes, cria Takeda. On peut se servir de votre jeu de fléchettes ?
— Oui, pour combien de personnes ?
— Et les gars, qui veut venir ?

Fumiko accepta, son instinct de survie émergea du minuscule océan d’alcool coulant en elle, décevant Kloé qui rabattu ses pulsions sur Okuda. Shigeta rejoignit la partie.

— Alors pour trois personnes.
— Et moi, protesta Sayuka avec sa petite fiole qu’elle cacha derrière un canapé.
— Alors quatre personnes, dit la patronne en leur tendant douze fléchettes.

Difficile de croire qu’ils allaient jouer aux fléchettes. La cible se trouvait au centre d’une sorte d’immense borne d’arcade, décoré de divers néons rouges. La programmation du nombre de points, de joueurs, et du minimum de tour s’effectuaient sur un gigantesque écran tactile, sous la cible, loin des vieux boutons.

Takeda joua en premier, 1-19-20. Shigeta en second.

— Hé le flic, fait attention. Ce n’est pas pareil que quand tu tires sur des cibles en papier, affirma Takeda.
— 3-19-17, annonça la voix électronique féminine du jeu.
— Attends, tu vises le bas, donc tu fais partie de ceux qui tirent dans l’entre-jambes, poursuivit le vieux yakuza.
— Uniquement avec les femmes.

Ils ricanèrent tous les deux, Sayuka tenta de comprendre la blague sans y parvenir. Au tour de Fumiko, elle sortit 20-20-20. Sayuka se plaça face à la cible, sa petite taille ne l’aida pas.

— Comment je vais faire ?
— Attend.

Takeda la souleva pour la placer à bonne hauteur. Le vieillard n’en crut pas ses yeux, 50-50-50, les néons clignotèrent et une animation sur un écran, au-dessus, montra les trois fléchettes fonçaient sur la cible, l’explosant à l’impact.

— Ohé, tu triches ou quoi ?

Il alla retirer les fléchettes. Pour vérifier un possible trucage, il en lâcha une près de la cible, persuadait qu’elle se plantera au centre attiré par une sorte d’aiment. Elle tomba, attiré par la seule force naturelle de la gravité, Sayuka ria aux éclats.

— Ne ris pas. Regarde ce que c’est un vrai joueur de fléchettes !

1-5-3.

— Bon, en même temps je n’ai pas le poigné échauffé…

Shigeta ne sortit pas un score meilleur, 8-2-0, une de ses fléchettes avait rebondit sur la cible sans se planter. Fumiko le surpassa, 18-1-12. Pour Sayuka, Takeda s’abaissa.

— Vas-y monte sur mon dos.

Le vieux yakuza ne comptait pas faire un sale coup, comme se mettre à bouger pour la déstabiliser, non, il restait fair-play, la disposition bizarre suffisait. Son exploit fut réitéré. Les pieds dans les airs ou sur le dos de quelqu’un, elle pulvérisait le score.

— Non, mais ce n’est pas possible !

Fumiko détacha les fléchettes. Son regard croisa celui de Shigeta l’incitant à aller rejoindre Ichi.

— Excusez-moi, continuer sans moi, je reviens.

L’obscurité dans laquelle il méditait, paraissait être une sorte de deuxième dimension, là où l’ambiance si joyeuse de la soirée ne réussissait pas à l’atteindre.

— Ça va Ichi ?
— Oui…
— Tu sembles perplexe ?
— Non, c’est vrai…

Fumiko attendait de voir si Ichi allait continuer de lui-même la conversation. Aucun mot ne sortit de la bouche de l’aveugle.

— Il s’est passé quoi tout à l’heure, quand on était dans le restaurant ?
— Mais ce n’est pas possible, un score parfait, protesta Takeda. Il faut que tu partes faire des compétitions, je parierai sur toi ! Ne m’oublie pas quand tu seras riche et célèbre, pour le conseil de début de carrière.

Fumiko sourit légèrement des remarques du vieux yakuza, Ichi resta de marbre.

— Tu devrais retourner t’amuser avec les autres Fumiko.
— Et toi ?
— Laisse-moi.

Fumiko retourna avec les autres. Il pouvait dire ce qu’il voulait, elle savait qu’Ichi comprenait des choses. Contrairement à elle qui restait dans une sorte de flou, Ichi voyait clair. Une fois entièrement en phase avec son esprit, quand la réalité autour de lui ne trouva plus de sens, sa main se leva, caressant quelque chose d’invisible.

— Airi…

Sujet : ICHI ZATO Pur amour à Kabukichō
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