Hello,
J'aimerais juste partager quelques conseils basés sur mes 4 ans d'expérience dans le milieu après avoir obtenu mon diplôme en 2018 (oui, j'ai du interrompre ma carrière pendant 1 an et demi pendant le covid), une licence Maintenance Aéronautique (Bac +3).
Alors déjà oui, la Licence vaut moins qu'un diplôme d'ingénieur qui vous permettra de monter plus rapidement et d'avoir des postes de manager, mais paradoxalement vous allez vous éloigner de l'avion et plus passer votre temps à faire de la gestion que du technique, mais après c'est à vous de choisir ce qui vous correspond le mieux.
Je vais pas détailler mon parcours mais plutôt vous donner une vision schématique du monde du travail dans l'aéronautique pour optimiser au maximum votre diplôme et décrocher des postes intéressants plus rapidement, donc ce topic s'adresse donc aux étudiants souhaitant s'arrêter à ce niveau. Après je connais moins le marché du travail dans les autres secteurs mais je pense que c'est un peu pareil.
Pour contextualiser, je suis dans la région de Toulouse ou tout tourne autour d'Airbus et dans une moindre mesure, d'ATR, de Safran, de Thalès ect...
Une ville qui présente une multitude de boites en lien avec le secteur que j'ai classé en 3 types :
Les avionneurs et gros fournisseurs (Airbus, ATR, Dassault, Safran...)
Ils s'agit du Graal tout simplement que ce soit en terme de projet, de responsabilité, de salaire mais aussi d'avantages (CE complètement cheaté) et de prestige. Intégrer l'une d'elle vous donne une vraie garantie sur la solidité de votre CV et explose votre valeur sur le marché du travail (sauf si vous vous faites virer pour faute grave, bien entendu).
Problème : à moins d'être pistonné ou de sortir de Supaéro, vous n'avez aucune chance d'y entrer juste après l'école et même après plusieurs années d'expérience... vous devez donc passer par les entreprises de sous-traitance que je divise en deux groupes :
Les gros sous traitants (Akkodis, Expleo, SII...)
Ce sont des grosses entreprises renommées auprès des avionneurs et c'est ce que vous devez viser au début. De nombreux projets intéressants sont proposés et vous permettront de découvrir plusieurs activités du secteur aéronautique et vous aideront à vous spécialiser mais soyez quand même prudents et ne prenez pas le premier poste libre venu : il faut qu'il soit formateur pour vous. Si le projet consiste à remplir des dates dans un tableau Excel, ça ne va rien vous apporter, peu importe le temps que vous passerez dessus car il n'y a aucune plus value. N'hésitez pas à bouger si c'est le cas et ne vous laissez pas piéger par votre zone de confort donc si vous pensez que vous avez fait le tour de l'activité et que vous voulez approfondir ou découvrir autre chose, parlez en à votre manager qui pourra peut être vous placer dans un autre service au sein de la société et si c'est impossible, cherchez ailleurs car croyez moi que faire un job de robot pendant 10 ans ne vous donne pas vraiment 10 ans d'expérience mais paradoxalement vous plombe votre carrière.
Votre poste dans ce genre de boite doit vous servir de tremplin pour intégrer un avionneur car les perspectives d'évolution restent limitées. Le parcours classique est de décrocher une mission chez le client (avionneur le plus souvent) pour intégrer une équipe en son sein, développer des compétences et finir par se faire embaucher après s'être rendu indispensable. Je vous conseille pour optimiser au mieux votre diplôme de vous diriger vers le CAMO ou les essais (sol, moteur...) pour intégrer une équipe ce qui facilite la transition et vous apporte une véritable plus-value, et dont les compétences apportées sont facilement transposables peu importe ou vous allez.
Les sous traitants de rang 2
C'est simple, ce sont la poubelle, rien de plus. Il s'agit de petites structures (plusieurs dizaines de collaborateurs max) qui sous traitent tout et n'importe quoi mais le plus souvent les gros prestataires (d'où le "rang 2"). Elles cumulent donc tous les défauts des sous-traitants classiques, ce à quoi il faut rajouter des salaires bien plus bas (on y reviendra), une instabilité des missions, un CE nul, une ambiance "start-up nation" dégueulasse pour faire genre ton manager c'est ton pote alors que c'est une stratégie pour mieux te niquer par la suite et voir même des contrats douteux pour certaines (le fameux CDIC). Ils font beaucoup leur promo dans des salons des métiers pour récupérer un maximum de jeunes diplômés sans expérience car tous leurs bénéfices sont basés sur un turnover énorme vu que quasi personne n'y reste plus de 1 ou 2 ans.
N'allez jamais dans ce genre de boite sauf dans 3 cas :
- Le projet proposé vous intéresse vraiment mais peu de chance que ça arrive vu qu'ils acceptent n'importe quoi, or, les missions les plus intéressantes sont plutôt confiées à des prestataires plus importants.
- Vous n'avez pas le choix : Oui si vous n'avez rien trouvé ailleurs allez y quand même (ils embauchent très facilement) mais considérez que vous êtes au chômage une fois en poste! Continuez à chercher quelque chose de mieux si le projet est pourri et faites gaffe aux documents que vous signez, certains ont le culot de foutre une clause de non concurrence.
- Vous n'avez pas la nationalité française : de nombreux postes peuvent être fermés si vous n'êtes pas français de naissance ou naturalisé dans le monde de l'aéronautique mais les prestataires de rang 2 ratissent au maximum pour trouver de la main d'œuvre comme expliqué plus haut.
Pour résumer, vous n'intégrerez pas Airbus en sortie d'école et c'est normal (les ingénieurs qui ne sortent pas de Supaéro non plus) donc visez avant tout un bon poste qui vous apportera une vraie plus value, dans une entreprise assez grande si possible.
Concernant le salaire, ça dépend du projet et de la boite : essayez de négocier un tout petit peu au début pour obtenir au moins 27/28k. Dans les boites de rang 2 c'est simple c'est le smic (avec quelques heures supp pour cacher la misère). Pour gonfler votre salaire, il y a les primes, les tickets restaurants ou encore les horaires en 3*8 ce qui vous permettra de vous rapprocher rapidement du revenu médian français en début de carrière ce qui est pas mal.
Voila les leçons que j'ai tiré en 4 ans, possible que j'ai oublié de dire des choses mais si vous avez des questions, je suis à l'écoute.
J'ai pas parlé de l'armée car je connais pas assez pour dire quelque chose de pertinent.