Partie 1 : Judas, le prophète misanthrope.
Chapitre 4 : Toriga
Elle s'agitait au loin, de ses bras qui étaient la seule partie perceptible de son anatomie. Elle s'agitait dans le coin de la rue faiblement éclairée par la lune et ses étoiles, où se trouvait Uub. Elle s'agitait et appelait à l'aide... Celle-ci était entre deux gros hommes, tellement gros qu'ils parvenaient à l'encercler.
Uub ne perdit pas une minute et se rua sur les agresseurs. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait vu en cette femme cette personne généreuse qu'il cherchait depuis des jours déjà ! Notre ami se trouva nez à nez devant les agresseurs qui le dévisageaient et qui s'apprêtaient à tirer sur ce pauvre petit brin de femme. Ceux-ci voulurent lui dire de déguerpir au plus vite mais Uub ne les laissa pas terminer leur phrase et les assomma sans aucune difficulté.
Lorsque les deux voyons tombèrent à terre, Uub pu enfin la voir en entière et au maximum de sa splendeur. La jeune femme le regardait, bouche bée, pleine d'admiration et de reconnaissance. Elle était ébahie devant ce jeune homme qu'elle attendait tant, à l'instar de Uub.
Elle était fine et vêtue de vêtements plutôt simples tout en arborant une certaine couche d'excentricité : ses cheveux châtains qui paraissaient coiffés tout en ne l'étant pas, étaient recouverts de quelques pétales de rose et elle cachait ses yeux derrière une imposante paire de lunettes dont les verres étaient semblables à des joyaux. En effet, ces verres arboraient plusieurs centaines de petites faces de couleurs différentes dans lesquelles Uub voyait son reflet et qui donnaient l'illusion que des diamants ornaient ses yeux. Uub était bien décidé à les voir d'ailleurs ses yeux ! Cette femme qui était la plus charmante qu'il n'avait jamais vue, semblait avoir compris le désir de Uub : dans un geste de soumission, elle pinça la branche droite de ses lunettes et les ramena sur le bout de son nez avec un mouvement de grâce et de simplicité, laissant percevoir ses yeux, verts...
Uub s'y noyait. Dans ce vert qui ne semblait pas naturel tant il était vif. Elle le regardait toujours, bouche bée...
Cette confrontation visuelle ne prenait pas fin. Uub était littéralement absorbé par cette femme qui aurait pu lui dire de faire n'importe quoi, tandis que l'autre était tout simplement admirative : ce jeune homme l'avait sauvée des griffes de ces brigands avec une telle aisance !
Il voulait entendre le son de sa voix ! Il pensa tout d'abord que cela aurait été malpoli de lui demander de l'argent en échange et se décida à lui demander son prénom, tout en ayant l'étrange impression de connaître la réponse à l'avance :
-Pou... Pourrais-je savoir quel est votre nom ? Balbutia Uub avec une profonde maladresse dont il se repentit.
La jeune fille enleva tout d'abord ses lunettes qu'elle mit dans une poche de son sac, et, comme surprise que ce jeune homme ait eu l'audace de rompre le silence, le regarda avec un léger froncement de sourcils. Celle-ci adressa un léger sourire à Uub tout en lui répondant d'une voix sophistiquée :
-Toriga !
Il le savait... Ces trois syllabes raisonnèrent dans la tête de notre jeune ami et il sut qu'elles allaient changer sa vie.
Uub voulut entendre de nouveau le son de sa voix. Il cherchait une autre question à lui poser mais celle-ci s'exécuta sans qu'il ne lui demande.
Elle sortit d'un petit sac à main un porte monnaie dont elle sortit plusieurs billets de grande valeur qu'elle tendit à notre ami, comme si elle avait deviné la nécessité du village de celui-ci. Uub regardait les billets comme ébahi et la jeune Toriga répété plusieurs fois, d'une voix assurée :
-Prenez les ! Allez y prenez les ! Je suis désolée, je ne peux que vous donner cela en échange de ce que vous avez fait pour moi, je sais c'est peu...
Uub accepta l'argent. Il ne sut pourquoi mais il fut quelque peu déçu, comme s'il avait espéré recevoir quelque chose d’autre en échange, pourtant cet argent, c'est ce qu'il cherchait désespérément depuis des jours maintenant. Mais il fut soudain secoué par l'image de son village qui mourait de faim et qu'il devait aider. Il n'en revenait pas ! Il avait eu pendant quelques secondes seulement une pensée totalement égoïste : il aurait voulu l'amour de Toriga pour lui seul ! Il se consola en se disant que l’argent valait bien mieux que l'amour mais cette nouvelle pensée l'étonna également et le fit frémir. Comment avait-il pu penser que l'argent avait plus de valeur que l'amour ?
Toriga s'aperçut du tourment de Uub et l'invita à aller boire un verre dans un café.
Tous deux se rendirent au pub le plus proche et s'installèrent sur une table à la terrasse, baignée par la chaude lumière qui émanait des lampadaires .
Un serveur vint prendre commande et fut quelque peu troublé par la tenue peu urbaine de Uub. En effet, celui-ci était toujours vêtu de ce même kimono orange que lui avait offert Sangoku. Toriga fit cesser le regard forcé du serveur sur Uub en demandant un café. Notre ami, fit de même, sans même savoir ce qu'était le café.
Le serveur revint presque instantanément et servit les deux cafés. Uub se pencha au-dessus de sa tasse et constata qu'elle était remplie d'un liquide noir à l'odeur assez forte qui lui donna des haut le cœur. Il releva la tête avec une expression de dégoût sur son visage et eut la surprise de voir que Toriga se régalait et cachait ce qui semblait être un sourire, derrière sa tasse. Il la contempla elle et ses yeux verts et se rendit compte que ce regard soutenu la gênait au point qu'elle baissa les yeux.
Uub prit alors son courage à deux mains et se risqua à boire quelques gouttes de ce breuvage qui l'inspirait peu, pendant que la belle Toriga lui posa une question qu'il n'entendit pas, trop occupé par ce « café » qui allait probablement l'empoisonner. Il dessina une large grimace sur son visage lorsque ses lèvres et sa langue furent en contact avec cette horrible boisson qu'il faillit recracher.
C'est alors qu'il vit Toriga le regarder avec ses yeux grands ouverts qui mimaient sa stupeur. Uub comprit dès lors que sa grimace n'était pas vraiment en adéquation avec ce que venait de dire cette femme qu'il désirait tant. Il n'osa pas la faire répéter, de peur d'être encore plus maladroit et esquissa un sourire niais qui ne fit que renforcer le regard réprobateur de Toriga.
Celle-ci, comme gênée par la situation lui demanda en regardant son kimono :
-Vous pratiquez les arts martiaux ?
-Oui ! Répondit Uub avec un enthousiasme qu'il ne sut cacher. Je pourrai vous faire une démonstration un jour si vous le souhaitez.
-J'en serai ravie ! Je suis fan des arts martiaux, Satan est mon idole !
Uub ne trouva rien à répondre si ce n'est qu'un « Ah » qui s'échappa accidentellement de sa bouche. Que pouvait-elle bien lui trouver à cet homme qui était le plus gros imposteur de tous les temps ?
Toriga fut comme outrée de cette réaction peu élogieuse à l'égard de Satan qui était tout de même le sauveur de l'univers ! Celle-ci décida de changer de sujet et demanda à Uub où il habitait.
-Oh vous ne connaissez sans doute pas... Je viens d'un petit village loin d'ici où il y fait trop chaud et où l'eau ne coule plus, enfin bref rien de transcendant... Et vous ?
Toriga ne sembla pas entendre la dernière phrase et fut aussitôt comme envoûtée par Uub : celle-ci posa ses deux coudes sur la table et posa sa tête entre ses deux joues et demanda avec une de ses voix sincères et intéressée :
-Dîtes m'en plus !
Uub fut quelque peu troublé par cette réaction positive. Était-ce lui où les assoiffés qui l'intéressaient ?
!)), remarque, je crois pas qu'ils en faisaient autant pour San Gohan. 
