Chez elle, nue. L’eau du bain moussait. « Je n’ai jamais de chance… » et le cousin arriva, débarqua comme un représentant de commerce, avec ses lunettes carrées. En vitesse elle enfila un pyjama. « Qu’est ce que je disais ! Marmonna-t-elle ».
- Salut, comment ça va ? Bon, fit-il en entrant dans l’appartement - pouah ! Qu’est ce que c’est petit ici ! Non en réalité pas besoin de grandeur, pas vrai ? Bon, cousine…chère et…ah mais je te déranges peut-être ?
- Non ! Non ce n’est pas ça, attend juste…et elle partit éteindre le robinet du bain qui l’attendait. Il commença à parler avant même qu’elle ne revienne dans le vestibule.
- J’étais chez le médecin…Mr Conty, commença Lilian, grand boxeur, avant que sa femme ne meurt, à Mme Johnson, ou quoi ; vous êtes la plus belle femme du monde. Elle sortit. Robert son mari entre, tremblant. Note bien qu’il avait attendu que sa femme sorte. Il voulait être seul à seul ! Bref il entre et perd ses moyens, il parle de son copain Robert Rock, qui s’appelle tout sauf Robert Rock, mais plutôt Jean Pierre ou un truc comme ça, bref, et lui c’est un « trader » qui a une compagnie, ou plutôt non, c’est…enfin bref, il connait des gardes du corps, et il peut, c’est ce qu’il dit, s’en servir pour attaquer. Pour attaquer lui, Conty. L’autre grand se marre bien ! Grand gaillard, comme qui dirait. Il dit rien, se marre donc, sort de la pièce, et laisse Jean Pierre au téléphone avec ses gardes du corps. Il a bien évidemment rien appelé du tout. Du reste il a l’argent pour, il ne nous est pas permis de douter de tout ça. Du reste ce sont leurs affaires. Donc il a été ridiculisé. Puis c’est un boxeur, mais il est à la retraite, c’est plus une machine de guerre, c’est plus une espèce de monstre comme avant. Puis il a les poings en vrac ! Bref ; il y a une leçon de piano, et tu le devinera jamais, qui ma rendu papa ! J’ai eu une espèce de révélation de « famille » comme on peut dire, et on peut dire ça parce que je suis pas le seul à qui s’est arrivé, ici, héhé ! Enfin ici, c’est à dire depuis les années, l’arbre est…Bon, je te gêne pas trop ? Ça sent le bain. T’as mis des boules dedans ? À ce qu’il parait, c’est excellent pour la récupération musculaire. L’autre jour…attend laisse moi voir ton bain !
- Ah ! Oui ! Ne t’en fais par pour ça. Comment dire…ça va toi ? Elle s’interposa doucement.
- En vérité, pour tout te dire…
- Et qu’est ce qui t’amènes donc ? Et c’est quoi cette affaire de boxe ? Désolé je t’ai coupé.
- Ça va bof. Il marmonna un truc incompréhensible, il eut l’air, tout d’un coup, morose. Cette affaire de boxe c’est rien du tout. Mais c’est vrai. Bon… au revoir !
- Hé ! Grand idiot ! Qu’est ce que tu fais ? Espèce d’idiot ! Oh ! Pardon…je suis désolée. C’est juste que je viens de me réveiller, et que ça fait des jours que je me suis pas lavée…j’ai la tête dans le…
- Ça fait rien, ça ! Enfaite si, j’avoue, j’allais partir pour ça.
- Je sens si mauvais ?
- M’enfin ! Comme tu es drôle ! Non je ne sens rien sauf le bain. Oh comme j’ai froid tout d’un coup ! Un petit coup de froid d’hiver ! Le cerveau agité par le café ! Le tremolo du café…enfaite cette histoire, elle m’obnubile depuis quelques heures, parce que chez le médecin c’est ça qui s’est passé, et c’était vachement drôle. Tu sais très bien que j’ai des bonnes oreilles. Du coup j’ai espionné comme le ferait, en réalité, n’importe qui ! C’est toujours bon le commérage. C’est vivant comme truc à faire. Bref, reprenons la discussion ; tu as des boules dans ton bain ou non ? Si oui, j’aimerais beaucoup y jeter un coup d’oeil. Non, parce, je suis prêt, en vérité, à te payer un passage, un tout petit moment, de te payer le droit d’entrer dans ton bain…j’ai si froid ! Et l’eau coute si cher…je peux payer.
- Tu délires. Vient par là, idiot ! Je vais te préparer un chocolat chaud.
- Non merci. J’en ai déjà bu un ce matin. Je décline ton aimable proposition, mais j’en ai déjà bu un ce matin. Je sais me nourrir convenablement. Je suis si pâle que ça ?
- Au contraire, tu es rouge comme une tomate ; et si ça te déranges pas, je vais te laisser pendant quelques minutes, car je dois vraiment, je te jure ! aller me laver. Y’a des gâteaux sur la table et je peux te donner un plaid.
- Qu’est ce qui presse tant ?
- Ah oui et pour ta question, bien entendu, c’est non, du moins pour l’instant, Lilian, car ce bain là j’en rêve depuis des siècles. Oh et puis zut ! Prend le, ce bain, il est à toi !
- Non, je ne me permettrai pas. Tu en a plus besoin que moi. Je rajoute un zut à ton zut. Je viens te voir pour prendre des nouvelles, car moi aussi je suis occupé. Je viens de m’en souvenir, car c’est comme ça quand on est occupé par quelque chose qui nous plait pas. Juste prendre des nouvelles, donc !
- Bon ! Mais l’eau va se refroidir…
- Bah…et alors ? Faut la changer et c’est tout. Sinon j’ajoute de l’eau bouillante, ça va réchauffer l’eau froide. Tiens, je vois une bouilloire juste là ! Tu veux que je te prépare un peu d’eau bouillante ?
Au chaud dans le bain, Lilian se vit appelé tout d’un coup par Arianne.
- Attend ! Dit-elle au travers de la porte, c’est quoi cette histoire de leçon de piano et de papa ?
- Attend toi aussi ; ah, que je suis heureux ! Merci pour le bain, c’est diablement agréable ! Et cette histoire, c’est si important qu’il faut que je te le dise immédiatement, entre ! Tu peux entrer !
- Pff ! On discutera de ça dans le salon. Mais dépêche toi !
Un heure plus tard, environ, Lilian se montra dans le salon, devant sa cousine toute éberluée. Il était tout vermoulu, tout paisible grâce au bain.
- Merci encore, fit-il, l’air affable. La vie est belle…
- Assis toi donc, et dis moi, enfin, et clairement s’il te plait, ce que tu veux tant me dire ! J’ai un rendez-vous en début d’après-midi midi, il fait beau, et après je vois des amies, dis moi donc, cousin, dis moi donc !
- Bah c’est comme si c’était déjà dit, enfaite. Je vais être papa. Enfin c’est ce qui arrivera si tout se passe bien, c’est à dire si la vie effectue son oeuvre magnifique, grandiose, dans le sein de…
- De… ?
- De…héhé….d’Orlane !
- Sans blague ! Mon dieu mais mon dieu mais mon dieu ! Ah ! Tu es vraiment, mais vraiment le dernier des idiots. Bon, c’est mignon, au moins ! Ça à le mérite d’être. C’est la vérité donc ?
- Oui. Bon..merci encore pour le… il se leva lentement.
- Toi tu ne vas pas partir comme ça les mains dans les poches, comme un voleur au marché. Qui le sait à part moi dans la famille, hein ?
- Mamie.
- Elle, elle compte pour du beurre ! Zut ! Ce n’est pas ce que je voulais dire - elle ferma les yeux une demi-seconde et se frappa le front - ; non, ce n’est pas ça…et qu’est ce qu’elle t’as répondu ? Que t’étais trop jeune ? Que t’avais pas de situation encore ?
- Là arrive le piano ! Elle était en train d’en jouer quand je lui ait dit.
- Comment ? Comment ça ?
- C’est à dire qu’elle a pas entendue…toujours est-il, chère cousine, qu’elle le sait peut être.
Arianne resta interloquée.