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The Elder Scrolls V : Skyrim

Sujet : [Fic] Tohrj. Tohrj tout-court.
moulpout
Niveau 10
26 octobre 2011 à 12:52:08

Le passage ou les trafiquants parlent du gamin. :rire:

Sinon j'ai un peu de mal à faire la distinction entre les trois nécromanciens... Un petit rappel ?

Arduilanar
Niveau 10
26 octobre 2011 à 13:04:08

Ulkar : le plus vieux, a un langage très policé mais particulièrement hésitant. Il ponctue donc ses phrases de hum, euh, ah, houm...

Heifnir : le plus jeune - enfin, le moins vieux. Nécrophile et malheureux en amour.

Aenius : entre les deux concernant l'âge. Le seul à être d'origine impériale (nibénéenne, plutôt, car il tient bien à ce qu'on fasse la distinction).

Sachant qu'Aenius et Heifnir s'expriment à peu près de la même façon, ils ne sont pas évidents à différencier : soit c'est selon le contexte, soit c'est que ça n'a guère d'importance.

Own3dByHorker
Niveau 7
26 octobre 2011 à 20:31:16

J’exige un horqueur dans le prochain chapitre.

Arduilanar
Niveau 10
26 octobre 2011 à 20:33:04

Comment tu veux que j'en trouve un ?
Y en a pas à Morrowind, et encore moins dans le Marais Noir. Comme ces femmes enceintes qui veulent des fraises en janvier. :(

Pis, c'est gentil de up, mais ce que je veux, c'est qu'on me lise. :o))

Own3dByHorker
Niveau 7
26 octobre 2011 à 20:34:10

Si tu mets un horqueur, je t'enverrai mes fans. :(
Et attention, pas de horqueur mort ou agonisant, c'est de la triche. :-((

Arduilanar
Niveau 10
26 octobre 2011 à 20:37:54

On sait tous que tu cherches qu'à t'en débarrasser, de tes fans. Tu me les enverras même si je mets pas de horqueur, juste pour t'en libérer. :(

Own3dByHorker
Niveau 7
26 octobre 2011 à 20:38:47

Non, ça serai une déclaration de guerre. Je préfère que tu sois l'acteur de ta propre déchéance, c'est plus marrant. :(

lemou2
Niveau 10
26 octobre 2011 à 20:39:59

J'ai toujours pas lu à cause de Spada. Que je relis une sixième fois. :-(

Mais j'regarde ce soir, promis :content: .

Arduilanar
Niveau 10
26 octobre 2011 à 20:40:54
  • grave la promesse dans le marbre*

Tu peux plus te défiler. :hap:

Own3dByHorker
Niveau 7
26 octobre 2011 à 20:41:53

Tiens c'est vrai, j'ai jamais lu non plus. :(

lemou2
Niveau 10
26 octobre 2011 à 20:50:03

Cette fic? :content:

Own3dByHorker
Niveau 7
26 octobre 2011 à 20:51:55

Quelqu'un me lit le message de lemou s'il vous plait ? :(

Arduilanar
Niveau 10
26 octobre 2011 à 21:13:40

Le message de lemou, ça veut dire que ma fic est trooooop bien. :content:

lemou2
Niveau 10
26 octobre 2011 à 21:22:23

Ca veut dire que je relis Spada et que c'est long. :(

Mais que ta fic est bien aussi! :noel:

Arduilanar
Niveau 10
19 novembre 2011 à 21:38:12

16. Préparatifs

Les nécromanciens passent, aux yeux de leurs confrères magiciens, pour des êtres particulièrement sociables. Infâmes, certes ; répugnants, même, voire carrément à vomir, mais sociables. Plus sociables, par exemple, que les spécialistes de l’Illusion, souvent trop déconnectés du monde pour être capables de se pencher sur le vil matérialisme que représente le souci de la vie en collectivité. Plus sociables, également, que les mages de l’école de Destruction, qu’il est impossible d’enfermer dans un seul bâtiment plus de trois heures sans que s’ensuive une violente explosion. Oui, les fidèles de Mannimarco passaient pour des modèles de tolérance envers leurs semblables, dans la mesure où ils étaient capables de vivre à plusieurs dans la même grotte des mois de suite sans systématiquement s’entretuer. Mais toute tolérance a des limites – et trois nécromants enfermés depuis une semaine dans une unique cage de bambou étaient sur le point de les atteindre.

Heifnir se gratta la tête – envoyant au passage son coude droit dans la narine gauche d’Ulkar.
« Les gars, faut qu’on réussisse à s’barrer de là.
- Tu crois ? ricana Aenius. Sans blague, faudra qu’tu m’expliques comment tu fais, j’s’rais jamais arrivé à cette brillante déduction tout seul !
- Nan, j’veux dire, faut vraiment qu’on le fasse. Plus on s’attarde, plus on court de risques. Je voudrais pas savoir le sort réservé aux nécromanciens dans le coin. Et pis, c’est pas cont’vous, j’vous aime bien, mais j’supporte vraiment plus votre odeur. Sans rancune, hein.
- Et, humm, répondit Ulkar vexé, j’imagine que tu as un plan pour nous sortir de là et par là-même te soustraire aux senteurs incommodantes? »
Nouveau grattement de tête.
« - Bah, y suffirait de… j’sais pas, moi, d’ouvrir la serrure et de se tirer. Z’auriez pas un parchemin de Craquement de loquet mineur, par exemple ?
- Gamin, fit Aenius comme s’il parlait à un enfant simple d’esprit – comme s’il parlait à Tohrj, en fait – tu t’doutes quand même ben qu’si on en avait un, on s’rait déjà plus là à l’heure qu’il est.
- Oh. Et, par hasard, vous le connaîtriez pas, le sort ?
- Nous sommes, hum, des nécromants, renifla Ulkar hautainement. Pas des illusionnistes à la petite semaine.
- C’est pas plutôt de l’Altération, les sorts d’ouverture de serrure ? demanda Aenius.
- Peuh !, lui répliqua son compère.
- Donc, résuma Heifnir, on est des mages, mais on peut pas ouvrir de serrures quand on en a besoin ?
- Bah…. Si, mais alors faut être doué de ses mains avec les crochets.
- Vous en avez pas non plus, j’imagine ?
- Ah, euh, c’est de cela que vous parlez ? »
Ulkar dégotta avec précaution un crochet de sa botte gauche, en évitant de le fourrer dans l’œil d’un de ses comparses, puis le présenta timidement.
« Il y a, euh… un bout pointu, là. Et c’est métallique, enfin, je crois. C’est ça que vous appelez un crochet ?
- Ulkar !, s’écria Heifnir le visage illuminé.
- Chut !, le réprimanda aussitôt Aenius. Hurle donc ta joie en silence, bourrique !
- Pardon. Ulkar !, répéta-t’il trois niveaux plus bas. Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ? Tu nous sauves la vie !
- Parce que, hum, l’un de vous sait se servir de cette chose ? »
Réponses simultanées :
« - Heifnir doit savoir.
- Aenius doit savoir. »
Regards surpris.
« - Mais, reprit Heifnir le premier, c’est toi qui y as pensé !
- Ah non, ah non. J’ai dit : faut être doué. J’ai pas dit que je l’étais.
- Mais, mais… et on en a qu’un, en plus ! Comment on peut faire ?
- Croyez bien que je suis désolé, fit Ulkar vexé à nouveau. Je trouve un crochet, hum, on pourrait me remercier, mais non, on me fait encore des remontrances…
- Pas la peine de bouder, vieille branche, tenta de le calmer Aenius. Faut juste qu’on trouve le type capable de nous ouvrir cette serrure sans casser le crochet.
- Hum, le railla-t’il, tu veux dire un de nous trois ? Ou bien le compagnon invisible qui partage notre cage sans que nous nous en apercevions et qui, hum, nous dissimule son art du crochetage ? A moins que tu ne veuilles qu’on demande à un garde.
- Ou à Tohrj ! »
Les trois vieilles têtes patibulaires se tournèrent d’un seul geste vers la petite voix flûtée et joyeuse. Et non, ce n’était pas un cauchemar – le malencontreux hasard de la réorganisation du convoi avait voulu que leur propre cage et celle de leur jeune confrère se retrouvent adjacentes.
« - C’est pas vrai…
- Maudits peaux-grises, ils nous auront vraiment pourri notre captivité jusqu’au bout…
- Vous n’êtes pas contents de revoir Tohrj ? Tohrj est très content de vous revoir, lui, et son nouvel ami aussi ! »

Le lézard cligna des yeux stupidement. Ulkar haussa un sourcil.
« -Tu parles, hmmm, de ce lézard ?
- Ah, euh, non ! Pas celui-là. Celui-là il est méchant, il veut pas parler à Tohrj, ou peut-être il a perdu sa langue. Non, l’ami de Tohrj, c’est celui là derrière, avec les jolies boucles d’oreille.
- Aaah, ce lézard là. »
Jeel-Ba siffla d’un air agacé :
« Alors, il est à vous, ssse petit ? Par le ssang des Hists, ss’il continue comme sssa, je ne lui donne pas longtemps avant que je tende mes mains à travers les barreaux pour l’étrangler moi-même ! Même les gardes ne peuvent plus ssse le voir…
- Oh, fit Aenius avec philosophie, c’est que vous l’supportez que depuis trois jours. Nous, ça fait presque un mois qu’y nous casse les pieds.
- Vous avez vu, hein, reprit Tohrj, vous avez vu mon ami ! Y parle de façon drôle et y porte des boucles d’oreille alors que c’est un monsieur, mais Tohrj l’aime bien. Et Tohrj est sûr qu’il peut vous aider. C’est l’ami de Tohrj, et il est vachement trop fort ! Hein, pas vrai, hein ?
- Bon sssang, fit Jeel-Ba excédé, mais qu’il ssse taise !
- Ca vous dirait bien d’vous en débarrasser, hein ? demanda Heifnir avec malice.
- Je sserais prêt à tout… Il réusssit à rendre l’esssclavage plus pénible encore qu’il ne l’est déjà !
- Bah, ça tombe bien, parce qu’on aurait b’soin de quelqu’un qu’aurait vos genres de talents…

***

« Vous voulez que je crochète votre sserrure ?
- Bah, on a qu’un crochet, alors y nous faut quelqu’un qu’est à son aise avec c’genre d’outils.
- Oh, je vois. Parsse que je sssuis un Argonien, n’est-ssse pas, et que les Argoniens sssont tous des voleurs, des coupe-jarrets, des gens de peu de confiansssse ? Les Argoniens ssont de ssales lézards, qui ne cherchent qu’à cambrioler les maisons et à égorger les enfants, sss’est bien sssela ?
- Je, euh, hum, euh, non, bien sûr que non, tenta Ulkar, nous, euh, nous n’entretenons certainement de tels, euh, préjugés raciaux, et, euh….
- Et bien, vous auriez peut-être raissson, à vrai dire. Je ssuis assez à mon aise avec les sserrures, en effet. Mais je ne vois pas pourquoi je vous aiderais.
- Bah, on te donne le crochet, tu sors de ta cage et tu viens nous délivrer. C’est un bon marché, non ?
- Et qui vous dit, ssangs-chauds, que je ne dissparaîtrai pas dans le marais ssitôt que je sserai libre ?
- Parce que, euh… Hey, c’est pas loyal d’vot’part !
- Que voulez-vous, déplora Jeel-Ba, on a l’âme d’un malfrat ou on ne l’a pas. Et je ne porte pas dans mon cœur sseux qui nous méprisent et nous traitent comme des moins-que-rien et des animaux.
- Ouais, mais c’est Dren et les gens comme lui qui vous traitent comme ça ! Et on est dans le même panier, vous et nous.
- N’inssistez pas. Par honnêteté, je ne vous donnerai pas de faux esspoirs : donnez-moi ce crochet si vous le voulez, mais je ne peux pas vous jurer que je perdrai mon temps à vous libérer alors que j’aurai déjà à sssauver ma propre peau. »
Les trois compères ruminèrent en silence. Le manque de coopération de l’Argonien était plus que frustrant.

« Et si…., tenta enfin Ulkar, et si on vous menaçait ?
- Et comment, ssang-chaud ?
- Votre cage jouxte celle de Tohrj. Nous pourrions, hmm, lui demander de se montrer encore plus insupportable…
- A quoi bon ? Sssa ne m’empêchera pas de filer le moment venu.
- Nous pouvons aussi, hmmm, vous lancer une malédiction qui vous frappera si vous nous faites faux bond. Qui fera se détacher vos écailles une à une, fera fondre vos muscles et rongera vos os, vous rendra fou de douleur, hmmm, mois après mois, jusqu’à ce que vous ne supportiez plus de vivre. »
L’Argonien ricana.
« J’apprésssierais beaucoup de voir l’étendue de votre magie à l’œuvre, vous qui ne pouvez même pas ouvrir une sserrure avec un de vos ssortilèges. »
Ulkar rougit violemment.
« Et puis, poursuivit le reptile, si vous étiez sssi terribles, vous n’auriez pas besoin de mes sservices. Vous n’auriez qu’à menassser les gardes dircetement.
- On est des nécromants, fit Aenius de sa voix la plus intimidante possible. Ouais, bon, on en a p’tet pas l’air dans ces habits, mais on en est, des vrais de vrais. Et les peaux-grises aiment pas beaucoup les gens comme nous. Voilà pourquoi qu’on tente rien avec les gardes. Mais avec toi, c’t’une autre histoire.
- Ooh, vous voulez dire que je n’ai plus qu’à vous dénonssser à ces braves ssbires pour que vous me fichiez enfin la paix ?
- Si tu fais ça, tu dis adieu au crochet, mon gars, répondit Heifnir. Et tu peux aussi dire adieu à ta douce vie dans ce marais puant. Réfléchis-y à deux fois.
- Ssse que je peux avoir peur, se moqua Jeel-Ba. Non, vraiment, vous me terrifiez. Est-ssse que vous n’entendez pas mes genoux qui claquent de terreur ?
- Regardez, hum, ce qui va arriver à ce lézard, et l’envie de rire vous passera, lança Ulkar sur un ton de défi. »
Le vieux nécromancien n’avait pas le droit à l’erreur. Il devait à tout prix réussir son incantation pour faire la preuve de ses pouvoirs à l’Argonien réticent – mais en était-il seulement capable ? Il y avait de quoi en douter, après le fiasco face aux bandits de la frontière. Mais leur vie en dépendait ; aussi ferma-t’il les yeux et adressa-t’il une prière silencieuse au Dieu des Vers.
Mannimarco, Mannimarco, je suis peut-être, hum, le plus indigne de tes serviteurs, mais je t’en prie, sauve ceux qui te sont fidèles, fais payer aux incrédules le prix de leur orgueil et révèle la réelle étendue de ton pouvoir. Accorde-moi de réussir, et, hum, je, euh, et bien, je ne sais exactement quel est ton désir, mais je ferai de mon mieux pour l’exaucer.
Bon sang d’bois, Dieu des Vers, c’est vraiment pas le moment de nous laisser tomber.

Qui sait ce qu’il advint alors ? Peut-être que Mannimarco prit effectivement en pitié son vieux serviteur et exauça sa prière. Peut-être aussi que la force de la conviction et l’énergie du désespoir accomplirent le miracle.
Quoi qu’il en soit, lorsqu’Ulkar rouvrit les yeux, ses orbites luisaient d’une lumière aveuglante – et, dans sa cage, le lézard vert tomba, foudroyé.

« Bah ça… bah ça alors ! » firent d’une seule voix les trois nécromanciens, l’enfant et Jeel-Ba, hébétés ; et Ulkar n’était certainement pas le moins surpris du lot.

Captaincaverne
Niveau 10
29 novembre 2011 à 20:09:41

:rire2:

El-Buffoon
Niveau 10
29 novembre 2011 à 21:27:09

Je suis sur que c'est pas lui qui l'a écrit cette fic le niveau est trop bon pour ce forum :sarcastic:

Arduilanar
Niveau 10
05 décembre 2011 à 22:25:27

Pourquoi vous avez attendu que je me barre pour commenter ? Hein ? HEIN ?

Pour vous remercier, je vais quand même poster le chapitre suivant - mais faut que je l'écrive d'abord. :noel:

Arduilanar
Niveau 10
27 décembre 2011 à 21:44:51

17. L’heure des choix

« Tu n’oublies pas, hein : ce soir, dès qu’les gardes auront l’dos tourné, tu te libères puis tu viens ouvrir notre cage. Pigé, hein ? C’est peut-être not’dernière chance avant qu’on finisse tous dans une mine clandestine…
- SSS’est bon, sss’est bon, j’ai compris, grogna Jeel-Ba. Pas la peine de répéter encore et encore…
- Vaut mieux pour toi qu’on l’répète, fit Aenius d’un ton menaçant, parce que tu sais c’qui t’arrive si tu nous fais faux bond : les os qui s’détachent, la chair qui pourrit etcetera. Hein ? Tu f’rais mieux d’pas oublier !
- Puisque je vous dis que sss’est bon ! »
Un garde tapa de sa lance sur les cages.
« Hé, ho ! Silence là-dedans !
- N’oublie pas, reprit Aenius à voix basse. Ce soir…. »

***

La nuit, une fois de plus, était tombée sur le marécage sans fin qui séparait Morrowind et l’Argonie. Les cages des prisonniers avaient été descendues des guars qui les avaient portées pendant la journée, puis regroupées dans un enclos sur un coin de terre pas trop bourbeuse. Les trafiquants, eux, essayaient tant bien que mal d’allumer un feu sur un bout de sol humide – Neloth Dren prenait plus grand soin de ses esclaves que de ses employés ; question de valeur marchande.

« Nchow !, jura Daral. Par tous les saints du Temple, ça refuse de prendre !
- Logique, répondit Hlenil. Y avait qu’un seul endroit de sec à des centaines de mètres à la ronde, et c’est là qu’on a parqué la marchandise. Neloth voudrait pas qu’ils chopent la fièvre des marais avant qu’on arrive chez son client ; nous, par contre, on peut bien crever. »
Le Dunmer cracha sur le sol.
« Au moins, fit Saryn avec des trémolos dans la voix, ça veut dire que bientôt on se débarrassera des prisonniers… et du gamin.
- C’est moi qui m’en occupe ce soir, fit un trafiquant, image vivante du désespoir. J’ai tout tenté : j’ai imploré la pitié, j’ai dit que j’avais une femme et sept enfants, j’ai demandé : qu’est-ce qu’ils diront quand ils verront leur père en petits morceaux ? Rien à faire, c’est quand même à moi d’aller lui apporter son repas. Y a personne pour se dévouer pour moi ? Allez, s’il vous plaît, moi qui avais réussi à m’en tenir à l’écart jusqu’au dernier jour…
- Pas de bol, mon vieux, lui répondit un autre en hochant la tête tristement. Mais tu trouveras personne pour s’en occuper à ta place. Même Orval est pas prêt à recommencer ; faut aussi dire qu’il a plus toute sa tête d’puis qu’il lui manque un bon bout de nez. Va falloir que tu sois brave, mon gars.
- Non, s’il vous plaît, m’laissez pas y aller… Pas seul, pas dans le noir….
- Pourquoi tu t’en es pas chargé en même temps qu’nous ?
- Bah… J’avais peur.
- Ouais, et ? T’as préféré attendre qu’il fasse nuit ?
- Ben… J’avais secrètement espéré que personne s’rait assez cruel pour m’obliger à le faire une fois le soleil couché.
- Ah oui ? »
La voix était sèche et glaciale. Tous les esclavagistes se levèrent d’un bond en bredouillant quelque vague « ‘soir, maître Dren. »
Neloth Dren se pencha à l’oreille du couard et lui susurra : « Et tu croyais te défaire aussi facilement de ta tâche ? De ce travail pour lequel je te paye ?
- N-non, répondit le Dunmer en tremblant. Ab-bsolument pas, maître Dren. D’a-d’ailleurs, j’y vais, euh, de ce pas.
- Allons, fit Hlenil en lui tapotant le dos avec compassion, t’inquiète pas, j’vais t’accompagner. J’connais un sort d’illumination, t’auras pas à avoir peur du noir.
- Il est hors de question que notre bénéfice soit diminué parce que vous n’avez pas le cran de vous approcher de la cage d’un misérable enfant humain, fit Neloth Dren d’une voix toujours aussi frigide. Hlenil, accompagnez donc cet incapable s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir. Tout ce que je veux, c’est que chaque prisonnier soit convenablement nourri et traité jusqu’à notre arrivée à Morrowind, et que chacun de mes hommes accomplisse ce pour quoi je le paye. C’est clair pour chacun de vous ? »
Les esclavagistes déglutirent en silence.

***

« Hé, euh, houm ! Dépêchez-vous, Argonien, je vois une lumière qui se rapproche !
- Passssience, j’ai quand même deux ssserrures à ouvrir, et un sseul crochet pour le faire. Ssa ne ssert à rien de me presssser.
- Y a bien deux gardes qui s’rapprochent, intervint Heifnir. Magne-toi donc, Jeel-Ba ! »
L’Argonien grommela et poursuivit sa tentative de crochetage. Il n’avait pas droit à une seconde chance, il le savait, et il était de plus contraint d’opérer à l’aveuglette. Loués soient les Hists, ses années d’expérience à tenter d’ouvrir les vestiaires de l’équipe de gladiatrices argoniennes de Stormhold portaient enfin leurs fruits. Il pouvait sentir le jeu des ressorts sous ses doigts écailleux, entendre les cliquetis subtils des engrenages. Il charma la serrure comme on courtise une dame, et à force de persévérance, de persuasion et de doigté, la porte s’ouvrit enfin pour lui.
Le reptile soupira de soulagement ; mais sa tâche n’était pas achevée. Le petit numéro des nécromanciens l’avait drôlement impressionné, et il les croyait bien capables de le maudire comme ils l’en avaient menacé. Aussi sortit-il de sa cage avec discrétion, et commença à crocheter la serrure des trois compères malgré le danger.
« Grouille-toi, petit pote ! , fit Aenius inquiet. Y a aussi le gamin à récupérer. Ca me fait mal, mais on a promis à Sjorling de pas l’abandonner, queq’soient les circonstances. »
La serrure émit un cliquetis satisfaisant.
« Sssssa y est…
- Oh oh. Y a comme des ennuis qui s’ramènent. »

« Oblivion et damnation ! Qu’est-ce qu’y s’passe, là-bas ? Hlenil, j’crois qu’on va avoir des ennuis….
- Bouge tes fesses, Beryl ! Y a les prisonniers qui s’taillent ! »

« Hé, vous là ! Bougez pas !
- Et merde…, grommela Aenius. Jeel-Ba, va t’occuper du mioche, nous on gère les gardes. »
L’Argonien s’éloigna à reculons.
« Déssolé, siffla-t’il, mais je tiens trop à mes écailles… Pesste sssoit de votre malédiction, je préfère mourir plus tard que mourir tout de ssuite. A la revoyure, les gars… »
Le reptile s’accroupit, disparaissant dans l’herbe haute du marécage.
« L’enflure !, grogna Heifnir. Que le Dieu des Vers fasse moisir son cuir rêche et tomber ses crocs pointus ! »
Aenius et Ulkar se signèrent pieusement.

« Vous, là ! Arrêtez, on vous dit ! »
Beryl prit son courage à deux mains et appela bravement à l’aide :
« Au secours ! A nous ! A la garde ! La marchandise s’évade ! »

« Nous v’là bien. Qu’es-ce qu’on fait maint’nant ?
- On va pas attendre qu’y viennent nous cueillir, quand même.
- Mais, hum, et Tohrj ? Il nous faut le libérer ! Je veux dire, hum, ce n’est pas comme si ça me faisait plaisir, mais, euh, nous avons quand même une responsabilité morale et éthique envers cet enfant. »
Heifnir jeta un coup d’œil prolongé aux hallebardes des trafiquants qui arrivaient en se pressant.
« Bah j’espère que ton éthique y connaît quequ’chose en crochetage. Et qu’elle peut servir de bouclier cont’ les piques, aussi. »

« Nous vous tenons. »
Neloth Dren triomphait.
« Laissez-vous gentiment faire et vous n’aurez pas à subir de représailles. Tentez de fuir et nous nous verrons contraints de vous estropier – bien qu’il nous en coûte de vous priver d’une partie de votre valeur marchande. Allons, soyez raisonnables. »
Le maître esclavagiste ne faisait que gagner du temps : il captait leur attention le temps que les équipes armées de filets aient le temps de contourner les fugitifs pour ensuite les prendre à revers. Une tactique classique mais toujours aussi efficace – dieux, qu’ils étaient donc bêtes… Après tout, c’était l’inhérente stupidité des esclaves qui faisait son fond de commerce. Il ne manquerait plus qu’ils arrivent à se montrer plus malins que lui.

« Hé ! Dites ! » Tohrj criait de toute la force de ses petits poumons. « Dites, y a plein des monsieurs avec des piques ! Hé, Aenius, Heifnir, venez vite me chercher ! »
L’heure du choix fatidique avait sonné pour les trois compères. Ulkar bégaya et Heifnir poussa un grognement. Bon. Aenius avait bien compris que c’était à lui de s’en charger.
« Ecoute, gamin, fit-il à voix forte. Faut pas t’en faire. C’est pour nous qu’y viennent. On va partir, mais t’inquiète, on reviendra, on… on te tirera de là. Promis, juré, craché.
- Hé ! » Ulkar avait reçu le crachat.
Tohrj se mit à sangloter.
« Laissez pas… laissez pas Tohrj tout seul ! Si vous plaît ! M’laissez pas seul avec les vilains messieurs !
- Messieurs, messieurs, reprit Dren d’une voix inhabituellement enjôleuse. Laissez-vous faire, rentrez calmement dans votre cage et…
- Minute, le coupa un de ses sous-fifres. Qu’est qu’ils viennent de dire ? »
Les elfes noirs s’échangèrent des regards inquiets.
« Ils… ils s’en vont sans le petit ?
- Ils parlent bien du monstre, là ? Celui qui mord ?
- Celui qu’a arraché le nez d’Orval ?
- Celui qui m’a presque tranché trois doigts ?
- Ouais, ouais, c’est bien celui-là !
- Silence !, ordonna Dren. Rétiaires ! Saisissez-vous d’eux ! »

Les rétiaires en questions se relevèrent des fourrés où ils étaient embusqués.
« Hé, minute. Vous avez bien dit qu’ils comptaient se barrer avec le gamin ?
- Ouais, répondit Hlenil en mettant ses mains en porte-voix, mais ils comptent le laisser vu qu’ils peuvent pas le prendre avec eux.
- On peut discuter, non ? »
Dren trépignait de fureur.
« Attrapez-les ! Attrapez-les, ou je bloque toutes les primes pour les dix ans à venir ! »

Heifnir leva les mains en signe de paix.
« Discutons, ouais. Vous nous laissez partir bien tranquillement, et nous on embarque le gamin encombrant. Ca va à tout le monde ?
- Songez, ajouta Ulkar, que plus jamais vous n’en entendrez parler. Cet avantage ne vaut-il pas, hmmm, de nous concéder la liberté ?
- Mais attrapez-les, par le sang des daedras ! Attrapez-les, attrapez-les, attrapez-les !
- Ah, au fait, il commence à devenir fatigant, votre copain. Vous voudriez pas le museler ? »
Les trafiquants se regardèrent d’un air gêné, puis l’un d’entre eux se décida à assommer Dren d’un grand coup du manche de sa hallebarde. Le corps flasque maître esclavagiste s’effondra dans l’eau boueuse.
« Bon, reprit le nécromancien, on est enfin à l’aise pour causer. Alors, vous nous filez Tohrj, oui ou non ? »
Tohrj renifla bruyamment.
« Siouplaît… M’laissez pas ici… »
Les Dunmers se concertèrent un moment, tandis que les équipes de rétiaires attendaient d’un air gêné, la tête encore couverte de la végétation marécageuse qu’ils avaient employée pour se camoufler.
« Allez, finirent-ils par dire. Prenez-le et dégagez. Le patron va nous en vouloir à mort, c’est sûr, mais faut savoir faire des choix dans la vie. Beryl, ouvre la porte ! Et maintenant foutez-nous le camp, avant que Dren se réveille de sa sieste forcée. »

Beryl introduisit la clé dans la serrure en tremblant – Tohrj lui souriait de toutes ses dents.
« F-file, gamin, dit-il en essayant de se montrer menaçant. Et ne re-remets plus les pieds ici. Compris ? »
L’enfant se contenta de sourire et rejoignit ses compagnons en courant.

« Bien, bien, commenta Aenius. Heureux de voir qu’on a pu s’entendre, entre hommes… et elfes. Allez, et comme l’aurait dit c’te raclure de lézard, à la r’voyure, les gars ! »
Puisse-t’il crever, c’t’enfoiré, rajouta-t’il pour lui-même.

Arduilanar
Niveau 10
21 janvier 2012 à 20:10:02

J'écrirai la suite si dark et Lloyd lisent leurs chapitres en retard. Ces racl'. :(

(En profite pour upper discrètement. )

Sujet : [Fic] Tohrj. Tohrj tout-court.
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