Elle se jeta en avant, poignard en main. Le pied de Magnus la percuta en plein ventre, et elle s'effondra, pliée en deux.
-Tu as tes amis. J'ai les miens. Nos chemins ont peut-être été parallèles, ils ne le sont plus, et ce depuis que tu as choisi le mauvais camp en rejoignant Medusa.
-Magnus, tu es un corbeau, pas une colombe... Ton armure n'est pas de la bonne couleur, ton alliance n'est pas celle qui t'avantage le mieux.
-Peut-être, mais j'ai mes raisons de rester aux côtés de Viridi.
-Ouais, répondit-elle en se relevant péniblement. Tu vas me sortir un discours enflammé sur la force de l'amitié ?
-D'où est-ce que tu crois que je sors cette magnifique armure blanche ? Viridi me paye bien mieux que ton chef ne le pourra jamais.
-Le fric ? Tu n'as donc pas changé, Magnus. Moi qui pensais que j'avais réussi à te tirer ne serait-ce qu'un peu de la crasse qui te caractérisait... Allez, Ravenheart, à l'attaque ! Cracha-t-elle dans une pierre pende à son cou, avant de se sauver en courant. Dolph allait se lancer à sa poursuite, quand Pit le retient et désigna le ciel. Le soleil avait disparu, caché par une nuée de corbeaux géants, qui se dirigeaient vers le sud. Vers le sud, et...
-Ils vont vers le temple, non ? S'inquiéta Dolph.
-Si. Et ils larguent des bombes.
En effet, quelques explosions se faisaient voir ici et là. Avant que Dolph ou Magnus n'ait le temps de dire quoi que ce soit, Pit avait déjà bandé son arc. Tout de suite les premières flèches fusèrent, et les premiers oiseaux, avec leurs cavaliers tout de noir vêtus, tombèrent.
-Pit, continue à avancer, ordonna Viridi par communication magique. On doit d'abord virer Hadès de chez nous avant de s'occuper des noirs.
-Tt... OK. Les gars, on continue à avancer !
Et l'armée se remit en marche.
-Ouah... La maison m'avait manqué... Oh là là ce tas de courrier ! Alors... Arès qui démissionne pour un mois suite aux conditions imposées à sa défaite par Pyrhhon... Pfff... Un dieu de la guerre incapable de gagner une bataille... Pathétique. Les réclamations du peuple... On range là...
Il empila soigneusement les doléances de ses sujets sur une partie de la table basse, y ajouta les rappels d'impôts, qu'il refusait de payer depuis... trente ans. Et malgré tous les rappels ils n'osaient pas venir les chercher... Un sourire aux lèvres, le dieu saisit le troisième type de lettre, des pubs, qu'il empila sur le reste. Ensuite, il prit les enveloppes une par une, et joua à l'un de ses jeux préférés. La première lettre atterrit pile au centre de la cheminée, suivit par la deuxième, et ainsi de suite. Les réclamations de ses sujets, les rappels d'impôts et les pubs y passèrent tour à tour. Sur la table, il ne restait qu'une lettre, une lettre officielle, comme il n'en avait pas vu depuis cinq cent ans. Il l'ouvrit.
-... Une Assemblée ? Viridi, Pyrrhon et Dynthos... Pour que le vieux s'en mêle, ça doit être important. Accélérer la fin du cycle, remettre à zéro... Donc Palutena ne m'a pas menti. J'y irai. En attendant...
Il se leva, et sortit de ses appartements. Il passa dans la partie obscure du palais, puis refit surface dans la salle du trône, où un homme attendait toujours ses ordres.
-Sieur Hadès, peut-être désirez-vous quelque chose à boire ?
-Nan. Je veux juste ordonner un envoi de renforts à Shizen. Va aussi me chercher Thanatos et Pandora Amazone.
-Bien ! Autre chose ?
-Non. Vas-y, et fais vite.
L'homme disparut.
Il fit vite. Au bout de quelques minutes seulement Thanatos, toujours aussi puissamment bâti, ses cheveux verts coiffés en piques, et Pandora Amazone, exhibant sans retenue son beau corps, étaient au rapport.
-Viridi a convoqué une Assemblée.
-Toute seule ? Demanda le dieu de la mort.
-T'as toujours aussi peu de neurones ! S'exclama Pandora. Bien sûr qu'elle peut pas faire ça toute seule ! Ils étaient trois, erreur ?
-Aucune erreur. Et aucune importance, combien ils étaient. Chaque dieu au besoin d'une escorte de deux personnes maximum.
-C'est peu. Si c'est un piège on est dans la merde, commenta la déesse des calamités.
-Je l'sais. C'est pour ça que j'ai besoin de vous. Vous viendrez avec moi demain. Des objections ?
-Non.
-Nan.
-Ça tombe bien, ça n'aurait rien changé. Vous pouvez disposer.
-... Ouais, ils seront les plus à même de me défendre.
La déesse de la lumière posa ses fiches. Le bonus de trois cent pour cent appliqué à toutes les stats de ces généraux en présence de Pit n'était pas négligeable, et on ne pouvait pas douter que l'ange serait avec Viridi. Toujours à faire le lèche-bottes... Elle saisit une pierre, qui retransmettait en direct la moindre de ses paroles dans tout le temple.
-Silver et Light, dans mon bureau.
Ce genre de convocations publiques effrayait la plupart des guerriers, qui se tenaient à carreau pour ne pas être blessés dans leur honneur. En général elle les convoquait en privé. Mais Silver comme Light n'avaient plus le moindre honneur, donc elle ne se gênait pas.
Ils ne tardèrent pas à apparaître. D'abord Silver, dont la chevelure, d'un blanc éclatant, justifiait le nom, puis Light, avec une expression plus sombre que son surnom pourrait laisser penser. Silver et Light, frères, n'avaient que peu de points communs. L'un avait les cheveux blancs et longs, toujours en pics, le second les avait courts et noirs. Le premier avait un beau visage et tendait à tout le temps sourire, tandis que le second était toujours maussade et fermé. Toutefois ils se ressemblaient en un point : Leur haine pour Pit. Tous les deux avaient tenté d'entrer dans la Garde Blanche, et avaient été recalés. Leur déception avait transformé cet événement, dans leur esprit malade, en humiliation publique, et ils haïssaient l'ange de tout leur coeur.
-Qu'est-ce que vous nous voulez, dame Palutena ? Demanda Silver avec un sourire avenant.
-Une Assemblée a été convoquée, et j'ai besoin d'une escorte de deux personnes.
-Pourquoi nous ? Grommela Light.
-Il y aura probablement Pit.
-Êtes-vous sérieuse ?
-Douterais-tu de la véracité de mes propos, Silver ? Si moi, Palutena, déesse de la lumière et meilleure stratège de tous les temps, dis que Pit sera à l'Assemblée, c'est qu'il y sera.
-OUAIS ! Rugit Light. Enfin je tiens ma vengeance ! Enfin mes lames lui déchireront le corps et répandront ses entrailles et ses viscères ! Enfin j'aurai l'honneur de le pendre avec ses intestins ! Enfin nous pourrons, mon frère, lui faire payer ses trop nombreux affronts ! Enfin !
-Sache Light que je partage mon enthousiasme, commenta Silver. Quand partons-nous ?
-Il est hors de question de toucher à Pit pendant l'Assemblée.
-On pourra, après ?
-Après, à partir du moment où on sera sortis du cercle de Trêve, vous pourrez faire ce que vous voulez.
-OUI ! Enfin on tient notre vengeance !
-Bien. Vous pouvez disposer, j'ai à faire. Préparez votre quadrige, on part bientôt.
-Bien !
-Tout de suite, ma Dame.
-Ils ont arrêté de tirer ? J'm'attendais à des pertes bien plus nombreuses... Section deux, décalez-vous à droite. Section trois, même chose à gauche. Vous connaissez le principe ? Il y a trois grosses entrées dans le quartier du temple. Une au nord, une au sud-ouest et une au sud-est. On va pas passer par là. Nord, est et ouest. On fait sauter les murs, et on débarque. On liquide toute résistance et on prend le plus d'otages importants possibles.
Après confirmation de ses alliés, Raven laissa sa pierre pendre à son cou.
-Batterie d'artillerie et de fusiliers à droite ! Prévint Joshua. Une heure ! Euh, nan, une et demie ! Deux ! Deux et demie ! Trois ! Ils commencent à tirer !
Joshua... C'était le moment de prouver s'il était digne de confiance. De toute façon Raven avait emmené dix fois trop d'hommes, s'attendant à une résistance plus nourrie, la perte d'une sous-section ne serait pas trop pénalisante.
-Va t'en occuper, ordonna le chef. Dépêche-toi et ne laisse aucun survivant ! Il en va de ton poste au Ravenheart !
-Tu ne me fais pas confiance, hein ? Sous-section quinze, sous mon commandement, on va faire un peu de rase-mottes !
Une vingtaine de corbeaux plongea. Bien, au moins ses hommes le respectaient... Jusqu'à sa première erreur, où il verrait tous ses soldats l'abandonner.
-Les canons vont commencer à frapper, prévint Nina en venant se ranger à ses côtés.
-Lesquels ?
-On est en train de passer au-dessus d'un fort. Il y en a un autre à deux heures et un troisième à dix. Sans oublier que le temple est fortifié, et que les tours doivent être remplies de canons et d'artilleurs. On a affaire à Solice.
-Je ne l'oublie pas.
-On fait quoi ?
-On attend...
Raven commençait à voir... Les canons, en-dessous d'eux, commençaient à se dresser. Ceux des forts, à droite et à gauche, suivaient le mouvement. Il devinait les hommes, aux fenêtres du temple, avec fusils et armes à longue distance... Il devinait les archers dans la cour, arcs bandés, prêts à décocher. Les canons commençaient à s'allonger, signe d'une salve imminente. Les hommes avaient remarqué, et la tension montait en flèche au sein du groupe.
-Attendez... Pas tout de suite... Encore un peu...
Les canons atteignirent leur longueur maximale, près de trois mètres...
-Maintenant ! DISPERSION GENERALE ! TOUT DE SUITE !
Il remonta en chandelle. Autour de lui, les corbeaux s'écartaient dans tous les sens, et les boulets passèrent au milieu d'un cercle qui n'existait plus.
-Formation des sections, séparément. Exécution !
Les oiseaux et leurs cavaliers se rassemblèrent par section, et tout de suite fusa le nouvel ordre :
-Contournement du bâtiment cible ! Nina à l'est, Kevin à l'ouest, puis atterrissage ! Exécution !
Lui-même commença à descendre, et tous les corbeaux de sa section se posèrent dans une ruelle, devant le grand mur du quartier du temple, où ils furent rejoints par la sous-section de Joshua.
-Alors ?
-Vixerunt.
« Ils vécurent », en latin. Une phrase employée par Cicéron au retour de son combat contre les partenaires d'un de ses ennemis.
-Bien.
-La bombe est posée, chef !
En effet,pendant que Raven et Joshua discutaient, une grosse caisse rouge avait été fixée au mur.
-Bien ! On attend les autres.
Ils n'attendirent pas longtemps. Quelques minutes plus tard Nina comme Kevin annoncèrent leur réussite. C'était décidément bien simple...
-OK, on fait tout péter, répondit-il avant de couper la communication. Les gars ! Faites-moi sauter ce mur !
Il recula avec ses hommes. L'un d'entre eux appuya sur le bouton rouge d'une télécommande. Trois secondes plus tard, la caisse explosa, ouvrant dans le mur une magnifique brèche, dans par laquelle passèrent une dizaine d'hommes dont Raven et Joshua. Ils débarquèrent dans une magnifique cour pleine d'herbe avec un arbre énorme au milieu... Et partout, allongés sur des couvertures blanches et des matelas ou à même le sol, des blessés, et des gens qui s'en occupaient. Les premiers soldats ne tardèrent pas à arriver. Une dizaine. Raven leva le bras, et appuya sur la détente de son arme. Une rafale creva l'air, et la moitié des soldats s'effondra. L'autre partie eut le plaisir de goûter aux lames des combattants en noir. Très vite les troupes de Nina rejoignirent celles de Raven, et ils s'enfoncèrent dans le bâtiment à la recherche de Kevin, en laissant derrière eux un bon nombre d'hommes pour sécuriser la zone et neutraliser les soigneurs qui éventuellement auraient pu se rebeller.
Ils traversèrent un couloir, éliminèrent deux gardes, puis en traversèrent un autre, et un troisième, guidés par le bruit des combats. Ils finirent dans en grande salle pleine de cadavres de soldats, vêtus de noir ou de vert. Au milieu d'un cercle d'armures de nuit, Kevin jouait de l'épée face au chef des soldats, que nul n'eut de mal à reconnaître. Kevin chantait. En se battant, il chantait, ses écouteurs vissés dans ses oreilles. Toutefois il s'interrompit au milieu de sa phrase quand, tout à son chant, il ouvrit légèrement sa garde, et la lame de son ennemi s'enfonça jusqu'à la garde dans son ventre, entre deux pièces d'armure, coupant net le fil des écouteurs.
-C'est bon, tu m'entends ? Alors écoute-moi bien. Promets de quitter ce temple avec armes et hommes dès que j'aurai retiré mon épée. Sinon, je la bouge, et elle passera à travers la grosse artère qui te traverse le ventre. Fais ton choix !
-C'est plutôt à toi de faire le tien, Renly de la Nature, intervint Raven, pistolet tendu. Soit tu lâches ton arme, tu te rends et tu vis, soit je te loge une balle dans la tête et, fatalement, inéluctablement, indubitablement, tu meurs.
Renly ne répondit pas tout de suite. Une fois de plus il était le seul de son groupe à survivre. Et il était entouré d'ennemis. Il avait espéré des renforts, les renforts étaient arrivés... Mais leur armure était loin d'être verte. Et il n'était pas en bonne posture... S'il mourait maintenant, ce serait totalement inutile, car il n'aurait le temps de tuer qu'un homme, et encore, avant que la balle ne l'atteigne. Ses mains, lentement, s'ouvrirent et s'éloignèrent de la garde de son épée, prudemment, sans geste brusque. Puis, toujours en douceur, il se laissa tomber à genoux, et prononça ses paroles qui se plantèrent dans son coeur comme autant de stalactites :
-Je me rends.
Jamais Renly, la Lame de Jade, n'avait eu à se rendre. Il avait toujours mis un point d'honneur à appliquer le Code de Jade, dont l'un article disait « Vaincre ou mourir sont les seuls choix au combat ». Il avait fait le troisième choix, il n'était plus digne de servir la Nature. Il envisagea de se planter son épée dans le coeur, mais réalisa bien vite qu'elle était toujours dans le ventre du chef ennemi. « Un guerrier ne se sépare jamais de son arme. » Transgresser deux commandements en un geste... Il avait fait fort. L'homme à la cape, celui avec le pistolet, lui mit les menottes aux poignets, puis le laissa là pour s'occuper de celui en noir, qui, au sol, enlevait son armure pour observer la blessure de l'épée, un morceau de tissu dans la bouche pour ne pas hurler.
Quelques heures plus tard, une fois l'armure de cet idiot de Kevin remise sur sa blessure soignée, Raven se décida enfin à se bouger.
-On va où ? Demanda Nina.
-On, avance vers le coeur du temple, c'est ici que doit être Viridi.
Toujours cette voix, cette même voix inflexible de celui qui sait ce qu'il veut et qui sait qu'il l'aura. Elle lui aurait bien fait ravaler sa prétention et son air supérieur, si elle ne doutait pas de pouvoir le battre. Si elle n'était pas persuadée de n'avoir aucune chance contre lui.
-Donc on va aller voir Viridi, commenta Joshua...
-Oh, oui, c'est vrai, railla la femme. T'a été dans le camp Palutena, dans le camp Hadès, dans le camp humain, mais pas encore chez la pétasse de huit ans ! Si tu veux nous trahir dis-le tout de suite, comme ça on te tue, on avance et on perd pas de temps.
-Calme-toi mon chaton, j'ai pas l'intention de trahir qui que ce soit... Tant que vos idées ne diffèrent pas trop des miennes.
-Ne m'appelle pas « mon chaton » !
-Nina, ta gueule, ordonna Raven de son ton grave et monotone. Joshua, tu connais le tarif d'une trahison. Ne fais pas d'erreur.
-Je n'en ferai pas. Je ne fais jamais d'erreur.
-Mouais... marmonna Nina. Bon, vous vous bougez ?
Avec un regard empli de haine, Kevin se mit en branle, bientôt suivi par Raven, Joshua, et leurs hommes. Ils débarquèrent devant le bureau au pas de course, et Kevin entra en premier.
MORTEL, ce chapitre est mortel, y à tout, révélations, fascination et même de la tentation...OK, clin d'oeil à Twillight pourrit 
Enfin, ça reste sérieusement génial, j'ais adoré, surtout certains passages, comme les cas de conscience de Pit 
Viridi et la tête coupée du corps à 10 mêtres 
Top attitude niveau max 
Je me demande ce qu'il va lui arriver, maintenant qu'elle n'à plus le contrôle de la nature 
Sinon, dernier détail fort amusant 
Tu t'es vraiment laché, sur la menace de mort de Viridi 
Message très clair 
Comment se fait-elle qu'elle tienne autant à Phosphora 
C'est sa fille ou quoi?Remarque, vus la couleur de cheveux commune 
Tu t'y connais bien, en latin, d'ailleurs, j'en fait aussi 
