12h30. La sonnette me réveille, je sors du clic clac posé dans le salon de Delko et vais ouvrir. Je me suis endormi avec mon pantalon de treillis et mes rangers. J'ouvre et vois Alexandre qui me salue. Je l'invite à entrer.
Voyant que je ne suis pas rasé et mon accoutrement, ce dernier me demande :
-Je te réveille?
-Mouais... Alors la cassette?
-Elle est à France Presse en ce moment, guette le journal télé dans la journée.
En lui servant son café et en touillant le mien j'ironise :
-T'imagines qu'en dix minutes on aura réussi à faire ce que les flics ont échoué en 15 ans.
-Surement tes mains de magicien... Tu viens au sport ce soir?
-Non. Il faut que je cherche un boulot, Delko me loge gratuitement depuis plusieurs jours et je fous rien à part le justicier.
Le justicier... Je me souviens du journal de l'avant veille montrant le carnage que nous avions fait sur ce trottoir étroit, les corps étendus sur le sol, les macchabées les uns sur les autres, gisant dans une marre de sang qui coulait le long du caniveau.
-Moi non plus j'y vais pas. Me dit Alexandre. Il faut que je règle deux ou trois choses.
-Quoi?
-Une boite ou j'étais videur avant. Je me suis embrouillé avec un mec et je lui ai pété la gueule, le proprio m'a virer et j'apprends qu'il me poursuit en Justice.
-C'était y'a longtemps?
-Six mois, mais j'ai reçu le coup de fil des flics ce matin, l'autre enfoiré doit avoir besoin d'argent. Faut que je le dissuade.
-Tu veux un coup de main?
-Bah... Ça serait pas de refus mais tu dois te trouver un boulot non?
-J'ai tout l'après midi. Écoute, viens me chercher ici à 22 heures et on ira.
-Ok. Bon j'y vais.
-Salut.
Je finis mon café et vais me raser, je garde une moustache fine et longue. Je m'observe un moment dans la glace. Mon front est marqué, j'ai des cernes sous mes yeux gris sévères, plusieurs cicatrices recouvrent mon visage et mon crane lisse, même quelques rides.
J'ai à peine 25 ans et j'en ferais presque le double.
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