Je me suis arrêter à "les impériaux au arrêter les sombrages"
Le 14 septembre 2017 à 17:20:15 RouKy51 a écrit :
Je me suis arrêter à "les impériaux au arrêter les sombrages"
Ok osef.
Le 14 septembre 2017 à 17:20:15 RouKy51 a écrit :
Je me suis arrêter à "les impériaux au arrêter les sombrages"
C'est même pas la phrase exacte
Enfin, je ne reproche à personne de ne pas lire
Ouverture d'esprit/20.
Sinon super chapitre, ça fait de la lecture c'est cool.
Par contre, enfant des Lunes... Je suppose que c'est par rapport au positionnement des Lunes que ca fait la races de Khajiits ? Genre les Nuits du Néant (il y a 100ans) ont provoqué un truc et 100 ans plus tard il s'est produit un événement chelou du genre les Lunes étaient dans un angle et positionnées différemment ?
En tout cas j'espere bien que Sirius est mort.
Sweet ?
Coucou
Avec la petite pause d'adaptation due à la rentrée, j'ai finalement trouvé mon rythme, j'écris désormais entre 21h30et 23h, ce qui respecte relativement la dose de sommeil minimum que je m'impose. J'arrive à avancer correctement, le chapitre 71 ne devrait pas trop tarder mais je préfère éviter d'avancer une date sans être sûr de pouvoir la respecter.
Bref, le rythme de parution va reprendre un cours correct, sans doute meilleur que celui de l'année précédente puisque j'ai enfin un emploi du temps personnel clair.
C'était pour les petites nouvelles, on se revoit prochainement pour la suite
Hum...
Tu pues le scepticisme
Enfin une bonne nouvelle.
Coucou toi.
Le 19 septembre 2017 à 22:00:50 TheEbonyWarrior a écrit :
Tu pues le scepticisme
Peut être
m'sieur Ebony !
Un peu de patience, ca ne va pas tarder
Resultat on attend toujours
Mais la logique n'est rien de plus qu'une invention humaine dénuée de sens. Elle ne soigne pas les maladies, ne referme pas les blessures, n'empêche pas la mort de ceux qui la privilégient à la prudence, et ne les ramène certainement pas à la vie. La logique ne sert à rien. Seul les faits ont une légitimité, et refuser les faits parce que ceux-ci semblent illogiques est la dernière erreur que commettent les hommes ignorants avant de mourir dans une disgrâce dont ils n'ont même pas conscience.
Me permets tu de mettre ce passage en description ?
Je citerai le nom de ta fic et ton pseudo bien sûr
Il me reste un peu de rattrapage (chap 69)
Mais le récit me plaît de plus en plus.:oui:
Cathay Is Back
C'est bon, j'ai pas la prétention de te réclamer des droits d'auteur, ca me fait déjà suffisamment plaisir que tu la trouve digne de figurer sur ton profil
Chapitre ce soir ou en début de semaine
Le 24 septembre 2017 à 19:12:39 TheEbonyWarrior a écrit :
C'est bon, j'ai pas la prétention de te réclamer des droits d'auteur, ca me fait déjà suffisamment plaisir que tu la trouve digne de figurer sur ton profilChapitre ce soir ou en début de semaine
Merci , j'espère ce soir.
Nous somes en début de semaine.
Sweet
Tenez, "un peu" de lecture
Chapitre 71
Le groupe marcha jusqu'à la nuit tombée. Alors que l'éclat solaire se retrouvait contraint par les reliefs dévorant l'horizon de leurs masses gargantuesques, les jumeaux argoniens décidèrent de faire une halte. La route avait été longue.
Zede-Tei avait porté Renji sur son dos pendant tout le trajet. Son frère étant momentanément incapacité par la blessure dont il avait écopé à l'épaule durant le siège de Blancherive, il s'était retrouvé à devoir constamment rehausser le jeune Compagnon sur ses épaules pour éviter de le laisser tomber, ce qui, en plus d'être fastidieux, avait fini par se révéler épuisant. Même si l'ainé avait partiellement guéri, la fatigue s'était emparée de lui dès la fin de l'après-midi, ralentissant considérablement leur progression. Faisant fi des quolibets gras d'Oka, le reptile avait finalement accepté de s'arrêter dans un endroit propice, après plusieurs heures de marche ininterrompue à travers le paysage rocheux et désolé.
Par un heureux hasard, ils étaient tombés sur un petit renfoncement à flanc de montagne à peine une minute plus tard. Le caveau aux parois érodés par les vents était à peine assez grand pour les accueillir, mais il leur sembla suffisamment éloigné des grands chemins pour leur garantir un calme relatif. Le cadet du duo palpa le sol poussiéreux à la recherche d'ossements ou de poils trahissant la présence ou le passage d'éventuels prédateurs, mais secoua la tête en signe de négation après quelques secondes.
- Rien n'a foutu les pattes par là depuis une bonne semaine, grogna-t-il de sa voix rendue lourde par la lassitude du voyage. Ca fera l'affaire, je suppose.
- Parfait, conclut Zede-Tei en étendant Renji dans un coin de l'ouverture avec un soupir d'effort. On devrait être tranquilles ici.
Alors que les Compagnons défaisaient leurs affaires et se préparaient à allumer un feu, l'ombre de Neloth se découpa, une quinzaine de mètres en retrait, projetée sur le sol par la clarté blafarde de Secunda. Les frères tournèrent la tête en direction du Dunmer, juste à temps pour le voir tomber à genoux, à moitié assommé par la fatigue.
- Si tu cherches Blancherive, tu vas dans la mauvaise direction, gamin, grogna Oka en fouettant le vide du dos de la main comme pour se débarrasser d'un moustique trop insistant. On t'a déjà prévenu qu'on ferait pas de place pour toi. On a déjà trop peu de provisions pour nourrir le chat, alors du balais. J'ai pas envie que tu rameutes toutes les bestioles du coin avec tes suppliques.
Réagissant à peine aux paroles du colosse, l'elfe noir se mit en position assise, et leva la tête vers le ciel sans prononcer un mot.
- Eh, tu m'entends pas ? lança le lézard. C'est sympa d'avoir prit la place du gosse de Thélas pour le protéger, je te l'accorde. Mais c'est pas auprès de nous qu'il faut venir quémander sous prétexte que t'as rendu un service à un type mort. Tu nous suis depuis combien de temps, au juste ?
- Je ne ferai pas de bruit, répondit l'adolescent d'un air calme. Je vais juste vous suivre jusqu'au prochain village, puis je vous laisserai en paix.
- Et qui te dis qu'on va faire le tour des patelins du coin ? J'aime pas me répéter, mais...
- Laisse-le tranquille, soupira Zede-Tei. Tant qu'il ne nous gêne pas, ca me va.
- C'est un peau-grise, chuchota le grand argonien en adoptant une mine offusquée. Je dormirai pas à coté de ce type, c'est tout.
- Rappelle-moi combien de fois tu t'es effondré de contentement dans le même dortoir qu'Athis après t'être saoulé comme un ivrogne en rut ?
- Athis peut abattre un homme en un clignement de paupière, susurra Oka en veillant toujours à ce que Neloth soit trop loin pour les entendre. Je l'ai jamais aimé, mais il fait son travail, et je dois bien lui reconnaitre. Mais regarde-moi cette pleureuse. Pas foutu de tenir le rythme pendant ne serait-ce une demi-journée, et ca se prétend digne de nous coller au train au risque de nous faire repérer. T'as vraiment envie de subir sa présence plus longtemps ?
- Et si tu m'aidais un peu au lieu de de plaindre ? proposa son frère en sortant un silex de son havresac. Le froid ne va pas tarder à arriver, et je préfère éviter de me geler les écailles dans ce trou perdu.
- Je suis sérieux.
- Et moi, encore plus. Maintenant, va t'exercer un peu avant que ton bras ne pourrisse à cause de la paresse de son propriétaire.
- Eh, tu restes mal placé pour...
- Ouste. C'est à nous deux que la mission de Rigel a été confiée, mais c'est moi qui porte les provisions. Maintenant, ramène-moi ce bois avant de t'endormir gelé et le ventre vide.
Non sans rechigner, Oka se releva à contrecœur, et jeta un regard noir au Dunmer, avant de quitter l'abri de sa démarche imposante.
Une fois le guerrier parti chercher des branchages secs dans les environs, Neloth glissa un regard prudent vers Renji.
- Il va bien ? demanda poliment l'elfe.
- Je lui ait sectionné la moelle épinière et il n'a sûrement pas mangé depuis une dizaine de jours. Rien de bien vilain, il s'en remettra, si tant est qu'il ne soit pas devenu complètement fou à son réveil.
Le ton froid et sérieux de l'argonien suffit à faire blêmir le Dunmer, et un silence étonnamment profond s'installa.
La luminosité commençait à décliner sévèrement, et comme le Compagnon l'avait deviné, une brise inhospitalière se leva, avortant leurs chances de pouvoir reprendre le chemin avant l'aube. Le sol les entourant était couvert d'éboulis, et au-dessus d'eux, d'innombrables saillies fissurées semblant sur le point de céder, à peine retenues par les racines enchevêtrées des arbres poussant à flanc de roche et dont les rameaux atrophiés grinçaient sinistrement sous les bourrasques glaciales. Même si les parois leur fournissant un maigre rempart face aux rudes températures qui s'annonçaient, les fissures courraient partout le long de la pierre et s'insinuaient dans chaque recoin, renforçant l'aspect sinistre et dépérissant de leur environnement figé. Face aux deux intrus immobiles de ce décor léthargique, une plaine de hautes herbes jaunies et de fleurs fanées s'étalait sur plusieurs centaines de mètres, avant de cesser brusquement son expansion au profit d'une chaine de pics abrupts aux pentes enneigées. Ici, l'hiver s'était abattu subitement, et le froid avait étouffé les végétaux en quelques jours comme un étau mortel, forçant insectes, oiseaux et petits mammifères à partir vers les montagnes de Cyrodiil pour retrouver la faveur d'un climat plus tempéré. Les prédateurs avaient rapidement suivi le mouvement, laissant la région presque déserte de toute présence non-humaine en attendant que les loups, les renards et les élans en saisissent l'apanage jusqu'au renouveau printanier.
- Ri'Drassa... marmonna finalement Zede-Tei d'un ton platonique. Enfin, je suppose que je devrais suivre la tendance et l'appeler Renji, à présent... J'imagine que tu dois avoir des choses à me demander à propos de lui ou de ce qu'il t'est arrivé ?
Neloth sauta sur l'occasion sans hésiter. Depuis qu'ils avaient tous les quatre fuit l'édifice nordique en fin de matinée, et que l'elfe noir avait dévoilé aux argoniens le tragique destin de Thélas et de son fils, il n'avait même pas pu entamer l'esquisse d'une conversation avec les deux frères, ces derniers ayant poursuivit leur chemin sans se soucier de lui. Affaibli par sa captivité, il avait failli les perdre de vue à d'innombrables reprises, et s'était convaincu plusieurs fois de s'arrêter pour reprendre la route seul un fois ses forces revenues. Mais il ignorait le chemin qu'il devait emprunter pour rejoindre Blancherive, et la mort de ses anciens compagnons de voyage l'avait bouleversé plus qu'il ne l'aurait pensé. En cinq jours, il s'était lié d'amitié avec Nadril, et la disparition du jeune Dunmer avait laissé place à une rage viscérale qui continuait de le tarauder. Il n'oubliait pas la mission que Dakin lui avait confié, mais il devait trouver de quoi apaiser ses doutes afin de comprendre ce qui l'avait mené en haut de cette tour, aux côtés des renommés fils d'Ysgramor.
- Qui étaient ces hommes ? commença l'elfe noir d'un ton laissant présager que ces interrogations n'étaient que les premières d'une longue série. Pourquoi nous avoir capturé ?
- Je ne peux pas te répondre précisément, rétorqua distraitement le lézard, qui s'attendait évidemment à une telle question. Le bréton que tu as vu commander aux soldats qui vous retenaient prisonniers se prénomme Sirius. Il a déjà orchestré plusieurs attaques contre les Compagnons par le passé, mais jamais aussi directement que depuis quelques mois. Ses premiers méfaits remontent à la fin de la guerre civile, lorsque les étendues sauvages de cette contrée étaient encore arpentées par des hordes de rustres enorgueillis par la sensation d'avoir délaissé la fourche au profit de l'épée, et convaincus que le conflit armé avait fait d'eux des êtres au-dessus des lois. Parmi ces nuisibles, beaucoup ont finit par rentrer dans le rang, mais certains sont devenus des hors-la-loi avérés. Un petit groupe s'est rapidement élevé au-dessus des autres, sous la bannière d'un ancien Sombrage possédant une rare maîtrise des arcanes. Tout comme les plus fervents partisans de la rébellion ayant respecté religieusement leur meneur lorsque ce dernier était encore en vie, ces anciens combattants vouaient presque un culte à leur dirigeant. Ils l'appelaient l'Astre, en référence à ses talent d'orateur et ses aptitudes magiques. Mais leur comportement faisait honte à la cause que les hommes d'Ulfric avaient jadis défendu. Leur petite entreprise s'est vite attirée les foudres des ex-rebelles de Bordeciel, et il fut admit que la guérilla Sombrage n'y était absolument pas apparentée. Ils ont donc opté pour l'appellation des "Libérateurs", et ont orienté leurs actions à notre encontre du jour au lendemain. Durant un temps, ils ont pillé nos convois d'armes pour les refourguer à toute la vermine de la région, abattu nos corbeaux pour gêner notre communication avec la guilde des Guerriers ou l'Académie de Fordhiver, et à plusieurs reprises, ils faillirent capturer certains des nôtres. Comme tu l'as constaté à tes dépends, ils n'ont pas finit de nous glisser des bâtons dans les roues.
- Que vous veulent-ils ? demanda le Dunmer d'un air intéressé. Pourquoi vous attaquer vous, et non les forces de l'Empire ?
- Je crains que tu ne doives aller demander tour à tour à tous les criminels de Bordeciel pourquoi ils tuent, si la réponse t'importe tant que cela, ricana l'argonien en fouillant dans son sac. Argent, intérêt personnel obscur, marque d'impulsivité, passion pour l'anarchie... Seuls les Hists savent ce qui peut parfois éclairer l'esprit malade d'un homme auquel le sang a fait pousser des ailes. Enfin, une chose a eut le mérite de se clarifier au fil du temps : ils essayent désespérément de s'emparer de Blancherive. Pour eux, il s'agirait d'une forme de libération. D'où leur nom.
- De quoi veulent-ils libérer la ville ? questionna le jeune elfe.
- Oh, mais c'est le pays tout entier qu'ils essayent de "libérer", répondit Zede-Tei d'un ton méprisant. Ils vouent une haine féroce à l'Empire, et, à plus forte raison, à toutes les châtelleries du pays, à quelques exceptions près. Ils ont tenté un premier assaut sur la cité il y a un peu plus de deux mois. Une mise en garde ou un test, plus qu'une réelle tentative. Ils voulaient mettre à l'épreuve nos défenses et notre organisation, afin de frapper plus fort et plus précisément la fois suivante. Nous les avons repoussé sans mal, mais nous nous sommes sentis en danger. Pour la première fois depuis le début de leurs méfaits, les rangs des Libérateurs affichaient des brigands venus de toutes les horizons. Comme Thélas te l'a peut-être dit, Sirius s'est avéré être le frère de Rigel, notre Héraut. Je mentirai si je disais que cela n'avait pas eût un impact sur son comportement : au lendemain de l'escarmouche, il était persuadé qu'une alliance était sur le point de voir le jour, et la suite des événements lui a sonné raison. En accord avec ses ordres, nous sommes partis enquêter aux quatre coins du pays, et avons découvert qu'ils étaient diablement organisés.
Le reptile caressa pensivement les fibres irrégulières de sa tunique du bout de l'index, laissant son doigt cheminer le long des entailles cicatrisées qui lui parsemaient la poitrine.
- Après plusieurs semaines de recherche, nous avons identifié le point névralgique de leurs manigances : une vieille forteresse orque bâtie sur une colline et communicant avec d'anciennes archives nordiques. Perdue dans la forêt, à l'abri des regards et située sur un terrain boisé et riche en minerai, la base leur offrait une position facile à tenir et des ressources militaires exploitables. Pendant des mois, ils s'étaient préparés et renforcés, et nous n'avions rien vu venir. Lorsque nous nous sommes rendus compte que nous disposions à peine des moyens nécessaires pour les arrêter, nous avons frappé, pressés par l'urgence. Mais à l'évidence, l'ennemi savait à quoi s'attendre, et Blancherive fut prise d'assaut durant notre absence. Alors que leur faible nombre nous avait paru étonnant sur place, le gros de leurs troupes avait contourné la forêt pour attaquer la ville par le Nord. Thélas et ses fils étaient restés avec une cinquante d'autres hommes pour aider les gardes et les troupes impériales postées à défendre la cité en cas d'assaut. Mais ils ont pénétré nos défenses et ravagé la ville alors que nos hommes pensaient les tenir occupés en dehors des murailles. Même lorsque le gros de nos effectifs a rejoint la bataille en catastrophe, l'ennemi a conservé l'avantage numérique. Moi et mon frère, nous avons quitté les lieux en derniers en raccompagnant Renji. Nous avons retrouvé la cité presque déserte, remplie de cadavres, avant de remarquer que le combat faisait toujours rage. Tu a déjà entendu la suite, j'imagine.
- Vous parlez de ce qu'il s'est produit avec Renji ? s'enquit Neloth.
Le Hist se contenta d'acquiescer silencieusement, et sortit la main de sa sacoche. Un petit paquet traversa les airs et retomba mollement près de Neloth, qui se pencha par-dessus, étonné.
- Ressasser ce genre de choses me coupe l'appétit, siffla l'argonien comme pour justifier sa générosité. Fais vite, et n'en touche pas un mot à mon abruti de frère si tu veux éviter de le mette en rogne.
Porté par la brise, le fumet de la viande assaillit les narines du Dunmer avec une puissance étourdissante avant même qu'il ne pose les yeux dessus. Affamé, celui-ci saisit le présent du Compagnon, et l'ouvrit avec automatisme, avant de se jeter dessus. La portion ne faisait que la taille de son poing, et la denrée avait séché, mais il la savoura avec un plaisir incommensurable. Il n'avait pas prit conscience d'à quel point la faim l'avait rongé au cours des derniers jours, voire même des dernières semaines. Depuis son départ de Skaven, c'était bien la première fois qu'il avait l'occasion de manger autre chose que le fruit de sa propre chasse -souvent peu concluante-, et renouer avec le goût si riche de la chair d'une bête d'élevage lui donna l'impression qu'il n'avait jamais rien mangé d'aussi bon de toute sa vie.
- Doucement, tu vas t'étouffer, l'avertit Zede-Tei. À te voir, on dirait que ca fait des lustres que tu n'a rien avalé.
- Lorsque nous étions captifs, ils nous fournissaient à peine assez de nourriture pour être sûrs que nous survivions jusqu'au lendemain matin, répondit l'elfe noir avec la bouche pleine. Du boeuf ?
- Élevé à Blancherive, acquiesça l'argonien. Content que ca te plaise. Où en étais-je, déjà... ?
- Vous me parliez de votre arrivée sur le champ de bataille, fit le jeune voyageur.
- Ah, oui, se souvint le reptile en étouffant un bâillement du dos de sa main. Cet affrontement nous a confirmé que de nombreuses organisations faisaient front commun contre les Compagnons. On ne sait toujours pas ce qu'ils tentent précisément d'accomplir ainsi. En règle générale, nous sommes les seules cibles de leurs attaques, mais ils n'ont aucun remord à s'en prendre aux paysans ou aux impériaux postés dans la région, ce qui m'amène à penser qu'ils ont certes un intérêt commun, mais que leurs motifs et leurs méthodes divergent grandement. Quoi qu'il en soit, nous sommes à présent un peu plus sûrs de ceux à qui nous faisons face : d'anciens Sombrages, une poignée de brigands, des déserteurs de l'Empire... Tout un tas de combattants désorganisés qui ont néanmoins fait table rase de leur passé pour nous renverser.
- Des rebelles nordiques ayant joint leurs forces à des hors-la-loi et des légionnaires ? s'étonna l'adolescent. J'ai du mal à imaginer ce qui les pousseraient à se battre côte à côte.
- Va savoir, fit le Compagnon avec une grimace d'incertitude. C'est en tout cas l'une des raisons qui nous a poussé à les sous-estimer : nous connaissions la Main d'Argent, les brigands du Cours Dormant, les Libérateurs et autres déserteurs avides de massacre ayant fui les champs de batailles de la guerre civile, mais penser que quelqu'un ait réussi à les rallier ne nous serait jamais venu à l'esprit. Et malheureusement, leur nombre n'est pas le seul problème : la plupart d'entre eux ont passé les dernières années à se faire la main en ravageant la partie Sud de Cyrodiil. Leurs raids ont complètement anéanti le commerce de Kvatch à Skingrad, et l'Empire a longtemps hésité à y envoyer une légion de peur que celle-ci ne soit prise d'assaut par deux armées du Domaine encore récemment postées en Val-Boisé. Le temps qu'ils agissent, ce ramassis de bandits a pu grandir en puissance, tuer, violer, brûler et ravager à sa guise. En bref, à faire la guerre. Et maintenant que c'est chose faite, ils ont changé de cible et s'en prennent à Bordeciel, profitant des restes de la révolte Sombrage pour endoctriner et pousser d'anciens résistants et stratèges à les rejoindre. Sirius était au cœur de ce phénomène, cela ne fait aucun doute. Il a rallié de nombreux combattants à sa cause, et a considérablement renforcé notre ennemi lorsque les responsables des carnages de Cyrodiil ont franchi la frontière et se sont joint à lui. Désormais, il nous faut mesurer chacun de nos actes, et si nous commentons de nouveau une erreur de cette ampleur, nous aurons plus que le sort d'une ville sur les bras.
La pointe d'amertume dans la voix de l'argonien fit frissonner le jeune elfe. Il avait grandi avec les livres de son frère, bercé par les mythes et les légendes d'Ysgramor, des Langues, des héros Alessiens et des aventuriers sans craintes. Mais la réalité était plus dure et plus cruelle lorsque les hommes qui en souffraient les aléas n'étaient fait que de chair. Jamais il n'aurait pu imaginer que la situation soit aussi défavorable, et l'idée que Shazam ait pu succomber lors de la bataille lui effleura un instant l'esprit.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? le sollicita son ainé en prenant conscience de sa mine déconfite.
- C'est juste... étrange, murmura Neloth. Je m'attendait à trouver votre ordre plus resplendissant que jamais. A la frontière, on racontait que vous étiez presque aussi nombreux que lorsque les cinq-cents ont posé le pied sur le continent...
- Ne crois jamais rien de ce que colportent les hommes en mal d'attention, lui intima le lézard avec un soupçon de nostalgie dans le regard. Ces temps touchent à leur terme. Je ne me fait pas d'illusions. Mais je vais faire tout mon possible pour que nos actes inspirent ceux qui nous remplaceront un jour.
Morose, le Dunmer baissa les yeux vers le sol et contempla silencieusement le tissu de toile dont il venait d'ingurgiter le contenu. La fibre était dure, mais rêche et cassante, et le paquetage s'effilocha entre ses doigts en quelques instants.
- Vous pensez qu'il va s'en sortir ? demanda-t-il calmement en relevant le menton.
L'argonien tourna négligemment la tête vers Renji. Le khajiit dormait à poings fermés. La semelle de ses bottes de cuir était couverte de terre gelée, et les attaches de l'une de ses jambières avaient lâché, laissant son mollet gauche sans protection. Sous son plastron criblé de taillades et de fragments de pointes de flèches ternies, son ceinturon pendait lamentablement sur le sol, laissant déborder sa chemise couverte d'un rouge féroce. Ses épaulières avaient été déchiquetées, le cuir de ses brassards disloqué, et ses gants en peau ne protégeaient guère plus ses mains du froid à en accorder par le nombre invraisemblable de coupures qui les éventraient.
Paradoxalement, le jeune chat semblait afficher un état physique proportionnellement inverse à celui des haillons dont il était vêtu. Il ne paraissait pas blessé, et son visage ne trahissait que l'expression d'un dormeur inconscient de ses propres tourments. Même la cicatrice qui lui avait barré le cou toute la matinée avait complètement disparue, laissant une mince ligne de fourrure blanche traverser le pourtour de son échine en diagonale en guise de tribut. Malgré cela, le reptile savait que la douleur continuerait de démanger la recrue durant des jours entiers. Et si les blessures les plus superficielles disparaitraient probablement sans laisser trace de leur passage, celles qui hantaient encore son esprit continueraient de l'accabler pendant bien plus longtemps. Le réveil serait dur. Prendre conscience, puis accepter le fait que ses frères d'armes étaient encore une fois tombés avant lui allait lui demander des efforts importants. À en juger par sa réaction extrême en haut de la tour, il était peu probable qu'il puisse rapidement prendre du recul et saisir la mesure de ses actions. Nul ne pouvait savoir dans quel état il reviendrait à lui, et même si la vision de celui qu'il considérait désormais comme son protégé faisait naitre un élan de camaraderie chez l'argonien, il n'en avait pas oublié les tenants et aboutissants du problème. Si le khajiit se retrouvait de nouveau incapable de contrôler son propre corps, il devrait mettre un terme à ses jours. Pour de bon, cette fois, à condition d'y parvenir.
- Je n'en ait pas la moindre idée, soupira le Compagnon. Je lui suis déjà venu en aide, et j'ai vu comme il se comporte en règle générale. Suivant les ordres de Titus, je l'ai observé grandir, évoluer, gagner en puissance et en technique. Mais il est resté faible. Influençable. Si tu veux mon avis, il est aussi dangereux pour lui-même qu'il ne l'est pour nous.
- Vous pensez qu'il pourrait se blesser ? demanda Neloth en fronçant les sourcils.
- Je n'en sait rien. Mais j'ai vu l'appréhension avec laquelle il agit lorsque la vie de ceux qu'il côtoie est en jeu. Son esprit est fragile. Il peut prendre des décisions judicieuses en situation de combat, mais il est incapable de se détacher de ses inquiétudes. Tu l'as vu toi-même.
- Il ne s'est pas battu, fit le Dunmer. Il est resté sans bouger après que Sirius ait jeté Nadril dans le vide.
- Tu n'as toujours pas comprit, n'est-ce pas ?
Le souffle froid des plaines balaya le sol, faisant dégringoler un rideau de gravas poussiéreux entre les deux interlocuteurs. À l'horizon, les monts commençaient tout juste à se teinter d'un rouge sanglant et brumeux, qui envahit également la cavité dans laquelle se tenait le reptile. Frappé par le contraste saisissant entre le vert marin des écailles du combattant et la teinte pourpre qui l'englobait de son halo diffus, l'elfe noir ne répondit pas.
- Sirius n'avait pas besoin de vous, déclara Zede-Tei.