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Pays Virtuel 2010
Aucun pays n'est ignoré sur PV 
C'est les congressistes qui décident
Oh, mais attend, Glaxo est américano-britannique... ? 
Novartis 
Chester ne tiendrait même pas aussi longtemps que l’avait pensé Killgore. Les paramètres de sa fonction hépatique dégringolaient à une vitesse jamais vue – ou même constatée dans la littérature médicale. Le sujet avait à présent le teint jaune citron, la peau flasque. En outre, son rythme respiratoire commençait à être préoccupant, en partie à cause des doses massives de morphine destinées à le maintenir inconscient ou à tout le moins hébété. En accord avec Barbara Archer, le Dr. Killgore avait voulu lui administrer le traitement le plus draconien, afin de vérifier s’il y avait un moyen de traiter efficacement Shiva, mais il ne fallait pas se cacher que le délabrement physique de Chester était tel qu’aucun traitement n’aurait pu venir à bout à la fois de ses problèmes et de Shiva.
« - Deux jours, pronostiqua Killgore. Peut-être moins »
« - J’ai bien peur que t’aies raison », admit le Dr. Archer. Elle avait toutes sortes d’idées pour traiter le problème, du recours traditionnel (et presque certainement inutile) aux antibiotiques à l’interleukine-2, dont on pensait qu’elle pouvait avoir des indications cliniques dans un tel cas. Certes, la médecine moderne n’était pas encore venue à bout de toutes les affections virales, mais d’aucuns estimaient que renforcer les défenses immunitaires de l’organisme dans une direction contribuait à les soutenir dans une autre, et puis, on disposait désormais de toute une gamme de nouveaux antibiotiques de synthèse très puissants. Tôt ou tard, un chercheur trouverait la potion magique contre les maladies virales. Mais ce n’était pas encore le cas. « Potassium ? » demanda-t-elle après avoir envisagé les perspectives de survie du patient et le faible intérêt qu’il y aurait à lui prescrire le moindre traitement. Killgore acquiesça.
« - Je pense, oui. Tu peux t’en charger si tu veux. » D’un signe, il lui indiqua l’armoire à médicaments dans l’angle.
Le Dr. Archer alla chercher une seringue jetable de quarante centimètres cubes. Elle ouvrit le sachet protecteur, puis introduisit l’aiguille dans un flacon contenant la solution hydrique de potassium et remplit la seringue en remontant le piston. Puis elle retourna près du lit et planta l’aiguille dans le tube de perfusion, avant d’appuyer sur le piston pour injecter au patient une bonne dose de la substance létale. Cela prit quelques secondes, plus longtemps que si elle l’avait directement injectée dans une grosse veine, mais Archer préférait le toucher le moins possible, même avec des gants. Peu importait, du reste. Sous le masque à oxygène de plastique transparent, la respiration de Chester parut hésiter, redémarrer, hésiter à nouveau, avant de devenir rauque, irrégulière. Et puis, très vite, elle cessa. Le thorax s’affaissa et ne se releva plus. Ses yeux mi-clos, comme ceux d’un homme somnolent ou en état de choc, la regardaient sans la voir. Ils se fermèrent pour la dernière fois. Le Dr. Archer prit son stéthoscope et le plaqua contre le torse de l’alcoolique. Aucun pouls. Archer se redressa, rangea le stéthoscope.
Adieu, Chester, pensa Killgore.
« - Très bien, fit-elle, sans se démonter. Des symptômes chez les autres ? »
« - Pas encore. Mais les tests de présence d’anticorps sont positifs, répondit Killgore. A mon avis, on devrait voir apparaître les des symptômes manifestes d’ici une petit dizaine de jours. »
« - Il nous faut un lot de sujet sains pour les tests, nota Barbara Archer. Ces gens sont trop … trop mal en point pour constituer des étalons valables pour Shiva. »
« - Ca signifie un certain nombre de risques. »
« -J’en suis consciente. Et tu sais qu’on a besoin de cobayes de meilleure qualité. »
« - D’accord, mais les risques demeurent sérieux. »
« - Ca aussi, j’en suis consciente. »
« - D’accord, Barb, fais remonter le message. Je ne soulèverai pas d’objections. Tu veux bien t’occuper de Chester ? Il faut que j’aille voir Steve. »
« - Très bien. » Elle se dirigea vers le mur, décrocha le téléphone et composa les trois chiffres du service de nettoyage.
Tu dois recommencer depuis le début, tu as changé d'entreprise
Ça ne me dérange pas de faire c/c
Etats-Unis d'Amérique
Les nombreuses filiales de Novartis sont en difficultés sur le marché américain, le plus important au monde. Pfizer, numéro un mondial, triomphe et l'américain moyen joue le protectionnisme de Ron Paul.
Etats-Unis d'Amérique
Novartis chute pendant la séance de Wall Street. Les américains n'ont plus confiances en le groupe suisse.
Bien ton anti-jeu en mousse ?
Novartis
De son côté, Killgore regagna les vestiaires. Il passa d’abord par la chambre de décontamination, pressa la grosse touche carrée rouge et attendit que la machinerie l’ait arrosé de tous côtés de son nébulisateur d’antibiotiques dont l’efficacité totale et immédiate contre le virus Shiva avait été prouvée. Puis il franchit la porte de la chambre de déshabillage proprement dite, où il ôta la combinaison de plastique bleue, la jeta dans la corbeille en vue d’une seconde décontamination, plus radicale, celle-ci (elle n’était pas vraiment indispensable mais ça rassurait le personnel du labo), avant de repasser sa tenue de chirurgien. En sortant, il revêtit une blouse blanche de laboratoire. Puis il fit une étape à l’atelier de Steve Berg. Ni lui ni Barb Archer n’en avaient encore parlé ouvertement, mais il était indéniable que chacun se sentirait rassuré de savoir qu’il existait un vaccin efficace contre Shiva.
« - Eh John ! » lança Berg à l’entrée de son collègue.
« - Salut, Steve. Comment ça se présente pour les vaccins ? »
« - Eh bien, on a mis en test le A et le B. » Berg indiqua les cages des singes, de l’autre côté de la vitre. « Le lot A a les étiquettes jaunes, le B, les bleues, et le groupe de contrôle, les rouges. »
Killgore regarda. Vingt singes rhésus par série, soixante au total. D’adorables petits diables. « Quel dommage … »
« - Moi aussi ça me fend le cœur, reconnut-il, mais il faut bien en passer par là. » Aucun des deux hommes n’aurait songé à porter de la fourure.
« -Tu comptes avoir les résultats quand ? »
« -Oh, d’ici cinq à six jours pour le groupe A. De neuf à quatorze pour le groupe de contrôle. Quant au B … ma foi, on est assez optimistes, pour eux, bien entendu. Et toi, comment ça se passe de ton côté ? »
« - On vient d’en perdre un. »
« - Déjà ? » s’étonna Berg, dérouté.
« - Il faut dire qu’à son arrivée, il avait le foie en sale état. C’est un point qu’on a trop négligé. Il y aura fatalement des gens plus vulnérables que d’autres, à notre petit copain. »
« - Bref, ils pourraient bien jouer le rôle de canaris, s’inquiéta Berg, en songeant aux oiseaux qui servaient jadis à avertir les mineurs des dangers du grisou.
« - Quel est le différentiel de temps entre les humains et nos petits amis à fourrure ? »
« -Euh, n’oublie pas qu’il n’y a pas eu diffusion en aérosol. Il s’agit ici de tester un vaccin, pas un mode de dissémination. »
« - D’accord, d’accord. Je pense justement que tu devrais mettre au point un test de contrôle en aérosol. J’ai cru comprendre que tu avais encore amélioré la méthode d’enrobage. »
« - Cristina veut aussi que je m’y mette. Bon, d’accord. Ce ne sont pas les singes qui manquent. Je peux arranger ça d’ici deux jours, un test grandeur réel de l’éventuel système de dissémination… »
« - Avec et sans vaccins ? »
« - Ca peut se faire », acquiesça Berg. T’aurais déjà dû t’y mettre, crétin, s’abstint de dire Killgore. Son collège était intelligent, mais il ne fallait pas lui demander de regarder plus loin que le bout de son microscope. Enfin, personne n’était parfait, même ici. « Je ne vais pas me mettre à tuer par plaisir, John », crut-il bon de souligner à son collègue médecin.
« - Je comprend Steve. » Leurs cobayes vivaient ici une existence idyllique, dans des cages confortables, voire de larges zones communes où la nourriture était abondante et l’eau limpide. Les singes disposaient d’un vaste espace vital, doré de pseudo-arbres à escalader, d’un climat analogue à celui de leur jungle africaine, et sans la menace des prédateurs. Comme dans les prisons humaines, les condamnés avaient droit à des repas abondants en accord avec leurs droits constitutionnels. Mais tout cela chiffonnait néanmoins les gens comme Steve Berg, même si c’était fondamental pour la réussit du plan d’ensemble. Killgore se demandait même si son ami ne pleurait pas la nuit les petites gentilles créatures aux yeux bruns. Il était sans aucun doute bien moins préoccupé par le sort d’un Chester – en dehors du fait qu’il pouvait représenter un canari, bien sûr : voilà qui risquait en effet de tout foutre en l’air. C’était d’ailleurs pour cela que Berg mettait au point le vaccin A.
« - Ouais admit Steve, j’avoue que tout ça me met mal à l’aise… »
« - Alors, essaie un peu de te mettre à ma place », observa Killgore.
« - Mouais… » répondit Steve Berg, pas convaincu.
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