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Histoire

Sujet : [850] Persécutions des populations chrétiennes espagnoles par les arabo-berbères
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Dw_dvv
Niveau 8
18 juillet 2024 à 04:41:41

Pour rappel :
- Berbères : Maghrébin de l'actuel Maroc, Tunisie, Algérie
- Arabes : Péninsule arabique, et en moindre partie le Levant

À savoir que la majorité musulmane d'Espagne était Berbères.

"En ce tems-là (850) les chrétiens d’Espagne eurent à éprouver une vive persécution de la part du gouvernement de Cordoue, et le bruit de cette persécution arriva jusqu’en France.

Voici ce qui donna lieu à ces vexations.
D’après la législation musulmane, il y a liberté de conscience pour les chrétiens, et ils sont seulement soumis au tribut.

Mais il faut qu’ils soient nés de père et de mère chrétiens; si l’un des époux a été musulman, l’enfant doit l’être aussi, conformément à cette maxime de Mahomet, que les musulmans interprètent à l’avantage de leur religion:
«L’enfant suit nécessairement celui de ses père et mère dont la religion est la meilleure.»

Il en est de même des enfans mineurs d’un chrétien ou d’une chrétienne qui a embrassé l’islamisme; si l’enfant parvenu à sa majorité refuse de professer la religion mahométane, le magistrat a le droit de l’y contraindre.

Il faut en second lieu que les chrétiens n’aient jamais fait profession de l’islamisme: eussent-ils simplement levé la main et prononcé les mots:
Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète, les eussent-ils prononcés pour se jouer ou en état d’ivresse, ils sont censés musulmans, et ils ne sont plus libres de suivre un autre culte.

Ils ne doivent pas non plus avoir commerce avec une femme musulmane.
Enfin il faut que les chrétiens s’abstiennent de toute injure contre Mahomet et sa religion; s’ils manquent à un seul de ces points, ils n’ont pas d’autre alternative que l’islamisme ou la mort.

Or on a vu que les alliances entre les musulmans et les chrétiens étaient assez communes en Espagne.
Il arrivait souvent que les mères inculquaient à leurs enfans, surtout aux filles, les dogmes du christianisme: ce qui avait déjà plus d’une fois donné lieu à des scènes sanglantes.

Il y avait alors à Cordoue un prêtre fort instruit dans les lettres chrétiennes et arabes, appelé Parfait. Le bruit courait que ce prêtre, dans un moment d’oubli, avait prononcé la profession de foi mahométane.

Quelques musulmans l’ayant un jour rencontré dans une rue de Cordoue lièrent conversation avec lui, et lui demandèrent ce qu’il pensait de leur prophète et de la religion qu’il avait établie.
Parfait refusa d’abord de répondre, craignant que ces questions ne cachassent quelque piége; mais comme ces hommes insistaient, il s’exprima librement, et traita Mahomet d’imposteur et de suppôt de l’enfer.

D’abord les musulmans ne lui répondirent rien; mais à quelques jours de là, l’ayant rencontré au milieu d’une grande foule, ils le dénoncèrent comme une personne qui avait mal parlé du prophète.
Aussitôt la foule se jeta sur lui et le conduisit devant le cadi ou l’alcade, que nous appelons juge.
Le cadi interrogea Parfait, et comme le prêtre ne voulut pas rétracter ce qu’il avait dit, il fut condamné à mort.

On se trouvait alors dans le mois de ramadan, qui est le mois du jeûne des musulmans.
Pour donner à cette exécution plus de solennité, il fut décidé qu’elle n’aurait lieu qu’à la fin du mois, époque où les musulmans, voulant se dédommager de leurs privations, se livrent à la joie la plus vive.

Au jour fixé, Parfait fut amené au milieu d’une grande plaine, sur les bords du Guadalkivir, et là, en présence d’une foule innombrable, il eut la tête tranchée.

Cet événement causa une sensation extraordinaire: les chrétiens étaient alors fort nombreux en Espagne, même à Cordoue, siége de l’empire.
Non seulement on leur avait laissé une partie des églises de la ville; mais ils avaient des monastères de l’un et de l’autre sexe, surtout dans les montagnes situées au nord de la cité.

La religion chrétienne avait pénétré jusque dans le palais du roi, à la suite du grand nombre d’esclaves de tous les pays qui remplissaient une partie des emplois de la cour.

Les musulmans zélés crurent faire une bonne œuvre en dénonçant les chrétiens qui rentraient dans une des trois catégories dont nous avons parlé.
Bientôt même on vit au sein d’une même famille des frères accuser leurs sœurs pour avoir leurs biens.
Le jugement n’était pas long: on demandait à l’accusé s’il persistait dans le christianisme: s’il répondait affirmativement, on le mettait à mort.

Ordinairement les martyrs étaient attachés à un pieu; on brûlait leur corps, puis on jetait les cendres dans le fleuve, afin que les chrétiens ne pussent pas les recueillir et les conserver comme des reliques.

Quelquefois on donnait les corps à manger aux chiens."

Jacques Reinaud Toussaint, Invasions des Sarrazins en France (1836)

Dw_dvv
Niveau 8
18 juillet 2024 à 04:52:21

Réactions des populations chrétiennes aux persécutions :

"Ces barbaries produisirent un effet bien différent de celui que le gouvernement en attendait.

Le courage que montraient les martyrs était si remarquable, qu’il devint l’objet de l’admiration générale.
Plusieurs chrétiens qui ne se trouvaient dans aucune des trois catégories se présentèrent d’eux-mêmes pour partager le sort de leurs frères.

Parmi eux nous citerons un Français, nommé Sanche, originaire d’Alby, qui occupait un emploi dans le palais, et qui probablement avait été fait captif dans sa jeunesse; il y avait également deux eunuques.

Les femmes surtout se distinguèrent en cette occasion.
On vit des vierges timides qui jusque-là n’avaient pas osé s’éloigner des regards de leurs parens, accourir à pied vers Cordoue de plusieurs lieues à la ronde, et demander à grands cris le martyre.

Il suffisait pour cela qu’elles proférassent quelque injure contre le prophète."

Jacques Reinaud Toussaint, Invasions des Sarrazins en France

Histoar
Niveau 29
19 juillet 2024 à 00:40:22

Heureusement, les chrétiens ont fini par se libérer de ce joug.

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