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Sujet : Sexe Mort
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ViceeJoker
Niveau 9
25 juin 2022 à 09:16:57

Bonjour à tous, je suis là pour vous présenter mon nouveau roman. Mais avant ça, petit disclaimer :

Dans "Sexe Mort", je mets en scène pour la première fois un personnage transexuel/intersexuel. En vérité, c'est un personnage de littérature au sexe indéfini. Même si l'idée d'une "transition en cours" est clairement exposée dès le début du récit, on ne sait pas s'il s'agit d'un m-to-f ou d'un f-to-m. C'est un choix certes particulier, et sans doute un peu casse-gueule, mais je me suis servis de ce côté "indéfini" pour rendre le personnage d'Ovide insaisissable, indéfinissable. C'est en quelques sortes ce postulat qui m'a poussé à coucher un tel personnage sur papier. N'y voyez donc aucune propagande LGBT, et encore moins une discrimination de quelque sorte que ce soit. C'est une démarche littéraire avant tout et il n'y a pas de point de vue politique dans ce récit, sinon dans l'utilisation mesurée de l'écriture inclusive.

Alors tout de suite, clarifions les choses, mon point de vue sur l'écriture inclusive : Je suis contre une écriture inclusive totale, c'est à dire tout un texte en écriture inclusive je trouve cela vraiment illisible et anti-littéraire. Pas contre, pour définir une personne transgenre, ou qui se définit comme intersexuel, ou en transition, je trouve ça super intéressant déjà esthétiquement, mais je trouve ça aussi pertinent dans ce récit, ou justement le mystère autour du sexe biologique d'Ovide procède de sa mythologie. Sur ce, je vous souhaite à tous une excellente lecture

I

Ovide se demandait ce qu’il ou elle était. Ses tourments le tenaient à l’ombre depuis un temps qu’iel peinait à définir clairement. Un corbeau l’épiait dehors, sur la corniche. Chaque battement d’ailes le faisait frémir. Va-t’en, corbeau, iel pensa, cependant le corbeau resta. Sa jambe gauche marquait une mesure enlevée sous le drap fin. Avec la chaleur de l’été, le tissu collait à sa jambe glabre. C’était désagréable, ça grattait.

Quelque chose ou quelqu’un l’observait. Il n’y avait jamais de corbeaux ici pourtant, ce n’était pas l’endroit, pas la saison. Il n’y avait pas de saison pour souffrir une telle apparition. Mauvais présage. Iel avait poussé le jeu trop loin en dépit du bon sens. Une force inconnue le guidait, une force maléfique ; en fait celle qui avait fait d’iel ce qu’iel était aujourd’hui : une créature pénétrable de part en part, avide et vicieuse, psychotique. Iel le savait : les autres ignoraient tout de ce qui se tramait dans sa psyché torturée. Iel dissimulait, c’était ainsi qu’il fallait procéder. Question de survie. Iel ne savait plus quel sens donner à la réalité. En fait, la notion même de réalité devenait floue.

— Il n’y a pas de juste vérité, argua Mosé.

Le visage de Mosé échoua près de celui d’Ovide. Son maquillage avait coulé en larmes, deux traces sombres sur ses joues creuses s’étaient engluées dans le bourrelet profond de son menton carré. Ovide respira son haleine chaude, iel aimait bien. L’alcool avait coulé à flot au cours de cette soirée. La énième, sans doute pas la dernière, il y en aurait plein d’autres et pour ça iel croisait les doigts. Ensemble ou séparément, ça lui importait peu, en fin de compte. Mosé passa son bras-couverture autour de son corps humide. Iel se décala, le repoussa doucement, à rebours de la violence qui étreignait son cœur.

— J’ai chaud, iel rumina.
— Moi aussi j’ai chaud. On a tous chaud, en vérité. C’est la période.
— Ce sont des conneries, ce que tu dis.
— Parce que toi, tu ne dis jamais de conneries ? cingla Mosé, qui replaça son bras au même endroit en guise de protestation.

Ovide ne protesta pas, cette fois, iel le laissa faire. Iel se surprenait parfois, lorsqu’il réfléchissait. Pas souvent, en vérité. Iel avait désappris à le faire, ainsi iel se protégeait.

— Je pense que je n’ai jamais dit quelque chose qui soit vraiment juste.
— Il n’y a pas vraiment de justesse.
— Il y a une justice, soupira Ovide et iel ne cacha pas sa déception.
— Tu as trop bu.
— Si seulement il n’y avait que ça.
— Qu’est-ce qu’il y a d’autre ?
— Tout le reste.
— Ah, oui, concéda Mosé.

Ovide se leva, arpenta la chambre. C’était un bel appartement haussmannien, le vieux parquet craquait sous ses pieds. Iel arborait un boxer mauve. Son corps était mince, on voyait ses côtes. Aucun poil. Des cicatrices brunes sous sa poitrine. La lumière abondait dans le salon, iel baissa les stores. Noir complet. Iel actionna l’interrupteur général. Les gigantesques lustres inondèrent la pièce d’une lumière bleue, sombre. Des bouteilles accumulées sur l’ancienne cheminée. Iel regrettait que jadis on ait décidé de condamner cette cheminée, mais d’un autre côté, iel aurait sans doute foutu le feu à l’endroit si c’était encore possible. Iel se posa la question, en tout cas. L’instant d’après, iel ne se la posa plus. Tequila, rhum, vodka, vin rouge… Martini. C’était ce qu’iel préférait. Il en restait un peu. Mosé traînait toujours au lit, iel l’entendait qui remuait, les lattes du sommier couinaient. Lui aussi devait sentir que cette histoire était sans issue et qu’il y aurait des conséquences.

— Qu’est-ce que tu fais ?
— Je me sers un verre.
— Tu crois vraiment que c’est l’heure ?
— Quelle heure est-il ?
— Je ne sais pas.
— Bon, bon.

Il n’y avait plus de verre propre. Ovide en rinça un, puis s’assit derrière le bar. C’était un beau bar aux motifs asiatiques, iel en avait hérité, aujourd’hui sa grand-mère lui manquait. C’était vraiment un beau meuble, si bien qu’iel l’avait gardé, sans même penser à estimer de sa valeur sur le marché. Ça ne lui avait pas traversé l’esprit à l’époque, seulement les temps changeaient, c’était indéniable. La misère s’accentuaient, iel vivait sous les deniers d’un protecteur qu’iel mystifiait dans son propre lit, dans sa propre maison. Bientôt iel aurait besoin d’argent. Pour quoi faire, pour aller où ? Iel n’en avait pas la moindre foutue idée.

— Il reste du Gin ?

Mosé avait revêtu le peignoir d’Isis, un joli peignoir pourpre très moelleux. Et ses claquettes aussi. Il ne se gênait pas, il était comme ça, Mosé ; un peu chez lui partout. Ovide ne releva pas, iel n’avait pas la force de partir sur un esclandre ; pas à une heure si matinale.

— Je croyais qu’il était trop tôt, grommela-t-iel.
— Il est bientôt dix-sept heures.
— Comment ? Ce n’est pas possible.
— J’ai vérifié sur mon portable.

Ovide frotta son visage englué, passa une main dans ses cheveux bleus.
— Mosé, il faut vraiment que tu me laisses, maintenant. Je fais une attaque de panique.
— Nous avons tout le temps pour discuter, dit Mosé, comme s’il n’avait rien entendu. Si nous arrivons au club avant onze heures, on va nous traiter comme des pestiférés, et ça, c’est hors de question.

Ovide sentit que son visage chauffait. Ses mains moites tremblaient. Mosé se servit un gin et s’installa en face de lui. Il souriait, il était radieux, même si en vérité il était très laid. Il soupira. Un soupir apaisé. Sur le bar, il y avait un couteau qui avait servit à couper des citrons verts la veille au soir. Ovide regarda le couteau. Iel était ulcéré.e par le fait que des outils du quotidien, conçu des milliards d’années plus tôt, avait servi à la mort de tant d’hommes. Des égorgements, des balafres, des yeux crevés, des organes percés. Toutes les choses dont on a besoin nous font mourir, devisa-t-iel avec horreur. Iel n’était pas au top de sa forme.

— Il n’y aura pas de club ce soir, rétorqua-t-iel.
— Pas de club ?
— Pas de club, affirma Ovide. Nous y avons déjà été hier soir, nous sommes rentrés à l’aube.
— On ne s’en souvient plus, dit Mosé, sarcastique.
— Ça ne veut pas dire qu’on n’y est pas allés.
— Je te trouve prétentieux.
— Ah oui ?
— Excessivement prétentieux, ajouta Mosé.
— Alors enlève ce peignoir.

Mosé le fit. Maintenant il était nu sous la lumière bleue. Ce lustre est vraiment énorme, songea Ovide. Il doit peser des tonnes, il pourrait tomber et écraser ce fils de pute. L’écrabouiller. Iel aurait voulu que ça se fasse, mais ça n’arriva pas. Mosé attendait là, nu comme un ver. Ovide déporta son regard vers les stores, sinon iel allait avoir envie, encore.

— Viens-là, dit Mosé.

Iel se laissa faire. Iel ne pouvait pas s’en empêcher.
Quelqu’un le forçait à faire ces choses.
Quelque chose de définitif s’agitait dans son corps transitionnel.

ViceeJoker
Niveau 9
25 juin 2022 à 09:21:45

II

Combien de jour avaient passé depuis leur dernière rencontre ? Ovide ne se souvenait plus, iel perdait le contrôle. Iel se demandait quand est-ce que ça allait s’arrêter. Sans doute jamais, ou alors après sa mort. Ou peut-être que ça continuerait. Iel ne savait même pas si iel était croyante. Si Dieu existait, alors iel se serait demandé.e s’il était bien monté. Mosé déambulait nu dans le salon, entre les piles de vêtement, les cadavres de bouteilles, les cendriers vides et les boîtes de médicaments.

— Il faut ouvrir les fenêtres, ça pue.
— Ah bon ?

Les bruits de la rue s’engouffrèrent dans l’appartement ; le grand lustre vibra. Le miroir était sale, tâché de stupres. Ovide avait envie de vomir. Iel se servit un martini.

— Je t’ai attendu au sauna, dit Mosé. Tu n’es pas venu.
— J’étais peut-être là.

Ovide n’essayait pas de semer le trouble dans l’esprit de son amant ; iel ne se souvenait tout simplement plus de ce qu’iel avait fait ce matin-là. Iel naviguait entre deux eaux, seule. Iel ne voyait rien qui puisse se terminer plus mal que ce qui se jouait là, dans cet appartement sublime qui ne lui appartenait pas, au milieu de cette mégalopole qui le dégoûtait, comme une grappe métastasique qui s’étendait partout. Le tumulte de la ville l’angoissait au possible. La rumeur fade des cœurs battants stimulait sa morgue. D’autres humains existaient à part iel, mais avaient-ils seulement une âme ? Mosé faisait-il partie de ces êtres mornes, amputés de leurs idées, de leur libre-arbitre ? Il s’était imposé dans sa vie et depuis il répétait la même chose en boucle. Il évoquait à Ovide un personnage non jouable de jeu vidéo. Iel pesta. Le bar était jonché de bouteille de martini, depuis un moment iel ne sortait presque plus de chez lui, iel se faisait livrer quotidiennement via Uber Eats. Un jour, Isis me coupera les vivres, songea-t-iel, et ce jour-là, ma vie s’arrêtera… en attendant, j’en profite.

— Qu’est-ce que tu dis ? demanda Mosé.
— Je parle tout seul.
— Tu palabres, pouffa l’amant. En vrai tu ne sais même pas ce que tu dis.
— Est-ce que tu as du feu ?

Mosé se rapprocha. Ovide se pencha, puis il rabattit sa tête arrière. La fumée irradia ses poumons. Iel toussait. Mosé reprit un gin. Bombay Saphir. Il affectionnait ce breuvage. Avant de rejoindre Ovide ici, à l’appartement, il avait passé la matinée pleurer, puis il avait pris une douche froide et avait mangé une salade composée avec salade, saumon, graine de chanvre, mâche et une petite vinaigrette pour le plaisir ; il ne pouvait pas non plus faire tout le temps attention. Une question l’obsédait. Il but une gorgée, après quoi il trouva le courage nécessaire pour la poser enfin :

— Est-ce que tu as parlé à Isis ?
— Tu sais bien qu’elle est à Milan, elle négocie de gros contrats. Ce sont des choses sérieuses, je ne veux pas tout foutre en l’air à cause de quelques petits écarts.

Ovide récupéra la poussière accumulée sur le comptoir, avec la tranche de ses doigts il la regroupa sous la lampe verte, sa nervosité camouflait sous ce petit tas. Dehors un gros bolide passa, il y eut une embardée ; Mosé reconnut le bruit du moteur. Phil est en ville, comprit-il, ému.

— Quelques petits écarts, répéta-t-il, et il semblait outré par de tels propos. Toi, moi, enfin, je veux dire, ce qu’on vit, pour toi, ce n’est rien de plus qu’un « petit écart » ?
— Tu déformes tout…

Iel laissa tomber sa tête dans ses mains, malaxa vivement ses tempes. Un tube passait à la télé. Iel monta le son à fond. Iel dansa au milieu du salon. Des mouvements souples et gracieux, iel semblait flotter dans le salon embrumé. Mosé l’observa longuement, il triturait sa gourmette en argent. Malgré l’insistant sensation de flou qui le harcelait, tout était clair dans son esprit.

— Tu ne comptes rien lui dire, c’est ça ? dit-il par-dessus la musique.
— Je suis dépendant affectif, Mosé, avoua Ovide, qui s’approchait de son amant, toujours en dansant. Je ne peux pas me permettre de la perdre.
— Tu le perdras peut-être, mais tu m’auras moi, avança Mosé, qui l’attira contre lui.
— Ce n’est pas aussi simple, protesta Ovide, qui se dégagea.

Mosé éclusa son verre et le jeta brusquement contre le mur. Le mur était fragile et très fin, c’était un vieux mur, épais comme du papier à musique. Il se craquela et le verre éclata seulement au contact du parquet ; des milliers de morceaux coupant se répandirent sur les lamelles poussiéreuses. Ovide se raidit. Le couteau était toujours au même endroit, le sucre et le citron avait séché sur la tranche, formant des dépôts marrons. Le manche collait, iel le savait puisqu’il l’avait touché tout à l’heure, iel avait eu le projet de s’envoyer un coup dans le bras, mais iel s’était ravisé, puis Mosé avait sonné juste après.

— Tu n’es pas dépendant affectif, pesta Mosé. Tu es accro au fric, voilà tout.
— Tu en connais beaucoup des gens qui sont heureux sans pognon ? le tança Ovide. Vois les choses en face, tu ne pourrais pas du tout subvenir à mes moyens. J’ai un train de vie.
— Alors, on ne sera jamais ensemble…

Mosé tomba dans le sofa. Il alluma une cigarette, sa tête bascula en arrière ; il sembla à Ovide qu’il avait effectué ce mouvement contre sa propre volonté. Il cracha une longue liane de fumée. Ovide se sentait coupable. Iel était insatiable et tout le monde souffrait à cause de ça, à cause de sa foutue maladie. Tout le monde souffrait, lui le premier.

— Est-ce que tu penses que je devrais changer de couleur ? demanda-t-iel comme il fallait bien changer de sujet.
— En bleu, en rose, qu’est-ce que ça peut me foutre, soupira Mosé. Du moment que tu es heureus.e, ça me convient.
— Tu es un amour, dit Ovide, qui remplissait son verre.
— Je sais, d’ailleurs ça me perdra.
— Non…

Ovide se lova contre lui, sur le sofa. Ils trinquèrent.

— Allons au club, ce soir, proposa-t-iel. Bo et Jean-Luc y seront aussi.
— Tu es sûr que c’est une bonne idée ?
— A vrai dire, pas du tout.

Il se confrontèrent. Ils rirent aux éclats ; un sentiment d’urgence les incitait à tromper la mort autant que faire se peut. Ils s’habillèrent. Ils étaient beaux, richement vêtus. Ils se sentaient bien, il y avait du confort et de l’élégance dans leurs tenues. Ils se retrouvèrent après dans le salon. Ils se plurent mutuellement.

— Bo m’a envoyé une dizaine de messages, dit Mosé. Il est impatient de te revoir.
— Nous nous sommes vus hier.
— Tu plaisantes ? C’était au moins la semaine dernière.
— Tu es sûr ?
— Très drôle.

Ovide était sidéré.e. Le temps passait si vite en l’absence d’Isis. Je devrais voyager plus souvent, pensa-t-iel, mais iel culpabilisa tout de suite après. Isis faisait beaucoup pour lui, or iel nourrissait de telles pensées. Iel était faux, hypocrite. Iel se détestait. Mais comment faire autrement ? Depuis qu’iel était en âge d’aimer, iel n’avait voulu qu’être aimé. Iel accusa le coup. Iel serrait les dents, sa main douce crispée sur son martini.

— Allons-y, il est temps.
— Déjà ? Le soleil n’est même pas couché ;
— Il l’est, affirma Mosé. Si tu soulevais parfois ce store, tu le saurais.
— Tu as raison, déplora Ovide. Je suis une sale chauve-souris.

Un rire saugrenu s’échappa de la gorge engluée de Mosé. Une chauve-souris, se dit-il, quelle drôle d’idée. Il aimait ce côté absurde et loufoque, chez Ovide. C’était peut-être bien la seule chose qu’il aimait chez iel. On n’expliquait pas toujours les choses et cette chose-là, cette attraction entre lui et iel, vraiment, ça ne faisait pas sens aux yeux de son histoire personnelle. Mais c’était comme ça, il assumait. Il vivait quelque chose de particulier, alors il se sentait vivre. C’était génial, il était constamment excité.

— On y va.
— Ok.

Ils prirent leurs sacs, descendirent. Ils montèrent dans la Mercedes. Ovide haïssait les espaces restreints ; même spacieux et luxueux, ça restait un calvaire. La nuit était chaude, iel ouvrit la fenêtre. Il y avait des palmiers dans cette ville, iel s’en étonna ; iel avait l’impression d’avoir quand même loupé quelques épisodes. Depuis combien de temps était-iel confiné ? Depuis combien de temps Isis était parti ?

— Bo et toi, commença Mosé, puis il marqua une pause étrangement longue. Vous vous entendez bien. Je suis flatté d’être à l’origine de votre rencontre.
— Tu peux l’être, assura Ovide, qui éluda volontairement les soupçons que recelait la déclaration de son amant. C’est un chic type, il a de la classe, il est très en vue. Que fait-il dans la vie, déjà ?
— Il est plasticien. Comme tout le monde.
— J’adorerai qu’il expose mes œuvres un jour, ce serait mon rêve.
— Quelles œuvres ?

Mosé tourna la tête. Il ne regardait plus la route et il roulait vite. Les rues étaient vides à cette heure, ça faisait du bien. En journée, c’était bouché, irrespirable. Ovide haussa les épaules.

— Moi, finit-il par répondre. Je suis mon œuvre.
— C’est joli, concéda Mosé.

L’enseigne au néon du club formait une fluorescence bleue et rose dans l’obscurité. Ils arrivaient. Ils se garèrent.

Mandoulis
Niveau 25
27 juin 2022 à 15:12:36

Dans "Sexe Mort", je mets en scène pour la première fois un personnage transexuel/intersexuel. En vérité, c'est un personnage de littérature au sexe indéfini. Même si l'idée d'une "transition en cours" est clairement exposée dès le début du récit, on ne sait pas s'il s'agit d'un m-to-f ou d'un f-to-m. C'est un choix certes particulier, et sans doute un peu casse-gueule, mais je me suis servis de ce côté "indéfini" pour rendre le personnage d'Ovide insaisissable, indéfinissable. C'est en quelques sortes ce postulat qui m'a poussé à coucher un tel personnage sur papier. N'y voyez donc aucune propagande LGBT, et encore moins une discrimination de quelque sorte que ce soit. C'est une démarche littéraire avant tout et il n'y a pas de point de vue politique dans ce récit, sinon dans l'utilisation mesurée de l'écriture inclusive.

Je rejoins Veyli, dont le post a mystérieusement sauté. La démarche me parait plus économique qu'autre chose. Le LGBT et l'écriture inclusive ça fait vendre.
Je ne lirai pas, mais je laisse le texte pour les curieux, malgré le saccage de notre belle langue qu'il implique.

ViceeJoker
Niveau 9
28 juin 2022 à 10:35:34

je n'ai pas vu le commentaire de Veyli s'il peut le repost ou me l'envoyer en mp ?

ViceeJoker
Niveau 9
28 juin 2022 à 10:38:07

Le 27 juin 2022 à 15:12:36 :

Dans "Sexe Mort", je mets en scène pour la première fois un personnage transexuel/intersexuel. En vérité, c'est un personnage de littérature au sexe indéfini. Même si l'idée d'une "transition en cours" est clairement exposée dès le début du récit, on ne sait pas s'il s'agit d'un m-to-f ou d'un f-to-m. C'est un choix certes particulier, et sans doute un peu casse-gueule, mais je me suis servis de ce côté "indéfini" pour rendre le personnage d'Ovide insaisissable, indéfinissable. C'est en quelques sortes ce postulat qui m'a poussé à coucher un tel personnage sur papier. N'y voyez donc aucune propagande LGBT, et encore moins une discrimination de quelque sorte que ce soit. C'est une démarche littéraire avant tout et il n'y a pas de point de vue politique dans ce récit, sinon dans l'utilisation mesurée de l'écriture inclusive.

Je rejoins Veyli, dont le post a mystérieusement sauté. La démarche me parait plus économique qu'autre chose. Le LGBT et l'écriture inclusive ça fait vendre.
Je ne lirai pas, mais je laisse le texte pour les curieux, malgré le saccage de notre belle langue qu'il implique.

en quoi la démarche te paraît plus économique ? Je trouve juste que c'est intéressant au niveau littéraire un personnage dont le genre biologique est tenu secret, économique de quoi je vais en vendre 15 à tout casser :rire:

Et encore heureux que tu laisses le texte, manquerait plus que tu le supprimes :doute:

et j'ajoute comme tu ne lis pas que tout le texte n'est pas en écriture inclusive, j'essaie juste d'en faire une utilisation pertinente au-delà des combats politiques que je ne cautionne pas vraiment. Je me suis expliqué clairement pourtant dans mon disclaimer.

douleuraucoccyx
Niveau 18
28 juin 2022 à 11:51:46

« Alors tout de suite, clarifions les choses, mon point de vue sur l'écriture inclusive : Je suis contre une écriture inclusive totale, c'est à dire tout un texte en écriture inclusive je trouve cela vraiment illisible et anti-littéraire. Pas contre, pour définir une personne transgenre, ou qui se définit comme intersexuel, ou en transition, je trouve ça super intéressant déjà esthétiquement, mais je trouve ça aussi pertinent dans ce récit, ou justement le mystère autour du sexe biologique d'Ovide procède de sa mythologie. Sur ce, je vous souhaite à tous une excellente lecture. »
—————————
Intéressant esthétiquement ? Non, c'est moche, en tout cas, j’aimerais des explications.

Après pour moi l’écriture inclusive doit être utilisé que lorsqu’un personnage non genré écrit un sms, une lettre etc. Un auteur qui écrit comme ça, c’est non, ça pique.

Et si tu t’y prends bien, tu pourras clairement en vendre plus de 15 :oui:

ViceeJoker
Niveau 9
28 juin 2022 à 13:25:06

Le 28 juin 2022 à 11:51:46 :
« Alors tout de suite, clarifions les choses, mon point de vue sur l'écriture inclusive : Je suis contre une écriture inclusive totale, c'est à dire tout un texte en écriture inclusive je trouve cela vraiment illisible et anti-littéraire. Pas contre, pour définir une personne transgenre, ou qui se définit comme intersexuel, ou en transition, je trouve ça super intéressant déjà esthétiquement, mais je trouve ça aussi pertinent dans ce récit, ou justement le mystère autour du sexe biologique d'Ovide procède de sa mythologie. Sur ce, je vous souhaite à tous une excellente lecture. »
—————————
Intéressant esthétiquement ? Non, c'est moche, en tout cas, j’aimerais des explications.

Après pour moi l’écriture inclusive doit être utilisé que lorsqu’un personnage non genré écrit un sms, une lettre etc. Un auteur qui écrit comme ça, c’est non, ça pique.

Et si tu t’y prends bien, tu pourras clairement en vendre plus de 15 :oui:

je trouve cela intéressant dans le sens de ce récit pour définir un personnage dont le sexe biologique est inconnu même par l'auteur ce qui est le cas ici. C'est sympa de ne pas choisir je trouve. Et ça se limite à ce personnage, pour le pronom Iel et é.e donc ce n'est pas trop invasive enfin j'espère pour ceux qui auront le courage de lire.

ViceeJoker
Niveau 9
28 juin 2022 à 13:37:26

III

Le vent s’était levé durant le trajet, pourtant ce n’était pas loin. Ça venait vite. Ovide sortit de la voiture. Iel eut du mal à ouvrir la portière. Iel se demanda s’iel manquait de forces, ou alors si le vent soufflait trop fort. Peut-être un peu de deux, iel trancha. Néanmoins, la chaleur persistait, iel transpirait. Mosé gardait toujours un brumisateur dans le coffre de sa voiture. Il se pulvérisa. Ovide n’en voulait pas, iel abhorrait cette sensation d’humidité sur son visage. Iel laissa son veston sur le siège passager.

— Tu ne prends pas ton veston ?
— Il fait trop chaud, ce sera pire dans le club.
— En sortant, tu auras froid.
— Ok, monsieur météo.

Son veston sur les épaules, Ovide suivit le pas vif de Mosé. Ils traversèrent la route, Mosé s’était garé en face du club. Pour une fois, il y avait de la place. Ce n’était pas tous les jours. Mosé s’en contenta. Ovide haussa les épaules, iel s’en fichait, iel aimait marcher parfois, surtout par cette chaleur. A l’entrée du club, il y avait un petit groupe de personnes. Mosé les salua. Ovide resta en retrait. Pourquoi ne connaissait-iel pas ces gens ? Je suis censé.e connaître tout le monde, pesta-t-iel. Ça l’agaçait au plus haut point. C’était une grappe de trois personnes, fort maquillés, peinturlurées, des visages blancs, des mouches et des perruques.

— Ils sont de quels siècles, ces gens ? maugréa Ovide.
— Ou plutôt, dans quel siècle sommes-nous ?

Mosé avait l’art de retourner les questions. Monsieur a toujours réponse à tout, rumina Ovide tandis qu’ils passaient devant le vigil, mais un jour il ne répondra plus de rien, ça je le jure sur la vie de ma mère. Iel ne rigolait pas. Ce n’était pas une pensée abstraite, mais un fait. Quelque chose de réel. Peu de choses étaient réelles selon iel, mais ça, vraiment, ça l’était. Iel ouvrit sa combinaison sur son torse, alors ses colliers abondèrent dehors. Le vestiaire connaissait une période d’agitation. Ovide fut rassuré.e, s’il y avait du monde, alors iel avait moyen d’éviter une confrontation avec Bo sous le regard de Mosé. Il ne fallait pas que Mosé sache. Personne ne devait savoir. Jean-Luc savait probablement ; même quand ça ne le concernait pas directement, il savait. Alors là…

— Ça alors, s’extasia Jean-Luc. Regardez qui voilà !

Ils s’embrassèrent, se saluèrent, se massèrent les épaules et s’envoyèrent des sourires comme des pichenettes derrière l’oreille. Tout ça était trop faux. Non mais, déplora Ovide, dans quel univers je vis, nom de dieu de bordel… iel avait envie d’être vulgaire, comme ça, à haute voix. Iel appréhendait ses pulsions naissantes, iel craignait de ne pouvoir les réprimer toujours. Un jour il va falloir que ça sorte et putain ça va faire mal. Iel serra les poings, iel suffoquait.

— Superbe ta tenue, c’est incroyable, s’exclama Bo.
— Takeshi Sagomato, répliqua-t-iel, déviant son regard vers une femme en cuir qui roulait autour d’une barre de pole-dance.
— On ne change pas une équipe qui gagne, n’est-ce pas mon chaton ?

Iel regardait ailleurs, cependant iel vit que Mosé observait son interaction. Ile avait entamé un Gin accoudé contre le comptoir, faussement distrait. Iel faisait semblant d’écouter Jean-Luc. Jean-Luc était un moulin à paroles. Il était webdesigner, il concevait des affiches pour la mairie, il avait un fort sens de l’esthétique et à cause de ça, il passait son temps à détailler les gens, les choses. Mosé admirait l’acuité dont Jean-Luc faisait preuve, or Ovide détestait sombrement tout ce qu’affectionnait Mosé. Question de principe. Iel ne savait pas pourquoi iel était comme ça. C’était viscéral. Iel pensa à ce concert, auquel il n’avait pu assister.

— Ne t’inquiète pas, cette fois je n’ai rien mis dedans.
— Très drôle.
— Oh allons, fit Bo, qui lui frictionnait l’épaule en même temps. Ne fais pas cette tête, qu’est-ce qu’il se passe, tu as vu un fantôme ou quoi ?
— Attention à ma combinaison, rétorqua Ovide avant de se dégager. Tu as une idée du prix que ça coûte ?
— Au-dessus de tes moyens, j’imagine.

Ovide rejoignit les deux autres. Bo leur emboîta le pas.

— Cela fait longtemps qu’on ne s’est pas réunis, tous les quatre.

Tout le monde approuva. Vifs hochements de tête. Ovide était ulcéré.e. Hier, la semaine dernière, ça ne faisait pas « longtemps », comme Jean-Luc le prétendait, seulement personne ne releva l’énormité de ce qu’il venait de dire. Le temps passait vraiment à une vitesse folle, pour ces gens. Pourquoi tout était si lent pour iel ? Iel se sentait dans un univers parallèle, iel ressentit le besoin de s’isoler. Iel s’installa sur un tabouret au bar, regarda le fond de son verre. Face-de-Zèbre garnissait un seau de champagne. Il portait un veston en cuir clouté sans manches, son corps était entièrement recouvert de zébrures, d’où son pseudo, en fait. Même son visage. Il avait des écarteurs dans les oreilles, la lumière rose passait à travers les interstices. Il s’était engagé dans un processus absolu de modification corporelle et personne ne semblait en mesure de lui recommander d’arrêter. Du moment qu’il fait bien son job, moi ça me va, se dit Ovide, qui s’en foutait au fond. Cependant, Face-de-Zèbre était lent, ce soir, même aux yeux d’Ovide. Il avait une allure et une posture dynamique, toujours en mouvement, mais le seau se remplissait lentement, très lentement. Iel suffoquait, iel avait les mains moites.

— Hé, le Zèbre !
— Ah, tu es là ! s’exclama le barman, qui essuyait ses mains sur son torse zébré.
— Ça fait au moins deux heures que je traîne ici.
— Toujours cette tendance à l’hyperbole, sacré personnage.

Zèbre s’agrippa à la rampe et se pencha vers Ovide. Ils s’embrassèrent. Brève accolade.

— Qu’est-ce que je te mets ?
— La même chose, dit Ovide en montrant son verre. Double.
— Ce sera tout ? demanda le barman, qui s’activait déjà dans sa zone.
— Non… avoua Ovide.

Face-de-Zèbre interrompit son mouvement. Il resta bloqué, le bras tendu vers le porte-bouteille, son poing fermé sur le goulot de la bouteille de Martini Blanco. C’était bizarre, selon Ovide, qui camouflait son malaise, néanmoins sa sueur brillait sur son front bombé. Ça coulait dans ses sourcils. C’est pour ça que nous avons des sourcils, devisa-t-iel, comme s’iel prenait conscience aujourd’hui de la construction parfaite de son corps et que tout avait une place à juste titre. Zèbre opéra une rotation douce et de nouveau il se tenait face à iel.

— Quelque chose de fort… par pitié.
Iel sanglotait à moitié.
— P2cP, argua le barman, qui tirait un sachet hermétique de l’intérieur de son veston.
— Qu’est-ce que c’est que cette merde ? bougonna-t-iel.
— Avec ça, tu fais vraiment ce que tu as envie de faire.
— Parfois, il vaut mieux ne pas savoir.
— Il ne s’agit pas de savoir, répliqua Face-de-Zèbre. Il s’agit de faire.

Ovide enfonça le sachet dans la poche pectorale de sa combinaison couleur essence. Ça faisait cinquante euros. Iel les posa sur le zinc, plus dix pour le martini. Face-de-Zèbre afficha un sourire gingival ; il avait aussi fait élargir ses gencives. Il avait vraiment l’intention de devenir un zèbre, c’était son objectif principal dans la vie, ce qui le faisait sortir du lit tous les matins. Les autres avaient pris place autour d’une table ronde, sur une plateforme surplombant la piste. Il y avait du monde. Des habitués, pour la plupart. Ovide esquivait les sourires, iel ne voulait dire bonjour à personne. Iel s’installa sur le tabouret qui restait. Jean-Luc paraissait vieux, avec ses lunettes rondes à grosse monture en plastique rouge et sa chemise fantaisie cintrée sur sa bedaine molle.

— J’ai quarante-quatre ans, dit Jean-Luc, qui leva son verre comme pour s’en féliciter.
— Ah bon ? s’étonna Ovide. Mais alors qu’est-ce que tu fais-là, avec nous ?
— Je vis une seconde vie.
— C’est dingue de se dire qu’on peut vivre aussi longtemps…

Les considérations d’Ovide indisposaient tout le monde ; plus personne n’osa parler pendant un temps. Les oiseaux de nuits affluaient sur la piste. Ils dansaient, remuaient. La Dj passait une musique d’ambiance, binaire et soft, elle pinçait ses lèvres, les yeux clos, elle bougeait en rythme. Bo ressemblait à un vautour, ou à un quelconque charognard. Il attendait que sa proie décède et Ovide sentait qu’en effet, iel ne lui restait plus beaucoup de temps à tirer.

— Sacré toi, alors, dit Mosé à son attention. Désolé, mes amours, mais iel file un mauvais coton en ce moment.
— Arrête, lui souffla Ovide, et ses yeux lançaient des éclairs dans la direction de son amant.
— Dès que son bienfaiteur part en affaire, iel mange liquide.
— Ta gueule ! gronda Ovide, et cette fois il frappa la table d’un grand coup de poing.

Les gens le regardaient avec un air ahuri, iel devait s’en aller. Iel se dirigea en ondulant vers la piste. Bo alla à sa rencontre, il dansait lui aussi, mais mal. Il était raide, désordonné.

— Quand est-ce que tu cesseras de faire des tiennes ? lui glissa-t-il.
— Laisse-moi tranquille, je suis un type bien.

Ils dansèrent encore. Ils s’éloignèrent, se rapprochèrent. Leurs corps se collèrent. Ovide rejeta Bo. Iel tourna sur iel-même. Les autres danseurs s’écartaient, iel gagnait de l’amplitude. Bo semblait désespéré, honteux. Les gens lisaient des excuses sur son visage.

— Tu as tout ce que tu veux, ajouta Bo, qui tenait sa flûte vide comme une barre de métro. Tu as le monde dans les mains et tu persistes à tout foutre en l’air.
— Je suis ce que je suis, rétorqua Ovide. N’essaye pas de me faire penser le contraire.
— Ce que tu penses, ça n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est ce qui est.

Ovide ouvrit encore sa combinaison. Son corps était mince, longiligne. La sueur ruisselait dans son nombril qui semblait profond. Deux cicatrices brunes brillaient sous ses tétons percés. Iel éclusa son verre, le laissa tomber. Bo le rattrapa de justesse et le déposa sur une table en bordure de piste. Il revient vers iel. Jean-Luc et Mosé les guettaient depuis leur table, ils riaient en vidant la bouteille de champagne. Quel étrange ballet, se disait Jean-Luc. Fils de pute, se disait Mosé, sans savoir précisément qui sa pensée visait. Sur la piste, Bo insista :

— Est-ce que Isis sait pour vous deux ?

Ovide haussa les épaules. Iel fit un clin d’œil, enfin, iel clignait des yeux. Quelque chose le grattait. Iel tourna le dos à Bo. Bo le contourna, toujours en dansant. Il se plaça devant iel. Iel ne pouvait plus l’ignorer.

— Est-ce que Mosé sait pour nous deux ?
— On était dans un état second, à ce moment-là.
— Voyons, ouvre les yeux ! Nous sommes toujours dans un état second.
— Ne me juge pas, je t’en supplie.

La DJ passa un autre morceau. Il fallait trouver un mouvement adapté, un autre rythme. Ovide n’était plus dedans. Iel maudissait Bo et cet effroyable talent qu’il cultivait ; en fait celui qui consistait à gâcher perpétuellement les fêtes auxquelles iel prenait part. Iel serrait les poings. Ses mâchoires claquaient fort, ses tempes tambourinaient contre son crâne. Le produit était vraiment fort.

— Je ne te juge pas, dit Bo. Je constate, juste.
— Et ça, tu le constate ? demanda Ovide avec arrogance, comme iel se cambrait outrageusement.
— Ça suffit, Ovide.

Bo essuya son front du revers de sa manche. Sa moustache perlait d’une sueur âcre. Il se rappelait. Lui et iel, dans sa galerie. Entre les toiles. Ils avaient conçu une œuvre grâce à leurs fluides entremêlés.

— Le concept de la vérité t’est totalement étranger, déplora-t-il.
— La vérité, ahah, s’amusa Ovide. Toute ma vie on a essayé de m’imposer la vérité, toute ma vie, on a essayé de m’expliquer ce qui était vrai ou faux. La vérité, c’est que tout est faux.
— Tu es immoral, conclut Bo. Je ne peux pas te laisser t’enfoncer dans le mensonge et la folie. Regarde-toi, tu es dans un sale état.
— Ne me touche pas !

Iel repoussa le doigt moite qui venait sur son visage.

— Comment peux-tu encore te regarder dans le miroir ?

Ovide avait débuté sa transformation trois ans plus tôt. Médicament, chirurgie plastique, ablation, rhinoplastie, ses paupières, sa bouche, ses dents, son menton fuyant. Iel ne pensait pas que ce serait aussi dur. Iel était suivi par un epsychiatre qui lui donnait tous les médicaments qu’iel désirait. Iel fallait qu’iel en change, pour sa santé mentale. Mais c’était si facile, avec Dr.Hassani. Iel aimait la facilité. Et les coups de scalpel, iel avait fini par y prendre goût ; ce charcutage avait quelque chose de salvateur et la métamorphose suivait son cours.

— Alors, qu’est-ce que tu vas faire ? dit-iel en produisant d’étrange mouvement avec ses bras longs comme des tentacules. Tu vas tout raconter à Isis ? Tu veux que je finisse à la rue, que je tapine ? Je peux le faire, ça ne me dérange pas. Je n’ai pas peur, j’ai pris des décisions claires. J’irai au bout du jeu, ajouta-t-iel comme une menace.
— Tu es malade, chéri, insista Bo. Il faut que tu sois suivi par un médecin compétent. Hassani est une escroc doublée d’une perverse mentale.

Iel rit encore, cette fois de bon cœur. Malade, ça sonnait comme un compliment.

Mandoulis
Niveau 25
28 juin 2022 à 17:02:31

[10:35:34] <ViceeJoker>
je n'ai pas vu le commentaire de Veyli s'il peut le repost ou me l'envoyer en mp ?

Veyli disait juste que la démarche était économique, mais sans argumenter.

J'ai vu un iel je n'ai pas pu lire plus loin désolé :hap: Tu connais mon avis sur la question et les lobbies qui s'y impliquent :noel:

VeyloxSSJ2
Niveau 10
28 juin 2022 à 23:02:17

Le 28 juin 2022 à 10:35:34 :
je n'ai pas vu le commentaire de Veyli s'il peut le repost ou me l'envoyer en mp ?

C'était encore plus court que Mandou, quand tu parlais de démarche littéraire ou esthétique je soulignais que ça me faisait plutôt penser à une démarche économique

Je l'ai juste effacé parce que ça concernait l'en-tête et j'aime pas laisser une réponse sur un texte que j'ai pas lu

En fait jusqu'à maintenant j'avais même pas réalisé que t'allais carrément utiliser les pseudo-pronoms et pas juste tenter un nouveau moyen de traduire l' "indéfini"

Même réaction, ça le rend tout de suite moins intéressant vu que d'un point de vue linguistique c'est un choix désastreux. Le jeu littéraire pourquoi pas, mais "iel", bon. C'est un peu comme essayer de jouer artistiquement avec les codes de la danse avant de faire une danse fortnite si tu veux, j'y trouve rien d'esthétique, d'intéressant ou d'avant-gardiste

Ce qui rejoint le seul intérêt que j'y vois ; la mode, donc l'économie. Qui est dans le capitalisme l'un des moteurs principaux de la propagande, d'ailleurs. Les idées ne sont pas tant défendues par conviction par ceux qui cherchent à vendre, que par identification d'une clientèle.

ViceeJoker
Niveau 9
28 juin 2022 à 23:20:41

et une idée de ce que je pourrais utiliser autre que "iel" pour traduire l'indéfini ?

VeyloxSSJ2
Niveau 10
29 juin 2022 à 00:08:21

T'utilises un pronomfluide, qui change à chaque fois que le personnage est mentionné, en fonction de comment il se sent à cette exacte seconde

Mandoulis
Niveau 25
29 juin 2022 à 07:33:26

[23:20:41] <ViceeJoker>
et une idée de ce que je pourrais utiliser autre que "iel" pour traduire l'indéfini ?

Je ? Avec un récit à la première personne, ça t'évite les iel déjà, ne resteront que les terminaisons d'adjectifs.

ViceeJoker
Niveau 9
30 juin 2022 à 09:05:53

Le 29 juin 2022 à 00:08:21 :
T'utilises un pronomfluide, qui change à chaque fois que le personnage est mentionné, en fonction de comment il se sent à cette exacte seconde

le problème c'est que lui-même est dans la confusion, le récit implique qu'on lui a lavé le cerveau et il se sent étranger aux deux sexes :peur:

ViceeJoker
Niveau 9
03 juillet 2022 à 09:04:11

IV

Deux semaines plus tôt.

— Je suis ravi que tu aies pu venir.

Bo arborait une chemise en lin et un pantalon assorti, ainsi que des claquettes en cuir. Il ne s’était pas coupé les ongles de pieds, ils étaient un peu jaunes et comportaient des traces de peintures. Ovide portait une combinaison Takeshi Sagomato, dernière collection. Et des rangers de seconde main, complétement encrassées, à la dernière mode.

— J’ai pu me libérer, je suis content, dit-iel

Ils grimpèrent au dernier étage. Il faisait une chaleur de bête sous le toit. L’atelier de Bo. Des tonnes de toiles s’amoncelaient çà et là. Odeur de poussière, de sueur et de peinture. Ovide fut pris de nausées ; c’était un mélange entêtant, auquel iel peina à s’habituer.

— Alors c’est là que tu travailles…
— Rien ne peut m’atteindre ici, c’est mon royaume.

Iel inspecta les toiles. Iel trouvait ça lugubre, néanmoins ça l’excitait. Une vulnérabilité intense émanait de ces croûtes affreuses et iel appréciait ce sentiment plus qu’aucun autre. Bo nettoyait ses mains bleues sous le robinet. Son tablier traînait sur un chevalet inutilisé. Ovide avait débarqué alors qu’il détaillait sa dernière toile en date. Iel avait chaud. Iel déboutonna les premiers boutons de son chemisier. Iel observa la toile.

— J’aime le chaos qui se dégage de celle-ci.
— C’est une scène d’amour entre deux personnes très amoureuses, expliqua Bo, quelque peu désappointé.
— Ah bon ?

Ovide contempla la toile sous un autre angle, iel pencha la tête. Iel tenta de déceler l’amour dans cette toile noire et sans espoir. Bo aimait provoquer des réactions grâce à ses toiles, en fait c’était sa seule source de réconfort dans ce monde. Il avait déjà pensé au suicide mais il ne le faisait pas, essentiellement pour cette raison. Iel semblait désappointé et ça l’excitait beaucoup.

— Qu’est-ce que tu vois, toi ? lui demanda-t-il.
— Je vois, je vois…réfléchit Ovide, pouce et index en soutien sous son menton. Je vois une pieuvre immense qui marche sur la ville. Elle écrabouille des gens sous ses tentacules. Les gens crient. Leurs boyaux coulent dans les meurtrissures irrégulières d’une route éventrée.

Bo recula d’un pas, son sourire avait disparu. La douleur d’ Ovide transpirait et à cause de ça, il était tombé sous son charme. Iel était si fragile et si violent à la fois. Iel était touchant, Bo ne pouvait pas le nier. Mais iel avait aussi quelque chose de déroutant, d’insaisissable. Bo voulait savoir de quoi il retournait ; sa curiosité l’avait déjà perdu par le passé.

— Très bien, c’est ta vision, je la respecte, dit-il en passant derrière le bar. C’est ça qui est magique, avec l’art. On peut y voir ce que l’on veut. L’important n’est pas de transmettre un message ou de raconter une histoire. Il s’agit d’offrir une vision, et que le public y adhère ou pas. Il faut montrer. Mais ce n’est pas à moi de dire ce que c’est, ce que ça représente. J’interroge la psyché des gens, leur petite cachette secrète, en somme…

Ovide hocha vaguement la tête, iel était sceptique par défaut et non par conviction, iel ignorait en fait ce que Bo racontait. Iel abhorrait la théorie, la pensée ; iel s’intéressait surtout à sa propre représentation, à l’expression et à la promotion de son image auprès de ceux qu’iel considérait avec beaucoup de mauvaise foi comme étant ses pairs. Le reste l’ennuyait. Iel s’installa au bar. Bo lui proposa un smoothie. Pourquoi pas, soupira-t-iel, mais iel ne le but pas. Iel l’écoutait parler d’une oreille et parfois iel acquiesçait, pas toujours cela dit. Parfois iel acquiesçait, parfois il poussait un râle de désapprobation, mais iel ne savait pas trop, en définitive. Iel avait envie qu’on parle de sa personne, pas de l’art, pas du monde et pas des autres. Si Bo l’avait invité dans son atelier, c’est parce qu’iel le fascinait. Alors iel attendait ; iel eut le temps de s’ennuyer.

— Mais au fait, de quoi tu vis précisément ? l’interrogea Bo. Tu débarques ici, comme une fleur, tu n’as pas d’histoire, pas de passé, pas de métier, pas de…talent.
— J’ai un talent, nuança Ovide. Je suis moi.

Bo étouffa sa nervosité dans un rire sonore.

— Tu es solaire, précisa-t-il. On dirait que tu es libre de toute contrainte et que rien ne peut t’atteindre.
— C’est un peu ça, assuma Ovide.
— Isis n’est pas si facile, dit Bo. C’est un électron libre, une personnalité phare du mouvement de la nuit. Aussi, tout le monde se demande, et moi le premier… comment tu as fait ?
— Je l’ai reflété.
— Comme un miroir ?
— J’ai disparu.e, je me suis effacé.e, ajouta Ovide. Elle est devenu moi et je suis devenu.e elle.
— Tu as déjà fait ça auparavant ?
— J’ai toujours fait ça, assura-t-iel. C’est ce que je suis, c’est ma nature. Je ne sais pas faire autrement.
— C’est dingue.
— On me dit souvent que je suis fascinant.e.

Le regard de Bo était chargé d’inquiétude, d’incertitude et de désir. Il voulait savoir, seulement il craignait de se brûler les ailes au cours de sa quête, pourtant son graal se tenait là, devant lui. Son élixir de jouvence, c’était iel. Iel le savait pertinemment et iel jouait de ça. Cette prétention, cette arrogance… tout le monde voulait être comme iel aujourd’hui. Dans le cas contraire, on remettait sa survie en cause. Iel se leva, posa ses pieds sur la rampe du bar et se pencha vers Bo.

— Est-ce que tu veux savoir ce que ça fait, iel susurra au creux de son oreille.

Bo ferma les yeux, il inspira. Ovide exhalait un parfum incroyable, florale et boisée, robuste et doux… c’était à n’y rien comprendre. Un tourbillon de senteur et d’émotion le remuait, il était sans dessous. Mais qui était Ovide ? Iel l’enveloppa. La température monta, leurs corps fusionnaient.

— Qu’est-ce que tu es, au juste ?
— Ce n’est pas à moi de décider.

Ils roulèrent par terre. Ils trouèrent une toile. Ils se battaient en même temps qu’ils s’aimaient, c’était une lutte à mort pour l’amour. Quand Ovide partit, Bo posa la toile sur un chevalet. Il estima sa valeur à hauteur de dix mille euros.

ViceeJoker
Niveau 9
03 juillet 2022 à 09:08:21

V

Isis venaient de poser ses valise. Des paquets luxueux l’encerclaient.

— Je sais tout, dit-elle.

Ovide était recroquevillé.e dans un coin de la pièce. Iel était nu, enroulé dans le rideau transparent, iel tremblait, iel bavait, ses pores dégueulaient son mal-être. Iel fumait, les cendres tombaient sur son torse lisse.

— Tu ne sais rien, prétendit-iel.
— N’essaie pas de te justifier ! gronda Isis.
— Je n’ai rien dit…

Isis quitta la pièce. Elle pesta. Ovide demeura ainsi pendant un moment, étalé sur le parquet de la chambre. Iel pouvait encore sauver sa peau. C’était la seule chose à faire, il ne pouvait en être autrement. Isis tonna dans le salon. C’était sale, un vrai taudis. Elle s’énerva. Ovide se posta dans l’encadrement de la porte. Iel se tenait les bras croisées, mains sur les épaules comme s’iel se câlinait lui-même. Iel frotta ses biceps longs et flasques.

— Je suis désolé.e pour tout ça.
— Je m’absente deux semaines et voilà le résultat ! gronda Isis, qui engloba l’intégralité de son appartement d’un mouvement vif. Bo m’a tout raconté ! Je sais pour toi et lui ! Je sais pour toi et Mosé ! Je sais tout !

      • *

Iel était trempé de sueur. Son cœur frappait sa poitrine douloureuse. Son portable affichait cinq heures du matin. Iel haïssait l’aube plus encore que les ourlets en bas des pantalons. Iel ne savait pas pourquoi iel pensait à ça, à cet instant, mais iel y pensait ardemment. Cela le plongea dans une rage folle. Quelle faute de goût, quelle ringardise ! rumina-t-iel. Mosé dormait à côté de lui, paisiblement. Lui, il n’avait pas de problèmes. Pourquoi tout allait si bien pour les autres ?*

— Mosé, réveille-toi, dit-iel en le secouant. Réveille-toi, putain, insista-t-iel.

Mosé émergea mollement. Il était enroulé dans la couette, presque coincé. Il peina à s’en extraire. Il se dressa sur son séant. Il demanda ce qu’il se passait.

— Isis revient en fin de journée, dit Ovide, qui enfilait son peignoir en soie. Elle m’a appelée hier et elle me l’a dit, mais j’ai complétement oublié. J’ai de drôles de perte de mémoire, déplora-t-iel.
— Tu ferais bien de te mettre au vert pendant un moment, dit Mosé qui baillait. J’ai un mauvais pressentiment.
— Non mais tu as vu ta tête ? rétorqua-t-iel. On dirait qu’un train t’a roulé sur le visage.
— Tu es blessant.
— La ferme !

Iel envoya son poing dans le mur. Iel se fit mal. Iel fourra son poing dans le bac à glaçon. Il restait du Martini. Iel se servit une rasade. Mosé pénétra dans le salon. Il portait un caleçon mauve et un hoodie oversize jaune pastel.

— Franchement, à cette heure-ci… s’indigna-t-il en pointant le verre que tenait Ovide contre lui comme s’il s’agissait d’un précieux artefact. Ça fait longtemps que tu n’as pas vu ta psychiatre ?
— On doit faire un point la semaine prochaine, mais en attendant, il faut que tu nettoies l’appartement de fond en comble, c’est urgent.
— Quoi, maintenant ?
— Tout de suite, confirma Ovide. On n’a pas de temps à perdre.
— Mais enfin, il est cinq heures du matin !
— Je m’en fiche, dit-iel. Tu ne vois pas que j’ai la main prise, ajouta-t-iel en montrant son poing dans le bac à glaçon.
— Bon, ok, soupira Mosé. Mais avant ça, je vais me faire un café.

Il constata qu’il n’y avait plus de café. C’était une cafetière de brasserie qui valait plus de cinq mille euros. C’est ce que Ovide lui expliqua, puis iel lui dit que Isis ne supportait qu’une seule marque de grain. Le magasin ouvrait à dix heures, il était à deux rues d’ici. Mosé était dépité. Il entreprit alors d’ouvrir les volets, c’était la première étape, il fallait aérer. Ovide s’y opposa.

— Je ne suis pas prêt à affronter la lumière du jour, même naissante, se justifia-t-iel
— Il faut aérer et puis si tu veux que je fasse le ménage, il faut au moins que j’y vois clair.
— Dans ce cas, tu n’as qu’à allumer.
— Mais Ovide, tu as changé toutes les ampoules ! Ces jolies, ces lumières de toutes les couleurs, mais il faut se rendre à l’évidence, on ne voit pas clair, dans cette maison !

Ovide serra son poing valide. Iel ne supportait pas qu’on remette ses goûts en question, surtout pas en matière de luminaire. La lumière était son talon d’Achille, iel y était hypersensible. Le couteau était toujours posé au même endroit. Mosé s’était penché en avant, la tête dans le placard sous l’évier. Il cherchait des choses. Il sortit le seau, une éponge, un torchon. Il lava. Ovide était exaspéré. Iel ne parvenait plus à contrôler sa répulsion envers iel-même, qu’il retournait contre les autres. Iel ne voulait pas assumer. Iel savait qu’iel devait mais pour s’y résoudre il fallait y mettre du cœur, et Ovide n’en avait plus.

— Voilà, c’est déjà un peu plus propre, dit Mosé, qui admirait le parquet humide. Maintenant, on va mettre toutes ces bouteilles dans le sac poubelle et on les descendra ensuite.
— Tu aurais dû faire l’inverse, pointa Ovide.
— Comment ça ? demanda Mosé en même temps qu’il posait le balai contre le mur.
— Les poubelles, tu aurais dû les remplir avant de laver le sol, développa-t-iel, implacable. Ça aurait eu plus de sens.

Le torse de Mosé se gonfla d’orgueil.

— Tu me fixes sans rien foutre depuis tout à l’heure et tu te permets de juger ce que j’ai fait ! lui lança-t-il. Tu ne sais même pas comment fonctionne un lave-vaisselle !
— Je ne suis pas fait pour ça.
— Ah, bon, voyez-vous ça ! tonna Mosé. Puisque que c’est comme ça, je me casse ! Tu n’auras qu’à t’occuper du reste.
— On se voit au club.
— Je t’emmerde, pauvre cloche.

La porte claqua, un tableau tomba. Une lithographie de Basquiat. Ovide n’eut pas le courage de le ramasser. Iel s’effondra dans le sofa, puis se redressa, iel lui fallait une cigarette. Iel alla chercher son paquet dans la poche de sa combinaison. Il n’en restait plus que deux, à l’intérieur. Elles étaient abîmées. Iel en alluma une et retourna dans le canapé.

Supervielle
Niveau 10
03 juillet 2022 à 14:53:40

Avis sur le premier chapitre :

Peu fan du terme « glabre » et de l’expression « Psychée torturée ». Simple question d’oreille.

Mosé = Moïse ?
Ce qui ferait de la phrase « Le visage de Mosé échoua » un jeu de mots :noel:

Peu fan des dialogues concis et qui me font penser à Beckett (en somme, l’ambiance est respectée par ce type de dialogue, ça colle avec le ton voulu)

Avis sur le tout :
Je trouve le paragraphe commençant par « Ovide sentit que son visage chauffait. » particulièrement réussi –hormis l’accumulation de « iel » qui alourdit le rythme donné à l’ensemble, peut-être est-ce voulu.
En réalité, il me semble que la deuxième moitié de ce premier chapitre est davantage réussi car plus discrète dans l’ironie, plus discrète et plus mordante. Il me semble que les topoï lendemain de soirée + corbeau donnent au début de récit une teinte qu’il ne mérite pas : je me répète, je te trouve beaucoup plus subtil et convaincant par la suite.
La fin du passage engage à lire la suite.

Orthographe :
La misère s’accentuaient

ViceeJoker
Niveau 9
04 juillet 2022 à 11:05:11

Bonjour merci pour ton commentaire. Je vais tenter d'apaiser l'ironie trop omniprésente via le symbole du corbeau je pense. J'espère que tu jetteras un œil sur la suite :ok:

Supervielle
Niveau 10
04 juillet 2022 à 14:43:15

Chapitre 2
Peu d’empathie pour Mosé ; doit-il rester dans la durée ?

« Mosé reconnut le bruit du moteur. Phil est en ville, comprit-il, ému. »
La mention de ce personnage est-elle nécessaire ici ? Surtout qu’on ne s’y attarde pas ?

Impressions :
L’ambiance s’installe, la perdition s’incarne implicitement dans les différentes parties de la vie d’Ovide. Attention peut-être à ne pas trop le rendre détestable dès le départ (point particulièrement visible dans la mesure oU, comme je le disais, Mosé n’est pas spécialement attachant pour le moment)

Chapitre 3

Style :
« un sourire gingival » laid à lire

Orthographe :
« devant le vigilE »

Impressions :
« Ta gueule ! gronda Ovide, et cette fois il frappa la table d’un grand coup de poing. »
Est-ce volontaire d’avoir gardé le « il » ? Si c’est le cas c’est un choix discret et intéressant !

« […]. Il revient vers iel. Jean-Luc et Mosé les guettaient depuis leur table,[…] »
Enchainemement des points de vue intéressants mais peut-être brouillon dans la présentation. Peut-être faudrait-il revenir à la ligne ? Commencer les propositions directement avec le nom propre afin de mieux scinder les points de vue ?

Un chapitre très bien mené, autant dans les profils de personnage que leur articulation !

Chapitre 4
Une analepse bienvenue : peut-être que son intérêt est superficiel mais elle donne du relief au récit. Il fallait casser cette linéarité des premiers chapitres !

Chapitre 5
Orthographe :
« Isis venaient de poser ses valise. »

Impressions :
Une ellipse qui donne du mouvement au récit, c’est agréable, c’était nécessaire !

« On dirait qu’un train t’a roulé sur le visage. »
On apprécie définitivement Mosé uniquement par son statut de victime :noel :

« pauvre cloche » :hap :

Impressions d’ensemble :
-Un début qui décolle avec les derniers chapitres : il n’y a pas d’intrigue au sens propre, c’est le principe d’un personnage dépourvu de sens. Toutefois, l’arrivée prochaine d’Isis ainsi que l’introduction progressive des différents personnages gardent en haleine dans l’avancée du récit.
la sweet

ViceeJoker
Niveau 9
07 juillet 2022 à 09:35:24

Merci pour ta lecture attentive et tes commentaires pertinents Supervieille :oui:

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Sujet : Sexe Mort
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