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Sujet : Le national socialisme et le judaïsme
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JeanVincentPlaC
Niveau 30
20 janvier 2023 à 20:57:02

Hello,

Je lis les Bienveillantes et un passage fictif d'un dignitaire nazi écrit par l'auteur explique le point de vue du personnage : les nazis détestent les juifs car ils ont beaucoup de points communs par exemple : la religion du seul peuple comme le Volkgemeinshaft allemande : un volk, un Reich, un führer.
Il est vrai qu'on peut se convertir au judaïsme, peut-on être membre du peuple élu alors ? Car ce n'est pas vrai pour la soi-disant loi du sang nazie : on ne peut devenir Allemand si on le veut. Le pire ennemi des nazis seraient donc pour ce personnage (Best je crois?) celui qui lui ressemble et ne fait pas de compromis sur l'élegibilité du peuple à son destin.

Qu'en pensez-vous ?

AbdoulayeLaMaye
Niveau 5
20 janvier 2023 à 22:20:30

Le 20 janvier 2023 à 20:57:02 :
Hello,

Je lis les Bienveillantes et un passage fictif d'un dignitaire nazi écrit par l'auteur explique le point de vue du personnage : les nazis détestent les juifs car ils ont beaucoup de points communs par exemple : la religion du seul peuple comme le Volkgemeinshaft allemande : un volk, un Reich, un führer.
Il est vrai qu'on peut se convertir au judaïsme, peut-on être membre du peuple élu alors ?

Non. La communauté juive est très fermée. Tu ne rentres pas comme ça. Se convertir est un long chemin de croix. Et ce n'est pas toi qui décide.

Car ce n'est pas vrai pour la soi-disant loi du sang nazie : on ne peut devenir Allemand si on le veut.

C'est vrai. Mais il y a des exceptions.
Par exemple, si tu es juif mais converti et que tu es marié à une allemande, tu n'es pas emmerdé (du moins au début).
Il y a d'autres exceptions, Hitler décide que tel homme considéré comme juif soit considéré comme aryen (certificat d'aryanité signé par Hitler). Ce que Göring a illustré par la formule : "dans mon ministère, c'est moi qui décide qui est juif" (son bras droit était juif et a aussi bénéficié d'un certificat d'aryanité).

Plus généralement, Hitler est malin et parle des Aryens, concept transnational qui permet d'y inclure tous les européens. Seuls les Hongrois sont considérés comme non-aryens car descendants des Huns d'Attila. Mais quand les Hongrois deviendront de précieux alliés, ils deviendront finalement eux aussi des vrais aryens !

Le pire ennemi des nazis seraient donc pour ce personnage (Best je crois?) celui qui lui ressemble et ne fait pas de compromis sur l'élegibilité du peuple à son destin.

Qu'en pensez-vous ?

Oui, c'est vrai. J'avais essayé d'expliquer ça à un ami, mais c'était compliqué...

JeanVincentPlaC
Niveau 30
21 janvier 2023 à 10:27:45

Bien sûr, je n'oublie pas le terreau fertile de l'antisémitisme présent partout en Europe, son irrationalité, et que la logique nazie n'est pas intangible, qu'elle est très laxiste et flexible au bon vouloir des humeurs des uns, et du pragmatisme des autres.

D'ailleurs, le personnage principal le dit très bien : la croyance en le volk et ce destin allemand, c'est une profession de foi qui tient de la religion plus que de la rationalité. Et pourtant, ils tentent de lier les deux par moment ...

Le livre parle notamment de cette absurdité de la race lorsque le SD tente de savoir si les peuples des montagnes converti est un peuple juif ou non. D'un point de vue linguistique, un des Allemands trouve les dires de ses collègues absurdes.
Ou encore lorsqu'un musicien nazi cite Schönberg en grand compositeur malgré son antisémitisme, devant reconnaître la valeur inestimable du compositeur.
On pense aussi au petit juif Yakov, qui joue merveilleusement bien du piano et qui démonte l'absurdité du talent transmis par le sang.

AbdoulayeLaMaye
Niveau 5
21 janvier 2023 à 14:00:16

L’antisémitisme est pas forcément irrationnel. On va pas rentrer dans le détail, ce serait trop long.
L’idée du volk non plus n’est pas forcément irrationnel.
Les allemands comme tous les peuples se voyaient comme une race, comme les juifs d’ailleurs. D’où le problème que tu exposes ici.

Le nazisme a donné naissance à une science nazie. Johann Chapoutot y consacre son œuvre en partie. Il y a une rationalité dans le nazisme. Il y a des grands scientifiques chez les nazis, des prix Nobel, on ne va pas faire la liste : philosophie, littérature, cinéma, physique etc. Résumer le nazisme à la folie d’un homme (Hitler) serait excessif. Je le rappelle, les historiens français Ingrao et Chapoutot s’y sont consacrés ces dernières années.

Les nazis ont décidé que les juifs sont leurs ennemis. A partir de là ils vont les traquer partout. Ils vont traquer « l’esprit juif » qui a pu s’implanter dans un aryen pur jus (par exemple, Heisnberg sera traité de « juif blanc » parce qu’il ose citer Einstein et Bohr, qui sont juifs, comme de grands scientifiques, parce qu’il fait de la physique quantique qui est qualifiée par les nazis de « physique juive »), ils vont traquer le « sang juif » qui peut se retrouver dans un peuple apparemment inoffensif etc. Ils déploient tout un arsenal scientifique pour ça. Aujourd’hui, ils se plongeraient à fond dans l’ADN pour identifier un marqueur juif etc.

Je pense qu’il ne faut pas non plus tomber dans la caricature d’un nazisme irrationnel, stupide, béat. Le nazisme aurait pu triompher, il aurait pu gérer et organiser pour 1000 ans la société comme il a réussi à gérer la société allemande de 33 à 45… mais, il a perdu la guerre et a disparu.

Si aujourd’hui on résume le nazisme à une caricature (le meilleur exemple serait le film de Charlot Le dictateur), c’est uniquement parce que les adversaires d’Hitler ont gagné la guerre et nous vivons dans leur monde.

JeanVincentPlaC
Niveau 30
21 janvier 2023 à 17:11:25

Bien sûr, ils essayèrent de le structurer mais il n'empêche que parce que leur paradigme était plus une profession de foi qu'autre chose (si on prend le référentiel actuel de la science) dû au besoin d'être un grand peuple, soudé, uni contre la crise politique, économique et spirituelle du XXe.

On est tous lié à notre paradigme qui nous empêche à jamais d'être objectif. Cependant, les Allemands de l'après 1918 ralliés au nazisme sont sans doute encore plus prisonniers du leur que jamais. Par quelque chose que l'on connaît bien en histoire : les passions.

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