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Sujet : La guerre civile, partie II [1992-1995]
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Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:41:38

Chapitre 1

L’effondrement de l’URSS venait de marquer la fin d’une période. C’était angoissant de vivre cette chute, car on ne savait pas ce qui allait se passer dans les prochaines années. Nous savions simplement que beaucoup de choses présentes dans les anciennes républiques soviétiques ne vaudraient plus un sou. Il y avait des rumeurs qui disaient bien qu’après la chute du Mur, le matériel militaire de l’Armée Rouge était bradé. Et elle fut confirmée.

C’était la première semaine de janvier. Etant donné que nous étions au courant des évènements qu’il y avait de l’autre côté de chez nous, Giovanni décida d’aller en Ukraine pour racheter à prix cassé des armes et des munitions. Et pour cela, il fit appel à des centaines d’habitants motivés qui possédaient des fourgons et des camions à plateaux afin d’en prendre le plus possible pour armer tout le monde, mais aussi les communes alentours.

Les premières lueurs du jour se firent remarquer lorsque l’on prit la route pour l’Ukraine. Le convoi était derrière et nous roulions sur ces longues plaines où des nappes de brumes se faisaient présentes. Lorsque nous arrivâmes à la frontières, les douaniers étaient impressionnés par la taille du convoi et dirent à Giovanni qu’ils ne savaient pas ce qu’ils préparaient, qu’ils ne tenaient pas à le savoir mais qu’au vu de notre provenance ils n’étaient pas prêts à recueillir des réfugiés. Ils refusèrent de contrôler nos passeports malgré l’insistance de notre chef. Le douanier refusa jusqu’à ce que Maurizio lui tendit une liasse de billet, en dollar américain. Le regard de l’homme se mit à briller, puis il ordonna à ses hommes de nous laisser passer et nous salua en partant.

Giovanni se tourna vers moi et me dit « Tu vois, gamin, c’est comme ça qu’il faut se comporter dans la vie. Si tu veux obtenir quelque chose, alors tous les moyens sont bons pour y parvenir ». C’était quelqu’un de cynique, j’aimais bien cette façon de penser qui pour moi semblait signifier qu’on pouvait se comporter comme on voulait si on avait rien à perdre. Maintenant, avais-je vraiment envie de le mettre en pratique ? Ca c’était une autre question Je crois que quand on commence à prendre en modèle quelqu’un, on peut pas s’empêcher de s’imaginer comme lui c’est-à-dire sûr de soi et de ce qu’on fait.

On avait roulé pendant toute la journée. Nous étions tous fatigués lorsque on passa la nuit dans une petite ville ukrainienne. Je ne me souviens plus du nom. On s’était arrêté dans un genre de gîte qui avait un bar. C’était plutôt rustique, le patron était déjà quelqu’un de nostalgique de l’ère soviétique. Selon lui, c’était vraiment un drame de voir ce régime à présent effondré, qui appartenait à présent au passé, et une fragmentation de ce pays. A cette époque là, c’était vraiment inquiétant de voir la chute de l’URSS car il y avait eu beaucoup de pauvreté dans les anciennes républiques socialistes et que la situation était très tendue. Le patron nous servit à tous un shot de vodka et il rigola quand il me vit toussoter. Les chambres étaient très propres, c’était très agréable pour moi de dormir dans un vrai lit alors que nous dormions soit à même le sol, soit dans des lits de camps. Dormir sous des couvertures donnaient des sensations qui ne sont pas les mêmes que lorsqu’on dort plusieurs nuits d’affilées dans des sacs de couchages qui lorsqu’il pleut sont bien évidemment mouillés.

Le lendemain matin, après un copieux petit déjeuner, on repartit en direction d’une base militaire. Les soldats qui montaient la garde s’ennuyaient et cela n’avait plus de sens pour eux de la garder étant donné que le pays qu’il servait venait tout juste de s’effondrer. Le colonel qui nous accueillit avait le sourire et nous serra chaleureusement la main. Rapidement il nous fit un tour de la caserne en nous présentant l’équipement dont il voulait se séparer.

Tout était à prix cassé. On avait acheté pas mal d’armes, des casques, des grenades et des véhicules avec des mitrailleuses. On trouva même un arrangement pour que l’armée ukrainienne nous apporte par avion le matos. C’était génial car nous étions devenus un peu un genre de mini armée et on essayait même de recruter d’autres combattants qui provenaient de la région d’Obedian. La ville deviendrait certainement un bastion face à l’Armée Populaire.

En rentrant, nous étions accueillis comme des héros.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:41:56

Chapitre 2

A Ortiv, il y avait un gros rassemblement lorsqu’on revint d’Ukraine. Les gens sautaient de joie en nous voyant arriver avec des caisses d’armes et les leurs distribuer comme des petits pains. On leur annonça même que des avions viendraient bientôt afin de livrer les véhicules mitrailleurs. Les Casques Bleus voyaient cette scène d’un mauvais œil. Un Norvégien arriva pour parler avec Giovanni en lui disant que c’était pas une bonne idée d’armer de la sorte toute une population et les alentours. C’était un peu rajouter de l’huile sur le feu parce qu’à coup sûr il y aurait l’émergence d’un seigneur de guerre.

Giovanni rigola et lui dit que ce n’était pas son problème. Alors le soldat lui répliqua que cela pourrait le devenir un jour et tourna les talons. Maurizio essayait de le raisonner à ce niveau là car il voulait se battre, mais ne voulait pas avoir des ennuis, et son collègue s’en fichait complètement. Maurizio avait raison et même moi en prenant du recul quelques heures plus tard, je me rendais compte qu’on avait agit très mal. Bien sûr, j’étais d’accord pour que lutter contre les soldats de notre pays mais j’avais peur aussi que cette action là se retourne contre nous. Le village de nos grands-parents était paisible, c’était impossible à imaginer qu’un jour une milice serait créée pourtant Pavel Belograski, un simple boulanger, était devenu en quelques mois un chef de guerre qui avait massacré des gendarmes et les avait fait décapiter. Dieu sait quel autre connard cette guerre pouvait créer.

Je crois que cette fois nous avions été beaucoup trop loin, seulement nous n’en avions pas conscience. On était vu comme des libérateurs, comme des héros par une bonne partie de la population. Même en soit les Casques Bleus étaient bien vu, ils donnaient aussi l’espoir de ne pas voir leur ville se faire raser par des bombes. Ce qu’ ils ne comprenaient pas, c’est que c’était des soldats qui étaient simplement là pour atténuer les tensions et voulaient qu’eux aussi se battent à leur côté. Alors très souvent on pouvait voir des enfants, des vieillards ou mêmes des ouvriers leur demander pourquoi ils étaient là si c’était pas pour tuer. Et c’est vrai que même moi au début je ne connaissais pas leur utilité. Je croyais qu’ils étaient aussi là pour défendre militairement des villes, mais pour désarmer les deux camps et leur assurer du soutien logistique.

Notre chef corrompait volontiers ces soldats qui étaient Norvégiens afin qu’ils mentent en disant que la population acceptait qu’ils soient là pour les aider et qu’ils n’étaient absolument pas armés. Pour ma part, c’était un mensonge assez gros et je me demandais comment l’ONU pourrait gober un truc pareil tellement c’était insensé et peu crédible.

Cela faisait plus d’un mois que nous étions à Ortiv et cette fameuse offensive, nous l’attendions toujours. Les habitants n’attendaient que ça mais je crois que l’embuscade de décembre les avaient pas mal dissuadés à recommencer à nous voir. Cela dit, ce n’était pas une raison pour baisser notre garde et nous avions très souvent des infos de l’armée américaine pour nous signaler du nouveau dans notre zone. Selon eux, il n’y avait aucun signe d’un retour de l’Armée, que par conséquent notre présence n’était plus nécessaire. De toute façon, il y avait encore les Casques Bleus pour gérer la sécurité de la ville et les Allemands n’étaient pas loin de la ville.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:42:12

Chapitre 3

Nous décidâmes de quitter la ville pour nous rendre à….ben on ne savait pas où. En quelques sortes nous étions en attente d’une nouvelle mission donc c’était stand-by. Par conséquent, on squattait une vieille maison abandonnée par leur propriétaire. Je me sentais mal à l’aise parce que c’est comme si on pénétrait chez quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Il y avait des affaires qui traînaient et par curiosité, je pris un album photo. Il s’agissait d’une famille d’agriculteurs qui avait eu la chance d’avoir la visite il y a quelques années du chef du Parti. Le père souriait en serrant la main du président et sa femme souriait devant une moissonneuse-batteuse. Les enfants, eux étaient assis par terre en train de rire.

Je me demandais ce qu’était devenue cette famille. Avaient-ils fuit ? Etaient-ils encore en vie ? On ne le saura sans doute jamais. Il y avait encore de l’électricité dans la maison, le frigo était encore plein mais la bouffe avait pourrie depuis quelques temps déjà car il y avait des vers. J’avais envie de vomir. Alors, on continuait à encore manger des rations et ce que les gens nous donnaient parfois. Maurizio savait s’y prendre pour demander de la bouffe à des fermiers qui partageaient volontiers leurs aliments. Ils étaient quand même un peu effrayés lorsqu’ils nous voyaient débarquer. C’était normal, je les comprenais totalement.

On arriva au mois de mai. Les paysages étaient redevenus verdoyants et de temps en temps, nous avions droits à des giboulées qui donnaient de magnifiques arcs-en-ciel sur les plaines avec en fond des nuages noirs. C’était pour ça que j’adorais le printemps, la nature revit et tout redevient agréable. Mais ces derniers printemps avaient une saveur particulière qui faisait qu’on ne profitaient plus du tout de la vie. Pour moi, c’était comme si cette période de paix, de prospérité, était finie pour de bon, ce serait plus possible de revenir comme avant. Alors pendant de longs moments de pause, je ne pouvais pas m’empêcher de m’asseoir par terre et de regarder droit devant moi, en train encore de penser à ma famille.

Je me demandais comment ils allaient, à quoi ils ressembleraient quand je les reverrais, s’ils me reconnaîtraient, si je verrais la fin de cette guerre, si mes grands-parents seraient toujours en vie et surtout ce que je deviendrais après tout ça. Je me surprenais encore à me demander ce que je serais en train de faire ce jour là à cette heure-ci si j’étais pas dans ce putain de 4x4 avec un fusil entre les mains. Ce sentiment de nostalgie était vraiment horrible, on se surprend toujours à regarder dans le passé et on reste toujours dans une forme de déni, comme si on refusait de voir la vérité en face.

Ce que nous faisions, c’était littéralement du vagabondage et heureusement qu’on avait le droit de traîner dans les campements américains pour se reposer et se ravitailler. Généralement, nous étions toujours bien reçu par ces derniers. Le soir, ils organisaient toujours des genres de petites fêtes, de petites animations ce qui était très sympa. Nous mangions assez souvent avec les officiers qui passaient leur temps à rigoler et à faire des blagues. Il n’y avait pas un esprit de guerre ni de bataille qui traînait ici. Honnêtement, ça me plaisait beaucoup.

CBS était présente, comme de nombreux autres médias Américains qui avaient des journalistes passant leur temps à s’ennuyer dans le campement. Les cameramans regardaient le ballet des hélicoptères mais semblaient blasés par ce spectacle sans doute quotidien pour eux. Les soldats nous emmenèrent avec eux en patrouille dans un village afin de frapper à la porte des maisons pour voir si les habitants ne cachaient pas des anciens membres et employés du gouvernement.

Je crois que ça été un moment dur pour moi, parce que j’avais l’impression d’en vouloir à des gens que je ne connaissais et dont je penses qu’un certain nombre n’avait aucuns liens avec cet ancien gouvernement.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:42:32

Chapitre 4

Le village était plutôt grand et les curieux sortaient de leur maison pour voir ce qu’il se passait. Dans le Hmvee de tête, un soldat se mit à la mitrailleuse et se mit à pointer des villageois pendant que ses collègues descendirent pour se mettre en patrouille afin de contrôler chaque habitant. Même les enfants. Tout le monde était dans l’incompréhension. Une femme sortit en pleurant et en s’agenouillant devant un soldat le supplia de ne pas la tuer. Le soldat la regarda et lui hurla de dégager, il lui donna un coup de pied dans la poitrine. Un témoin commença à s’énerver et bouscula le soldat. Il se fit frapper et un autre type vint lui donner un coup de crosse de M4 dans la tête.

Le villageois se retrouva par terre inconscient et saignant du nez, personne pour le ramasser. Lorsqu’ils étaient en dehors de leur campement, ils se comportaient vraiment comme des pourritures. Aucuns hommes de notre groupe ne décida d’agir. On regardait bêtement faire sous les yeux d’habitants médusés par cette scène qui les laissaient faire, tellement ils avaient peur d’eux . Ils ne comprenaient pas ce qu’on leur voulait, pour eux on devait les protéger et pas les maltraiter.

Et je crois que c’est à cause de genre de comportement qu’il y avait cette haine qui montait. C’était pas contre la coalition, mais surtout contre les Américains. Lorsque nous aidions les Casques Bleus ou alors les Allemands, les Français et les Britanniques, il n’y avait absolument aucuns problèmes même s’il y avait un peu de méfiance mais au bout d’un moment ils étaient vraiment accueillis à bras ouverts. C’était du coup pas rare que des enfants se fassent prendre en photo dans les blindés ou sur les épaules d’un soldat souriant. Les Américains cherchaient à débusquer des employés et des membres du gouvernement qui s’étaient dispersés. Selon le commandant Norton, le chef du Camp Franklin, ils se feraient juger. En quelque sorte, c’était un nouveau procès de Nuremberg qui se ferait un jour.

Ma mère ayant justement travaillé pour le gouvernement, j’avais peur pour elle qu’ils décident d’aller plus loin en cherchant partout les fonctionnaires du Parti et du gouvernement. Je me contenta alors de simplement hocher la tête et de faire semblant de trouver ça normal. Ils ne connaissaient pas du tout mon passé, c’était mieux ainsi, ils savaient néanmoins que ma famille s’était réfugiée en Allemagne mais sans plus. J’hésitais à lui envoyer une lettre pour la prévenir sauf que les services postaux étaient quasiment paralysés et qu’ensuite, je ne savais pas du tout à quelle adresse ils résidaient.C’ était la même chose pour le téléphone. Cela me laissait impuissant.

Quelques jours plus tard, je devenais l’homme le plus heureux du monde très certainement. Ma rencontre avec elle avait été très émouvante et je revis Marion Schmidt, la journaliste Allemande. Sa rédaction l’avait envoyée dans ce camp militaire et les larmes coulèrent sur mes joues quand je la vis. Chaque jour de ce conflit, je n’avais cessé de penser à elle. je la serrait dans mes bras pour pleurer sur ses épaules.

Je n’avais pas honte de ça parce que pour moi c’était normal de relâcher la pression, et encore une fois c’était la seule belle femme que j’avais vu depuis quasiment deux ans. J’étais littéralement tombé amoureux d’elle. Je ne voulais juste plus la quitter, je n’avais plus envie que nos chemins se séparent une nouvelle fois. Elle me souriait et était aussi contente de me voir. Marion en profita pour me faire venir avec dans sa tente. Nous nous racontions tout ce que nous avions vécus depuis notre première rencontre. Pour elle, c’était une bonne chose que mes parents soient partis en Allemagne et me proposa même de les retrouver pour qu’une fois la guerre terminée, je puisse les retrouver.

Marion était toujours aussi élégante mais son caractère avait changé. Au début, je la voyais peu confiante en elle et surtout mal à l’aise. Aujourd’hui c’était une jeune femme sûre d’elle, charismatique et qui savait très bien ce qu’il fallait faire. Dans ce milieu très masculin, cela faisait plaisir de voir une femme en robe et en escarpin. Son maquillage lui allait très bien et ses ongles étaient fraîchement vernis. Je suis quasiment sûr que si on l’envoyait sur le plateau, elle ferait vraiment fureur auprès des téléspectateurs.
Lorsque je fut assis sur son lit de camps, elle me tendis une bouteille d’eau et tint absolument à ce que je lui dise ce que je faisais alors je lui raconta tout mon parcours depuis que j’étais mercenaire. Cela l’impressionna beaucoup mais ne comprenait toujours pas mon choix que je lui expliqua volontiers. Pour sa part, elle avait couvert la tentative de putsch et l’annonce de la démission de Gorbatchev en décembre à Moscou l’année précédente. Son passage serait très bref ici puisqu’il y avait également une guerre civile en Yougoslavie. Je n’étais même pas au courant si bien que je croyais même au début qu’elle me faisait marcher.

Je n’avais pas envie qu’elle parte, à la limite je voulais même la suivre. C’était ce que je lui confiait jusqu’à ce qu’elle me dise que ce n’était pas possible car je devais faire mon devoir et qu’elle m’admirait pour ça. « Un jeune comme toi qui se bat avec des mercenaires, ce n’est pas tous les jours que je vois ça. C’est bien que tu fasse ça. Alors ne fais pas de conneries » m’avait-elle dit. Quand elle repartit trois jours plus tard, je l’embrassa sur la bouche et elle se mit sur la pointe des pieds alors qu’elle portait sa paire de botte en cuir à talon hauts. Je lui tint la main jusqu’à son minivan et elle mit ses lunettes de soleil pour me dire au revoir. Je crois qu’elle devait être en train de pleurer, car une larme coula de sa joue gauche.

J’étais un homme heureux cette semaine là, j’en avais bien profité et Giovanni me le fit payer. Il me sortit « Ta rouquine, c’est pas sûr que tu la revois un jour » et cracha par terre. Mon sang fit un tour et je sauta sur lui pour le frapper. L’italien tomba par terre. Je lui donnait plusieurs coups de poings dans le visage jusqu’à ce que Maurizio et un autre italien me soulevèrent pour me séparer. Giovanni peina à se relever et je crois que je lui avais pété le nez, lorsqu’il s’approcha de moi je reçus un violent coup de poing dans la mâchoire qui me fit tomber à terre. Ce salaud m’avait pété une dent et il me cracha à la gueule.

Je me sentais humilié. Un infirmier examina l’intérieur de ma bouche et me soigna. Il me disait qu’il avait remarqué que c’était un enfoiré depuis le début et que mon attitude vis-à-vis de la journaliste était tout à fait normale, que je n’avais pas à culpabiliser de fondre en larme dans ce genre de situation. C’était vraiment un chic type. La question qui me turlupinait, c’était de savoir si ce qu’il y avait en Yougoslavie était vraiment grave ou pas du tout. Il me répondit « C’est très moche ce qui est en train de se passer là bas, c’est même pire que ce qu’il y a ici ».

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:42:53

Chapitre 5

Cette nouvelle me faisait vraiment froid dans le dos, surtout j’avais peur des représailles de la part de Giovanni. Il s’était vengé une fois, mais il chercherait certainement une raison supplémentaire pour que je sois sa tête de Turc et c’était hors de question que cela arrive. La tentation de déserter devenait de plus en plus forte. J’étais follement amoureux d’elle, ça me semblait évident d’essayer de la rejoindre mais au fond j’avais quand même quelque chose qui me retenait d’y aller.

C’était comme une intuition. Une intuition qui me disait que ça ne valait pas le coup de prendre le risque de m’enfuir pour ensuite marcher pendant de longs jours jusqu’à la frontière ukrainienne, puis passer par la Hongrie ou la Roumanie pour me retrouver en Serbie et de là, ben je ne savais pas où elle serait. Alors je préférais rester dans ce camps à déprimer de voir que nos chemins ne se rejoindraient peut être plus, que c’était peut être la dernière fois que je la verrais. Du coup, marcher dans la boue comme on continuait de le faire était le seul moyen de penser à autre chose.

Mais très clairement, depuis que je l’avais vu il y avait une sorte de changement en moi. Peut être que je n’avais plus cet esprit combatif, peut être que j’avais fait vraiment le mauvais choix en restant ici. Je ne le savais pas et dans un sens, peut être que mon combat n’a pas été vain. En tout cas, Giovanni nous balança un jour à chaque une liasse de billets. Chaque fois que je le voyais, il me faisait toujours des mauvais regards. Je crois que tout simplement il ne s’attendait pas à ce que je le frappe un jour. Maurizio me tapotait l’épaule à chaque fois et me chuchotait « Tu as fait ce qu’il fallait, c’est très bien ».

Maurizio était le seul qui me soutenait, qui compatissait vraiment avec moi. C’était un ancien carabinier qui cherchait du sens à sa vie. Mercenaire était pour lui la bonne chose parce qu’il n’avait pas de famille et qu’il était solitaire. C’était quelqu’un de vraiment très humain qui cherchait à fraterniser avec les civils. Beaucoup le regardait pour ça d’un mauvais œil. Tous s’en foutaient d’eux mais je crois que ce qui les intéressaient c’était surtout les femmes.

Une fois, on passa la nuit dans un village et des combattants ont profité pour baiser avec des femmes. Ca ne m’étonnerait même pas que certaines soient tombées enceinte à cause d’eux mais pendant qu’elles devraient en chier pour s’occuper du bébé, eux seraient en Italie en train de profiter de leur argent. Je trouvais ça injuste et dégueulasse pour elles. Certaines se sont faites violer et d’autres qui refusaient leur avance ont été retrouvées égorgées, en train de pisser le sang. Giovanni en faisait parti. Il prenait des photos de ces cadavres de femmes qu’il avait tués pour dire aux soldats Américains que de terribles massacres avaient été menés par l’Armée Populaire.

Il y avait eu effectivement des massacres commit par cette Armée, c’était de vrais carnage où parfois on traversait des villages complètement brûlés avec ce qui semblait être des corps complètement carbonisés. C’était horrible de voir ces figures noires qui étaient vraiment méconnaissable et aussi ces corps criblés de balles où l’on pouvait encore lire la peur et la douleur sur leur visage. Tous n’étaient pas épargnés, il y avait aussi bien des bébés que des vieillards inoffensifs qui en étaient victimes. Encore aujourd’hui ça m’arrive de voir la nuit ces images de cadavres complètement calcinés.

Très souvent nous discutions ensemble en prenant un verre de whisky. Pour lui, si je tenais vraiment à elle alors je devais la rejoindre et il était prêt à me servir de complice pour ça. C’était vraiment chaud à prendre comme décision car pour moi, c’était une grosse prise de risque que de déserter de la sorte. Je ne savais pas ce que je risquerais à le faire. Finalement au bout d’un moment l’idée me passa au-dessus de la tête. On recommençait les patrouilles tout en contrôlant les habitants de chaque villes et villages.

On devait fouiller chaque pièce, tout était permit. C’était quelque chose de vraiment dangereux surtout qu’on avait peur d’un engin explosif caché qui nous explose à la gueule. Et cela arriva un jour où l’on fouillait une maison en particulier. Les services de renseignements américains avaient dit que dans une maison de Ozero, une petite ville de campagne, se cachait des partisans du gouvernement. Giancarlo, un mercenaire, rentra à l’intérieur avec Maurizio. Ils fouillèrent toute la maison ainsi qu’un placard. Maurizio avait trouvé une petite caisse qui contenait une carte et une lampe torche ainsi qu’un pistolet. Lorsqu’il tenta de retirer la lampe, une violente détonation se fit entendre.

Je couru à l’intérieur de la maison qui était enfumé et j’entendais d’atroces cris de douleurs, je le vis tituber avec les bras complètement arrachés et le visage brûlé. Maurizio s’effondra et lorsque je le retourna pour lui faire un massage cardiaque, il était déjà mort. Les occupants tentèrent de s’enfuir mais Giovanni leur tira à chacun une rafale dans le dos. Giancarlo avait été projeté par le souffle de l’explosion contre un meuble et s’en tira avec simplement le bras cassé. On transporta son corps jusque dans un champs où l’on l’enterra avec une croix faites avec des branches d’arbres.

La cérémonie avait été brève. Le chef lu un extrait de la Bible, nous fit faire le signe de croix et on s’en allèrent. J’étais juste déprimé de sa disparition. Je n’irais pas jusqu’à le considérer comme un frère ou un père pour moi mais cet homme m’avait toujours soutenu. Il avait toujours été très sympa avec moi. C’était aussi un protecteur. Nous étions proche tout les deux. Giancarlo avait le bras plâtré et restait toujours sur la banquette arrière d’un de nos véhicules. Il passait son temps à fumer une cigarette ou à boire dans une petite flasque du whisky. Chaque fois il secouait sa tête car c’était trop fort pour lui.

C’était devenu un vrai handicap pour nous, on ne savait pas du tout combien de temps il serait dans cet état, on ne pouvait pas assurer sa défense. Alors Giovanni proposa qu’on l’abandonne à son sort et que s’il était capturé, tout serait fait pour qu’il soit libéré, à condition bien sûr qu’il soit encore en vie. Beaucoup était d’accord. Après concertation, Giovanni lui ordonna de sortir de la banquette arrière et de dégager. Giancarlo protesta, ils commencèrent à se disputer en Italien, le chef le poussa et lui fit signe de marcher le plus loin possible. Lorsqu’il commença à partir avec ses affaires, Giovanni chargea son pistolet pour lui tirer une balle dans la tête. Je partis ramasser son paquetage et je le mit dans le coffre.

Deux hommes étaient morts. C’était une tragédie surtout quand on sait qu’on avait subit aucune perte humaine depuis la formation du groupe fin 1990. Il me faisait de plus en plus peur, ses réactions devenaient de plus en plus imprévisible. Je crois que c’était un sentiment partagé par tout le monde. Cette peur se mua par des tentatives de fayotages, mais forcément ces dernières étaient très mal vues et il y avait de la discorde au sein de notre groupe. L’ambiance devenait de plus en plus pesante . Je n’avais pas envie de rentrer dans leur jeu, pour moi ça ne mènerait à rien et en plus ça pourrait se retourner contre moi un jour ou l’autre. A mon avis, beaucoup étaient même prêt à se tirer dessus « involontairement » pour dégager son rival. C’était vraiment malsain.

La nuit, je dormais très peu tellement j’avais peur de me faire planter gratuitement par un de ces mercenaires dans mon sommeil. Je ne voulais pas qu’on retrouve mon corps au petit matin dans un sac de couchage avec ma G3 en moins. Alors forcément, la journée j’avais des cernes qui me donnait plus l’air de ressembler à un gothique qu’autre chose. L’été était là et ce fut en pleine nuit, que je pris toute mes affaires et que je me barra à pieds.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:43:12

Chapitre 6

La nuit de ma fuite, il faisait très doux mais je n’avais absolument rien pour m’éclairer la route si ce n’était la pleine lune. Je voulais faire le plus de kilomètres possible, me cacher la journée pour reprendre la nuit suivante. Mon idée était de retrouver le camp de soldats Américains ou bien d’un autre pays. Peu importe tant que j’étais en sécurité. J’avais volé une carte dans le sac de Giovanni où il avait marqué au stylo tous les camps militaires présents dans la région et justement, je n’étais pas loin d’un campement allemand. Je fis cette découverte en pleine journée pendant que j’étais caché dans une forêt.

Facilement, c’était vingt kilomètres de marche encore à faire. Par conséquent, j’arriverais forcément le lendemain au petit matin et c’est ce qui se passa. Lorsque j’arrivais devant la barrière, un soldat me demanda de m’arrêter pour donner mes papiers. Il me parlais en Anglais et je lui expliqua ma situation. Il fit alors vite appeler son supérieur qui vint à ma rencontre, me parla et accepta que je rentre. Ils m’envoyèrent d’abord à l’infirmerie où un infirmier me posa encore tout un tas de question dont il nota chacune des réponses sur un formulaire.

J’avais très mal aux jambes, je mourrais de faim mais ce ne fut pas tout de suite que j’eus de quoi manger. Cela les impressionnaient vraiment de voir un jeune de mon âge être devenu mercenaire, s’enfuir et venir jusqu’ici encore en bonne santé. Pour eux, j’aurais pu faire un carton en passant dans des émissions de télévisions pour raconter mon histoire. A cette époque là, pour moi c’était vraiment pas envisageable de faire un truc pareil, car je n’avais pas envie d’être exposé dans les médias mais je le suis quand même devenu malgré moi. La fin de l’année arriva très rapidement et cela faisait depuis août que j’étais chez les Allemands. Je ne savais pas du tout combien de temps je resterais chez eux, surtout que j’avais eu droit à un interrogatoire de la part d’officiers et même des services de renseignements extérieurs, le BND. Les agents avaient tout fait pour me mettre à l’aise avec eux. Ca marchait car j’avais tout balancé sur mon groupe de mercenaire et j’appris qu’ils étaient accusés de crimes contre l’Humanité.

Cela me fit vraiment froid dans le dos, surtout que je savais très bien qu’ils en avaient fait pour accuser l’Armée Populaire qui avait déjà une sale réputation depuis le début de la guerre. Ils me confirmèrent cette information qu’il y avait eu des incohérences dans leurs renseignements auprès des Américains. A l’heure qu’il est, je n’ai toujours pas le droit d’en parler. L’Allemagne voulait absolument les traquer, tout comme la France et la Grande-Bretagne. J’étais pour eux une source fiable étant donné que j’avais été pendant un long moment avec eux. Dans l’ensemble, j’étais bien traités même s’ils étaient au début méfiant à mon égard, mais au fil des mois ils s’étaient rendus compte que je ne leur voulait aucun mal.

Peu avant Noël, il y eut la relève des troupes. J’eus la chance d’y participer. C’était vraiment très solennel comme cérémonie. Les fêtes de fins d’années étaient vraiment chaleureuses. Je passa vraiment un super réveillon de Noël et un 31 décembre vraiment fantastique où tout le monde s’embrassait et éclaboussaient de bière ses camarades. Tout le monde riait. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu autant de joie autour de moi. Le lendemain, le 1er janvier c’était calme et tout reprenait comme avant.

A présent, nous étions en 1993. Cela faisait quatre ans que j’étais dans ce pays en guerre, je ne savais pas du tout comment le monde avait évolué entre temps. Les jours se ressemblaient tous, même les fêtes et les jours fériés, ce qui faisait que j’avais perdu la notion du temps et cela me sidérait de savoir qu’on était quasiment au milieu de la décennie. Je m’estimais vraiment chanceux d’être parvenu à survivre alors que j’avais frôlé à plusieurs reprises la mort. Malheureusement, peu de monde dans ce pays pouvait se vanter d’en avoir fait autant que moi. Cependant, j’avais quand même accepté de rejoindre l’armée en ayant droit à un genre de dérogation spéciale car je leur servirais d’interprète.

Ainsi, je me retrouvas dès le mois de janvier comme mitrailleur à bord d’un Léopard A2 de la Bundeswehr. Le chef du char me fit visiter l’intérieur et me présenta le reste de l’équipage. Je m’entraînais avec la mitrailleuse qui était vraiment très facile à utiliser. On pouvait vraiment patrouiller pendant le longues heures. En revanche, nous étions les plus mal vu.

Dans beaucoup de villages que nous traversions, les gens étaient vraiment très hostiles à notre égard et ils hésitaient pas à nous balancer des fois des tomates à la figure, ils nous insultaient de « fils de pute » et de nazis. J’en recevais pas mal à la figure des objets, parfois on pouvait aussi recevoir des pierres. J’en avais marre que peu importe l’endroit où l’on passait on se faisait agresser et nous ne pouvions même pas répliquer. C’était de l’humiliation qu’on subissait mais d’un autre côté, il fallait comprendre aussi que les nazis avaient fait aussi des massacres dans la région et que beaucoup se sont battus contre eux. C’était assez récent la Seconde Guerre Mondiale dans les mémoires campagnardes.

Revoir les Allemands dans leur village, c’était pour eux comme s’il y avait une seconde invasion en sachant que la dernières fois qu’ils étaient venus une cinquantaine d’année auparavant et évidemment, beaucoup de vieux qui étaient enfants ou ados durant cette période s’en souvenaient très bien. Moi, ça ne me dérangeais absolument pas d’être dans la Bundeswehr car au moins je me sentais respecté.

Mais très clairement, j’avais l’impression de ne servir toujours autant à rien. Je passais mon temps à mon poste de mitrailleur à surveiller chaque recoin de campagne et les maisons de villages ou de villes que l’on traversait en espérant de ne pas subir des embuscades comme j’avais pu l’entendre. Savoir que des camarades se sont fait tuer après qu’une charge explosif ait pété sous le char, c’est dur et encore plus de voir des alignements des caissons avec le corps des occupants se faire transporter par des élévateurs dans un Transall pour qu’ils effectuent leur dernier voyage, ça l’est encore plus.

Nous savions tous à quoi nous étions exposé à l’intérieur. Le chef Kerner insistait pour que nous soyons très prudent pour éviter de nous retrouver en train de brûler vif à l’intérieur. Je me sentais vraiment en confiance avec lui, c’était vraiment un chic type qui savait prendre soin de ses hommes et qui me traitait comme les autres, comme si j’étais moi-même Allemand et insistait pour que les autres en fasse de même. Nous écoutions très souvent de la musique lorsque nous faisions des pauses sur les bords des routes. Surtout Modern Talking ou d’autres groupes chantant en anglais.

On voyait quand même beaucoup de gens circuler en voiture ou en camion. Nous nous méfions d’eux, même si la plupart du temps c’était des familles avec de jeunes enfants à l’arrière. Même lorsqu’on en voyait qui crevait leur pneu et qui nous faisait de grands signes pour qu’on s’arrête, on ne le faisait pas et j’avais toujours ce sentiment de culpabilité de ne pas le faire mais en même temps, il valait mieux être prudent que de leur faire confiance aveuglément et de risquer de nous faire capturer ou qu’on soit victime d’une embuscade à notre tour.

En fait, à notre façon nous étions tous paranoïaques. Chaque individu isolé représentait une menace pour notre sécurité, que ça soit un gamin de huit ans qui jouent avec un pistolet en plastique qu’un vieux qui marche dans la rue en cherchant une cigarette dans sa poche. La tension était vraiment horrible et même au sein du camps, il nous arrivait parfois d’avoir peur de subir une attaque. Et c’est précisément ce qui arriva un jour.

Vallerand2
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17 septembre 2020 à 19:43:33

Chapitre 7

C’était au mois d’avril, en pleine journée. Il pleuvait toute la journée et ce jour là, j’étais sur un mirador en train de surveiller avec des jumelles les routes mais aussi les champs qui s’étendaient à perte de vue lorsque soudain une voiture arriva rapidement. Je prévins aussitôt mon supérieur de l’arrivée de ce véhicule et les gardes qui étaient à la barrière en bas s’avancèrent tranquillement. Avec un haut-parleur, l’un d’eux disait « Veuillez arrêtez votre véhicule ou nous ferons feu ! » en boucle. Le conducteur ne changea pas d’allure et accéléra même avec tous les coups de feu qui était en train de tirer, même moi je faisais feu.

Elle roula sur les herses, ses pneus éclatèrent et finit par s’arrêter. Les soldats en bas s’approchèrent pour voir le conducteur qui était blessé. Le véhicule était complètement criblé de balle. D’un coup, la voiture explosa et les soldats furent plaqué à terre. Le premier était atrocement défiguré et le second avait une blessure énorme, il saignait abondamment. Mais cela ne s’arrêta pas, car peu après on se fit encercler et un combat s’ensuivit. Tout les militaires se mirent à courir de part et d’autres du camps pour tirer. C’était vraiment spectaculaire de voir une chose pareille. Les blessés devenaient des prisonniers de guerres et les combattants morts, on les laissaient tout simplement pourrir sous nos yeux. C’était affreux de voir tous les matins ces corps, le visage dans la terre commençaient à attirer jour après jour des animaux qui les dévoraient. A la fin, c’était plus des humains qu’il y avait mais de la charogne, tout simplement.

Cette attaque était la première que subissait les Allemands. Cela provoqua naturellement de la peur chez eux, parce que naturellement ils ne savaient pas du tout si cela se reproduirait ou pas. Alors les contrôles à l’entrée furent immédiatement renforcés et tout était fait pour empêcher que même un véhicule béliers vienne aussi. Les mecs qui avaient participé à ce combat décidèrent de faire un genre de thérapie de groupe pour que l’on puisse sortir ce qu’on avait sur le coeur à ce moment. J’en avais fait parti et c’est vrai que ça fait du bien de trouver un mot aux maux, comme on dit. On se sent plus soulagé, on arrive à se sentir plus proche de ses camarades. C’était vraiment pas mal, je trouve. Après, nous n’avions pas un suivi réalisé par des psys mais bon, pour beaucoup de ces gars là je sais qu’il y en a qui en consultent encore tellement pour eux ça été une expérience traumatisante et c’est bien normal. Même si l’Homme aime bien se battre, je crois qu’il ne peut pas non plus supporter une très grosse violence.

En renfort, on avait la Feldjäger, la police militaire, qui était venue. Ils étaient surtout là pour protéger les supérieurs car Dieu sait qu’il y en avait pas mal, et que bien évidemment c’était des cibles privilégiées pour l’Armée Populaire. Des rumeurs circulaient disant qu’ils avaient des prisonniers de guerres de la coalition mais on ne savait pas à quel point c’était vrai, et parfois il y avait même des groupes rebelles qui en capturaient car ils ne savaient pas à quel camps ils appartenaient. Nous aussi nous avions des prisonniers de guerres, c’était souvent des jeunes blessés à qui nous demandions des renseignements. Certains se faisait torturer, ça c’était clair, et ce serait un mensonge de dire que tout le monde était blanc comme neige. C’est juste que ces histoires sont cachées, car bien évidemment nous faisions partis des « gentils » et les « gentils » ont des valeurs, un idéal à défendre et un respect pour autrui que les « méchants » n’ont pas.

C’était typiquement ce que nous devions faire passer comme message dans la presse. Les gens qui regardaient la télé le soir, en train de manger, nous voyaient ainsi comme des héros et ce combat comme étant légitime puisque nous étions là pour apporter la démocratie, qu’on se battait une nouvelle fois contre les nationalistes et que ça vendait très bien. Je pense que parler de soutien populaire est la bonne expression appropriée. D’ailleurs, tout ça c’était clairement de la propagande .Il y avait tout un tas de mecs de mon âge qui s’était engagé pour se battre. Mais une fois arrivé ici, dans ce camps, ils déchantaient tous et lorsqu’ils faisaient leur premières patrouilles c’était toujours avec la boule au ventre qu’ils les faisaient.

Les chars sortaient finalement assez peu de la base, mais on les faisaient quand même rouler pour s’entraîner. C’était chiant, vraiment très chiant. Kerner insista quand même un jour pour faire une patrouille avec les Léopard et on était trois chars à se suivre à la queue leu-leu sur les routes transslaves. Nous étions toujours sur les routes complètement défoncées, parfois on coupait par les champs. Je stressais un peu parce que c’était vraiment là où on était sur nos gardes. J’entendais les communications dans mon casques et chaque fois c’était « RAS ! ». J’étais même surpris de n’avoir vu pour le moment aucuns chars ennemis jusqu’au jour où l’on a découvert par hasard une batterie anti-aérienne cachée derrière une forêt.

On était en septembre. Un Mirage 2000 de l’Armée de l’Air française passa au-dessus de nos têtes dans un grand fracas et lorsqu’il dépassa la forêt, on entendit une explosion, de la fumée noire et l’avion se crasha certainement plus loin. Un énorme panache de fumée noire s’éleva dans le ciel. Je prévins Kerner qui demanda au pilote de se dépêcher d’aller dans la direction du lieu de l’accident. Lorsqu’on arriva à l’endroit du crash c’était juste terrible à voir.

Il y avait comme un cratère et de l’herbe brûlée tout autour de la carcasse du Mirage. Certains fragments étaient encore intacts mais l’on ne trouvait plus le pilote. Les pièces étaient encore très chaudes donc on ne pouvait pas savoir si l’on retrouverait un ou deux cadavres complètement carbonisés ou s’ils avaient eu le temps de s’éjecter et donc avaient pu s’échapper. Kerner prévint plusieurs unités et mêmes les autorités françaises présentes pour les prévenir de l’incident.

Je crois qu’ils avaient envoyé une équipe de recherches pour essayer de le retrouver. Ce n’était vraiment pas quelque chose de facile de trouver ces pilotes et puis c’était risqué. De souvenir, je crois qu’ils avaient envoyés des hélicoptères pour cela. Une unité de la Royal Army leur avait prêté main forte. Au bout de trois semaines ils les avaient retrouvés. C’était un échange de prisonniers évidemment, la France avait bien négociée ce qui faisait qu’ils étaient parvenu à les retrouver mais quand même un peu amochés. Enfin, c’était ce qui se disait, en vérité on en savait absolument rien et peut être que c’était vrai mais peut être que non.

La neige avait refait son apparition fin octobre. C’était vachement tôt quand même et cet hiver là fut pour beaucoup inoubliable.

Vallerand2
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17 septembre 2020 à 19:44:03

Chapitre 8

Il neigeait tellement qu’une patrouille mettait énormément de temps à se réaliser, si bien qu’on était obligé de s’arrêter de nuit pour le faire. En plus, il y avait de la brume et nous étions obligé d’être encore plus sur nos garde. Moi encore plus, car j’avais la tête sortie du char et qu’à tout moment une balle de sniper pouvait me traverser le crâne. Lorsqu’on était sur les routes, les chenilles perdaient même de l’adhérence et donc on prenait énormément de retard.

Il en était de même pour les ravitaillements qui étaient faits par parachutage. Les avions, tout comme les hélicos, étaient tout simplement cloués au sol. Ca nous foutait les boules parce qu’on commençait à avoir moins de bouffes et que du coup la seule façon de s’alimenter était de faire un tour dans les villages alentours pour demander à des particuliers ou des commerçants des victuailles. Quelque part, c’était assez indécent de notre part de faire un truc pareil. On allait quand même réclamer de quoi manger à des gens qui avaient eux-mêmes faim et qui avaient souvent droit à la venue des Casques Bleus pour ça. En fait, on reprenait ce que nous leur donnions et cela ressemblait à du vol.

Cela dit, le chef du camps était parvenu à négocier pour que le prochain convoi fasse escale chez nous le temps que ça se calme. Sauf qu’on ne savait pas du tout combien de temps ça durait et finalement, au bout d’une semaine et demi de tempête on put enfin avoir droit à ce ravitaillement aérien. C’était quelque chose d’assez choquant de voir des soldats se jeter sur les cartons de nourritures et commencer à les déballer pour voler quelques boîtes de conserves. On avait même droit à de l’alcool. Je dois admettre que boire une bonne bière bavaroise, ça fait toujours du bien. Lorsque le mois de décembre arriva, on préparait Noël.

Le convoi qui venait la semaine précédente du Réveillon, c’était magique pour les autres soldats qui recevaient leurs cadeaux et du courrier. Moi je n’avais rien alors tout ce que je faisais, c’était simplement m’asseoir sur une chaise et les regarder lire leur lettre ainsi qu’ ouvrir leur coli. Un soldat avait eu tellement pitié de moi qu’il me donna une boîte de chocolat offerte par sa femme et une bouteille de bière brune. J’en avais les larmes aux yeux tellement j’étais touché.

Le commandant Kerner vint me voir pour discuter et se souvint de l’émotion que j’avais eu lorsque je vis la journaliste un an et demi auparavant. Il voulait qu’à son retour en Allemagne, elle parte à la recherche de mes parents afin que je puisse enfin reprendre contact avec eux et qu’ils ne s’inquiètent pas de moi. Il m’apprit également qu’elle était sa nièce. Cela m’impressionna vraiment de savoir ça parce que je ne m’y attendais absolument pas. Elle lui avait confiée également bien m’aimer et trouver que j’étais vraiment quelqu’un de courageux.

Encore une fois, c’était vraiment un sentiment partagé par beaucoup de soldats ici. J’en avais pas conscience de ça parce que pour moi, c’était pas mérité. J’avais traversé énormément de merdes, je ne faisais que survivre et c’était pour ça qu’on me félicitait alors je ne savais bien entendu pas comment le prendre. Là où c’est vraiment allé beaucoup trop loin, c’est quand ils ont voulu appeler des chaînes de télé européennes ou mêmes américaines pour faire connaître mon histoire. Je commençais à recevoir pas mal de lettres de ces chaînes. Je n’étais pas partant pour ça même s’ils me promettaient pas mal d’argent derrière. J’avais peur de la célébrité, tout simplement, et je redoutais vraiment que si des rebelles ou des soldats de l’Armée Populaire me voyaient dans un documentaire, je sois considéré comme une cible et donc ne plus être en sécurité. Je crois que les journalistes ne s’en rendaient pas compte de la portée internationale de ces choses là. L’entretien avec Marion était fort heureusement anonyme puisqu’il n’y avait pas mon visage qui apparaissait dans les reportages.

Le pire dans tout ça, c’est que j’en étais quand même une malgré moi.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:44:39

Chapitre 9

Mes vingt-cinq ans furent fêtés à bord d’un char, en pleine patrouille. L’équipage avait embarqué de la bière à bord. On était fin mars, le 28 pour être précis. Cela faisait maintenant cinq ans que nous étions en guerre, c’était vraiment long et au moment où je commençais à faire le point sur tout ce que j’avais vécu, je me rendis compte que c’était assez incroyable mais d’un autre côté, je ne savais pas du tout comment vivaient des jeunes de mon âge à travers le monde. Je me doute très bien que c’était pas pareil d’un pays à un autre, qu’il y en a qui ont adorés leur vingtaine et d’autres non pour diverses raisons. Je pensais tout simplement à cette jeunesse européenne à l’Ouest qui vivait une période de paix et d’insouciance.

D’ailleurs, j’étais assez surpris d’apprendre que l’on pouvait se déplacer librement et qu’il n’y avait plus de problèmes pour se faire contrôler par la douane. C’était pour moi un concept assez curieux, le libre-échange, car nous ne pouvions pas nous déplacer comme bon nous semblait dans le Bloc. On devait avoir une bonne raison de le faire et forcément, beaucoup de concitoyens devaient rester à l’intérieur du pays même pendant leur vacance. Alors, pour moi ne pas se déplacer comme bon nous semblait était une évidence et puis de toute façon, on avait déjà de quoi voir dans notre pays. Dans ce pays, nous étions tous habitués à ce qu’on nous explique comment vivre. En fait, je crois que la liberté me faisait peur et je pense que mes parents, lorsqu’ils ont débarqués en Allemagne ça a certainement dû être la même chose. Les soldats me disaient qu’eux aussi ça les perturbés d’avoir appris que pour aller dans un pays limitrophe ils n’avaient plus besoin de se faire contrôler, cela faisait deux ans maintenant qu’ils étaient mobilisés ici.

A ce moment là, je crois que je me sentais un peu débile de ne rien connaître du monde, il y avait pas mal de choses à découvrir et certaines choses pouvait encore m’échapper. A commencer par le fait que même dans le reste de l’Europe, on avait le choix de faire ce qu’on voulait, tout le monde possédait la voiture qu’il voulait, déménageaient où bon lui semblait, avait le choix entre plusieurs marques de téléviseurs et que dans les magasins on ne manquait de rien. Ca me semblait fou tout ça. Pour eux, c’était l’inverse : vivre comme le gouvernement le voulait c’était inconcevable.

Le lendemain matin, nous reprîmes la route. J’avais l’impression de faire toujours les mêmes trajets, c’était pratique parce qu’on commençait à connaître les endroits où l’ennemi pouvait se cacher. Je balayais toujours la zone du regard avec la mitrailleuse et peu après midi, ce qui devait arriver fini par arriver. On essayait de traverser une forêt, les chenilles faisaient craquer les branches et des arbres tombèrent par terre dans un grand fracas quand soudain, j’entendis un « pschittt » et un roquette percuta l’avant du char. Je me mit à hurler roquette et le pilote tenta de faire marche arrière quand la seconde roquette explosa sur le blindage et je vis des hommes armés surgir d’un peu partout et tirer dans tous les sens. La mitrailleuse cracha énormément de balles, certains de ces hommes tombèrent comme des mouches et un mec qui était à droite balança un cocktail molotov qui éclata quasiment à ma hauteur. Mon bras commença à brûler, je tapais sur le bras pour éteindre les flammes mais c’était tenace.

Kerner hurlait et ordonna le tir d’un obus qui explosa dans la forêt. L’obus pulvérisa un tireur. Le deuxième fut chargé assez rapidement et trois hommes en moururent. On continuait encore de reculer, jusqu’à ce qu’il y ait une troisième roquette qui explosa sur le côté. Un début d’incendie commença à l’intérieur de la cabine, le commandant me cria de vite sortir avant que ça explose et nous retrouvions à trois à l’extérieur. On se mit à courir malgré les rafales d’AK-47. Le Léopard fini par exploser. Je pense que le pilote essayait quand même de sortir car peu après, j’entendis d’horribles cris de douleurs.

On ne se retournait pas, les balles claquaient sur les arbres. C’était vraiment terrifiant. Lorsqu’on parvint enfin à atteindre la route, ils nous attendaient de pieds fermes en nous pointant le canon de leur arme sur nous. L’Armée Populaire venait de nous arrêter, cela ne servait absolument à rien de résister, car sinon nous aurions signé notre arrêt de mort. Alors on se retrouva à bord d’un camion de transport de troupes, menottés, silencieux. Lorsqu’on arriva au camp de prisonnier, un des gardes nous poussa à terre. J’étais recouvert de boue. Je me sentais humilié. On nous enferma chacun dans une cellule différente en attendant notre sort. Depuis ma fenêtre, je voyais de temps en temps des pelotons d’exécutions, cela me faisait peur. Je craignais de ne jamais en sortir.

Cette capture était pour nous une véritable humiliation. Nous étions devenus des prisonniers de guerre et vu que Kerner était un officier, c’est lui qui en chierait le plus et qui se ferait certainement le plus torturer. Mais je savais ce qu’il valait, un homme charismatique comme lui ne céderait pas. Même sous le coup de la torture il ne dirait rien. Cela se confirma pendant plusieurs jours d’affilé où j’entendais dans direction de sa cellule des hurlements, des cris de douleurs. Je ne préfère même pas savoir ce qu’ils lui ont fait comme torture. Jour et nuit, j’entendais des cris. Je n’en pouvais plus et le pire dans tout ça, c’est que je n’avais aucun moyen de ne plus les entendre.

Impossible pour moi de me rappeler de savoir depuis quand j’étais enfermé ici. La seule date dont je me souvenais, c’était celle de notre capture, le 29 mars 1994. La nourriture était mauvaise mais au moins nous mangions, nous avions également droit à de l’eau. C’était à peine un repas par jour alors forcément quand on nous le servais, on dégustait chaque bouchées jusqu’à la dernière. Le tireur, Voigt, était mon voisin. Il pleurait tous les jours et se cognait la tête contre les murs. C’était devenu un fou. Cela me faisait peur car je ne voulais pas sombrer dans cette folie. Evidemment, c’était une ambiance bien malsaine.

Je jouais avec un petit caillou et histoire quand même de savoir depuis quand j’étais retenu, je traçais quand même sur des murs des traits correspondant à une journée passée ici. La nuit, je regardais dehors en réfléchissant à un plan d’invasion mais ce n’était pas évident. Les gardes faisaient des rondes, ça c’était clair, je finissais même par savoir à peu près quand dans la nuit ils passaient mais ça c’était pour l’intérieur de la cour. De l’autre côté, c’était plus compliqué de déterminer ce nombre. Un jour, on nous sortit pour aller effectuer des travaux et Voigt en sortant bouscula un des gardes et lui prit son arme à feu mais le temps qu’il tenta de tirer sur les autres, c’est lui qui se fit abattre. Les autres prisonniers étaient tous sales, certains avaient des cheveux longs et les vêtements complètement déchirés. L’acceptation de leur sort se lisait dans leurs yeux.

Pour eux, le combat se terminerait ici mais ils avaient pas envie de prendre des risques pour autant. Ces sorties étaient quand même le bon moment pour avoir une idée précise de comment était foutu ce camp de prisonniers. Il y avait des barbelés et facilement plus d’une dizaine de mètres entre les cellules et l’extérieur du camps. On devait creuser des énormes fosses. On ne savait pas pourquoi il fallait faire. C’était évidemment des fosses communes où les corps se faisaient brûler. Je ne préférais pas savoir ce qui était en train de se tramer, mais je me doutais qu’il y avait derrière un genre de purge qui se passait et cela me mettait très mal à l’aise de creuser ces fosses pour des innocents. Je me faisais violenter par tout le monde, parce que j’étais considéré comme un traître étant donné que j’étais du côté allemand. Des crachats, des coups de bâtons parfois tellement violent que je saignais, c’était ça mon quotidien dans ce camps de prisonniers.

Plus les jours étaient en train de passer, plus j’avais envie de mourir. Je voulais me suicider. C’était vraiment insupportable cette vie là, mais d’un autre côté le suicide ferait plus de mal que de bien. Que se passerait-il si je me ratais complètement ? Je ne voulais pas me mutiler méchamment ni même être tellement défiguré qu’à la fin de le guerre, les gens auraient envie de vomir en me voyant passer dans la rue. Je serais alors à ce moment là comme une bête de foire, un monstre et un homme qui finirait le reste de ses jours seul. Alors, la seule façon pour moi d’éviter de perdre la boule, c’était de penser à autre chose et de me demander ce que devenait Marion. C’était tous les jours que j’avais une pensée pour elle.

Au bout de quatre mois de captivité, si je me souviens bien, il était question d’une mutinerie assez violente. C’était un autre détenu, un ancien plombier de Brado qui me mit au courant de ça et qui m’expliqua le projet. L’idée était de s’en prendre aux gardes de façon coordonnées pour les désarmer et enfin libérer tout le monde. J’étais partant. Tous les jours au moment de travailler, on faisait passer des noms de codes pour nous tenir prêts et cela tombait bien parce qu’on s’était même fixé une date pour passer à l’acte. A ce moment là, on était chargé de couper des arbres. Nous avions chacun notre propre hache, on se préparait tous à un moment où un autre sauter sur notre garde pour le tuer avec la hache.

Le meneur de la mutinerie se mit à un moment donné à crier très fort et se jeta sur son garde. Tout le monde se jeta sur les soldat et le temps qu’il tenta de tirer sur moi, j’avais sauté sur lui et je lui écrasa la hache sur le crâne. Au vu du craquement de la boîte crânienne, je crois que je la lui avait bien enfoncé dans la tête. Alors je pris son arme et on se dirigea vers les camions. Un des chauffeurs avait eu le réflexe de commencer à tirer avec son pistolet mitrailleur mais lorsqu’il se fit sortir par le pare-brise, tout le monde vint le lyncher. Il était sérieusement blessé et pour finir, il se prit plusieurs balles dans la tête.

A ce moment, certains décidèrent de prendre les camions pour prendre d’assaut le camps. Certains approuvèrent mais d’autres avaient quand même un peu plus peur et ne voulaient pas y participer. Ils furent quand même forcé de venir. Dans le camion où j’étais, les hommes étaient vraiment motivés et arrivé au camp, l’engin percuta la barrière. On sauta du plateau pour tirer dans tous les sens. Les militaires ne s’attendaient absolument à cet évènement et se mirent à appeler du renfort. A présent c’était eux les prisonniers. Au bout de deux heures de combats, ils avaient décidé de se rendre. Ils étaient tous à genoux alignés les mains derrières la tête et silencieux. Chacun de nous les surveillaient mais les renforts finirent quand même par arriver.

Des BMP débarquèrent, leurs mitrailleuses se mirent à crépiter accompagnés d’autres soldats. Je courus me cacher et le hasard fit que je tomba dans la salle où était détenu Kerner. C’était horrible à voir, il était suspendu par les mains. Son corps était scarifié. Je ne savais pas s’il était en train de dormir, alors je vins pour essayer de le réveiller et sa seule réponse fut un marmonnement qui était « Fuis ! Je serais un handicap si je viens avec toi ! ». Je ne voulais pas le laisser comme ça, en train de pendouiller pendant que moi je fuyais alors je trouva une scie qui était posée sur une table et je découpais la corde. Il continuer de me dire de fuir et une fois que je le libérais, je le porta sur mon épaule pour courir chercher un véhicule. Par chance, je tomba sur une Lada Niva, je le jeta sur la banquette arrière et je me dépêchais de faire fonctionner le démarreur avant de partir.

La fuite n’était pas évidente parce que les balles fusaient dans tous les sens et le pare-brise eut plusieurs impacts de balles. Il y avait même un jeune prisonnier qui tenta de m’arrêter pour monter à bord mais je le contourna et je parvins finalement à m’enfuir. Kerner poussait des râles de douleurs, je n’osais pas m’arrêter de peur d’être capturé à mon tour et en regardant le compteur du réservoir d’essence, j’en avais pour faire pas mal de kilomètres ce qui fait que je décida de m’arrêter que quand il serait complètement vide.

Vingt kilomètres plus loin, je finissais par m’arrêter pour le soigner à l’aide d’une trousse de secours. Il était salement amoché. Les cicatrices étaient énormes et je remarquais qu’on lui avait arraché des dents. A son regard, il y avait quand même un genre de soulagement d’en être sorti mais aussi peut être de la colère car j’avais désobéi à un ordre. Mon chef aurait bien voulu qu’on s’arrête pour la nuit, sauf que potentiellement nos ennemis étaient à notre recherche et je crois que si on se refaisait capturer, on repasserait un sale quart d’heure. On put arriver facilement au petit matin au camp allemand et être pris tout de suite en charge par des infirmiers et des médecins militaires.

Par chance, le diagnostic fut bon pour moi mais il en était autrement pour Kerner qui était dans un sale état. Sa nièce était entre temps revenue.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:44:57

Chapitre 10

Marion était très inquiète pour son oncle. Il avait eu de nombreuses lésions internes et ils comptaient le faire opérer dans un hôpital militaire à l’ étranger, où les conditions d’hygiènes étaient meilleures. Si je me souviens bien, on l’envoya en Autriche pour cela. La journaliste pleurait, j’allais la consoler. Cela me fit énormément de peine, parce que c’était elle qui avait su me réconforter quelques années auparavant, alors je trouvais ça normal d’en faire de même à présent. Si je comprenais bien, elle s’était toujours sentie proche de son oncle et le considérait comme son second père.

Je pense aussi qu’elle craquait après tout ce qu’elle avait pu voir entre la Bosnie et le Transslavie. Et c’était bien normal, surtout qu’ils suivaient aussi des groupes armés bosniaques et me confiait avoir vu des choses bien plus traumatisantes qu’ici. Même moi je ne pensais pas que c’était possible de voir des trucs choquant ailleurs, tellement pour moi cette guerre était déjà très violente. Pourtant, on avait quand même eu une équipe d’une autre chaîne allemande qui venait pour tourner un documentaire sur ce qu’on faisait ici et également sur les habitants qui vivaient cette guerre. Pour avoir vu ce documentaire quelques années plus tard, je trouve qu’il était juste dans sa façon de présenter les faits, qu’ils parlaient vraiment de façon neutre du rôle de la Bundeswehr dans ce pays. Marion avait toujours rêvée de devenir journaliste, elle était heureuse dans ce qu’elle faisait car pour elle c’était une aventure de partir à l’étranger, peu importe la situation. Elle comptait même écrire des bouquins pour raconter sa carrière et militer pour la liberté de la presse.

Sans mépris de ma part, à sa façon elle était une idéaliste qui avait encore une vision manichéenne de la vie mais qui était quand même très intelligente. C’était vraiment une femme acharnée et charismatique. Je crois que c’était surtout ça qui me plaisait chez elle, pas forcément sa façon de s’habiller qui avait toujours été élégante, chic. A cause de l’incident, je fus affecté à un nouvel équipage de char pour garder le même poste, ce qui me convenait parfaitement. En revanche, j’avais cette fois bien plus d’appréhension car je revivais ce que j’avais vécu ces six derniers mois. J’étais jeune à l’époque, je voulais absolument retourner dans un char à cause de l’adrénaline alors que les médecins et psychologues voulaient me démobiliser pour que je rentre chez mes parents. Pour eux, si je continuais je me ferais plus de mal que de bien.

A contrecœur, ils acceptèrent quand même de me laisser continuer à me battre. Je crois que j’avais insisté pour me battre jusqu’au bout. La journaliste vint quand même m’en parler pour me dire que peut être c’était une connerie que j’étais en train de faire, que j’avais déjà fait mon temps dans cette guerre et que la démobilisation me sauverait la vie. En fait, c’était à ce moment là où je me demandais quel était le sens de ce combat. Est ce que je me battais pour mon pays ou était-ce une vengeance personnelle ? C’était finalement un mélange des deux, je voulais me battre pour ce pays qui m’avait enfanté mais je rêvais finalement que ça devienne enfin une démocratie, comme beaucoup de jeunes progressistes de l’époque, et finalement ce combat avait mené à la guerre civile, même si je savais très bien que ce n’était pas que ça qui avait mit le feu au poudre.

Des rumeurs disaient à peu près vers la fin de l’année que très bientôt il y aurait des négociations pour arrêter la guerre et mettre en place une démocratie. On ne savait pas du tout à quel point c’était vrai. Pour beaucoup, c’était une bonne nouvelle parce que cela voudrait dire que la guerre finirait bientôt. Tout le monde savait par contre qu’après cette guerre, la reconstruction du pays serait rude et longue mais qu’importe. Personnellement, j’avais fini par arrêter d’espérer que cette guerre finisse rapidement. Chaque année, on espère que ce sera bientôt terminé et chaque année c’est rebelote. Mais pour le coup, j’avais quand même envie d’y croire même si au fond de moi je pensais que c’était du pipeau.

Dans tous les cas, c’était quand même une lueur d’espoir pas si négligeable que ça de savoir que potentiellement il y aurait bientôt des négociations pour mettre la paix dans ce pays.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:45:17

Chapitre 11

Au mois de février 1995, j’étais de nouveau renvoyé dans la capitale du pays, Brado. Y revenir près de quatre ans plus tard était un choc pour moi, car la ville avait été vraiment complètement ravagée par les nombreux tirs d’artilleries et les bombardements de l’Armée Populaire. Les immeubles, les magasins et même certains des monuments étaient en partie ou complètement détruits. Circuler avec les chars en ville était en plus pour les habitants une vraie source d’inquiétude, ou de curiosité, et je ne compte même pas les enfants qui s’arrêtaient de jouer pour nous voir circuler et ces vieux avec leur canne qui nous regardaient avec un air mauvais.

On était simplement là pour les protéger. Nous étions en plus accompagnés, encore une fois, de Casques Bleus qui nous appelaient en renfort parce qu’il y avait des zones qui n’étaient absolument pas pacifiées. Ce n’était pas forcément des rues commerçantes, c’était des grands axes ou même des gares de la ville. Il était clair que le blocage des gares était vraisemblablement dans le but de prendre en otage la population. Les soldats avaient organisé un genre de blocus pour empêcher les gens de quitter la ville et allaient même les enrôler, parfois de force. J’avais l’impression que les combattants devenaient de plus en plus jeunes parce qu’il y avait mine de rien des gosses de douze ans, au moins, dans leur rang.

Ce n’était pas la première fois que j’en voyais des enfants soldats. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’en avais l’habitude parce qu’il y en avait pas tant que ça au final, mais c’était terrible de voir des pré-ados déjà porter des armes. Sans compter que dans le lot, il y en a qui sont bien évidemment morts. Dans cette ville, il fallait se méfier des gosses. Ils représentaient vraiment une menace depuis qu’un de ces gamins qui avait lancé des roquettes sur des Hmvee américains quelques mois auparavant. Le gamin s’était fait tuer pendant l’embuscade.

Notre équipage était devenu complètement parano à cause de ça. Même les Casques Bleus nous confiaient en avoir peur, mais qu’il était de leur devoir d’essayer de les raisonner afin de les confier à une ONG pour leur faire quitter le pays. Certains finissaient par accepter, d’autres pétaient tout simplement un câble et s’en prenait physiquement aux soldats ou directement au personnel médical. Certains voulaient mourir pour se venger du traitement que la Coalition avait faite à leur famille, mais certains se battaient parce qu’ils tenaient à devenir en quelques sortes des héros. Cette vengeance les aveuglaient et c’était tout à fait normal. Je penses que si ma famille s’était faite décimer par l’Armée Populaire, j’aurais eu la même idée et je n’aurais pas réfléchis aux conséquences de mes actes. Je ne tiens pas à les culpabiliser, ni même à dire que c’était des cons. Je respecte totalement leur combat.

Notre patrouille se termina à l’aéroport de Brado qui avait rouvert partiellement. Il était sous contrôle américain ce qui faisait qu’il y avait des militaires qui étaient plantés aux entrées et qui patrouillaient à l’intérieur des terminaux. Une partie des locaux de maintenance était à présent réservé à ceux de leur C-130 et de leur C-17, et les autres étaient destinées aux autres compagnies aériennes qui opéraient de rares vols entre la Transslavie et le reste de l’Europe. Quand on voyait les équipages sortir de l’aéroport, on voyait qu’il y avait une certaine tension qui se lisait sur le visage. J’avais appris qu’il y avait des risques que certains appareils puissent se faire abattre au décollage. Alors forcément, ils se demandaient si par hasard le prochain vol qu’ils effectueraient ne serait pas le dernier.

Lorsqu’on retourna au camp quelques jours plus tard, fin février, on nous appris qu’un processus de paix était en train de se monter. Ce n’était du coup plus une rumeur. Je crois que lorsqu’on m’annonça la nouvelle, je me mis à pleurer. C’était des larmes de soulagement, pas encore de joie, en tout cas celles qui annoncent le retour de jours meilleurs et qui permettent de se dire que ce sera fini. Bien sûr que j’étais content d’apprendre cela, même si je savais très bien qu’une fois que je partirais en Allemagne, chez mes parents, je ne reviendrais sans doute plus jamais en Transslavie. En tout cas, je savais à présent qu’on était sur la fin.

Le commandant Kerner était revenu au camp, toujours commandant de char mais il était beaucoup moins en forme qu’avant. Marion m’avait dit qu’à lui aussi les médecins voulaient absolument le faire démobiliser sauf qu’il avait quand même un bon réseau qui lui permit de retourner sur le terrain. Elle était furieuse à ce niveau-là, car pour elle c’était de la folie et que de nouveau il risquait de mettre en danger sa vie pour rien. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle aurait vraiment tout fait pour qu’il soit écarté des champs de batailles. En tout cas, cela me faisait plaisir de le revoir même si je voyais que ce n’était plus du tout le même homme entre la première fois où nous nous sommes rencontrés et depuis sa sortie de l’hôpital.

Ses traits étaient devenus durs et son regard était fou. Oui c’était assez flippant de voir ça parce qu’on s’attendait vraiment à ce qu’il ait des réactions imprévisibles et à l’intérieur des chars il devenait très tendu dès lors qu’on traversait des forêts ou des routes où une embuscade était totalement possible. Il m’inquiétait sérieusement, je craignais toujours le pire avec lui. Je ne dis pas qu’il était totalement fou, qu’il aurait pu dans un moment de folie tuer des innocents ou même essayer de nous tuer, non c’était un mec vraiment traumatisé et je comprenais mieux l’inquiétude de Marion de voir son oncle de nouveau gérer un équipage de char.

Fort heureusement, nous n’avons jamais eu de face à face avec des chars ennemis. Nos patrouilles servaient simplement à impressionner les citoyens et à montrer que s’ils essayaient de se révolter aussi contre nous, alors nous avions les moyens de les mater. A notre façon, nous essayions de calmer les deux camps ce qui n’était pas facile parce que parmi les civils, il y avait vraiment des excités. Je crois que cette guerre nous a rendu tous aussi tarés les uns que les autres, civils comme soldats.

On aura de toute façon été beaucoup de fous furieux à vouloir combattre alors que nous aurions mieux faits d’écouter les médecins et d’arrêter les conneries.

Vallerand2
Niveau 10
17 septembre 2020 à 19:45:33

Chapitre 12

Après mûres réflexions, je décidais de quitter la Bundeswehr par un beau matin de juillet. J’avais encore cette envie de continuer de me battre mais cela n’avait plus de sens, non pas parce que les heures du conflit étaient à présent comptées. Pour moi, j’avais déjà trop vécu la guerre pour que de mon propre gré j’accepte jusqu’à la fin de porter des armes et un casque. A vingt-six ans, on est déjà à la recherche d’un premier emploi, on peut éventuellement commencé à faire sa vie avec sa femme et on envisage tout doucement à devenir parent, avoir tout un tas de projets qu’on pourrait faire en famille. A cet âge là, je combattais depuis six ans, ma vie n’était plus du tout la même que les autres jeunes de mon âge et j’avais énormément souffert.

Je ne sais pas du tout ce que sont devenus mes amis de primaires, du collège, du lycée et même de mon école de pilotage. Certains ont évidemment dû mourir, d’autres ont dû être lourdement handicapés et il y en a d’autres qui doivent certainement être en vie Dieu sait où. Ce sont des questions que je me pose assez fréquemment de savoir ce que sont devenus mes amis, et je penses que ce n’est d’un côté peut être pas une si bonne idée que ça de faire ce genre de recherches car je ne veux pas savoir comment a terminée ma première copine, ni même comment mon meilleur ami a fini. Tant bien que mal, j’ai essayé de tourner la page et l’écriture est devenu en quelque sorte un genre de refuge où je peux m’exorciser, faire sortir cette souffrance que je porte encore en moi.

Ma démobilisation eut lieu un 25 septembre, au tout début de l’automne. Je fus récompensé pour mon courage et ma bravoure, cela me toucha énormément. La cérémonie fut belle, j’aurais aimé que ma famille y participent car ils auraient été fier de moi. Marion vint me voir à la fin pour m’embrasser sur la bouche. Elle me donna un papier me qui avait les coordonnées de ma famille. Je crois qu’à ce moment là, je me mit à pleurer encore une fois tellement j’étais touché par son geste et par cette idée que j’allais enfin retrouver mes parents. Elle me raccompagna jusqu’à la voiture officielle qui roula jusqu’à l’aéroport international de Brado.

Je n’avais jamais pris l’avion auparavant. Un aéroport était un lieu vraiment étrange pour moi, je ne savais pas du tout si ne voir personne à l’intérieur était normal ou pas du tout mais ce qui est sûr c’est que dans mon uniforme, cela interloqua pas mal de membre du personnel et même quelques pilotes de ligne qui venaient à peine de débarquer en Transslavie. Il y avait également encore quelques vestige de ce qui appartenait à présent au passé, c’est-à-dire un buste de notre Chef et les drapeaux rouge avec la devise de notre pays qui ornaient certaines poutres de l’aérogare. Mon avion était à destination de Francfort, là où habitaient mes parents. C’était un Airbus A310 de Lufthansa. Voir les lumières de la ville lorsque l’appareil décollait me faisait tout drôle parce que c’était d’une part la première fois que je voyais ma ville natale du ciel mais surtout parce que je savais très bien que je ne reviendrais plus là bas.

Toute ma famille était réunie à l’arrivée de l’aéroport. Ils ne vivaient plus pareils que lorsqu’on était en Transslavie où notre voiture était simplement une Lada et des vêtements dépassé de mode. Ma mère était devenue une femme vraiment élégante qui portait une robe et des escarpins en cuir noir, et mon père s’habillait avec un polo et un jean. La voiture était à présent une Volkswagen. Notre maison était devenue beaucoup plus spacieuse et surtout il y avait tout un tas d’objets que nous n’avions pas les moyens d’avoir car il fallait les importer de l’Ouest mais qui étaient des standards en Allemagne.

J’aurais pu y perdre la tête dans tout ça parce que pour la première fois de ma vie, je me sentais enfin libre. Je pouvais devenir qui je voulais, posséder ce que j’avais envie, conduire n’importe quelle voiture qui me faisait rêver et me déplacer librement avec n’importe quel moyen de transports. Dans la vie d’un homme, ce n’était pas rien tout ça. Je pouvais enfin devenir qui je voulais. De toute façon, c’était plus ou moins le cas avant étant donné que j’avais toujours rêvé de devenir pilote.

Aujourd’hui, j’ai cinquante-et-un ans. Cela fait à présent vingt-quatre ans que je suis devenu pilote, vingt ans que la guerre en Transslavie est enfin finie et au moins une quinzaine d’années que je suis enfin arrivé à épouser Marion Schmidt, qui est devenue entre temps présentatrice du JT sur une chaîne de télé fédérale. Avec ma femme, cela nous arrive de temps en temps de repenser à cette période parce qu’on l’a vécu ensemble différemment et que cela nous semble intéressant de partager ensemble nos points de vues. Parfois, on en parle avec nos trois enfants et cela les fascine vraiment.

Pour eux, c’est limite insensé mon histoire alors que pourtant elle est bien vraie et que c’est donc pour cela que je tenais à le partager dans ce livre. Je tiens également à en parler de cette histoire afin que les générations actuelles et futures se rendent à quel point une guerre civile est horrible. Il n’y a que dans les jeux vidéos où l’on fait passer ce genre d’évènement comme quelque chose de cool, de spectaculaires. Dans la réalité, personne ne veut voir autour de lui des gens se faire massacrer et assister à ce que l’humain peut produire de plus terrible, et malheureusement on a pu le voir non seulement pendant cette guerre mais même pendant la Guerre Froide, la Seconde Guerre Mondiale et même bien avant.

FIN

Barbebarde
Niveau 28
22 septembre 2020 à 07:38:10

11 post et 0 commentaires ?

C'est un travail pour moi !

Alors déjà je trouve que c'est bien écrit même si, à mon sens, tu pourrais rendre les phrases plus belles. Par exemple dans:

Les premières lueurs du jour se firent remarquer lorsque l’on prit la route pour l’Ukraine.

Le "se firent remarquer" me gêne un peu. Je ne saurais pas dire pourquoi. Si je le dis à l'oral ça ne "sonne" pas.

Les premières lueurs du jours apparurent [...]
Les premières lueurs du jours éclairérent la route d'Ukraine

Je ne sais pas ce que tu en penses, et en pensent les autres, mais à l'oral (et donc à la lecture) ça sonne mieux je trouve.

Peut-être que ça vient du fait d'utiliser "se firent remarquer" là où "se remarquerent" aurait suffit.

Peut-être car pour une description parlant de nature (les premières lueurs du jour) je m'attends à quelque chose de plus "lyrique" qu'un verbe comme "se remarquer". On remarque un danger, une faute dans un texte, il y a quelque chose lié à l'analyse dans le mot "remarque". (Je te fais remarquer que... As-tu remarqué que... Dans ce texte de Victor Hugo on remarque que...)
Peut-être qu'une formulation plus lyrique, plus lié au vocabulaire de la nature, de l'astronomie, emprunt d'un peu plus de poésie serait mieux passé à la lecture.

Les premières lueurs de jours se levaient à l'horizon... (nature)
Les premières lueurs du jour dardaient leurs rayons... (astronomie)
Les premières lueurs du jour se reflétaient sur le bitume de la route (poétique)

Attention ce n'est pas mal écrit, mais pour une description je trouve que ça manque de "poésie", de "cachet". C est assez dur d expliquer pourquoi j ai ce ressenti mais j'ai essayé de l'expliquer au mieux.

nous roulions sur ces longues plaines où des nappes de brumes se faisaient présentes.

Pareil, j'aime beaucoup "nappes de brume" pour parler du brouillard mais j'aime moins le "se fait présent" juste derrière. Ça tranche trop.

Le douanier refusa jusqu’à ce que Maurizio lui tendit une liasse de billet

Je suis une bille en orthographe mais "lui tende" plutôt non ? Même si le texte est au passé ? Je suis pas du tout sûr, si quelqu'un de bon peut m'éclairer sur ce sujet.

Giovanni se tourna vers moi et me dit « Tu vois, gamin, c’est comme ça qu’il faut se comporter dans la vie. Si tu veux obtenir quelque chose, alors tous les moyens sont bons pour y parvenir ». C’était quelqu’un de cynique...

Je penses qu'il vaut mieux présenter le cynisme du personnage avant qu'il parle. Dans ma tête je ne lis pas un texte de la même manière celon que le personnage est en colère, cynique ou chuchote. Un simple "Se tourna vers moi et me dis d'un air cyniquesuffir à aiguiller le lecteur.

Je crois que quand on

Évite" que quand", c est pas terrible comme formulation.

on peut pas

On ne peut pas. Dans un dialogue "on peut pas" ça passe, dans la narration non.

Je crois que quand on commence à prendre en modèle quelqu’un, on peut pas s’empêcher de s’imaginer comme lui c’est-à-dire sûr de soi et de ce qu’on fait.

La phrase entière est un peu bizarre. Et si tu prends en modèle quelqu'un qui n est pas sûr de lui ?
En fait j ai du mal a saisir si la phrase parle de l'interprétation du narrateur sur le concept de prendre en modèle quelqu'un en général ou ne s applique au personnage précédent.

Dormir sous des couvertures donnaient des sensations qui ne sont pas les mêmes que lorsqu’on dort plusieurs nuits d’affilées dans des sacs de couchages qui lorsqu’il pleut sont bien évidemment mouillés.

Attentio' tu passes du passé (donnaient des sensations) au présent (qui ne sont pas les mêmes).
"Qui lorsqu'il" est à éviter aussi.

Les soldats qui montaient la garde s’ennuyaient et cela n’avait plus de sens pour eux de la garder

La répétition de "monter la garde" et "la garder" est disgracieuse. Tu aurais put le formuler de pleins de façon différentes au lieu d'utiliser "de la garder"
Et cela n'avait plus de sens pour eux
-de faire le guet
-d'accomplir leur devoir
-de continuer
Etc...

nous étions devenus un peu un genre de mini armée

Le langage familier comme "un genre de mini armée" ça passe en dialogue mais pas en narration, même si il s agit des pensées du narrateur.

Voila pour le premier chapitre, je vais continuer à lire mais plus pour le côté histoire/personnages que pour relever les coquilles comme je viens de le faire.

Globalement ça passe, on voit que tu as fais un effort dans l écriture et il manque pas grand chose pour que ce soit très bien. Quelques tournures de phrases, plus de vocabulaire pour éviter les répétitions, moins de langage familier, se lâcher un peu plus dans les descriptions pour qu elles soient moins "formelles" et plus "poétique", un peu plus d organisation dans la manière dont tu dis les choses car c est parfois un peu flou.

Est-ce que tu lis à côté de l'écriture ? Peut-être qu'un peu plus de lecture sur ce thème (la guerre) pourrait t inspirer et t aider à mieux transmettre ce que tu souhaites.

Vallerand2
Niveau 10
22 septembre 2020 à 11:46:48

Merci pour ton commentaire, ça fait toujours du bien d'avoir des avis et des critiques :oui:

Est-ce que tu lis à côté de l'écriture ? Peut-être qu'un peu plus de lecture sur ce thème (la guerre) pourrait t inspirer et t aider à mieux transmettre ce que tu souhaites.

Oui, je lis énormément de bouquins derrière mais c'est beaucoup de thriller (Tom Clancy), de livres d'Histoire et de la SF que je lis mais pas de poésie parce que je n'aime pas ça. C'est juste que pour les corrections j'avais tendance à le faire le soir en étant un peu fatigué et je ne me pose pas non plus la question de savoir si c'est poétique ou non ce que j'ai écris. J'ai essayé de le faire mais c'est vrai qu'à la seconde lecture je viens de remarquer que les passages que tu as cité sonné faux.

Pour revenir aux livres d'Histoire, j'en lis énormément sur la guerre froide et l'URSS ce qui fait que j'ai essayé de m'en inspirer et aussi j'ai regardé pas mal de vidéos, de reportages et de documentaires sur la guerre de Yougoslavie.

D'ailleurs, je t'invites à regarder la Partie I si ce n'est déjà fait :ok:

Barbebarde
Niveau 28
30 septembre 2020 à 07:13:26

Quelques points sur l'histoire:

Je trouve la partie avec la rencontre de la journaliste trop rapide et pas assez longue pour qu'on puisse vraiment se sentir attaché comme l'est le personnage. Il faudrait soit plus développer cette partie (en vrai ça devrait faire la taille d'un chapitre), soit véhiculer quelque chose de fort en très et intense sur un format court.
Jouer peut-être sur le côté "coup de foudre", que ce soit la seule lueur d espoir dans son monde de guerre, la seule épaule sur laquelle il peut pleurer etc...
Je n ai pas trouvé le passage surgissement marquant pour que ça puisse m'emporter.

Et globalement j'ai même ressentit pour les autres moments clés qui font avancer l histoire (l embrouille avec Giovanni, le massacre des civils par les soldats, la mort de son camarade dans l explosion).
Difficile de ressentir l attachement qu' avait le personnage principal pour son compagnon en 10 lignes.

On dirait que tu veux raconter beaucoup de choses avec peu de mots, du coup ça me donne la sensation de survolé le texte et d être un "spectateur extérieur" plutôt que de me sentir "acteur narrateur". J'ai du mal à m identifier au personnage principal à cause de ça.
Peut être devrait tu prendre plus de temps pour détailler les scènes, quitte à en faire beaucoup moins.

Imagine un livre comme une pièce de théâtre, un chapitre = une scène. Avec un début, des complications, une résolution et une fin (souvent ouverte pour donner envie de continuer a lire).

J'ai finis de tout lire et globalement le constat est le même, c est trop rapide, trop vite survolé alors que chaque scène prise individuellement est intéressante. Dommage.

C'est bien d'avoir écrit quelque chose avec un début, un milieu et une fin mais c'est plus quelque chose que je verrais sur un format plus long. En fait chaque petite scène (la journaliste, le camarade blessé, quand il est prisonnier, la mutinerie etc...) pourrait être traité dans un chapitre.

Bref l'histoire est intéressante mais pas assez exploitée à mon goût.

Vallerand2
Niveau 10
30 septembre 2020 à 11:59:01

Le 30 septembre 2020 à 07:13:26 Barbebarde a écrit :
Quelques points sur l'histoire:

Je trouve la partie avec la rencontre de la journaliste trop rapide et pas assez longue pour qu'on puisse vraiment se sentir attaché comme l'est le personnage. Il faudrait soit plus développer cette partie (en vrai ça devrait faire la taille d'un chapitre), soit véhiculer quelque chose de fort en très et intense sur un format court.
Jouer peut-être sur le côté "coup de foudre", que ce soit la seule lueur d espoir dans son monde de guerre, la seule épaule sur laquelle il peut pleurer etc...
Je n ai pas trouvé le passage surgissement marquant pour que ça puisse m'emporter.

Et globalement j'ai même ressentit pour les autres moments clés qui font avancer l histoire (l embrouille avec Giovanni, le massacre des civils par les soldats, la mort de son camarade dans l explosion).
Difficile de ressentir l attachement qu' avait le personnage principal pour son compagnon en 10 lignes.

On dirait que tu veux raconter beaucoup de choses avec peu de mots, du coup ça me donne la sensation de survolé le texte et d être un "spectateur extérieur" plutôt que de me sentir "acteur narrateur". J'ai du mal à m identifier au personnage principal à cause de ça.
Peut être devrait tu prendre plus de temps pour détailler les scènes, quitte à en faire beaucoup moins.

Imagine un livre comme une pièce de théâtre, un chapitre = une scène. Avec un début, des complications, une résolution et une fin (souvent ouverte pour donner envie de continuer a lire).

J'ai finis de tout lire et globalement le constat est le même, c est trop rapide, trop vite survolé alors que chaque scène prise individuellement est intéressante. Dommage.

C'est bien d'avoir écrit quelque chose avec un début, un milieu et une fin mais c'est plus quelque chose que je verrais sur un format plus long. En fait chaque petite scène (la journaliste, le camarade blessé, quand il est prisonnier, la mutinerie etc...) pourrait être traité dans un chapitre.

Bref l'histoire est intéressante mais pas assez exploitée à mon goût.

Ok, je prends note de ces commentaires :ok:

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Sujet : La guerre civile, partie II [1992-1995]
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