Se connecter

Final Fantasy VIII

Sujet : FanFic : Le secret du Mont des Tenébres
42
Ekud
Niveau 21
20 juillet 2013 à 22:06:47

Ben écoute, j'm'y suis bien retrouvé, y'a pas eu de soucis pour ma part, donc nickel :p

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:36:39

Chapitre LIV : L'Originel

Dès lors que le soupirail qui les reliait se fut complètement obstrué, tout lien entre les deux groupes fut coupé. A cet instant, et alors que les secousses qui animaient les murs, le sol et le plafond redoublaient d'intensité, Leever se tourna vers Assylia et lui dit :

- Vite, faut qu'on fasse quelque chose pour ces rochers !
- Non ! lui répondit-elle. Tu perdrais ton temps, crois-moi. Ce n'est pas le genre de cailloux que tu peux détruire comme ça !
- Et les illusions ?! Tu ne peux pas...
- Non, le coupa t-elle aussitôt. C'est un pouvoir qui a disparu en même temps que Kerdahlia.
- Merde, il doit pourtant bien y avoir un moyen de... !

Il s'interrompit brusquement, après avoir balayé d'un regard hasardeux la voûte qui, d'un instant à l'autre, menaçait de s'effondrer.

- Le sas ! lâcha t-il.

Auparavant clos dans l'illusion de la démone, le sas d'ouverture par lequel avait dû s'échapper le vaisseau des années auparavant était, en effet, demeuré ouvert depuis. Un long, très long couloir vertical semblait ainsi déboucher sur la surface, infime point blanc au bout de ce profond tunnel.

Sans perdre une seconde de plus, les deux Zerkas s'élancèrent dans les airs; ils slalomèrent entre les roches tombantes et s'engagèrent dans le conduit, où ils déployèrent toute la vitesse et l'accélération dont ils étaient capables. Il leur fallait se hâter car les secousses gagnaient en intensité et en puissance, tant et si bien que les parois du tunnel n'y tenaient plus; elles cédaient, craquaient, et se repliaient sur elles-même pour obstruer le chemin, ne leur laissant qu'à peine le temps de passer. Le monde leur donnait l'impression de s'écrouler sous eux à mesure qu'ils s'envolaient vers la lueur grossissante de l'extérieur, s'efforçant de rester vigilants quant aux nombreux débris rocheux qui se détachaient de part et d'autre avec force et soudaineté. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de la sortie, mais alors, comme une porte se fermant lentement, ils virent avec effroi les parois commencer à se resserrer. D'un ultime effort qu'exprimèrent leurs hurlements de détermination, ils parvinrent encore à accélérer, dépassant leurs limites, transcendant leurs êtres, pour finalement se faufiler dans la mince ouverture avant que celle-ci ne se referme à jamais derrière eux.

Il n'eurent pas le temps de pousser un soupir de soulagement qu'une ombre massive se dressait déjà devant eux, la silhouette noire et reptilienne d'un dragon titanesque aux ailes de plumes blanches. C'était cette créature, cette même créature qui, la veille, était venue poser ses immenses pattes sur la ville assiégée de Lizéra. Et c'était probablement elle, songea Leever, qui venait de provoquer cette violente secousse qui avait manqué de les enterrer vivants. Debout sur ses deux pattes arrière griffues enfoncées au milieu de quelques battisses en ruine, à l'image de la cité désormais tirée de sa gloire illusoire, le dragon fixa sur eux d'énormes yeux rouges et poussa un rugissement tonitruant qui fit vibrer l'atmosphère même. Soudain, un gigantesque mur de flammes jaillit des contours de la cité, et éleva dans les airs de gigantesques flammes comme autant de geysers incandescents, condamnant par la même occasion toute issue, tout échappatoire que ce soit.

Leever se tourna vers son amie, qui lui rendit son regard en acquiesçant d'un air entendu. La créature rugit, sa gueule béante s'illuminant de reflets orangés qui, dans la seconde qui suivit, firent naître une immense boule de flammes qui fusa aussitôt en direction des deux Zerkas, lesquels esquivèrent d'un mouvement brusque en partant chacun de leur côté, armes en mains. Furieux de voir la sphère ardente rater ses proies, le dragon rugit de plus belle; il déploya, puis tendit ses ailes titanesques qui se mirent à vibrer d'une intensité soudaine. Des plumes blanches commencèrent à se détacher de chacun des deux membres immaculés, puis fusèrent par dizaines – par centaines ! – en direction des deux assaillants approchants, comme autant de lames gigantesques et particulièrement effilées. Mais il en fallait plus pour les arrêter. Slalomant entre les projectiles avec la grâce qui la caractérisait, Assylia fut bientôt à quelques mètres seulement du flanc droit de la bête et, prononçant quelque incantation dont elle seule détenait le secret, fit apparaître sur la membrane écailleuse du dragon, tout du long de sa patte droite, d'étranges frissonnements, des remous de plus en plus amples, comme si quelque chose à l'intérieur même de la patte tentait d'en sortir, en tapant d'un millier de pieds sur la peau qui l'entourait. Alors, brusquement, la patte enfla d'un seul coup comme si la chose venait d'exploser, et, plus haut, le dragon poussa un rugissement de douleur tonitruant, avant que son imposante masse ne se mette à fléchir d'un côté, sans toutefois daigner s'effondrer totalement. Pendant ce temps, la jeune femme, forte de son attaque réussie, dépassa le flanc droit meurtri de la créature et s'immobilisa dans les airs derrière elle pour décider de son prochain mouvement. Alors, ayant la conviction que son ami avait une idée derrière elle, elle entreprit de continuer à affaiblir le monstre un peu plus, quand les ailes de celui-ci se mirent soudain à briller d'une lueur éclatante, aveuglante, une bonne poignée de secondes durant, avant que l'intense clarté ne retombe finalement.

La patte droite du colosse se remit alors à bouger, se souleva lentement du sol et, sous le coup d'une rage inouïe, percuta le sol avec tant de violence que des débris de la cité furent soulevés et projetés en tout sens, et notamment vers la jeune Zerka qui, prise de court, dut faire montre d'un réflexe étonnant pour invoquer de justesse un bouclier d'énergie verdâtre, autour d'elle, sur lequel vinrent se consumer les débris meurtriers. La masse titanesque du dragon se retourna alors lentement, nullement dérangée par sa patte droite. Au grand dam d'Assylia.

- Il se régénère plus vite que je ne le pensais, déplora t-elle.

Mais alors qu'elle voulut s'élancer de nouveau vers le monstre, la vision d'une silhouette virevoltante lui parvint : celle du mercenaire, qui se trouvait alors près de la nuque du dragon. Elle sentait néanmoins quelque chose de différent dans son aura, une différence qui, pourtant, restait très difficile à percevoir...
Alors, elle réprima un sourire, puis s'élança avec détermination dans une trajectoire ascendante, ses cheveux roux flottant derrière elle tandis que sa main vacante s'illuminait d'un éclat pourpre. Cependant, et alors qu'elle avait parcouru dans sa hauteur le corps du dragon jusqu'à en atteindre sa poitrine, elle dut exécuter quelque prouesse pour esquiver un formidable coup de griffe du dragon, si fulgurant qu'il laissa derrière lui, et pendant un bref instant, des sillons de flammes rémanents. Profitant de cette distraction, Leever, qui flottait désormais à quelques mètres devant la tête du dragon, fonça à toute allure vers celle-ci en agrippant fermement son épée, qu'il armait déjà derrière lui. Il se rapprochait, prêt à lui briser le crâne d'un geste, la distance qui les séparait se réduisant à vue d'œil; bientôt, il serait trop tard pour faire demi-tour. L'attention du dragon semblait toujours portée sur la jeune femme plus bas...
C'était le timing idéal.

Mais, soudain, la tête du dragon se releva d'une traite. Réalisant le Zerka et son assaut imminent, la créature ouvrit la gueule et, un court instant plus tard, en déchargea un impressionnant rayon d'énergie incandescent qui frappa de plein fouet le Zerka, en ne lui laissant guère le temps d'esquiver; l'assaut le pulvérisa alors jusqu'à la dernière cellule !...

Quand le souffle d'énergie se fut estompé, il ne restait en effet plus rien du malheureux Zerka qui se trouvait dans son champ d'action quelque secondes plus tôt. Exalté d'avoir ainsi anéanti ce moucheron un peu trop gênant, le dragon poussa un rugissement de plaisir...

...quand soudain retentit :

- ACUERE !

Le dragon n'eut pas le temps de réaliser, qu'un instant après que ce mot fut prononcé, une douleur virulente lui transperça les entrailles. Et du plaisir, sa plainte vira à l'agonie.
Si, au lieu de hurler sa détresse au ciel tout entier, il avait baissé ses deux immenses globes oculaires, il aurait alors compris ce qui avait eu raison de lui. Car là, près de sa poitrine, le Zerka qu'il crut avoir pulvérisé un instant plus tôt maintenait, profondément enfoncée dans sa chair, une épée enrobée d'une intense aura rougeoyante. Mais le sortilège d'Assylia, exécuté dans un timing parfait, n'avait pas simplement permis à cette lame de perforer l'abdomen du dragon avec autant de facilité que s'il eut été fait de papier. Il avait, amplifié par le pouvoir de Leever, prolongé la surface du fer luminescent jusqu'à percer, puis traverser son cœur même, avant de ressortir plus loin par son dos, sous la forme d'une petite pointe écarlate. Pointe qui se rétracta dès lors que Leever entreprit de retirer des entrailles du colosse l'arme en question, sans qu'une seule tâche de sang n'en recouvre le fer.

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:37:17

(Chapitre LIV - suite)

La bête avait cessé ses hurlements. Figée sur ses deux pattes, les ailes toujours déployées, il sembla que le temps se fut brutalement arrêté autour d'elle.
Assylia, qui avait désormais pied à terre, tout comme son ami, gardait néanmoins un air soucieux en observant la gigantesque silhouette immobile devant eux.

- Ce dragon, commença t-elle. Serait-ce... Zerkamut ?

La barrière de flammes qui encerclait la cité restait toujours aussi vivace. Alors qu'auparavant une atmosphère suffocante pesait sur le champ de bataille, d'infimes courants d'air commencèrent à se faire sentir ci et là, dans des sifflements de plus en plus prononcés. Le vent montait, et les courants d'airs devinrent rapidement des rafales, qui semblaient toutes converger vers un même point, situé juste au-dessus du crâne figé du dragon.
Le sifflement du vent se fit de plus en plus aigu, et son souffle se mit à soulever quelques débris minimes qui jonchaient le sol de la cité de part et d'autre. Les rafales, qui tournoyaient autour d'un point imaginaire au sommet de la tête du dragon, commençaient à prendre forme; celle d'une sphère translucide que des vents désormais particulièrement puissants déformaient.

Sous les yeux des deux Zerkas inquiets, il y eut alors une détonation similaire à la foudre. En plein centre de la sphère, un petit point rouge d'une extrême brillance était apparu. Le reste se passa très vite; on entendit un craquement de flammes retentissant, et l'instant d'après, la sphère toute entière s'embrasa pour former une gigantesque boule de flammes. Mais ce feu là n'avait rien de commun; c'était un pur concentré d'ardeur, d'un rouge presque sanguin, qui dégageait une chaleur telle qu'Assylia et Leever, ébranlés par le vent déchainé et cette vision alarmante, eurent la sensation que leur peau toute entière se mettait à brûler.

- C'est pas bon, cria Assylia pour faire entendre sa voix à travers le sifflement du vent. Si cette sphère percute le sol, ça va ravager la cité... !
- Et nous avec, c'est ça ? termina Leever. Mais on est coincés !

La sphère laissait désormais échapper de petits fragments incandescents, qui sifflaient dans l'air avant de s'écraser en tout sens dans de fortes explosions, comme autant d'échantillons permettant d'entrevoir la puissance avec laquelle exploserait leur "projectile-mère" à plus grande échelle.

- Tu penses pouvoir l'arrêter ? lança Leever à son amie.
- Non ! Et toi ? lui cria t-elle en retour.

Ils échangèrent un sourire sans joie, conscients de leur situation. Ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient dans un tel pétrin et, jusque là, il étaient toujours parvenus à s'en extirper d'une façon ou d'une autre. Qui plus est, ils avaient déjà baissé les bras à tant de reprises par le passé, que la peur n'avait plus sur leurs esprits qu'une étreinte relâchée. Mais surtout, le poids de la solitude les avait quittés l'un comme l'autre, dès lors que le mercenaire fut là, près d'elle, et que la jeune femme fut là, près de lui.
Cette symbiose, hélas, ne saurait contrer à elle seule la puissance brute de la sphère incandescente. C'était la réalité, implacable, qu'ils avaient sobrement réalisée, mais qu'ils ne redoutaient plus. Ainsi, quand la sphère, immobile jusque là, commença à se mouvoir lentement, avant d'être brutalement propulsée par quelque dernier souffle du dragon, les deux Zerkas se préparèrent à donner le meilleur d'eux-mêmes, par une démonstration de force, certes vaine, mais non-retenue par les quelques esprits tourmentés qui furent autrefois les leurs.

C'est alors que, jaillissant de derrière eux, une ombre noire les survola, les dépassa aussi vite, et se dressa fièrement devant eux, les deux mains sur une gunblade qu'elle leva au ciel. Le fer bleuté s'illumina; aussitôt, un immense rayon éthéré vint démultiplier la longueur de la lame, perça les cieux, puis s'abattit d'une traite en un implacable mouvement vertical, qui heurta, puis scinda l'immense boule ignescente en deux demi-sphères, qui se désaxèrent de leur trajectoire initiale jusqu'à quitter l'enceinte cerclée de flammes de la cité, où elles explosèrent finalement, chacune de leur côté, dans une double déflagration terrifiante qui fit trembler ciel et sol, mais qui épargna les deux cibles initiales.
L'assaut ne s'était néanmoins pas contenté de découper la sphère; l'allonge exceptionnelle de la lame éthérée avait également, et littéralement, tranché derrière elle le corps massif du dragon en deux parties nettes et bien détachées. Terrassé sans plus d'ambiguïté, le colosse s'effrita petit à petit et de haut en bas, se désintégra, puis disparut alors complètement du champ de bataille; tout comme la muraille de flammes.

L'homme aux ailes noires se retourna vers ceux qu'ils venait de protéger. Son aura ténébreuse retomba, ses ailes reprirent leur pureté initiale, et une petite plume noire se nicha dans le creux de sa main.

- On dirait qu'on l'a échappé belle ! se réjouit Leever. Merci du coup de main, Squall. Sans toi, je donnais pas cher de nos peaux...
- Cette force... lâcha Assylia, bouche bée.
- Où sont les autres ? reprit le mercenaire.
- Ils cherchent un moyen de nous rejoindre, lui répondit Squall. Comme je pouvais voler, ils ont insisté pour que je parte devant...
- Squall, c'est ça ? intervint la jeune femme. Je vais peut-être te paraître brusque, mais... il faut que tu partes loin d'ici, tout de suite !
- Qu'est-ce que... commença Leever, surpris par ces mots.
- Partir ? Pourquoi ? lui répondit simplement Squall.
- Écoute, reprit-elle, ça fait partie de son plan ! Depuis le début, il...

Elle s'interrompit brutalement, les yeux grand ouverts comme si elle venait d'être foudroyée par quelque chose. Par réflexe vis-à-vis du mal qui la prenait soudain, elle se tint la gorge des deux mains et réalisa, avec horreur, que plus aucun son ne daignait sortir de sa bouche. Elle continua d'agiter les lèvres silencieusement, à la grande stupeur de ses interlocuteurs.

- Kerdahlia t'a légué bien trop de souvenirs, ma chère, fit une voix forte quelque part autour d'eux. Laisse-nous donc discuter entre hommes, veux-tu ?

Squall et Leever se tinrent sur leur garde, scrutant les décombres des ruines environnantes afin d'y déceler la source de cette intervention. A ce moment-là, il se tenaient tous les trois au beau milieu de ce qui semblait être une ancienne voie de circulation routière d'un vert opaque, assez large, mais brisée à intervalles réguliers sur toute sa longueur; on pouvait ainsi y déceler, cachée sous la surface plane du dessus, un genre de tunnel, une deuxième voie qui semblait avoir été pensée pour les piétons. Dans le silence ambiant, ils perçurent alors, derrière un pan de route éventré et sur-élevé, des bruits de pas se rapprocher d'eux avec lenteur.
Leever savait de qui il s'agissait. Ça ne pouvait qu'être le Démon, cet être abject et mesquin, qui avait passé son temps à les narguer tout ce temps, niché dans l'ombre, orchestrant tous leurs malheurs à quelque ignoble dessein.

- Montre-toi ! lui lança t-il à voix haute. Où j'irais te chercher dans chaque coin d'ombre pour te régler ton compte !!
- Oh, quelle détermination ! lui répondit-il, sa voix de plus en plus proche. Rassure-toi, je n'ai nulle intention de me défiler. Quel hôte serais-je pour fuir ainsi mes invités, surtout après qu'ils aient disposé de mon fidèle serviteur ?

Leever ne rajouta rien. Il éprouvait plus que jamais cet étrange sentiment, qu'il avait déjà ressenti dans la grotte souterraine. Cette voix lui était familière, malgré une variation légère, mais suffisante pour l'empêcher de faire un quelconque rapprochement. Où l'avait-il déjà entendue ?...
Un petit éclat doré apparut alors, derrière le fragment de route sur-élevé qui se trouvait à une bonne dizaine de mètres devant eux, éclat qui s'avéra rapidement être le sommet d'un crâne, d'où chutait, jusqu'aux épaules, une chevelure blonde aux accents dorés. Il avait beau porter une paire de lunette, son visage... son visage ne pouvait prêter à confusion.

Squall fut le premier à comprendre, et ne put qu'écarquiller les yeux de stupéfaction. Et quand, à son tour, Leever réalisa l'identité du démon, il ne put qu'en faire de même. Il balbutia tout d'abord :

- Non, c'est... c'est pas possible ! Tu devrais... tu devrais être mort !!

Avant, finalement, de lâcher :

- KEÏ !!

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:37:32

(Chapitre LIV - suite)

Le démon sourit. Assurément ce n'était pas un mirage, ni une illusion. L'homme qui se tenait là, debout au sommet de ce pan de route éventré, accoutré d'une blouse blanche qu'agitait quelque courant d'air, les mains dans les poches, n'était autre que Keï, le démon qui avait semé le chaos sur Done dans le but d'éveiller la créature scellée dans le Mont des Ténèbres, l'Être Suprême. Il n'était pas tout à fait le même cependant, car outre son accoutrement, il ne transpirait pas autant la folie que dans le souvenir des deux hommes l'ayant rencontré sur Done. Ce qui se ressentait dans sa voix, notamment.

- Oh, vous connaissez mon nom ? leur dit-il, presque surpris. J'imagine que la demoiselle qui vous accompagne a dû vous le révéler... Bien que je sois étonné que la synchronisation de sa mémoire avec celle de Kerdahlia en soit parvenue si vite à ce stade.
- Comment as-tu survécu ?! lui hurla presque Leever. Tu n'es pas censé être sur cette planète, ni même... vivant !!
- J'ignore de quoi tu parles, mon cher petit Zerka. Je crains fort que ça ne soit que notre première rencontre officielle, si l'on puis dire !
- Ce n'est pas le même... murmura alors Squall.
- Ne te moque pas de nous !! renchérit le mercenaire. Tous ces gens que tu as tués, toutes ces catastrophes que tu as provoquées... Quand j'y pense, tout ce qui est arrivé à cette planète, ça ne pouvait être que toi !!

Le démon s'esclaffa soudain, d'un rire franc et à peine contenu. Quand il retrouva son sérieux, il lui répondit :

- Mon pauvre Leever ! On dirait bien que les effets de ton traitement commencent à te dérégler l'esprit ! Quoi de plus normal, après tout...
- Quoi ? Quel traitement ?...
- Le sujet Z-03, dernier spécimen en date des laboratoires Xéonites de Keï, ou "XK". Admis quatre jours après le début de l'invasion, dans un état proche de la mort cérébrale. Seul moyen de le sauver, le casque d'irradiation au Xéon, aussi appelé "Matérialisateur". Mais refus du corps médical d'avoir recours au dispositif, suite à l'échec subi quelques jours plus tôt par le sujet Z-02. Tu devrais me remercier tu sais, ajouta t-il sur un ton moqueur. Si je n'avais pas insisté pour convaincre ces chiffes molles de t'administrer le traitement, ils t'auraient laissé mourir sans rien faire, par crainte que tu ne sois aussi déréglé que l'autre ! Et peut-être aurais-tu subi le même sort, si les liens ne t'avaient pas choisi...
- Comment... Comment peux-tu savoir tout ça ? lui rétorqua t-il, s'efforçant de garder son calme. Les liens ? Mais... de quoi tu parles ?!
- Ce ne sont ni plus ni moins qu'une manifestation de la volonté de cette planète... et de ce vieillard importun, s'agaça t-il brièvement. Un ADN contenu dans la molécule de Xéon, qui lui donne ses vertus mais également ses vices. Sais-tu ce qui différencie ton cas de celui du sujet Z-02 ? Rien de plus qu'une histoire de compatibilité. Z-02 ne présentait pas les bonnes dispositions, en dépit des tests effectués auparavant, et les "liens" qui se sont insinués en lui se sont alors brisés, avant d'ensuite briser son esprit. En revanche, ils ont trouvé dans ton corps un hôte à leur pleine mesure. Si Z-02 est une expérience ratée, un échec lamentable, toi, Z-03, est une réussite intégrale ! Mais le Xéon est une matière bien mystérieuse. Si nombre d'organismes se sont, par le passé, accommodés de cette substance, nul n'est jamais parvenu à lui résister totalement. Tu comprends ce que ça signifie, n'est-ce pas ?
- Le Xéon... finira par m'emporter, c'est ça ?

Le démon sourit de nouveau, comme pour confirmer cette thèse macabre. Muet, perdu dans ses pensées l'espace d'un instant, Leever porta soudain son regard dans les yeux du démon en joie, et se mit à sourire, puis à rire à son tour.

- Ce n'est qu'un détail, finit-il par dire. L'important dans tout ça, c'est que ces liens dont tu parles me garantissent suffisamment de force pour te faire disparaître !

D'un mouvement rageur et déterminé, il leva son épée et la pointa en direction du démon. A côté de lui, et toujours sous aphasie, Assylia esquissa un mince et bref sourire, puis acquiesça d'un signe de tête avant d'imiter son ami en brandissant, à son tour, son arme.
Squall, lui, s'avança de quelques pas avant de lancer à Keï :

- Homme, Démon, Zerka... Qu'est-ce que tu es vraiment, au final ?
- Oh, tu tiens tant à le savoir ?
- Pas vraiment, non... Mais comme tu ne seras bientôt plus en mesure de répondre, ce serait dommage de ne pas savoir au moins ça.
- Tu sembles confiant, mon petit balafré ! Très bien, je vais tout te dire. Vois-tu, je suis né d'une mère et j'ai grandi normalement, comme tout être humain. Mais sais-tu ce qui me différencie de cette pathétique espèce ?... J'ai été choisi ! Je suis l'Hôte, le Réceptacle de l'humanité, désigné par une volonté suprême dans le but de transcender l'être humain ! Un homme, dis-tu ? Non. Un démon ? Non ! Un Zerka ? NON !... Je suis... l'élu ! Je suis... le Dieu légitime de ce monde !... De TOUS les mondes !! Haha ! HAHAHAHA !!

Un bref instant, les traits de son visage se contractèrent et lui donnèrent un aspect de démence bien plus proche du souvenir qu'avaient Squall et Leever du Keï d'autrefois, sur Done. Bien vite, cependant, le "Dieu" auto-proclamé reprit son calme et son sérieux initiaux, à contre-cœur, comme s'il ne pouvait s'en détacher trop longtemps. D'un regard intense à destination du trio, il reprit d'une voix forte :

- Prosternez-vous !... Prosternez-vous, minables petits Zerkas !... Prosternez-vous devant VOTRE Dieu !...

Une vive lueur illumina subitement son dos; celle-ci provenant des deux ailes blanches éclatantes, d'une pureté sans égal, qui s'y déployèrent alors. Appuyant sur chacun de ses mots, il ajouta pour finir :

- ...Car je suis le premier d'entre vous ! Votre aïeul ! Votre... géniteur ! Je suis... L'ORIGINEL !!

Et sur ce dernier mot qui retentit comme un écho, il lança en direction des trois Zerkas, déconcertés, une boule d'énergie blanche d'une extrême pureté. Il y eut une explosion dévastatrice, et trois silhouettes qui s'en échappèrent in-extremis après s'être élevées dans les airs à toute vitesse. À peine remis de cet assaut soudain, le trio, suspendu en l'air, examina l'endroit où se trouvait Keï quelques instants auparavant, pour constater sa disparition.
Squall perçut alors un sifflement très fin dans l'air; il se retourna aussitôt, au moment où une forme violacée allait s'abattre sur lui, puis para de sa gunblade le lourd coup d'épée que lui avait porté Keï, tout sourire. Un autre sifflement se fit entendre, et le démon redisparut alors dans un courant d'air qui ballotta le SeeD, tandis que le fer flottant de Leever fendait, à retardement, l'espace où il se trouvait un instant auparavant. Alors, le démon ré-apparut dans le dos du mercenaire, et s'apprêtait à le frapper dans le dos quand, dans un mouvement vif, l'épée de Leever lui revint dans la main, juste à temps pour lui permettre de se retourner et de bloquer complètement l'assaut. Leurs lames ainsi croisées, ils entamèrent un dialogue :

- Quelle rapidité, lui fit le démon d'un air faussement admiratif. Ta maîtrise spirituelle est admirable, comme je l'attendais !
- Que cherches-tu à faire ? lui répondit Leever. Si tu es l'Originel... pourquoi agir ainsi ?!
- Le vieux parasite ne t'a donc rien expliqué ?
- Il m'a dit que la partie bienveillante du cœur de Hyne t'avait créé, que tu étais son bon côté !
- Et que crois-tu, que l'on nait et reste bon toute sa vie ? Quelle vision naïve et réductrice du monde !!
- Alors, pourquoi ?!
- La pureté appelle l'impureté, comme le corps appelle à lui l'âme ! C'est cette loi, absolue, qui régit notre univers ! C'est cette loi, également, qui régit le cours des âmes ! Et c'est cette loi, pour finir, qui dicte mes ACTES !!

En même temps qu'il appuyait sur ce dernier mot, Keï força un peu plus son bras qui tenait l'épée violacée et rejeta Leever en arrière, d'un coup sec qui le rendit vulnérable une fraction de seconde. Le démon, voyant la brèche, lui asséna alors un estoc supersonique, inévitable, qui lui transperça la poitrine !...
Mais la silhouette du mercenaire, ou plutôt son clone spirituel, se dissipa aussitôt sous ses yeux étonnés. Il y eut alors un craquement, et un éclair terrible, l'œuvre du vrai Leever, fendit les cieux et foudroya le démon de plein fouet, le projetant violemment en direction du sol où il finit par s'écraser.

- Carcere... AETHERUM !

Retentissantes dans l'atmosphère, les paroles formées par Assylia étaient si puissantes, si chargées en magie, qu'elles en brisèrent le sortilège de mutisme dont souffrait la jeune femme, pour venir former, tout autour du démon surpris, affalé au sol, un large dôme d'énergie aux reflets verts et bleus translucides qui l'emprisonna.
Atterrissant sur le sol, les trois silhouettes ailées s'approchèrent avec extrême prudence de la cage énergétique. Bien qu'ayant encaissé un coup terrible, Keï s'était relevé, et n'avait guère perdu son petit sourire mauvais.

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:37:46

(Chapitre LIV - suite)

- Je vous ai sous-estimés ! leur annonça t-il à voix haute. De voir ainsi mes lointains héritiers dépasser leur géniteur, c'est un motif de fierté pour le père que je suis !...
- Arrête ça, lui dit Squall. Géniteur ou pas, tu ne seras jamais un père. Et surtout pas le nôtre.
- Au lieu de nous sortir ces stupidités, renchérit Leever, pourquoi tu ne nous expliquerais pas une bonne fois pour toutes comment tu peux te trouver ici, alors qu'on t'a tué sur Done il y a trois ans ?!
- Encore avec ça ? lui répondit-il. Si j'étais aussi mort que tu le prétends, comment pourrais-je être bien vivant devant toi ? La véritable explication, je te l'ai déjà donnée. Les liens commencent à corrompre à ton esprit... !
- Mais Squall était là, lui aussi ! reprit-il. C'est lui qui t'a tué, je ne pourrais jamais l'oublier ! Et aussi...

Puis, il se tourna soudain vers Assylia, comme pour espérer l'entendre lui expliquer ce que Kerdahlia savait à ce propos. Hélas, elle hocha la tête pour lui signifier que ce ne serait pas le cas.

- Je n'ai pas encore recouvré tous ses souvenirs, dit-elle. Tout ce que je sais, c'est que son plan (elle désigna Keï d'un regard) était de faire venir Squall ici, pour... pour...

Elle s'arrêta soudain, l'air confuse.

- Je ne m'en rappelle plus, fit-elle enfin. Tout est encore si flou... Des souvenirs me reviennent, s'entremêlent, puis disparaissent aussitôt...
- Hoho, ta mémoire te joue des tours ? se moqua le démon. Tu as de la chance, je me sens d'humeur charitable ! Je vais tout vous expliquer, une fois de plus, mais laissez-moi reprendre du début. Comme vous le savez déjà, je n'étais qu'un humain avant d'être choisi par le fragment du cœur de Firen, ou Hyne, comme vous l'appelez. Il m'a offert des ailes pour voler, des pouvoirs pour lutter, et l'immortalité pour perdurer. Mais bien plus encore, je suis devenu aux yeux du peuple un messager divin, un ange descendu sur cette terre ravagée pour y restaurer la paix et la prospérité. (il eut un bref rire de dédain) Quels idiots ! Mais mon destin, et ma nature profonde, étaient alors de leur venir en aide, et c'est ainsi que je vivais ces premières années, aimant une épouse, chérissant des enfants qui, plus tard, feraient perdurer mon héritage, et continueraient de disséminer le gêne angélique dont j'étais la source pendant plusieurs générations. Quand le temps fauchait mon épouse et mes fils, une seconde femme prenait la place de l'une, et avec elle, d'autres enfants naquirent et prirent les places des autres. Tant de temps, tant de familles défilèrent ainsi; et si cette fatalité qui finissait par les emporter continuait de m'épargner, moi, je sentais que quelque chose changeait en mon for intérieur. Un désir naissait, comme pour répondre à cette peine, ce vide qui à chaque instant gagnait du terrain dans mon esprit...

Il marqua un temps d'arrêt, dévisageant tour à tour les trois Zerkas de l'autre côté de la prison demi-sphérique. Il reprit alors :

- Peu à peu, je pris conscience de mon imperfection. Ce vide me rongeait, et je ne connaissais nulle méthode pour le combler... Jusqu'au jour où, enfin, je découvris un motif d'espoir. Le Xéon ! À son contact, je me sentis pris de nostalgie, et le pouvoir tout aussi mystérieux qui en débordait finit par m'obséder. J'étudiais ce matériau des décennies durant, redoublant d'efforts pour en percer le secret; c'est alors que je découvris l'existence d'une conscience dans la matière, et par la même occasion, celle des liens ! Hélas, les quelques animaux sur lesquels j'expérimentais ne me fournissaient plus suffisamment d'indications claires pour approfondir ces recherches... Alors...

A mesure qu'il racontait son histoire, le démon faisait les quatre-cent pas dans sa prison éthérée, ne prêtant guère attention aux mines soudain révulsées de ses trois auditeurs. Leever ne put contenir plus longtemps sa colère et explosa :

- Tu t'es servi... d'être humains ?! C'est pour ça, pour ces stupides recherches que tu as créé ces FOUTUS laboratoires ?!

Keï s'immobilisa et le dévisagea comme s'il venait de remarquer sa présence. D'une voix forte et marquée, sans pour autant crier, il reprit :

- Tu ne comprends pas ? Cette énergie était le seul indice que j'avais, la seule indication sur la manière d'emplir ce vide insupportable que j'éprouvais, qui me consumait ! Si le peuple m'avait tant adulé et vénéré, des générations durant, il était de leur devoir de m'aider à atteindre cette perfection qu'ils m'attribuaient tous ! Si je devais être parfait, c'était à eux, de m'aider à le devenir ! Eux qui avaient fini par m'oublier, me délaisser au profit du Xéon et de cet idéal technocrate !...

Reprenant alors ses errements compulsifs aux quatre coins de sa cage, il reprit le fil de son récit là où il s'était arrêté :

- Il y a vingt-cinq ans, donc, j'obtins du gouvernement de Maresther la permission et les moyens de poursuivre mes expériences. Ces imbéciles ne voyaient plus en moi qu'une promesse d'avenir, d'immortalité et de pouvoir, et c'est pour cette raison qu'ils m'ont laissé faire, pensant peut-être que je leur permettrais de s'élever plus haut que les autres !... Une année durant, je regroupais donc dans ces laboratoires secrets, sous couvert d'orphelinat, tous les enfants seuls et sans attaches que mes assistants et moi purent trouver. Si les spécimens humains ne m'apportèrent guère de résultats concluants, c'est un tout autre type de sujet qui m'apporta, enfin, les réponses que j'attendais... !

Il s'arrêta de nouveau, et porta cette fois son regard sur Assylia. La jeune femme, qui avait compris pourquoi, lui dit alors :

- C'était moi... n'est-ce pas ?
- Le sujet Z-01, premier spécimen de Zerka à intégrer l'orphelinat ! lui répondit-il avec entrain. Quelle ne fut pas mon excitation ce jour-là ! Je dus m'abstenir de te faire passer toutes les expériences que j'avais prévues, de peur de gâcher un si beau spécimen !...
- Tais-toi ! cria t-elle. Si j'avais compris ce qui m'attendais, j'aurais préféré mourir avec mes parents !!
- Oh, vraiment ? Sans toi, pourtant, je n'aurais jamais compris... ! Je ne fondais d'ailleurs que peu d'espoirs dans cette expérience et ces boucles d'oreilles, mais la réponse aux questions les plus ardues peut parfois se trouver là où on ne la soupçonnerait pas !
- Ces boucles d'oreilles... répéta le mercenaire, songeur.
- C'est exact, mon cher petit Leever ! reprit Keï. Les Fissionnelles, comme je les ai appelées, sont des boucles de mon invention, qui ont pour but de séparer et d'isoler deux personnalités contraires au sein d'une même personne afin de mieux les étudier. Mais je dois dire que les choses ne se sont pas exactement passées comme prévu, à ma plus grande joie !...
- TAIS-TOI !! hurla cette fois la jeune femme.
- Le spécimen s'est scindé en deux personnes physiques distinctes ! reprit-il de plus belle. L'une est tombée dans le coma aussitôt, tandis que l'autre... l'autre... !

Réprimant avec difficulté son rire, le démon lâcha finalement :

- L'autre... EST DEVENUE FOLLE ! Haha ! HAHAHAHAHA !!

Il s'esclaffa comme un dément durant un court instant, puis reprit son sérieux aussi vite comme si son corps l'y avait obligé. Squall et Leever, eux, ne comprenaient pas les raisons qui avaient poussé le démon à exulter ainsi. Le mercenaire osa le premier :

- En quoi est-ce aussi... drôle ?
- Tu ne vois donc pas ? lui rétorqua t-il. La folie ! Voilà ce que je cherchais, ce qu'il me manquait ! C'est une facette de ma personnalité qui m'a été ôtée, comme j'ai ôté celle-ci à ta chère amie ! C'est comme ça... comme ça que je m'en suis rendu compte ! Pour combler le vide qui me ronge, il me faut retrouver ce deuxième moi, cette folie, cette partie qui me complète ! Ainsi, seulement, atteindrais-je enfin la perfection et pourrais-je réellement être un Dieu !!
- Il te manque la folie ? l'interrompit Squall. Ne me dis pas que tu es sain d'esprit...
- Il ne m'en reste pourtant plus qu'une vague réminiscence !... L'étincelle d'un souvenir projetée sur mon être dénué de tout combustible, incapable de rallumer cette flamme qui m'embrasait jadis, et qui m'embrasera de nouveau sous peu !...

Leever ne l'écoutait qu'à moitié. Il jetait surtout un regard préoccupé sur Assylia, le visage marqué par l'amertume; elle semblait avoir été particulièrement touchée par les révélations du démon à son sujet. Il ne savait pas ce qui s'était passé après que les boucles aient détaché Kerdahlia de son être, et ne tenait pas à le savoir si cela devait rappeler à son amie d'aussi mauvais souvenirs.
Hélas pour elle, Keï, lisant l'inquiétude sur le visage du mercenaire, lui dit alors :

- Qu'y a t-il ? Tu souhaites savoir ce qui s'est passé après, n'est-ce pas ? Ton amie ne te dira rien, car elle sait ce que cela comporte de dramatique ! Non seulement sa moitié arrachée est devenue démente, mais figure-toi qu'elle a détruit une bonne partie du laboratoire avant de s'échapper ! Et que, peu de temps après, l'invasion des hordes de démons a débuté... ! Étrange coïncidence, tu ne trouves pas ?...
- Tu veux dire que...
- Mais oui, exactement ! C'est elle qui a débuté l'invasion, elle qui a créé tous ces démons illusoires mais pourtant bien consistants ! Elle, encore, qui a provoqué la perte de cette planète, de ses habitants, et donc... de tes parents ! Incroyable le pouvoir que peut ainsi développer la facette jusque là refoulée d'une personnalité telle que la sienne, tu ne trouves pas !?

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:38:01

(Chapitre LIV - suite)

Sidéré par ses soudaines révélations, Leever se retourna lentement vers son amie, qui détourna la tête pour éviter de croiser son regard. Il la dévisagea longuement, l'air pensif, et remarqua soudain qu'elle était au bord des larmes. Alors, il ferma les yeux, esquissa un petit sourire et déclara, à l'attention du démon et, surtout, de la jeune femme :

- Nos faiblesse, nos doutes, nos lacunes... Tout ce qui nous rend vulnérables ne nous rend que plus humains. Ce n'est pas parce qu'elle a été victime de son imperfection, et donc de son humanité, que tout ça est arrivé !... Elle n'a pas... Tu n'as pas à te sentir coupable, Assylia. Donc, s'il te plait, cesse... cesse d'être aussi dure avec toi-même !

Elle releva alors la tête, puis regarda son ami dans les yeux. Il n'y avait là pas la moindre trace de rancœur, de haine, ni de quelque ressentiment que ce soit à son égard !
Ce ne fut que lorsqu'il se retourna, pour faire face au démon, que son regard s'anima cette fois d'une lueur mauvaise et qu'il s'emporta :

- Le seul à blâmer, c'est toi... KEÏ !! C'est parce que tu as souhaité éliminer cette imperfection et donc ton humanité, par pur égoïsme qui plus est, que tous ces événements sont arrivés ! C'est toi, et ton mépris des autres, qui ont causé tous ces drames, toutes ces catastrophes !! C'est toi, et toi seul, que je ne pourrai jamais pardonner !!
- Bravo, beau discours ! lui répondit-il aussitôt. Mais regarde ! Regarde autour de toi ! Contemple les ruines de cette cité jadis si prospère, qui pour satisfaire son désir d'évolution, son avidité sans borne, ainsi que son égo – son propre égo ! – m'a donné de son plein gré les moyens de la détruire ! Ne serait-ce pas également à cause de ces imperfections, qui caractérisent tant cette humanité que tu chéris – que vous chérissez ! – que tous ces "drames" sont intervenus ? Et tu oses, vous osez m'incriminer, alors que c'est l'humanité elle-même qui a causé sa propre perte !?
- C'est peut-être vrai, dit alors Squall avant que le mercenaire ne put répondre. Mais quel genre de "Dieu" tirerait parti des erreurs de son peuple pour nourrir ses propres ambitions ?...
- Toutes les imperfections ne sont pas excusables, continua Leever. Cette planète a payé le prix de ses erreurs, bien plus qu'elle n'aurait dû. Mais toi, tu continues de faire souffrir ces gens ! Tu continues d'en faire les victimes de ton égocentrisme démesuré ! Ça a suffisamment duré ! Tu n'es pas un Dieu, ni un humain, tu es juste... un démon !

Keï n'eut pour seule réponse qu'un petit rictus moqueur. Il y eut alors un long silence, à peine contrarié par le sifflement du vent autour d'eux. À l'horizon, le soleil s'apprêtait bientôt à entamer son crépuscule, et la clarté s'en ressentait.
Alors Squall, s'adressant au démon, lui dit :

- Ça n'explique pas pourquoi tu t'es servi de moi.
- Oh, ça ? Rien de plus qu'un concours de circonstances, figure-toi ! Il me restait une expérience, une dernière petite expérience à effectuer sur un Zerka, mais je n'avais hélas plus de spécimen à disposition ! Je ne pouvais pas me servir davantage de cette femme, après l'avoir en quelque sorte "cassée". Quant à Kajikoh, j'ai bien essayé, mais il s'est montré plus récalcitrant que prévu. Néanmoins, quand il est venu me chercher la première fois dans mon repaire, en vain, j'ai demandé à Kerdahlia de sonder son esprit sans se faire repérer, et c'est comme ça que j'ai appris votre existence. Ça s'est passé pendant les trois ans qui ont été nécessaires à vous amener ici, je savais donc quand et où vous attendre. Quelle aubaine ! Deux spécimens de Zerka arrivant ainsi jusqu'à moi, dont le sujet Z-03 lui-même ! Pourtant c'est toi, Squall, qui m'a le plus intéressé, car je sentais en toi le cobaye parfait pour ma dernière expérience. Dès l'instant où tu as posé les pieds sur le sol de cette planète, Kerdahlia t'a embrouillé l'esprit sur mes ordres; ta réaction a alors dépassé toutes mes espérances ! Je te parlais de réminiscences plus tôt, de cet être parfait que j'étais autrefois, et dont toi, comme d'autres, ont hérité les gênes. Hé bien, tu es allé puiser si loin dans les "restes" enfouis dans cet ADN, que tu es parvenu à en extirper une plume, une simple, banale petite plume. Mais cette plume, figure-toi, c'est la matérialisation de ta folie, de ma folie, de la folie dont ont hérité mes successeurs de par leur métissage avec les humains ! Tu as sans le savoir réussi là où j'ai échoué, tu as recréé une partie de ce qui me manque, et qui faisait ma puissance autrefois ! Grâce à cette plume, je vais pouvoir contrecarrer les prévisions de ce foutu vieillard, et anéantir sa maudite barrière qui me condamne à rester sur cette planète ! Je n'aurais plus besoin de l'amenuiser en laissant mes Dévoreurs affaiblir l'énergie de cette planète, je n'aurais... qu'à tout détruire !! Et de cette façon, enfin, je pourrais rejoindre mon autre moitié de l'autre côté de l'univers !!
- Sacré plan, intervint le mercenaire, mais tu auras quelques difficultés à le mener à bien dans ta situation actuelle !
- Tu crois ça ? lui répondit-il sur un ton moqueur.
- Il faudrait déjà que tu sortes de là, enchaîna Assylia. Tu devrais savoir mieux que quiconque à quel point ce sortilège est puissant.
- Hé hé, tu as tout à fait raison ! C'est un magnifique ouvrage, parfait à tous les niveaux et sans la moindre faille ! Je serais bien incapable d'en venir à bout dans mon état actuel.
- Quand bien même tu y arriverais, ajouta Squall, il faudrait en plus que tu m'arraches la plume des mains. Et je n'ai pas la moindre intention de te laisser faire ça.
- Oh, vraiment ? répondit Keï avec une soudaine intensité. Mais, où est-elle, cette fameuse plume ?...

Squall, interloqué par l'expression soudain très intéressée du démon, fouilla d'une main dans la poche intérieure de sa veste, dans laquelle il gardait soigneusement la plume en question...
Elle était vide !

- C'est ça que tu cherches ?

Pris d'une angoisse soudaine, le SeeD fixa du regard le démon, en train de jubiler dans sa cage. Celui-ci tendait son bras en avant, comme pour bien mettre en évidence le petit objet long et sombre qu'il tenait dans la main. La plume noire ! Ce qui suivit alors ne prit à peine qu'une seconde : le dôme se remplit subitement d'une intense et profonde énergie noire qui, par une force de pression irrépressible, en fit crépiter les parois, avant qu'elles ne se fissurent et, ultimement, ne finissent par voler en éclats en laissant échapper une violente déflagration d'une obscurité aveuglante; celle-ci ébranla le trio, l'obligeant à lutter pour ne pas être emporté par l'onde de choc.
Ils virent alors, au milieu des ténèbres qui se dissipaient autour de lui, le démon réapparaitre sous leurs yeux; libre, mais également différent. Ses cheveux, auparavant dorés, s'étaient teints d'un noir profond, tout comme ses ailes blanches avaient délaissé leur pureté immaculée au profit de ce même noir ténébreux. Quant à ses iris, derrière ses lunettes, il avaient viré au rouge le plus vif. Pour finir, une aura sombre, débordante de malice, entourait la nouvelle forme du démon.

- Oh ! Ooooh !! Quelle puissance ! Quelle puissance formidable !! exulta t-il. Plus rien, PLUS RIEN ne peut me résister !! HAHAHAHAHA !!
- Et merde ! pesta Leever.
- On doit l'arrêter ! hurla Assylia.

Squall ne perdit pas un instant, et se lança à toute allure sur le démon exalté. Mais sa Lion Heart se heurta à l'épée violacée de Keï, qui para ensuite une multitude d'assauts déterminés du SeeD avec autant de plaisir que de facilité. Puis, d'un mouvement sec, il désarma Squall et riposta aussitôt d'un coup de pied porté en plein ventre, si puissant qu'il le rejeta violemment en direction du sol. Il n'eut guère le temps de s'ennuyer que, déjà, il voyait Leever fondre sur lui et multiplier les tailles horizontales, verticales et diagonales, sans plus de succès que son ami l'instant précédent. Alors, l'épéiste blond recula d'un cran dans les airs, arma un coup puissant, puis se rua sur le démon avec rage; en le voyant arriver, ce dernier se prépara à riposter de son épée mais, au dernier moment, se servit de son autre main pour projeter sur le mercenaire une étrange brume noire, dans laquelle disparut son faux assaillant. Se retournant brusquement dans la seconde qui suivit, il fit partir son autre main et le fer mauve de sa lame rencontra, dans un grand fracas, celui que le véritable mercenaire avait alors placé en opposition, au prix d'un réflexe prodigieux. Leever se dégagea, puis contre-attaqua en se fendant d'un estoc surprise, qui rata sa cible, l'emporta dans son élan, et permit au démon de lui asséner un puissant coup de genou au niveau du ventre. Le souffle coupé, il vit un éclat de lueur mauve fendre l'air face à lui, mais heurter de plein fouet une épée immaculée qui s'était mise en travers de sa route au dernier instant. Assylia, ayant paré l'assaut et sauvé par la même occasion la tête de son ami, entreprit de réciter une formule rapide; hélas, Keï, d'un bond en avant supersonique, lui attrapa la gorge avant qu'elle ne puisse terminer et la propulsa de toutes ses forces en direction du mercenaire, toujours sous le coup du choc précédent. Les deux jeunes gens se percutèrent sans ménagement, et finirent par chuter brutalement sur le sol sans être en mesure de freiner leur course.

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:38:32

(Chapitre LIV - suite)

Voyant ses trois adversaires hébétés au sol, Keï exulta :

- Oui ! OUI ! Voilà la force ! Voilà la force dont j'avais besoin !! Misérables, insignifiants petits Zerkas ! Constatez vos propres limites ! Constatez votre échec lamentable !!

Keï ne se tenait plus de joie après avoir mesuré l'étendue de sa force nouvelle. Tendant une main vers les trois Zerkas, toujours incapables de se relever, il récita cette incantation familière :

- Carcere Aetherum !

Un dôme d'énergie, le même qu'avait invoqué Assylia plus tôt pour coincer Keï, se forma cette fois autour des trois Zerkas affalés au sol et les emprisonna de la même manière. Les empêchant ainsi de s'échapper et de le gêner, le démon s'éleva haut, très haut dans le ciel crépusculaire de Tritéria, jusqu'à être réduit à un minuscule et indistinct point noir pour quiconque le regardait de la terre ferme. Il tendit alors son épée face à lui, ferma les yeux, et se concentra. Aussitôt, la lame violacée se mit à rayonner d'une lueur mauvaise, tandis que l'aura ténébreuse qui entourait le démon s'intensifiait en faisant tournoyer autour de lui des gerbes d'énergie noire. Alors, quand la lueur mauve qui se dégageait de son arme fut si intense qu'on aurait pu la percevoir à des kilomètres, Keï fendit l'air d'un geste sec, et une onde de choc fusa en direction de la voute céleste, puis percuta de plein fouet un mur invisible ! L'espace d'un instant, l'impact illumina sur tout son long une surface sphérique qui semblait encercler la planète toute entière, puis il y eut une suite de craquements assourdissants, comme si une vitre venait de se briser en un point, avant de céder ensuite dans l'intégralité de sa surface.
Exalté jusque-là, Keï devint presque hystérique après la réussite apparente de son action. Il hurla :

- C'EST FINI VIEUX FOU !! TA BARRIÈRE MISÉRABLE, TA VAINE TENTATIVE DE ME CONFINER SUR CETTE TERRE N'EST PLUS !! VOIS COMME JE L'AI FRACASSÉE, ANÉANTIE... PULVERISÉE !!

Puis, pris d'un rire proprement démentiel, il entreprit de redescendre en direction du sol pour achever ses victimes piégées au sol, puis se posa d'un pas leste devant la paroi énergétique de leur cellule. Les trois compagnons s'étaient entre-temps relevés, et avaient assisté impuissant aux actes de l'Originel, qui leur lança d'un air narquois :

- Alors, qu'est-ce que ça fait d'être de l'autre côté du mur ? Surpris que je puisse moi aussi utiliser ce sortilège ? La majorité de vos pouvoirs vous ont été légués par mes gênes, pourtant !
- Qu'est-ce que tu as fait ?! tempêta Squall.
- J'ai brisé la barrière, tout simplement ! Vous savez ce que ça veut signifie ?! Ma force a dépassé celle de cette planète toute entière !!
- Qu'est-ce que tu prévois de faire, maintenant ?! dit alors Leever.
- Il va se téléporter ! pesta Assylia. Il en a le pouvoir, tout comme Kajikoh ! Mais la barrière dressée par le vieux Mustahren l'empêchait jusqu'à présent de quitter cette planète !... Tout ce temps, il a cherché à affaiblir la planète et à se renforcer lui-même, dans le seul but de rejoindre Done !!
- Hoho, reprit-il, tu as tout compris ma chère ex-démone ! Néanmoins, il me reste une dernière chose à faire avant de partir !...

Disant cela, il se mit de nouveau en transe comme dans l'instant qui précéda la destruction de la barrière; excepté que, cette fois-ci, c'est au trio coincé dans le dôme éthéré qu'il faisait face !

- Vous m'avez été très utiles, tous ! dit-il. Sans toi, Squall, je n'aurais jamais acquis cette force si grisante ! Sans toi, femme, je n'aurais jamais découvert le but de mon existence ! Et sans toi, petit mercenaire, je ne me serais pas tant diverti ! Mais je n'ai plus besoin de vous, alors... DISPARAISSEZ !!

Il arma son geste. Dans la "cage", Leever, Squall et Assylia jouaient leurs derniers atouts pour forcer les cloisons qui les emprisonnait, mais rien de ce qu'ils pouvaient faire n'aurait pu endommager de tels monuments d'imperméabilité. Ils étaient définitivement à la merci du démon...
Alors Keï, percevant un son soudain, s'interrompit et, sans bouger la tête, détourna le regard vers sa gauche et y redirigea brusquement son assaut. L'onde d'énergie fusa et percuta l'autre bout de la route, où elle provoqua une formidable déflagration couleur mauve. S'approchant des ruines fumantes, il déclara :

- Petits rats, j'en avais presque oublié votre misérable existence ! Que vos funérailles aient été reçues comme un pardon sincère de ma part !!

Les vapeurs de l'explosion se dissipaient, à mesure qu'il approchait, et une lueur verdâtre commençait à en filtrer, ce qui suscita l'étonnement du démon. Quand le voile se fut pleinement dissipé, il parut même très surpris.
Car au milieu du cratère formé par l'explosion, Seifer et Quistis gisaient à demi-inconscients, alors que la violence de l'assaut aurait dû les balayer, les désintégrer, les transformer en poussière comme le reste. Or, l'onde de choc semblait avoir été atténuée par une espèce de barrière translucide de couleur verdâtre, à l'aspect proche d'une magie Carapace, que l'ex-instructrice de la BGU devait avoir invoquée après avoir réalisé l'imminence du danger.

- Oh, c'est donc ça, leur dit Keï. C'est une bague intéressante que tu détiens là... Quistis, n'est-ce pas ?

Étendue sur le sol, la jeune femme leva péniblement la tête et, stupéfaite, réalisa l'identité du démon. Tout comme Seifer, qui tentait pendant ce temps de se relever en s'appuyant sur sa gunblade. Surpris lui aussi, par leur résistance à son attaque, le démon reprit son rictus habituel et poursuivit :

- Tu peux remercier ton petit gadget, femme ! Et tu peux me remercier aussi d'avoir perdu un peu de puissance au moment de dévier mon attaque. Sans ça, vous ne seriez plus qu'un petit tas de poussière de plus sur cette bien triste planète !
- Q... Qu'est-ce... que tu fais là ? bégaya t-elle. Comment ?...
- J'avais l'intention de faire disparaître vos petits compagnons à plumes en premier, reprit-il. Mais, puisque vous êtes là... !

Il pénétra dans le cratère, lentement, sûr de sa force, et empoignant fermement son arme, lame violacée dans laquelle se reflétait avec clarté la volonté qui l'animait. Quistis le regarda approcher, puis s'immobiliser devant elle, impuissante, tandis qu'il levait son bras pour exécuter la sentence. Lorsqu'elle entendit le sifflement du fer, ses yeux se fermèrent et des images de sa vie lui défilèrent devant l'esprit à une cadence qui lui parut hors du temps. Son enfance à l'orphelinat, puis à la BGU, son examen SeeD, ses premiers pas en tant qu'instructrice... Tant de souvenirs qu'elle pensait disparus à tout jamais, sous l'effet néfaste des G-Forces... Et pour finir, ce bruit clair, pur, puissant. Métallique.
Elle rouvrit les yeux. Le dos d'une silhouette grise, tremblante, réconfortante, se trouvait devant elle; une silhouette qui semblait au bord de la rupture, mais qui tenait bon.

- Tch, qu'est-ce que tu peux bien espérer faire, petit humain ? fit le démon à Seifer.
- Économise ta salive, t'en auras besoin pour faire tes adieux ! lui rétorqua t-il aussitôt.
- Comment peux-tu te montrer si arrogant, alors que ton corps n'arrive même pas à repousser un dixième de ma force ?...

Les deux hommes maintenaient leurs fers croisés, mais Seifer suait et tremblait; signes manifestes de l'énergie déployée par le balafré. Face à lui, en revanche, Keï n'affichait pas la moindre expression d'effort. Alors, amusé, ce dernier fit :

- Révélons un peu tes limites, humain ! Voyons si tu peux en supporter deux dixièmes... !

Il serra un peu plus fort le manche de son épée, et, aussitôt, Seifer grimaça et lâcha un juron. Il tint bon malgré tout, et garda même suffisamment de forces pour dire :

- Peuh... C'est... tout ce que t'as ?!
- Imbécile. Trois dixièmes te feront-ils taire ?...

La pression monta à nouveau d'un cran, si bien que Seifer, cette fois, ne put réprimer un cri de douleur. Il devenait de plus en plus fébrile, vacillant, et ses appuis commençaient à se dérober de manière inexorable. Alors, le démon lui suggéra :

- Si tu relâchais maintenant, tu pourrais t'en sortir sans trop de dégâts, et tu pourrais même en profiter pour contre-attaquer ! Bien sûr, ton amie en ferait aussitôt les frais, mais... N'es-tu pas prêt à tout pour me vaincre ?
- Conneries... ! répondit-il péniblement. Si tu crois... que je suis... ce genre de type !
- Non ? Oh, je vois. On a décidé de jouer au chevalier ! Et moi qui t'espérais moins pathétique... !
- Au moins, fit-il, j'ai... quelqu'un... à... protéger !!

Le fait de lâcher ses mots lui permit de puiser en lui des ressources nouvelles. Il se redressa quelque peu et défia d'un regard noir et déterminé le démon qui ne souriait plus.

- Minable petit humain ! vociféra t-il. Tu aurais pu vivre quelques minutes de plus, mais tu as cessé de m'amuser. Ressens les dix dixièmes de ma force, si tu... !

Il s'interrompit brusquement, frappé, foudroyé par un profond et tout aussi soudain changement dans l'atmosphère, dans le sol, dans la planète elle-même. Profitant de ce relâchement inespéré, Seifer rugit et balança tout ce qu'il lui restait pour repousser l'épée du démon, la repoussa effectivement, et finit par lui faire sauter des mains ! Hélas, il tomba ensuite à genoux sur le sol, une main sur son abdomen bandé tout tacheté de sang. Il avait payé le prix de ses efforts. Sa blessure s'était réouverte.

Chronos_Squall
Niveau 10
11 décembre 2013 à 01:39:13

(Chapitre LIV - suite et fin)

Mais Keï l'avait totalement oublié, et ne semblait même pas avoir réalisé ce qu'il venait de faire. Les yeux grand ouverts, il tournait la tête frénétiquement de tous côtés, comme pour chercher un indice visuel sur cette étrange altération qu'il venait de percevoir, et qui le préoccupait tant.

- La terre... a changé... dit-il.
- SEIFER ! ÉCARTE-TOI !! hurla soudain une voix.

C'était Quistis. Entendant la requête de son amie, le balafré se releva du mieux qu'il le pouvait, s'écarta de quelques mètres d'une démarche mal-assurée, et s'affala lourdement sur le dos. La jeune SeeD, alors, tendit les bras en avant; sa bague brilla d'une lueur verte et, aussitôt, le sol sous les pieds de Keï commença à chauffer. Au même instant, le démon, qui ne s'apercevait toujours de rien, venait de trouver la réponse à ses interrogations, et fit :

- C'est... LUI ! Comment est-ce poss...

Mais alors, le sol explosa sous ses pieds, et un véritable geyser de flammes en sortit pour l'engloutir tout entier. Il poussa un terrifiant, un long, un véritable hurlement de douleur tandis qu'il se consumait au milieu de cette colonne de feu, que parcouraient en spirales ascendantes de petits serpents incandescents. Quand la fournaise commença à se dissiper, laissant derrière elle une silhouette gisante sur le sol, immobile, Quistis s'en approcha avec la plus grande des prudences et, craignant qu'il ne remue soudain, constata avec soulagement qu'il restait parfaitement inerte.
Elle se dirigea ensuite vers Seifer et constata que, lui aussi, ne bougeait plus.

- Seifer ! SEIFER !! se mit-elle à paniquer.

Elle se précipita et tomba à genoux devant son corps inerte, terrifiée à l'idée de perdre son ami. Avec douceur et fébrilité, elle lui souleva la tête et la déposa sur ses genoux en l'observant avec une anxiété grandissante; elle l'exhortait à revenir à lui, à ne pas l'abandonner maintenant; ni à cet endroit, sur cette planète. Mais il ne se passa rien. Alors, la jeune femme ne put contenir ses larmes, et laissa couler le long de son visage toute sa détresse, toute sa tristesse, tandis que ses trois amis, enfermés dans leur prison éthérée à bonne distance de là, avaient observé toute la scène avec autant de frustration que d'impuissance. Elle baissa la tête, résignée; alors, l'une de ses larmes chuta sur le visage du balafré.

- Qu'est-ce que c'est ?... dit-alors une faible voix. Me dis pas que tu chiales pour si peu... ?

Les paupières du jeune homme frémirent, hésitèrent, puis, lentement, se rouvrirent sous le regard incrédule de Quistis. La détresse qui se lisait sur son visage laissa bientôt place au soulagement, et les larmes de tristesse devinrent des larmes de joie. Les mots lui manquaient. Quand elle le vit se relever à moitié, se frotter le crâne d'une main et tâtonner de l'autre à la recherche de sa gunblade, elle lui dit finalement :

- Idiot... Un jour, tu me feras vraiment mourir d'inquiétude !...
- Hé, fais toi du mouron pour ceux qui en ont vraiment besoin ! lui répondit-il. Fais-moi juste confiance, et je claquerai pas !

Elle ouvrit la bouche pour protester, se ravisa, puis se mit à rire faiblement avant d'ajouter :

- Tu ne changeras donc jamais...! Tu peux te relever tout seul, j'imagine ?

Seifer l'observa un instant, impassible, puis détourna le regard en laissant à son tour échapper un petit rictus. Contre toute attente, il lui tendit alors sa main et elle l'aida à se remettre sur pied. Ils se mirent alors en marche vers le dôme qui emprisonnait les trois Zerkas, quand soudain, et alors qu'il n'avaient parcouru que la moitié de la distance...

- Qu'espérez-vous faire, petits rats !?

Seifer et Quistis se retournèrent aussitôt, terrifiés par cette voix qui venait de ressurgir. La silhouette noire et ailée de Keï planait derrière eux; il était torse-nu, sa blouse ayant fini en lambeaux, et ne gardait sur lui qu'un pantalon noir calciné par endroits. Il n'affichait sur son corps que de légères brûlures, et le sourire narquois qu'il avait tant arboré avait cédé sa place à une expression de haine des plus explicite. Qu'ils soient emprisonnés ou non, aucun de ses cinq adversaires ne put réprimer sa stupeur à la vue du démon ressuscité.

- C'est de votre faute, dit-il. Si vous n'aviez pas... SI VOUS N'AVIEZ PAS... !!

Il éprouvait tant de rancœur, tant de haine, tant de fureur à leur égard qu'il ne parvenait pas à terminer sa phrase. Il se serait probablement apprêté à sceller leur sort, si à cet instant-là, la terre toute entière ne s'était pas mise à trembler, à s'ébranler brutalement sous leurs pieds; en quelques secondes à peine, les secousses avaient redoublé d'intensité pour atteindre une ampleur inimaginable. Tant de choses se passèrent alors en très peu de temps : d'abord, le dôme qui emprisonnait Squall, Leever et Assylia se dissipa brusquement; ensuite, le sol se mit à se fissurer de toutes parts, et à certains endroits où il volait en éclats, de gigantesques créatures aux corps luisants et cylindriques en furent éjectés, comme si la terre elle-même avait chassé ces Dévoreurs qui la flétrissaient. Plus étonnant encore, quand le sol se fissura sous les pieds des cinq alliés stupéfaits, ceux-ci ne tombèrent pas et restèrent à léviter à la place, comme si une force mystérieuse les maintenait. Enfin, une étrange lumière verte était apparue au fin fond de l'abîme, sous leurs pieds; lumière qui, s'élevant alors, avait pris l'apparence d'une quantité de fils, de bras, voire de tentacules d'énergie vertes qui s'étaient ruées sur Keï et, sans qu'il puisse faire quoi que ce soit, s'étaient enroulées autour de lui en le ficelant solidement. Horrifié, et sous le regard incrédule des cinq autres devant lui, le démon s'était mis à hurler, à se débattre vainement, tandis que les "bras" qui l'entravaient le tiraient vers les tréfonds de la crevasse d'où ils avaient surgi.

- NON ! NOOOON !! LÂCHEZ-MOI ! LÂCHEZ-MOOOOOOOI !! continuait-il de hurler, tout en disparaissant de manière inexorable dans les ténèbres de l'abîme.

Sidérés devant un tel spectacle, Squall et les siens voyaient désormais sombrer tout autour d'eux la cité jadis si prospère de Maresther, avalée qu'elle était par les crevasses avides d'un sol, d'une terre, d'une planète qui, par le passé, fut à son égard si abondante, si généreuse, si "bienveillante". Mais à vouloir s'emparer d'une force qui nous dépasse, ne risque t-on pas d'en payer un prix incommensurable ? À vouloir s'approprier la terre sur laquelle nous marchons, comment le sol pourrait encore supporter le poids de notre grandeur ?...
Qui cherche le déséquilibre, tombe le premier.

Ainsi, la cité devint à jamais atone.
Ainsi, Maresther chuta de son trône.

Mais l'histoire ne saurait s'arrêter là.
Car, quand retentit dans un écho la voix forte et familière d'un ami laissé en retrait, comme un son profond remontant l'abîme rassasié sous leurs pieds, c'est la suite qui fut annoncée :

- Hé bien, nous y sommes. Beau boulot les enfants, je prends le relais !
- KAJIKOH ?! s'étonnèrent-ils alors d'une seule voix.

--------------

Pfiou.
Voilà donc pour ce chapitre.
J'en viendrais jamais à bout de ce truc, moi... :o))

Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:31:31

Bon. Le chapitre 55 arrive, et... C'EST LE DERNIER !!

Il m'en restait idéalement trois à écrire, mais comme je souhaitais vraiment conclure cette fic un jour (ça fait quand même dix ans que je l'ai débutée, mine de rien), j'ai pris le parti de résumer les deux premiers en allant droit à l'essentiel, tout en ne développant davantage que le troisième et dernier d'entre eux.

Peut-être que personne lira ce chapitre, mais en ce qui me concerne je suis content d'avoir pu aller jusqu'au bout de cette histoire qui avait débuté sur une simple envie du moment, un coup de tête d'adolescent qui ne cherchait qu'à faire vivre quelques aventures de plus aux personnages qu'il appréciait, et auxquels il s'était attaché. Au final, c'est une page que j'aurais bien remplie, qui regorge probablement de maladresses et de tout un tas d'incohérences ; mais une page que je suis heureux de pouvoir enfin tourner. :-)

Bref !

Voici donc le cinquante-cinquième et ultime chapitre de cette histoire :

Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:32:04

Chapitre LXV : Le secret du Mont des Ténèbres.

Ils furent cinq à l'entendre ;

Pour Seifer, cette voix n'était que l'écho vaguement familier d'un homme d'abnégation, toujours prêt à se relever pour défendre les siens.
Pour Quistis, c'était là celle d'un héros dévoué ; dévoué aux vies vacillantes qu'il préservait, pour qui il représentait l'infime petite flamme rougeoyante d'un espoir insoumis.
Pour Assylia, ces paroles prononcées étaient celles d'un sauveur qui jadis fut le sien, et qui l'éleva comme le père qu'elle n'avait plus.
Pour Leever, c'était celles d'un guide. Comme une présence au milieu du brouillard et de l'obscurité, il avait guidé leurs pas jusqu'à les ramener dans le bon chemin.
Pour Squall, enfin, cette voix était celle d'un être aux contours mal-définis, un être pour qui il comptait cependant tellement qu'il fut le premier à en faire la connaissance, bien avant le reste des siens.

Il existait certes sous autant d'apparences différentes dans leurs esprits, mais tous ne le connaissaient que sous le seul nom de Kajikoh. Sans plus d'explications sur la nature de ces mots qui leur furent adressés des profondeurs mêmes de la planète qui soutenait leur pas, ils furent enveloppés dans un flash de lumière blanc et se retrouvèrent au beau milieu d'une plaine aride, non loin de la ville de Palmero, dernier rempart de l'humanité Tritérienne contre les monstres qui rongeaient leur monde.

Ils y retrouvèrent leur amie laissée en arrière, Selphie, occupée à rassurer les derniers survivants du chaos rassemblés sur cette plaine de la même façon que venaient de l'être nos cinq héros, par d'étranges et subites téléportations. Le vieil homme Dryan, lui aussi, était là. Devinant que Leever et Assylia venaient de découvrir son passé sombre, et son implication dans les terribles expérimentations sur les enfants qu'ils étaient alors, il fondit en larmes tout en leur présentant des excuses, que les principaux concernés acceptèrent malgré tout.

Puis il leur expliqua le plan que mit en œuvre Kajikoh après leur départ, basé sur l'utilisation du cristal que lui avait transmis le sage Mustahren, la vie de la planète ; cristal qui contenait en réalité le même sortilège qu'utilisa le vieillard bien des générations auparavant pour fusionner avec la planète qu'avait alors ravagée Firen/Hyne, et ainsi lui ré-insuffler un souffle de vie. La tristesse et l'affliction gagnèrent alors les rangs de nos héros quand ils comprirent que leur ami avait sacrifié sa vie et son humanité pour redonner de l'énergie vitale à cette planète.

Lorsque sa voix retentit finalement de nouveau, tous les derniers êtres humains sur cette terre, aussi peu fussent-ils, se trouvaient regroupés sur cette plaine. A tous, il leur confia que le sort de Tritéria était scellé, et que le peu d'énergie qu'il avait pu insuffler à la planète allait lui permettre d'invoquer un ultime sortilège de téléportation destiné à les mener vers Done, assumant l'hypothèse que si trois années s'étaient subitement écoulées lorsque Squall et les siens avaient effectué le trajet dans un sens, il serait possible de remonter ces trois années si l'on inversait le processus à l'aide d'une immense quantité d'énergie. Il leur expliqua qu'ainsi, il reviendraient sur Done seulement quelques secondes après leur départ initial de celle-ci.

Le processus s'engagea, et un cercle d'invocation gigantesque se traça bientôt tout autour d'eux, dessinant ainsi un point de convergence où affluèrent alors les ultimes forces de la planète. Excepté l'aire circulaire qui les protégeait désormais, partout autour d'eux purent-ils assister au déclin du monde qui les portait, et partout autour d'eux purent-ils observer la terre, privée de sa vie nourricière, se dessécher, s'effriter et se crevasser inexorablement, alors même que des torrents de lave s'en extirpaient violemment.

Toujours bouleversés par le sacrifice de leur ami, nos héros voulurent trouver un moyen de le sauver, mais il était déjà bien trop tard. Touché par leur sollicitude, il leur témoigna l'importance qu'avait représenté leur amitié pour lui permettre d'en arriver jusque là, puis les mit en garde contre les épreuves qu'il leur faudrait affronter dès leur retour sur Done. Il fit également apparaître deux objets : un petit cristal magique et une étrange petite perle verte qu'il donna respectivement à Leever et à Assylia, leur certifiant simplement qu'ils sauraient s'en servir lorsque le moment sera venu. Étant bientôt incapable de continuer à leur faire parvenir sa voix, il prononcera finalement ces derniers mots :

"Ma fin est proche, mais pour vous c'est un nouveau départ. Profitez de la vie, savourez-en chaque instant jusqu'à la fin. Et lorsque viendra pour vous le moment de regarder en arrière... n'ayez pas de regrets. Les miens ont disparu... dès que vous êtes... arrivés ici... mer... ci..."

Peu de temps après que sa voix se fut éteinte, nos héros sentirent le sol trembler sous leur pied, sans être en mesure de qualifier ça de normal ou non. Cependant, les secousses gagnèrent en intensité, et l'impression que tout ceci n'avait rien de bon prit bientôt le pas sur eux. Finalement, le sol finit par éclater en morceaux, mais au même instant un épais voile de lumière blanche les aveugla et leur fit perdre toute perception du monde qui les entourait.

      • **
Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:32:31

(Chapitre LXV - suite)

Lorsqu'ils retrouvèrent tous leurs sens, un décor familier s'offrit à eux, et avec lui, le sentiment nostalgique d'une terre qu'ils ne croyaient plus jamais revoir. Ils étaient de retour sur Done.

Nos héros, ainsi que tous les survivants de Tritéria, étaient enveloppés dans une gigantesque bulle d'énergie protectrice, sur une plaine d'où l'on pouvait apercevoir, à l'horizon, les déchainements de la foudre et les distorsions énergétiques qui déformaient l'atmosphère. C'était la conséquence de l'invocation imminente du Dieu du Mont des Ténèbres, l'Être Suprême, ce qui signifiait qu'ils étaient bel et bien revenus sur cette terre quelques secondes à peine après l'avoir quittée.

"Linoa !" réalisera alors Squall.

Il leur fallait faire vite, car non seulement avaient-ils désormais l'opportunité de détruire l'Être Suprême et sauver leur monde, mais ils pouvaient également sauver leurs deux amis restés en arrière, Irvine et Linoa, tous deux suspendus au bord d'une crevasse sismique qui les avait alors piégés. Mais lorsque les Zerkas voulurent décoller en hâte pour rejoindre le champ de bataille, un rire leur parvint et une silhouette les survola aussitôt avant de partir devant.

C'était Keï ; celui qui se trouvait à Tritéria avec eux quelques heures plus tôt. Il leur expliquera, un peu plus tard, de quelle façon il était parvenu à s'extirper de l'emprise faiblissante de Kajikoh à mesure que s'opérait le transfert d'énergie, et comment il avait pu ainsi remonter en trombe des entrailles de la terre jusqu'à atteindre le champ d'action du sortilège de téléportation.

Mais avant cela, Squall, Leever et Assylia partirent à sa poursuite en direction du champ de bataille, laissant leurs compagnons terrestres les rejoindre plus tard. Tandis que Squall bifurquait pour secourir Irvine et Linoa, toujours suspendus au-dessus du vide, les deux autres parvinrent en plein cœur du champ de bataille où les attendait la créature infernale. Un géant de sept mètres de haut, d'apparence humanoïde, à la peau rouge, luisante et éthérée, comme s'il avait cherché à remplacer par un voile de magie la peau qu'il avait perdue ; un voile semi-transparent, derrière lequel pouvait-on percevoir ses organes internes. Cette fausse peau était également parcourue de tatouages noirs complexes, tels qu'en arboraient les Nécromanciennes qu'avaient affronté les SeeDs plusieurs années auparavant. Enfin, et bien qu'elle possédait une tête, la créature n'avait pas de visage, et une longue chevelure grisâtre lui tombait jusqu'au bas des pieds.

Le Dieu du Mont des Ténèbres, l'Être Suprême.

Si Keï, le démon de Done, l'avait invoqué dans l'espoir que tous deux retournent chez eux sur leur planète d'origine, Keï, le Zerka Originel de Tritéria, l'avait lui recherché pendant des générations pour combler le manque dans son cœur incomplet ; et il touchait finalement au but !

Mais contre toute attente, la créature rejeta son appel et l'attaqua. Confus, stupéfait, il finit par céder à la colère devant cette réaction imprévue, et se mit en tête de défaire l'Être Suprême pour lui montrer sa supériorité et fusionner de force avec lui. S'engagea ainsi le combat pour vaincre la créature monstrueuse, réminiscence de Hyne ; combat auquel vinrent aussitôt se joindre Leever et Assylia, luttant l'espace d'un instant aux côtés du démon Keï, sans connaître cependant ses plans.

Comme prévu, l'affrontement s'avéra difficile, leur adversaire faisant usage de sortilèges d'une puissance terrifiante. Foudre divine, geysers de flammes jaillissant du sol par centaines sous leurs pieds, tornades indomptables, manipulations de gravité ; ils surpassèrent tour-à-tour ces assauts proprement phénoménaux, Leever et Assylia se soutenant mutuellement quand Keï s'en sortit seul de son côté. Squall ne tarda par à les rejoindre et les sauva dans un moment critique, puis ce furent Quistis, Seifer et Selphie, ainsi qu'Irvine et Linoa, tirés d'affaires, qui vinrent ensuite leur prêter assistance sur le champ de bataille.

Le combat fut des plus épiques, chaque coup porté à la créature amenuisant ses forces un peu plus. Sa peau se déchira à maints endroits, et la puissance de ses assauts s'amenuisa, si bien que l'issue du combat ne tarderait pas à se montrer favorables à nos héros. C'est a cet instant que Keï, victime d'un coup terrible qui l'avait projeté au sol, eut l'horreur de découvrir en se relevant le cadavre d'un corps près de lui ; son propre corps, ou plutôt, celui du Keï que les SeeDs avaient vaincu peu de temps avant d'être téléportés vers Tritéria. Psychologiquement brisé par cette vision, il en perdit définitivement la raison et l'esprit, quand dans le même temps, Squall porta le coup de grâce à l'Être Suprême en lui enfonçant sa gunblade dans le cœur.

Vaincue, la créature disparut dans une détonation occulte fabuleuse, qui laissa derrière elle un vortex mystérieux. Squall et Leever s'en approchèrent prudemment pour l'examiner, un mauvais pressentiment à l'esprit.

"L'appel... Elle... m'appelle !"

Alors qu'ils s'apprêtaient tous deux à reculer, conscients du danger qui les attendait de l'autre côté, Keï surgit de nulle part et se jeta à corps perdu dans le portail, percutant au passage Leever qu'il entraina involontairement avec lui.

Et le vortex disparut aussitôt.

      • **
Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:32:51

(Chapitre LXV - suite)

Ainsi, Leever et Keï se retrouvèrent... sur la même plaine qu'ils venaient de quitter.

Cependant, le mercenaire comprit bien vite que le vortex qu'ils venaient d'emprunter les avait ramené plusieurs années, si ce n'était plusieurs siècles en arrière. Car le Mont des Ténèbres, qui avait volé en éclat dans le présent qu'ils venaient de quitter, s'élevait toujours sinistrement à l'horizon. Il entendit alors des clameurs, et réalisa que les alentours du Mont étaient le théâtre d'une bataille acharnée entre des armées d'hommes et des hordes de monstres.

Il vit également des hommes, armés et accoutrés de façon rudimentaire, défiler le long d'un chemin situé plus loin, remarquant par là-même un petit échafaudage de bois que tiraient quatre chocobos, et sur lequel figurait un grand coffre métallique. D'autres hommes les assaillirent bientôt dans le chaos environnant, et l'un d'eux parvint à renverser le coffre qui s'ouvrit à la volée, révélant ainsi son contenu.

"On dirait une énorme... pelure ? Ça veut dire que je suis..."

Au loin, au même instant, d'immenses cercles et symboles magiques rougeoyèrent un bref moment sur les parois du Mont.

C'est alors que Keï, qui jusque là était resté perdu dans les affres de son esprit en ruines, eut un éclair de lucidité suscité par un appel lointain, et se remémora inconsciemment l'objectif qui était le sien. Il décolla aussitôt en direction du Mont, avec le mercenaire qui lui emboita précipitamment le pas. Ils pénétrèrent tous deux dans le repaire montagneux, descendirent dans les entrailles de la terre, jusqu'à atteindre cette salle que Leever n'avait que trop déjà vue. C'était en effet ici, dans ce vaste espace de forme carrée, bordé par des rivières de laves en fusion, que lui et les siens avaient à maintes reprises affronté Keto. Et c'était ici, également, que Zell avait perdu la vie...

Au centre de la pièce, une ombre gigantesque se forma alors, et une forme tout aussi imposante s'en extirpa. Une créature qu'il n'espérait pas revoir de sitôt...

L'Être Suprême.

Voyant Keï s'agenouiller devant lui, et craignant qu'ils ne parviennent enfin à fusionner, Leever voulut intervenir, mais se trouva immobilisé par une énergie imperceptible qui semblait avoir figé le temps, excepté pour Keï et la créature. D'une voix forte, vide et résonnante, celle-ci lança un appel au démon, qui lui répondra à quatre reprises :

"TOI QUI JADIS FUT MOI..."
- Moi qui jadis fut toi !!

"NOUS QUI JADIS FÛMES TOUT..."
- Nous qui jadis fûmes un !!

"SÉPARÉS NOUS ÉTIONS..."
- Liés nous sommes pourtant !!

"PAR LE LIEN, ÉTERNEL..."
- Le lien d'un seul et même cœur !!

Se tendant alors mutuellement le bras gauche, ils entrèrent en contact ; s'illuminant chacun de blanc et de noir, leurs silhouettes s'emboitèrent lentement l'une dans l'autre pour ne plus en former qu'une. Alors, une détonation magique retentit à l'endroit de leur fusion, et des ondes de chocs noires et blanches se répandirent dans toute la salle, déformant l'atmosphère et les dimensions qui la composaient. L'endroit que Leever connaissait si bien était en train de se tordre, de se liquéfier, de fondre sous ses yeux ; le sol se dérobait, les murs se renversaient, et lui restait là à flotter, dans ce qui ne tarda pas bientôt à ressembler à l'intérieur d'une gigantesque sphère de néant coincée entre des murs difformes et abstraits. Des langues de feu, provenant de la lave qui bordait auparavant l'endroit, traversaient la sphère de parts en parts, dans des trajectoires aussi dangereuses qu'imprévisibles. Et au milieu, au centre de cette sphère, l'Être Suprême complété se tenait.

Outre les cinq ailes d'un rouge sanguin qui lui avaient poussé dans le dos, ainsi qu'une sixième ténébreuse et plus longue, la créature arborait désormais les traits du visage de Keï.

Leever le savait, la bataille qui s'annonçait allait être l'ultime. Désentravé de son immobilité, le cœur vaillant et résolu, il livra à son adversaire le meilleur de lui-même, multipliant prouesses et acrobaties pour se frayer un chemin entre les imprévisibles saillies de flammes et attaquer la créature, dont la puissance, décuplée, surpassait déjà celle de l'Être incomplet que ses compagnons et lui avaient déjà difficilement vaincu. Mais face à un tel adversaire, ses chances frôlaient le néant. Qu'importait le nombre d'estocades, d'horizontales et de diagonales qu'il parvint à lui infliger, et que pouvait bien changer l'exécution de mouvements d'attaques complexes, quand l'entité qui vous faisait face transcendait les limites de l'espèce humaine ?

Un cristal brilla dans la poche de Leever, ou du moins, lui sembla t-il. Acculé, meurtri de sang et de sueur, il se remémora l'objet que lui avait transmis Kajikoh avant qu'ils ne se quittent sur Tritéria, et l'extirpa de sa poche ; il en émanait, effectivement, une pâle et faible lueur que l'homme contempla un instant, dans le creux de sa main, avant de refermer celle-ci sur le petit objet luisant. Qui se brisa subitement, libérant par millions d'infimes particules d'énergie qui, comme absorbées, pénétrèrent dans le poignet et l'avant-bras du mercenaire, y traçant là des entrelacements complexes de symboles rappelant ceux qui ornaient le corps de son adversaire.

Et dans son cœur résonnèrent alors ces paroles :

"Utilise ma force, jeune ange. Ce ne sont là que des fragments, mais ils te guideront vers l'avenir que tu espères..."

Le bras droit ainsi chargé d'une force nouvelle, incommensurable, il s'élança vers l'Être Suprême avec force conviction ; nulle magie ne l'atteignit, nul élément ne fut suffisamment déchaîné par la créature pour l'arrêter. Il pénétra les vents, se joua de la foudre, évita les feux sous l'effet de la transe qui le galvanisait, et de la paume de sa main imprégnée de magie, agrippa violemment le visage de la créature par le front. Une lumière monta à l'endroit de l'impact, tandis que l'Être Suprême poussait des hurlements à double-voix : l'écho de celle de Keï s'éloignant chaque seconde un peu plus de celle de la créature. Les parois sphériques et chaotiques qui les entouraient se mirent à bouger de nouveau, pour finalement retrouver leur forme et leur dimension initiale. Tout semblait être revenu à la normale dans la grande salle carrée bordée de lave.

Une scission. Leever, de par son action, était parvenu à séparer de nouveau Keï de sa moitié bestiale. Silhouette pitoyable agenouillée sur le sol, au regard dément, le démon tendit une main tremblante vers le monstre, abasourdi ; celui-ci ne semblait même plus le considérer.

"J'ai brisé le lien qui vous unissait, dit alors Leever. Je l'ai senti, à travers mon bras. C'est terminé, Keï. Vous êtes désormais voués à rester deux entités bien distinctes."

Le démon tourna lentement la tête vers le mercenaire, le regard vide, vitreux ; il ne semblait plus en mesure de reconnaître qui que ce soit, pas même ses propres souvenirs. Puis sans dire un mot, il se retourna vers le monstre, toujours immobile et désorienté, l'implorant par une gestuelle de plus en plus pathétique. Alors, Leever s'avança vers lui en empoignant son épée, pensant à tous les carnages que provoquerait cet homme s'il le laissait en vie, à tous le chaos et la destruction qu'il apporterait dans leurs rangs si l'on ne faisait rien pour l'en empêcher, tant qu'on le pouvait encore.
Il pouvait, et devait en finir ici, maintenant.

Mais alors qu'elle fendit l'air pour achever le démon, sa lame s'arrêta à mi-hauteur, bloquée net par l'intervention inattendue de la plume noire, celle-là même que le démon avait subtilisée à Squall et qui s'était, contre toute attente, interposée d'elle-même entre le mercenaire et son possesseur. Repoussant violemment Leever en arrière, elle vint s'intercaler entre Keï et l'Être Suprême dans une gerbe d'étincelles noirâtres grandissante ; une voix profonde, désincarnée, sembla alors monter de la plume elle-même.

"PITOYABLE-CREATURE, OBSERVE-MA-VOLONTE-NOUVELLE-A-L'OEUVRE.
LA-VOLONTE-QUI-GIT-EN-CHACUN-DE-VOUS.
LA-VOLONTE-QUE-VOUS-TENTEZ-VAINEMENT-DE-REFRENER.

VOTRE-PROPRE-FOLIE-DESTRUCTRICE
DONT-JE-SUIS-L'ULTIME-MESSIE !"

Une onde de choc puissante, ininterrompue, se propagea dans la salle, contraignant Leever à reculer malgré tous ses efforts pour rester debout. La plume cherchait à recréer le lien entre Kei et l'Être Suprême, et s'il n'intervenait pas... !

Mais il ne pouvait pas les détruire... pas plus qu'il ne pouvait changer le passé.
Il lui fallait pourtant faire quelque chose, agir, sans quoi l'avenir...
L'avenir... ?
"L'avenir n'est pas toujours là où on le croit." lui avait un jour dit Mustahren.

C'est alors qu'il comprit.

L'avenir se trouvait ici, dans le passé. Et c'est dans le passé que se trouvait la réponse à toutes ses questions ! Il connaissait l'avenir proche, car il ne s'agissait rien de moins que du passé de l'époque qu'il venait de quitter !

Il ne pouvait rien changer, non.
Mais il devait accomplir le rôle qui était le sien, rôle dont il mesurait l'étendue désormais !

C'est le docteur Geyser qui le lui avait expliqué autrefois, bien malgré lui. Il lui avait raconté l'histoire de ces hommes qui, jadis, luttèrent contre les monstres et les Golems, créations mystérieuses mais destructrices qui furent près de les anéantir ; ce qui aurait été le cas sans l'intervention d'un guerrier pourvu d'ailes et d'une épée purificatrice, qui alors avait repoussé les viles créatures et les avait scellées dans le Mont des Ténèbres. Et ce guerrier...

"C'est moi... !" réalisa t-il.

Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:33:19

(Chapitre LXV - suite)

Son esprit s'illumina ; ce fut comme si les nuages qui l'embrumaient s'étaient vus soudain dispersés par un rayon de lumière pénétrante. Il regarda son bras droit. Puis, le cœur léger, comme libéré à jamais du doute, il trouva la force d'avancer à contrevent et s'arrêta à quelques mètres des deux entités en fusion. L'existence qui s'était insinuée en lui par le cristal de Kajikoh lui souffla alors un mot, qu'il put entendre clairement résonner dans son esprit, avant de le répéter haut et fort en tendant le bras droit :

"SIGILLARE !!"

Telles foudroyées par un éclair invisible, les deux entités se figèrent ; les puissantes rafales provoquées par l'onde de choc s'essoufflèrent, et la plume noire qui luisait auparavant d'un éclat ténébreux devint terne. Une détonation survint entre Keï et l'Être Suprême, et tous deux furent violemment rejetés de chaque côté de la pièce, tandis que la plume oscillait lentement en direction du sol où elle tombait avec toute la légèreté que l'on pouvait attendre d'une plume normale.

Le corps de Keï luisait d'une lueur blanchâtre, et commençait par endroits à s'effriter, formant ainsi des petites particules lumineuses qui se dispersaient dans l'atmosphère du Mont. De son visage tiraillé par la folie, mais aussi profondément marqué par une fatigue séculaire, il dit alors à Leever :

"Rentrer... Je veux rentrer... chez moi..."

Et ainsi finit-il par disparaître, fragmenté en innombrables petites particules qui s'infiltrèrent dans les parois du Mont ; parois qui l'emprisonneraient jusqu'à ce que Keto l'en délivre des siècles plus tard.

Le sortilège n'avait pas eu d'effet sur l'Être Suprême, qui cependant parut comprendre la situation dans laquelle il se trouvait désormais. Son autre moitié venait de lui être définitivement retirée, et l'énergie qu'il sentait émaner du jeune Zerka représentait désormais une trop grande menace. Fut-ce son instinct de survie qui le fit alors agir ? Car avant même que Leever n'ait le temps de réagir, la créature fit apparaître un vortex noirâtre derrière elle, une faille dimensionnelle comme seule elle pouvait en créer ; elle s'y jeta alors, et le portail ainsi créé se referma aussitôt, ne laissant derrière elle que l'espace vide qu'elle avait un instant auparavant distordu.

L'Être Suprême sombrerait ainsi dans un long sommeil, en dehors de cette dimension, jusqu'à ce que son autre moitié l'en extirpe bien des siècles plus tard. Sans savoir, cependant, que le lien capable de les réunir avait été rompu.

Leever ramassa finalement la plume noire, et tressaillit. Il s'en dégageait toujours un pouvoir terrifiant, à même de corrompre l'esprit de celui qui la détenait, mais le mercenaire s'en aperçut trop tard. Il sentit des filets de ténèbres s'insinuer en lui, prêts à l'asservir, prêts à l'engloutir, prêts à le dévorer de l'intérieur ! Une voix semblait lui hurler de lâcher la plume, mais il ne parvenait déjà plus à contrôler son corps. Il sentait les mailles arriver aux portes de son cœur...

Mais elles n'allèrent pas plus loin.

Comme si elle venait de se brûler sur une flamme trop ardente, l'ombre qui tentait de posséder le corps et l'esprit de Leever se retira petit à petit de celui-ci ; l'homme finit alors par entendre le cri qui tentait de le ramener à la raison, et d'un geste sec, jeta la plume devant lui. Mais au lieu de tomber lentement et avec légèreté sur le sol comme précédemment, elle adopta une trajectoire latérale pour finalement disparaître dans la rivière de lave qui bordait la salle.

"Que s'est-il... passé ? haleta Leever, le souffle court. L'espace d'un instant, j'ai cru que... j'ai cru que j'allais me faire aspirer...
- La plume noire est la production d'un cœur incomplet, lui dit la voix. Elle ne peut contrôler que ceux qui doutent, que ceux qui sont en proie au désespoir, en s'installant dans ce vide qu'ils ressentent en eux. Mais tu n'as plus en toi ce vide, Leever, et c'est pourquoi la plume n'a pu prendre possession d'un corps ou il n'y avait guère de place pour elle.
- Ça veut dire que mon cœur est... complet ?
- Il ne l'est pas de lui-même. Un cœur est incomplet par nature, et possède forcément un vide que tout un chacun voue son existence à combler. C'est une question complexe, qu'une simple addition ne saurait résoudre. Mais ce vide, Leever, tu l'as comblé de la meilleure des façons. Car même si les âges vous séparent, même si tu ne peux entendre leurs voix t'encourager, tes amis sont là, à cette place que tu leur a réservé. Les cœurs des hommes ne sont pas complets, non ; ils se complètent par ces liens forts, sincères, inébranlables qu'ils établissent entre eux."

Leever resta songeur un moment. Puis, après avoir jeté un dernier coup d'œil dans la salle désormais déserte, se demandant si une chute dans la lave pouvait avoir détruit la plume noire, il s'aperçut qu'il lui restait encore une tâche à accomplir. Il quitta les lieux, revint au dehors et scruta les environs. Les combats faisaient rage entre hommes et monstres, et des cadavres des deux camps gisaient de partout. La terre se mit alors à trembler, l'atmosphère devint pestilentielle, et la lumière parut vouloir l'aveugler.

Au nord, il vit une créature rocheuse d'une taille titanesque émerger d'une crevasse du sol. A l'est, il vit une entité spectrale, un gigantesque nuage toxique aux vagues contours humanoïdes. Enfin, au sud, il vit, sans la regarder directement, une tout aussi immense sphère de lumière blanche, animée en surface de faibles remous. C'étaient là les Golems de Terre, de Poison et de Sacré que lui et les siens n'avaient pu trouver autrefois – ou plutôt, qu'ils ne pourraient trouver d'ici plusieurs siècles.

Déployant ses ailes majestueuses, le Zerka s'élança ; il déchaîna le feu sur la créature rocheuse, et la pourfendit d'un coupe de lame en croix une fois son corps ainsi fondu ; il fit souffler le blizzard sur le créature gazeuse, et la fit éclater en mille morceaux d'un coup d'estoc fulgurant en plein cœur de son corps gelé ; enfin, il puisa dans ses dernières ressources et déclencha le plus puissant des sorts Ultima pour faire imploser la sphère lumineuse et disperser ainsi sa lumière dans l'atmosphère, provoquant des clameurs d'incrédulité parmi les rangs humains.

Mais les monstres continuaient d'affluer en tous sens, et bientôt, ce furent les cinq autres Golems qui débarquèrent sur le champ de bataille, attirés par la destruction de leurs semblables. A leurs côtés, Leever reconnut de sinistres silhouettes : Valax, le T-Rex aux dents longues, Reynar, le grand serpent rouge, Menox, le lézard à face écrasée, Seiko, le dragon zombie, Ravilax, le dragon blanc, et Icariko, la fleur jaune. C'étaient là les monstres que lui et les siens auraient à affronter plusieurs siècles plus tard, une fois libérés, eux-aussi, par Keto.

"Mon pouvoir s'affaiblit, lui transmit la voix. Et je sens que tous ces affrontements t'ont épuisé, toi aussi. Utilise ce qu'il me reste pour les sceller, tous ; c'est ta seule chance si tu souhaites sauver tous ces gens."

Alors, Leever s'envola jusqu'au sommet du Mont où il s'immobilisa dans les airs. De là, il fit pivoter son regard tout autour de lui, comme pour repérer le terrain, puis déploya ses ailes luminescentes sur toute leur longueur. Chaque parcelle d'énergie que lui avait octroyé le cristal convergeait désormais vers son bras droit ; il leva celui-ci en l'air et sentit le flux se matérialiser dans la paume de sa main ouverte, formant-là un petit anneau éthéré aux contours indistincts – une auréole, put-on dire.

Il lui fallut de longues secondes pour ainsi pleinement matérialiser l'énergie ; quand il sentit le flux se tarir, il poussa alors un cri de rage et lança l'auréole en direction du Mont des Ténèbres, juste en dessous. L'anneau s'élargit alors en épousant les formes de celui-ci, en atteignit la base, puis se répandit d'un souffle dans un rayon de plusieurs kilomètres. Les monstres s'illuminèrent, à l'instar de Keï plus tôt, et se fragmentèrent alors en milliers, en millions, en milliards de petites lumières blanches qui se mirent à danser dans l'atmosphère, sous les yeux émerveillés des hommes, tandis qu'elles rejoignaient la roche du Mont qu'elles ne quitteraient que bien des siècles plus tard.

Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:33:48

(Chapitre LXV - suite)

Leever se posa au sommet du pic rocheux. C'en était fini, se dit-il. La boucle était bouclée. Il avait accompli ce qu'il devait accomplir, scellé ceux qu'il devait sceller. Il scruta l'horizon, et le soleil couchant au loin, le cœur lourd. Il espérait que ses amis, si loin devant lui désormais, réussissent à reconstruire l'avenir pour lequel ils avaient tant lutté. Il espérait que leurs pleurs laissent place aux rires, et que les doutes et le désespoir laissent place aux convictions et à l'espoir.

Il espérait.
Il espérait...

"Pourquoi pleures-tu, Leever ?" lui demanda la voix.

Surpris, non par ses larmes soudaines mais par le fait que la voix soit toujours là, il répondit :

"Je te croyais disparue. Il te reste encore de l'énergie ?
- Bien sûr. Je...
- Est-ce que je peux te poser une question ? l'interrompit-il aussitôt.
- Je t'écoute.
- Qu'est-ce que tu es ?
- Tritéria, répondit-elle. Ou plutôt, je n'en suis qu'une partie, un fragment de la substance qui la composait.
- C'est étrange, reprit-il. En utilisant tes pouvoirs, j'ai eu le même sentiment que lorsque j'associais une Guardian-Force.
- C'est parce que ces entités ne sont rien de moins que des âmes animées par un seul et même souhait, qu'il soit conscient ou non : celui de protéger d'autres âmes. Mais je suppose que pour une "Guardian-Force", comme tu les appelles, je suis assez particulière.
- Où veux-tu en venir ?
- Je ne suis pas l'âme d'une planète, je suis l'âme de ses habitants. Innombrables sont leurs âmes qui me constituent ; ce sont elles qui t'ont donné la force nécessaire pour protéger les âmes de ce monde qui leur est lié.
- Les âmes de Tritéria... Mais, qu'arrivera t-il si je t'invoque...?
- Si tu tiens à le savoir, pourquoi ne pas vérifier par toi-même ?

Leever se concentra. Il localisa la présence dans son esprit, et entreprit de l'extérioriser hors de son corps ; il y eut alors une soudaine éclaircie dans les nuages qui recouvraient le ciel écarlate, et un mince rayon de lumière jaune en filtra, irradiant de son éclat une petite zone au sol, à quelques pas de Leever. Le sol, rocheux, sec, se mit à verdir, et un petit bourgeon en émergea ; il se mit ensuite à croître à une vitesse décuplée, au point de se transformer en quelques secondes à peine en un arbre majestueux au feuillage trempé par la rosée. Alors, une femme, vêtue de toge blanche, se découvrit subitement de derrière le tronc et s'avança vers le mercenaire. Sa longue chevelure blonde encadrait un visage encore jeune, bien qu'entre deux âges, et le simple fait de croiser son regard argenté donna à Leever un sentiment inexplicable de sécurité et de sérénité. Il ne l'avait jamais rencontrée, ni même vue auparavant, mais quand il ouvrit la bouche pour exprimer sa stupeur soudaine, ce fut ce mot qu'il prononça :

"Mère... ?"

Un mince mais chaleureux sourire aux lèvres, elle s'approcha de son fils tandis que celui-ci sentait les larmes lui monter aux yeux.

"Comment... Comment est-ce possible ? Tu es... Tu es...
- Morte, termina t-elle. La femme qui se tient devant toi est une des nombreuses âmes qui me composent, et que tu souhaitais revoir au plus profond de toi-même ; c'est pourquoi tu me vois ainsi. Mais elle n'est plus réellement Kitara, ta mère, bien que je ressente l'immense fierté qu'elle éprouve en ce moment."

A ces mots, Leever se sentit fondre, mais il réfréna ses larmes autant que possible ; quoi qu'à sa grande surprise, son visage fut déjà marqué de chaque côté par des sillons humides. Alors, la jeune femme avança une main et, avec douceur, effaça les larmes qui lui coulaient de l'œil droit. Puis, avec tendresse, elle l'enlaça comme seule une mère pouvait enlacer son fils, et le visage de celui-ci s'enfouit sur son épaule.

"Tu ne peux pas rester là, tu sais ? lui dit-elle. Ce n'est pas le monde auquel tu appartiens.
- Je suis pourtant coincé ici, lui répondit-il avec un léger rictus de dépit. Loin des miens, loin de tout. Il n'y a plus rien que je puisse faire pour les retrouver. Rien. Rien...
- Oui, c'est exact... Tu as accompli tout ce que tu devais accomplir. Mais il me reste une dernière chose à faire, Leever."

Il releva la tête, intrigué.

"Une dernière chose ?
- Je vais utiliser les dernières bribes de pouvoir que j'ai conservées, pour ton salut, lui dit-elle. Elles suffiront à te sceller, toi aussi, dans cette montagne.
- Me sceller !? Oh, réalisa t-il.
- Oui, c'est la seule façon que j'ai de te faire traverser le temps, sans qu'il n'ait d'influence sur toi.
- Mais, et si personne ne me trouvait jamais ? Comment pourrait-on savoir que je suis... ?
- Aie confiance en tes amis. Ils te trouveront, sois-en certain."

Une lumière verte irradia la main de la jeune femme, tandis qu'elle en caressait le visage de son fils.

"Ne t'inquiète pas, ajouta t-elle. Les années ne te paraîtront que des heures, et je serai là, à tes côtés, à veiller sur toi jusqu'au bout. Sois tranquille et repose-toi bien... mon ange.
- Mère..."

La lumière verte gagna en intensité, et tous deux s'illuminèrent du même teint, le teint vital de Tritéria. Puis leurs silhouettes éclatèrent, et les particules d'un vert radieux qui les composait vinrent pénétrer la roche du Mont des Ténèbres, où elles disparurent.

      • **
Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:34:12

(Chapitre LXV - suite et fin)

Leur ami venait juste d'être emporté par le démon, dans le vortex qu'avait laissé derrière lui l'Être Suprême une fois vaincu, et qui s'était ensuite refermé derrière les deux hommes. Ni Squall, ni Assylia, ni qui que ce soit parmi eux n'avait eu le temps d'intervenir pour le sauver. Où conduisait ce portail, et quelles épreuves s'y trouvaient de l'autre côté ? Pourrait-il jamais leur revenir, si quand bien même il parvenait à s'en sortir ?

Ils se jetaient chacun des regards anxieux, méprisant leur propre impuissance après être pourtant parvenus à sauver leur monde. Mais l'avaient-ils seulement sauvé ? Si leur espoir se tournait vers un retour de Leever, comment ne pas redouter de l'autre côté un retour de Keï ?

Dès la disparition de son compagnon, Assylia était tombée à genoux sur le sol, sans savoir que faire, sans savoir si elle reverrait un jour celui qu'elle aimait. Jusqu'alors, chacun d'entre eux avait toujours été présent pour soutenir l'autre, mais cette fois, c'était différent. Il devait affronter ce qui l'attendait seul, sans qu'elle puisse lui porter assistance autrement qu'en ayant confiance en lui, et en son retour ; c'était là pour elle la pire des frustrations. N'y avait-il donc vraiment rien d'autre qu'elle puisse faire ? Elle aurait tant aimé que Kajikoh soit toujours à leurs côtés pour leur porter conseil...

Elle se rappela alors la petite perle verte que lui avait confiée son défunt mentor, peu avant qu'il ne les expédie ici, et la sortit machinalement de sa poche. Un faible éclat vert semblait en pulser, comme un battement de cœur. Intriguée par le phénomène, la jeune femme observa fixement la petite sphère pendant une poignée de secondes, comme pour essayer d'en décrypter la nature.

Soudain, son esprit s'illumina brièvement d'un flash de lumière verte, au milieu duquel elle crut voir un minuscule point. Elle continua de fixer la perle, jusqu'à ce qu'un nouveau flash apparaisse, zoomant cette fois sur le point, qui semblait être la silhouette d'un homme. Animée d'un espoir renaissant, elle poursuivit son effort de concentration sur la petite sphère, qui pulsait toujours du même et faible éclat. Il y eut alors un troisième flash...

"Leever !..." murmura t-elle d'un souffle en relevant la tête.

Elle se leva brusquement, puis partit à toutes allure en direction des ruines du Mont sous le regard interloqué de ses amis, qui ne tardèrent pas à lui emboiter le pas.

Il ne restait du Mont qu'une poignée de racines rocheuses au fond d'un cratère béant, ainsi qu'un énorme trou obstrué en son centre, trou par lequel ils s'étaient autrefois infiltrés pour atterrir directement, et bien plus bas, dans la fameuse salle bordée de lave. Le paysage alentour était parsemé de débris, mais la plupart des morceaux de roche qui composaient la montagne s'étaient désintégrées quand Keï avait détruit celle-ci.

Assylia pénétra dans le cratère dévasté, puis, tout en en enjambant les gravas, et s'aidant de la lumière de ses propres ailes, se mit à chercher du regard le signe qu'elle espérait ; elle retourna chaque pierre qu'elle pouvait retourner, pendant de longues minutes, mais n'y trouva là que de simples et banals cailloux et rochers. Alors, elle entendit derrière elle des bruits de pas piétiner le sol rocailleux du cratère. C'étaient Squall, Quistis, Selphie, Seifer, Irvine et Linoa. Sans poser de questions, ils se dispersèrent alors chacun de leur côté, et se mirent à fouiller à leur tour dans les gravas du Mont.

"Merci..." fit-elle tout bas, touchée par l'aide que venaient lui apporter ses amis.

Déterminée, elle se remit à chercher. De longues minutes passèrent ainsi, où chacun d'entre eux s'évertuait à passer au peigne fin les moindres recoins du cratère, espérant découvrir un signe qui sortirait de l'ordinaire dans une nuit qui, peu à peu, tirait sa révérence. Ils étaient épuisés, éreintés, mais ils continuaient obstinément leurs recherches, aussi vaines puissent-elle paraître.

Les mains d'Assylia lui faisaient affreusement mal, toutes noircies et ensanglantées qu'elles étaient. "Juste un rocher de plus" se disait-elle, en guise d'encouragement. "Tant que j'arriverais à en soulever encore un, je dois continuer" persistait même t-elle. "Je ne dois pas ab..."

C'est alors qu'elle le trouva.

En rejetant un rocher plat adossé en diagonale sur un autre rocher, elle découvrit là, en-dessous, une pierre étrange à peine plus grosse qu'un poing qui lui parut émettre un battement. En hâte, elle extirpa de nouveau de sa poche la perle verte, et constata que la pulsation avait gagné en éclat et en intensité, mais, surtout, qu'elle s'était mise à réagir en symbiose avec la mystérieuse pierre ; en effet, une lumière verte y pulsait désormais, de manière parfaitement synchronisée avec la perle. Fébrile, le souffle court, la jeune femme tendit la petite sphère vers le rocher, accélérant ainsi leurs battements respectifs, avant de, finalement, faire entrer les deux structures en contact ; la sphère pénétra alors dans la roche comme si la surface en avait été aqueuse.

Une colonne de lumière verte s'éleva du rocher, si haut qu'elle sembla atteindre les étoiles vacillantes du jour naissant, et si intensément qu'elle attira l'attention de Squall et des autres qui se précipitèrent alors vers l'endroit d'où émanait le phénomène.

La luminosité était telle, à vrai dire, qu'Assylia dut se passer un bras devant les yeux pour ne pas être aveuglée. Ce ne fut qu'au terme d'une poignée de secondes, qui lui semblèrent des heures, que la lumière retomba et qu'elle put finalement abaisser son bras, fébrile, dernier rempart entre l'espoir et sa réalisation.

Humides, alors, furent les yeux de la belle
Quand après l'éternelle marche funèbre,
Daigna enfin se révéler à eux, à elle,
Le secret du Mont des Ténèbres.

Chronos_Squall
Niveau 10
23 avril 2014 à 02:34:52

---- ÉPILOGUE

Cinq années venaient de s'écouler...

Saccagées durant la crise, Deling City, Timber et Horizon furent rebâties grâce au soutien d'Esthar et du président Laguna Loire, mais également grâce à celui de Fury Caraway, père de Linoa et ex-Major de l'armée, qui fut élu Président de Galbadia. Laissée dans un état chaotique après les actes indirects d'Ultimécia, la nation retrouva ainsi l'équilibre, bien aidée dans cette tâche par le général intérimaire Kyle Farscape, qui conserva ses fonctions et prêta serment de n'employer ses troupes que pour veiller au maintien d'une paix durable.

La BGU, elle aussi détruite durant les sombres événements, fut reconstruite à l'identique par des ingénieurs rescapés d'Horizon. Elle parcourait mille cieux comme un symbole d'abnégation et de paix, formant en ses murs des SeeDs qui continueraient d'œuvrer pour le bien de tous à travers le monde ; avec à leur tête le charismatique Squall Leonhart, sa femme Linoa, ainsi que leurs deux petits garçons qui, déjà, semblaient voués à marcher sur les traces de leur glorieux père.

Quistis Trèpe, quant à elle, avait accepté de reprendre ses fonctions d'Institutrice au sien de l'université. Admirée de tous ses élèves, elle s'épanouit pleinement dans son rôle de pédagogue et mena une vie heureuse ponctuée de voyages aux quatre coins de la terre, bien qu'elle se surprenait régulièrement à penser à Seifer, qui avait quitté la BGU et tous les siens aussitôt la bataille terminée, sans qu'on n'eut de nouvelle de lui. Mais les journaux rapportèrent à maintes reprises les hauts-faits d'un trio d'exterminateurs de monstres atypique, composé d'un balafré, d'une femme borgne et d'une brute excentrique.

Après avoir mené quelques missions pour la BGU, Selphie Tilmitt alla s'installer avec son conjoint, Irvine Kinnéas, dans la cité reconstruite de Deling City, où elle occupa l'essentiel de son temps à s'occuper d'enfants le jour, et faire la fête la nuit. Et quand il ne la rendait pas folle de jalousie en flattant la gent féminine, Irvine partait en mission avec Kyle, soit en tant qu'ambassadeur de la paix, soit pour s'occuper de quelques monstres fauteurs de troubles ci et là. Il devint enfin beaucoup plus responsable le jour où il apprit qu'il allait être le père d'une petite fille.

Les survivants de Tritéria furent eux accueillis à Esthar, et bâtirent leur propre ville non loin de la grande cité technologique, à quelques encablures de Lunar Gate. Il fut dit que le vieux Dryan et le docteur Geyser s'entendirent à merveille, et qu'entre eux s'opéra un échange de savoir qui, ultimement, put bénéficier aux deux parties.

Enfin, sur le rivage nocturne du petit village de Winhill, Assylia venait chaque soir scruter le ciel étoilé avec le même élan de nostalgie que ses pairs ; la maison qui l'avait vu grandir se trouvait toujours là-haut, et le resterait quoiqu'il en fût. Ça ne l'empêcha pas d'apprécier les plaisirs simples de sa nouvelle vie comme celui de rester là, assise sur un banc, admirant le calme océan, se laissant emporter par le bruit des vagues et cette douce sensation de sérénité. Le cœur léger, comblé par le bonheur, elle ferma les yeux, avant que sa tête ne bascule lentement sur l'épaule de l'homme assis à ses côtés.

Et ainsi finit-elle par s'endormir.

Ekud
Niveau 21
14 octobre 2014 à 17:08:20

Et ben merde, j'étais pas repassé depuis des mois.

Ca fait bizarre de voir cette histoire achevée. J'suis quand même bien content que tu aies réussi à aller jusqu'au bout, et c'était vraiment un plaisir de lire cette fiction :D

J'espère quand même que d'autres tomberont dessus =) tu mérites un peu plus de vues :/

yoshi1515
Niveau 12
19 octobre 2014 à 12:20:13

"Ca fait bizarre de voir cette histoire achevée."

Malheureusement c'est le cas de très peu de fanfic :snif: moi aussi j'ai eut du mal à y croire il y a quelques mois, qu'il ait décider après tant d'années écouler de la terminée.

Ekud
Niveau 21
28 avril 2020 à 11:05:09

Si longtemps deja

42
Sujet : FanFic : Le secret du Mont des Tenébres
   Retour haut de page
Consulter la version web de cette page