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Sujet : Intro : César
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papirusss
Niveau 6
20 septembre 2022 à 22:29:25

Un type barbu lui ouvrit la porte. Le tabac qu’il fumait cacha à Ellis son visage pendant un moment. Il l’étudiait de la tête aux pieds. Le boutiquier devait avoir dans les 60 ans, ne mesurait pas plus d’un mètre septante. Bien qu’il eût un aspect peu engageant, cela ne suffisait pas à gêner la perception positive - et intéressée - qu’Ellis avait de lui. Roy Jones était un homme correctement fortuné et fort enclin à employer un homme sachant compter, de ce qu’on lui avait renseigné. En vérité, c’était un ami de beuverie, Ralf Boone, qui l’avait recommandé. L’homme qui se tenait sur le seuil lui avait été présenté comme le gérant de la meilleure boutique de paris d’East End, mais aussi et le plus considérable aux yeux du jeune homme, comme un homme enclin à engager un comptable. Bien qu’il ne le fut pas le moins du monde, - il avait arrêté l’école très tôt - il se considérait comme ayant une certaine commodité avec les chiffres. Ils se saluèrent et le vieil homme l’invita à prendre place sur le fauteuil installé au centre du bureau, il prit place et remercia l’homme pour le verre de whisky qu’il lui servit sur la table en bois humide qui les séparait. Ellis lui tendit son dossier. Le boutiquier le lui prit et commença à l’examiner d’un œil faiblement intéressé.
Ellis n’y prêta pas plus d’attention pour le moment. Il observait l’environnement si particulier qui l’entourait.
La boutique de paris était un endroit échevelé, les tables étaient bondées de documents parfois rongés par l’humidité. Elle était de toute évidence le théâtre d’une effervescence rare les jours de course - Ellis ne pariait jamais sur les courses de chevaux, il ne pouvait pas se le permettre - Il s’imaginait baigner dans cette effervescence fertile en baladant son regard interrogateur sur les tableaux décorés de chiffres à la craie dont l’odeur régnait en parfaite égalité avec celle du tabac froid dont son interlocuteur était certainement la cause, enfin pas la seule.
« Alors, Ellis Avery. 20 ans, vous avez travaillé au pensionnat pour garçon de Brick Lane »
Oui, monsieur, confirma t-il, mais je suis à l’usine maintenant, monsieur.
Pour quelle raison n’êtes vous plus au pensionnat ?
Bagarre avec un collègue, monsieur.
Ellis sentit le regard inquisiteur de son potentiel employeur se poser sur son visage. Il fut regardé d’une manière plus méticuleuse qu’à sa présentation sur le pas de la porte. « Je vois. » . L’impétueuse oeillade du vieil homme se rabattait sur la feuille jaunie qu’il tenait dans les mains écornées et jaunies par le toucher des pièces d’or. Il y eut un silence embarrassant. Les deux hommes échangèrent un regard communicatif. Chacun avait compris qu’il n’y aurait pas de suite à cette entrevue. Sans doute les accès de violence d’Ellis lui portaient préjudice. Après tout, le milieu du pari était un milieu éduqué, réfléchi et bien différent de celui du jeune docker. « Savez vous lire, écrire ? »
Je sais compter, je suis pas mauvais avec les chiffres, monsieur.
Et pour l’orthographe ? La grammaire ?
J’ai arrêté tôt. Je lisais encore du temps ou j’étais en pensionnat et je sais pas mal écrire.
Le gérant posa alors le manuscrit à plat sur la table. Il sorti son stylo et biffa d’un coup net les informations remplies d’une écriture gauche et maladroite. Ellis se retint d’avoir l’air déçu. Il garderait sa fierté même dans cet échec qu’il voyait arriver gros comme un ferry sur les quais d’East End. La porte s’ouvrit à nouveau et un homme passa le seuil pour se retrouver dans la salle ouverte où ils s’entretenaient dans un climat bien particulier. Soucieux de ne pas les déranger, il chuchota.
Je serais à côté Boss, on commence avec la course du nord ce matin. Des clients sont déjà passés ce matin. Un français a misé gros notamment. Je vais dans mon bureau si vous avez besoin de moi.
Très bien Charlie, acquiesça-t-il.
Il y eut un bruit qui ramena l’attention du vieil homme sur son entretien. Il vit Ellis ranger son chapeau dans sa poche.
Sachant déjà qu’il ne pourrait aider ce voyou des rues, il entreprit de finir en vitesse la conversation pénible qu’il avait avec le jeune homme à la mine déconfite qui se tenait face à lui.
Écoutez, je ne peux pas vous prendre. Vous n’avez pas l’éducation qu’il faut pour ce genre d’occupation rigoureuse.
Mais j’ai de la rigueur, protesta Ellis, qui avait presque décollé de son siège - il était de nature impulsive - et se retrouvait à quelques centimètres du visage d’un homme qui tentait de cacher sa stupéfaction.
Charlie se retourna et lança un regard à son boss.
Tout va bien, Charlie. Nous avons fini, intima t’il en regardant Ellis dans les yeux.
Ellis sortit son chapeau de sa poche et le visa sur sa tête. Il se leva, serra la main de l’homme et tourna les talons.
La porte se referma derrière lui et il put enfin le sortir de sa poche et l’examiner : son butin. Alors que le vieil homme l’avait délaissé pour regarder Charlie, il en avait profité pour glisser dans son chapeau les fournitures qui trainaient sur la table. Un stylo en or et un titre de pari au nom de César Sailly. Il se remémora les paroles de l’employé. Des clients sont déjà passés ce matin. Un français a misé gros. Le nom de Sailly lui semblait bel et bien venir d’outre manche. Il n’avait pas connu beaucoup de français, bien qu’il en ait éventuellement rencontré sur les docs. Certains venaient au pays pour faire des affaires. Il avait entendu que beaucoup de chrétiens français s’étaient résolus à épouser l’Angleterre suite à la promulgation de la loi de décembre 1905 : La loi met fin au concordat Napoléonien. Ellis n’avait pas saisi grand-chose à l’explication qu’ils lui avaient donnée - leur accent était le plus ordinairement effroyable - mais il avait néanmoins saisi le tenant et aboutissant de cette ardue explication : La France était devenue laïque, au plus grand déplaisir de certains fervents catholiques. Sailly donc. Ellis tenta de se remémorer ce que le type lui avait dit. Il avait parlé d’une course dans le nord. Il y avait bien l'hippodrome de Sandown Park à Esher, dans la banlieue londonienne. Soit. Il conclut qu’il s’y rendrait afin de retrouver et de faire affaire avec ce malheureux. La note manuscrite au dos du ticket annonçait la somme de 11500 livres. C’est ce qu’il gagne en 2 ans, avec de la chance et la bénédiction de la couronne ! N’ayant fait qu’un avec l’indigence toute sa vie, Ellis savait qu’il tenait entre ses mains de voleur, de menteur, mais de dur travailleur tout de même, la chance de prendre sa revanche sur la vie. Un homme assez stupide pour égarer un ticket de cette valeur ne pouvait qu’être facile à écornifler. Il ricana en rangeant le ticket dans son pantalon troué.

papirusss
Niveau 6
20 septembre 2022 à 22:29:51

merci de critiquer ;) ca me ferait plaisir !

SizaI
Niveau 26
21 septembre 2022 à 16:07:13

Roy Jones était un homme correctement fortuné et fort enclin à employer un homme

Un homme enclin à employer un homme, c'est une répétition que je garderais pas, surtout que le terme revient deux lignes plus loin, à TROIS reprises. Y'a moyen de varier le vocabulaire ici. Puis encore par la suite, homme, vieil homme et compagnie, chaque fois que tu te réfères à un personnage tu le qualifies d'homme, sauf qu'ils en sont tous, et du coup tu multiplies la répétition.

Je serais à côté Boss

serai

Mais j’ai de la rigueur, protesta Ellis, qui avait presque décollé de son siège - il était de nature impulsive -

Pas sûr que t'aies besoin de préciser sa nature, c'était plutôt bien établi au-dessus avec l'histoire des bagarres et le simple fait qu'il proteste/décolle de son siège.

le tenant et aboutissant

ça se dit pas vraiment au singulier

Va falloir mettre en page les dialogues aussi

Du reste c'est bien écrit, plutôt maîtrisé, clair quand il le faut, ça pose bien, et naturellement, le décor et le contexte, et ça présente ce qu'il faut présenter en termes de personnage/caractère.

C'est propre

papirusss
Niveau 6
21 septembre 2022 à 16:36:28

Le 21 septembre 2022 à 16:07:13 :

Roy Jones était un homme correctement fortuné et fort enclin à employer un homme

Un homme enclin à employer un homme, c'est une répétition que je garderais pas, surtout que le terme revient deux lignes plus loin, à TROIS reprises. Y'a moyen de varier le vocabulaire ici. Puis encore par la suite, homme, vieil homme et compagnie, chaque fois que tu te réfères à un personnage tu le qualifies d'homme, sauf qu'ils en sont tous, et du coup tu multiplies la répétition.

Je serais à côté Boss

serai

Mais j’ai de la rigueur, protesta Ellis, qui avait presque décollé de son siège - il était de nature impulsive -

Pas sûr que t'aies besoin de préciser sa nature, c'était plutôt bien établi au-dessus avec l'histoire des bagarres et le simple fait qu'il proteste/décolle de son siège.

le tenant et aboutissant

ça se dit pas vraiment au singulier

Va falloir mettre en page les dialogues aussi

Du reste c'est bien écrit, plutôt maîtrisé, clair quand il le faut, ça pose bien, et naturellement, le décor et le contexte, et ça présente ce qu'il faut présenter en termes de personnage/caractère.

C'est propre

merci copain ;)

Tanil
Niveau 36
25 septembre 2022 à 21:26:51

Salut,

Comme tu me l'as demandé par mp, je te livre ma critique de ton texte. Je te remercie de cette demande d'ailleurs mais je précise que je ne fais que donner mon avis, qui est loin d'être celui d'un professionnel :p)

Un type barbu lui ouvrit la porte.

C'est la première phrase de ton texte. Ca signifie qu'on s'attend à ce que la suite soit à peu près du même ton, or ce n'est pas forcément le cas. Je détaillerai sûrement dans la suite, mais je pense qu'il y a un souci de style. Ici tu nous parles d'un "type", langage très familier donc, mais à plusieurs moments tu utilises des mots bien plus relevés. C'est le genre de truc qui peut nous faire sortir du texte. Je relève aussi la phrase parce que tu pars sur une accroche mystérieuse (Quel type ? Il ouvre la port à qui ? etc.), ce qui est une très bonne chose en soi. Malheureusement après tu passes d'un personnage à l'autre et l'intérêt qui réside dans le mystère tombe un peu à plat.

Le tabac qu’il fumait cacha à Ellis son visage pendant un moment.

Je comprends l'image mais je trouve qu'elle ne fonctionne pas très bien. Ce n'est pas le tabac qui cache le visage mais la fumée. Il vaudrait mieux être plus direct ici. Un truc comme "La fumée de sa pipe cacha son visage à Ellis pendant un moment", par exemple.

Il l’étudiait de la tête aux pieds.

"étudia"
Vu qu'il vient d'ouvrir la porte, pour conserver une narration fluide, il faut mettre cette action au passé simple.
Et ce qui me gêne dans ces premières phrases, c'est que tu as mentionné le second personnage (ce qui casse d'ailleurs le côté mystérieux que tu as insufflé au tout début).

Le boutiquier devait avoir dans les 60 ans, ne mesurait pas plus d’un mètre septante.

Je mettrais "et" à la place de la virgule.

Bien qu’il eût un aspect peu engageant

C'est assez mal tourné : "Bien que d'un aspect peu engageant (...)"

Roy Jones était un homme correctement fortuné et fort enclin à employer un homme sachant compter, de ce qu’on lui avait renseigné.

Cette phrase illustre bien ma première remarque. Elle bien plus élaborée (en terme de tournure et de vocabulaire) que la toute première qui est dans un style familier et plus direct. C'est le genre de truc qu'on peut faire quand on est dans la parodie par exemple, parce que ça peut servir de ressort comique. Mais dans un autre registre le risque est de faire décrocher le lecteur.
Je pointe aussi un problème de ce début de texte : tu pars très rapidement dans une description. Tu n'as pas précisé s'il s'agissait d'une nouvelle ou d'un roman mais dans les deux cas, tu dois accrocher le lecteur au début. C'est encore plus vrai dans une nouvelle où tu pourrais presque laisser tomber totalement les descriptions tout le long du texte. Il vaut mieux distiller les informations sur tes personnages durant la narration plutôt que de tout donner d'un bloc.
Et comme l'a déjà relevé Sizal, tu répètes le mot "homme". Et tu as d'ailleurs un problème de répétition tout le long du texte. En vrac :

- Roy Jones était un homme correctement fortuné et fort enclin à employer un homme sachant compter, de ce qu’on lui avait renseigné. En vérité, c’était un ami de beuverie, Ralf Boone, qui l’avait recommandé. L’homme qui se tenait sur le seuil lui avait été présenté comme le gérant de la meilleure boutique de paris d’East End, mais aussi et le plus considérable aux yeux du jeune homme

=> 4 fois "homme" (et peut-être plus, je n'ai pas vérifié plus loin)

- Le boutiquier devait avoir dans les 60 ans
- le gérant de la meilleure boutique
- Le boutiquier le lui prit
- La boutique de paris

=> 4 fois "boutique"/"boutiquier"

- le vieil homme l’invita à prendre place sur le fauteuil installé au centre du bureau, il prit place et remercia l’homme

=> Encore 2 fois "homme" (et ce n'est pas tellement plus loin que les 4 premières répétitions)

- le verre de whisky qu’il lui servit sur la table en bois
- les tables étaient bondées

=> 2 fois le mot "table"

- Elle était de toute évidence le théâtre d’une effervescence rare les jours de course - Ellis ne pariait jamais sur les courses de chevaux, il ne pouvait pas se le permettre - Il s’imaginait baigner dans cette effervescence

=> 2 fois le mot "course" et 2 fois le mot "effervescence"

- Le tabac qu’il fumait
- l’odeur régnait en parfaite égalité avec celle du tabac

=> 2 fois le mot "tabac"

etc. Il y en a d'autres et dans certains cas ce n'est pas bien grave de répéter un mot, comme le mot "table" dans ce cas-ci. Ce n'est pas gênant. Ca l'est d'avantage quand le mot en question est "rare". "Effervescence" par exemple, la répétition agresse les yeux.

L’homme qui se tenait sur le seuil lui avait été présenté comme le gérant de la meilleure boutique

C'est la phrase qui suit la description du boutiquier. Pour moi l'homme dont on parle là c'est l'autre personnage, Ellis, vu que le focus pour l'instant n'a été fait que sur le boutiquier. Du coup tu inverses le point de vue sans aucune transition et ça ne fonctionne pas.
Et vu que tu changes d'idée et même de point de vue, tu dois changer de paragraphe. Enfin, "tu dois"... C'est vivement conseillé disons.

comme un homme enclin à engager un comptable. Bien qu’il ne le fut pas le moins du monde, - il avait arrêté l’école très tôt -

Il n'y a pas de rapport entre le fait d'arrêter l'école tôt et le fait d'être ou non comptable. Je n'ai pas arrêté l'école et je ne suis pas comptable pourtant :p)

Ils se saluèrent et le vieil homme l’invita à prendre place sur le fauteuil installé au centre du bureau, il prit place et remercia l’homme pour le verre de whisky qu’il lui servit sur la table en bois humide qui les séparait.

La phrase qui suit l'explication sur le fait de ne pas (vraiment) être comptable. Là aussi il faudrait passer au paragraphe suivant, dû au changement d'idée.
Tu devrais remplacer la virgule par un point.
Ensuite, "du bois humide" ? Et l'info sur la table n'apporte rien et alourdit cette phrase qui est déjà trop longue (mais qui le sera un peu moins si tu mets un point).
Enfin, dernier truc mais je chipote. Ce n'est pas bizarre de servir du whisky durant un entretien d'embauche ? Ce n'est pas son pote, pas un associé ni un client.

Ellis lui tendit son dossier. Le boutiquier le lui prit et commença à l’examiner d’un œil faiblement intéressé.

Ces deux phrases cassent le rythme. Je les rassemblerais en une pour gagner en fluidité :
"Monsieur Jones commença à examiner d’un œil faiblement intéressé le dossier que lui tendit Ellis."
(J'ai mis "Monsieur Jones" pour virer une des répétitions sur "boutique"/"boutiquier")

Ellis n’y prêta pas plus d’attention pour le moment. Il observait l’environnement si particulier qui l’entourait.

Pareil, la première phrase peut carrément sauter vu que la seconde illustre l'idée. Pour la préciser, tu pourrais dire :
"Pendant ce temps, Ellis promena son regard aux alentours."
J'ai aussi remodelé la seconde phrase. Pas besoin de préciser que c'est particulier alors que tu en fais la description juste après.

La boutique de paris était un endroit échevelé, les tables étaient bondées de documents parfois rongés par l’humidité.

Il me semble que "échevelé" ne s'utilise pas dans ce contexte. En tout cas, il me semble dissonant dans cette phrase. Et là encore la seconde partie de la phrase reprend l'idée de la première. Du coup elle peut sauter aussi pour ne garder que :
"Les tables étaient bondées de documents parfois rongés par l’humidité."

Elle était de toute évidence le théâtre d’une effervescence rare les jours de course

Et dans ce cas il faut alors remplacer le sujet "Elle" par autre chose :
"L'établissement était (...)"
Là encore j'ai remplacé "boutique" pour éviter la répétition.

Elle était de toute évidence le théâtre d’une effervescence rare les jours de course - Ellis ne pariait jamais sur les courses de chevaux, il ne pouvait pas se le permettre - Il s’imaginait baigner dans cette effervescence fertile en baladant son regard interrogateur sur les tableaux décorés de chiffres à la craie dont l’odeur régnait en parfaite égalité avec celle du tabac froid dont son interlocuteur était certainement la cause, enfin pas la seule.

La précision sur le fait qu'Ellis ne parie jamais n'a rien à faire dans cette phrase. C'est une idée complètement différente que tu devrais développer ailleurs. Je mettrais un point après le mot "course".
Je ne suis pas sûr que le verbe "décorer" soit le meilleur pour parler de tableaux de chiffres. "Remplis" plutôt ?
"chiffres à la craie dont l’odeur régnait en parfaite égalité avec celle du tabac froid dont son interlocuteur était certainement la cause"
J'aime bien la tournure et l'image ici :)
Par contre je pense qu'il manque un verbe ("tracés" sans doute) après "chiffres" et je virerais le "certainement". Si le narrateur n'est pas sûr lui-même d'un truc pourtant évident, comment le lecteur pourrait le savoir ?
", enfin pas la seule."
Je n'ai pas compris ce que tu voulais dire ? Et pour moi la phrase est beaucoup trop longue. Je virerais ça en premier :p)

« Alors, Ellis Avery. 20 ans, vous avez travaillé au pensionnat pour garçon de Brick Lane »

Ca me paraît bizarre de lire l'âge en chiffres.
"garçons"
Il manque un point à la fin de la seconde phrase.
Dernier truc : ici on comprend par le contexte (par ce qui est dit) que c'est le boutiquier qui parle. Si c'était un dialogue plus banal, plus mystérieux ou plus obscur, je pense qu'on n'aurait pas compris qui parlait. En fait, soit tu précises avec des incises qui parle (- Salut, je suis le boutiquier, dit Monsieur Jones.) soit un personnage effectue une action et donc tu n'as pas besoin de préciser que c'est lui qui parle :

Le boutiquier sentit son pied se dérober sur le sol et se péta la gueule bien comme il faut :
- Putain ! Ca fait mal !
(Ceci était une action et un dialogue de qualité :hap: )

Oui, monsieur, confirma t-il, mais je suis à l’usine maintenant, monsieur.

Vu que c'est un dialogue, il faut le faire commencer par un tiret quadratin ou par des guillemets. Tu l'as omis pour tous tes dialogues (du coup je ne le relèverai pas pour les autres).
Et ici je ne relève pas la répétition de "monsieur" parce qu'on est dans un dialogue et que les répétitions font partie du langage oral. Surtout quand on est en stress comme peut l'être ton personnage à ce moment-là. Et je trouve d'ailleurs que cette réplique sonne très juste entre autres grâce à ça :-)))

Bagarre avec un collègue, monsieur.

Même chose. Le fait qu'il continue de dire "monsieur" ajoute un truc. Là on voit clairement la relation dominant / dominé.

Ellis sentit le regard inquisiteur de son potentiel employeur se poser sur son visage.

A la limite, si tu veux jouer plus subtilement sur le rapport de force, je supprimerais le mot "inquisiteur". Et ici je passerais plus de temps en description justement, parce que là tu peux apporter des précisions importantes. Comment est ce regard ? Est-ce qu'il a l'air de sonder l'âme d'Ellis ? Peut-être que le boutiquier se raidit, que ses poings se ferment, que ses bras se croisent ? Il soupire ? Sa voix se faire plus rauque, plus rapide parce qu'il a déjà pris sa décision et qu'il veut en finir ? Bref, on est typiquement à un moment - l'un des rares moments - où on peut totalement mettre en pause la narration pour se concentrer sur de la description pure, sans casser le rythme ou alourdir le texte. Si en 2-3 phrases tu montres que le boutiquier a complètement changé d'attitude et qu'il est hostile à la candidature d'Ellis, on peut imaginer parfaitement la scène et le ressenti de celui-ci. Le non final tombe comme une chappe de plomb dans une ambiance devenue soudainement très inconfortable. Et d'ailleurs, tu pourrais même alors un peu plus insister sur le côté cosy et chaleureux du début de la scène, avec le whisky, le mec qui s'imagine déjà en train de bosser là avec tous les parieurs, etc. Comme si tu passais de la pleine lumière à l'obscurité absolue en un instant. Juste parce que le mec a bêtement avoué qu'il s'était fait virer après sa bagarre. Je pense que tu tiens un truc là ;)

Tanil
Niveau 36
25 septembre 2022 à 21:27:02

Il fut regardé d’une manière plus méticuleuse qu’à sa présentation sur le pas de la porte. « Je vois. » .

Donc ça mais en plus décrit. Plus insister sur les traits physiques. Et pareil pour Ellis qui pourrait se mettre à transpirer. Son coeur qui bat plus vite parce qu'il se rend compte qu'il a dit une connerie. Insister sur l'incertitude, etc. Et conclure après ce changement d'ambiance par "Je vois." Ca marcherait bien, après avoir bien planté le changement d'ambiance, après avoir instillé une bonne grosse tension, terminer juste sur ces deux simples mots.

L’impétueuse oeillade du vieil homme se rabattait sur la feuille jaunie qu’il tenait dans les mains écornées et jaunies par le toucher des pièces d’or.

Une impétueuse oeillade ? Une oeillade c'est un clin d'oeil, un truc plutôt doux et sympa.

Il y eut un silence embarrassant. Les deux hommes échangèrent un regard communicatif. Chacun avait compris qu’il n’y aurait pas de suite à cette entrevue. Sans doute les accès de violence d’Ellis lui portaient préjudice.

Tout ça je mettrais dans la description dont je parlais. Et ce serait peut-être intéressant de laisser planer le doute du côté d'Ellis, qu'il ne soit pas encore sûr que ce soit foutu. Et tu peux supprimer la dernière phrase. On a bien compris que c'est sa bagarre qui a plombé le truc.

Après tout, le milieu du pari était un milieu éduqué, réfléchi et bien différent de celui du jeune docker

Hum... Pas sûr ça...

du jeune docker. « Savez vous lire, écrire ? »

Les dialogues devraient systématiquement passer à la ligne. Et pareil qu'au-dessus, même si on comprend qui parle avec le contexte, la narration implique que c'est l'autre qui parle vu que c'est de lui qu'on parle en dernier.

Et pour l’orthographe ? La grammaire ?

J’ai arrêté tôt. Je lisais encore du temps ou j’étais en pensionnat et je sais pas mal écrire.

Finalement je ne sais pas s'il veut vraiment du poste ? Il donne les pires réponses possibles :hap:

Le gérant posa alors le manuscrit à plat sur la table.

Quel manuscrit ?

Ellis se retint d’avoir l’air déçu.

Ca ne me paraît pas très français. "Ellis cacha sa déception." Ou si tu veux être plus précis : "Ellis se mordit la lèvre en vue de cacher sa déception.", ce genre de truc.

Il garderait sa fierté même dans cet échec qu’il voyait arriver gros comme un ferry sur les quais d’East End. La porte s’ouvrit à nouveau et un homme passa le seuil pour se retrouver dans la salle ouverte où ils s’entretenaient dans un climat bien particulier.

"la salle ouverte" ? Et tu as déjà décrit le climat, pas besoin de le repréciser. "La porte s’ouvrit à nouveau et un homme passa le seuil." suffit amplement.

Soucieux de ne pas les déranger, il chuchota.

Je serais à côté Boss, on commence avec la course du nord ce matin. Des clients sont déjà passés ce matin. Un français a misé gros notamment. Je vais dans mon bureau si vous avez besoin de moi.

Vu que tu ne décris pas plus les mouvements du mec, pour moi il chuchote d'un bout de la salle à l'autre. Du coup pour moi ça donne ça :

- Je serai à côté, boss.
- Quoi ? Je t'entends p... Je dis.. Putain, il est con ou quoi ? Hé ! Approche-toi ducon !
(C'était encore des dialogues de qualité :hap: )

Plus sérieusement... :hap:
"Je serai (...)"
"boss"
Un point à la place de la première virgule, surtout que ce sont deux idées différentes.
"Français"
Pourquoi "notamment" ?
Enfin le mec balance plein d'idées différentes sans aucune transition. Ca fait un peu bizarre. Par contre, si tu veux rendre ça plus "liant", évite à tout prix d'utiliser le mot "Bon" pour passer d'une idée à l'autre. Personne ne fait ça en vrai. Personne. Le seul cas où quelqu'un dit ça à l'oral c'est quand par exemple des potes se font chier et que l'un d'eux dit : "Bon, on fait quoi ?" C'est tout :p)

Il y eut un bruit qui ramena l’attention du vieil homme sur son entretien.

Quel bruit ? Et la tournure n'est pas terrible : "Ellis racla sa gorge pour ramener l'attention du vieil homme sur l''entretien." par exemple.

Il vit Ellis ranger son chapeau dans sa poche.

Comment tu ranges un chapeau dans une poche ? Et je t'avoue que sur le moment je n'ai pas pigé cette histoire de chapeau qu'il range et qu'il ressort un peu plus loin. Enfin, je veux dire que ça sort de nulle part et c'est totalement en décalage du coup.

Sachant déjà qu’il ne pourrait aider ce voyou des rues, il entreprit de finir en vitesse la conversation pénible qu’il avait avec le jeune homme à la mine déconfite qui se tenait face à lui.

Là encore tu alternes les points de vue d'une phrase à l'autre. Il n'y a pas de problème à le faire mais alors ça doit être clair pour le lecteur. Tu dois passer au paragraphe suivant et repréciser qui fait l'action. Dans ce cas-ci :
"Sachant déjà qu’il ne pourrait aider ce voyou des rues, le commerçant entreprit de finir (...)"
(Encore et toujours pour éviter les répétitions, ce coup-ci c'est un commerçant (même si ce n'est pas tout à fait sa fonction))

Mais j’ai de la rigueur, protesta Ellis, qui avait presque décollé de son siège - il était de nature impulsive - et se retrouvait à quelques centimètres du visage d’un homme qui tentait de cacher sa stupéfaction.

Pas besoin de préciser qu'il est impulsif, tu viens de le monter (le fameux show don't tell).
"se retrouva"
"un homme" ? Pourquoi passer à l'indéfini ?

Nous avons fini, intima t’il en regardant Ellis dans les yeux.

"Intimer" signifie "donner un ordre". Hors contexte du coup.

Ellis sortit son chapeau de sa poche et le visa sur sa tête. Il se leva, serra la main de l’homme et tourna les talons.

Ca me parait un peu bizarre d'agir comme ça juste après son coup de sang. Soit il aurait dû persister et presque menacer le mec pour qu'il l'engage (du coup laisser parler son impulsivité et son côté violent, ce qui est raccord avec la bagarre qu'il a eue) soit totalement se rétracter et se confondre en excuses (parce qu'il essaie justement de combattre son impulsivité et sa violence). Mais là il agit comme si tout s'était très bien déroulé. Ou alors il est complètement taré, c'est possible aussi :p)

il en avait profité pour glisser dans son chapeau les fournitures qui trainaient sur la table. Un stylo en or et un titre de pari au nom de César Sailly.

Un peu gros non ? Il aurait chapardé une agrafeuse et un billet de 5 euros, ok, mais là...

Un français a misé gros.

"Français"

Le nom de Sailly lui semblait bel et bien venir d’outre manche.

"outre-manche". Et il y a peut-être des majuscules (au moins pour "Manche" ?). A vérifier.

Il n’avait pas connu beaucoup de français, bien qu’il en ait éventuellement rencontré sur les docs.

"Français". En français ( :hap: ) on met une majuscule pour les nationalités.
"rencontrés"
"docks"

Il avait entendu que beaucoup de chrétiens français s’étaient résolus à épouser l’Angleterre

"épouser l'Angleterre" ? L'image me parle moyennement (mais bon ça c'est plus du ressenti personnel).

la promulgation de la loi de décembre 1905 : La loi met fin au concordat Napoléonien.

Pas de majuscule à "La" ni à "Napoléonien". Et pour éviter la répétition de "loi", autant en fait une seule phrase :
"la promulgation de la loi de décembre 1905 qui mit fin au concordat napoléonien." (et d'ailleurs pourquoi passer au présent ? "qui mit fin")

Ellis n’avait pas saisi grand-chose à l’explication qu’ils lui avaient donnée

Tu parles toujours des Français ? C'est bizarre, juste avant tu laissais sous-entendre qu'il n'était pas sûr lui-même d'en avoir déjà rencontrés.

mais il avait néanmoins saisi le tenant et aboutissant

"les tenants et aboutissants". Toujours au pluriel.

La France était devenue laïque, au plus grand déplaisir de certains fervents catholiques. Sailly donc.

Aucun rapport entre les deux idées (entre les deux phrases). Tu devrais passer ça au paragraphe suivant.

Ellis tenta de se remémorer ce que le type lui avait dit

Quel type ?

Il y avait bien l'hippodrome de Sandown Park à Esher, dans la banlieue londonienne. Soit.

"Soit.", ça fait très réflexion personnelle. Tu pourrais passer tout ça en italique, pour montrer que c'est littéralement ce que le personnage est en train de penser.

Il conclut qu’il s’y rendrait afin de retrouver et de faire affaire avec ce malheureux.

Trop descriptif. Envoie ton personnage à l'hippodrome, mais pas besoin de détailler à l'avance ce qui va se passer. On s'éloigne du show don't tell et c'est dommage.

Il ricana en rangeant le ticket dans son pantalon troué.

Attention de ne pas tomber dans le cliché. Le méchant qui rit très fort ou qui ricane, c'est du déjà vu. D'autant plus que ton perso est limite à la rue. Il vole pour survivre, pas parce que ça lui fait plaisir de causer du tort aux autres. Ou alors c'est bien un taré mais je trouve ça dommage. Jean Valjean dans les Misérables, par exemple, est aussi un voleur. Mais il le fait pour pas crever de faim et il le regrette toute sa vie. Je trouve ça bien plus intéressant comme développement parce qu'il y a toute la question morale derrière qu'on peut développer. Faire voler du fric par ton perso, même s'il en a absolument besoin, et conclure par "Et na ! Bien fait pour sa gueule, hahaha !", ça détruit complètement toute la morale du personnage.

Bref, dans l'ensemble et même si j'ai relevé pas mal de trucs, je trouve que ton texte est plutôt bon. Il y a des bonnes idées, pas mal de phrases et de situations qui font mouche et c'est un plaisir à lire. Tes personnages m'ont l'air relativement crédibles (sauf la réaction d'Ellis à la fin) et le cadre est bien posé. On sent que tu as fait des recherches (et si ce n'est pas le cas, ben bravo, la boutique m'a presque paru réelle, comme quoi une description minimaliste qui donne le ton, ça marche très bien).
Tu devrais faire attention à quelques trucs cependant, mais pas trop difficiles à corriger : les répétitions, la variation de vocabulaire, quelques fautes à droite et à gauche, la concordance des temps et la structure des paragraphes pas toujours respectée. Par contre, là où tu devrais porter toute ton attention, c'est sur l'agencement des idées. C'est parfois confus, à tel point qu'on ne sait pas qui parle ou fait l'action, et parfois on ne sait pas de quoi tu parles. Le chapeau par exemple m'a paru assez maladroit. A la limite tu aurais pu expliquer ça après coup, au moment où on découvre qu'il a volé. Et finalement je ne sais pas s'il voulait vraiment le job ou s'il voulait juste voler les trucs (et du coup il aurait répondu de la merde exprès, mais alors il est vraiment violent ou pas ?). Pareil au niveau des infos que tu donnes. Tu décris trop à certains moments et pas assez à d'autres.

SizaI
Niveau 26
27 septembre 2022 à 02:43:54

Le gentil pauvre qui vole par nécessité sans être capable de malice c'est infiniment plus cliché que le gars qui ricane parce qu'il a trouvé un pigeon.

Tanil
Niveau 36
28 septembre 2022 à 08:16:36

Par contre lire de travers et répondre n'importe quoi ce n'est pas un cliché à ce que je vois.

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Sujet : Intro : César
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