Salut vous tous qui me lisez !
J'ai toujours adoré TOS, mais ça faisait bien longtemps que je n'y avait pas " retouché ". Mais un soir, je m'ennuyait tellement ( je me faisais chier quoi ) que j'ai décidé d'écrire ce petit texte rapidos, et j'ai bien envie de vous le faire partager ! Bon, c'est pas tout, mais voilà le texte... ENJOY !
~~Le grand saut~~
Sous la lune, le vent hurlait dans la ramure des pins, transportant leur odeur végétale au-dessus de la petite maison paisiblement bâtie au fin fond de la forêt d'Isélia. De la cheminée s'échappait un panache de fumée dont les volutes s'élevaient dans le ciel.
Lloyd, las, les regardait s'épanouïr puis disparaître dans l'obscurité célèste. Le jeune homme était accoudé au balcon de sa chambre, l'air pensif et songeur. Il avala difficilement sa salive, se demandant si ce qu'il s'apprêtait à faire était vraiment nécessaire... Il avait tellement peur de tout gâcher... en une seule soirée, par de simples mots...Ils étaient amis ! N'était-ce pas suffisant ? Fallait-il prendre le risque ? Aller plus loin ? Instinctivement, il serra au creux de son poing la bague qu'il comptait lui offrir. Il avait accompli tellement de choses, sauvé tant de vies... Il avait traversé les déserts arides de Sylvarant; parcouru les plaines polaires de Tessehalla... Il avait vu tant d'abominations, affronté tant d'horreurs et d'infamies...Il avait été brusquement exilé de son village et soumis à la cruelle réalité du monde sauvage... Sa naïveté d'enfant avait été à jamais brisée, en l'espace d'une journée... et pourtant, après tout cela, il ne trouvait pas la force de parler à Colette ! Il ne trouvait pas la force de lui avouer, à elle ! Elle qui était passée par les mêmes épreuves que lui, elle qui... elle qui...
"Colette quoi... la seule et l'unique !"
Lloyd était empli de rage envers lui-même. Il se trouvait incompétent et immature. Il resta un instant plongé dans une sorte de demi-torpeur, se laissant envahir par les cris des animaux nocturnes qui s'éveillaient peu à peu dans la forêt environnante.
Soudain, il releva la tête, alerté par les bruits de pas dans l'escalier. Des pas à peine perceptibles, légers... trop légers pour que ce fusse Dirk... Il s'approcha de la porte, s'efforçant de paraître le plus naturel possible... Il ouvrit: " Je sais que c'est elle"... Il tenta de se calmer: " Tu peux le faire"... Il ouvrit la porte: " Courage"...
"Lloyd, tu vas bien ? Tu es tout rouge !"
Colette, jolie, l'air innocente et heureuse, comme à son habitude, se tenait dans l'encadrement de la porte:
"Ca va ? répéta t-elle, contrite.
-Mais bien sûr ! s'empressa d'ajouter Lloyd suant à grosses goûtes. C'est juste... la lune qui reflète la couleur de mes habits sur mon visage... tu sais, le professeur Sage nous avait expliqué ça... comme avec...euh… les arcs-en-ciel… voilà ! "
Il termina par un étrange rire, qui ressemblait plus à un couinement de Noïshe qu'à un rire humain... Il était affreusement mal à l'aise.
"Mais oui, c'est vrai, hurla Colette, un sourire niais collé sur le visage. Je suis contente que tu ai bien appris ta leçon cette fois... c'est bizarre, je ne m'en souviens pas, moi !
-C'est juste que tu es fatiguée, expliqua Lloyd"
Elle le regarda sans rien dire, se contentant de sourire... Lloyd sentit ses joues le piquer... il devait être ridicule... il évitait soigneusement de la regarder, les yeux fixés sur le plancher. Attendre? Se lancer ? Que faire ?
"Voyons Lloyd, pensa t-il en son fort interieur, que diraient les autres ? Genis se moquerait de toi... le Professeur te dirait qu'une fois de plus tu n'es bon qu'à combattre et... Kratos ne dirait rien mais n'en penserait pas moins... si il était là..."
Le jeune garçon resta pensif, sa pensée figée sur l'image de Kratos: lui avait pû; lui avait réussi à déclarer ses sentiments à Anna. Dans son coeur, Lloyd sentit la détermination remplacer l'incertitude. Kratos avait réussi à le faire : " J'en suis la preuve vivante" pensa le jeune homme... Il releva la tête si soudainement que Colette sursauta en poussant un petit cri. Il la regarda dans les yeux et lui prit la main. Tout son corps était à présent envahi d'une fiévreuse impatience...
Il restèrent muets, se regardant, le vent agitant les mèches blondes devant le visage incrédule de la jeune femme :
"Je... j'ai toujours été honnête, lâcha Llyod, troublant le silence. Mais là, c'est au dessus de mes forces ! "
Colette ne souriait plus, elle le regardait, intensément, le pressant du regard pour connaitre le fond de sa pensée... elle avait tant attendu cet instant... elle ne croyait plus en Martel, depuis longtemps, mais ce soir, sur ce balcon, près de Lloyd, elle pria les dieux comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Elle pria pour qu'il aille jusqu'au bout…elle avait compris… Lloyd s'umecta les lèvres, la gorge nouée:
" C'est comme du vin d'Isélia et de la potion de Palmacosta, s'écria t-il. Tu vois ce que je veux dire ?
-Non...
-Tu ne vois pas ?
-Non !"
Colette le fixait, troublée. Lloyd passa une main dans ses cheveux, cherchant ses mots:
"Tu ne vois pas mais pourtant c'est exactement ça, débuta t-il. Le vin d'Isélia, c'est bien ! C'est bon; c'est sucré; c'est doux... tout ce qu'il y a de plus agréable. Tu peux en boire, encore et encore, jusqu'à plus soif. Ca te remonte le moral et te rassure quand tu penses que le monde entier t'en veut. Mais, à force d'en boire, ça prend un goût amère, et tu comprends que tu ne pourras pas boire ça toute ta vie ! Il y a un moment où tu réalises qu'il te faut autre chose, qu'il te faut plus. Et ça, cette chose, c'est la potion de Palmacosta ! C'est couteux, ça se mérite. Il faut voyager, trouver l'argent nécessaire. Mais là, devant l'échoppe, tu te demandes si ça vaut vraiment le coup, tu te demandes si il ne vaudrait pas mieux garder ton argent, et te contenter du vin d'Isélia qui n’est pas si mauvais ..."
Il reprit son souffle, la respiration sacadée, le coeur battant, le sang palpitant à ses tempes. Ce n'était pas fini, il allait acheter la potion de Palmacosta, ici et maintenant :
" Nous avons vécu tant de choses ensemble, reprit-il. Tu as toujours été là pour me réconforter, pour me... pour..."
Il avala sa salive:
"Je refuse de penser que tout cela ne se résume qu'à une simple amitié. Je me sens... je ne veux plus de vin d'Isélia ! Je veux plus qu'une simple amitié, Colette... parce que... parce que je..."
Colette se jeta sur lui, lui coupant la parole. Elle lui serra les poignets d'une force passionée et déconcertante... Et elle l'embrassa, sans qu'il ne finisse sa phrase... elle l'embrassa, comme toujours elle l'avait souhaité. Elle l'embrassa longuement... puis il basculèrent... Oui, ils basculèrent : Colette glissa, et ils tombèrent par dessus la rembarde du balcon. Ils se relevèrent, affalés dans un tas de foin. Un cheval les regarda d'un oeil torve, visiblement fort affligé que l'on patauge dans sa nourriture. Llyod tendit la main à Colette, heureux. Elle lui tendit la sienne, pleurant de bonheur. Et, silencieux, d'un accord tacite, il se dirigèrent vers la maison de Dirk, main dans la main... avant de refermer la porte derrière eux, il lui glissa la bague au doigt, et Colette déclara:
" Ca pique la paille, quand-même ! "
Lloyd soupira: visiblement, on ne la changerait pas de sitôt !