Dans une région montagneuse au nord du fleuve. Il borde une rivière sinueuse creusée dans un granit noir, avec de beaux sentiers où je vais quotidiennement me ballader. 
Par contre, notre maire est un vieux gauchiste décérébré qui ne comprend rien aux instances du pouvoir. Je lui ai expliqué les principes du colbertisme, de l'absolutisme classique et dit qu'il devrait supprimer toutes les taxes afin d'enrichir le village en exploitant honnêtement les innombrables ressoures naturelles comme des paysages uniques et indomptés par l'homme, des poissons bien gras, de grans espaces pour la chasse ou le tourisme, des forêts de pin centenaires, une nappe phératique contenant une eau délicieuse et inaltérée par l'activité agricole, des filons qualitatifs de fer, de cuivre et de graphite ou même une flore sauvage unique, telle l'échinacée, qui ferait le plaisir de toutes ces têtes blanches amateurs de thé du village.
Mais non, cet idiot ne veut rien savoir. Il me rit au visage et me dit qu'il faut de la main d'œuvre et des moyens pour exploiter ces ressources mais, quand je lui explique qu'il peut tout simplement distribuer des terres en guise de salaire aux milliers de jeunes pères de famille qui seraient ravis de venir travailler pour une entreprise d'état à l'avenir assuré, il me baragouine des naiseries sur la loi, dont il se sert pour dissimuler sa lâcheté.
Depuis, nous avons cessé de nous parler. À croire que je suis un médiocre maître de casino, il m'accuse de spéculer sur la vie des gens et a tourné tout le monde contre moi. J'ai cessé d'aller aux réunions communautaires qu'ils semblent utiliser comme exutoire, plutôt qu'un moyen réel d'organiser la vie du village... Alors que le maire me cite Engels à tout bout de champ.
Bref, je désespère parfois, mais je sais que j'ai bien de la chance d'y vivre. Les villagois y mènent une existence encore naïve et inconsciente des horreurs qui se produisent au bas de la montagne, où les hommes et le bétail se confondent.
