Monstre, homme, quelle différence ? Partie II : Le vide, la masquée et le démon
[Chapitre 8 : Réflexions primaires et oraison funèbre]
Au bout d’une heure, Kosho, Deidara et Han étaient enfin de retour au camp. Kosho et Deidara se chargèrent de tout expliquer, et ils relatèrent brièvement aux autres membres du groupe d’assaut la discussion qu’ils avaient eu avec les chefs de l’Akatsuki, et l’accord qu’ils avaient trouvé avec Yahiko ; lorsqu’ils en arrivèrent à cette partie du récit, les autres ninjas de l’équipe se mirent également à parler les uns aux autres, beaucoup ayant l’air de dire que c’était pure folie que de promettre la paix à un pays simplement pour obtenir de l’aide pour une mission de sauvetage qui ne concernait qu’une kunoichi.
De son côté, Han était remonté en haut d’une des maisons du village qui constituait leur camp, et regarda tranquillement les ninjas du groupe se disputer au sujet de leur décision.
- Regarde-les un peu, Gobi … pitoyable, non ?
Han eut de nouveau cette impression de vertige qui précédait chaque plongée dans son subconscient, mais cette fois-ci quelque chose de différent se passait. Il vit de nouveau l’ile de béton sur la cascade de vide, et l’immense cage derrière le brouillard, mais il voyait aussi encore la réalité, le village et les autres ninjas de l’équipe qui commençaient à crier pour faire entendre leur avis.
Les yeux verts cerclés de rouge se tournèrent vers eux, et la puissante mais calme voix du Démon résonna dans l’esprit de Han.
- J’ai toujours trouvé les humains … amusants, au mieux ; du moins, quand ils ne tentent pas de me capturer. Et ceux-là ne me déçoivent pas.
- Nous avons demandé de l’aide pour sauver … mon amie. Nous l’avons gagné, mais en échange ces gens, de l’Akatsuki, veulent que leur pays soit lavé de la guerre qui l’infeste. C’est un bien grand prix à payer. L’intention est noble, mais ils en font trop. Simplement pour secourir une kunoichi …
- Renoncerais-tu finalement à tes sentiments pour la jeune Akiza, Han ? Le grand œil vert fixa intensément le Réceptacle.
- Non, Gobi. Je ferais presque n’importe quoi pour elle. Mais lorsque je vois ce qu’ils demandent en échange, je me dis que j’ai rarement vu des êtres aussi opportunistes. Sous leur masque de pacifistes, ils nous ont extorqué la promesse de faire l’impossible, à leur place.
- Et ceux-là … dit le Bijû en tournant de nouveau son regard vers les ninjas en contrebas.
- Ils trouvent eux aussi que le prix est trop grand, et ils pensent qu’ils devraient renoncer. Et moi qui pensait qu’ils avaient un minimum de sens de la camaraderie … On ne laisse personne derrière, hein ? T’avais vraiment raison, Gobi … les humains sont vraiment … tous des salauds.
Le Démon à Cinq Queues se tourna doucement vers Han, le regard indéchiffrable, et siffla :
- Prends garde, Han. Ta haine envers l’humanité continue de croître. Prends garde à ce qu’elle ne te fasse pas basculer dans la démence la plus totale.
Han eut alors un sourire.
- Au contraire, Gobi … c’est précisément le pilier manquant de l’île. Né de l’abîme, mais qui m’aidera à rester lucide.
Il aperçut alors une silhouette au Sud, qui se dirigeait à grande allure vers le village. Han secoua la tête un moment, et la vision de l’île disparut pour de bon. Il sauta du toit, et se dirigea vers la grande place, ou les autres continuaient de se disputer, et imposa le silence en leur montrant le ninja qui s’approchait. Tous les autres plissèrent le regard, et dégainèrent.
- C’est bon, dit à ce moment-là Kosho. C’est un des nôtres.
Ils se détendirent, et attendirent l’arrivée du ninja. En moins d’une minute, il arriva au village, essoufflé. C’était clairement un messager d’Iwa. Il prit le temps de reprendre son souffle pendant quelques minutes, puis déclara :
- J’apporte des nouvelles … du front au sud-ouest … on a repoussé Konoha jusqu’au centre de Kusa. Mais on a perdu beaucoup de non ninja … Maîtres Himira et Hiroikin sont tombés … l’équipe des Kamiyami s’est fait avoir … Maître Ryûsei aussi est mort.
Kosho se pétrifia à ces mots. Han était lui aussi comme sonné en entendant cela. Pendant un moment ils ne bougèrent plus, n’ayant que cette phrase qui tournoyait dans leur tête : « Maître Ryûsei aussi et mort … Maître Ryûsei aussi est mort … »
Lentement, ils se dirigèrent tous les deux à l’écart du groupe, qui continuait de leur donner des nouvelles de la guerre ; ils étaient tous les deux en état de choc. Ils marchèrent jusqu’à arriver devant une grande flaque d’eau d’au moins 6 mètres de large, et restèrent là à regarder la pluie troubler sa surface.
- On savait à quoi on s’exposerait en participant à cette guerre, finit par dire Han.
- Ah ouais ? demanda Kosho, la voix hachée. Et on s’attendait à quoi ?
- Des souffrances. Beaucoup. Regarde autour de nous. Akiza a été capturée, notre sensei a été tué … ne me dis pas que tu ne l’avais pas envisagé.
Il reçut alors un coup de poing en pleine tempe. Il s’étala en plein dans la flaque d’eau. La tête vibrante, un sifflement dans les oreilles, il se redressa avec difficulté. Kosho, les yeux inondés de larmes et une grimace de colère sur son visage, s’avança vers lui en grondant :
- Parce que toi tu l’avais envisagé ? Que tout le monde autour de toi … que tout le monde …
- Moi, je te rappelle qu’il n’y a que peu de monde « autour de moi », rétorqua Han en marchant vers Kosho. Et crois-moi, ça fait d’autant plus mal. Mais c’est la guerre, bon sang ! Ouvre les yeux ! Il y a toujours des pertes !
Il ponctua cette phrase en donnant un coup de pied au ventre de Kosho. Celui-ci se courba sous le coup, et riposta en envoyant un coup de tête à Han, qui recula.
- Comment peux-tu parler d’eux ainsi ? cria Kosho. Avec si peu de … d’empathie !?! Est-ce qu’ils n’étaient donc rien pour toi ?
- Tu as tort, dit Han. Ils sont tout pour moi, absolument tout ! Et je donnerai tout pour qu’Akiza soit sauvée. Mais …
Ils furent alors interrompus par des hurlements en provenance du centre du village. Une sorte de petite tornade de neige s’était soudainement formé parmi les ninjas, et s’intensifiait.
Kosho gratifia Han d’un « On règlera ça plus tard », avant de s’élancer vers la tornade. Han suivit, sortant deux kunai, mais s’arrêta au milieu de la place, lorsqu’il se rendit compte que ce n’était pas de la neige. « Des bouts de papier ? Qu’est-ce qui se passe ? »
Les papiers se concentrèrent au centre de la petite tornade, et se fondirent en une forme humaine. Tous les ninjas du groupe d’assaut avaient des regards hargneux, les armes au clair. La forme se précisa, jusqu’à devenir celle d’une femme dont Kosho reconnut le visage.
- C’est bon, les gars. Elle n’est pas contre nous.
Les papiers se muèrent en peau et vêtements, et Konan, ange messager d’Akatsuki, ouvrit la bouche :
- Akatsuki a pris sa décision. Rendez-vous à onze heures ce soir à 5 kilomètres au sud du camp de Suna.
- C’est d’accord, répondit Kosho. Transmettez mes salutations à votre leader.
Konan hocha la tête, et se retransforma en un nuage de papiers, qui s’envolèrent en une grande bourrasque hors du village. Han se retourna, et partit préparer son équipement.
« Ce soir », pensa-t-il avec espoir. « Akiza, on vient te chercher. »