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Total War : Shogun 2

Sujet : Sensô no Jinja
1
Le_Carabinier
Niveau 12
08 juin 2010 à 18:38:06

Sensô no Jinja, ou l'Autel de la Guerre : j'ouvre ici un topic d'histoire militaire japonaise, sur la période 1450-1650.

Version S2 : TW de Gloires et Misères de la Grande Armée, topic que j'avais ouvert sur le forum NTW, il est, comme ce dernier, une zone libre et commune, ou chacun peut partager ses connaissances en la matière : anecdotes, citations, images, adresses de sites...

Je demande à l'avance d'éviter le troll, et le HS, si vite arrivés, hélas.

Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, et d'avance une bonne lecture de ce qui remplira les pages de ce topic.

hikennoace83
Niveau 4
08 juin 2010 à 19:10:52

Les japonais avaient beaucoup de piques comme les européens a cette meme epoque.

Le_Carabinier
Niveau 12
08 juin 2010 à 21:45:47

Bon, j'ai rédigé un petit quelque chose pour commencer : intéressons-nous à présent à l'épine dorsale de l'armée japonaise du Sengoku, à savoir l'ashigaru.

Les Ashigaru

Introduction : Avant les Ashigarus

Il fut un temps où les samurais étaient seuls maîtres du champ de bataille. Durant la célèbre guerre Gempei, qui opposa les clans Minamoto et Taira au cours du XIIème siècle, une armée japonaise est majoritairement formée des membres de la noblesse d’épée qu’est la classe des samurai. A cela s’ajoutent éventuellement mercenaires et moines-soldats, mais l’épine dorsale est le samurai : la forme de combat la plus noble est à l’époque celle de l‘archer monté en armure. Les troubles de l’ère Kamakura, et plus encore ceux de l’ère Sengoku demandèrent des armées toujours plus vastes, toujours plus conséquentes. L’éclatement des états limita le nombre de samurais qu’un daimyo pouvait aligner au combat : il fallut donc recruter, de gré ou de force, ailleurs. C’est le paysan, considéré plus abs que tout dans la société médiévale japonaise, qui va devenir le soldat principal de cette longue guerre civile.

I Le rôle croissant de l’Ashigaru

Dès le XIVème siècle, des soldats d’origine paysanne apparaissent, nommés Zôhyô, ou « soldats à pied », plus écuyers que soldats, mais c‘est le départ à l‘emploi d‘armées massives de soldats paysans. La guerre d’Onin, premier grand conflit intra-nippon depuis la guerre Gempei, est leur baptême du feu. L’ère Sengoku, qui s’ensuit, va faire un grand usage de cette force vive.

Trop vive, même, au début. Il arriva au cours de la guerre d’Onin que des bandes de brigands errent de champ de bataille en champ de bataille, se joignant clandestinement à une force, et désertant aussitôt la bataille terminée et leurs sacs emplis de vivres et d’armes. D’autres, plus honnêtes, se joignaient de leur plein gré au daimyo local, non par loyauté ou recherche de l’honneur, mais par pauvreté et rêve de pillages. L’Ashigaru d’origine est connu comme guerre plus qu’un barbare utile à gonfler les rangs : les villes et les villages qu’ils dévastent en bande après les batailles sont témoins de leur fougue pillarde.

La mêlée étant devenue la place d’honneur, l’archerie ayant été reléguée au second rang avec le temps, c’est comme archers que commencèrent à se faire remarquer ces soldats. Loin des tirs précis et soigneusement préparés par une élite de samurais pratiquement le kyudo depuis l’enfance, les masses d’archers ashigarus faisant pleuvoir des milliers de flèches dont le nombre compensait la précision, tels les archers médiévaux européens. Leur rôle s’étendit rapidement, et on vit l’ashigaru se faire marin ou servant d’arme de siège. Quand commença la période Sengoku, l’ashigaru était un élément incontournable de l’art de la guerre, ayant pris pied dans le domaine noble de la guerre : le corps à corps. Cependant, jamais ils ne connurent la gloire de la cavalerie, qui resta chasse gardée des samurais.

Le daimyo qui part en guerre rassemble donc non seulement ses vassaux de tous rangs, mais organise également une levée parmi ses sujets en âge de combattre. Pour ce faire, il use de sa chaîne de vassaux et d’administrateurs locaux.

II : Armement et tactique.

L’Ashigaru originel apporte au combat ce qu’il a pu piller, voire, s’il débute, une faux ou autre outil agricole potentiellement mortel. Cependant, la perception par les généraux de leur potentiel donna naissance à une véritable industrie de l’armement. Des armures, des casques, des lances, des piques, et même des sabres furent produits en masse. Le samurai se fait faire une armure personnelle qui le protègera au mieux et le fera remarquer au combat. L’ashigaru s’en voit confier une, fabriquée rapidement, simplement, et pour un coût bas. L’essentiel d’entre eux n’ont guère qu’une cuirasse protégeant également, mais partiellement, les cuisses, et un casque, le plus souvent de forme conique. Le Yari, lance japonaise, et sa forme allongée le Nagai Yari plus proche de la pique, forment l’essentiel de leur armement, étant plus facile à produire en quantités massives. Le sabre est également présent, mais en petites quantités, et en moindre qualité que ceux des samurais. Les Ashigarus combattant à distance reçoivent eux aussi des armes fabriquées à la chaîne, et non pas l’œuvres de maîtres artisans. L’arc fait d’abord l’unanimité, rattrapé puis dépassé par l’arquebuse avec le temps. Cette dernière, introduite par les Portugais en 1543, n’a aucun succès parmi les samurai : trop simple à utiliser, elle ne laisse pas de place à l’idéal du guerrier passant sa vie à s’entraîner pour affiner sa compétence à l’arme blanche ou à l’arc. Les chevaliers en avaient fait de même auparavant, leur dédain de l’arc allant encore plus loin. C’est donc tout naturellement qu’on confia ces armes à feu de moins en moins primitives à mesure que les techniques se développaient, aux ashigarus. L’arme à feu du temps des trois unificateurs (Oda, Toyotomi et Tokugawa) est fiable jusqu’à 200 mètres, et tire une large balle de métal qui peut dépasser les deux centimètres de diamètre. Lente et large, la balle cause des dégâts très importants sur l‘anatomie de ses victimes.

L’organisation de ces masses dépourvues au départ d’expérience, et ayant une forte tendance à se passer de discipline et de loyauté, sembla obligatoire. Une hiérarchie interne apparut, et les ashigarus furent menés par des officiers, capitaines et lieutenants samurai.

Cet armement et cette organisation vont de pairs avec une tactique de masse : tir massif de flèches, volées de balles, rangs de piques défensives et charges groupées à la lance et à l’épée. La guerre des ashigarus est proche de celle de la Renaissance : tout est affaire de pavés de soldats comptant sur un effet de masse organisée.

III : Triomphe et disparition des Ashigarus.

En 1575, à Nagashino, la consécration des Asahigawa lieu. Oda Nobunaga organise 3000 arquebusiers retranchés derrières des barrières de bois armées de pieux de métal. La cavalerie samurai du clan Takeda lança ses milliers de soldats d’élite contre cette défense, qu’elle ne parvint jamais à passer, contenue par un tir par rang et repoussée par des contre-attaques ponctuelles. Il semblait, à présent, que l’Ashigaru avait dépassé le Samurai dans le rôle d’homme de guerre. Hideyoshi Toyotomi, lui-même ancien ashigaru étant devenu samurai, ce qui arrivait aux meilleurs d’entre eux, codifia la condition d’ashigaru. Ils n’étaient plus à présent paysans, mais samurais de basse classe. Ce fut non seulement un couronnement de leur utilité militaire, mais aussi une manœuvre habile. En effet, cela fermait la porte au recrutement de masse, et empêchait le paysan de se hisser, au rang de soldat, tout soldat étant à présent noble : on ne devait plus recruter que dans les familles de samurais et d’ashigarus, ce qui empêchait un daimyo rebelle de rassembler une armée conséquente.

La paix qui fut installée par Tokugawa Ieyasu porta le coup fatal à l’Ashigaru, que sa consécration avait déjà altéré. La destruction massive des arquebuses et le licenciement de milliers de soldats lors de l’installation du shogunat rendit le pouvoir aux samurais « à l’ancienne ». Il n’y avait plus, pour ainsi dire, qu’une poignée d’ashigarus formant le socle de la hiérarchie samurai : toute la force militaire concentrée dans cette élite guerrière. Ce fut comme si l’ère Sengoku n’avait jamais eu lieu, sur ce plan. En effet, ces hommes de guerre n’avaient plus leur place dans un Japon en paix. Il fallut attendre la fin de l’isolationnisme et une nouvelle guerre civile, la guerre du Boshin, pour voir réapparaître le soldat issu du peuple au sein d armée de masse à l’européenne.

En conclusion, l’ashigaru fut une conséquence de son environnement historique et social : le pays en guerre avait besoin de guerrier, le pays en paix n’avait plus besoin que de fermiers. Les samurais s’empressèrent d’oublier les leçons de l’époque des ashigarus, et ceci scella la perte des opposants à l’ouverture du pays. Quand, dans les années 1860, après avoir été hissé sur le trône par des daimyos aux armées à cheval entre le médiéval et le moderne ayant triomphés de leurs adversaires classicistes, l’empereur Meiji décida d’abolir la classe des samurai, il eut à faire face à ceux qui l’avaient soutenu, et fut victorieux. Le soldat issu du peuple, à l’européenne, était revenu : son ancêtre ashigaru avait porté le combat en Corée ; lui, le gunjin, ou soldat, s’essaya à dominer l’Asie. Ce furent des échecs : la gloire militaire japonaise s’acquiert sur le sol natal.

hikennoace83
Niveau 4
09 juin 2010 à 19:12:59

Tres jolie résumé bravo.

Morosini
Niveau 7
09 juin 2010 à 19:14:55

très jolie mais j ai juste la flemme de le lire

xiahou[[dun]]
Niveau 10
09 juin 2010 à 19:16:00

Beau résumé, j'ai tout lu :fier:

Le_Carabinier
Niveau 12
10 juin 2010 à 22:14:28

Et maintenant, une petite galerie d'Ashigarus.

Teppo (arquebuse) et yumi (arc)

http://ssau.net/shop/images/SSRED72006.jpg

http://ssau.net/shop/images/SSRED72006.jpg

Nagai Yari

http://www.tmterrain.co.uk/images/products/00514-sam012b.jpg

http://www.perry-miniatures.com/colour%20images/yariashigaru1.jpg

En prime, voici quelques images de Sohei, de féroces moines-guerriers. Je recherche actuellement de la docu sur eux, dans le but de faire un petit article sur eux.

Le légendaire Benkei Musashibo :

http://z.about.com/d/asianhistory/1/0/k/0/-/-/GenkuroYoshitsuneandMusashibooBenkei.jpg

Le sohei sous toutes ses formes...

http://www.modrealms.com/blog/wp-content/uploads/2008/12/all-under-heaven-o-yoroi-sohei-warrior-monks-unit.jpg

http://www.elfwood.com/art/n/e/neilbruce/bakemono__sohei.jpg

http://rlv.zcache.com/poster_sohei-p228332274348218423t5ta_400.jpg

http://image.ohmynews.com/down/images/1/crossfire_384835_1%5B674276%5D.jpg

http://www.freewebs.com/warriorsofnippon/Sohei.jpg

Celtic29
Niveau 10
10 juin 2010 à 22:38:05

Plusieurs figurines de cette période sur ce lien :

http://pagesperso-orange.e.fr/fgminiatures/25perry.html

Monsieur__M
Niveau 7
11 juin 2010 à 23:35:04

"L’arme à feu du temps des trois unificateurs (Oda, Toyotomi et Tokugawa) est fiable jusqu’à 200 mètres, et tire une large balle de métal qui peut dépasser les deux centimètres de diamètre."
:d) 200 mètre c'est la portée maximale,la portée pratique est d'environ 50 mètre.
Après la balle reste mortelle (jusque dans les 200m justement) mais a très peu de chance de toucher la personne visée.

Et même si la formule "la gloire militaire japonaise s’acquiert sur le sol natal" est très jolie cette gloire militaire durant l'ère moderne est énorme : les empires Chinois et Russe sont humiliés et vaincus,le Japon devient la première grande puissance non occidentale (faisant naitre le mythe du péril jaune),puis suivent les conquêtes de l'ère showa qui sont un véritable blitzkrieg Asiatique et montreront encore une fois aux yeux du monde la valeur du soldat Nippon tout en faisant trembler les puissances coloniales (on leur doit indirectement la guerre d'Indochine).
En fait la seule chose qui entache cette gloire ce sont les bains de sang et les horreurs qui ont accompagnés ce second expansionnisme.

Pour continuer la galerie d'image :

Les ashigarus ici présents portent des manteaux et utilisent des boites afin de protéger la poudre et la mèche de leurs arquebuses contre la pluie (la pluie rendait inutilisable les armes à feux de l'époque) :
http://s2.noelshack.com/upload/3470786756613_ashigarus3.jpg

Un groupe d'ashigaru aligné derrière des boucliers en bois,des manteaux se trouvent devant le groupe car il risque de pleuvoir :
http://s2.noelshack.com/upload/20064580301304_arquebusiersderriremur_de_bois.jpg

Des servants d'artillerie sous la pluie.
L'on peut noter qu'ils sont dirigés par un samouraï portant un masque :
http://s2.noelshack.com/upload/7369304315868_canonpluie.jpg

Assez original,une arquebuse de très gros calibre (Azama-zutsu ?) est ici montée sur roue à la manière d'un canon.
Comme sur l'image précédente un samurai dirige le groupe d'ashigaru :
http://img251.imageshack.us/i/arquebuse.jpg/

Les samouraïs pouvaient avoir leurs propres armes à feux (généralement de très grande qualité),ici un samouraï de haut-rang couvert d'un manteau et rechargeant son arquebuse :
http://www.to-ken.com/articles/ArticlePictures/tanega3.jpg

Les pistolets à mèche étaient quasiment inexistants en Europe,ce qui n'était pas le cas du Japon à la même époque,ce sont les tanzutsu ce qui signifie arme courte :
http://www.to-ken.com/articles/ArticlePictures/tanega6.jpg

Le_Carabinier
Niveau 12
12 juin 2010 à 14:03:30

Il est vrai que le Japon a remporté d'énormes victoires aux débuts de son expansion dans le Pacifique.

Très belles images, où les trouves-tu ?

[Neko-Chan]
Niveau 10
12 juin 2010 à 19:18:15

Et même durant la défaite le soldat nippon restait un exemple : les gars chargé à la baïonette et au sabre (les officier) quand ils n'avaient plus de munitions...

Ok, c'est du fanatisme pour l'Empereur... mais putain ce que c'est beau *.*

Monsieur__M
Niveau 7
13 juin 2010 à 03:08:12

Les images sont tirés des ouvrages d'osprey,qui sont une référence en matière d'histoire militaire et on pour seul défaut de n'être publié qu'en langue Anglaise :ok:
http://www.ospreypublishing.com/

Et sinon je suis entrain de préparer un article sur les soheis.Des premiers moines guerriers à ceux de la période sengoku.

Le_Carabinier
Niveau 12
13 juin 2010 à 13:31:38

Je suis impatient de voir ça. Comme je n'ai encore rien commencé sur le sujet, je vais changer de thème :ok:

Monsieur__M
Niveau 7
14 juin 2010 à 16:17:10

Ca y est j'ai fini mon article,il est assez massif mais ceuw qui le liront seront presque incollables sur les soheis :noel:

La plupart des occidentaux voient dans le bouddhisme une religion pacifiste et paisible,de façon plus provocante l'on pourrait dire une religion ennuyeuse et peu amusante. Des hippies sans drogues en quelque sorte.
Si ces gens pensent cela,c'est parce qu'ils ne connaissent pas les turbulents soheis,ces moines guerriers Japonais ( le caractère « So » signifie moine ou prêtre et le caractère « hei » signifie guerrier ou soldat ) apparus au 10e siècle qui terrifiaient les habitants et la cour impériale de Kyoto et faisaient de grand feu avec les temples de leurs ennemis.

Le temple d'Enryaku-ji devait connaître dans son age d'or un pouvoir semblable à celui d'une sorte de mafia toute puissante sur Kyoto tandis que plus tard la cathédrale forteresse de Nagashima et la forteresse d'Ishiyama Hongan-ji rivaliseraient avec les châteaux des plus grands samouraïs.

http://s2.noelshack.com/upload/4005465613380_soheis.jpg

Partie I : Prémices des moines-guerriers et début de l'age d'or

Les soheis ont pour origine l'introduction du bouddhisme,venu de Chine,au Japon qui avait déjà sa propre religion le shinto.Au lieu de menacer le shinto le bouddhisme se compléta avec lui.
En effet le Shinto possède des centaines de dieux (kamis) hors ceux-ci furent vus par les bouddhistes comme des manifestations de Bouddha. Les deux religions purent donc coexister pacifiquement finissant presque par former une sorte de syncrétisme.
La famille impériale (considérée comme des kamis) a été étroitement liée à la diffusion du Bouddhisme et quand Nara fut devenue la première capitale du Japon ,les grands temples Bouddhistes de Nara tels que Todai-ji ou Kofuku-ji purent exercer une influence considérable sur les affaires politique.

En 794 la capitale impériale sera déménagée à Kyoto (et ne bougera plus jusqu'en 1868 lorsque Tokyo prendra ce rôle). Avant que le nouveau site fut choisi des recherches furent faite pour s'assurer qu'il respectait les principes du feng-shui.Selon le feng-shui le mal peut attaque une ville à partir du nord-est.
Au nord-est de Kyoto se trouve une montagne nommée mont Hiei,qui fut pendant longtemps le lieu saint d'un Kami du nom de Sanno,le roi de la montagne. En haut de la montagne se trouvait aussi un nouveau temple bouddhiste nommé Enryaku-ji qui avait été fondé,6 ans avant le déplacement de la capitale,par le moine Saicho qui avait fui les intrigues politiques de Nara pour trouver un lieu de repos spirituel.
Le nord-est de la capitale avait donc un temple qui le protégeait du mal.Enryaku-ji sera impliqué dans des nombreux rituels sacrés liés à la famille impériale et il ne fallut pas longtemps avant qu'il soit reconnu comme le temple de la pacification et de la protection de l'état.

Le temple devint donc l'un des plus important de tout le Japon et Saicho et ses disciples reçurent le soutient de la cour pour établit leur propre secte bouddhiste (le Tendai).
Cette secte avait pour but d'opérer en dehors de l'influence du bureau des affaires monastiques qui était alors dominé par Nara.
Le temple était dirigé exclusivement par ses chefs. Profitant de sa position,et bénéficiant des dons de la noblesse de Kyoto il ne cessa de s'agrandir et au 11e siècle le complexe monastique de mont Hiei était composé de plus de 3000 bâtiments.

En 868 une querelle de succession entraina la division de la secte Tendai en deux groupes rivaux :
Sanmon associé au temple d'Enryaku-ji (faction Ennin) et Jimon associé au temple de Mii-dera situé au pied de mont Hiei (faction Echin).Ce seront les principaux temples avec les temples de Todai-ji et Kofuku-ji de Nara.

Grand Bouddha de Nara :
http://s2.noelshack.com/upload/2474978337414_grand_bouddha_de_nara.jpg

C'est en 949 qu'éclate le premier conflit armé mettant en scène des moines,celui-ci avait pour une origine une manifestation devant la résidence d'un fonctionnaire qui avait émi un décret qui leur déplaisait.
Il y aura plusieurs autres scènes du genre,mais il s'agissait alors surtout d'un moyen d'intimidation,une menace physique accompagnant la menace spirituelle de la peur religieuse et non pas d'une volonté de tuer.
C'est en 969 que pour la premier fois un conflit entre deux temples de Nara voit la mort de plusieurs moines.
L'année suivante le temple Enryaku-ji en conflit avec le lieu saint de Gion utilise la force pour régler le problème. Suite à cela Ryogen l'abbé dirigeant le temple,voyant que la violence peut-être à l'occasion une solution,décide de maintenir une force armée permanente à Enryaku-ji. C'est ainsi que né la première armée de sohei.Le temple rival de Mii-dera fondera sa propre force peu après.

Un sohei période heian,son armure dépasse sous sa robe :
http://s2.noelshack.com/upload/19806172974621_soheis_priode_heian.jpg

Étrangement Ryogen avait quelques temps avant émi un code très dur,en 26 articles pour mettre fin aux abus du clergé de mont Hiei. Parmi les règles instituées par ce code l'interdiction de porter des armes et de faire usage de violence,l'interdiction de cacher son visage et l'interdiction de quitter mont Hiei pendant les 12 années d'enseignement.
Cette étrange ambivalence peut signifier que les premiers sohei eurent étés un corps totalement distincte des moines,ceux qui le composait pouvant simplement être des mercenaires. En somme une armée privée à la solde du temple.

En 981 un ancien moine de Mii-dera (faction Echin),Yokei,fut désigné par le pouvoir en tant qu'abbé du temple Hosshoji dont tous les abbés avaient appartenu à la faction Ennin (Enryaku-ji).
200 moines de la faction Ennin descendirent alors sur Kyoto terrifier les fonctionnaires à l'aide de menaces religieuses. Puis ils allèrent intimider leurs rivaux Echin et leurs ordonnèrent de quitter mont hiei.300 moines fidèles à Echin refusèrent de bouger et se barricadèrent dans leur temple ,Ryogen allait donner l'assaut lorsque finalement Yokei abandonna le commandement du temple qui devait lui revenir.
8 ans plus tard Ryogen meurt et à la stupéfaction générale Yokei est désigné en tant qu'abbé d' Enryaku-ji ! La faction Ennin se mit alors à assiéger tous les temples de mont Hiei qui acceptèrent Yokei. Suite à plusieurs péripéties qui verront même l'intervention de samouraïs Yokei abandonna de nouveau son commandement.
En 993 pour se venger un groupe de sohei soutenant Yokei marcha sur mont Hiei et brula un temple ou Ennin lui même avait vécu. En représailles la faction Ennin fit bruler 40 places liés à Enchin.Apres cela une garde permanente de 1000 soheis devait être mis en place à Mii-dera.

Sohei en 1100 :
http://s2.noelshack.com/upload/14686968476268_soheis_1100.jpg

Des incidents du même genre ne cessèrent de se produire,dans une ambiance de tension ou ne cessaient les altercations mineurs entre temples. Les armées de soheis devenaient de plus en plus grandes et performantes,et forcement les combats de plus en plus violents et sanglants. Ces guerres étaient faites de raids rapides et violents.
Parfois avaient lieu des alliances comme lorsque les temples ennemis de Mii-dera et Enryaku-ji s'allièrent pour attaquer le temple de Kofuku-ji en 1081,néanmoins celles-ci ne duraient jamais longtemps et la même année les soheis d'Enryaku-ji pilleront puis bruleront Mii-dera.
Comme on peut le voir les temples ne cessaient de se faire bruler et pillés,Mii-dera sera d'ailleurs un très bon combustible se faisant par exemple bruler quatre fois au cours du XI e siècle.Enryaku-ji triomphant et belliqueux était le plus puissant de tous les temples.

Monsieur__M
Niveau 7
14 juin 2010 à 16:26:48

Partie II : Mais qui sont les sohei ?

http://www.tevader.com/decouverte/encyclo/images/sohei.jpg

Avant de continuer il y a une chose qu'il faut comprendre. Les soheis ne sont pas des croisés et les guerres que se mènent les temples ne sont pas des guerres saintes,en fait les différences de dogmes n'y jouent quasiment aucun rôle.
Ce sont des luttes politiques,des luttes d'influences entre paroisses qui sont tout simplement continuées par la voie des armes un peu comme si en occident médiéval les églises catholiques d'une même ville menaient des guerres pour savoir lesquelles pourraient profiter des dons du souverain local et que celui-ci les laissait faire par crainte de se mêler aux affaires religieuses.
Les guerres de soheis du 10eme au 14eme siècle concernèrent uniquement les temples de Nara et de mont Hiei qui étaient les temples ayant le plus de pouvoir et qui dominaient le bouddhisme Japonais sur les questions religieuses.

Le temple d'Enryaku-ji avait traditionnellement la prédominance sur Kyoto et il combattit violemment tout ceux qui représentaient un danger pour celle-ci. L'influence de ce temple était tel que la majorité des fondateurs d'autres sectes y avaient étudiés.
Enryaku-ji ne faisait preuve d'aucune tolérance pour les élèves ayant déviés de son enseignement et ayant fondé leur propre secte. Par exemple en 1175 fut fondé le jodo shu par le moine Tendai Honen Shonin,les moines d'Enryaku firent alors bruler pendant des siècles tous les ouvrages qu'il avait écrit tombant sous leur main.

Comme dit précédemment les premiers soheis étaient très surement des mercenaires,par la suite les moines formèrent le gros de ceux-ci (d'où le nom) mais ils n'étaient pas seuls. On trouvait aussi des personnes fuyant la pauvreté,recherchant la gloire et même des criminels en fuite (un petit coté légion étrangère).L'on peut supposer que des mercenaires pouvaient toujours renforcer les forces des temples à l'occasion.

Du peu que l'on sait de leur vie quotidienne les soheis,vivaient comme les autres moines de leurs communautés à une différences près : Ils s'entrainaient chaque jour au combat et pouvaient tuer.

Les soheis étaient connus et respectés pour leurs prouesses martiales.
Lorsqu'ils combattaient ils portaient leurs habits de moine et un ligne blanc caractéristique entourait leur crane rasé,ils pouvaient avoir une cuirasse légère sous leur tenue ou porter de lourdes armures par dessus celle-ci. Pour certains combats l'armure complète était revêtit dont le casque et alors les soheis ressemblaient en tout point à des bushis.
Un chapelet entourait souvent leur cou et les soheis n'hésitaient pas à utiliser la crainte du religieux contre les combattants les plus dévots.

Une armée de soheis :
http://s2.noelshack.com/upload/21269198667420_arme2sohei.jpg

Les soheis utilisaient toutes les armes à leur disposition,sabres de tout genres,arcs,boucliers...ils pouvaient aussi monter à cheval. Mais l'arme qui était le plus souvent utilisée,celle qui est traditionnellement associée à leur image est la naginata.
La naginata est une arme d'hast Japonaise semblable au fauchard Européen,elle pouvait mesurer jusqu'à deux mètre.

Les soheis étaient entrainnés à se battre aussi bien individuellement que collectivement,pouvant par exemple former un murs de pique avec leur naginata.

Les temples pouvaient à l'occasion,en général suite à d'âpres négociations (concernant moults avantages terrestres),s'allier à un seigneur de guerre qui requérait leurs services. Les soheis rejoignaient alors ses armées et se plaçaient sous son commandement.

Une des actions caractéristique des soheis sont les marches de protestation sur Kyoto.
Lorsqu'une décision de la cour déplaisait aux temples,ceux-ci organisaient des marches pour protester : les soheis descendaient alors sur Kyoto et marchaient dans ses rues en faisant savoir leur mécontentement jusqu'aux portes du palais impérial.
Il y avait de nombreux débordements lors de ces marches,les soheis n'hésitant pas à se montrer violents. Parfois les soheis descendaient avec le mikoshi sacré (en gros un lieu saint portable) renforçant la sainte terreur qu'ils provoquaient.
Chaque moine portait aussi un chapelet de prières bouddhistes et pouvait prononcer une malédiction sur tous ceux qui les offensait.

Une marche de soheis :
http://s2.noelshack.com/upload/19425412214505_marche2soheisurkyoto.jpg

Car l'une des plus puissantes armes qu'avaient les soheis était la peur des dieux qu'ils représentaient.
C'est la raison pour laquelle la famille impériale était littéralement terrifiée par ces marches,la raison pour laquelle elle n'entreprit jamais d'actions contre les soheis ayant peur de s'attirer la colère des dieux.
Ces marches qui n'étaient à l'origine rien d'autre que des manifs façon Nippon médiéval finirent par être ritualisés à la fin du 11e siècle et suivre des règles précises.

Pour les moines de mont Hiei porter le mikoshi de Sanno le roi de la montagne (dont mont Hiei était un lieu saint) était le geste le plus spectaculaire qu'ils pouvaient faire.
Sanno est un kami Shinto mais comme dit précédemment,bouddhisme et shinto avaient en quelques sorte formés une sorte de syncrétisme (d'ailleurs le moine bouddhiste Saicho,le fondateur d'Enryaku-ji était aussi un adorateur de Sanno raison pour laquelle il choisit mont Hiei pour bâtir son temple).

Parfois le mikoshi pouvait être laissé dans la rue tandis que les moines retournaient sur la montagne,provoquant la terreur de tous les habitants.Le mikoshi était laissé tant que les désirs des moines n'étaient pas satisfait.

(La suite plus tard)

Le_Carabinier
Niveau 12
14 juin 2010 à 20:30:19

:bave:

Très bon article, rien à redire. J'attends la suite avec impatience.

Kamenevers
Niveau 10
14 juin 2010 à 21:46:39

C'est moi ou je vois une femme sur la troisieme image(à droite habillé comme soeur...)?

Kamenevers
Niveau 10
14 juin 2010 à 21:48:23

C'est moi pardon :noel:

Celtic29
Niveau 10
15 juin 2010 à 13:41:39

Merci pour l'article !

En tout cas on sait à quoi ils ressembleront dans le jeu maintenant : http://ve3d.ign.com/images/68857/PC/Shogun-II-Total-War/Concept-Art/E3-2010-Unit-Render

Le_Carabinier
Niveau 12
15 juin 2010 à 15:12:19

Il me semble reconnaître des visages connus :

http://ve3d.ign.com/images/fullsize/74266/PC/Shogun-II-Total-War/Concept-Art/E3-2010-Unit-Render

Date Masamune et son fameux casque à demi-lune

http://ve3d.ign.com/images/68855/PC/Shogun-II-Total-War/Concept-Art/E3-2010-Unit-Render

et Takeda Shingen, avec son éventail de guerre et son casque caractéristique.

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Sujet : Sensô no Jinja
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