Chapitre 8 : Le médaillon
Dans les rues de Meltokio, Raine marchait la tête basse. Deux semaines s’étaient écoulées depuis que Sheena était parti, elle ne leur avait même pas dit au revoir, ni ne leur avait laissé d’explications, elle s’était juste volatilisée en pleine nuit et certains, comme Lloyd en gardait une grande rancœur. Il aurait aimé retrouver le ninja qui avait blessé Colette pour pouvoir venger son amie, mais sans Sheena, ses chances s’étaient évanouies. Beaucoup d’entres eux se posaient des questions sur le comportement suspect de la jeune ninja, Raine la première. Elle se demandait si ce n’était pas la culpabilité qui l’avait fait fuir. Elle l’avait vu par la fenêtre quelques secondes après que Colette se soit effondrée à terre, cependant Zélos étant avec elle à ce moment là, il ne se pouvait pas qu’elle soit coupable de cet acte, et de toute manière elle se refusait à penser que Sheena puisse être capable de faire une chose aussi horrible. Mais pourquoi l’avait-elle entendu dire à Colette encore inconsciente qu’elle était désolée pour tout ça, qu’elle n’avait pas eu le choix et que j’aimais elle ne se pardonnerait? Avait-elle bien comprit, n’avait-elle pas mal interprété ses paroles ?
Raine releva la tête et regarda le ciel, le temps était orageux, elle se dépêcha donc pour rentrer. Elle n’en avait pas vraiment envie, elle n’aimait pas l’ambiance qui régnait chez Zélos en ce moment. Certes, Colette était guérit, elle allait même très bien, cependant, l’absence de leur amie avait jeté comme un froid.
Elle ne remarqua pas qu’un homme s’était approché d’elle.
-« Mademoiselle, je suis heureux de vous rencontrer à nouveau. »
Cette voix c’était celle du bel inconnu, Raine resta un moment interdite, elle cru rêver. Pendant des jours elle avait cherché à le revoir, en vain, elle n’y croyait plus. Et maintenant, il était là ! Elle tourna lentement la tête, c’était bel et bien lui, souriant à pleines dents et ce sourire était pour elle. Son cœur se mit à battre très fort dans sa poitrine, elle se sentait comme une adolescente gauche et timide face à cet homme.
-« C’est vraiment une chance de tomber sur vous, dit-il, j’espérais vraiment vous revoir, hier justement je pensais à vous. »
Il avait pensé à elle, elle se senti rougir.
-« Oh ! Vraiment…? »
Une expression qu’elle ne pu définir passa brièvement dans ses yeux.
-« je voudrai parler avec vous d’une affaire qui me tiens à coeur, comme vous êtes une brillante archéologue et que vous avez beaucoup voyagé, je ne voyais que vous pour m’aider. »
Raine était surprise et heureuse à la fois. Elle allait passer du temps avec lui, ils allaient de nouveaux être en tête à tête, discutant pendant des heures.
-« Je serais heureuse de vous aider. »
Il lui sourit encore, ce qui la rempli d’une joie intense.
-« Si nous marchions, je pourrais ainsi vous expliquer de quoi il retourne. »
Sans lui laisser le temps de répondre, il la prit par le bras. Ce contact la troubla, elle ne pu retenir un frisson qui lui parcouru tout le corps. Se méprenant sur son origine, le jeune homme lui mit délicatement sa veste sur ses épaules.
-« Nous devrions nous mettre à l’abri avant qu’il ne pleuve, je pense qu’un orage ne va pas tarder. »
En effet, un vent fort s’était levé et le ciel s’était encore obscurcit. Il l’emmena dans la même auberge que la dernière fois et ils s’essayèrent à la même table.
-« J’espère que cela ne vous ennuis pas, vous aviez peut-être d’autres projets ? »
Raine lui assura que non, elle était au contraire ravie d’être ici.
-« Pourrais-je connaître votre nom ? » lui demanda-t-elle un peu rougissante.
-« Excusez moi, j’oubli les bonnes manières, je m’appel Yohnis. »
-« Et moi Raine. » dit-elle dans un souffle.
Yohnis, c’était un nom étrange, mais elle trouvait que ça lui allait bien. Il sorti un médaillon de sa poche, et le posa sur la table.
-« Voici un objet que j’ai acheté dans un marché, il est très ancien, le vendeur ne semblait ni connaître sa valeur, ni son origine, j’aimerais beaucoup découvrir d’où il vient, malheureusement, je n’ai aucunes pistes. »
Raine prit l’objet dans sa main et l’examina, le médaillon était lourd, bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé en le voyant, il était en argent, des petites pierres étaient incrustées en cercle sur l’une des faces, il y en avait onze en tout dont certaines étaient luminescentes. Elle retourna le médaillon pour regarder l’autre face, il lui sembla remarquer comme une gravure mais celle-ci était si usée qu’elle ne su dire ce que cela représentait. Il ne lui faisait cependant aucuns doutes que cet objet était rempli d’un pouvoir mystérieux, elle le ressentait en le touchant.
-« Il est absolument magnifique, s’extasia-t-elle, je n’ai jamais rien vu de pareil. Il est très vieux, cependant je ne pourrais pas vous dire d’où il vient sans avoir fait quelques recherches au préalable. Dans quelle région l’avez-vous acheté ?»
Elle lui rendit le précieux médaillon.
-« C’était chez un marchand ambulant à Tesseha’lla, pas très loin de Sybak. Je comptais d’ailleurs me rendre là bas, il parait que ce sont des érudits et qu’ils disposent de documents très rares, certains étant écrits dans des langues anciennes. Malheureusement pour moi, je ne sais pas les lires et un traducteur est aussi cher que rare. »
Il prit les mains de Raine dans les siennes, ce qui ne manqua pas de la faire rougir de nouveau, et la regarda avec insistance. Dehors, la pluie commença de tomber légèrement, mais la jeune femme ne le remarqua même pas.
-« Je serais vraiment ravi que vous veniez avec moi à Sybak, quand pensez-vous ? »
Raine était tellement abasourdie par une telle proposition qu’elle ne su quoi dire. Tout son être lui disait d’accepter, mais une partie en elle, qu’elle maudit, lui rappela soudain qu’elle avait des responsabilités.
-« Ce serait avec plaisir, mais je ne peux pas, du moins pas tout de suite. »
Yohnis lui parut un peu déçut.
-« Je comprends, lui dit-il, j’oubliais que vous avez une mission à accomplir, je n’aurais jamais dû vous proposer cela, je m’en excuse. »
Raine aurait aimé que les circonstances soient différentes, elle avait promis à Zélos qu’elle l’aiderait à éviter la guerre avec les demi-elfes. D’ailleurs, elle repensa à ce qu’elle avait entreprit. Elle n’avait pas beaucoup fait avancer les choses, elle avait bien tenté de rentrer en contact avec les demi-elfes de la région mais c’était comme s’ils avaient disparus, elle n’était pas sûre que son ami ait fait le bon choix en la désignant pour cette tâche.
-« Est-ce que vous allez bien ? Vous semblez déprimé d’un coup. »
Yohnis lui lâcha les mains et elle se senti abandonné.
-« Excusez-moi, cela n’a rien à voir avec vous. C’est juste que je me sens un peu inutile. »
Il prit un air interrogateur.
-« Je voulais parler de ce que je suis censé faire pour les demi-elfes, se confia-t-elle, je n’ai pas réussis à établir de contact avec eux, c’est comme s’ils ne voulaient pas de moi, pourtant je suis de leur côté. »
Un éclair illumina le ciel pendant un instant avant qu’un grondement ne se fasse entendre au loin.
-« Vous savez, les demi-elfes ont fuit la région de Meltokio, si vous voulez les rencontrer il vous faudra voyager plus loin. Ils se terrent dans l’espoir d’être à l’abri d’éventuelles représailles. »
Raine lui jeta un regard surpris, pourquoi elle n’avait pas pensé à ça ?
-« J’en revient donc à ma requête, continua Yohnis, si vous accepté de m’aider, je vous aiderais à mon tour. Je suis sûr que nous rencontreront des demi-elfes sur notre chemin, ainsi vous feriez une pierre deux coups. »
Avant de continuer, il lui adressa un sourire malicieux.
-« De plus, je suis convaincu que ce médaillon vous intrigue autant que moi. »
Elle se mit à réfléchir car il n’avait pas tord, elle ne servait à rien en restant ici si les demi-elfes étaient partis.
-« Raine ! Qu’est-ce que tu fais là ? »
Elle sursauta, c’était Lloyd.
-« Lloyd…, Colette… !? »
Elle se sentait mal à l’aise, Lloyd, toujours très discret, la regardait tour à tour avec Yohnis, Colette, elle, resta un peu en retrait. Ils étaient trempés par la pluie.
-« Que venez vous faire ici ? Demanda-t-elle en essayant de reprendre contenance.
-« On s’est fait surprendre par l’orage, alors Lloyd m’a invité ici pour que l’on soit à l’abri. »
Ce dernier regardait Yohnis avec insistance, Raine lui rappela alors sèchement les règles de politesse.
-« Désolé … »
Il baissa les yeux sur ses chaussures un peu boueuses.
-« Lloyd, Colette, je vous présente Yohnis, c’est un archéologue que j’ai rencontré il y a quelques jours. »
Les deux jeunes gens le saluèrent poliment pour ne pas avoir à se faire réprimandé par Raine.
-« Enchanté, leur dit l’homme, je vous en prie, venez nous rejoindre à notre table. Je suis heureux de faire la connaissance des amis de Raine. »
Ce n’était pas tout à fait vrai, en fait, Yohnis n’avait pas prévu leur intrusion et cela l’ennuyait beaucoup mais maintenant il devait faire avec. La jeune Colette semblait intimidée par sa présence et Lloyd le regardait d’un air méfiant, alors il leur fit son habituel numéro de charme : il leur parla de ses aventures, de ses découvertes, tout ça sur d’une manière très romanesque, les deux jeunes gens semblaient à présent conquis, leurs yeux brillaient en l’écoutant parler.
Après que la pluie se soit calmée, Yohnis décida qu’il était temps pour lui de prendre congé. Il en avait assez de devoir répondre aux incessantes questions de Lloyd et Colette, bien sûr, il n’en laissait rien paraître et continuait de rester poli et courtois, mais il commençait à trouver le temps long. De plus avec la présence de ses deux là, il n’avait pu savoir si Raine avait prit une décision.
Lloyd insista alors pour qu’il vienne le lendemain chez Zélos, il ne pouvait refuser, ainsi, il pourrait de nouveau aborder le sujet du médaillon avec la demi-elfe en espérant avoir une occasion de lui parler seul à seul. Il ne voulait pas que les autres s’en mêlent, il n’avait besoin que de Raine pour retrouver le temple, il ne voulait pas que tous les amis de la jeune femme décident de se joindre à eux car il était à peu près certain qu’ils les ralentiraient, et franchement lui était pressé.
-« Je ne peux qu’accepter cette invitation, je ne connaît pas personnellement le fiancé de la princesse, mais il me semble être une personne remarquable ! »
Ces mots lui arrachèrent presque la gorge, « Remarquable », il ne fallais rien exagérer, il ne l’appréciait, au contraire, pas du tout, en plus, ce sale type avait faillit le voir lorsqu’il était avec Sheena. Il savait qu’il ne le reconnaîtrait pas, mais cet abruti avait changé ses plans en débarquant comme ça, il avait espéré que les soupçons se porte sur la ninja, et il avait tout fait raté. Cependant, Sheena n’avait rien dit à son sujet, elle avait juste parlé d’un traître de Mizuho sans mentionner son nom. Yohnis, pas idiot au point de prendre des risques inutiles, était resté à proximité pour les espionnés, il avait dû, par prudence, se tenir informé de ce que la jeune femme pourrait leur dévoiler. Il avait craint, à un moment, qu’elle ne raconte tout à ce Zélos, il les avait vu dans la chambre, mais finalement elle avait prit la fuite. Sans le savoir, elle avait fait exactement ce qu’il voulait, mais il ne pouvait plus la faire passer pour une traître et ceci l’ennuyait pour la suite.
Un peu plus tard, dans la salle du trône, Yohnis s’entretenait avec le roi qui était de fort bonne humeur.
-« Grâce à vous, les demi-elfes sont hors d’état de nuire. Aucuns incidents n’ont été à déclarer depuis plusieurs jours. Vous avez eu une excellente idée, ces prisons souterraines sont vraiment pratiques, par contre était-ce nécessaire d’y enfermer tous ces demi-elfes ? Tous ne sont pas des criminels. »
-« C’est par sécurité, vous ne voudriez pas qu’ils y aient des représailles ? De plus, ils sont bien traités. »
Le roi était vraiment stupide, il ne se doutait de rien, il regarda son conseiller, Karas. C’était un homme de grande taille, très sec, aux cheveux blonds. Il était l’un des plus fervents opposants aux demi-elfes, c’était lui qui était à l’origine du complot, Yohnis s’était juste servi de cette occasion pour mettre son plan en place.
Il avait promis à Karas de faire en sorte que les demi-elfes soient accusés des attaques que lui-même provoquait, il trouvait en effet que la milice que le conseiller avait formée n’était pas assez efficace, les dégâts n’étaient pas assez spectaculaires pour que la population soit réellement effrayée.
Yohnis avait besoin que l’on déclare les demi-elfes dangereux pour que l’on prenne des mesures contre eux, en l’occurrence, les enfermer dans ces prisons. Il avait dû convaincre le souverain de ne pas les rendre publiques, histoire que personne ne cherche à les retrouver, il avait fait valoir le fait que le cher Zélos de sa fille pourrait ne jamais vouloir la prendre pour épouse s’il s’estimait être trahit. Le roi, ne voulant pas que sa fille chérie soit malheureuse, n’avait pas cherché plus loin et avait accepté.
-« Où en sont les recherches ? » demanda Yohnis
-« Je ne comprend toujours pas ce que vous recherchez au juste, mais mes soldats n’ont rien trouvés jusqu’à présent. »
Le jeune homme fit une moue de dédain, décidément ce satané temple était bien caché. Il avait vraiment besoin de Raine, il comptait sur elle pour découvrir la provenance de son médaillon et donc du temple. Il ne savait pas grand-chose sur celui-ci finalement, mais il voulait son pouvoir, son immense pouvoir et ça par n’importe quels moyens. Il regarda le médaillon, une autre pierre s’était illuminée, il sourit de satisfaction.
« Parfait ! » pensa-t-il, finalement tout n’allait pas si mal. Sheena remplissait parfaitement son rôle, sans qu’elle en soit consciente, elle était très importante dans la réalisation de ses projets.
De son côté, Sheena ne se doutait de rien. Lorsque Yohnis avait trahis Mizuho, le conseil des anciens l’avait convoqué, bien qu’elle soit le chef, elle devait leur obéir quand il prenait une décision, il représentait la sagesse du village. C’est sur leur demande qu’elle était partie, elle avait pour mission d’éliminer Yohnis, et pour cela, elle avait besoin des esprits originels car lorsqu’il aurait récupéré le pouvoir qui sommeillait dans le temple, elle seule pourrait le vaincre. Cependant quelque chose l’inquiétait, comme un mauvais pressentiment, mais elle n’arrivait pas à déterminer de quoi il s’agissait exactement, alors elle préféra se concentrer sur sa mission. Elle ne savait même pas si Yohnis possédait déjà la clef où non, ni s’il avait découvert le temple, tout ce qu’elle savait c’était qu’elle devait se dépêcher.