Amroth : Il y a eu l'exécution de Jerrick.
Julia : Le peuple avait le droit d'y assister. Mais moi, je n'étais qu'au fond de la foule. Helmut voulait l'épargner, mais pas le peuple, mais il a demandé l'avis du peuple. Lorsque la sentence a été annoncée, mes cris, mes pleurs, personne ne l'entendait. J'étais la seule. La seule à pleurer cet homme, la seule à l'aimer, la seule à le connaître vraiment. J'ai été malheureuse, si malheureuse...je voulais mourir et je me serais sans doute suicidée si je n'étais pas enceinte. Alors que la guerre se préparait, guerre qui n'aurait jamais eu lieu si Jerrick était devenu maître, mon bébé se développait et je m'étais dit que je devais vivre pour lui.
Oella : C'est admirable.
Julia : La guerre s'est finalement vite terminée. Lorsque j'ai appris la mort de Helmut et de ses autres lieutenants, j'ai une nouvelle fois réagi différemment du peuple. Tous ceux qui étaient responsables de la mort de Jerrick étaient morts.
Amroth : Hum...Helmut et ses camarades tombés au combat était des héros. Jerrick a fait un parricide et a manqué de tuer son ami.
Julia : Je sais, mais à l'époque, je ne comprenais pas...à la fin de la guerre, je suis allée de nouveau pleurer sur la tombe de Jerrick et j'ai craché sur les tombes de Cireg et Helmut...je suis tombée nez à nez avec le frère d'Helmut, Brad qu'il s'appelait, qui venait rendre visite à son frère. Il m'a d'abord critiqué, puis il a eu pitié de moi alors que mon bébé allait naître et il m'a mené à un lieu adéquat et il a été présent avec moi au moment de la naissance de mon fils. Il ne m'a jamais demandé qui j'étais et je ne l'ai jamais revu. Mon fils est en parfaite santé et j'ai abandonné mon ancien travail pour m'occuper de lui, mais à Unukor, après la mort de Dorcan, j'étais en danger, je...
Comme elle a ressassé tout son passé, Julia se met à pleurer. C'est son fils lui-même qui se lève de sa chaise et qui vient la près d'elle : Julia prend son fils dans ses bras.
Oella : Havor, nous ne pouvons pas les abandonner à leur sort ni les jeter dehors.
Havor : Leur place est-elle vraiment ici ? Ce sont des Unukoriens, après tout...
Pilan : Voyons, Havor, ils se sont réfugiés ici pour une bonne raison. Ils sont le bienvenu parmi nous.
Julia : Alors vous voulez bien qu'on reste !
Pilan : Vous pourrez rester aussi longtemps qu'il vous plaira. Nous nous occuperons de vous.
Julia : Merci beaucoup !
Havor : Pouvons-nous accueillir des personnes qui ne sont pas des membres de l'association de Graef ?
Pilan : Rien ne leur interdit de l'être, ici, nous acceptons tout le monde. Julia, veux-tu que ton fils devienne maître de l'association d'Unukor ?
Amroth : Les successions ne vont pas de père en fils. Le maître choisit son successeur.
Pilan : Et je suis sûr que Jerrick, le maître légitime, l'aurait choisi. La lignée des Jeatrem n'est pas éteinte et elle se trouve parmi nous. N'est-ce pas une bonne manière d'arrêter le joug de Tordin ?
Havor : Un enfant de trois ans ne peut pas arrêter un homme de ce genre.
Pilan : Non, il ne peut pas maintenant. Mais le temps passe vite et l'enfant grandira, il deviendra un homme puissant et influent et son nom retentira dans tout Déra. Posséder cet enfant nous procura un net avantage.
Amroth : C'est un être humain avant tout. Il n'est pas un objet dont on doit se servir pour affaiblir nos éventuels ennemis.
Julia : Qu'importe comment vous le considérez, tant que vous me laissez le voir grandir et m'occuper de lui !
Pilan : Il n'y a pas de souci pour ça, Julia. Bienvenue à l'association de Graef.
La décision du maître est donc claire et ainsi, la réunion est levée : pour le moment, Julia et son fils rejoignent l'association de Graef. Cette nouvelle semble réjouir Pilan, Maria et Oella, mais pas Havor qui, même si il ne doute pas des dires de Julia, n'a pas été convaincu par ses intentions et considère qu'elle est responsable de crimes. Amroth, quand à lui, reste mitigé et attend de voir comment la situation va évoluer.
Thedina serait bien allée passer du bon temps avec sa maîtresse Shanarie, mais le lieutenant a des devoirs qu'elle ne peut ignorer, en dehors du fait d'être garde du corps de cette même personne. La jeune femme a la chance d'avoir une certaine réputation qui lui vaut le respect de la plupart de gens qui l'entourent et c'est pour ça que lorsqu'on a besoin d'elle, elle paraît aussitôt. Si quelques hauts placés lui ont demandé des services récemment et qu'heureusement, les nobles considèrent que l'association d'Haeli les protègent bel et bien, c'est cette fois-ci un membre de l'association d'Haeli qui demande de l'aide, même si il ne la demande pas directement. Dès que Nageth le jeune patrouilleur est revenu de missions, le calme a été perturbé. Très vite, le guerrier Lucien a appelé Thedina pour qu'elle vienne régler le problème.
Thedina : Que se passe-t-il, Lucien ?
Lucien : Le chagrin va finir par tuer Nageth, lieutenant !
Thedina : Le chagrin ?
Lucien : Sa compagne Udille est morte lors de leur dernière mission. Il a transporté son cadavre jusqu'ici et il est en train de se mutiler.
Thedina se souvient : Nageth et Udille étaient partis faire une enquête à l'ouest, mission ordinaire pour des patrouilleurs. Elle se demande comment l'histoire a pu finir de façon violente. Lorsqu'elle arrive à la salle principale, elle aperçoit effectivement le jeune Nageth en train de se mutiler : sa dague est plantée sur son épaule et il se griffe le visage, malgré les efforts de Jeina et de Varnir pour l'arrêter. Le corps d'Udille repose à ses côtés et même dans la mort, elle exprime la fierté. Du même âge que son compagnon, la jeune fille était une patrouilleuse très active mais plutôt discrète, puisqu'elle faisait surtout des missions avec son partenaire. Désormais couchée sur le sol, elle se repose éternellement : son armure de cuir est intacte et son casque repose à côté d'elle.
Thedina : Arrête-toi, Nageth !
Thedina ne connaissait pas Nageth de cette manière. Il était autrefois un jeune homme de 19 ans souriant et ambitieux. Le lieutenant se souvient, lorsqu'il était arrivé avec sa compagne il y a environ un an : ils étaient prêts à servir la justice et se sont très vite montrés efficaces. La jeune femme comprend cependant le désespoir de Nageth : le jeune patrouilleur connaissait Udille depuis de nombreuses années avant de rejoindre l'association d'Haeli. Néanmoins, elle ne veut pas le laisser se perdre, lui aussi.
Thedina : Qu'est-ce que vous attendez ? Aidez-le, vite !
En effet, si Jeina et Varnir paraissent être les seuls à l'aider, beaucoup sont immobilisés, regardent la scène en ayant peur de ce qu'est devenu Nageth et en ne faisant rien. Lorsqu'elle arrive sur lui, Thedina parvient à le maîtriser et à l'arrêter et elle étouffe légèrement le jeune patrouilleur pour l'endormir.
Thedina : Voilà, il est calmé désormais...
Procellan : Lorsqu'il se réveillera, ce sera sans doute pire.
Thedina : Il va se reposer et s'en remettre. J'en suis certaine. Vous autres, occupez-vous de transporter le corps d'Udille. Elle doit...reposer en paix. Prévenez la maîtresse de la situation. Varnir, Jeina, aidez-moi à le transporter jusqu'à sa chambre.
Jeina : Tout de suite, maîtresse !
Jeina et Varnir portent Nageth jusqu'à sa chambre qui est assez loin de la salle principale puisqu'il est un membre assez récent de l'association. Thedina les guide et avant de quitter cette pièce, elle regarde une dernière fois le corps d'Udille : elle regrette ce qui lui est arrivée. Mais pour l'instant, elle se soucie plus du sort de Nageth qui peut encore être sauvé. Ils parviennent assez rapidement à sa chambre modeste et le jeune patrouilleur est posé délicatement sur son lit de plumes. Cela fait, Thedina referme la porte pour voir son état.
Thedina : J'espère que son état se stabilise.
Jeina : Il ne faut pas trop espérer. Il faut craindre le pire.
Thedina : Le pauvre, quand même...ils ne se séparaient jamais, ils étaient tellement amis...c'est lui qui va souffrir le plus.
Varnir : Udille avait de la famille ?
Jeina : Je ne crois pas, je lui parlais de temps en temps et son entourage était assez petit. Peut-être est-ce exclusivement nous qui allons la pleurer.
Thedina : Pourquoi faut-il que des malheurs de la sorte arrivent à eux ? Ils ne l'ont pas mérité, ils étaient partis pour une simple enquête...
Jeina : Vous aviez les détails de la mission, lieutenant ?
Thedina : Non, ce sont les responsables qui les confient, je n'étais pas plus au courant de ça. Tu sais qui leur a donné la mission, Varnir ?
Varnir : C'est Ragnarok qui l'a donné, j'étais avec lui quand il l'a fait. Il connait en détail la mission, je pense.
Thedina : Je vais aller le voir. Vous, surveillez-le pendant un petit moment et assurez-vous qu'il se repose calmement.
Varnir : Pas de problème.
Jeina : Nous le ferons.