Chapitre 32 :
Igrim remit sa capuche en place. Il pleuvait et le tonnerre grondait sur Solitude. La mer était déchaînée, tout comme le ciel qui lâchait des trombes d’eau et des rafales de vent dignes des plus grandes tempêtes.
Tout le monde était chez soi.
Même les mendiants étaient allés se réfugier dans des tavernes ou sous des ponts.
Les gardes, quant à eux, étaient soit cloitrés dans leur caserne, soit en train de surveiller les rues désertes sous un porche.
Mais la plupart étaient dans la caserne.
Igrim remonta une petite allée, contourna un bâtiment et s’arrêta devant la porte d’une auberge. Au « Ragnard sournois ».
Le Nordique, tout en vérifiant que sa hache pendait toujours à sa ceinture, sous son manteau, poussa la porte et entra dans l’établissement.
Il dépassa un ivrogne, évanoui dans l’entrée, passa devant l’aubergiste, une vieille Bosmer au regard méchant, traversa la pièce principale totalement vide de client et monta les escaliers qui menaient aux chambres.
Là, il poussa une nouvelle porte.
Fendros était à genou au milieu de la pièce, entouré de bougies, et récitait des incantations.
Devant lui était posé la tête de Valdo que le Dunmer avait insisté pour emporter. Celle-ci était percée d’un pieu en bois et gisait au milieu d’un cercle tracé à la craie, dans une mare de sang. Des plantes étaient disposées un peu partout.
-Qu’est-ce que tu fais ?
Fendros cessa ses incantations.
-J’essai d’invoquer un démon, répondit l’elfe.
-Pourquoi ?
-Pour voir.
-Ah.
Igrim retira son manteau et le jeta sur une chaise. Puis, il déposa sa hache sur son lit et s’assit dessus.
-Et qu’est-ce que tu feras si tu réussis à l’invoquer ?
-Je lui demanderais de détruire la ville et de me donner la vie éternelle.
Igrim se tut. Il valait mieux ne pas discuter avec Fendros quand il était comme ça. L’elfe avait un côté assez malsain. Et la petite lueur de folie que dansait dans ses yeux avait beau avoir diminuée depuis quelque jours, elle était toujours là.
Des fois, elle grandissait un peu, comme maintenant.
Fendros recommença ses incantations.
-Oh, roi des ténèbres, suzerain de la maladie et du chagrin, empereur des morts et rejeté de la lumière, accepte le cadeau de ton humble serviteur et matérialise toi. Je t’offre cette tête et…
Igrim ne l’écoutait plus. Il avait croisé ses deux bras derrière sa tête et regardait le plafond.
Cela faisait quatre jours qu’ils s’étaient échappés de Paal Do Lein.
Quatre jours que Fendros avait tué tous les êtres vivants de là-bas. Ca avait été un carnage.
Après être sortit du fort, l’elfe fou s’était rendu sur les camps de travail où se trouvaient les gardes et un certain nombre de prisonnier. Il avait prononcé quelque parole et des cadavres s’étaient mis à sortir de la terre.
Des cadavres qui bougeaient !
Igrim avait détourné les yeux.
Il ne voulait pas se rappeler.
Les deux évadés avaient alors pris un bateau et avaient rejoins le port de Solitude. Les gardes n’avaient, semblait-il, pas été prévenus de leur évasion car ils les avaient accueillis comme des citoyens ordinaires.
Et l’elfe, depuis lors, n’avait cessé de rester enfermé dans la chambre à faire ses… expériences.
Igrim n’avait pas confiance en Fendros. Il savait que cet elfe était fou. C’était un meurtrier dérangé qui n’aurait aucun scrupule à le tuer une fois tous ses sujets d’expériences utilisés.
Mais le Nordique n’avait pas d’autre choix que de rester avec lui. Car un jour ou l’autre les gardes allaient finir par le reconnaitre et à le pourchasser.
Seul, il se ferait attraper et tuer. Avec Fendros, il pouvait s’en sortir.
-Je vais aller boire un coup.
Igrim ouvrit les yeux, qu’il avait fermé sans s’en rendre compte.
-Hein ?
-J’ai terriblement soif. Soif d’alcool.
Fendros se releva et s’épousseta. Il ouvrit la porte. Igrim le suivit.
Depuis quatre jour, Fendros n’était pas sorti de la pièce et voila que tout d’un coup il allait boire de l’hydromel. Ce Dunmer n’était décidemment pas bien.
Les deux hommes descendirent l’escalier. L’aubergiste leva les yeux vers eux.
Igrim fronça les sourcils. Un client ?
L’homme, si c’en était un, car il avait le dos tourné, était vêtu d’une grande cape grise et d’une sombre capuche. Il était très grand. A première vu, il dépassait Igrim d’une bonne tête.
Fendros et le Nordique allèrent s’asseoir à une table libre, ce qui ne manquait pas.
Soudain, la voix de l’inconnu s’éleva quand il parla à l’aubergiste. Une voix grave et sinistre. La voix d’un Orque.
-Je cherche un mage aux yeux orange, une Bosmer aux yeux verts assez jolie et un Impérial aux cheveux blancs et aux yeux pâles, mince et portant des vêtements amples. Vous ne les auriez pas aperçus ?
En espérant que ça vous plaise.
Et mon pistolet à bille 
? 
