RP/
« Bonsoir mademoiselle. Que faites-vous dehors à cette heure ? »
Jeremy Tals vint me voir alors que je grelottais dans le froid nocturne. Il me tendit la main, une main que je n'avais pas vu depuis quelques jours maintenant. S'il savait qu'il était mort il ne me verrait pas de cette manière. Mais ce n'était pas le cas ici, pas maintenant que je revenais finir ce que j'avais prévu de faire.
« Je me promène juste en pleine nuit, je reviens d'un très long voyage vous savez pour venir ici à Ixe-Town.
- Y vivre ? Me demanda-t-il d'un air anxieux ; question à laquelle je répondis d'un hochement de la tête. Vous savez que ce n'est pas forcément le moment de venir ici. On a tiré sur un Zoroark l'autre nuit qui avait rendu visite à l'un des habitants. Je doute que vous ayez fait le bon choix...
- Que voulez-vous ? J'aime l'aventure. »
Sur ce je le laissai seul. Ce Jérémy était brave, un excellent tacticien d'après moi mais qui parlait un peu trop parfois. C'était sans doute ça qui lui avait attiré les foudres de l'assassin nocturne, le grand justicier. D'ailleurs je l'observai de loin, il marchait sur la place, un couteau pendu à la ceinture. Je n'avais rien à craindre pour cette nuit, personne ne craignait rien. Bien sûr cette lame trancherais une gorge sous peu ; c'était certain. Néanmoins ce ne sera jamais la mienne mais celle de Jeremy, le pauvre.
Au loin j'aperçois la maison à laquelle je suis venu frapper quelques jours avant déjà. Je n'ai comprit que trop tard que mon ami ne partait ni à la plage, ni à la montagne. Non, N revenait simplement au village attendre la mort de la main de celui qui avait autrefois été un de ses compagnons les plus fidèles. Il le savait à l'instant même où il était revenu me voir dans la bibliothèque, il savait pour quelles raisons j'avais mit les pieds ici, à Ixe-Town, il connaissait la teneur de mes réponses. Elles se trouvaient toutes dans son esprit.
Ce journal n'avait fait que retracer notre passé et j'avais eu besoin de plus, j'avais besoin qu'il me dise en face d'où venait sa souffrance et le fruit de notre séparation. Nous avions toujours été unis la vie comme à la mort ; j'ai toujours été bien plus qu'une âme à son contact, énormément plus que cela.
Je chantais sur la place au moment de m'évanouir dans le temps. Les fusils s'étaient levés vers mon visage et j'avais disparu. Car oui il y aurait bel et bien un mort aujourd'hui mais ce ne serait pas à cette époque. Non, le premier à tomber sera l'un des derniers. L'ironie du sort veut que ça soit ainsi.
La dernière fois ils m'ont tiré dessus. Je pense qu'ils regrettent tous de ne pas m'avoir tué, de ne pas m'avoir pendu à un pique en faisant un feu de camp autour de moi. Car je suis la seule étrangère à ce village, la seule qui n'était pas là avant les événements. Mais ça, personne ne semble avoir été au courant, personne ne l'a jamais remarqué. Sans mon arrivée, sans ma quête de réponse, jamais un seul Zoroark ne serait venu, jamais ils n'auraient prit l'apparence de certaines personnes dans ce village. Et le pire dans tout ça : jamais ils n'auraient à ce point appréciés le goût du sang et n'auraient dans le futur tués de nouveau. Oui, au final ce n'est que le début de tout.
« Tout cela ira jusqu'à Rosalia et plus loin encore... J'ai vu l'avenir, un autre massacre se prépare sur les rives d'Oliville. Mais cette fois ce sera bien pire, encore plus dramatique. Si seulement tu savais ce que nous avons engendrés N...
- Vous parlez seule, demoiselle ? »
Sora s'était avancé vers moi ; à croire que tout le village était debout cette nuit. Je tentai de garder mes distances en affichant un air timide. En réalité je m'en voulais d'avoir orchestré sa mort, même s'il ne le savait pas pour le moment.
« Ce n'est rien, je crois que j'ai un peu pris trop de drogue cette nuit. »
La drogue, toujours la drogue. La belle excuse au final que cette drogue alors qu'il n'en est rien au final. Non ce n'est pas plus la drogue qu'autre chose, ce n'est pas un peu de poudre qui m'a fait chanter Gilbert Montagné toute la première journée ; celle des élections. Non, c'est simplement cette ivresse ancestrale du sang des innocents. N ne l'est pas, peu importe.
J'ai dénigré le jeune Sora, ne lui adressant qu'un simple sourire avant de reprendre ma route. Comme toujours j'allai de l'avant pour faire de mon Idéal une Réalité. Oui, c'est toi qui m'a enseigné ces choses N, ces notions éthérées mais futiles.
Si tu savais ce qu'est mon Idéal... A quel point tu l'as brisé quand tu es redevenu Zoroark sous mes yeux, quand tu m'as mordu.
Alors que je regarde le bandage sur mon poignet, je ne peux m'empêcher de penser cette forêt, à ce vent glacial et surtout à ce cri déchirant de la part de N. Il m'a mordu. J'ai encore mal au cœur et au poignet à ce souvenir. Il m'a mordu alors que nous étions depuis tout ce temps identique sans qu'il ne le sache. Mais il n'a jamais aussi bien contrôlé ses pulsions que moi, jamais il n'a fait en sorte de rester un humain.
J'arrivai devant la porte de sa maison, une seconde fois. Là d'où je viens aujourd'hui, N était mort. Maintenant il suffisait que je respecte le cours du temps et vienne mettre un terme à sa vie comme nous l'avions prévu depuis des années. Enfin... Cela ne m'étonnerai pas de le revoir un jour avec tous ses voyages dans le temps. Avant d'entrer, je me tournai vers Celebi sur la joue duquel roulait une larme.
« Tu feras quoi quand toute cette histoire sera terminée ? Demandai-je au lutin. Tu partiras pour de bon, comme si rien de tout cela n'avait jamais existé.
- Une fois à ton époque je partirai. Je cacherai quelque part un objet pour te permettre de conserver tes pouvoirs mais plus tard ; je ne veux pas que tu fasses partie de ce massacre à Oliville. J'y serais, seul. »
J'approuvai d'un signe de tête. Ainsi Arceus a demandé à Celebi de veiller au déroulement de ce qui se passera là-bas dans la ville du grand phare. On dit par ailleurs que tout a déjà commencé ; je n'en sais rien.
Pour le moment une seule chose me préoccupe et c'est la porte en face de moi. Je reculai, chargeai et l'écrasai sous mon poids. L'ombre que j'étais soudain devenu était entré chez son ancien ami, prêt à sortir les griffes pour le tuer. Et lui, m'attendant, écrivait à son bureau.
« Xaelia... Tu es donc revenue, sans même prendre le temps de finir de lire les mots que j'étais en train de t'écrire.
- Désolé, le village est à feu et à sang ; je ne peux pas me permettre de te laisser vivre dans ce genre de conditions.
- Vous avez donc gagnés...
- C'est la première fois, en effet. Nous gagnons pour la première fois cette bataille comme cela n'arrivera plus pendant un long moment après nous. Les Zoroarks ont découverts le goût du sang, la chaleur de la mort ; ils n'arrêteront jamais le massacre et même leurs enfants reprendront avec ardeur la flamme de leurs ancêtres. »
N me fixa d'un regard qui n'était ni plein de haine, ni méprisant. Au travers respirait simplement de l'amour envers celle qui s'apprêtait à lui trancher la gorge. Il ne pouvait pas en vouloir à quelqu'un comme moi, c'était certain. Après tout il ne pouvait pas m'en vouloir, c'était tout simplement impossible.
J'approchai, la griffe tirée. C'était bientôt l'heure de sa mort.
« Je tiens à te dire une chose avant de mourir. Il faut...
Mais je posai ma griffe sur ses lèvres, leur ordonnant de se taire et faisant couler un peu de sang au passage. Parler était devenu inutile, parler ne ferait que blesser un peu plus les hommes ou monstres que nous étions.
« Oui N, tu avais raison. J'ai passé mes années de vie sous un masque. Dès ma naissance je me suis caché sous les traits d'une jeune fille, m'enfuyant de chez moi pour une vie meilleure dans laquelle je ne serais pas considérés comme le monstre sous lequel j'étais né. C'était pour ces raisons que je voulais être une humaine. J'ai vu le monde, je suis devenu quelqu'un dans ce monde ; une grande dresseuse de Pokemons. Puis tu es arrivée et tu m'as forcé à renouer avec une nature que je fuyais. Dans ces bois, alors que tu es redevenu Zoroark, saches que tu m'as surtout permit de redevenir ce que j'étais réellement, une chose que j'avais même oublié.
- Et tu m'as rendu à mon père... Alors que nous le fuyons pour sa folie, tu m'as reposé chez lui. Je n'étais qu'un enfant et c'est lui qui a fait toute mon éducation. Il a réussit ses rêves au travers de mon Idéal. Père, Ghetis... Sa Réalité c'était moi, son Idéal, c'était toi. »
Je le savais... Oui comme je savais que j'aimais N au-delà de tout ce que l'on pouvait aimer dans ce monde. Il fallait juste que je lui montre de l'amour ; ce que je n'avais jamais fait au final. Quand il a reprit sa forme originelle ; j'ai disparu.
« Tu t'es toujours cachée, reprit N, des masques par-ci, des masques par-là. T'as renié ta nature en devenant un frère que tu n'as jamais eu. Xabab a exterminé tous les Zoroark d'Unionpolis mais seuls moi sait que c'était toi. Rosalia s'est enfermé dans une faille spatio-temporelle, tu te souviens ? Peu savent que Xabab n'est jamais partit de Rosalia après le début de cette faille, qu'il a juste prit un tout autre masque. Comme tu n'es jamais morte là-bas, tu ne le seras pas ici... Tu es l'ombre même dans une ombre. »
Je baissai les yeux, pleurant. Il avait raison depuis le départ comme jamais il n'avait eut autant raison ; N connaissait tous les moindres recoins de mon âme.
C'est pour cela que je lui tranchai la gorge. Alors que des mots allaient sortir de sa bouche une fois de plus, je le tuai, sans un mot de plus. Le sang se répandit sur le journal dont je pu lire les derniers mots et sa tête tomba en arrière sur son bureau. Voilà comment, comme disait Aristote, « celui qui a façonné, efface. ». Telle était notre destiné.
Ne voulant pas subir cela plus longtemps, je détournai le regard.
« Il est temps de nous séparer, Celebi. »
Disant ces mots, je cachai mes larmes. Et alors que je revenais à mon époque, les griffes dehors en vue de la bataille finale ; j'avais entièrement reprise forme humaine. Je ne voulais plus jamais être un de ses monstres.
J'avais tout fait pour qu'ils ne voient plus jamais le jour, pour qu'ils oublient qui ils étaient. Mais je suis sans doute le seul à refuser sa nature, même N qui n'était pas entièrement Zoroark avait fait de sa vie celle de ces monstres. Il n'était pas vraiment des leurs mais m'avait mordu. Ce soir, je prenais ma revanche sur eux. Demain, je serais de nouveau humaine.
Alors qu'un soleil couleur de sang éclairait le village, je me souvenais des derniers mots du journal avant qu'ils ne soient tâchés de sang : « Je t'aime, maman. N. »
Le Limonde pourra échanger son rôle avec un autre joueur. :trololo:
?
