Se connecter

Création

Ecriture

Sujet : [Nouvelle] Gros dur
1
Lyerk
Niveau 10
25 décembre 2020 à 20:32:16

Alan, accoudé au parapet, contemplait la Meuse noire en cette douce soirée d’automne. Il consultait de temps à autres son téléphone, l’air un peu crispé, car dix-neuf heures trente approchait et il n’y aurait bientôt plus grand-monde dans les rues. Qui dit plus grand-monde, dit plus de pigeons, ni de vaches à traire. Il leva les yeux au ciel lorsqu’il sentit une tape sur son épaule. Il se retourna et vit Steve, sous la lumière blafarde d’un lampadaire qui accentua le gras sur son visage et la protubérance sur son nez. C’était un jeune brun de dix-neuf ans, à peine plus grand qu’Alan, qui lui, était un châtain joufflu au nez large. Il était cependant svelte, et le paraissait encore, malgré son bomber et son pantalon cargo. Il dit :

— Où sont les autres ?

Steve lui montra du doigt deux grandes silhouettes qui traversaient la route à la hâte, et distribuaient des éclats de rire tout autour d’eux.

— Voilà l’équipe au complet, déclara Alan en se gratifiant d’un rire naïf.

Ils se saluèrent. Thomas était le plus grand de la bande, il portait une casquette VonDutch, et ses yeux en amande riaient. Dimitri avait le crâne rasé et affolait par sa maigreur ; il tenait dans sa main un cran d’arrêt qu’il fit jouer entre ses doigts.

— Bon les mecs, fit Alan, ici y a personne à plumer et si on se bouge pas, y aura personne non plus au centre-ville.
— Bien vu, répondit Dimitri en rangeant le couteau dans la poche de sa veste en cuir.

Et ils se décidèrent à partir, parlant bruyamment de nichons et de pognon entre chaque éclat de rire. Traversant le pont en long, lorgnant sur les voitures qui le traversaient bien plus vite.
Lorsqu’ils arrivèrent au centre-ville de Charleroi, qui était toujours bondé, il se mirent en quête de ruelles. Il leur fallait une cible, un gars ou une fille fragile de préférence, mais ils s’attaquaient parfois à de grands gaillards, qui au vu de leur nombre et de leurs armes, finissaient souvent par obtempérer. Sauf une ou deux fois se rappela Alan. Il s’était pris un poing en pleine figure par un grand noir et l’autre, c’était un blanc costaud qui lui avait enfoncé un coup de pied dans le ventre et l’avait fait se plier en deux.
Quand ils entrèrent dans une petite ruelle commerçante et qu’un jeune homme d’environ vingt ans, étonnamment petit, commençait à parvenir depuis l’autre côté, Alan eut tout de suite un mauvais pressentiment. Il se confirma lorsque le jeune arriva à dix pas d’eux, et que la lumière orangée des lampadaires coula sur ses cheveux châtains départagés en deux par une raie au milieu. Pas lui, non pas lui.

— Je crois qu’on a trouvé notre cible, fit Steve.

Alan tourna la tête vers lui, et vit avec horreur que la délectation avait déjà pris possession de son visage.
C’était fini, ils allaient terroriser ce pauvre mec, le dépouiller, et s’il s’en sortait vivant ce serait de l’ordre du miracle.
Alan avait pour habitude d’aimer ce genre d’humiliations, elles lui apportaient une satisfaction dont il raffolait. Et s’il pouvait « se faire du biff sur le dos d’un pigeon », il le faisait sans hésiter une seconde. Mais ce soir-là, c’était pas pareil.

Le jeune approcha et les considéra avec un regard méfiant. Ce fut Thomas qui le toucha en premier, il le prit par le col de sa chemise et le poussa en arrière.

— Tu crois aller où comme ça ? Fit-il.
Les autres commençaient déjà à se marrer, Alan fit de même pour garder la face. Il prit les devants et se promit de faire souffrir le moins possible ce pauvre gars.

— T’as un tel ? Lui demanda Alan avec une hargne feinte. Allez vide tes poches pédé.

Alan le dominait de toute sa taille, et les autres riaient encore. Le jeune leva ses yeux ambrés vers son bourreau, et ce dernier lui asséna une gifle.

— Donne ton putain de tel.

Devenu rouge et tremblant après la gifle, il sortit un iphone de sa poche que Steve lui arracha immédiatement des mains.

— Donne ton code et on te laisse partir.
— Eh on n’a pas fini de s’amuser mec, lança Steve.
— On prend son code et on se tire, répondit Alan le plus calmement possible. Le téléphone est plutôt récent il vaut cher. Ça suffit.

Le jeune bégaya le code de sa voix sans timbre, haletante.

— Il nous prend pas pour des cons, c’est bien son code, confirma Steve.
— Allez, dégage maintenant, fit Dimitri en faisant miroiter la lame de son cran d’arrêt.

Alan avait réussi à convaincre l’équipe de garder le téléphone. Il leur avait dit mot pour mot « Je vais le revendre à un pote un peu con, il serait prêt à nous le racheter un bon paquet d’argent » mais son plan était tout autre. Il ne mangea rien de la soirée, sa mère avait pourtant insisté pour qu’il goûte la tourte qu’elle avait préparée, mais il était bien trop absorbé par le contenu du téléphone. Son fond d’écran n’était pas personnalisé, il affichait une planète que l’on pouvait faire se mouvoir si on la touchait pendant deux secondes. Ses photos étaient peu nombreuses, deux attirèrent son attention : l’une où le jeune posait avec ce qui était probablement sa mère à Disneyland Paris, et une autre, un simple selfie où il souriait. Ses dents étaient alignées et bon Dieu qu’il avait l’air heureux. Un sentiment de honte envahit Alan. Un passage dans réglages, et Alan apprit qu’il s’appelait Tom. Il alla dans son répertoire et fit défiler les noms : Adeline, Bertrand, Cousin 1, Cousin 2… Il fit défiler jusqu’à « Maman » et appela.

— Allô ? Dit une voix de femme fébrile.
— Oui allô, je pense avoir trouvé le téléphone de votre fils.

Le lendemain, Alan se trouvait devant la maison potentielle de Tom. Sa mère lui avait donné l’adresse. Il resta planté là un moment, à mirer cette belle maison mitoyenne richement décorée en roses. Le ciel était d’un bleu vif, saisissant. Le pavé sur lequel il cracha, lui, était crasseux. Son téléphone vibra, c’était Steve qui appelait. Il rejeta l’appel et se décida enfin à sonner à la porte en bois derrière laquelle vivait ce fameux Tom.
Ce fut en effet Tom qui ouvrit, son regard impatient se figea sur Alan et son visage se décomposa.

— Qu’est-ce que tu veux ? Demanda Tom, qui s’apprêtait à refermer la porte.
— Simplement te rendre ton téléphone et m’excuser.
— Pourquoi tu me le rends ? Demanda Tom, incrédule.

Alan se surprit à devenir rouge.

— Parce que je me voyais pas plumer un gars aussi charmant.

Reptilovitch
Niveau 10
25 décembre 2020 à 21:49:08

c'est plutôt bon, suite :oui:

Lyerk
Niveau 10
27 décembre 2020 à 14:59:45

Merci

Je ne sais pas s’il y aura une suite, c’était prévu mais ça peut tout aussi bien se finir comme ça :hap:

Reptilovitch
Niveau 10
27 décembre 2020 à 23:07:00

tente une suite :oui:

Lyerk
Niveau 10
01 décembre 2021 à 20:46:24

Je up, j’aimerais des avis

Il s’avère que je n’ai plus du tout écrit depuis ce texte

Chimene_Azalee
Niveau 18
02 décembre 2021 à 14:37:11

Le 01 décembre 2021 à 20:46:24 :
Je up, j’aimerais des avis

Il s’avère que je n’ai plus du tout écrit depuis ce texte

Le 01 décembre 2021 à 20:46:24 :
Je up, j’aimerais des avis

Il s’avère que je n’ai plus du tout écrit depuis ce texte

Salut, je crois que tu es publié chez des mots qui trottent ?

Lyerk
Niveau 10
02 décembre 2021 à 14:40:43

Le 02 décembre 2021 à 14:37:11 :

Le 01 décembre 2021 à 20:46:24 :
Je up, j’aimerais des avis

Il s’avère que je n’ai plus du tout écrit depuis ce texte

Le 01 décembre 2021 à 20:46:24 :
Je up, j’aimerais des avis

Il s’avère que je n’ai plus du tout écrit depuis ce texte

Salut, je crois que tu es publié chez des mots qui trottent ?

Salut ! Je ne connais pas des mots qui trottent tu dois confondre :oui:

VeyIox
Niveau 10
02 décembre 2021 à 16:03:36

Cliché dans l'idée, mais l'exécution est nickel, ça se lit très bien

1
Sujet : [Nouvelle] Gros dur
   Retour haut de page
Consulter la version web de cette page