Je compris alors pourquoi ces visages me semblaient familiers, pendant la semaine où nous attendions les renforts, les fascistes avaient déplacé la brigade, d'où j'avais fui, vers ce village, je réalisais alors que donner la mort volontairement, quelque soit la situation, ça amenait au même résultat, mais pas le temps de culpabiliser, j'allais empêcher leur exécution. Je lançais alors à la cantonade:
-On va quand même pas les tuer, on est pas des monstres
Les remarques vinrent dans tout les sens.
-Qu'est-ce qu'il a le Poumiste ?
-On va quand même pas les laisser repartir tranquillement.
-Il a raison on est pas des barbares.
Commença alors un brouhaha duquel je ne pu rien discerner qui eut du sens pour moi.
Jusqu'au moment où Bill, celui qui avait le plus d'autorité dans le groupe ramena difficilement le calme et prit la parole.
-Toi, dit-il en me pointant du doigt,t'es pas de la CNT mais tu t'es bien battu.
-Avec son beau fusil j'aurais fait pareil, mais nous on a tous des putains de fusil de chasse. Lança une voix.
-Ouai, ça va qu'on étaient plus nombreux. Dit un autre.
-Taisez-vous et laissez-le parler ! Cria presque un dernier.
Le calme fut enfin, je commençais à parler, ayant peur que mes pensées ne se mélangent dans ma bouche.
-On dit qu'on se bat pour le peuple,pour l'humanité, on tu pour eux, mais eux là (je désignais les prisonniers), c'est aussi le peuple, c'est aussi l'humanité.
Je sentais un grand scepticisme, voir une certaine hostilité émaner de la salle, mais je continuait.
-Ce gars là par exemple; dis-je en désignant Principe dont le visage exprimait à la fois de la fierté, de la crainte et de la surprise, surement celle de me voir ici; il fait partie de la brigade que j'ai déserté, c'est un fils de paysans, comme beaucoup d'entre vous, c'est un prolétaire comme vous tous (je m'en excluait volontairement, je n'étais, pour l'instant, qu'un fils de bourgeois qui avait rejoint l'armée du prolétariat, j'hésitais à leur dire), il croit juste en d'autres choses que nous.
-Il croit en la soumission du peuple !
-Parce qu'on lui a dit de croire en la soumission du peuple, je sais de quoi je parle (là il était trop tard pour reculer), je suis fils de bourgeois, longtemps j'ai crut au capitalisme et au prolétariat qui n'était là que pour nous servir, mais j'ai comprit maintenant, je suis dans l'armée du prolétariat, les gens peuvent changer ils (je les repointaient du doigt) peuvent changer.
Un ange passa dans la salle, et s'en alla aussi sec.
-On dirait la folle de la Durutti. Dit un en riant.
http://fr.wikipedia.org/wrg/wiki/Simone_Weil#cite_ref-7
-Tu crois vraiment qu'ils peuvent changer ?
-Oui. Répondis-je
-En tout cas on les laisses pas fuir, pas question qu'ils aident à la contre-attaque.
Bill se leva alors, marcha calmement vers les prisonniers et leurs dit.
-Vous avez devant vous un peuple qui se bat pour sa liberté, malheureusement il doit tirer sur un autre peuple, sur d'autres prolétaires, croyez bien que nous n'en sommes pas heureux, car tuer des personnes manipulées par la bourgeoisie et l'église et utilisé comme chaire à canon pour qu'ils puissent reprendre au peuple leurs privilèges, nous attriste profondément. Vous êtes des prolétaires, votre intérêt n'est pas dans la phalange, il est dans l'armée populaire, nous ne voulons pas vous exécuter, rejoignez nous battez vous pour votre liberté.
C'était tellement bien dit, ils allaient nous rejoindre, nous n'aurions pas à les passer par les armes et....
-VIVA LA MUERTE !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Viva_la_muerte
Comment ça viva la muerte ?
-VIVA LA MUERTE !
-VIVA LA MUERTE !
Voilà ce que tout les prisonniers répondirent, c'est donc lorsque je me préparait à partir, que j'entendis la mort avec le bruit tirs.
Selena arriva avant que je ne finisse mon barda.
-J'allais te proposer de rejoindre le grupo Louise Michèle mais je connais déjà la réponse, non ?
-Effectivement.
-En tout cas sache que ça fait plaisir de voir des fils de bourgeois rejoindre la cause.
-Mmmm.
-Et aucune égratignure pour l'instant. Soit tu te débrouille bien, soit tu es un lâche.
Elle disait ça en rigolant, je n'avais pas envie de rire. Voyant mon mutisme, elle reprit.
-Moi non plus je voulais pas qu'on les exécutes, je me suis abstenu au vote, comme toi, mais c'est ce qu'ils voulaient non ? Ça peut paraitre étrange, mais faut avoir qu'ils aiment la mort les fascistes, va savoir pourquoi.
-Je les ais connus ces fascistes, au moins l'un d'entre eux, il nous voyait comme une menace, mais faut pas s'étonner, on brûle leurs églises, on tu leurs prêtres.
Je m'arrêtais de parler un moment, je repris ensuite.
-Je ne comprend rien à cette guerre, eux aussi c'est le peuple, qu'est-ce qu'on a de plus qu'eux ?
-La justice.
-Comment ça ?
-On a gagné les élections non ?
-Oui. Répondis-je sans conviction.
-Alors le peuple c'est nous en face c'est des usurpateurs, de toute façon, catalans, espagnols, basques, on ne peut pas être neutre, et t'es plus proche de nous que d'eux, non ?
-Je suis français, et je vais rentrer chez moi, revoir mes parents, usurpateur ou pas, c'est le peuple aussi en face de nous.
-Bon, je te laisse tranquille, mais si tu veux envoyer une lettre à tes parents avant de partir, je te la corrigerai.
-Tu sais lire le français ? Ou le catalan ?
-Bon, alors je te la posterai. Dit elle en souriant avant de sortir.
Alors que je terminais mon barda et que je ressassais ce que m'avait dit Selena, me revint en mémoire un épisode de mon enfance.
A l'école, il y avait Fernand, un grand gaillard qui aimait bien faire son chef, personne ne l'aimait trop mais il arrivait que nous jouâmes aux billes avec lui. Un jour j'avais réussit à toucher l'une de ses plus belle, même si elle était un peu sale à force d'avoir séjourné dans ses poches.
http://arcus.a.r.pic.centerblog.net/1470cea2.gif
J'allais la prendre pour l'admirer quand Fernand me dit:
-Bon tu m'la rend p'tite merde.
Généralement, quand Fernand demandai quelque chose, on obtempérait, mais là je ne voulais pas.
-Non, elle est à moi maintenant, t'as joué t'as perdu.
Il me mit un gros coup dans le ventre, je m'allongeais au sol la respiration coupée, mais je ne lâchait pas mes billes, il me sauta dessus de tout son long, me plaqua complétement au sol et voulu que j'ouvre la main droite pour lâcher les petites sphères tant convoitées, je résistais plus longtemps qu'il ne l'eut pensé, mais alors que j'allais céder, la maitresse arriva et nous sépara, le témoignage de mes camarades fit exclure Fernand.
J'étais en train de comparer la guerre à une bagarre de cours de récré, j'avais un peu honte, la guerre c'est plus sérieux, non ?
En tout cas, je savais qu'il n'y aurait pas de maîtresse pour nous sauver ici, d'après ce que j'avais compris, elle avait pas défendu les chinois, ni les africains, peut-être qu'un grand frère par contre...
http://cdn.bvoltaire.fr/mfr/media/2014/05/stalin002.jpg
Mais, même si elle me paraissait ridicule, l'image avait de la force, c'était pas seulement contre les fascistes que je me battait, mais contre l'injustice elle même, Franco avait beau avoir 2 grands frères un petit malingre et un gros plein de soupe, et le soutient d'une partie du peuple, il fallait que je me batte, et je ne serais pas tout seul. Mais conquérir ces petits villages n'aurait qu'un impact limité, j'étais déterminé à aller défendre Madrid.
Mais je repensais à ce que m'a dit Selena et je commençais à rédiger une lettre à mes parents.
"Maman, Papa.
Je me bat en Espagne pour la justice et...."
Non, ils ne savent pas que je suis en Espagne, ils s'inquiéteraient encore plus que maintenant.
J'espère qu'ils ne pensent que je suis ici à greloter, à avoir faim et à commencer à manquer de munition.
Me voilà parti pour Madrid, capitale désormais fantomatique de la grande Espagne.
http://www.madrid1936.es/.es/madrid/imagesaga/casa2.jpg
Partout la désolation, les bruits des bombardements, les habitants hébétés m'indiquèrent la direction du front, j'arrivais dans le quartier de Moncloa de là j'entendis le premier chant qui s'élevait au dessus de la poussière.
https://www.youtube.com/watch?v=iobdENzFxVc
C'était la XIèm brigade internationale, je la regardais passer. Il y avait d'abord le bataillon Edgard André, puis le Garibaldi, puis le bataillon Commune de Paris, dans ce bataillon, un des soldats tourna ça tête vers moi et cria à moitié.
en.wikipedia.org/wiki/XI_International_Brigade
-Ed !
Je me demandais comment il me connaissait, puis je me souvint.
-André !
Ça me faisait vraiment plaisir de le revoir vivant, je me mis à marcher avec le bataillon pendant que nous discutions.
-On rentre de la bataille de la route de la Corogne, m'expliqua-t il, ils ne sont pas passés, No Pasaran !
http://en.wikipedia.org/wiki/Second_Battle_of_the_Corunna_Road
http://lamarsellesa.free.fr/images/PhotosDiverses/Histoire/LC1.jpg
https://lh5.googleusercontent.com/-NTwvQLZnv9M/VBdefesIXJI/AAAAAAAATeA/Vk5Rmbr8fMI/s640/DSCF6694.JPG
-J'arrive encore après la bataille si je comprend bien.
-T'auras des occasions de te racheter t'inquiètes pas, viens avec nous que je te présente aux autres.
Il y avait pas mal de gars sympas dans la XIèm, les deux soigneurs qui se disputaient souvent sur la politique ou d'autres choses, JEremy DImié qui était français et le serbe, très patriote DOCTEUR KOBAvic du bataillon Dabrowski, notre cabo, ANTonI CONté, MAxime GEANdre qui était chargé de traduire les ordres et PAULO Pruniera sargento du bataillon Garibaldi.
http://lamarsellesa.free.fr/DivisasRepu.php
Pour l'instant il nous fallait tenir les barricades.
. Laisse comme c'est dans ta fiction, ça ne me dérange pas du tout (tant que tu en fais une guerrière fan de Louise Michel). 
Mais j'aurais accepté le même rôle chez les natios) ,Paulop au bataillon Garibaldi, le rassemblement des libéraux de gauche et modérés, bien choisi.