Je m'excuse par avance pour toutes les fautes, peut-être que mon exposé manque de rigueur, auquel cas j'espère que ce topic servira justement à ce qu'on puisse me corriger.
C'est une question sérieuse que je me pose, évidemment je vais essayer de montrer pourquoi ce concept me paraît désuet. Premièrement j'ai pensé à faire ce topic à la suite d'une discussion de deux forumeurs sur un topic qui parlait de la substance, bon déjà définissons la chose. Je ne peux prendre que la définition qui est retranscrite dans la Deuxième Méditation Métaphysique de Descartes avec la cire, là voici :
Considérons donc maintenant les choses que l’on estime vulgairement être les plus faciles de toutes à connoître, et que l’on croit aussi être le plus distinctement connues, c’est à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons : non pas à la vérité les corps en général, car ces notions générales sont d’ordinaire un peu plus confuses ; mais considérons-en un en particulier. Prenons par exemple ce morceau de cire : il vient tout fraîchement d’être tiré de la ruche, il n’a pas encore perdu la douceur du miel qu’il contenoit, il retient encore quelque chose de l’odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, il est maniable, et si vous frappez dessus il rendra quelque son. Enfin toutes les choses qui peuvent distinctement faire connoître un corps se rencontrent en celui-ci. Mais voici que pendant que je parle on l’approche du feu : ce qui y restoit de saveur s’exhale, l’odeur s’évapore, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s’échauffe, à peine le peut-on manier, et quoique l’on frappe dessus il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle encore après ce changement ? Il faut avouer qu’elle demeure
Pour expliquer brièvement où Descartes veut en venir, je vais expliquer aux amateurs. Après avoir l'examen d'un doute hyperbolique - rejetant ses sens, pouvant mener potentiellement à des tromperies ou des illusions - Descartes se pose de ce qui peut subsister en dehors de son esprit, qui existe par soi, c'est là qu'intervient le concept de substance, en effet la cire, qu'elle soit fondue ou dure, continue à être de la cire, elle change d'état mais demeure inexorablement de la cire. Et donc le propre de la substance c'est ce qui fait persévérer dans le temps, la cire demeure dans le temps peu importe le mouvement de la matière, donc il subsiste bien quelque chose qui ne dépend pas de quelque chose, c'est la substance. Mais donc pour reprendre l'exemple de la cire, si la cire change d'état elle reste de la cire donc il subsiste quelque chose (la substance) qui empêche le changement radical de la matière, la substance n'ayant pas de substance alors elle subsiste par soi (perséité), la substance se conserve par soi, ne dépendant de rien d'autre qu'elle-même.
Pourquoi ce concept est-il désuet ?
A mon avis la science actuelle peut nous mener sur certaines pistes. En effet, si on s'intéresse à l'une des substances proposées par Descartes qui est la Res Extensa ou la substance étendue, plus communément celle du corps, celle de la matière, quantifiable, finie, qu'on retrouve dans la physique classique, l'exemple parfait est celui susdit de la cire qui reste qualitativement de la cire malgré le mouvement de la matière (chaleur, maléabilité,...). Cependant cette lecture du réel, qui voudrait que les choses gardent certaines propriétés au delà du mouvement réel de la matière ne semble pas convenir parfaitement à décrire le monde, par exemple pour le cas de la polarisation dans les milieux diélectrique, c'est-à-dire lorsqu'un matériau ne contenant pas d'électricité, isolants électriques (le bois, le plastique,...) interagissent avec un champs électrique justement (c'est typiquement l'exemple le plus commun des deux aimants qui ne peuvent se toucher). Alors qu'est-ce que ça vient faire avec le concept de substance, c'est là que ça rentre en jeu :
Prenons un exemple comme le verre, le verre est un isolant électrique qui est également amorphe (ou en surfusion), c'est-à-dire qu'il n'a pas de structure ordonnée et donc garde les mêmes propriétés peu importe la direction d'observation (isotrope) et donc en contact avec le champs électrique il reste le même, le phénomène de polarisation s'explique très bien dans ce cas-là, donc peu importe la structure amorphe du verre, il subsiste bien certaines qualités qui permet de comprendre une permanence du phénomène, la substance s'explique bien avec le phénomène d'isotropie. Or dans certains cas, comme les cristaux qui ont des structures ordonnés, dans le cadre de la polarisation, l'explication du phénomène se fait par biréfringence dépendant essentiellement de la direction d'observation (anisotropie) et donc du cristaux à son milieu, le phénomène de polarisation ne s'explique plus simplement par les propriétés du cristaux ou du champ électrique, mais de la relation de l'un à l'autre, il n'est plus question de substance, il n'y a plus de permanence du phénomène, ce dernier changeant selon la direction d'observation et donc de la relation du sujet à l'objet.
Donc bien que la substance puisse expliquer certains phénomènes physiques, elle peine à expliquer d'autres phénomènes, donc je pense largement qu'on peut abandonner ce concept.