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The Elder Scrolls V : Skyrim

Sujet : [Fic] Tohrj. Tohrj tout-court.
Annihilus
Niveau 40
12 juin 2011 à 19:16:22
    • vole le cent*
ManiKatti
Niveau 12
12 juin 2011 à 19:17:43

Y a que les gens comme l'Elfe prêts à voler un cent.. :(

Arduilanar
Niveau 10
12 juin 2011 à 20:13:31

Numerobide, tu as l'oeil perçant. :oui:
Sauf si tu as lu les commentaires de la première page, ce qui t'ôterait tout mérite. :(

Lloyd, c'est p'tet vrai que je me suis légèrement laissé aller à la surenchère de nomenclature. Y a qu'une phrase qui pose problème, en fait : "L’ouragan chimique se mua en tornade neuro-électrique, qui remonta en ruant les axones myélinisés jusqu’aux bulbes olfactifs, grillant tout sur son passage."
Y a pas grand-chose à comprendre, en fait, c'est juste pour décrire les ravages de la bouffée d'air vicié dans les circuits nerveux de Sjorling pendant que le signal électrique remonte jusqu'au cerveau. Mais promis, je ferai un effort pour rester compréhensible à l'avenir, malgré ma tendance aux envolées médico-lyriques.

Au fait, z'avez vu, j'ai trouvé un scénar. :(

ManiKatti
Niveau 12
12 juin 2011 à 20:15:58

L'coup des lobes ne rattrape rien, aussi. :nah:

Arduilanar
Niveau 10
12 juin 2011 à 20:20:51

C'est les lobes du cerveau. :(
Y a pas d'excuse, j'ai pas bossé dessus en médecine. J'ai pas bossé dessus du tout, en fait. Je sais juste qu'y a différents lobes, pour les noms c'est les mêmes que ceux des régions du crâne. (Bon ok, on en parle en médecine, mais ça peut aussi bien être de la simple culture générale. Nah.) Et pis même, y a pas besoin de savoir où ils sont pour comprendre qu'ils se chamaillent. :nah:

Mais promis, je ferai un effort. Avoue quand même que c'était assez drôle. :-(

ManiKatti
Niveau 12
12 juin 2011 à 20:22:57

L'idée était cool ouais. Mais les mots que je n'ai compris qu'en les décomposant pour trouver un sens approximatif, ça m'a un peu rebuté. Et j'ai pas b'soin de culture. J'ai le kick.

Arduilanar
Niveau 10
12 juin 2011 à 20:27:36

En fait j'suis même pas sûr de mon coup pour l'histoire des lobes. J'pourrais très bien avoir dit n'importe quoi, et aucun de vous ne sera jamais au courant... J'aurais pu faire pire, et laisser s'affronter le diencéphale, les deux hémisphères télencéphaliques, l'aqueduc de Sylvius, l'hypothalamus et le cervelet. J'ai été clément. :hap:

Bon, j'prends note pour la version finale de faire plutôt s'affronter les deux hémisphères et le cervelet. C

Arduilanar
Niveau 10
12 juin 2011 à 20:27:51
  • Ca simplifie déjà les choses.
Arduilanar
Niveau 10
17 juin 2011 à 11:36:53

7.

« Réééunion de crise ! Réééunion de crise ! »
Les nécromants, relevant leurs robes au dessus du genou pour ne pas entraver leur course, se ruaient vers le réfectoire sous les cris de Langue-de-Glace. Bon sang, mais qu’est-ce qui avait encore bien pu se passer ? Un coup de Tohrj, comme toujours. Sans doute la dernière catastrophe provoquée par le gamin. Une séance de chimie tournant mal et un gaz toxique libéré dans les souterrains de la guilde ? Ou un prince daedrique invoqué par mégarde lors d’une séance de spiritisme ? Mieux valait s’attendre au pire.
Vidkun, posté à l’entrée de la salle, comptait les arrivants.
« … Torbal, Grom, Harald… Magne-toi, Heifnir, les autres sont déjà tous à l’intérieur !
- Et moi ? fit une petite voix fluette.
- Non, pas toi, Tohrj.
- Pourquoi ? demanda l’enfant d’un air triste.
- C’est une réunion concernant les, euh, les… les hémorroïdes avec complications et saignements. Oui, voilà, c’est ça. Ca ne concerne que les membres de plus de cinquante ans, donc tu ne peux pas entrer, désolé. »
Vidkun rentra dans le réfectoire, refermant la porte derrière lui. Tohrj, boudeur, s’éloigna en traînant les pieds. C’était vraiment trop pas juste. Juste parce qu’il était le plus petit, les grands ils le laissaient toujours de côté. Mais un jour, lui aussi il en aurait, des hémo-choses, avec complications et tout, et alors les grands ils allaient voir ce qu’ils allaient voir. Non mais.

***

Sjorling regarda d’un œil sévère les retardataires prendre place autour de la longue table.
« Hum, s’éclaircit-il la voix. J’imagine que vous vous doutez de ce qui nous rassemble ici. »
Il lança un regard noir à l’assemblée. Que les choses soient claires pour tous, il n’était pas de bonne humeur et ce n’était pas le moment de poser une question idiote.
« Il s’agit évidemment, poursuivit-il, de notre petit treizième. Tohrj fils de Kvir.
- Qu’est-ce qu’il a encore fait, le môme ? lança Heifnir au mépris de toute prudence. Langue-de-glace le foudroya du regard, et Heifnir sentit toute sa belle assurance se liquéfier d’un coup.
- Exceptionnellement, reprit Sjorling, ce n’est pas d’un problème qu’il s’agit, mais d’une… solution. »
Les nécromants marmonnèrent dans leur barbe. Alors, ça y était enfin ? Sjorling avait enfin reconnu son erreur et, revenu à la raison, acceptait la seule solution raisonnable, à savoir donner l’enfant en pâture aux zombies ?
« Sur une idée d’Ulkar… », reprit le chef de guilde.
Aïe. Ca commençait mal. Ulkar le Balbutiant, défenseur acharné de l’éthique et des bébés phoques. C’étai un peu sa faute s’ils n’avaient pas encore pu se débarrasser du gamin, ses idées bizarres de morale et de sentiments semblaient exercer une certaine emprise sur Sjorling.
« Sur une idée d’Ulkar, donc, il est apparu qu’il existerait une solution au problème de l’éducation de notre jeune adepte.
- Vous voulez dire, risqua Harald, une solution qui n’impliquerait pas de le pendre par les pieds jusqu’à ce que mort s’ensuive ? J’ose à peine rappeler que cette option avait déjà été proposée à la dernière réunion de crise. Vous savez, quand il a failli griller vif Grom en renversant les Candélabres d’Incarnation.
- A qui l’dis-tu, grommela Grom. Mes sourcils ont pas encore repoussé.
- Ahem hem, coupa Sjorling. Comme je le disais avant d’être déplaisamment interrompu – Harald se tassa au fond de sa chaise – Ulkar a imaginé une solution nous permettant de résoudre le cas de Tohrj sans manquer à notre engagement pris envers notre Seigneur et Maître le Roi des Vers. En l’admettant dans notre guilde, nous nous sommes engagés à ce que notre jeune adepte reçoive une éducation digne d’un nécromancien. Mais pas à ce que nous la dispensions nous-même… »
Langue-de-Glace scruta le visage de ses compagnons, s’attendant à voir briller dans leurs yeux gris, sinon une lueur d’intelligence, du moins un frémissement d’excitation. Excès d’optimisme. Les yeux vides de bovins semblaient perdus dans le lointain, et deux ou trois hochaient vaguement la tête pour faire mine d’avoir compris. Désespérant, vraiment.
« En d’autres mots, concéda-t’il à expliquer, d’autres pourraient se charger de Tohrj à notre place.
- Ooooh, répondirent-ils en chœur.
- Et par autres, qui entendez-vous au juste, ô maître ?, intervint Harald désireux de se racheter. Pas sûr qu’on trouve grand monde pour en vouloir, de l’enfant. Il faudrait une patience d’ange…
- Ou de démon, répondit Sjorling dans un sourire révélant deux inquiétantes rangées de dents.
- J’comprend pas, vous voulez dire les daedras ?, fit Grom en se grattant la tête.
- Mais non crétin, répliqua Torbal, tout l’monde sait qu’ les démons vivent à Akavir. Par contre j’sais pas si le prix du voyage en bateau vaut la peine de l’investissement…
- C’était une métaphore, sombres imbéciles, trancha Sjorling d’un ton sec.
- C’est comme une comparaison, vous v… »
Aenius sentit le regard foudroyant le percer de part en part et préféra s’arrêter net. N’empêche que c’était la deuxième fois qu’il était privé d’une occasion d’étaler sa science.
Misérable ramassis d’idiots, pensa Sjorling. Mieux valait encore opter pour la méthode la plus directe, et abandonner les insinuations même les moins subtiles.
« Ulkar, donc, propose que nous envoyions Tohrj chez les Sloads.
- Oooooooooh.
- Ceci impliquera évidemment d’amener l’enfant jusqu’à un de leurs repaires. Nul doute que leur patience légendaire et leurs connaissances avancées dans le noble art de la nécromancie sera profitable à notre jeune… protégé. Mais il nous faut des volontaires pour le voyage. »
L’effet obtenu ne fut pas celui escompté. Le chef de guilde s’était légitimement attendu à ce qu’au moins deux ou trois volontaires se désignent, prêts à se sacrifier pour le bonheur de ne plus avoir à supporter le fils de Kvir. Grossière erreur.
En l’espace d’une demi-seconde, les stratégies s’étaient mises en place. Sjorling devait bien leur reconnaître qu’en cette occasion, ses compagnons ne manquaient pas de créativité. Quelques uns fixaient le plafond d’un air absent, d’autres sifflotaient en tapotant des doigts sur la table. Harald fit mine de faire tomber son mouchoir pour avoir un prétexte pour se cacher sous la table, Torbal fit semblant de dormir, et Vidkun se lança dans un intéressant exercice de mimétisme, concentré dans l’effort de se fondre dans le mur.
« Bande de… dégonflés ! fulmina Aenius. Pas un qu’ait un pet de courage pour accompagner le môme !
- Aenius, vous n’avez pas encore été relevé de vos obligations envers Tohrj. Vous ferez donc un parfait premier volontaire.
- Mais, mais… bredouilla le vieil homme.
- Et vous, Ulkar, puisqu’il s’agit de votre idée, il serait légitime que vous assumiez votre choix et accompagniez Aenius et l’enfant.
- Mais, maître, bredouilla à son tour Ulkar, je, euh, j’ai trouvé l’idée, j’ai fait ma part du travail… Je, euh, vous savez quelle est mon aversion pour le monde extérieur !
- Tel est pris qui croyait prendre, ricana Heifnir.
- Je n’aurais pas mieux dit moi-même, reprit Sjorling. Heifnir, vous serez le troisième volontaire.
- Je…. quoi ?
- Et je crois que l’équipe est au complet, acheva le chef de guilde. Faites vos préparatifs, je crois que nous serons tous d’accord pour dire qu’il vaut mieux que vous partiez au plus vite. C’est que la route est longue depuis Skyrim jusqu’en Argonie… »
Ulkar blêmit. Son délicat teint grisé ne supportait pas le soleil. Pas plus d’ailleurs que lui-même ne supporterait le voyage avec Aenius et Heifnir. Deux barbares grossiers. Sans compter Tohrj. Il était prêt aux meilleurs sentiments du monde envers l’enfant, tant qu’il restait à bonne distance de lui. Même l’éthique a ses limites, et en l’occurrence, la limite était une distance minimale de dix mètres. En deçà, Ulkar ne répondait plus de rien. Aenius et Heifnir, de leur côté, restaient benoîtement la bouche ouverte, encore sous le coup de la façon dont ils avaient été eus.
Insensible au trouble de ses acolytes, Sjorling poursuivit :
« Et puis il faudra planifier la feuille de route, prévoir un moyen de transports, sans doute des déguisements pour passer inaperçus. Vous vous chargerez de tout cela, Ulkar, n’est-ce pas ? »
L’espace d’un instant, Ulkar envisagea de répondre. Insolemment. Mais il lui manquait deux qualifications essentiels : le courage et l’art des répliques cinglantes. Au lieu de cela, il pencha donc la tête d’un air triste et gémit :
« Oui, maîîître.
- Bon, je ne vous retiens pas plus longtemps. La réunion de crise est close. »
Les nécromants se dispersèrent, Aenius et Heifnir encore abasourdis par leur désignation d’office, Ulkar se maudissant lui-même pour sa faiblesse, et les autres soulagés d’avoir échappé au pire. Tous, en tout cas, gagnés par l’espoir infime qu’ils en auraient bientôt fini avec le fils de Kvir.

***

Torbal risqua un coup d’œil discret aux alentours. Plus personne. Il se risqua donc à relever la tête en baillant :
« Ouah, j’ai bien dormi… J’ai raté quequ’chose ?
- Je ne sais pas, fit Harald en sortant de sous la table. Mon mouchoir était tombé, j’ai dû aller le chercher. »
Les deux compères se regardèrent, l’air coupable et un peu gênés.
«- Ooh. C’est vraiment dommage d’avoir raté ça, pas vrai ?
- Oui, c’est vraiment… dommage. C’est le mot.
- Bon.
- Bon.
- On y va ? Avant que Sjorling change d'avis et qu'y vienne nous chercher ?
- On y va. »

ManiKatti
Niveau 12
17 juin 2011 à 12:29:18

"Nul doute que leur patience légendaire et leurs connaissances avancées dans le noble art de la nécromancie sera profitable à notre jeune"*

Seront* ! :fier:

Pseudo supprimé
Niveau 8
17 juin 2011 à 15:18:06

J'aime beaucoup ton histoire, et j'ai bien rigolé sur plusieurs moments. :)

Juste une petite remarque :"C’est que la route est longue depuis Skyrim jusqu’en Argonie…"

La patrie des Argoniens c'est pas le Marais Noir?

ManiKatti
Niveau 12
17 juin 2011 à 15:21:33

http://lagbt.wiwiland.net/wikibiblio/index.php/Marais_Noir

"L'Argonie est le nom local de la province du Marais Noir (Black Marsh), et doit son nom elfique à une ancienne bataille qui s'y est jadis déroulée et durant laquelle beaucoup d'elfes perdirent la vie. "

:p)

Pseudo supprimé
Niveau 8
17 juin 2011 à 15:28:40

Autant pour moi :)

Continue comme ça, c'est très frais comme histoire (ce qui peut sembler paradoxal sur une histoire de nécromancien :hap: )

Arduilanar
Niveau 10
17 juin 2011 à 20:36:29

"Seront* ! :fier: "

Ach zlut. :(
Tu m'as eu, je sais reconnaître ma défaite avec humilité...

  • cache le couteau dans son dos*
Arduilanar
Niveau 10
18 juin 2011 à 16:23:52

8.

« Monsieur ?
- Quoi, encore ?!
- C’est quoi, des vacances ? »
Ulkar soupira. Avec son profil de « grand-père-gentil-doux-et-aimable », comme disait Sjorling, il avait été une fois de plus désigné pour la vile besogne. A savoir expliquer à l’enfant pourquoi il devait se préparer à un long voyage dans le monde extérieur.
« Hum… Et bien, c’est, euh, c’est… Un endroit où on va, euh, quand on est fatigué. Pour, hum, prendre du repos, des choses de ce genre. Dans un endroit paisible au soleil, ou approchant.
- Mais c’est horrible !, répondit Tohrj en faisant la grimace.
- Oui, mais, euh, le soleil n’est pas obligatoire, se rattrapa Ulkar. L’endroit où nous nous rendons est, hum, tout ce qu’il y a de plus lugubre. Sinistre, même. Un, hum, un immense marécage putride. Très, euh, accueillant, comme endroit, m’a-t’on rapporté.
- Pourquoi je suis obligé d’y aller ? Je suis pas fatigué, moi. Toi, monsieur, si. Tu as des grosses taches bleues sous les yeux comme quand on dort pas bien. Et la peau tout comme une vieille pomme, avec des plis et des creux et tout. »
Le teint blafard du vieux nécromant vira au rose vif. Quoiqu’en dise Sjorling, Ulkar louait Mannimarco de lui avoir épargné le tourment d’être grand-père.
« - Je, euh… C’est pour te récompenser, hum, de tes bons résultats. Un peu de, euh, repos bien mérité pour un élève assidu et brillant. »
Un odieux mensonge, évidemment. Puisse le Roi des Vers lui pardonner. Le pire était sans doute que l’enfant ne fit même pas mine de s’interroger. Il continuait de le fixer, les yeux grands ouverts, un mince filet de bave coulant de sa bouche entrouverte en un sourire inquiétant. Pour avaler pareilles couleuvres, il fallait vraiment qu’il soit… ce qu’Ulkar avait toujours soupçonné, c'est-à-dire un imbécile congénital. Soumis à certaines tares héréditaires, semblait-il. Conjuguées à de graves carences, aussi bien nutritionnelles qu’éducatives. On voyait le résultat.
« Monsieur, c’est quoi, assidu ? »
Ulkar soupira. Il n’allait pas être triste, ce voyage.

***

« Bon, tout le monde est prêt ? »
Aenius, Heifnir et Ulkar hochèrent gravement la tête. Tohrj, sanglotant, hoqueta. La guilde au grand complet venait faire ses adieux à ses héros, partant braver les horreurs du monde extérieur pour accomplir leur noble tâche – se débarrasser à jamais du sale mioche. Entassés dans le couloir menant à l’extérieur, tous s’évertuaient à prendre un air affligé de compassion, tout en ayant bien du mal à cacher leur joie de savoir qu’ils passaient leurs derniers instants avec Tohrj. Pour résultat, d’étranges rictus mi-peinés mi-rieurs, rendus plus effrayants encore par la pâle clarté lunaire, qui filtrait à travers la fragile porte de bois séparant l’univers des ténèbres et celui de la lumière. On eût dit quelque étrange congrès de grimaçants.
« Alors, ça y est ? On nous fout dehors comme des malpropres ?, grommela Heifnir dans sa barbe.
- Y a plus d’respect, moi j’vous le dis, renchérit Aenius.
- Hum. J’ose espérer, hum, que vous n’allez pas vous plaindre de la sorte pendant tout le trajet. Je vous rappelle, hum, que de nous trois, je suis, hum, le seul qui ne méritait pas ce traitement.
- La ferme, Ulkar, répondirent les deux autres d’une même voix.
- Oh, hum, très bien. Mais ne venez pas vous plaindre si…
- Allons, allons, coupa Sjorling. Je veux voir de la bonne humeur et des visages souriants. »
Regards interloqués.
« Enfin bon, du moins un peu de bonne volonté. Vous allez devoir vous supporter en plus de gérer l’enfant. L’esprit d’équipe, chers confrères, voilà la clé dont dépendra votre succès. Bon, le temps des adieux n’a que trop duré. Vous devez vous dépêcher si vous voulez partir avant le lever du soleil. Tout le monde a dit au revoir ?
- Au revoir ! », minaudèrent les nécromants. Quelques uns agitèrent un mouchoir. Il paraissait que ça se faisait chez le commun des mortels, en guise d’adieu. Idée de Vidkun pour rendre la scène du départ pathétique et larmoyante.
« Grom !, chuchota Harald.
- Qu’est-ce qu’y a ?
- Le mouchoir, il est pas censé être sale.
- T’es sûr ?
- Quasi certain, ouais.
- Ah. Tant pis alors. »

Sjorling faisait ses dernières recommandations :
« Il n’est pas besoin de vous rappeler de faire preuve de la plus extrême prudence. La nécromancie n’est pas en odeur de sainteté en ce moment. Tâchez de trouver une excuse crédible si vous croisez des voyageurs – ce qui ne saurait manquer. Ah, oui, une dernière chose. N’essayez pas de vous contenter de balancer l’enfant au fond d’un ravin. Je le saurais, soyez-en certains. Allez, faites donc bon voyage, et que le Dieu des Vers vous protège. »

« Comment il a d’viné ?, murmura Heifnir.
- J’sais pas. Il est quand même fortiche, Langue-de-Glace. C’est sans doute pour ça qu’il est chef de guilde et pas nous. »

Dans un grincement sinistre, la porte reliant la caverne au monde extérieur s’ouvrit. Une bouffée d’air glacé s’engouffra dans le couloir lugubre, balayant la poussière des siècles. De l’air pur et sain, qui fit tousser les vieux nécromants. La lumière de la lune et des étoiles aveugla les yeux habitués à l’obscurité. Aenius ne cilla pas, les yeux embués de larmes. Il devait se montrer digne, pour la postérité. Soutenant la cruelle clarté du regard, il chercha des mots dont on se souviendrait. Des dernières paroles pleines d’emphase et de panache.
« Souvenez-vous, bredouilla-t’il… Souvenez-vous, que c’mioche il nous les aura bien brisées. Voilà. C’est tout c’que j’avais à dire. »
Vidkun se moucha bruyamment. L’émotion.
« Bon, on s’bouge ?, bougonna Heifnir. Plus vite qu’on part, plus vite qu’on s’ra revenus. »

***

«Par les Vers. J’arrive pas à m’souvenir quand c’est la dernière fois qu’j’ai mis le nez dehors. »
Heifnir marchait à l’ombre des hauts pins des monts de Bruma, quelque peu décontenancé. L’odeur piquante de la sève et le bruissement doux des fougères sous ses pieds lui rappelaient de lointains souvenirs – trop lointains, peut-être.
« - Et encore, t’es un p’tit jeune, lui répondit Aenius. T’as même pas cinquante-cinq ans.
- Ouais, mais toi, l’ancêtre, t’es habitué à faire des sorties, rétorqua Heifnir.
- J’étais, corrigea-t’il. Ca fait bien cinq ans que j’y suis pas r’tourné. Avec les nouveaux comités d’éthique, c’était trop risqué de faire la chasse aux mômes. Et pis, même les villageois y z’avaient pigé le truc. Faites gaffe au vieux père vert, les enfants, qu’ils disaient.
- Alors que maint’nant, c’est les mômes qui viennent nous trouver. Pas sûr qu’ce soit un progrès, n’empêche. »
Heifnir lança un regard noir à Tohrj, qui marchait derrière avec Ulkar. Les vieilles jambes de ce dernier avaient visiblement du mal à le porter.
« Je…, gémit-il, vous, euh, vous ne pourriez pas ralentir le pas ? Je, hum, je suis le doyen, je vous le rappelle, je, euh, je n’ai plus la vigueur de vous autres jeunes gens !
- Ah, monsieur, je t’avais bien dit que t’étais fatigué, fit Tohrj de sa voix aigrelette.
- Suffit, Tohrj, siffla Ulkar dans une imitation assez convaincante de Langue-de-Glace. Dites, euh, vous autres, vous ne voudriez pas faire une pause ? Les, euh, les sentiers de montagne sont trop rudes pour mes vieilles rotules !
- C’était ton idée, vieille branche, rétorqua Aenius sans ralentir sa marche. Moi j’ai mon arthrite mais j’gémis pas !
- Ouais, poursuivit Heifnir, c’est bien beau d’avoir d’grands projets pour les autres et d’se défiler au moment d’se bouger un peu !
- Et bien, hum, hoqueta Ulkar avec mépris, si tu n’avais pas jugé bon de ramener ton avis, tu ne serais pas là, hum, en ce moment même. Tu es, hum, bien mal placé pour donner des leçons.
- Ha ouais ?, gueula Heifnir. Tu veux que j’t’en donne des leçons, l’ancêtre ?
- Du calme mon vieux, intervint Aenius en tentant d’apaiser son confrère. Fous donc la paix à Ulkar.
- Je, euh… merci, Aenius. Je savais que par ton âge, hum, tu trouverais la sagesse.
- Crois pas que ça soit pour t’faire plaisir, vieux croûton. C’est juste que j’ai pas envie de m’occuper seul du mioche pendant que vous vous chamaillez.
- Tiens donc, quand on cause de lui, où c’est-y qu’il est donc, le gamin ? »
Ulkar lança des regards terrifiés autour de lui. L’espace où se tenait Tohrj l’instant d’avant était désespérément vide.
« - Je, euh… Nous avons perdu Tohrj ?!
- Bon, on fait quoi ? On a qu’à rentrer, non ?, proposa Heifnir.
- T’as bien entendu c’qu’y nous a dit, Langue-de-Glace…
- Bah ouais, justement, y nous a dit de pas le pousser dans un ravin. Mais si y s’est paumé tout seul, on y peut rien.
- Pas faux, répondit Aenius. J’vote pour qu’on rentre, et on en parle plus.
- Mais… vous n’êtes pas bien ! Le maîître va nous, euh, nous étriper sur place ! Seigneur Mannimarco… Il, euh, il nous faut le retrouver, impérativement !
- Alors qu’on a enfin trouvé le moyen d’s’en débarrasser sans crapahuter sur des kilomètres ? T’es pas fou, non ?
- Mais, implora Ulka les larmes aux yeux, le maîîître sera furieux, oui, il nous écorchera vifs…
- Bon, bon, admit Heifnir à contre cœur. Mais si jamais on l’retrouve, on saura que c’est d’ta faute. »

ManiKatti
Niveau 12
18 juin 2011 à 17:34:31

Pas de fautes, cette fois. Toujours sympa à lire. :content:

Fake : "implora Ulka" :rire:

Arduilanar
Niveau 10
18 juin 2011 à 18:38:14

C'est un nom propre, j'l'écris comme je veux. Nah. :(

ManiKatti
Niveau 12
18 juin 2011 à 18:38:48

Si c'est Ulkar, c'est Ulkar. Et pas Ulka. Nah.

Arduilanar
Niveau 10
18 juin 2011 à 18:41:34

C'comme Gollum et Sméagol. Ulka est la face pleurnicharde d'Ulkar. Nah. :(

enerxy2
Niveau 3
19 juin 2011 à 22:08:48

Les fics sont pas censées se dérouler en Skyrim :(
Sinon toujours très agréable à lire !

Sujet : [Fic] Tohrj. Tohrj tout-court.
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