Après quelques jours d’entraînement et de tentatives de l’aube mythique de me laver le cerveau ainsi que de me faire comprendre en quoi anéantir le monde tel que nous le connaissions allez apporter un paradis absolu, sans grand succès d’ailleurs, le grand moment était enfin arrivé.
Lesdits jours avaient étés particulièrement inintéressants et improductifs, la secte essayant à tout prix d’apprendre à leur membres un sort d’invocation d’armure.
Je ne mettais pas en question l’efficacité ou la difficulté d’apprentissage de la magie, mais ayant déjà maîtrisé deux écoles de magie, l’illusion et l’altération, il m’était tout simplement impossible d’en assimiler de nouvelles, l’école de l’invocation dans ce cas de figure. Pour les gens ordinaires, maîtriser une seule école de magie pouvait déjà être complexe, deux signifiait, en toute modestie, déjà certains dons, et enfin on pouvait considérer qu’avoir la maîtrise de trois écoles, ou même quatre signifiaient que la personne était un mage de très grand talent étant né pour faire de la magie, mais ces cas là restaient à ce jour rarissimes.
L’aldmer dont je n’avais même pas retenu le nom mais qui semblait jouir d’une certaine position dans la secte m’avait nommé chef de l’équipe qui ce soir là avait la mission de tuer l’empereur.
Pour la dizaine de membres de l’aube mythiques présent avec moi, ce n’était qu’une tentative parmi tant d’autres, certains semblaient certains d’avance d’échouer à nouveau, mais l’idée que j’échoue me paraissait risible et impossible, inexplicablement, je savais que le vieillard mourrait ce soir, peut-être était-ce à cause de ce pseudo « don de double vue » que j’aurais pu hériter de lui ?
L’empereur allait trépasser, que ce soit de ma main ou non, personne n’y pouvait quoi que ce soit, le destin de Tamriel se scellait ce soir même.
J’imaginais aisément mon père en train de mourir de peur dans sa chambre tapissée d’or, ayant senti que quelque chose de différent était en train d’arriver.
Bien plus bas, dans les catacombes du palais, j’attendais impatiemment, et je me réjouissait.
4. Liens du sang.
J’avais emmené mon équipe dans les fameuses catacombes du palais, qui se rejoignaient en passant par les égouts impériaux, nous étions dans les hauteurs d’une des pièces, à attendre que l’empereur se jette dans la gueule du loup.
Impossible de dire si c’était par manque de confiance ou par angoisse, un des membres de la secte avec qui je me trouvais me harcelait de questions diverses et variées, et agissait en quelque sorte comme la voix de ses comparses qui eux, était trop mal à l’aise pour me parler.
- … répétez moi POURQUOI nous sommes dans ces catacombes à attendre alors que nous devrions être aux portes du palais en train de livrer un rude combat contre les gardes pour se frayer un chemin ?
Je soupirai pour marquer mon ennui et répétait au curieux que foncer dans une armée de gardes surarmée et surentraînés n’était pas, à mes yeux, une stratégie très efficace pour assassiner quelqu’un en minimisant les pertes et dégâts.
Mon interlocuteur fronça les sourcils et reprit.
- Peuh ! Ne parlez pas comme si vous saviez ce que c’est que d’assassiner quelqu’un ! D’ailleurs, l’aube mythique a toujours attaqué le palais en face, vous allez à l’encontre de nos méthodes habituelles ! Je ne sais pas pourquoi le père Gwan vous a choisi pour…
Je fis un petit geste de la main pour lui dire d’arrêter de parler une seconde, avant de lui demander poliment si l’empereur était mort d’une de ces innombrables attaques de front qui coutaient la vie à des dizaines de frères.
Coupé dans son élan d’éloquence, l’individu avala sa salive et regarda autour de lui pour essayer de trouver du soutien verbal, mais il n’en trouva pas.
Je continuai en suggérant que même si l’aube mythique avait toujours sacrifié le plus bavard et stupide de ses membres avant une attaque, cela n’en ferais pas un procédé crédible ou intéressant pour autant, je conclus en disant que les choses étaient pareilles ce soir, le fait que jusqu´à maintenant, personne n’aie jamais usé les catacombes ne voulait pas dire qu’il fallait continuer à ce jeter stupidement sur une armée de garde car les autres avant nous le faisaient. Il était trop simple et lâche de se réfugier dans une idée de groupe et de collectivité pour cacher la faiblesse de son propre esprit et l’absence de réflexion individuelle.
Complètement écrasé par ma réplique, mon interlocuteur qui était déjà moins fanfaron et soutenu par ses camarades bégaya pendant quelques secondes avant de s’énerver à nouveau brutalement.
- Mais ouvrez donc les yeux ! Vous avez vu la quantité de gardes déployés dans le palais ce soir ?! N’importe quel idiot pourrait deviner que l’empereur s’y trouve ! Ca crève les yeux !
Je laissais passer quelques instants pour que l’imbécile soit dévoré par les regards exaspérés de ses compagnons, qui ne le soutenaient plus du tout.
Je finis par la dire que c’était exactement l’impression que l’empereur voulait donner aux esprits plus simples, comme celui de mon frère de l’aube. A force de se faire attaquer tous les jours au même endroit, il était évident que Uriel Septim finirait par tenter de s’enfuir, et que la présence de gardes anormalement elevée alors qu’une poignée seulement était requise pour repousser les attaques de l’aube mythique était simplement pour faire illusion. Pour que des imbéciles crédules comme mon interlocuteur se jette dans la mêlée pendant que le souverain s’en irait tranquille par le seul chemin d’évasion discret et inattendu, celui ci même dans lequel nous nous trouvions. Pour humilier d’avantage mon frère de l’aube, qui avait d’un seul coup la respiration rauque et l’air troublé, je dis que j’étais certains que tous les autres frères sauf lui avaient compris cela, car c’était à la portée de n’importe quel enfant, sauf lui apparemment.
- Mais… je… je…
- Bon sang, Borgaz, tais toi un peu, tu n’es qu’un imbécile !
- Ouais, un imbécile ! Tu es vraiment le seul à ne pas avoir compris ça, c’était pourtant évident !
Complètement vaincu et lessivé, Borgaz s’inclina et se mit à regarder en silence le sol.
Il était très facile de manipuler des gens, une technique très simple que je venais de mettre en pratique était de donner au groupe une occasion d’humilier un des membres en son sain. L’humain était fait de telle sorte que pour avoir l’air intelligent ou supérieur, il n’hésitait pas à traîner dans la boue d’autres humains, et ce pour que les autres le trouvent doué, ou simplement pour son ego, ou pour ne pas être dans le camp du perdant. Ce genre de comportement était par exemple très commun dans les écoles ou les enfants choisissaient un souffre douleur, généralement le plus petit, faible ou intelligent, et le martyrisaient et rabaissaient en permanence pour se sentir mieux.
Il m’arrivait de penser que ma folie n’était rien comparée à celle du genre humain, mais ils étaient incapable de la reconnaître contrairement à moi.
Passé ce grand moment de satisfaction, j’expliquai aux frères ma vision de l’attaque.
Les catacombes étaient séparées en trois grandes salles, et il probable que l’escorte de l’empereur ne soit que de quatre ou cinq gardes, discrétion oblige, pour cette raison, je comptais séparer le groupe en trois, deux fois deux personnes et une fois cinq, chacun occupant une salle, le grande équipe la dernière, ainsi, l’empereur et son groupe penserait avoir à faire à un groupe bien plus important de membres de l’aube mythique, et perdrait en moral et courage. Le but des deux premiers groupes d’assaillants étaient de fatiguer et d’épuiser la garde, pas de tuer l’empereur, il fallait qu’il concentrent leur attaques sur la garde. La dernière équipe devrait être de taille suffisante pour régler le compte des survivants et tuer Uriel Septim.
Visiblement très convaincus de mon plan ,et surtout me considérant comme un génie pour avoir reconnu leur intelligence supérieure à celle de Borgaz, les groupes se séparèrent en silence.
Je restai dans les hauteurs de la première salle, avec deux compagnons, l’un d’eux se mit à me parler d’un ton profondément respectueux.
- Oserais-je vous demander, Ô mon sage frère, ce que vous ferez pendant ce temps et pourquoi vous ne portez pas votre robe sacrée ?
Sans prendre la peine de le regarder dans les yeux, je répondis que je me joindrait évidemment à leur attaque, et que je ne portais pas la robe car j’avais peur de la salir, ce qui serait une insulte pour la grandeur de l’aube mythique.
Convaincu, le frère s’inclina humblement et se remit à regarder la salle.
En vérité, j’avais une autre idée concernant mon rôle pendant cette attaque, mais ils n’avaient pas besoin de le savoir, et cette robe, en plus d’être hideuse, étais si inconfortable que je n’arrivais pas à me concentrer suffisamment pour faire de la magie avec, je me contentais donc de vêtements simples et noirs.
Tout ce qu’il restait à faire était d’attendre.
Dans le silence des catacombes, le seul bruit était des goûtes d’eaux tombant du plafond, ce qui provoquait un petit bruit sourd et répétitif, avec l’écho, cela avec quelque chose d’onirique.
Je repensai à mon père, à son plan égoïste et ignoble, et cette prison qu’il m’imposait, à mon frère qui aurait survécu alors que moi je mourrais d’une manière que je ne souhaitais pas.
Je n’avais plus que peu de souvenirs de l’empereur Uriel Septim, mais ils renforçaient l’animosité que j’avais envers lui, j’étais certain qu’il n’avait pas levé le petit doigt pour me trouver, ou que si il l’avait fait, ça aurait été seulement car j’étais un sacrifice héroïque parfait, j’étais aussi convaincu que maintenant, sur le point de mourir, il ne m’avait même pas accordé une seule pensée, et m’avait même peut-être oublié, ou me détestait. J’étais certain qu’il ne restait plus la moindre mémoire de moi, et cela me donna des regrets, le regrets qu’il ne me reconnaisse pas lorsque je le ferais souffrir.