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The Elder Scrolls V : Skyrim

Sujet : [Fic] Tohrj. Tohrj tout-court.
Annihilus
Niveau 39
14 octobre 2011 à 22:01:37

Pas mal le passage de la mémoire sélective. :fou:

Arduilanar
Niveau 10
14 octobre 2011 à 22:43:05

C'est tout ce que t'as trouvé ? :(
Un peu léger pour quelqu'un qui n'aura a priori plus le temps de lire la suite.
Remarque, j'étais moyennement inspiré pour ce chapitre, mais faut bien que l'histoire avance. L'éclair de génie qui m'a donné envie de m'y remettre ne devrait a priori pas pouvoir s'exprimer avant encore quelques autres chapitres. Donc, j'te pardonne à moitié, parce que j'ai bon cœur. Mais c'est la dernière fois, galopin.

-_rastaman_-
Niveau 4
15 octobre 2011 à 17:18:18

enfin cette suite tant attendue !

ManiKatti
Niveau 12
15 octobre 2011 à 23:42:23

Vraiment mauvais. J'ai souris, je n'ai même plus le courage de chercher des fautes.. Vivement la suite, que tu comprennes qu'il est temps d'arrêter. :hum:

lemou2
Niveau 10
16 octobre 2011 à 08:43:06

J'ai perdu une pastèque, personne ne l'a vue?

Sinon j'aime toujours, ça se lit comme des petits pains frais. :dark:

Arduilanar
Niveau 10
16 octobre 2011 à 14:21:04

13. Par monts et marais

Les quatre voyageurs avançaient à tâtons, tentant de trouver un chemin au milieu du brouillard opaque – sans grand succès apparemment. Le bruit de succion qui accompagnait chacun de leurs pas indiquait clairement qu’ils avaient quitté tout sentier depuis longtemps.
« Nous n’avons plus de guide.
- J’en sais quequ’chose, tu le répètes depuis le début d’la semaine.
- Hmmm ! Nous n’avons plus de guide, et c’est entièrement ta faute ! » Ulkar lança un regard noir à son compère qui marchait derrière lui.
« - Ouais, bah, j’m’en rappelle, merci. Pis d’abord, ç’avait qu’à marcher, ton idée de bague. On en serait p’têt pas là !, répliqua Heifnir avec hargne.
- Hé ho, l’jeunot, intervint Aenius. Y a trois jours, j’aurais pas été tenté de défendre l’ancêtre, mais là moi aussi j’en ai ma claque de patauger dans ces marais brumeux. On a eu qu’ça, depuis qu’la petiote nous a laissés tomber.
- Et ça sent vraiment pas bon, gémit Tohrj en repoussant du pied un crabe des vases un peu trop collant.
- Si encore on avait pas stationnés les chevaux au milieu de sables mouvants…
- Ils étaient gentils, eux, commenta l’enfant tristement. Pas comme les crabes. Même que, les crabes, ça pince.
- Ouais, bah, bah… Et merde, qu’est-ce ‘vous voulez qu’j’vous dise ? J’en ai plein l’dos, moi aussi ! Plein l’dos de patauger dans la gadoue et dans l’brouillard, plein l’dos d’me coltiner deux vieillards séniles et un mioche idiot, plein l’dos de m’être fait envoyer paître, oui, plein l’dos, plein l’dos, plein l’dos ! »
Heifnir partit devant en grommelant et en jurant furieusement, jusqu’à ce que son pied s’enfonce dans un trou d’eau et qu’il se retrouve étalé de tout son long dans la boue fétide du marécage.
« Tiens donc, fit Ulkar distraitement sous le flot de grossièretés. Et moi qui pensais que nous avions déjà eu droit à l’intégralité de son lexique… »

***
« Dis, Ulkar, où c’est qu’on est ?
- Je te l’ai déjà dit et répété, mon petit, je l’ignore… Quelque part à l’est de Cyrodiil, fort certainement, mais, hum, je ne saurais être plus précis, fort malheureusement.
- Mais, t’as pas dit que là où on allait, c’est aussi des marais ? Peut-être on est arrivés sans le savoir, dis ?
- Oh, je ne crois pas, non, mon enfant. Nous n’avons pas encre franchi les monts Volus. Je présume plutôt, hum, que nous tournons en rond. A cause de tout ce brouillard, bien sûr. D’ailleurs, je suis presque sûr que nous sommes déjà passés trois fois devant cet arbre mort.
-Oh… Mais alors, dis, où c’est qu’on est ? »
Le vieux nécromant soupira. Il savait pertinemment que leur tâche méritait tous les efforts concédés – l’idée d’être un jour débarrassés du garçon était l’objectif qui les faisait encore avancer après toutes ces épreuves, toutes ces embûches et tous ces soucis. Mais ce futur paraissait de plus en plus lointain au fur et à mesure qu’ils s’engluaient dans les marécages. C’était déjà le quatrième jour ; oui, quatre jours à s’enfoncer dans la vase, libérant les gaz méphitiques résultant de la putréfaction végétale. Les nécromanciens sont rarement dérangés par les odeurs fortes, mais même eux ont leurs limites, et les fragrances marécageuses l’outrepassaient avec entrain. Et puis, il y avait les moustiques, la hantise d’Ulkar – minuscules mais se déplaçant en nuées compactes, s’infiltrant par le moindre interstice de la couche de vêtements pour aller sucer le sang du peu de peau qu’il restait sur ses vieux os. Ce qui les contraignait à disputer leur pitance avec les sangsues, qui remontaient insidieusement sous les tissus mouillés. Décidément, songeait-il avec amertume, l’aventure, ça n’était vraiment pas de son âge. Comme la caverne de la Guilde lui manquait…
A quoi tout cela pouvait-il encore bien servir ? Ils ne sortiraient jamais de ce bourbier infâme, ne retrouveraient jamais le calme et le confort de leur bonne Guilde, l’agréable fraîcheur des caveaux et la saine humidité de leur grotte… N’en pouvant plus d’avancer, il se laissa finalement tomber à genoux dans l’eau vaseuse, dispersant le tapis de lentilles aquatiques et dérangeant quelques alevins de poissons carnassiers.
« Laissez… laissez-moi ici, murmura-t’il pathétiquement. Je n’en peux plus, je préfère encore mourir dans ces marais, et, hum, rejoindre notre vénéré Roi des Vers. Oui, avancez, avancez sans moi… »
Aenius hocha les épaules.
« - Comme tu veux, mon vieux. Si c’est c’que tu souhaites… Bon,Heifnir, tu viens ?
- Hé, hé, mais attendez-moi ! », fit Tohrj en barbotant aussi vite qu’il le pouvait pour rattraper les deux autres qui partaient devant.
Ulkar les regarda faire, la mâchoire ballant et ne pouvant en croire ses yeux.
« Non mais, hé, mais… mais c’est qu’ils me laisseraient là, les enfoirés !, s’exclama-t’il en se relevant aussi vite qu’il pût. Hé, mais, attendez ! Mais attendez-moi donc ! »

***
« Dis, où c’est qu’on est ? C’est encore loin ?
- Pour la millième fois, Tohrj…
- Mais, t’as bien dit qu’on cherchait des montagnes, non ? Ben, y en a une grosse juste tout droit devant.
- Par les Vers… mais oui ! »
Les trois nécromants se frottèrent les yeux, n’osant croire à leur bonheur. Derrière les épaisses volutes de brumes se laissaient deviner les contours flous d’une masse imposante. Enfin, oui, enfin ils y étaient !
« Bon sang, les gars, ça y est ! On va enfin foutre le pied hors de c’te saloperie de marécage… Ca y est, ça y est !
- Ne, hum, ne nous réjouissons pas trop vite non plus, remarqua Ulkar avec sagesse. Il nous reste toute l’ascension du col, et ça ne va pas être une tâche, hum, agréable. Ce n’est pas si haut que ça, mais ça monte raide, et nous sommes, hum, trois vieillards et un enfant.
- J’m’en fous bien, grogna Heifnir. Tant que je peux poser le pied à un endroit où il risque pas de s’embourber, moi, ça m’va.
- Itou, rajouta Aenius. Et pis, la montagne, ça nous connaît. On vient quand même de Skyrim, hein !
- Et même que là d’où qu’on vient, on en a des pleins, de montagne, fit Tohrj en hochant la tête avec sérieux. Et même que, celle-là, c’est moi qui l’ai vue d’abord !
- Bon sang, fit Heifnir avec envie, on va bientôt pouvoir rentrer chez nous…
- Oui, et Tohrj aussi !, s’exclama Tohrj.
- Bah, non. Pas toi, justement.
- Pourquoi pas moi ?, demanda-t’il tristement. Et pis d’abord, si c’est comme ça, vous avez qu’à les trouver tous seuls, vos montagnes ! Et pis moi, je boude. Nah.
- Mais enfin, gamin, tenta Aenius, on en a d’jà parlé, hein ? C’est des, comment qu’il a dit Ulkar déjà ? Ah oui, des vacantes.
- C’est pas des femmes qui boivent du vin et dansent toutes nues ?, demanda Heifnir avec suspicion.
- Des vacances, pas des bacchantes, rectifia Ulkar avec froideur. Des, euh, un endroit où se reposer pour les petits nécromanciens qui ont bien travaillé. N’est-ce pas, Tohrj ?
- Oui, m’sieur, admit ce dernier à contrecœur.
- Bon, et bien. Reprenons, hum, notre route ! »

***
« Allez, un dernier effort ! »
Le petit groupe s’arrêta, suant et haletant. Aenius s’adossa contre un arbre pour reprendre son souffle tandis qu’Ulkar et Tohrj se laissaient tomber sur le sol.
« - Hé, ho, jeunot, du calme ! On grimpe depuis ce matin, le soleil va bientôt s’coucher, et j’ai plus les guiboles que j’avais à ton âge. Alors, doucement !
- J’ai mal aux pieds !, pleurnicha Tohrj.
- Bon, bah, faisons une pause, alors, concéda Heifnir, tout aussi transpirant que les autres. Mais y vaudrait mieux dépasser le sommet ce soir, histoire qu’on soit pas obligés d’y dormir.
- Je, houm, souffla Ulkar, pfiouh, vivement qu’on redescende. Je, euh, houm, je voudrais rappeler, houm, que je suis, houm, votre doyen, et, euh, houm, je n’ai plus toute, houm, l’énergie dont vous disposez, jeunes gens, houm, que vous êtes… Mais au moins, houm, là où on est, il n’y a plus, houm, ni brume, ni moustiques. Houm ! Je, je ferais bien, houm, un petit somme, moi…
- Bon bah, répondit Heifnir, z’avez qu’à rester là. J’vais encore grimper un peu, histoire de voir la vue qu’on a d’là haut. Autant savoir où on se dirige, hein ? »
Ulkar lui répondit par un ronflement sonore. Pfff. C’était vrai que l’épreuve était dure, même pour lui, qui avait a priori la moins mauvaise condition physique. Mais c’était une chose que de vivre sous une montagne, et une autre chose d’en escalader une – même si les monts Volus n’étaient pas aussi hauts que les montagnes de Jerall. Au moins, ils avaient quitté les marais, c’était déjà ça – et c’était cette seule pensée qui les avait motivés durant toute l’ascension, en dépit de l’arthrose et des genoux douloureux.
Heifnir s’assura de sa prise sur le rocher et entama l’escalade de la paroi rocheuse – à son sommet s’ouvrait une percée entre les arbres, d’où il devrait apercevoir le panorama. Il dérapa, glissa, se rattrapa de justesse, se hissa, et, oh… Ils auraient dû s’y attendre, mais…
« Et, les gars ?, cria-t’il à l’intention du groupe en contrebas. Dites, vous savez pourquoi on l’a appelé comme ça, le Marais Noir ? Bah j’vous l’donne dans l’mille ! »

Arduilanar
Niveau 10
18 octobre 2011 à 20:26:34

J'ai écrit un chapitre supplémentaire, mais je le posterai qu'une fois qu'il y aura eu des commentaires pour celui que j'ai déjà posté. :chantage: :content:

lemou2
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:21:48

Je cède au chantage, donne la suite! :content:

Ça leur arrive jamais de faire d'la magie basique, sinon (autre que des incantations foireuses)

Arduilanar
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:24:48

Epic win. :content:
Je n'ai qu'une parole, je fais péter la suite.

Et pour répondre à ta question : chapitre 1, Aenius allume une mèche en claquant des doigts, mais à part ça, non, pas tellement de magie. Ca simplifierait peut-être trop les choses... On perdrait pas mal de situations marrantes, m'enfin je crois.

Arduilanar
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:31:09

14. Hasards malheureux

Ulkar poussa un soupir à fendre l’âme.
« Quel voyage, mais quel voyage !, gémit-il. Le malheur s’est abattu sur nous dès l’instant où l’enfant a mis le pied à la Guilde. Nous avons sans aucun doute offensé le Roi des Vers !
- Arrête un peu d’radoter, grogna Heifnir. Tu nous déblatères le même couplet depuis des heures. T’as pas d’aut’s occupations, comme, j’sais pas, moi, marcher en silence ?
- Dis, monsieur, demanda Tohrj de sa petite voix en tirant sur la manche d’Ulkar, t’es sûr qu’on s’est pas trompés en descendant de la montagne ? Parce qu’on dirait bien on est de retour dans le marais qui sent pas bon.
- Oh, non, mon petit, répondit Ulkar avec affliction, le doute n’est hélas pas possible. Au vu du degré considérablement plus élevé de pestilence, je puis t’affirmer avec certitude que nous sommes au bon endroit. Et même, ajouta-t’il en humant l’air, que nous avançons dans la bonne direction, au vu du gradient croissant de puanteur.
- Qu’est-ce qu’ça veut dire ? demanda Tohrj l’air soucieux.
- Que plus ça pue et plus on se rapproche de not’but, ricana Aenius. C’est engageant, hein ? Pire que la cave aux zombies après la Grande Putréfaction de 4E37 !
- Et l’eau est aussi noire, hum, renifla Ulkar, que si on y avait lavé les chaussettes de la Guilde.
- L’paysage est aussi plat et dégarni que l’crâne de Vidkun, fit remarquer Heifnir.
- Et ça sent comme la bouche d’Aenius quand y se lève !, entonna Tohrj avec entrain.
- Ca, c’était pas gentil, gamin, répondit Aenius en hochant tristement la tête. P’têt pas si faux que ça, mais pas gentil en tout cas. En tout cas, reprit-il, c’marais est si dégueulasse que j’suis sûr qu’y a pas une bestiole qui voudrait y vivre. Z’avez vu ? Y a pas une seule sangsue pour l’instant. Bon signe, hein ?
- J’sais pas trop, grommela Heifnir. J’pense juste qu’elles ont leurs prop’ prédateurs – j’ai senti deux ou trois trucs me frôler la jambe, et j’aimerais mieux pas savoir c’que c’est. Y a toute une chaîne alimentaire dans l’coin, et j’suis pas si sûr qu’on soit au bon bout.
- Roh, te fais pas donc tant d’souci, fit Aenius. On aura d’jà assez de problèmes pour traverser ces terres putrides, pas b’soin de se saper en plus le moral pour des bestiaux qu’ont sûrement plus peur de nous qu’aut’ chose. »
Ulkar s’arrêta net.
« Bah quoi ? Qu’est-ce qu’y a ?
- Oh, rien. J’espère juste que celui-là aussi aura peur de nous. »
Tous les regards se tournèrent dans la même direction – vers l’impressionnante silhouette serpentiforme qui avançait en ondulant sous la surface de l’eau sombre.
« Par les Vers, mais qu’est-ce que c’est qu’ça ?
- Oh, et bien, à en croire le "Phantastyque Bestyaire Alchymique d’Alrik le Dément à l’Attensyon des Hommes de l’Art", il pourrait s’agir d’un, hum, d’un Naga.
- Oh, euh, bien. Et y t’apprend quoi, ton bouquin ?
- Que leurs crocs recèlent un poison à la base de bien des préparations, que leurs os réduits en poudre sont un puissant fortifiant et que, euh, je crans bien que le reste ne m’ait échappé, hélas…
- Ca t’apprend pas plutôt comment t’en débarrasser ? »
La silhouette se redressa, majestueuse et terrible. Un serpent, noir, aux écailles luisantes, doté de bras et de jambes et haut de sept pieds… La créature toisa de son regard malveillant le groupe de nécromants tétanisés et commença à se rapprocher d’eux en sifflant.
« V’là qu’y nous a vus… Par Mannimarco, Ulkar, nous dis pas qu’t’as pas une idée pour qu’on s’en sorte vivants ?
- Et bien, euh, hum, fit Ulkar en réfléchissant, je pourrais invoquer l’esprit d’un défunt pour nous défendre…
- Oui ? Le visage d’Aenius s’éclaira. Bah alors, qu’est-ce que t’attends, mon grand ?
- Et bien, hum, si tu as sur toi un bol de sang d’ours, trois fleurs de belladone, sept crocs de chauve-souris, cinq bougies noires et un endroit où dessiner un pentagramme à la craie…
- Bon, on a compris. Pour une fois qu’ta gnose aurait pu nous servir… Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? »
Le Naga continuait d’avancer avec la lenteur mesurée du prédateur sûr de lui, les fixant de son regard quasi hypnotique. Pas question de prendre la fuite, vue sa rapidité dans l’eau ; il aurait tôt fait de tous les retrouver et de les tuer un à un. Et comment le combattre ? Il fallait se rendre à l’évidence, c’était la fin…
« Dites, les gars, entama Heifnir. Je, euh, j’voulais dire…
- Ouais, reprit Aenius, j’crois que… j’crois… bah, qu’nos routes s’arrêtent ici, ou j’sais pas comment on dit dans ces circonstances…
- Dites, demanda Tohrj l’air inquiet, vous pensez qu’il va nous manger ?
- Oh, euh, tenta Ulkar, non, euh… Euh… Oh, et puis à quoi bon mentir ? C’est la fin, hum, mon garçon.
- La fin ?, sanglota l’enfant.
- Ouaip, petiot, la fin, lui répondit Aenius d’un ton légèrement moins bourru qu’à l’accoutumée. On va bientôt ressembler à tous ces gusses sur lesquels on a travaillés toutes ces années… en plus digérés, bien sûr. »
Le monstre était maintenant tout près. Ils pouvaient en sentir l’odeur, qui parvenait à s’imposer par-dessus celle du marais – l’odeur de la mort…
Le Naga redressa sa tête, prêt à tendre le cou pour fondre comme l’éclair… mais un carreau d’arbalète se ficha dans sa tempe. L’animal se tourna, furieux – et deux autres carreaux vinrent traverser l’armure d’écailles noires, s’enfonçant profondément dans la chair.
« Roi des Vers, mais qu’est-ce qu’y s’passe ? », souffla Heifnir.

La bête avait son attention à présent totalement détournée des quatre voyageurs et ondula en faisant claquer ses crochets vers la source des tirs. Trois hommes sortirent alors de la brume – non, pas des hommes, songea Ulkar. Les inconnus au teint sombre et aux habits exotiques rangèrent d’un geste vif leurs arbalètes et pointèrent leurs trois lances vers le monstre. Celui-ci, ivre de colère, se jeta en avant, mais les inconnus s’écartèrent et empalèrent les flancs exposés. Le Naga se débattit furieusement, mais c’était maintenant lui qui était pris au piège. Avec la même lenteur assurée qu’avait la bête un instant plus tôt, l’un des inconnus dégaina sa lame et lui trancha le cou, s’aspergeant de sang sombre ; la grosse tête noire tomba en soulevant une gerbe d’eau sale, et le reste du corps s’effondra convulsivement.
« Mais… mais qui c’est-y, ceux-là ? »

Les trois étrangers, délaissant la dépouille du monstre, s’avancèrent à leur tour vers les nécromanciens, leur permettant de mieux discerner leurs visages aux traits anguleux et leur peau d’un gris sombre. Tohrj se serra contre Ulkar.
« Rien de cassé ?, demanda avec un léger accent celui qui avait abattu le Naga.
- Nous, euh, balbutia Ulkar, merci infiniment, messieurs… Nous, euh, nous vous devons la vie.
- Et nous comptons bien nous en rappeler, fit l’étranger en souriant. Nordiques ? Brétons ?
- Nibenéen, grommela Aenius.
- Ah, bien, bien, fit l’étranger qui marchait autour du groupe en jaugeant chacun d’eux du regard. Voyageurs ? Vous ne ressemblez pas à des marchands – vous ne ressemblez à rien que je connaisse, d’ailleurs. Trois vieux et un enfant, en plein cœur du Marais Noir… Que faites-vous ici ?
- Et vous donc ? grogna Heifnir agacé par l’interrogatoire.
- Je suis Neloth Dren - de Morrowind, comme vous vous en doutez. Moi et mes hommes – il fit un large signe de la main – sommes ici pour affaire. Vous avez eu de la doute de tomber sur nous, vous seriez morts à l’heure qu’il est, et ce sans le moindre bénéfice pour quiconque.
- Bénéfice ?..., demanda Ulkar en haussant un sourcil.
- Pas bien important, remarquez, poursuivit Dren. Ni pour le Naga, dont vous auriez à vous trois à peine suffi à contenter l’appétit, ni pour nous, pour qui vous ne représentez qu’une bien piètre valeur marchande.
- Hé ho, là, fit Aenius qui avait peur de comprendre. Vous comptez… nous vendre ?
- Et bien, je me le demande encore. La saison est particulièrement mauvaise, sans quoi nous ne serions même pas intervenus. A croire qu’il n’y ait plus une seule de ces infectes créatures dans le coin. Pas étonnant, quand on en voit le nombre qui parcourt nos rues en toute liberté, ajouta-t’il en crachant sur le sol.
- Le… l’esclavage, hum, est illégal, tenta Ulkar. Même pour vous, à présent.
- Oh, et bien, il faut croire que nous faisons partie de la frange opérant en marge de la légalité. L’empire – ou ce qu’il en reste – peut bien décréter ce qu’il lui souhaite, on a toujours besoin de lézards dans nos mines ; et qui dit besoin, dit marché. J’avoue me demander quel est l’exacte demande pour les vieillards ou les enfants maigrelets, mais les années de pratique m’ont appris depuis longtemps qu’il n’y a pas de petit profit. Dans notre intérêt comme dans le vôtre, ne tentez pas d’opposer de résistance – quelle résistance auriez-vous à opposer, d’ailleurs ? »
Pendant que Dren discutait, d’autres trafiquants, munis de piques et de filets, s’étaient avancés et avaient pris place tout autour du groupe, coupant toute retraite.
« Espèce de… de salaud !, cracha Aenius rouge de colère. On est citoyens impériaux ! Z’avez pas l’droit ! Faites c’que vous voulez avec les argoniens ou avec les animaux, mais nous on est des êtres humains !
- Et à votre avis, répondit Dren en souriant, dans quelle catégorie pensez-vous que je range les êtres humains ?
- Raclure d’elfe !, tonna Heifnir. Attends un peu d’voir… »
Il se rua en avant, droit vers Dren – qui, d’un geste élégant, abattit la hampe de sa lance sur le crâne épais du nécromant. Deux elfes le ceinturèrent aussitôt, tandis que d’autres s’occupaient d’Aenius, d’Ulkar, et de Tohrj qui se débattait comme un beau diable.
« Où… où comptez-vous nous emmener ?, demanda Ulkar en contenant sa haine.
- A notre camp de chasse, répondit l’elfe noir, où vous goûterez la compagnie des bien rares lézards puants que nous avons réussi à capturer. Puis nous reprendrons le chemin de Morrowind, par des voies détournées que vous n’aurez pas à connaître. D’autres questions ? »
Ulkar se tut, et Aenius préféra ne pas intervenir non plus. A quoi bon ? Dren, aussi ignoble qu’il soit, avait raison : ils étaient à sa merci, et ils ne pouvaient rien faire pour tenter de s’en tirer. Au moins n’avaient-ils pas fini dans la gueule du Naga… Tout sombre que fût leur avenir, du moins étaient-ils encore en vie. Et quand, en moins d’une heure, on vient de perdre tout le reste, la vie sauve paraît soudainement fort appréciable.

« Mais, mais… Arrête donc de gesticuler, sale singe ! »
Ils étaient deux à essayer de contrôler Tohrj, qui continuait à se débattre comme il pouvait. L’un reçut un coup de griffe au visage, et l’autre se fit méchamment mordre la main.
« Ouaaïe ! »
Le trafiquant se plia en deux, serrant contre lui sa main meurtrie.
Héhé, songèrent les vieux compères. Ils l’avaient voulu, le gamin, et bah ils allaient aussi se le coltiner.

[RandyMarsh]
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:33:20

Le vilain petit Tohrj est de retour, mais j'ai raté pas mal d'épisodes à ce que je vois.

Arduilanar
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:38:42

Quelques uns, ouais. :noel:

lemou2
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:46:48

Owi de la future et foireuse évasion... :content:

Arduilanar
Niveau 10
18 octobre 2011 à 22:48:52

Va bien falloir, oui.

Diantre, je me rends compte que c'est le chapitre le plus sérieux que j'aie écrit jusque là. :-(

live_bean
Niveau 10
19 octobre 2011 à 00:35:53

up ( je dois sauver le forum les modos se la coulent douce)

Arduilanar
Niveau 10
19 octobre 2011 à 09:48:54

Ah, non, désolé, faut avoir lu la fic pour avoir le droit de up ce topic m'voyez. :hap:

Ah, d'ailleurs.
" Vous avez eu de la doute de tomber sur nous"
Tout le monde a bien compris "vous avez de la chance", n'est-ce pas ?

lemou2
Niveau 10
19 octobre 2011 à 12:57:00

J'me disais bien que j'avais rien compris à toute ton histoire. :(

Arduilanar
Niveau 10
25 octobre 2011 à 23:53:51

15. Captivité

« Saleté d’elfe, gémit Heifnir – il avait été largement contusionné. Que je tienne un peu son sale cou gris entre mes mains…
- Nous avons tout de même bien de la chance, fit observer Ulkar.
- De la chance ? » Heifnir cracha. « J’sais pas qui c’est l’plus détestable des deux, la grosse vipère qu’a voulu nous bouffer ou cet enfoiré d’esclavagiste. On est vivants, ouais, mais il aurait p’têt mieux valu que la bestiole en finisse tout de suite avec nous.
- Il y a, hum, il y a ça, bien sûr, admit le vieux nécromant, mais ce n’est pas tout.
- Comment ça ?
- Bah, intervint Aenius, Dren sait pas qui on est vraiment, et ça fait déjà beaucoup.
- Oh, j’vois, bougonna Heifnir. Z’avez peur qu’il nous maltraite un peu plus s’y savait qu’on est nécromanciens ?
- Tu piges pas, jeunot, répondit Aenius en hochant tristement la tête.
- Vois-tu, chuchota Ulkar, la populace ne nous a jamais, hum, porté dans son cœur, et nous n’avons plus depuis longtemps l’excuse de la, hmm, tolérance officielle. Si nous avions été découverts dans n’importe quelle province, nous ne nous en serions pas tirés sans, hmmm, au moins un lynchage en règle ; sans doute même aurions-nous été tués, probablement après, euh, et bien, un interrogatoire avec couteaux portés au rouge et quelques tours de roue. Et puis, ah, nos carcasses exsangues auraient été jetées en pâture aux chiens sur, hmmm, la voie publique, vois-tu.
- Et ?
- Et bien,ah, les Dunmers porteraient, hum, bien moins de considération à notre égard. Ils ont, euh, ah, leur propre conception de la justice.
- Oh. Oh merde, alors.
- Ouaip. Comme tu dis, jeunot.»

***

Tohrj jeta un regard inquiet à la forme écailleuse recroquevillée dans la cage adjacente à la sienne, apparemment insensible aux heurts et cahots du trajet à dos de guar. Il se rapprocha des barreaux de bambou et chuchota dans sa direction :
« Dis ! T’es pas mort, si ? Dis, hein ? »
La créature sembla s’éveiller, et tourna vers l’enfant son faciès reptilien.
« Dis, monsieur, poursuivit Tohrj, t’es tout plein d’écailles comme la grosse bête qui voulait nous manger. Dis, monsieur, c’est comment ton nom ? »
Le lézard le fixa longuement de ses yeux dorés, puis fit poindre entre ses dents sa langue bifide.
« Allez, dis, quoi ! Moi, c’est Tohrj, mais ceux qui m’aiment bien, ils m’appellent, euh… En fait, je sais pas. Mais, ajouta-t’il sur le ton de la confidence, des fois on m’appelle mioche, ou gamin, ou dégage-de-là-avant-que-j’te-vire-à-coup-de-pied.
- Tu n’auras pas de réponsssse, petit. »
Tohrj se retourna. La voix, profonde et rocailleuse, venait de derrière lui – d’une cage portée par un autre guar. L’enfant dévisagea la tête triangulaire recouverte de pointes et ornée d’anneaux métalliques.
« Dis, mais t’as des écailles toi aussi !, s’exclama Tohrj. C’est quoi, dis, monsieur, c’est une mode du pays ?
- Et toi, petit ?, lui demanda la voix en retour. Pourquoi ton cuir est-il nu et lisse ?
- Bah, m’sieur, je sais pas. Moi, c’est Tohrj, monsieur. Dis, monsieur, pourquoi il m’a pas répondu, l’autre monsieur ?
- Parssse que ssss’est un lézard, voilà pourquoi.
- Bah oui, mais toi aussi, non ?
- Non. Moi, je sssuis un Argonien, un fils du Peuple de la Racine, et mon nom est Jeel-Ba. De quel coin perdu viens-tu pour ignorer la différenssse entre les êtres qui portent un nom et ceux qui n’en portent pas ?
- De… Skyrim, je crois que ça s’appelle. C’est plein de montagnes, affirma Tohrj en hochant vigoureusement le crâne.
- Très peu pour moi, mersssi, fit Jeel-Ba en faisant non de la tête. Je préfère encore la moiteur chaude de mes marécages à vos hauteurs glassssiales…
- Parce que tu vis ici, monsieur ?, fit Tohrj étonné. On m’a dit y avait que des bêtes sauvages ici, oui, même que c’est Ulkar qui l’a dit.
- On t’a mal rensssseigné, alors », siffla l’Argonien, courroucé.
Jeel-Ba, à la manière du lézard de l’autre cage, se roula en boule en tournant le dos à l’enfant. Tohrj s’en étonna : pourquoi qu’ils étaient tous aussi méchants dans ce pays ? Ce monsieur qui refusait de lui parler, l’autre qui lui tournait le dos, et même ce drôle de monsieur au teint gris qui avait voulu inspecter ses dents. Les clients ça regarde toujours les dents en premier, qu’il avait dit. Et bah, il avait dû être content, le monsieur, parce que Tohrj il lui avait montré qu’il avait de bonnes dents : il l’avait mordu et avait refusé de lâcher. Même qu’ils avaient dû se mettre à quatre pour l’enlever de là – alors que quand il avait mordu le cuisinier, ils étaient que deux. Et que trois quand il avait mordu le vilain monsieur avec le fouet. Tohrj il avait peut-être des dents en moins, mais au moins celles qui restaient étaient bonnes, ça oui, beaucoup y pouvaient le dire – et cette pensée le fit sourire, de ce sourire si laid mais tant redouté.

***

Une nouvelle nuit était tombée sur le Marais noir, changeant les ombres familières en ténèbres terrifiantes. Même le mugissement placide des guars, dans l’obscurité, pouvait passer pour la respiration rauque de quelque prédateur nocturne à l’affut de sa proie. La chaleur et la lumière étaient les seuls éléments de réconfort, la seule présence rassurante dans cette noirceur hostile, et les gardes, transis de froid autant que de peur, se serraient autour du feu de camp.
« Brrr, commença l’un en frissonnant. Je m’habituerai jamais au climat. On crève de chaud le jour, et on gèle la nuit. Et toute cette humidité !
- Tu t’y feras, Daral, intervint un garde plus âgé, tu t’y feras comme tout le monde s’y est toujours fait. C’est toujours dur, au début, les premières années. Saleté de pays de sauvages !
- Et la saison n’est même pas bonne, commenta tristement un troisième. On a échappés de justesse aux patrouilles, et tout ça pour quoi ? A peine une dizaine d’esclaves. Même qu’on a dû se rabattre sur tout ce qu’on trouvait pour minimiser les pertes, comme les animaux exotiques, ou ces vieux bonshommes que Dren a trouvés.
- Par Azura, s’exclama Daral, quelle plaie, ceux-là ! Ils se plaignent et poussent des gémissements toute la journée.
- Pas étonnant, lui répondit un autre avec dédain, voilà tout ce à quoi l’on peut s’attendre de ces barbares nordiques ! A la place de Dren, je les aurai abattus sur place – et c’est encore trop bon pour ces chiens de Nordiques.
- Moi, ç’ui qui m’fait flipper, c’est le gosse. » Le Dunmer qui avait pris la parole trembla. « Jamais vu ça, en trente ans de trafic. Un monstre, j’vous dis ; vous auriez vu la main de Lleris après qu’il l’ait mordu…
- Et moi, j’étais là quand il s’en est pris à Saryn. Le pauvre voulait juste lui examiner la mâchoire,clac ! Il s’est retrouvé pris au piège. A quatre, qu’on s’y est mis pour l’en sortir ! J’vous l’dis, ce gosse, c’est un sadique. Je l’ai vu qui me regardait, en faisant son drôle de sourire, comme s’il avait décidé que ça s’rait moi le suivant… »
Le garde frémit à son tour et se serra un peu plus contre les autres.
« - Moi non plus j’en peux plus, renchérit un autre. J’préfère encore m’occuper des bêtes sauvages que de m’approcher de sa cage ! J’ai peur qu’il m’attrape avec ses p’tits bras maigres et qu’il me prenne au piège… Et là, j’suis sûr qu’y nous regarde, qu’y choisit sa proie !
- Tu délires, Hlenil. Le gosse est dans sa cage, la cage sur le guar, et le guar dans l’enclos, de l’autre côté du camp. Il ne peut pas nous regarder.
- Il en a pas fini avec nous, continua Hlenil, c’est moi qui vous l’dis ! Reste à savoir qui va être le prochain. Parce qu’il va bien falloir s’approcher de la cage pour lui donner à manger, un jour ou un autre. Et là…»
Les trafiquants déglutirent et se regardèrent en silence.
« On peut… tirer à la courte paille », suggéra timidement Daral, mais aucune réponse ne suivit.
Un nouvel instant de silence suivit.
« Ou bien… ou bien…
- On peut aussi ne plus s’approcher d’sa cage. J’veux dire, l’est déjà tout maigre et moche, personne s’en rendra compte s’il saute un ou deux repas ? »
Les visages s’éclairèrent subitement.
« - Ouais, mais non, fit Hlenil la mine sombre. Dren va nous écorcher vifs si on prend pas soin de la marchandise. »
Nouveau silence gêné.
« - Moi, je veux bien le faire, finit par s’élever une voix.
- Mais t’es cinglé, Orval ! T’as vu c’qu’il a fait à Lleris, et à Saryn, et…
- Justement, répondit Orval en souriant, ça mérite bien une petite prime de risque, non ? Soit Dren accepte de m’augmenter, soit vous vous cotisez. Je ne veux pas le savoir – tout ce qui compte, c’est que je puisse m’acheter cette petite maison près de Longsanglot. Cela convient à tout le monde ?
- Et pis quoi encore ? Comme si on allait te… te payer pour ça, grogna l’un.
- Avec la saison qu’on fait, tu crois que Dren va lâcher son fric comme ça ? Attends, je reformule : t’as déjà entendu dire que Dren avait lâché son fric pour quoi que ce soit ?
- Même pour nos salaires, il chipote toujours. Pas de petit profit, c’est la devise de la maison ! »
Neloth Dren était, disait-on dans le milieu, à peu près aussi disposé à se séparer d’une part de ses profits qu’un netch à se laisser dépouiller de son cuir. Le fait était loin d’être unique chez les esclavagistes, sur l’échelle de valeur desquels l’argent est situé assez haut – plus haut que la vie de leurs contemporains, par exemple. Mais ceux qui travaillaient pour Dren s’accordaient en général à reconnaître que s’il avait été un netch, il aurait plutôt vendu toute sa famille, et sa propre peau en prime si cela avait pu lui rapporter une poignée de septims supplémentaires.
Olvar Beran sourit imperceptiblement. L’opposition était de circonstance, mais elle manquait bien trop de conviction pour qu’il y crût. Il comprenait ses compagnons : ils devaient sauver les apparences, ne pas laisser croire qu’ils allaient abandonner aussi vite. Mais la partie était déjà gagnée, et il le savait. Ils se cotiseraient, puisqu’ils n’avaient pas le choix ; leur peur était la plus forte. A lui la prime, et à lui les vacances à la campagne. Et au prix de quoi ? Un gosse. Juste un gosse. Il en avait maté d’autres, il ne voyait pas pourquoi celui-ci serait différent.

***

Par tous les daedras ! Celui-ci… celui-ci était différent.
Et pourtant, tout s’était si bien passé au début. Orval, munis de gants de maille, avait passé la gamelle contenant la rebutante pitance à travers les barreaux de la cage. L’enfant, ou plutôt la vilaine petite chose maigre et blafarde qui tentait de se faire passer pour un enfant, avait humblement saisi l’écuelle de fer-blanc et avait commencé à manger, sans même lever le regard. Orval, fier de sa trouvaille toute simple, s’était alors approché pour mieux contempler le monstre qu’il avait dressé, et… Paf ! Il se demandait encore comment il avait bien pu s’y prendre, à travers les barreaux. Toujours était-il qu’il avait le visage ensanglanté et couvert de bandages, et, à en croire Lleris qui avait pansé ses blessures, qu’il lui manquait un bon centimètre de nez. Et à chaque fois qu’il repassait devant la cage, l’enfant était là, à lui sourire – de ce sourire cruel bien qu’édenté.
Trop, c’était trop, songea Orval avec amertume. On peut être un trafiquant cupide et sans scrupules et avoir tout de même ses limites, et lui venait de trouver les siennes. Du moins pourrait-il se vanter d’avoir été le premier être vivant de Nirn à obtenir que des esclavagistes se cotisent pour lui offrir une prime de risque ; mais surtout, d’être le premier à avoir refusé cette offre.
Par Clavicus, c’est qu’il y avait quand même des choses avec lesquelles on ne devait pas jouer. Même pour mille pièces d’or.

lemou2
Niveau 10
26 octobre 2011 à 11:47:43

Tu pourrais prévenir quand tu postes. J'te lis tout à l'heure pour la peine. :nah:

Arduilanar
Niveau 10
26 octobre 2011 à 11:49:43

Racl'. :nah:

Sujet : [Fic] Tohrj. Tohrj tout-court.
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