[...]
Le lendemain, Rtas m’avait demandé une entrevue. En privé, sur la passerelle.
Vasla dormait encore. Je ne voulais absolument pas la réveiller, elle devait profiter de ce repos, plus que jamais. Car je sentais que nous n’en aurions pas de nouveau de sitôt.
Je grognai en remettant ma combinaison lavée. Mais qui empestait toujours cette horrible odeur de brûlé, de la guerre.
Toujours dépourvu d’armure, je me rendis sur la passerelle. Sur mon chemin, je croisai quelques un de mes frères, mais aucun d’entre eux ne me dit un mot. Juste quelques brèves salutations.
Arrivé devant la passerelle, personne n’était présent pour garder une des entrées. Une habitude qui s’est envolée après que les Jiralhanaes attaquèrent notre Mère.
La porte s’ouvrit dans un coulissement aussi calme que l’ambiance funéraire de ce vaisseau.
Le faible éclairage de la passerelle ne me surpris pas. Il y avait une représentation holographique de Prospect au centre de la salle, sur la table utilisée pour le champ de bataille. Les autres postes des officiers de la passerelle étaient en veille.
Je ne voyais pas Rtas. Je décidai alors de l’appeler. Je dus m’y résoudre à deux reprises.
Puis, c’est alors que je l’entendis grogner.
-... Fauteuil...
Surpris, je me dirigeai vers le siège où il donnait ses ordres, et c’est alors que je le vis, allongé dans une position absurde, à ses pieds.
Je croisai les bras en découvrant quelques récipients vide à ses côtés, puis secouai la tête.
-C’est de ma faute... Tout ce qui arrive... ajouta-t-il avec une voix complètement détruite.
Je soupirai et le saisis par les bras.
-Allons Rtas, ceci n’est pas digne de notre commandant. Relevez-vous. Et ne vous en faites pas, cette bouteille ne vous sera de plus aucune utilité.
-Les Humains nous ont aidés, mais ils ne voudront pas d’avantage nous prêter leur main pour finir notre bain de sang...
Je le fis s’assoir sur son fauteuil. Il empestait fortement.
-Arrêtez maintenant, et reprenez-vous, lui demandai-je.
Rtas se tint les tempes et soupira.
-Vous vouliez me voir, continuai-je.
Il scrutait le sol, pour enfin poser son regard sur moi.
-Je suis heureux de vous revoir, Drak.
-Cela me va droit au coeur, lui dis-je. Cela fait combien de temps que vous avez fini ces bouteilles ?
-Quelques heures... Je n’aurais pas du.
Rtas claqua une mâchoire et sortit de son fauteuil.
-Tout ce qui arrive, ce n’est pas de votre faute, ajoutai-je. Ce n’est que l’oeuvre des Covenants.
Il ne dit rien, mis à part croiser ses doigts dans son dos. Puis il se tourna vers moi.
-La situation pourrait être pire, mais nous avons réussi à détruire tous leurs vaisseaux sauf celui de Volonté, qui, en passant, s’était enfuit, ainsi qu’un des destroyer qui l’escortait.
Le changement d’humeur et d’avoir avalé ses remords à une telle vitesse m’impressionna. Rtas n’était peut-être pas un grand sentimental, mais il tournait rapidement la page. Je dus alors lui demander de me décrire la bataille, en faisant autant que lui. Si seulement nous avions le courage de pleurer* après...
Rtas inspira puis décrit la bataille comme stupide. Les commandants jiralhanaes lancèrent sans cesse leurs dizaines de vaisseaux à l’attaque de notre flotte. D’après Rtas, il ne pouvait pas avancer. Les frégates ennemies chargeaient tandis que les destroyers tiraient derrière elles, puis chargeaient eux aussi une fois leurs frégates détruites pour laisser le vaisseau amiral de Volonté s’enfuir. Rtas exprima un grand dégoût à ces instants-là. Les Jiralhanaes se jetaient dans le feu et emportaient avec eux des milliers de vies. «Dignes des plus grand abrutis de la galaxie.»
-Quels sauvages, répéta-t-il. Barbares, sans âmes et sans cervelles. Je savourai chaque instant de la destruction de l’un de leurs vaisseaux par nos armes. Mais le pire étant que nous n’avions même pas réussi à détruire le vaisseau de Volonté.
Je penchai la tête de côté pour exprimer ma curiosité.
-Alors que je m’étais lancé à sa poursuite avec ma dernière frégate, poursuiva-t-il, le vaisseau amiral entra dans l’atmosphère de la planète. Il s’introduit dans une zone de la planète protégée par une sorte d’immense bouclier. Puis, des armes anti-aérienne, et plutôt même des canons terrestres gigantesque nous ciblèrent. Ils faillirent détruire ma dernière frégate qui se plaça devant les tirs pour nous protéger. C’est un miracle qu’elle soit encore en un seul morceau... Mais je ne peux pas en dire autant de l’équipage... Je crois bien qu’il ne reste plus que nous.
Je laissai quelques secondes de silence s’écouler avant de poursuivre. Il observait le sol de nouveau, sans rien dire.
-Les Humains vous ont-ils contacté après la bataille ? repris-je.
-Je n’ai pas osé répondre... Et je me suis enfermé ici, dit-il comme s’il se murmurait à soi-même.
Rtas recroisa les bras et secoua la tête.
-Quelle honte, ajouta-t-il.
-Il n’y a pas de honte à vouloir sauver la galaxie, Rtas.
Il posa son regard, lourd et fatigué sur le mien.
-Je pense que vous exagérez un peu.
Je me rapprochai de lui, et soutins son regard.
-Je pense que les Covenants ne sont pas allé sur cette planète pour des vacances au beau milieu de centaines d’artefacts pour s’y exhiber. Non, il y a des choses que nous avons vues sur cette planète. Que j’ai vues. Laissez-moi vous expliquez.
- à ne pas prendre au premier degré.
[...]
(Salle de repos d’Usze ‘Taham.)
Felresia se tenait toujours assise au près de son frère, qui reprenait des forces. J’entendais son coeur battre à bonne vitesse; Celle de la vie.
Vasla et N’tho se trouvait de l’autre côté du lit tandis que Rek se trouvait près de son amour, ainsi que Norito se trouvait derrière eux et jouait avec un hologramme remplit de données autour de son poignet.
J’entrai avec Rtas. C’est alors que je remarquais qu’Usze bougeait, et ses yeux éveillés se posèrent sur moi.
-Ah ben, vous êtes là vous.
Je souris, puis m’approcha de mon frère et déposa ma main sur son épaule.
-Aïe.
-Ah... Pardon.
-Et ne me fais pas rire, ajouta-t-il en fixant N’tho.
J’eus un bref rire comme tout les autres.
Usze m’observa un instant et m’offrit un large sourire, qu’il n’hésitait pas à partager aux autres.
-Merci, à tous, ajouta-t-il.
Nous lui inclinâmes la tête, en signe de contentement.
-Par contre je n’ai plus de sternum, me dit-il.
-Bon arrête de te plaindre ! lui fit Felresia en ricanant.
-Ah ! Et est-ce que j’aurais manqué quelque chose pendant mon voyage entre deux mondes ?
Rek s’éclaircissait la gorge, son front suait déjà.
Usze l’observa tandis que Felresia croisa à son habitude ses mains devant elle, en se tenant aux côtés de Rek. Toute impatiente.
Usze leva un sourcil interrogateur alors que Rek ouvrit la bouche, mais rien n’en sortit.
Felresia remarqua le malaise de Rek, soupira, puis décida alors de parler à sa place.
-Rek et moi sommes ensemble, dorénavant, dit-elle dans la plus grande douceur que le monde est connu.
Le regard d’Usze s’ouvrit d’avantage, et fixa Rek. Ce dernier déglutit. Son corps frissonna sous la future réaction de, ce qui pourrait être, son beau-frère. Le visage sérieux et naturellement intimidant d’Usze faisait trembler Rek.
-C’est... La meilleure nouvelle que j’ai jamais eu après t’avoir retrouvée, Felresia.
Rek soupira et détendit son corps alors que Felresia enlaça délicatement mais avec tout son amour son frère, qui souriait.
Vasla se rapprocha de moi pour leur laisser un peu d’espace et je plaçai mon bras autour de sa taille.
Alors que Felresia relâcha Usze, ce dernier semblait avoir quelque chose en tête, mais je croyais avoir réussi à le lire sur ses yeux. Ce n’était pas une bonne nouvelle.
Peu après quelques échanges après que la révélation soit officielle à la famille ‘Taham, Rtas s’avança.
-Mes frères, mes amis... Nous sommes proches de la fin de toute cette tragédie. Je vous promets que tout est bientôt fini. Et j’y ai veillé personnellement: J’ai un plan. Il faudra d’abord voir avec les Humains s’ils sont toujours avec nous, et ensuite nous pourrons dénicher Volonté et son acolyte, Arerus. Mais avant toute chose, serez-vous avec moi ? Oh, et Usze ‘Taham, je ne vous oblige pas à y retourner.
Usze cessa son sourire fatigué pour observer Rtas. Felresia se leva de son lit et rejoignit Rek.
-Je veux y retourner de toute manière, dit-il sans émotion.
Tout les regards se braquèrent sur lui. Et le visage de Felresia s’empourpra.
-Malgré que je respecte votre choix, et que j’admire l’honneur que vous transportez, je n’aime pas trop cette idée. Vous n’avez rien à prouver Usze.
-J’ai une promesse, et une dette envers Drak, dit-il en m’observant. Sans lui, je n’aurais pas retrouvé ma soeur. Sans lui, nous ne serions pas ici. Je dois l’accompagner et l’aider à retrouver son fils. Je suis Désolé, tout le monde.
Rtas baissa la tête tout en le regardant, puis, acquiesça.
Ce ne fut pas le cas de Felresia.
-Mais ! C’est hors de question ! Tu as frôlé la mort et cela ne te suffit pas ? Ne gâche pas cette chance qui t’a été donnée ! Nous avons eu déjà beaucoup de chance, il est inutile de savoir que nous n’en aurions pas autant si tu repars !
Usze essaya de se lever, de son lit, N’tho essaya de l’en empêcher mais Usze semblait ne pas avoir trop de difficultés.
Malgré qu’Usze ne pouvait pas de tenir droit, sa taille était toujours aussi imposante.
-Ma soeur, il doit en être ainsi. Je suis navré, je ne peux pas rester sans continuer à me battre, et le poids que mon coeur supporte va aux ‘Volam.
Felresia baissa la tête et partit dans les bras de Rek.
J’allai m’avancer pour le contredire, que j’appréciai son aide, mais que j’étais d’accord avec Felresia: Ne jouons pas avec la chance.
Mais Usze m’interdis de dire quoi que ce soit en plaçant sa paume devant moi.
-Laissez-moi seul un instant. Et Rtas, à présent vous saurez pour moi.
Rtas hocha la tête une nouvelle fois et tout le monde sortit de la chambre d’Usze qui insista plutôt rapidement. J’hésitai mais je vis son regard peser sur moi qui me contraignais à sortir. Je grognai et accompagnai les autres à ficher le camp. Norito s’était perdu dans ses lectures holographiques et sursauta quand Usze l’ordonna une nouvelle fois de sortir.
La porte se referma, Rek et Felresia s’en allèrent avec Norito tandis que je restais avec N’tho, Valsa et Rtas. Je m’étais habitué à voir le Huragok toujours flotter autour de Vasla, cela faisait longtemps qu’il ne s’était plus vraiment exprimé en un vrai «dialogue».
-Bon... Quel est votre plan alors ? demandai Vasla à Rtas en croisant fermement les bras tandis que le Huragok enleva une de ses tentacules qui était enroulée autour de son bras.