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Jeudi 25 juillet, la flamme olympique a écumé le 93 à la veille de la cérémonie d’ouverture. Si les habitants ont pu profiter de la fête, l’événement avait surtout l’air taillé sur mesure pour les sponsors.

Devant la mairie de Pantin, cinq femmes japonaises agitent des petits drapeaux aux couleurs de Paris 2024 et attendent avec impatience le passage de la flamme olympique, annoncé aux alentours de 15 heures. Dans un anglais hésitant, elles expliquent être venues spécialement de Tokyo pour assister aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP) et avoir plusieurs tickets pour des épreuves. Presque 10 000 kilomètres parcourus pour assister aux festivités.

Quelques mètres plus loin, Fatou, une retraitée, est accoudée à une barrière, la mine déconfite. En effet, elle a parcouru seulement une centaine de mètres. La Pantinoise habite à une rue de là et ignorait les festivités prévues ce jeudi dans la ville. « Les Jeux olympiques (JO), ça ne m’intéresse pas beaucoup, je ne fais pas de sport. Mais j’ai un rendez-vous à La Courneuve, je voulais prendre le bus. Les agents viennent de me dire qu’il ne passait pas pour l’instant », explique-t-elle, montrant d’un geste du bras la rue que devait emprunter son bus, barricadée et gardée par les forces de l’ordre.

https://www.mediapart.fr/journal/france/260724/en-seine-saint-denis-10-secondes-de-flamme-olympique-pour-10-minutes-de-flics

Pour les américains, c'est le même tarif !

Un peu en amont, rue Hoche, une dizaine de personnes, habits aux couleurs des États-Unis, discutent bruyamment. Ils entourent un homme qui arbore la tenue blanche distinctive des porteurs et porteuses de flamme. Les passants se massent pour prendre une photo ou un selfie avec l’heureux élu. Pourtant, après vérification, personne ne semble connaître le quadragénaire. Il s’agit en fait d’un certain Jason Bonfig, haut placé dans l’entreprise américaine de vente de matériel électronique Best Buy. Et c’est la directrice générale de cette même entreprise, Corie Barry, qui lui donnera le relais.

Un brin interloqués, quelques spectateurs déplorent tout de même : « On était venus pour voir des sportifs nous, on veut des sportifs ! » Pour les sportifs et les stars, ce sera plutôt vendredi. Pour la dernière journée de relais de la flamme avant la cérémonie d’ouverture, une ribambelle de people est attendue dans les rues de Saint-Denis, avec notamment la présence annoncée du célébrissime rappeur et désormais commentateur sportif américain Snoop Dogg.

Bonjour la parité !

« Les porteurs représentent la grande diversité de la société », détaillent les organisateurs sur le site de Paris 2024. En réalité, l’organisation choisit seulement 30 % des 11 000 porteurs et porteuses qui se sont relayé·es à travers l’Hexagone, contre 60 % sélectionné·es par les partenaires des JOP. Les territoires traversés doivent se contenter des 10 % restants pour mettre en avant des personnalités locales.

Mais tout se passe bien quand tu viens d'une multinationale !

Côté fête du fric, quatre chars, des panneaux publicitaires géants montés sur roues, donnent le la en ouverture du cortège. Harnachés sur leurs toits, arborant leurs tenues corporate de la Banque populaire, de la Caisse d’épargne, de Coca-Cola et de Fuze Tea, des donneurs d’ambiance s’époumonent au micro à essayer de chauffer la foule clairsemée dans la rue avec un succès tout relatif.

Inoubliable les JO ou bien sur personne ne peut assister (sauf dérogation financiere)

Le feu sacré a parcouru 12 000 kilomètres depuis Olympie, en Grèce, où il a été allumé le 16 avril, selon la tradition antique, à l’aide des rayons du soleil. Débarquée du trois-mâts Belem au port de Marseille le 8 mai, la flamme a traversé plus de 400 villes. Lorsqu’elle embrasera la vasque du jardin des Tuileries vendredi soir, elle donnera le coup d’envoi officiel des JO.

La Seine-Saint-Denis aura été le dernier département traversé, puisqu’il accueillera une bonne partie des épreuves. Depuis 2017 et l’attribution à la France de l’olympiade, Paris 2024 promet rayonnement et héritage aux habitant·es du 93 grâce à ces jeux. Depuis, ils ont surtout eu le droit aux mégachantiers et aux travaux. Certains l’attendent avec impatience, d’autres ont hâte d’en être débarrassés, mais pour la première fois, avec le passage de la flamme, l’événement est devenu tangible.

C'est exactement ce que j'ai vu il y a quelques jours à Paris. Des armées de CRS, des chars à p...ublicité, des types arrogants qui font de la publicité entre deux flics. Et à un moment donné, la flamme olympique amenée par un sportif qui, au lieu de courir, se dandine et fanfaronne en faisant le malin devant la foule.

Un spectacle antipathique au possible. J'ai regretté d'aller voir ça. Et désolé, mais ça faisait spectacle de kermesse en province, en moins bien. Absolument sans intérêt. Je garde de bien meilleurs souvenirs des défilés de majorettes dans mon village familial.