Aux alentours de Mogadiscio, Région de Benadir, République Fédérale de Somalie 
La colonne motorisée filait bon train en direction de Mogadiscio. Cela faisait quatre heures qu’elle était partie depuis Marka, et elle ne s’était pas arrêtée une seule fois. Les véhicules chenillés soulevaient d’importants nuages de poussière sur leur passage, et ils roulaient tous phares éteints pour éviter d’être repérés par les bombardiers ennemis. Jaweed conduisait un ZSU-23-4. C’était un volontaire égyptien. Il était partie du Caire et était arrivé à Kismaayo, en avion privé, après une brève halte à Khartoum. Il avait été rapidement versé dans une unité blindée islamiste, au vu de ses capacités en mécanique. Dans le passé, Jaweed avait participé à la guerre égypto-libyenne. C’était l’unique conflit auquel il ait participé. Et pas un seul coup de feu n’avait été tiré de sa part. Lors de l’avancée des forces égyptiennes vers la ville de Musa’ad, les libyens avaient promptement battus en retraite. Jaweed en gardait un souvenir amer.
Aujourd’hui, Jaweed soutenait les islamistes. Il réparait les techniques, changeait les pièces moteurs et s’occupait de réparer les avaries sur les tourelles des blindés. Et à présent, il pilotait un véhicule de combat anti-aérien. Le vrombissement du véhicule était assourdissant. Par la petite ouverture qui lui permettait de se diriger, Jaweed apercevait l’arrière d’un BMP-2. Le transport de troupe devant-lui charriait de la poussière et de la terre, qui s’engouffrait dans la minuscule cabine du Shilka. Jaweed s’épongea le front et rajusta son foulard au niveau de son visage. Il crispa ses mains sur le volant et s’appuya contre le dossier de son siège, très inconfortable.
Deux minutes plus tard, Jaweed sentit une secousse. L’égyptien sursauta. La colonne s’immobilisa. Une odeur acre de fumée se fit sentir. Jaweed saisit sa radio CB et tenta de communiquer avec les autres membres de l’équipage.
« - Conducteur à chef de char : la colonne s’est arrêté. Qu’est ce qu’il se passe devant ? »
Il y’eu un moment de silence, puis le chef de char répondit.
« - Chef de char à conducteur, un T-72 a explosé devant. Pivotez, et dépass… »
Soudain, Jaweed fut jeté au sol par une violente secousse. Jaweed, groggy mais conscient se releva lentement et se réinstalla sur son siège. Il n’entendait plus rien. Une explosion lui avait vrillé les tympans. Il observa la colonne blindée par la petite ouverture qui lui permettait de conduire. Le Boyevaya Maschina Pekoti de devant était en flammes et l’équipage était en train de quitter le transport de troupes. Jaweed devait sortir. Il le devait. Il deverouilla l’écoutille et se hissa au dehors. La tourelle du Shilka était la proie des flammes et des coups étaient frappés depuis l’intérieur du véhicule. Une voix étouffée se fit entendre à l’intérieur.
« - Sortez-moi de là ! J’ai les jambes coincées ! Sortez-moi d’ici ! »
A regrets, Jaweed sauta au sol et s’éloigna du blindé en courant. Des explosions retentirent dans son dos. Tout autour de lui, d’autres islamistes fuyaient dans le bush somalien.
Au dessus d’eux, en haute altitude, un C-130 survolait paresseusement les lieux.
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On va enfin s'amuser un peu 