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Philosophie

Sujet : La Philosophie de Plotin
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PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:09:23

Présentation de Plotin https://www.noelshack.com/2024-13-1-1711371910-image.png
philosophe gréco-romain de l'Antiquité tardive, est le représentant principal du courant philosophique appelé « néoplatonisme » : à travers lui, la pensée grecque classique affronte désormais les mouvements gnostiques plus ou moins proches du christianisme et du manichéisme. Continuateur d’un Musonius Rufus, d’un Sénèque, d’un Épictète, Plotin est l’un des grands philosophes de l’époque impériale et un authentique sage de la Grèce. Il installe son école à Rome en 246, où Amélius fut son premier disciple. Sa relecture des dialogues de Platon fut une source d'inspiration importante pour la pensée chrétienne alors en pleine formation, notamment pour Augustin d'Hippone, et elle influença de manière profonde la philosophie occidentale. L'intégralité de ses écrits a été publiée par son disciple Porphyre de Tyr, qui les a réunis sous la forme d’Ennéades, en groupes de neuf traités.

L'originalité de la pensée de Plotin tient à une réflexion d’une grande subtilité, élaborée à partir de Platon et d'Aristote, et où métaphysique et mystique se fondent et se confondent. Pour Plotin, l'univers est composé de trois réalités fondamentales : l'Un, l'Intellect et l'Âme. L'homme, partie du monde sensible, doit, par le plus haut degré d'intériorité, remonter de l'Âme à l'Intellect, puis de l'Intellect à l'Un et accomplir ainsi une union mystique avec le Dieu par excellence. La recherche du salut implique en effet pour l’âme une ascension spirituelle, loin du monde d’ici-bas, « au-delà de l’intellect et de la connaissance », vers la réalité vraie, le Bien, principe suprême identifié à la Beauté, que Plotin nomme l’Un ou Dieu. Ni mysticisme chrétien, ni contemplation de Dieu pour l'initié des mystères, la philosophie de Plotin est une exhortation à réintégrer notre vraie patrie, c’est tout le sens de l’allégorie d’Ulysse évoquée par Plotin : aux sortilèges de Circé et à la beauté de Calypso, Ulysse préféra le retour à Ithaque, sa patrie. Plotin nous invite à réintégrer notre parenté ontologique avec le divin, au moyen d’une ascèse purificatrice. Par une intuition de « l'Intellect embrasé d’amour », cette ascension spirituelle conduit l’âme, enfin unifiée, débarrassée de tout le superflu et de l’individualité qui la barricadait dans ses limites, à devenir « lumière véritable » et à voir « l’éclat divin de la vertu et la tempérance siégeant sur un trône sacré ». Ainsi comprise, cette purification, selon le mot de Jean Trouillard, « délie l’âme, non pas pour l’immerger dans un abîme mystique où elle s’annule, mais pour rendre à son jeu sacré toute son ampleur et sa lucidité ».

https://fr.wikipedia.org/wiki/Plotin
https://plato.stanford.edu/entries/plotinus/
https://iep.utm.edu/plotinus/
https://www.thecollector.com/plotinus-theory-of-emanations/
http://sos.philosophie.free.fr/plotin.php
https://www.philosophizethis.org/podcast/plotinus-a-period-of-transition-38z8d
https://www.historyofphilosophy.net/plotinus-life l'excellent érudit Peter Adamson a consacré des épisodes à Plotin
https://www.psychofuturia.com/plotinus-understanding-neoplatonism/ excellent article sur Plotin
https://www.youtube.com/watch?v=VJSxlOH_oug ancrages éditions sur la pensée de Plotin, l'Art de la Sculpture de Soi
Lucien Jerphagnon, Pierre Hadot sont deux penseurs contemporains qui ont longuement parlé de sa pensée ainsi que celle du néoplatonisme

PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:18:01

Comprendre son âme, apprendre à voir: la vision du Beau chez Plotin
(PAR POCECCO ELODIE · 28 SEPTEMBRE 2018)

Le traité de Plotin sur le Beau (Ennéades I 6 [1]) se présente clairement comme un dialogue philosophique. Il débute par une affirmation: « Le Beau se trouve surtout dans la vue. » (Plotin, Ennéades, I 6 [1], 1, 1), directement suivie par une myriade de questionnement tant sur le Beau lui-même que sur les modalités de sa perception. Ces interrogations sont les premières d’une longue série permettant au lecteur de s’orienter dans son étude. Elles ne vont cesser de s’approfondir jusqu’à la dernière ligne du traité, créant ainsi un cheminement de l’esprit ayant comme finalité la contemplation du Beau, qui mène jusqu’au premier principe : l’Un. Dans cet article, nous allons revenir sur l’élément initiateur du traité: la vue. Nous allons effectuer le cheminement philosophique que Plotin nous invite à prendre. En suivant ses indications, nous partirons à la recherche de la bonne vision, celle permettant d’atteindre le Beau. Comme nous le verrons, il est nécessaire que l’homme développe une vue de l’esprit, centrée en lui, pour lui, par lui. En d’autres mots, il doit apprendre à voir avec la partie intelligible qui le compose : son âme.

https://www.noelshack.com/2024-13-1-1711372546-image.png

La vision par l’âme

« Quel est donc ce mode de vision ? Quel en est le moyen ? » (Plotin, Ennéades, I 6 [1], 8, 1). A l’instar des chapitres précédents du traité 1 de Plotin, celui-ci débute par une interrogation qui guidera le lecteur dans l’entier de sa lecture. Plotin s’interroge et, par la même occasion, interroge son interlocuteur sur le mode de vision permettant d’observer non pas la beauté sensible, mais le beau en soi. L’objet de la recherche est bien défini, le moyen l’est aussi. Il est maintenant nécessaire de comprendre comment utiliser la vue.

La philosophie de Plotin est intimement liée à celle de Platon. Il est donc nécessaire, pour répondre à cette question, de se remémorer la vision platonicienne du monde présentée dans le Timée. Dans ce dialogue tardif, Platon imagine le monde comme étant scindé en deux parties distinctes ; d’une part on trouve le monde sensible, dans lequel nous vivons, et d’autre part le monde intelligible, constitué d’Idées, aussi appelées Formes. Le monde intelligible ne nous est accessible que par la pensée et demeure stable, éternel. Bien que les deux mondes soient métaphysiquement séparés, il existe un lien entre eux. Platon évoque dans le Timée la création du monde par un démiurge, sorte de démon qui se situe entre le monde des hommes et le monde des Idées. Ce démiurge a créé le monde à l’image des Idées qu’il contemple dans le monde intelligible. Cependant, ces copies des Idées ne peuvent prétendre à une comparaison avec leurs modèles, ces Idées dont elles sont issues. Dans ce contexte, l’homme se situe dans l’ombre d’une connaissance des choses. Il ne peut appréhender l’univers que partiellement et la tâche du philosophe est d’élever son esprit pour s’approcher au plus près de la connaissance, en soi, des Idées. C’est grâce à l’élévation de son âme que cette élévation et cette connaissance sont possibles, car l’âme, avant son incarnation, contemplait déjà les Idées. Cette contemplation, décrite notamment dans le Banquet, au terme du discours de Diotime, est instantanée et totale. L’âme saisit une Idée dans son entier, sans aucun doute possible, dès qu’elle y est confronté. Ce monde sensible est donc à l’image du monde intelligible, mais il demeure dans son ombre, comme l’allégorie de la caverne, présentée par Platon dans la République, l’exprime très bien.

https://www.noelshack.com/2024-13-1-1711372607-image.png

Mais comment voir ou contempler le Beau? La vue est le sens le plus aiguisé du corps humain et c’est par lui qu’il convient d’entamer la recherche du beau. « En effet, la vision est la plus aigüe des perceptions qui nous viennent par l’intermédiaire du corps […]. » (Platon, Phèdre, 250d). Cependant, a contrario de la pensée actuelle, la pensée antique envisageait la vision comme un exercice de l’âme, le corps n’étant que le réceptacle de stimuli extérieurs, donnant un sens aux informations préalablement observées par l’âme. Ainsi, il semble évident que Plotin ne fait pas allusion à une vision anatomique de l’œil humain. Il ne faut pas se laisser aller à une pensée naïve et user de nos sens. L’âme doit être l’organe privilégié de la vision. Plotin propose ainsi non pas d’associer l’âme au corps, mais plutôt d’associer le corps à l’âme. Ce concept est le reflet d’une vision plus globale de la place de l’âme dans le monde qui diffère de celle de Platon, que j’aimerais présenter avant de revenir à la vision de l’âme.

Plotin envisage le monde intelligible comme constitué de trois principes. Ces principes métaphysiques sont des entités inaltérables se situant dans un même plan achronique, atemporel. Le premier principe est appelé Un (To Hen). Il s’agit d’un principe absolument simple, à l’origine de toute chose, qui se repose en lui-même, de manière autosuffisante. De l’Un émane l’Intellect (Nous). Cette émanation se produit de manière spontanée sans que cela ne vienne amoindrir le premier principe. Cet Intellect est purement intelligible ; il contient et pense en lui toutes les Formes sans en être leur créateur. Il s’agit d’un premier mouvement de pensée, premier mouvement de vie, entièrement autarcique. De l’Intellect émane ensuite l’âme totale (Psyché). L’intellect vient implanter dans l’âme totale des raisons séminales, des logoi, qui contiennent en elles une multiplicité : les âmes individuelles. Pour posséder cette sagesse qu’il transmet à l’âme, l’Intellect doit posséder la connaissance des Formes, car c’est là le modèle poursuivi par l’âme. Les Formes, sous la forme de logoi, sortent de manière partielle de l’âme individuelle pour se rendre dans le monde sensible, de sorte que l’âme ne perd jamais le lien qui l’unit au monde intelligible. Il serait erroné de conserver la naïve pensée qu’une âme s’incarne dans le monde sensible et qu’elle devient prisonnière d’un corps. Au contraire, l’âme vient en quelque sorte envelopper le corps et établit une sorte de coopération sensible. Coopération qui ne se rompt qu’à la mort du corps.

Dans un premier temps, Plotin règle la question d’un premier principe qui n’a jamais été explicité clairement chez Platon. L’Un, principe tellement supérieur à l’homme qu’il lui est difficile d’en dire quoi que ce soit, est source de toutes choses. Par l’intermédiaire de l’Intellect, et par un processus d’émanation que je viens de présenter, l’âme puise sa source dans l’Un lui-même. Sa nature est donc intimement liée au monde intelligible. Dans un deuxième temps, Plotin donne une liberté à l’âme, absente chez Platon. Ainsi, l’inversion dont il était question prend toute son importance : elle enlève la dépendance de l’âme vis-à-vis du corps. « Mais le principal de l’homme, l’homme lui-même, est comme une forme par rapport à une matière ou comme l’être qui se sert d’un outil par rapport à cet outil. Dans les deux sens, l’homme lui-même, c’est l’âme » (Plotin, Ennéades, IV,7 [2], 1, 22-25). De cette manière, l’âme n’est plus pensée dans le corps, mais il faut imaginer le corps comme étant dans l’âme. L’âme ne dépend ainsi plus du corps, mais le corps est entièrement dépendant de l’âme : pour son existence, son organisation et sa représentation du monde. Il faut donc voir par l’âme afin de ne pas se laisser biaiser par nos sens et se faire happer par la beauté physique, qui n’est pas la véritable beauté, mais seulement une image de celle-ci.

Nous avons donc une première réponse à nos questions : on ne voit pas par les sens. Il ne faut pas s’attacher à la beauté sensible qui n’est qu’une manifestation du beau intelligible et reste semblable à des « images, des traces et des ombres » (Plotin, Ennéades, I, 6 [1], 8, 7). En d’autres termes, la beauté sensible n’est qu’une pâle copie d’une réalité idéale. Il faut donc chercher la partie intelligible de ce que nous voyons et cela ne s’effectue que par la pensée. Celui qui voit vraiment ne voit pas avec les yeux, il voit avec l’âme.

PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:19:55

L’initiation à la vision de l’âme

Cela amène de nouvelles interrogations : qui peut voir ainsi et que signifie concrètement la vision de l’âme ? Car bien que la beauté physique puisse être reconnue par les sens de chacun, la vision de l’âme semble un exercice plus périlleux.

Le Beau est défini par Plotin comme « […] cette beauté immense […] » (Plotin, Ennéades, I, 6 [1], 8, 2), éclatante qui ne peut échapper à celui qui la voit. Une beauté impossible à ignorer, à la condition d’être capable de la voir. Mais comment une telle beauté, d’une telle puissance, peut-elle rester invisible ? La suite de la phrase apporte une réponse : « elle reste en quelque sorte à l’intérieur des sanctuaires et […] ne s’avance pas au dehors pour se faire voir des profanes ». Cela laisse sous-entendre que ces conseils sur la vision du Beau ne s’adressent pas à ceux qui l’ont déjà vu. Au contraire, il s’agit d’un enseignement qui est prodigué à des apprenants. Il existe donc deux catégories de personnes : les initiés, ceux qui connaissent les rites, et les profanes qui demandent à les apprendre. Cet aspect est accentué par la présence du terme « sanctuaire », qui tend à souligner l’importance de l’initiation. À l’image des cultes à mystères, dont les religions grecques étaient friandes, celui qui n’est pas invité à connaître les rituels reste inconscient de ce qui se produit derrière les portes du temple. La beauté est accessible à celui qui a reçu un enseignement et sait comment la voir. En outre, tout le monde ne peut la voir.

Quel cheminement ces initiés doivent-ils réaliser dans leur quête du Beau ? Ils doivent effectuer un mouvement introspectif : « Que celui qui le peut aille donc et la suive jusque dans son intimité […] » (Plotin, Ennéades, I, 6 [1], 8, 5).

Plotin donne à ce moment la clef de la vision de l’âme. Il s’agit d’abandonner la vue extérieure et de se tourner vers soi, dans son intimité. C’est en nous qu’il est possible d’atteindre la beauté intelligible. Comme nous l’avons présenté précédemment, l’âme individuelle émane de l’âme totale et effectue le passage entre le monde intelligible et le monde sensible. Cette émanation ne constitue pas une séparation totale de ces deux concepts. Bien au contraire, à la fin de l’émanation de l’âme individuelle, cette dernière reste en contact avec l’âme totale. Il existe un lien privilégié entre le monde intelligible et la nature même de l’âme. Afin d’appréhender le Beau, il faut effectuer un mouvement de recueillement en soi. Il s’agit du point essentiel de cette recherche. À la différence de Platon, qui imagine la recherche du Beau comme un mouvement ascensionnel, Plotin l’envisage comme un mouvement introspectif. Il ne s’agit plus de trouver un moyen d’atteindre un niveau de pensée supérieur, une élévation, mais de retrouver le chemin en nous qui nous permet de nous rapprocher de la Beauté. Bien que dans la suite de ce passage Plotin utilise un vocabulaire propre à la « remontée », il ne s’agit là que d’une aide afin de permettre à l’homme d’appréhender un concept qui le dépasse. Observer le Beau consiste donc à effectuer un mouvement introspectif à la recherche du centre de soi et de toutes choses. Nous pouvons y voir un premier indice sur ce que contemple cette vision intérieure. Rechercher le Beau consiste en effet à tenter de s’approcher du premier principe de toute chose : l’Un.

PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:38:18

Il y a une métaphore bouddhiste proche de l'image du Narcisse se noyant dans son reflet
Attraper la lune dans l'eau

Le singe veut attraper la lune dans l'eau.
Tant que la mort n'aura pas eu raison de lui,
il s'obstinera.
Que ne lâche-t-il la branche
et ne disparaît-il dans l'étang profond
Le monde entier resplendirait d'une clarté éblouissante

Hakuin Ekaku, maître zen, XVIIIème siècle

https://www.noelshack.com/2024-13-1-1711373475-image.png https://lerefletdelalune.blogspot.com/2018/07/attraper-la-lune-dans-leau.html

PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:39:07

Nous parlerons dans cette section des idées Plotiniennes de stade du prisonnier du monde sensible, l'homme-Narcisse se baignant dans l'illusion et de retour à une Ithaque spirituelle tel Ulysse qu'ils nous exhorte à entreprendre

  • La fuite vers l’Un chez Plotin: Ulysse contre Narcisse https://biospraktikos.hypotheses.org/3535

(PAR POCECCO ELODIE 2018)

Plotin conçoit le monde comme scindé en deux : le monde intelligible et le monde sensible. Mais Plotin ne s’arrête pas à cette division et propose de concevoir le monde intelligible comme constitué d’une entité première, fondamentalement simple, dans laquelle repose toutes choses: l’Un. De ce premier principe émane l’Intellect et l’âme.
Ainsi, si l’homme entreprend de contempler le Beau, il tend toutefois à remonter jusqu’à ce principe premier. Cette contemplation de l’âme devenue Intellect permet à celle-ci de se rapprocher de l’Un, ultime étape de la fuite du sensible. Plotin propose donc un cheminement allégorique permettant de tendre vers l’Un et de s’unir à lui.

PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:39:59

A/ Narcisse

Si le cheminement de l’âme vers l’Un consiste pour Plotin en un mouvement d’introspection, ce retour intérieur est envisagé comme une fuite : « […] il faut s’enfuir vers cette beauté dont elles sont les images » (Plotin, Ennéades, I, 6 [1], 8, 8). Il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’une fuite de tout son être vers l’essentiel ; rejeter les plaisirs du corps qui appartiennent au monde sensible, et se concentrer sur l’âme qui permet l’accès au monde intelligible.

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Si l’homme ne rejette pas la beauté trompeuse du monde sensible, il risque de se perde, d’égarer son âme dans un monde auquel elle n’appartient pas. Pour expliciter cela, Plotin reprend le mythe gréco-romain de Narcisse. Narcisse, fils du de Céphise et de Liriope, possédait une beauté extraordinaire : tombé amoureux de son propre reflet qu’il vit dans un plan d’eau, il en perdit la tête et ne réussit pas à se détacher de cette vision. Obnubilé par ce qu’il voit, il en oublie tout le reste et finit par mourir. Quelle que soit la version de ce mythe, la fin de Nacrisse est constamment la même : la mort l’attend. Selon la version présentée par Plotin, Narcisse se noya faute d’avoir pu se détourner des réalités du monde.

Narcisse constitue l’exemple à ne pas suivre. Narcisse fait l’erreur de croire que son reflet est une réalité et se concentre dessus ; il n’effectue pas le mouvement de l’âme vers les réalités transcendantes. A la place, il reste accroché à la chimère des représentations sensibles. Plotin stipule ainsi que Narcisse tient son reflet comme une réalité, car il ne connaît pas la relation entre lui et son reflet. Il ne réalise pas la réelle nature de son reflet ; son reflet est inatteignable car il s’agit du reflet de sa propre âme. Il s’agit d’’une allégorie des relations unissant les deux mondes : il ne connaît pas l’idée selon laquelle le monde sensible, le reflet, est à l’image du monde intelligible, l’âme. Les objets, en l’occurrence le reflet de Narcisse, sont des reflets de l’âme. Il faut abandonner les beautés physiques, il faut les délaisser et les dépasser pour s’attacher à une beauté supérieure.

Rappelons que l’âme n’appartient pas au corps et que son souci est donc différent de ce dernier. L’âme doit rester focalisée sur la contemplation des réalités transcendantes. Lorsque l’âme se détourne de son devoir, et se concentre sur son corps, lorsqu’elle devient narcissique, elle en oublie sa propre nature.

Le risque d’un tel comportement est le suivant : « […] son âme qui plongera dans les profondeurs obscures et funestes à l’intelligence, il y vivra avec des ombres, aveugle séjournant dans l’Hadès. » (Plotin, Ennéades, I, 6 [1], 8, 15-16). L’Hadès, est le nom donné aux Enfers grecs. Il s’agit du royaume souterrain des morts. Les âmes y sont retenues, mais ne possèdent aucunes des capacités qui les caractérisaient par nature, elles sont justement comme des ombres, prisonnières d’un passé inaccessible. La vision du corps, si elle est suivie, entraîne l’âme dans l’obscurité. L’âme appartenant au monde intelligible de par sa nature, elle ne peut que se perdre si elle est retenue au niveau du monde sensible. Narcisse est donc pour Plotin le contre-exemple à ne pas suivre.

PlaizeBasqual
Niveau 5
25 mars 2024 à 14:46:47

impossible d'écrire un bon topic à chaque utilisation de mot grec ou de caractères rarement vu jvc refuse de me laisser poster

enfin il y a suffisamment de ressources sur le topic pour découvrir par soi-même Plotin

Mrlebougre
Niveau 2
25 mars 2024 à 16:42:52

Merci pour le partage, c'était très intéressant.

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Sujet : La Philosophie de Plotin
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