La Belette (partie 3) :
1250, France, région Lyonnaise…
« Le Repaire de l’Agneau », c’était le genre d’endroit que les gens honnêtes évitaient comme la peste, et où ils ne mettraient pas un pied, même pour tout l’or du monde.
-Imaginez, avait dit un vieillard que Fenn avait croisé sur un chemin, un refuge en bois, un véritable taudis au toit troué et aux fenêtres cassées, perdu dans les bois, d’où sortent des cris, des hurlements, des rires, des bruits de coups et des chansons paillardes, à toute heure de la nuit. Imaginez la pire racaille de la région, réunie en un seul endroit exigu. Tueurs, violeurs, ivrognes, voleurs, joueurs de carte et vendeurs d’esclaves, tous en train de se soûler dans un joyeux bordel, à s’étriper pour une parole déplacée ou à s’échanger des femmes capturées le matin dans un village proche. Un lieu que même les gardes craignent d’approcher. Eh bien, voila, si vous avez de l’imagination, vous avez sans doute réussit à visualiser fidèlement le Repaire de l’Agneau et sa population.
Fenn devait admettre que le petit vieux ne s’était pas trompé.
Il avait jadis côtoyé des lieux à la limite du fréquentable, de l’auberge mal famée au bordel le plus repoussant, mais un comme ça, jamais.
Une véritable mine d’or pour un chasseur de prime. En réunissant la somme de toutes les têtes mises à prix à l’intérieur, on avait de quoi constituer un trésor royal.
L’endroit rêvé pour un ancien tueur à gage, passé de l’autre côté de la barrière.
En fait, c’était exactement le genre d’endroit dans lequel Fenn Jalmar se sentait le plus à l’aise. Une sorte de petit « chez soit ».
-Elle n’a pas que des mauvais côtés cette mission, en fait, lâcha Fenn en remontant un petit sentier menant au refuge.
L’Assassin vérifia que son épée glissait bien dans son fourreau et qu’elle ne se coincerait pas au moment propice, puis, il poussa la porte.
Le contraste de température entre l’extérieur glacial et l’intérieur étouffant était saisissant. Les odeurs d’alcool se mêlaient à celles de sueur, d’urine, de sang et de vomi, à certains endroits. Fenn attendit un moment que les regards qui s’étaient tous dirigées vers lui, quand il avait pénétré dans la grande salle, se détournent pour observer les clients à son tour.
Si tous étaient des malfrats, des bandits de la pire espèce, des rejets de la nature, l’un d’eux se distinguait, à la fois par son aura et ses mouvements incroyablement calculés et calmes.
Assis nonchalamment au comptoir, il promenait un regard morne sur ses voisins. Il voyait tout, sans rien regarder. En vérité, il avait une parfaite maîtrise des évènements et semblait posséder un contrôle total sur tout ce qui l’entourait, de la moindre bouteille d’alcool jusqu’aux clients à l’autre bout de la salle.
Pourtant, Fenn ne put s’empêcher de songer qu’il faisait peine à voir, ce célèbre chasseur de prime redouté dans toute la France.
Grand, certes, et assez impressionnant, il était maigre à faire peur. Ses cheveux en bataille était bruns, voire gris sur les tempes, et sa barbe de trois jours lui donnait l’air d’un vagabond. Ses yeux étaient à demi-fermés, et des cernes violettes s’étendaient juste en-dessous, comme s’il n’avait pas dormi depuis des lustres.
Sa cicatrice était encore plus horrible en vrai que sur l’avis de recherche.
Fenn fit la grimace en notant que l’armure de cuir qu’il portait était rapiécée et sale.
Son épée n’était même pas accrochée dans son dos ou à sa ceinture mais négligemment posée contre le comptoir, à même le sol, dans son fourreau en peau de bête. Une erreur de débutant. C’est ce qu’aurait dit n’importe quel maître d’arme expérimenté.
Seuls les imbéciles, ou les novices, se permettaient de garder leur arme loin de leur main, dans un tel coupe-gorge.
Pourtant, Fenn était dans l’impossibilité de penser qu’un tueur aussi réputé que la Belette n’agissait ainsi que par pure bêtise.
L’Assassin se faufila dans la foule à l’aide de ses coudes jusqu’à atteindre le comptoir. Là, il s’y accouda et se tourna vers le tavernier, un gros homme plus occupé à se lisser la moustache qu’à servir ses clients, et qui avait une tête de malfrat plutôt que d’aubergiste.
-Alors, tavernier, des nouvelles à me raconter ?
-Hum ? T’es qui, toi ? J’te connais pas. Un nouveau ? Montre ton avis de recherche, un peu.
La Belette, pourtant assise à quelques centimètres, n’avait même pas daignée tourner la tête pour assister au dialogue.
-Eh ben, tu réponds pas ? fit le tavernier.
Mais Fenn ne l’écoutait plus. S’il avait engagé la conversation, ce n’était que dans le but d’observer la réaction de sa cible. Et il n’était pas déçu.
« Incroyable. On dirait qu’il ne m’a même pas entendu, et pourtant je l’ai vu se tendre de façon imperceptible. Il a très légèrement carré les épaules, fléchis subtilement les genoux de façon à pouvoir bondir vers l’arrière… Un professionnel. Rien à redire. Certains maîtres Assassins devraient en prendre de la graine. »
-Salut, la Belette.
Toutes les conversations se turent. La voix n’était pas celle de Fenn mais celle d’un ivrogne qui s’était levé et qui titubait en buvant sa chope de bière.
-Hips… T’es qu’un connard… T’as –hips- tué mon frère, l’année dernière… Hips ! J’t’avais pas reconnu quand t’es entré tout à l’heure mais là… là ! Tu vas… hips ! Tu vas payer, bâtard !
Tous les regards étaient tournés vers les deux hommes. Fenn lui-même avait cessé de respirer. La Belette ouvrit la bouche, sans se retourner.
-Qui était ton frère ? demanda-t-il d’une voix morne.
-Eudes Valdez !
-Ah. Le petit Valdez. Un bandit de piètre envergure. Il ne m’a même pas rapporté trente agnel. Et donc, tu veux me tuer ?
-Je…
La Belette se retourna. Sa main bougea, tellement vite qu’elle en devint floue durant un instant. L’ivrogne recula et porta la main à sa tempe. Du sang jaillit d’entre ses doigts.
-M… Mon oreille !
L’oreille tranchée retomba au sol. Fenn cligna des yeux et porta son regard sur le sol.
« Son épée est par terre, alors avec quoi a-t-il… Bon dieu ! »
L’épée n’était plus au sol mais dans la main de la Belette.
« Diable, comment a-t-il dégainé aussi rapidement, et dans une telle position ?! »
Le chasseur de prime rengaina sa lame et, cette fois, garda le fourreau sous son bras, coincé dans le creux de son aisselle. Ce qui lui laissait ses deux mains libres pour grignoter tranquillement une miche de pain.
-Disparais, fit la Belette. Que je ne te revois plus ici, minable.
Son ton était resté aussi morne qu’au début, pourtant, il portait une inflexion d’autorité exceptionnelle. Même un fou à lier n’aurait pas osé désobéir.
L’ivrogne gémit de peur et s’en alla en courant.
Un silence de mort s’était abattu sur la salle.
Fenn se rendit compte que son cœur battait, tellement fort qu’il lui semblait l’entendre distinctement. Ses mains étaient moites et ses genoux tremblaient. D’excitation ? Ou bien de peur ?
Un sourire se dessina sur son visage. Il se mit à applaudir bruyamment.
-Bravo, bravo. Quel spectacle.
Cette fois, la Belette jeta un coup d’œil vers l’Assassin.
-Que me veux-tu ?
-Tu le sais déjà.
Fenn ne prit pas la peine d’entrer plus dans les détails. Il bondit en tirant son épée de sa ceinture.
La salle frémit. La Belette n’esquissa pas un geste, trop concentré sur la mastication de sa miche de pain. La lame de Fenn siffla en fusant vers le chasseur de prime.
Plus tard, l’Assassin, en se remémorant la scène en détail, se demanderait quelle erreur il avait commise face à cet homme. Et il devrait alors se rendre à l’évidence. Il n’avait commis aucune erreur, non. Excepté celle de ne pas avoir fuit le plus loin possible en même temps que l’ivrogne.
La partie 4 sera la dernière pour cette mission 
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Conclusion du com pour le texte de polo 
Shadow avait reçu 600 pièces 
OMG juste la fin quoi 
je me rend compte qu'il va y avoir beaucoup de dialogue 