Turc =/= Arabe
et aurevoir.
Grognon, Daska? Toujours pas eu de réponse à l'EPAD?
Je viens d'envoyer mon CV aujourd'hui, on va bien voir.
Sujet intéressant, quelques pistes sont évoquées.
Je vais essayer de compléter et enrichir à partir du livre de Bernard Lewis.
Bernard Lewis a écrit un livre sur le sujet : What went wrong, traduit en français par Que s'est-il passé ?
Il part du constat que le monde musulman est en retard technologique sur l'occident. Il se demande pourquoi ? parce que selon lui le monde musulman était en avance technologique sur l'occident au Moyen-Âge. Pour lui, le monde musulman est en avance jusqu'au X°s. jusqu'à l'arrivée des turcs en somme. Ensuite, c'est l'occident qui prend le relais et qui décolle... un retard jamais comblé par le monde musulman. Lewis cite de nombreux textes de savants, religieux et politiques musulmans qui s'en désolent. Mais aucun n'a de véritable réponse.
Lewis s'intéresse aux différences entre l'occident et le monde musulman. Il remarque que les européens se sont toujours intéressés au monde musulman, qu'ils y envoyaient des marchands et autres, des pèlerins, tandis que les musulmans n'allaient jamais en Europe, sauf pour la guerre. Il remarque ainsi que seuls les marchands chrétiens ou juifs vont commercer en Europe. Ce qui leur assure prospérité économique mais aussi développement intellectuel : ils maitrisent les langues européennes, découvrent les nouveautés. Mais les musulmans ne s'y intéressent pas. Les rares ambassadeurs envoyés en Europe par les califes ou sultans sont des chrétiens ou des juifs, pas des musulmans. Aucune école de langues européennes n'existe dans le monde musulman, aucun musulman n'apprend le français ou le latin. Et ce jusqu'au XIX°s.
Les musulmans connaissent donc très mal l'Europe. Un livre savant du XVII° s. expédie en 2 pages la guerre de 30 ans, et l'auteur affirme que Philippe IV est toujours en vie au moment où il écrit alors qu'il est mort depuis 50 ans...
Jusqu'en 1821 le ministre des affaires étrangères d'Istanbul est toujours un grec chrétien... quand la Grèce se révolte, il est assassiné. Ses archives et les courriers qu'il reçoit s'accumulent sur son bureau... personne ne peut les lire car personne ne lit les langues européennes... Il est alors remplacé par un juif, qui sait les langues européennes. Aucun musulman ne pouvait prendre sa place, car aucun musulman ne connaissait ces langues.
Les musulmans vivant enfermés dans leur monde, convaincus d'avoir atteint la perfection par la parole révélée de Dieu à Mahomet, ne s'intéressent pas aux autres ni aux innovations quelconques. Pour le musulman, il n'y a rien à améliorer. Le monde a été créé ainsi par Dieu, et il n'y a rien à y changer.
Tout musulmans qui chercherait à changer cet état de choses serait perçu comme déviant. Et de fait, aucun musulman n'y a pensé. Il se contente de la vie comme elle est. Les oulémas interdisent de s'inspirer des infidèles.
Lewis explique ensuite, que jusqu'au XVIII° s. les musulmans n'avaient pas de raison de s'interroger, car ils gagnaient les guerres. Au XVII°s. encore ils assiègent Vienne et sont prêts de prendre l'Europe.
Ce qui va provoquer une réaction est les défaites militaires du XVIII° s. Les Ottomans perdent bataille sur bataille. Au XIX° s. les défaites continuent. Les Ottomans perdent l'Europe. A partir du XIX° s. (1793 à Londres) les ottomans envoient des ambassadeurs musulmans en Europe, mais très peu... ils expriment surtout leur dégout des européens, et ne s'intéressent qu'aux armées européennes, notamment allemandes. Car pour eux le problème est uniquement militaire. Ils concluent que les armées sont mieux organisées. Il suffit de reprendre leur école de formation. Leur formation est mathématique pour la balistique de l'artillerie. Les ottomans vont donc développer uniquement des écoles de mathématiques pour la balistique. Mais ce ne sera pas suffisant. Il n'y a guère que les rivalités entre européens qui empêchera Istanbul de tomber au XIX et au XX° s.
De fait, les chefs militaires chargés des réformes sont eux-memes européens, convertis ou pas. Mais là encore les musulmans s'irritent de l'infiltration de ces infidèles et de leurs méthodes d'infidèles. Ils n'en veulent pas. Les oulémas protestent. La société musulmane est profondément conservatrices.
Lewis cite de nombreux exemples. Les musulmans ne reprennent pas les innovations étrangères autres que : canons, poudre à canon, lunettes, horloges. Ils ne les développent pas non plus.
L'imprimerie se heurte aux associations de copistes religieux qui seront au chômage si elle est développée. Ces copistes religieux obtiennent l'interdiction de l'imprimerie dans le monde musulman. Et comme le seul livre qui intéresse le monde musulman est le Coran, l'imprimerie ne se développera jamais dans le monde musulman. On trouve uniquement par ci par là des presses montées par des chrétiens ou des juifs, ou par des convertis qui ne s'en servent que pour imprimer un livre ou deux...
Lewis cite encore les rares livres qui en 500 ans viennent d'Europe et qui sont repris dans le monde musulman. Le seul traité médical imprimé est un traité européen sur la Syphilis. Il est imprimé 300 ans après sa parution en occident.
Lewis parle encore de la navigation. Pourquoi les musulmans n'ont rien fait sur les mers ? Ils sont restés sur les routes déjà connues, ils n'ont jamais cherché à aller ailleurs ou à améliorer les navires pour la navigation au large. Même quand les européens vont montrer l'exemple, les musulmans seront incapables de les imiter. Car ils ne souhaitent pas les imiter. La marine ne les intéresse pas. La mer ne les intéresse pas. Le musulman doit se contenter de ce qu'il a. Quand les turcs trouvent une galéasse vénitienne intéressante et veulent s'en inspirer, c'est interdit. Allah a fait un monde parfait, nul besoin de changer quoi que ce soit, ce serait même sacrilège. Les ottomans n'auront jamais de véritable marine, et les seuls officiers de valeur seront des renégats ou des convertis chrétiens ou juifs. Ce manque d'intérêt pour la marine explique le désintérêt pour la défaite de Lépante qui étonne parfois les occidentaux. La carte de PIri Reis est établie en 1519, mais personne ne s'y intéressera avant 1929 quand elle est redécouverte... par un occidental.
La conclusion est que les musulmans sont passifs par culture. L'islam insuffle un esprit de suffisance et de supériorité. L'oeuvre d'Allah est indépassable. Aucun intérêt n'est porté à l'innovation. C'est même vu comme une atteinte à l'oeuvre d'Allah. Tout juste peut-on s'inspirer des infidèles pour les combattre, mais c'est tout.
Encore sur le plan des idées Lewis dit que la liberté n'existe pas en islam. L'islam ne connait que l'idée de justice. La liberté, l'égalité n'intéresse pas l'islam. Les seules personnes qui s'intéressent à la liberté dans les monde musulman sont les chrétiens opprimés. Les musulmans non, car ils se voient comme les esclaves d'Allah. Seul compte l'obéissance à ses lois données par Mahomet.
La politique n'intéresse pas les musulmans. "En occident, on s'enrichit dans les affaires, et n'utilise ainsi l'argent gagné pour acheter ou influencer le pouvoir politique. En orient, on s'empare du pouvoir on s'en sert pour s'enrichir." Ainsi, pour les occidentaux, la politique est un but en soi, pour les orientaux c'est l'argent qui est le but et le pouvoir le moyen de s'enrichir uniquement.
@Histoar
Fais attention à la date des topics auxquels tu réponds, celui-ci date quand même de 2009, trop vieux pour être remonté en y répondant.
Je te suggère de créer un nouveau topic, d’inclure le lien de celui-ci et d’échanger dans ton topic (plus récent).
Dans l’immédiat, ce sujet est modéré.
Bonne journée,