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Histoire

Sujet : La Traite Orentiale des Arabo-Musulmans en Afrique
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Spinazola
Niveau 7
06 août 2023 à 17:32:03

On sait que globalement la colonisation et le protectorat Egyptien à fait decliner la traite
Cependant elle aurait duré jusqu'en 1930 au sud du maroc ?

Neanderthalien
Niveau 5
21 février 2024 à 22:14:27

Ces traites sont mal connues et difficiles à chiffrer mais selon l'historien américain Ralph Austen, le meilleur spécialiste de la question, 17 millions de personnes auraient été déportées par les négriers musulmans entre 650 et 1920.

Au total, les traites orientales seraient donc à l'origine d'un peu plus de 40 % des 42 millions de personnes déportées par l'ensemble des traites négrières. Elles constitueraient ainsi le plus grand commerce négrier de l'histoire.

Ce qui frappe, outre l'ampleur de ce commerce, c'est son exceptionnelle longévité treize siècles, sans interruption. A leur maximum au XIXe, à l'époque où de nombreuses guerres saintes jihads pourvoyeuses en captifs secouaient l'Afrique occidentale et où l'essor du système de la plantation à Zanzibar suscita d'importants flux négriers.
Grâce aux vents de mousson, les esclaves étaient conduits en Arabie et jusqu'en Inde. La traite fut sans doute importante dans la région entre 1400 et 1600. Elle prit une ampleur considérable au XIXe siècle. Deux espaces furent surtout concernés : l'Afrique centre-orientale et le bassin du Nil, où le commerce négrier se développa après 1820, sous l'impulsion du pacha d'Égypte qui voulait des soldats, des esclaves et de l'ivoire.

Des régions entières furent mises à sac, d'abord jusqu'aux Grands Lacs, puis bien au-delà, les traitants remontant le fleuve Congo. Les raids pouvaient durer plus d'un an. Beaucoup de captifs étaient utilisés sur place, dans les points fortifiés où les traitants s'établissaient. Les autres étaient conduits vers le nord, à travers le désert.

Certains étaient expédiés vers l'Arabie, par la mer Rouge. De Kilwa ou de Bagamoyo, dans l'actuelle Tanzanie, d'autres embarquaient pour le Moyen-Orient ou Zanzibar, à bord de boutres arabes, petits bâtiments à l'arrière relevé, munis d'une ou deux voiles triangulaires. Chacun transportait 100 à 200 esclaves accroupis, genoux au menton.

A quoi était utilisée cette masse d'esclaves ? En fait, un grand nombre d'esclaves jouèrent un rôle économique important, notamment dans l'agriculture. Dans les petites et moyennes exploitations, très répandues, et aussi dans les plantations, établies sur une vaste échelle en Mésopotamie au IXe siècle, au Maroc au XVIe siècle ainsi qu'en Égypte, à Zanzibar et sur les côtes orientales de l'Afrique au XIXe siècle.
Dans les nombreuses oasis du Sahara, les esclaves étaient employés à la culture des palmiers, à la récolte des dattes, mais aussi à l'entretien des milliers de kilomètres de foggaras aqueducs souterrains. Ces oasis, essentielles à la vie en milieu désertique, étaient les indispensables étapes du commerce transsaharien reliant l'Afrique noire au monde méditerranéen et oriental.

L'extraction minière les pierres précieuses de l'ancienne Nubie, l'or, le sel saharien et la récolte des perles en mer Rouge ont également fonctionné grâce aux captifs noirs. Dans les villes, ils remplissaient de multiples fonctions, artisans ou domestiques et parfois intégrés dans des armées, arbitrant ainsi plusieurs conflits au sein du monde musulman.

Seind
Niveau 5
21 février 2024 à 23:52:44

Selon l'historien Eric Saunier qui est spécialiste de la traite occidental les chiffres les plus récent serait de 11-12 millions pour la traitre oriental ou arabo-musulman donc à partir du 7eme. Et 10-11 millions pour la traite occidental.

Neanderthalien
Niveau 5
22 février 2024 à 00:33:08

Le 21 février 2024 à 23:52:44 :
Selon l'historien Eric Saunier qui est spécialiste de la traite occidental les chiffres les plus récent serait de 11-12 millions pour la traitre oriental ou arabo-musulman donc à partir du 7eme. Et 10-11 millions pour la traite occidental.

Il est mal renseigné.

Au total, les traites orientales seraient donc à l'origine d'un peu plus de 40 % des 42 millions de personnes déportées par l'ensemble des traites négrières. Elles constitueraient ainsi le plus grand commerce négrier de l'histoire. Pourtant, mis à part certains travaux, dont ceux de François Renault, le sujet est à peine effleuré par les chercheurs français. Il existe, en effet, une tendance à dédramatiser le rôle et l'impact des traites orientales, à en minimiser la dureté. Cette « légende dorée » de la traite orientale est d'abord une forme de réaction à la « légende noire » véhiculée par les explorateurs européens de la fin du XIXe siècle qui, dans le but d'abolir la traite en Afrique, ont parfois exagérément noirci la réalité des traites orientales.

La recherche se heurte à des tabous. « Pour le moment , écrivait Bernard Lewis en 1993, l'esclavage en terre d'islam reste un sujet à la fois obscur et hypersensible, dont la seule mention est souvent ressentie comme le signe d'intentions hostiles 3. » Analysant des manuels scolaires du monde entier, Marc Ferro écrivait en 1981, à propos d'un livre de quatrième utilisé en Afrique francophone : « La main a tremblé, une fois de plus, dès qu'il s'agit d'évoquer les crimes commis par les Arabes [...] alors que l'inventaire des crimes commis par les Européens occupe, pour sa part, et à juste titre, des pages entières 4... »

Ce déni s'explique enfin par des raccourcis idéologiques dépassés : la « solidarité » affichée entre pays d'Afrique noire parfois musulmans et monde musulman, tous marginalisés à l'époque de la bipolarisation Est-Ouest, ou le sentiment de ne faire qu'un seul dans un « Sud » défavorisé, par opposition à un « Nord » développé.

Parmi les nombreux facteurs qui ont contribué à minorer l'ampleur des traites orientales, certains tiennent à l'histoire. La colonisation de l'Afrique noire par l'Europe ayant suivi d'un petit demi-siècle la fin du trafic atlantique, les deux événements sont parfois assimilés. Inversement, l'influence des pays d'islam, pourtant parfois plus profonde que celle de l'Europe, fut plus diffuse et souvent plus intériorisée.

Il est vrai aussi que la traite orientale était moins visible : elle se déroulait en partie à l'intérieur du continent africain alors que le trafic occidental faisait passer les esclaves d'un continent à un autre ; les caravanes de captifs transportaient parfois d'autres « produits » ; le voyage par voie de mer était, sinon inexistant, du moins beaucoup moins ostensible. Par ailleurs, les esclaves* étaient dispersés au sein de vastes territoires.

Ajoutons, avec Janet J. Ewald, que l'esclavage ne préoccupa pas autant les intellectuels orientaux que les penseurs européens et américains des XVIIIe et XIXe siècles5. En Occident, c'est initialement le mouvement abolitionniste qui poussa à étudier « l'infâme trafic ». Or si la question de la légitimité de l'esclavage fut parfois débattue dans le monde musulman, elle ne donna jamais lieu à l'émergence d'un véritable mouvement abolitionniste.

Neo-XIII
Niveau 12
06 mars 2024 à 12:46:29

Je ne savais pas que ça avait atteint de telles proportions. Personne n'en parle jamais.

Sanicroix6
Niveau 6
06 mars 2024 à 20:38:03

A quoi était utilisée cette masse d'esclaves ? En fait, un grand nombre d'esclaves jouèrent un rôle économique important, notamment dans l'agriculture. Dans les petites et moyennes exploitations, très répandues, et aussi dans les plantations, établies sur une vaste échelle en Mésopotamie au IXe siècle, au Maroc au XVIe siècle ainsi qu'en Égypte, à Zanzibar et sur les côtes orientales de l'Afrique au XIXe siècle.

Ils étaient aussi enrôlés dans l'armée.

Ils étaient crains par les autres peuples marocains, non seulement en raison de leur statut de serviteurs du roi, mais aussi car ils patrouillaient dans les campagnes marocaines et collectaient les impôts4. Ils étaient plus haut gradés que les Aluj (pluriel d'Alj), les esclaves blancs chrétiens, et grassement payés. Vers 1697-1698, on leur donna même le droit de posséder des biens. Selon le consul français Jean-Baptiste Estelle : "Ce prince a rendu son autorité et celle de ses Noirs si grande que les Blancs, qui sont les habitants de ses royaumes, en sont devenus leurs esclaves."2

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abid_al-Boukhari

This event provoked the uprising of the black African troops of the Fatimid army, numbering some 50,000 men, who were joined by Armenian soldiers and the populace of Cairo the next day.

https://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_the_Blacks

Donner une arme à un esclave est une chose impensable dans une autre traite.

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