Bonjour à tous ! C'est Ostulug !
Voici mon roman de l'été ! Bonne lecture ! ~~
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
Etats-Unis d'Amérique 1950. Un train magnifique arrivant d'un bled moche venait d'entrer en gare et les voyageurs jaillissaient en courant au moment où Gillette passa. Elle fut entrainéé par la foule comme dans la chanson mais elle survécut on ne sait comment. Pourtant la belle Gillette ne passait pas inaperçue.
Elle portait une jupe bleue de la couleur de ses yeux Un chic chapeau rouge de marque française était posé sur ses cheveux bruns aux reflets magiques.
Elle n'avait rien à faire ce matin-là aussi elle s'installa au bar d'un drugstore pour boire un Coca-cola.
Gillette était une jeune journaliste au chômage en quête de travail. Pour l'instant, elle rêvait de soleil hollywoodien et de grandeur. La journée se passa ainsi sur les rives de l'ennui.
Le lendemain matin après un déjeuner limite triste, elle se trouva dans les bureaux de John Gates-Oak de l'agence publicitaire Bard-Campbell. Elle connaissait John depuis trois ans. Celui-ci avait un poste à lui offrir. Un poste minable mais que faire ?
Gillette avoua tout de go :
-Tout ce qui comporte un chèque à la fin du mois m'intéresse au plus au point.
-Du calme, ce n'est que temporaire ma belle.
-De quoi s'agit-il ? Je veux savoir !
John éclata de rire tandis que ses yeux louchèrent un peu.
Il s'agit de devenir agent de publicité, voilà, c'est tout !
(à suivre...)
Intriguant.
Mais je pense qu'il n'y a pas de suite
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
La jeune femme blêmit en portant les mains à son visage.
-Es-tu un méchant plaisantin John ?
Mais l'homme à forte stature ne blaguait pas.
-Nous sommes à l'ère des vitesses supersoniques, ne l'oublie pas.
-Tu as raison, reconnut Gillette en abandonnant son visage renfrogné. J'accepte... il faut bien finir à quelque endroit.
La gaité et l'optimisme de John étaient légendaires aussi il leva les bras en signe de victoire.
-Parfait Gillette, je n'ai pas pour principe d'abandonner les copines dans la mouise.( Discrètement il laissa errer son regard sur la poitrine opulente de la jeune femme.)
-Moi, un boulot comme celui-là, ça me rebute avoua Gillette, mais à mon âge, il faut que je grimpe l'échelle de la vie.
-Pauvre chochotte susurra le grand gaillard, si un jour tu tombes de haut, rappelle-toi que je te tendrai les bras.
Sans se démonter, Gillette se leva d'un bond et lui administra une paire de claques à faire trembler les murs.
(à suivre)
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
-Qu'est-ce qui te prends Gillette tu deviens folle gémit le pauvre John.
-Sache que je me sens bien trop nerveuse pour qu'on se fiche de moi ! rétorqua la tigresse, il suffit maintenant ! Tu m'embauches oui ou non ? Quand dois-je commencer Monsieur Gates-Oak ?
-Je vais te balancer encore une fois la paire de calottes que tu mérites !
A cet instant, Gillette était belle, digne, inspirée par une passion sincère pour un monde temporairement apaisé par sa droiture.
L'homme, quant à lui, généralement placide mais parfois idiot paraissait affreusement vexé, plus que vexé même, atteint au plus vif dans sa virilité au plumage de paon.
C'est ...c'est ...d'accord bégaya John encore tout étourdi. Tu commences demain.
-Décidément tu es long à piger mon vieux ! déclara Gillette en se tenant la main droite.
John se servit un grand verre de Cognac puis deux. Il se força à sourire en répondant :
-Je suis crevé... certainement la fatigue. Je pense vraiment avoir un bon job pour toi, fais-moi confiance bon sang !
Tu vas devenir l'agent de publicité d'un chanteur célèbre. As-tu déjà entendu parler de Ed Trite ? Tu partiras en tournée en Californie avec lui. Vous voyagerez pendant 1 mois environ. C'est o.k ?
-Pourquoi, pourquoi, pas, pas, pas ? chantonna Gillette en se balançant sur sa chaise, je dois admettre que cela ne me dérangerait pas d'aller au bord de la mer... que dois-je faire avec ce type ?
(à suivre...)
Toujours aussi marrant des chapitres postés plus régulièrement stp.
J'aime bien, c'est drôle, bien rythmé et joliment tourné. J'attends la suite !
Enfin la suite !
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
-A vrai dire ma belle, je n'ai guère de détails supplémentaires reconnu John. A Austin, ils se sont adressés à notre agence pour organiser la publicité de ce chanteur. On m'a donc chargé de trouver quelqu'un de fiable, vraiment fiable, fiable à l'extrême si je puis dire qui l'accompagnera jour et nuit, une personne de confiance j'insiste, fidèle comme un Lévrier greyhound.
Gillette, il te faudra donc organiser sa publicité dans tout les bleds où il s'arrêtera.
La fille d'un petit geste de la main gauche lui signifia qu'elle avait tout compris, se leva derechef, puis se dirigea gracilement vers la porte.
-Merci pour tout mon gros John ! Je file maintenant ! A demain !
Tout l'immeuble entendit son rire nerveux alors qu'elle dévalait les marches deux à deux comme une gamine idiote ayant fait une niche à un nigaud trentenaire.
Au beau milieu de la rue, loin des sourds verrous des conciliabules, le monde semblait si délicat. Un amas de nuages bizarres se désintégra laissant place à un immense espace de ciel bleu indigo. Soudain, Gillette eut l'impression désormais que la planète terre lui appartenait. Elle en avait les larmes au yeux.
De son côté,John essuya son front en sueur d'un revers de main tel un vieux cow-boy. puant. Il se sentait vidé, incapable d'une réaction cohérente.
Onze minutes s'écoulèrent très lentement.
Le cœur de l'américain battait toujours aussi fort qu'une horloge hongroise, il parvint cependant à retrouver un rythme normal de respiration.
-Je ne l'ai pas rembarré pensa John mais je trouve grotesque de faire tout ce cirque pour un job...
(à suivre)
Tu n'as pas suivi mon conseil concernant la régularité des chapitres... c'est bien dommage enfin soit si tu ne veux en faire qu'à ta tête
très bonne suite, le suspens est à son comble
Le 15 janvier 2020 à 19:50:41 Revoltin a écrit :
Tu n'as pas suivi mon conseil concernant la régularité des chapitres... c'est bien dommage enfin soit si tu ne veux en faire qu'à ta têtetrès bonne suite, le suspens est à son comble
Je prends mon temps et comme dit le proverbe :
"Si la chandelle s'éteint, il te reste la lune."
Bonjour à tous !
Enfin la suite tant attendue !
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
Il faut dire que Gillette n'était pas une jeune femme de modèle courant. Guidée par une volonté farouche de s'en sortir, elle était comme qui dirait hors série.
Gillette Mary Rush était le 11 mai 1926 en Louisiane dans une sordide bourgade de planteurs de canne à sucre trop minable pour figurer sur une carte en couleur. Enfant unique, son père Peter Rush, paysan fluet, en alcoolique convaincu buvait sec de l’alcool de sa fabrication (il en mourut de manière atroce). Sa mère Nancy Malle, paysanne elle aussi, femme forte au teint rose genre dessus de boite de dragées demeurait un monstre de sévérité qui avait de grandes prétentions intellectuelles mais adorait jouer aux cartes le vendredi soir, le samedi, le lundi et le mardi matin parfois.
Une enfance modeste donc pour Gillette. Après une crise d’appendicite survenue lorsqu’elle avait une quinzaine d’années, la jeune fille décida qu’elle s’amuserait davantage en se tirant de son bled. Devenir journaliste, parcourir le monde, en voilà une riche idée ! D’ailleurs, elle sentait confusément que de l’encre d’imprimerie coulait dans ses veines. Elle ne vécut alors que pour atteindre son but.
Le reste de la journée se déroula sans encombre pour la jeune femme. Le soir venu, l'impétueuse mutine au regard de braise termina sa course folle à l’hôtel le plus étriqué de Houston.
Le matin suivant, sans se soucier de la ville bruissante où des gens de toutes races et de toutes nationalités se débattaient en vain, Gillette retourna à l’agence pour un premier contact avec le fameux chanteur. L’obtention du poste d’agent de publicité ne serait qu’une formalité pensa-t-elle grâce à l’appui de son aimable John.
Déjà calcinée par un soleil Texan sérieusement impitoyable, la jeune chômeuse dut insister longtemps sur le bouton blanc de la sonnerie électrique de l'agence publicitaire Bard-Campbell avant que la porte immense s'ouvre enfin.
Une secrétaire rousse l'épingla aussitôt de manière zélée.
-Encore vous Miss Rush ? Monsieur Trite vous attend avec son manager dans la grande salle de réception pour boire un drink.
-Monsieur John Gates-Oak sera-t-il présent ?
-Non, il est absent aujourd'hui, désolée. Voulez-vous que je lui laisse un message Miss ?
-Je ne voudrais pas me citer en exemple mais tenez, je suis une personne très polie, un fauteuil est réservé pour moi au paradis des chics filles aussi je ne laisserai pas de message à ce cher Gates-Oak mais je souhaite que sa prostate éclate à l’instant…
(à suivre...)
Bonjour à tous ! ~~
Enfin la suite tant attendue !
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Après un court silence, la secrétaire qui avait absorbé un hypnotique peu avant, tourna des talons sans mot dire.
Gillette, vêtue d'un chemisier blanc qui dessinait parfaitement ses glorieux seins et d'une jupe de popeline d'un jaune vif, se dirigea vers la grande salle avec un peu d’appréhension. Pour se donner du courage, tête droite, elle gonfla sa poitrine.
« Courage ! Tu peux y arriver ! » susurra-t-elle au moment d’entrer.
Gillette parcourut la grande salle du regard. La vastité de cet endroit très différent de ce qu’elle avait vu jusqu’à présent l’ impressionna. Elle se demanda même si l’agence appartenait à Howard Hughes. Il faut dire que tout transpirait le grand luxe. On pouvait admirer près de l’immense fenêtre aux rideaux richement décorés un piano flambant neuf. En face du piano, on distinguait un bar brasillant. Des toiles de maîtres à foison décoraient le mur du fond, quant aux meubles, ils étaient dans l’ensemble d’une préciosité brunâtre.
La fille sourit timidement en voyant les deux hommes qui l’attendaient.
Le fameux Ed Trite l’accueillit joyeusement :
- Miss Rush enchanté ! Quel plaisir !
Je vous présente mon manager Gordy Horf.
Gillette se ressaisit en un claquement de doigts évitant ainsi de jouer à la plouc candide. Elle se contenta de feindre une belle assurance mais ses longs cils semblaient deux papillons apeurés. Pas de gaffes, ce type était son futur boss après tout...
- Good morning gentlemen ! Ravie ! Je suis effectivement Gillette Rush pour vous servir.
Elle ajouta d’un air faussement enjoué.
« Gordy » c’est pour « Gordon » je présume Mister Horf ?
- Parfaitement Miss Rush répondit du tac au tac Gordy, homme obèse et chauve avec une petite moustache à la Fredric March.
Ed Trite, quant à lui, exprimait à la perfection la sensibilité américaine. Petit de taille, ce gringalet n’avait rien d’un homme solidement charpenté mais pourtant son attitude saine et chevaleresque rendait les femmes dingues.
L’artiste manifesta une surprise qui traduisait le contentement de rencontrer de bon matin une femme indéniablement ravissante aussi, une lueur plus qu’amicale anima son visage d’ange maudit. Il lui adressa un sourire magnifique.
- Je soupçonne ce vieux Gates-Oak de vous avoir déniché à Hollywood ! Ahahaha !
Et plus que tout, vous m’avez l’air fort sympathique Mademoiselle, je pense que nous allons bien nous entendre.
( à suivre...)
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Enfin la suite tant attendue !
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
La demoiselle en question glissa les doigts dans ses cheveux soyeux, les battements de son coeur quant à eux, ne s’apaisèrent point.
-En parlant de Monsieur Gates-Oak, sachez que je regrette son absence mais vous n’êtes pas sans savoir qu’il m’a proposé de devenir votre agent de publicité. Ne tiens qu’à vous de confirmer son offre, n’est-ce pas ?
-Remarquable… commenta l’artiste qui l’écoutait avec attention.
D’ordinaire, Gillette était plutôt femme à contrôler la situation mais désarçonnée par les tendres manières de junker que prodiguait le charmeur, son esprit s’embrumait quelque peu.
- En fait, je… je serai pour ma part très fière de travailler pour l’un des plus grands chanteurs américains. A l'instar d'un magnat de l' hôtellerie, je sens en vous cette volonté ferme et constante d'user de la raison.
A cet instant précis, le regard de la jeune femme comme une douce nuit d'été imprégnée de parfums irradiait d’une admiration feinte.
-Parfait ! s’exclama le crooner ébloui par ce compliment impromptu. N’en dites pas plus, je valide sur le champ votre engagement ! Qu’en penses-tu Gordy ?
-Gordy, en hibou mélancolique, ne répondit rien, il savait que, quand son ami avait pris une décision, il était vraiment très difficile de l’en faire démordre.
Désormais, Gillette, sauvageonne à joues creuses qui déteste les préparatifs culinaires semblait considérablement détendue. D’une voix douce comme le ronronnement d’un chat féru d'expéditions lointaines, elle ajouta :
-Mille fois merci, vous n’aurez pas à regretter votre choix. Je suis heureuse, vous ne pouvez pas imaginer à quel point car sachez que la plupart de mes amis ont fini par dénicher des situations certes, mais aucun n'en a trouvé de vraiment brillante. Dans presque tous les cas, ils se sont vus obligés d'accepter des salaires minables qui concassèrent leurs égos en minuscules morceaux. En substance, je serai digne de votre talent Monsieur Trite.
Dès lors, on lisait plus d’assurance dans le regard de la jeune femme.
-Maintenant, parlez-moi un peu des services que vous attendez de ma petite personne parce que moi à la base, j’ai une formation de journa...
L’artiste l’interrompit brusquement en hululant comme une chouette effraie :
-Plus tard, plus tard, plus tard, on a le temps que diable ! Vous voilà désormais mon agent de publicité ! Cela me met en joie ! Pas vous ?
En effectuant un mouvement galant, il lui fit un baiser sur la main puis, se trouvant excellent dans son rôle de séducteur, il s’empressa de pousser cette intimité un peu plus loin en essayant de lui passer la main aux fesses.
(à suivre...)
Enfin la suite ! ~~
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
Une forte lueur de surprise passa dans les yeux bleus de la jeune femme mais contre toute attente, elle n’explosa pas de rage. « Vaincre la colère, c’est triompher de son plus grand ennemi » disait un poète latin dont elle avait oublié le nom. Gillette se dégagea simplement de la tentative d’étreinte prononcée émanant du goujat en se réfugiant derrière le bedonnant Gordy. Elle lança quand même au chanteur un regard noir qui valait bien une gifle.
Plusieurs pensées lui sautèrent simultanément à l’esprit. Good Heavens ! Elle le voulait ce job, mais comment escalader la fameuse échelle de la vie dans ce monde d’hommes ? Finir comme une poupée de collection qui servirait de témoignage touristique ? Non merci ! En fin de compte, elle prit (pour une fois) l’option d’user d’un peu de diplomatie comme lorsque sa mère jadis trichait aux cartes face à des camionneurs irlandais pendant la crise de 29 se faisant hélas confondre en deux minutes...
En résumé, sa sublimité ne fut pas ébréchée, loin sans faut mais la belle Gillette se sentit à ce moment-là un peu comme une plante odoriférante perdue dans un grenier.
Elle pinça légèrement ses lèvres vermeilles parodiant ainsi les anciennes nobles taillées dans le patron des existences fortes et créatrices.
-Voyons Monsieur Trite, je ne suis pas celle que vous croyez...
Un silence gênant s’installa entre eux. Le crooner un brin contrarié prit une cigarette dans le coffret qui était ouvert devant lui sur le grand bureau en chêne, l’alluma et répondit posément :
-Voyons, ce n’est pas grand-chose n’est-ce-pas ? Nul doute que vous avez à repousser bien souvent des hommages manquant de discrétion.
Le charme discret de Gillette le fascinait. La frôler de sa main lui procura un immense vertige qu'il attribua à son enthousiasme.
Gillette étouffa une exclamation, puis sourit instinctivement. Au loin retentit une sirène ivre de rage.
- Hum... je prends peut-être une décision d’une hardiesse folle en vous engageant ajouta l’artiste en envoyant d’un coup sec l’allumette qu’il venait d’éteindre dans une corbeille à papier.
(à suivre...)
Ingrahou !
La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts
Subitement, le chauve Gordy fouilla dans sa poche et en sortit un grand mouchoir blanc. Il souffla dedans bruyamment tout en regardant ses chaussures en cuir de marque anglaise.
Miss Rush passa une main nerveuse dans ses épais cheveux bruns. Décidément, ce chanteur se comportait vraiment comme un enfant, il n’établissait pas vraiment de limite à ses attitudes. Fallait-il pour autant passer en mode défensif ? Il conviendrait d’ores et déjà de tenir compte des circonstances avant de les interpréter ou de les appréhender comme un danger pensa-t-elle.
Un long silence évoquant la condition de la femme moderne s’éternisa entre eux.
Ed Trite changea brusquement de visage et de ton :
Il ouvrit alors un imposant placard où étaient alignés diverses bouteilles d’alcool. Après le petit incident qui venaient de se produire, l’homme comprenait que Miss Rush eût besoin d’un remontant.
-Tout compte fait, j’ai bien peur d’avoir manqué de courtoisie Mademoiselle. Je tiens à corriger la mauvaise impression que j’ai pu vous donner en vous offrant un glass.
-C’est le moins que vous ne puissiez faire. répliqua la jeune femme d’un ton cinglant.
-Je vous sers un Whisky ?
La jeune femme fit la moue.
-Non, merci.
(à suivre...)
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Ingrahou !
"La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts"
L' artiste ouvrit alors un second placard plus modeste contenant une bouteille de champagne et des flûtes. Gillette, fascinée, le regarda déboucher le Magnum avec aisance. Il remplit une flûte en cristal de baccarat presque à ras-bord et la lui tendit.
La jeune femme la prit délicatement n’osant cette fois-ci refuser.
Après s’être servi lui-même, Trite se tourna vers Gordy.
-Du champagne l’ami ?
-Un café me conviendrait tout à fait, il est encore bien tôt encore pour moi tu sais. Ed, voyons, sois raisonnable…
L’artiste considéra avec amusement l’air dépité de son manager.
-Allons mon vieux ! dit-il bruyamment en lui octroyant une claque amicale
-Qu’est-ce que je t’offre ? Un Whisky ? Martini ? Du Scotch ?
-Va pour un verre de Whisky.
Trite en versa le plus possible dans le verre et le lui donna d’un geste ferme.
-Ed, j’ai une moitié de ma famille allemande mais l’autre moitié écossaise. Attention, je peux boire quarante flûtes de ce genre à la suite ! Il s’esclaffa.
-Sacré Ed ! Tu me prends pour un cave ?Ahahaha !
De son côté, Gillette observait le crooner à la dérobée. Pour tout dire, elle se méfiait de ce genre de type. Il semblait si désabusé, un brin loufoque comme toutes les vedettes aussi un mince sourire s'étira sur ses lèvres mais ses yeux étaient durs.
Avec amabilité, Ed Trite invita la jeune femme à prendre place dans un grand fauteuil confortable puis se tourna vers Gordy.
-Chiche ?
-Chiche quoi ?
-Comment envisager une vie qui serait constamment empoisonnée par la monotonie ?
-Hein ?
-Je suis un homme très pris mais qui aime se divertir donc je vais jouer rapidement cartes sur table avec toi.
-Pardon ?
-Parfaitement mon gros chauve, tu joues au solide écossais devant Miss Rush mais je parie que tu n’es pas capable de boire quarante flûtes de ...whisky.
Le spectre monstrueux de la rivalité insondable envahit l'espace où fermente la bêtise humaine. Comme chacun sait, un homme ne plaisante jamais quand il s' agit d'une chose aussi sérieuse qu'un pari stupide.
-J’sais pas Ed… répondit Gordy tout en regardant piteusement son employeur.
Le crooner décrocha alors le téléphone et dit un seul mot étrange : "Tab"
-Hé ! Ed ! lança le gros manager pour rompre l’atmosphère glauque, et si tu nous réveillais avec ton piano ? Il faut commencer la journée de manière optimiste non ?
-Quelle bonne idée ! s’exclama Gillette en s’enfonçant dans le moelleux fauteuil carmin. Une boule de chaleur lui inonda aussitôt l'estomac. En femme de goût, elle s'évada par la pensée de cette situation braque.
-Gordy, tu voudrais peut-être que je joue ma chanson fétiche : « She took a deep breath » ?
-Tu serais un chic type Ed !
-Non.
(à suivre...)
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Ingrahou !
"La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts"
Maintenant l’angoisse se lisait sur le visage de Gordon Horf. Il tranpirait à grosses gouttes tandis que Trite alluma une énième cigarette.
-Bon sang ! Que cherches-tu exactement Ed ? Tu crois que l'agence publicitaire Bard-Campbell est ton terrain de jeu ? Ne nous égarons pas mon jeune ami et comme dit un vieux proverbe allemand "Une eau potable est une eau que l'on peut mettre dans des pots."
Le jeune ami en question secoua vigoureusement la tête.
-C’est pourtant très simple, non ? Je pense que tu es incapable de boire quarante verres de whisky, je veux en avoir le coeur net, c’est tout.
-Mais c’était une boutade mon gars, passons à autre chose veux-tu ? En plus, vois comme tu mets mal à l’aise Miss Rush.
A ces mots, Gillette, paupières à demi-fermées, fit un geste d’approbation.
Ed tira une longue bouffée de la cigarette qu’il serrait entre ses doigts fins et fit signe à son manager de s’asseoir.
-Non Gordy, non, c’est trop tard maintenant.
-Voyons Ed...
-Gordy, je me trouve à une distance idéale pour te décocher avec un maximum de puissance un violent coup de poing…
Cette réponse très rude peut-être, mais incontestablement claire produit un certain effet. Pour calmer l’agressivité et l’outrageante ironie de l’artiste, Gordy se mit à siffloter « She took a deep breath ».
Soudain, un brouhaha parvint du couloir après le claquement d’une lourde porte. Quelqu’un frappa soudain très violemment à la porte.
Terrorisée, Gillette baissa le nez sur sa flûte à champagne en se demandant comment s’esquiver discrètement.
On hurla :
-Ed ! Ouvre !
-Entre idiot. dit simplement le crooner.
Un robuste bonhomme déboula le corps inondé de mauvaise sueur. Il avait une expression ahurie à faire peur.
(à suivre...)
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Ingrahou !
"La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts"
Eugenio Attilio Tabellini dit « Tab » était le fidèle garde du corps et homme à tout faire du chanteur. D’origine italienne, ce colosse au visage rond ne brillait pas par son intelligence comme si un ressort imaginaire avait propulsé son cerveau vers d’autres sphères lointaines. Il avait le regard du peintre abstrait conduisant une voiture volée.
Son pauvre père le suppliait souvent de mettre un terme à cette vie étriquée mais Tab refusait catégoriquement bien résolu à gagner son salaire un poing américain et un trousseau de clefs dans la poche gauche de son veston. Il rêvait secrètement d'un pimpant cottage. Construction bleue et basse avec un charmant living-room percé d'une large baie donnant sur l'océan, un lieu de rêve, isolé du reste du monde où les mouettes provoquent le soleil. On peut signaler pour finir que ce brave géant demeurait le souffre-douleur attitré de son maitre vénéré.
Pour l’heure, le moment n’était pas à la dolce vita pour le gaillard, ses sens étaient tendus cherchant une exhibition agressive de sa force en un lieu de violence.
-Tu as besoin de moi Ed ? Tu veux un coup de main Boss ? Dans les yeux de la brute, on lisait de l’enthousiasme, de la soumission, du respect.
-En effet Tab. dit calmement le « Boss », je veux que tu me rapportes quatre bouteilles de whisky à 45°. Capice ? Ah, et en passant, tu diras à la secrétaire de ne pas nous déranger de toute la matinée.
-Pourquoi tout ce whisky Boss ?
- Disons que le caractère vantard de notre ami Gordy mérite d’être maté une bonne fois pour toute.
-Je ne comprends pas…
-Je souhaite mon secourable Tab que graduellement, avec une progression lente et savante, les évènements se précipitent et atteignent bientôt le paroxysme de l’effroi.
Et parce qu’il n’était pas habitué aux raisonnement, aux déductions précises, Tab partit en courant accomplir sa tâche de larbin éternel sous le soleil de l'ancien état esclavagiste.
(à suivre...)
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Ingrahou !
'''La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts"
Jambes croisés sous la jupe étroite, Gillette leva les yeux au ciel.
-Ecoutez, c’est ridicule de se mettre en frais pour un simple pari. Je vous signale que mon entretien d’embauche n’a duré que le temps d’une goutte d’eau sur un radiateur Bundy en état de fontionnement. Votre sotte vanité d’artiste ne m’amuse pas, je reviendrai un autre jour.
-De quoi vous plaignez-vous Miss Rush ? Je viens à l’instant de confirmer votre engagement, c’est ce que vous vouliez non ? Vous seriez bien ingrate de nous fausser compagnie alors que j’ai besoin de témoins pour notre petit défi. Capice ?
Au bout d’un instant, Ed Trite poursuivit :
- J’ai l’intention de tailler ma carrière dans l’étoffe de laine des conflits humains. Certains diront que je cherche par tous les moyens à extérioriser mon ego par des attitudes outrancières cependant, je ne cherche qu’à transmettre ma sensibilité tourmentée à la face du monde. Pour l’heure, laissez-moi seulement je vous prie construire mon propre délire interprétatif autour de mon cher manager.
Le front du pauvre Gordy se barra d’un pli inquiet, il avait de plus en plus de mal à déglutir. Il bu son verre d’une traite et dit d’une voix d’une gravité surprenante :
-Il est évident que tu as l’intention de me soûler, je m’y refuse catégoriquement, c’est indigne de toi Ed. Je pense que tu comportes des dissociations mentales et un dédoublement de personnalité en nous montrant ce matin l’exemple du cas de schizophrénie le plus vif, le plus dangereux qui soit. Enfin bref, en substance, tu es devenu dingue...
-Qu’est-ce que tu crois ? C’est moi qui commande ici parce que je suis le Boss, as-tu oublié ?
Gordy se sentit touché par cette phrase.
-Moi, à huit ans, je vendais des cacahuètes aux militaires des îles Hawaii !
-Et moi, par désœuvrement je souhaite que tu boives quarante coupes à champagne, de whisky pardon, l’une derrière l’autre sans rouler sous la table bien sûr. Je suis prêt à parier voyons…. (il adressa un coup d’oeil oblique à sa future attachée de presse) voyons… l’artiste en pleine méditation promena pendant une bonne minute deux doigts sur son front tel un businessman passionné qui entreprend des choses dans un but mercantile.
(à suivre...)
Ingrahou !
'''La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts"
Soudain, il rugit en haussant les sourcils :
-Je sais ! Ma Jaguar neuve ! Ma Jaguar neuve ! Ma Jaguar neuve !
« Jaguar » ce mot frappa Gordy comme une balle, son pouls se mit à s’emballer vivement. Il s’était attendu à bien des choses, mais pas à cela. L’homme obèse finit son verre en un claquement de langue.
-Ta Jaguar neuve ? Ta jaguar neuve ? Parole de scout ? J’accepte ! Pari tenu !
A son tour, Gillette au bord de l’évanouissement vida son verre d’une traite.
Ed Trite la dévisagea surpris.
-Allons Mademoiselle, ne vous mettez pas le sang à l’envers, ce n’est juste qu’un pari entre gentlemen, remettez-vous plutôt de vos émotions en buvant une autre coupe de champagne.
Joignant le geste à la parole, il servit à nouveau la jeune femme et Gordy par la même occasion. Lui-même sans s’en rendre compte venait d’avaler son troisième verre de Whisky et ses yeux brillaient d’une lueur inquiétante.
Gillette lui avoua avec franchise
- Vous avez quand même le don d’extirper les gens de leur alvéole, il faut le reconnaître. C’est pour cela je pense que le but premier de ma visite s’est dissous dans la dimension qualitative de votre immense énergie psychique.
??????
Après une nouvelle tournée de drinks, la conversation reprit dans une ambiance pleine d’entrain. La salle de réception paraissait traversée par une décharge électrique sous l’impulsion de ses hôtes. Désormais, l'affaire dépassait aisément le cadre de la banalité.
Ed Trite qui avait interrompu de brillantes études pour se consacrer entièrement à sa carrière de chanteur adorait à chaque instant de la vie faire le showman. Un éclair de magnétisme éclaira son regard.
-Pourquoi le nier ? Je ne brille pas par ma modestie ma chère Gillette, je prétends même que c’est une qualité qui ne mène nulle part. Je me suis tellement battue pour réussir… et pourtant rien n’a été facile au départ, je possède une généalogie assez complexe...
Gilette poussa un profond soupir.
Et moi ? Ai-je raison d’accepter votre offre soudaine ? j’ai l’impression que tous mes projets vont à vau-l’eau. Ne croyez-vous pas que le destin est souvent la manifestation de forces magnétiques poussées par les vents violents du hasard ? Elle porta sa flûte à ses lèvres.
-Quoi qu’il en soit, j’avoue que la logique de votre comportement m’échappe. Parier une voiture neuve de très haut de gamme…
- Plus précisément Une jaguar XK 120 ajouta fier de lui le crooner.
(à suivre...)
Ingrahou !
''''''La grandeur interne de l'insecte scintillant de mille dégoûts"'''
Gordy fut parcouru d’un long frisson. Il sentit ses joues s’enflammer alors, il but une autre gorgée de whisky pour se donner une contenance.
-Ed, tu es fantastique ! Tu ne plaisantais pas alors ? T’es un as ! Une jaguar XK 120… il faillit avaler de travers.
-Je suis heureux que mon whisky te plaise mon vieux. répondit la vedette imperturbable mais tu sembles vraiment sûr de toi... attention, si tu perds ce pari, je te demanderai une petite faveur, ok ?
-Laquelle ? Je me méfie car ce n’est pas la première fois que tu te conduis de manière aussi extravagante !
- Tu verras bien d’ailleurs, je n’ai aucune chance de l’emporter n’est-ce pas ?
-A coup sûr Ed ! quarante verres ? Du gâteau pour moi !
-Alors, le pari est validé ! s’exclama le crooner en serrant vigoureusement la main de son manager.
A ce moment, on frappa à nouveau à la porte.
-Cela doit être ce diable de Tab !
Tab arriva les bras chargés et entra lentement.
-Que se passe t-il ici ? Dit le gorille tout en avançant au milieu de la salle.
Il regarda autour de lui en faisant un effort pour se concentrer et subito ses yeux de tueur tombèrent sur Gillette. Il lui sourit bizarrement.
Dans son coin, la jeune femme éprouva un instant de panique, elle était à nouveau déchirée par des sentiments contradictoires, se lever et partir tant que la porte était ouverte ou bien rester pour assister à la suite des évènements ?
Tab ne se posait pas ce genre de questions, il se dirigea droit vers son Boss en bon chien fidèle.
-Je ne me suis pas trompé, j’ai trouvé six bouteilles de Whisky , des hamburgers et de quoi faire des Banana Split ! Tu vas te marier Boss ? Avec cette chouette poupée ? On fait la fête alors, faut faire la fête, ça oui ! Il reste du Coca-Cola Ed ? Parce que moi le whisky je supporte pas ! Au bout de trois verres, j’ai comme un camion de pompier qui zigzague dans ma caboche.
Le crooner fit un geste vague .
- Le whisky, c’est pour Gordy, toi, tu vas faire le barman, capice ?
Tab tourna un regard dubitatif vers son Boss.
-Je vais tout t’expliquer Tab, j’espère seulement que tu vas comprendre rapidement…
-Comment peux-tu en douter Boss ? fit Tab offensé.
(à suivre....)