On vit à une époque où il est devenu normal d'ignorer royalement quelqu'un, de ne pas répondre à un message. L'amitié ou la camaraderie sont toujours communes, mais elles sont accordées comme des faveurs et non comme une évidence. C'est comme si la plupart des gens avaient beaucoup d'amour propre.
Comme si.. mais est ce le cas ? Mon intuition c'est que l'amour propre, le vrai, va avec des qualités morales, que la plupart des gens n'ont pas. Mais comment le prouver ?
J'aimerais attirer votre attention sur un indice que j'ai trouvé dans le langage : l'ego. Quel mot étrange. À la fois il fait référence à l'amour propre (par exemple dans la phrase "il a trop d'égo") et à la fois il fait référence à une altérité (par exemple dans la phrase "ce n'est pas toi, c'est ton égo qui parle" ou encore "il faut se débarasser de l'égo"). Hors il me semble que le véritable amour propre n'est pas vraiment différentiable de soi, c'est au contraire notre nature la plus profonde, le "moi" le plus indépassable.
Il me semble donc que le concept d'ego renvoie à une duplicité qui ne devrait pas exister si les gens s'aimaient vraiment. Il me semble que tout ce mépris, toute cette haine, ne sont là avant tout que comme des gestes théatraux, parmi d'autres, pour tenter de se donner une contenance.
