Vous y parvenez ?
Je vous explique en quelques lignes sans trop rentrer dans les détails. J'ai toujours eu une passion pour l'écriture, si j'aime lire, me plonger dans des univers et explorer des psychés, j'aime encore plus raconter mes propres histoires. De ce fait j'ai toujours écris, tout en abandonnant rapidement mes idées pour passer à autre chose. Depuis un peu plus d'un an j'ai un projet que j'ai commencé à sérieusement bosser un peu avant le confinement. A l'aube de l'été, j'avais l'équivalent de 300 pages grosso modo.
Seulement voilà, même si écrire et agencer mes idées est déjà une fin en soit, difficile de faire mentir Montaigne, il me faut des lecteurs, des explorateurs qui se plongent dans mon récit. J'aime à discuter avec quelqu'un qui m'a lu, écouter ce qu'il en pense, lui donner quelques clés de lecture de plus pour expliquer mes choix. Je m'abreuve de critiques constructives aussi, nombre de fois j'ai lu des œuvres et je me suis fait des réflexions sur des petits détails qui auraient pu être mieux ficelés. "Mince, si seulement j'avais pu lui dire, peut-être qu'il aurait reconsidéré la question et rendu son oeuvre encore meilleure". Avec ces lecteurs explorateurs qui se frottent à un stade avancé de brouillon, c'est possible.
D'ailleurs à chaque fois que je fais parvenir mes écrits à quelqu'un, je lui tiens peu ou prou le même discours. "Pas de pincettes, traque ce qui ne te plaît pas et fait le moi savoir". Les deux personnes qui m'ont lues m'ont d'ailleurs fait ce genre de remarque entre leurs éloges, des avis que j'ai ensuite pu prendre en compte, vraiment c'est tout bénèf.
Seulement voilà le gros du problème. Ma famille est assez petite, et je n'ai pas tant d'amis que ça. J'ai un grand nombre de connaissances ivl en revanche, mais j'ai du mal à faire tourner mes écrits avec quelqu'un que je ne connais pas physiquement, allez savoir. Le problème de ces amis irl c'est que ce sont de sacrés illettrés qui n'ont plus ouvert un livre depuis le lycée (à part un qui lit beaucoup et qui lui a tout dévoré en deux jours). Généralement ils lisent une centaine de mes pages en deux mois mais sont à bout de force ensuite. Ils me font des remarques sympathiques donc c'est pas de la mauvaise volonté. De leur propre aveu, ils sont incapables de lire à l'heure actuelle, peut-être que ça leur reviendra plus tard.
Par conséquent je bute un peu, je n'ai plus vraiment de retour, typiquement pour les 100 dernières pages, je n'ai qu'un seul lecteur avec qui j'ai pu discuter. Un autre lecteur assidu m'a promis de tout lire et de me faire un gros commentaire, et je sais que lui le fera, mais pas tout de suite, en temps et en heure.
Donc on en est là, j'ai terminé ce premier morceau de mon projet il y a trois mois. J'ai atteins un premier point de l'histoire, et j'aimerai avoir des remarques en profondeur avant de m'attaquer à la suite. Donc point mort, ce n'est pourtant pas l'envie qui manque
Certains partagent-ils des situations de ce genre ? Parvenez-vous à écrire pour vous et pour vous seul ? Au contraire, peut-être avez-vous même bâti une forteresse d'intimité autour de vos écrits, je pense notamment aux poètes parmi nous qui parfois n'osent pas laisser fenêtre ouverte sur leur table de travail.