Quelle place devons-nous accorder au silence ? Est-il plus noble que le discours confus, maladroit, ou malhonnête ? Ou bien ce type de discours mérite t-il émerger à la surface et ébranler le profond silence. Je suppose que c'est relatif au lieu dans lequel il a lieu. Certains discours sont adaptés aux cirques ou aux plateaux de télé, et d'autres encore à des amphithéâtres universitaires. Mais le silence n'est-il pas une forme de discours majestueux qui laisse en suspens l'énonciation de la vérité, qui éloigne l'expression de l'opinion, et invite au dialogue de l'âme avec elle-même ou avec Dieu dans le cadre ecclésiastique ?
Mais parlons plutôt du forum de philosophie. À défaut d'avoir droits aux discours sérieusement philosophiques peut-on se permettre de produire des discours anti-philosophiques ? Comme ceux qui parlent de ses plans tinders, des photos de son chat, ou bien ces autres qui citent des articles de la presse de foot pour dénigrer un grand auteur en s'appuyant sur les opinions médiocres d'un footeux tout ça sans l'avoir lu lui-meme? Où devons nous insérer le silence ?
Il serait intéressant d'évoquer l'école grecque qui le professait. Mais peut-être que d'autres auront des objections à leur faire, et considérerons que la pire chose qui puisse arriver n'a pas l'expression d'idées fausses ou immatures mais l'absence de leur expression. Ils pourraient par exemple affirmer que le silence renvoie à l'inexistence ou à la mort, et que la médiocrité mérite d'avoir lieu car elle donnerait vit. Mais aussi ils avanceraient l'argument de la relativité car comment peut-on mettre en valeur un discours mâture, rationnel, et juste, sans la médiocrité qui permet de le circonscrire, lui-même ainsi que sa valeur. L'homme, et la vie en général, n'ont-il pas émergé des substances inorganiques, inerte, et de moindre valeur que la vie, car à elle seule est incapable de faire émerger une réalité supérieure, celle de l'esprit ?
