Saison 4, Episode 45 (n°156) : La fin
Durant la nuit, j’ai la mauvaise habitude de laisser mon téléphone allumé. Premièrement parce que je m’en sers comme réveil, avec la musique la plus douce possible car je suis très bougon au lever, je déteste me réveiller et sortir du lit où je suis si bien. Mais aussi, car si je reçois un message ou un appel et que je ne dors pas encore à point fermé, j’aime savoir de quoi il s’agit tout de suite. Cette nuit, avant mon dernier Grand Prix, je vais le regretter plus que jamais. Au beau milieu de la nuit, je reçois un SMS. Je vois qu’il s’agit d’Anna, je bondis dessus et je peux lire : « Tu vas rager le petit belge, devine qui est dans mon lit ce soir ? Julian. »
Bizarrement, je n’ai pas réagi. Je suis resté amorphe toute la nuit, les yeux grands ouvertes, comme si je venais d’assister impuissant à un génocide et que toute émotion était canalisée par le choc que je venais de subir. Le lendemain, après une douche froide, je n’ai pas pensé à ça. J’avais juste en tête le fait d’enfiler pour la dernière fois mes affaires aux couleurs McLaren et ça, par contre, ça me fendait le cœur. Une chose est sûre, je voulais gagner, je ne sais plus trop pour quelle raison, mais je savais que je devais le faire pour ne pas sombrer encore un peu plus.
« Mec, je ne sais pas exactement ce que tu vis pour l’instant, je me doute que c’est grave et qu’il n’y a pas que le fait que tu quittes l’écurie qui te rend ainsi, mais je t’en prie, concentre-toi et va leur botter le cul, je t’attends dans une heure et demi sur la plus haute marche du podium ! » Mike, ce mec sait me parler. Ca va être dur sans lui l’année prochaine. Je n’ai pas souhaité qu’il me suive, je lui ai promis que je reviendrai en 2015 chez McLaren et qu’on se retrouverait.
Le départ est donné, et Rosberg qui était bien parti, se fait doubler au virage 4 par moi-même et Alonso. L’espagnol qui me suit à la trace depuis le départ semble remonté ! Il tente de m’impressionner dans la longue ligne droite mais finira par se désister à me déboiter. Il n’a pas encore envie de s’accrocher avec moi et de voir sa course ruinée comme en Corée.
Après 6 tours, Hamilton mène avec 2.7 secondes d’avance sur moi. Alonso est relégué à 5 secondes de ma voiture et Rosberg à 8.7 ! Au 10ème tour, je recolle un peu Lewis, je ne suis plus qu’à 1.8 secondes de lui. Au 13ème tour, Alonso s’arrête déjà. Arrivé au 16ème tour, je porte une attaque sur mon équipier au virage 4. Je n’aurai eu besoin que d’un essai pour prendre la tête du grand prix. Rosberg et Kubica sont 3ème et 4ème. Il tentera de reprendre sa place mais sans succès avant de rentrer à la fin du tour.
Il ressort 5ème derrière Vettel. Pour ma part, j’effectue mon arrêt au 20ème tour. Tellement concentré, j’en oublie presque l’entrée des stands et manque de peu de me manger le mur. Comme abandon, il n’y a pas plus stupide. Kubica rentre en même temps. Je ressors en seconde position entre les deux allemands, Rosberg et Vettel.
Nico s’arrête au 23ème tour et repars en 4ème position me laissant reprendre les commandements. Tandis que Vettel fait son stop au 26ème tour. Pendant qu’il est au box, Alonso passe Rosberg sur la piste dans la ligne droite des stands pour la 3ème position. La descente aux enfers continue pour Nico, au 29ème tour, ce sont successivement Vettel puis Kubica qui lui passent devant ! Je pense qu’il a du mal avec ses pneus.
Ensuite la course va se calmer. J’enchaine des tours rapides, faisant au 43ème tour le meilleur temps. Juste au moment où Alonso rentre une seconde fois, laissant Vettel et Kubica passer en 3ème et 4ème position toujours derrière Lewis qui s’est fait oublié. Je réalise une nouvelle fois le meilleur temps au 49ème tour. Je me permets un tête à queue dans les derniers tours en pleine manœuvre de dépassement avec les attardés. Cette pirouette va gêner Dani Clos pour son dernier Grand Prix en HRT et cela va permettre à son équiper Vergne, de le devancer pour une fois.
C’est avec une vive émotion que je passe la ligne d’arrivée. Mike monte avec moi sur le podium, accompagné de Lewis et Vettel. C’est un moment bizarre car même si le résultat de chacun est excellent, personne n’a le cœur à la fête. Vettel en plus de se retrouver avec ses ennemis sur le podium sait qu’il ne pilotera sûrement plus pour Red Bull l’année prochaine, sa relative dernière bonne performance n’y changera rien.
Classement : 1 Thirion (McLaren) 2 Hamilton (McLaren) 3 Vettel (Red Bull) 4 Kubica (Ferrari) 5 Alonso (Ferrari) 6 Rosberg (Mercedes) 7 Perez (Sauber) 8 Sutil (Mercedes) 9 Kovalainen (Force India) 10 Alguersuari (Lotus)
À noter, la remontée extraordinaire de Ricciardo qui échoue à la 11ème place pour finir. À noter aussi les abandons de Kobayashi et Button. C’est ici que s’achève ce chapitre 2013 du grand livre de la F1…mais pour moi, il y a maintenant un autre bouquin auquel je dois essayer de changer la fin si je ne veux pas qu’il se termine en drame, le temps presse.
End of the season 4