Ayant des difficultés à la comprendre, je fais appel à votre large connaissance de Platon pour m'aider.
Du peu que nous savons sur le Bien, il confère aux objets leur intelligibilité et transcende les Idées ainsi que l'essence elle-même qu'il "excède en aînesse et en puissance" (VI [509b]) (dans d'autres traductions : "dépassant encore l'être en dignité et en puissance").
La difficulté est d'autant plus grande que la portée du Bien totalise à la fois les étants du monde intelligible et visible : "elle [l'idée du bien] qui, dans le visible, a donné naissance à la lumière et à celui qui en est le maître [le soleil]" (VII [517c]).
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Alors que nous serions tentés de définir le Bien comme étant l'Intelligible, il n'est pas uniquement (ni immédiatement) ce qui établit la relation entre le sujet et l'objet, mais encore, pour chaque objet, ce qui lui permet de se maintenir dans l'être, c'est-à-dire d'exister strictement selon sa propre essence.
Comme l'explique Plotin : "C'est pourquoi, l'Un (ou Bien) n'est aucune des choses qui sont en l'Intelligence, mais c'est de lui que viennent toutes choses. Et c'est pourquoi ces choses sont des essences (ousia) ; car chacune d'elles a une limite et comme une forme. L'être ne peut flotter pour ainsi dire dans l'indéterminé ; il doit être fixé dans une limite et dans un état stable. Cet état stable, dans les intelligibles, c'est la détermination et la forme qui leur permettent d'exister." (Ennéades, V 3).
Auriez-vous des choses à ajouter ou à réfuter ?
Alors que nous serions tentés de définir le Bien comme étant l'Intelligible, il n'est pas uniquement (ni immédiatement) ce qui établit la relation entre le sujet et l'objet, mais encore, pour chaque objet, ce qui lui permet de se maintenir dans l'être, c'est-à-dire d'exister strictement selon sa propre essence.
J'aurais plutôt tendance à dire qu'il est la condition de l'intelligible. Les êtres peuvent exister sans lui mais sont dépourvus de leur force, de leur sens : ils sont dépourvus des rayons du soleil sans lesquels tout est plongé dans les ténèbres et se mêle au tout.
Et cette condition de l'intelligible pose aussi la légitimité de l'équation (ou plutôt son sens) Vrai = Beau = Bien car aucune connaissance du Vrai ni connaissance du Beau n'est possible sans la concomitance du Bien, lequel garantit l'expérience possible de ces qualités.
Maintenant c'est ma pauvre compréhension, d'autres auront surement mieux à dire que moi
Nulle part, dans l'œuvre de Platon, il ne nous est dit ce qu'est le bien en soi. Certes, le texte de la République est important pour tenter de le saisir. Mais son niveau dialectique n'est pas assez élevé pour envisager la question des principes de l'ontologie, il use trop d'images sensibles : "ce que peut être le bien en lui-même, voilà une question, hommes bienheureux, à laquelle il nous faut donner son congé pour le moment" (506e).
Un autre texte semble toutefois décisif : le Philèbe. Mais il renonce également à saisir le bien en soi en en reste "aux grandes entrées du bien" (64c). C'est justement parce qu'il ne se situe pas non plus à un niveau dialectique suffisant qu'il tente de le saisir selon la triple idée de la beauté, de la proportion et de la vérité (65a).
Mais sa parenté est avec l'Un est clairement indiquée dans la République (462a-b). Je vous laisse poursuivre ce chemin là par vous-même.