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The Elder Scrolls V : Skyrim

Sujet : [Fic] Au cœur de la tempête
TheEbonyWarrior
Niveau 35
22 février 2016 à 17:31:31

Avant de poster le chapitre, qui sera la ce soir ou demain, je vous invite à lire les articles suivants pour une meilleure compréhension du chapitre à venir :

lagbt.wiwiland.net/wikibiblio/index.php/Masser

lagbt.wiwiland.net/wikibiblio/index.php/Secunda

Et la partie consacrée aux différents types de khajiits ici :

lagbt.wiwiland.net/wikibiblio/index.php/Khajiit

TheEbonyWarrior
Niveau 35
22 février 2016 à 17:39:27

Le chapitre sera la demain au pire. Je vous invite a lire les articles ci joints pour une meilleure compréhension:

http://lagbt.wiwiland.netet/wikibiblio/index.php/Masser

http://lagbt.wiwiland.nett/wikibiblio/index.php/Secunda

Et la section consacrée aux différentes espèces de khajiits :

http://lagbt.wiwiland.nett/wikibiblio/index.php/Khajiit

TheEbonyWarrior
Niveau 35
23 février 2016 à 19:22:29

Chapitre 23

Aris, Ernard et Dakin observèrent leur navire sombrer lentement, la coque fendue et les voiles en feu. Les corsaires avaient laissé leur empreinte sur la prise du jour, comme à l'accoutumée. Les trois hommes étaient tant bien que mal montés à bord du navire pirate, qui malgré le choc de l'abordage était en excellent état.

Mieux encore, sous le pont se trouvaient le résultat de plusieurs mois de pillage, enfermé dans de lourds coffres cadenassés. Après une brève analyse, Dakin avait déterminé que le butin se composait en grande partie d'armes, d'armures, et en second lieu de pierres précieuses de toutes provenances. Grâce à ses maigres talents magiques, il avait reconnu la présence d'orchalique, de rubis, et de mithril. Le pillage des navires de la baie était visiblement un travail grassement payé.

Malgré cela, Ernard semblait affligé par la perte de son deux-mats. Aris pouvait en témoigner, un marin -et plus particulièrement un capitaine- faisait corps avec son navire après avoir navigué longtemps à son bord. Et le bréton devait posséder son bateau depuis une bonne trentaine d'années.

- Vingt-huit ans très exactement, soupira t-il en réponse à la question. Après toutes les aventures que nous avons vécu ensemble, j'ai l'impression de perdre un fils... Jamais plus je ne pourrais sortir de ma cabine, faire les cents pas sur le pont, et m'accouder au bastinage pour écouter les vagues... Que voulez-vous...

- En tout cas, nous avons eu de la chance que l'autre équipage ait pris la fuite, positiva Dakin. Je ne pense pas que nous aurions pu tenir bien longtemps face à vingt hommes de plus.

- En... parlant de ça... articula difficilement Aris. Je dois avoir un poumon perçé, ou quelque chose du genre, parce que j'ai l'impression... d'avaler du feu à chaque inspiration...

La phrase du rougegarde se finit dans une quinte de toux interminable, qui coucha l'homme sur le sol. Le dunmer s'approcha de lui et appliqua ses mains sur son torse. Il ferma les yeux et resta ainsi sans bouger pendant quelques secondes. De minces filaments dorés entourèrent finalement ses paumes et glissèrent doucement dans la plaie du blessé, qui sembla paraître soulagé après une minute de soins.

- J'ai pu calmer la douleur, mais mes compétences s'arrêtent là. Pour soigner ca, il faudra se rendre chez un guérisseur plus compétent, j'en ai bien peur.

Le bréton se racla nerveusement la gorge dans son dos.

- Un problème ?

- Je... Je connais un homme capable de soigner ca, les informa Ernard en abandonnant sa mine dépitée. Et avec cela, j'ai... deux bonnes, et une mauvaise nouvelle.

- Les bonnes d'abord, articula Aris avec une grimace.

- Pour commencer, il se trouve sans doute sur notre route. J'ignore où nous sommes, mais une fois dans le royaume de Daguefilante, nous serons à moins d'une journée de marche de sa localisation. Il est du genre sédentaire, si vous voyez ce que je veux dire. De plus, il ne demande jamais rien en retour de ses services, nous n'avons donc pas de problème au niveau de l'argent.

- Et la mauvaise ? demanda Dakin.

- J'y viens, j'y viens, reprit le bréton. Je vous ai dit à l'instant qu'il n'exigeait rien en échange, mais ce n'est pas exactement vrai. Aris va sans doute devoir passer... appelons ca un test.

Le concerné sourit discrètement.

- Oh, tout ca me rappelle ce vieux chaman en Yokud...

- Ah non ! le coupa le dunmer. Nous avions convenu de ne plus jamais parler de cet incident !

Aris éclata de rire, mais se retrouva bien vite cramponné au bastinage, vomissant son sang par dessus bord.

- Quel genre de... test devra t-il passer ? fit Dakin.

- Oh, et bien depuis que je le connais, j'ai eu droit à tout. Une fois, un de mes hommes a dû danser devant lui pendant plus d'une heure pour qu'il consente à l'examiner. Un de mes matelots blessé à la tête a même été chargé de récupérer lui-même les ingrédients ! Je vous laisse imaginer ce qu'il advint lorsqu'il est parti réunir les sels de feu...

- Et bien, c'est... étrange, avoua l'elfe noir en se mettant à réfléchir. Dites-moi, avez-vous déjà vu cet homme soigner quelqu'un ? Pour demander de telles choses, il doit être... original.

- Oh, ses talents ne sont pas à démontrer, loin de là ! Il est capable de prouesses, bien plus impressionnantes que celles des contes populaires de la région. Je l'ai même observé reconstituer le bras d'un soldat à partir de rien, en quelques secondes !

- C'est tout bonnement impossible, objecta Dakin. Même les plus éminents spécialistes de la guérison sont pour la plupart incapables de faire repousser ne serait-ce qu'une main amputée ! Et, même si certains en sont capables avec plus de facilité, cela prends des heures !

- Jeune homme... Nous devons parler seul à seul, lui fit Ernard en changeant brusquement d'attitude. Suivez moi dans la cale.

Dakin jeta un coup d'oeil à son ami, qui était allongé sur le dos, et semblait se reposer. Il décida de le laisser seul quelques instants, le temps d'achever cette discussion. Il suivit donc le capitaine le long du pont. Celui-ci s'arrêta finalement près des coffres, et fixa l'elfe pendant de longues secondes sans prendre la parole. Il ouvrit finalement la bouche :

- Petit, as-tu déjà entendu parler de ce que l'on appelle la "brume" ?

- Je...

- Je ne te parles pas du brouillard qui règne en début de journée dans les contrées tempérées, bien entendu.

- J'avais bien compris, gromela le dunmer. Mais, non, je ne sais pas de quoi vous voulez parler.

- Bien. Ce que je vais te dire, tu ne devra le répéter à personne, et cela inclut ton ami. Entendu ?

- Mais... pourquoi chercher à...

- Non, pas de questions ! Je prends déjà d'énormes risques en t'en parlant... Tu es d'accord pour garder le secret ?

- Je... Oui, ne vous inquiétez pas pour ca, soupira le dunmer.

- Parfait. Tout commença il y à une bonne centaine d'années. Tu sais sans doute que la morphologie des khajiits est liée à l'alignement des lunes ? Selon les périodes, ils sont humanoïdes, tandis qu'à d'autres, ils arborent une apparence physique plus proche des tigres, ou encore des chats.

Dakin commençait à comprendre où le bréton voulait en venir.

- Vous voulez parler...

- Des Nuits du Néant, exactement ! Je vais quand même te faire un petit rappel au cas où..

- Avec grand plaisir, je sait à vrai dire assez peu de choses sur ce sujet...

- Entendu. En l'an quatre-vingts dix-huit de la quatrième ère, les lunes de Nirn, Masser et Secunda, ont subitement disparues. Certains ont vu en cela un présage de la destruction du monde par Merhunes Dagon, alors que d'autres ont soupçonné un retour des dwemers... Quoi qu'il en soit, les lunes sont réapparues en l'an cent, soit deux ans plus tard.

- Sait-on à quoi cela est dû ?

- Et bien, le Thalmor a lui-même affirmé être le responsable de la réapparition des lunes, mais la vérité est que nous n'en savons rien. Expérience du Domaine Aldmeris, ou simple illusion d'une obscure origine, le mystère reste entier sans preuves tangibles. Malgré tout, si les érudits ont cherché à déterminer la cause du phénomène, peu ont réellement cerné le vrai problème. Une question, aussi simpliste en apparence que le problème de savoir pourquoi le ciel est bleu, mais néanmoins bien plus lourde de sens...

- Qu'est-il arrivé aux khajiit nés pendant les Nuits du Néant ? compléta Dakin.

- Voilà. Ceux qui se sont vraiment intéressés à la question ont remarqué que le nombre de naissances du peuple khajiit pendant les Nuits du Néant s'élevait à un nombre proche de zéro.

- Presque aucune naissance ?

- C'est en partie pour cette raison que les betmers laissent le Thalmor se balader librement en Elsweyr. Sans les lunes, leur peuple se serait éteint, purement et simplement. Et pourtant, il y a là autre chose.

- Quoi donc ?

- Les lunes... n'ont jamais disparues.

- Mais, vous venez à l'instant de me dire que...

- Est-tu capable de voir ta nuque ?

- Je... non, mais le rapport m'échappe...

- Et pourtant, elle existe bel et bien. Les lunes, pendant tout ce temps, étaient... de l'autre côté.

- De... l'autre côté ?

- De l'autre côté de Nirn, bien sûr ! Certains explorateurs, bien téméraires à mon avis, ont rapporté d'Akavir des écrits du peuple Tsaescis, dans lesquels il est écrit qu'il y a un siècle, les lunes ont changé de position, avant de la reprendre au bout de deux hivers. Il est probable que Masser et Secunda aient été... déplacées pendant un certain temps.

- Mais, si cela est vrai, pourquoi les khajiit ont-ils été atteints de stérilité ?

- Parce que leur corps réagit à la vision des lunes, et non à leur existence. Compare donc cela aux lycanthropes, si tu comprends mieux ainsi.

- Revenons-en à cette... "brume", fit Dakin.

- Oui, oui. Pendant ces deux années de questionnements et de résignation, quelque chose a... perturbé leur reproduction. Mais, en interrogeant des habitants des villages d'Elsweyr, nous avons entendu parler de rumeurs... inquiétantes. Selon certains habitants, il aurait été possible d'enfanter pendant une période bien précise, chaque mois. Les enfants ainsi nés étaient, semblerait-il, tous des Cathay. C'est le type de khajiit qu'il est possible de rencontrer en Bordeciel, où dans d'autres provinces humaines. Mais, s'il n'y avait que cela... Ces chats étaient atteints d'une maladie. Certains ont vu cela comme un cadeau des Dieux, d'autres comme une malédiction.

- En... quoi consistait cette maladie ?

- Je... j'ignore si je peux en parler... fit Ernard avec un air résigné.

- Au point où vous en êtes...

Afranius eût un sourire.

- Vous avez raison, en effet. Ces khajiit étaient en apparence normaux, si ce n'est qu'ils semblaient vieillir plus lentement que les autres. Mais, lors des batailles entre certaines tribus, des écrits faisaient allusion... à des «chat fous». Au vu de leur rareté, et de l'époque, on a déterminé qu'il s'agissait des mêmes individus. Ils se changeaient parfois en de redoutables adversaires, incapables de faire la différence entre alliés et ennemis. La plupart des champs de bataille étaient alors vidés de tout combattants, laissant pour seuls survivants ces êtres sombres et dénués de raison.

- Quel rapport avec la "brume" ? s'impatienta le dunmer.

- Et bien, poursuivit Ernard, leur corps sécrète une substance aux propriétés magiques incroyables. Elle leur permet d'acquérir, en échange de leurs facultés psychologiques, une puissance incroyable, dont la teneur varie selon leurs talents.

- Et c'est le cas de votre ami pour la guérison, je suppose ?

- C'est bien ca. Le "don", si vous me permettez d'appeler cela comme ca, se transmet à la descendance de son porteur. L'effet semble demeurer le même au sein d'une lignée. Dans le cas de notre ami, qui sera incapable de se souvenir des événements précédents son intervention, le don est assez faible, et par conséquent il conserve ses facultés mentales. C'est pour cela qu'il ne demande rien en échange de ses services, il aura sans doute oublié jusqu'à votre existence.

- Alors, vous me demandez de mettre la vie d'Aris entre les mains d'un vieux khajiit fou et sénile ? résuma Dakin, sceptique.

- Fait ce que tu sens juste. Il a appris à maîtriser son pouvoir, et ne se montrera pas dangereux quoi qu'il arrive. À toi de voir. Laisse-le dépérir ici, ou tente de le sauver, quitte à utiliser des méthodes non conventionnelles.

- Et ? C'est tout ?

- Comment ca c'est tout ? C'est déjà pas mal !

- Pourquoi affirmez vous prendre des risques en m'en parlant ?

- Cela, tu le saura bien assez tôt...

Dakin remonta les marches, estimant cette discussion comme terminée. Il parvint à l'air libre et plissa les yeux à cause du soleil, qui avait emporté les derniers nuages dans sa lumière. Il chercha nerveusement Aris, et le retrouva près de la barre, assit en tailleur, les yeux fermés.

- Te voilà, soupira le dunmer en s'asseyant près de lui.

- Je vais mourir, à ton avis ? fit celui-ci avec calme.

- Quelle question stupide, franchement... Il ne tient qu'à toi de te jeter dans l'océan si tu veux hâter le sort. Tu es déjà fatigué de la vie ?

- C'est bien ce que je pensais, fit le rougegarde en souriant. De toute façon, il en faudra plus pour m'abattre.

- Dis, tu t'entends bien avec les khajiits ?

- Et toi, tu t'entends bien avec les rougegardes ?

- Et bien, hésita le dunmer prit au dépourvu, je suppose que cela dépend...

- Et bien voilà.

- Dialogue palpitant, comme d'habitude... soupira Dakin en se retournant.

- Tu penses qu'on le retrouva ?

- De quoi parles-tu ?

- De celui que nous cherchons. Tu penses vraiment qu'il se trouve en Hauteroche ?

- Ca ne fait aucun doute. En tout cas, je serais étonné de le voir ailleurs qu'à Daguefilante.

- La première fois, il voulait partir à Morthal ! Avec quelqu'un d'aussi imprévisible...

- Arrête de crier, tu n'es pas en état.

- Tu a raison, comme toujours. Satané blessure... Je ferais plus attention à l'avenir.

Dakin se dirigea vers le bastinage et onserva un instant le ciel. Leur mission avait à peine débuté, et ils étaient déjà dans une situation improbable. Soudain, une pensée traversa son esprit.

- Ernard ! Vieil homme !!!

- Quoi, qu'est ce qu'il y a ? fit le capitaine, montant les marches en se massant le dos.

- Vous vous y connaissez, niveau tempête ?

- Absolument pas, pourquoi ?

- Le voyage de Sentinelle à Daguefilante, c'est censé durer longtemps ?

- Et bien... Tout dépend du bateau, je suppose. L'aller m'a prit environ deux semaines, je dirais... Un problème avec ca ?

- Les pirates que nous avons aperçu n'ont pas des bateaux de haute mer. Ils ne prendraient pas le risque de s'aventurer aussi loin des côtes avec pareil butin à bord.

- Où est-ce que tu veux en venir ? demanda Aris.

- Je crois que cette tempête nous a emmené bien plus loin que prévu... Nous sommes à moins d'une journée des côtes.

- Sur quoi te bases-tu, jeune homme ? l'interrogea le bréton.

- Et bien, regardez là-bas... Terre en vue !

ODST-01
Niveau 10
23 février 2016 à 19:56:04

et t'appel ça une suite toi? bref le khajiit des compagnon est très brumeux (oui j'ai fait le lien avec son rêve dans l'un des premier chap'

TheEbonyWarrior
Niveau 35
24 février 2016 à 11:45:27

Du calme enfin :hap: J'étais obligé de faire ce chapitre parce que glisser des infos petit à petit aurait été un peu fastidieux, et puis bon comme le prochain chap sera la demain :oui:

ODST-01
Niveau 10
24 février 2016 à 11:47:35

oui mais t'aurais pu le faire plus long

TheEbonyWarrior
Niveau 35
26 février 2016 à 15:11:33

Pour la musique n'hesitez pas a la rejouer tant que vous n'avez pas fini de lire le chapitre, j'ai pas pu trouver de version plus longue.

Chapitre 24

Après une demi-heure de passes d'armes, Béric, le corps couverts d'hématomes, parvint à entailler la cape de Petrus. Il poussa une exclamation victorieuse, mais fut fauché par l'épée de bois de l'impérial, qui l'envoya s'écraser face contre terre. Le bréton se releva en toussant, soudain frappé par le poids de l'effort qu'il avait fourni.

- Ce sera tout pour aujourd'hui, fit son mentor. Tu as remarquablement progressé en l'espace d'une semaine.

Les deux hommes étaient effectivement bloqués à l'intérieur de la caverne où ils s'étaient retrouvés huit jours plus tôt. La tempête les avait pris par surprise, et ils avaient convenu de mettre à profit ce temps mort pour s'entraîner. Cependant, le bréton avait la désagréable impression de ne pas progresser depuis un moment.

- Ce n'est pas suffisant, soupira Béric. Tant que je ne peux pas vous toucher au moins une fois, je n'aurais aucune chance face à la goule...

- Il y a une part de vrai dans ce que tu dis. Il y a une différence entre combattre lors d'un entraînement et contre un monstre de six mètres d'envergure.

- Alors, à quoi servent mes efforts, si je dois rester en arrière ? le coupa le bréton.

- Qui à dit que tu resterais en retrait ?

- Mais...

Petrus soupira et s'assit dans un coin de la caverne. Il déroula les bandelettes qui masquaient son menton et son front. Il avait les cheveux blancs et les yeux bleus, cela, Béric le savait. Pour la première fois, il put voir le reste du visage de son idole.

Une large mâchoire encadrait des lèvres serrées et pâles, au dessus desquelles se trouvait un nez fin et long, typique des impériaux. Son tein, cependant, était d'une pâleur anormale qui contrastait avec ses origines. Aucune ride n'apparaissait sur son visage aux joues creuses, laissant planer le doute sur son âge, qu'il refusait catégoriquement de donner. Il fallait s'attendre à tout de la part d'une légende.

Petrus essuya la sueur qui dégoulinait de son front et respira posément.

- Tu m'as vraiment donné du mal aujourd'hui, tu sais ? Demain, j'augmenterai le niveau d'un cran, alors prépare toi.

Béric n'était pas dupe, les encouragements de l'impérial ne contenaient pas une once de vérité. Il avait fait exprès de se laisser toucher, après réflexion, cela sautait aux yeux.

- Je... vous ai posé une question...

- Ah, oui, pardonnez-moi, monseigneur, fit l'homme en imitant la voix de son interlocuteur. Je t'ai dis de ne pas me vouvoyer, non ?

Béric déglutit. Parler à son mentor comme à un membre de sa famille le perturbait quelque peu. Mais il savait se montrer persistant quand il le fallait.

- Arrêtez d'éviter la question ! Je vous demande à quoi cela m'avancera de me battre contre vous si je ne sert pas plus qu'auparavant !

- Tu manques cruellement de patience et de confiance, décidément. Écoute moi bien. À la surface de Nirn, une poignée de personnes possèdent un pouvoir immense, et les autres rampent à leurs pieds, espérant un jour atteindre leur niveau sans imaginer à quel point leur espérances sont puériles. Ces êtres sont capables de raser des villes, de balayer des héros d'un revers de main, et de détruire leurs ennemis sans effort.

- Je sais bien que vous êtes puissant, mais...

- Ce n'est pas de moi que je parle. Je me situe dans la catégorie des hommes ordinaires, bien que cela doive te paraître étrange. Je suis l'un des rares à pouvoir affronter une goule adulte, mais, quand bien même tu serais capable de me vaincre, tu te ferais tuer par un ours sans rien pouvoir faire. Sait tu pourquoi ?

Le bréton n'en avait aucune idée. Il lui paraissait impossible que des êtres faits de chair et de sang puissent vaincre sans difficulté son mentor, et même en le sachant, la différence de niveau entre eux était impossible à concevoir. Alors, la question à laquelle il faisait face ne trouvais aucune réponse sensée au creux de sa tête.

- Tu ne trouves pas, bien sûr. Ce qu'il te manques pour survivre dehors, c'est l'instinct. Tu auras beau être le Dovahkiin, si ton instinct ne fonctionne pas, tu te feras déchirer par la première chose qui te fera peur. Tu as un niveau tout à fait correct actuellement. En fait, en une semaine, tu est devenu un combattant de qualité.

- Alors... Je pourrais affronter la goule si je parviens à raisonner comme vous ?

Petrus éclata soudainement de rire et demeura plié en deux pendant plusieurs secondes, incapable de reprendre son souffle. Il se redressa en haletant, sous le regard interrogateur de son élève.

- Pardonne moi, ca n'a rien de drôle, mais je ne m'attendais pas à cette déduction de ta part. Non, ton niveau est loin d'être suffisant pour faire une telle chose. Cependant, tu devrais, bien que je te déconseille d'essayer, être capable de venir à bout d'un bandit sans le moindre problème.

Béric resta figé quelques secondes, pensif. Ne trouvant rien à répondre, il s'allongea sur le dos et finit par s'endormir à cause de la fatigue.

Musique: https://www.youtube.com/watch?v=pILHE1aYnyo

Il était au milieu des flammes. Sa fille n'était plus. Sa femme avait du prendre la fuite il y a bien longtemps, si elle n'était pas morte à son tour. Lui demeurait agenouillé près des restes de sa maison, contemplant d'un regard vidé d'émotions et d'espoir sa ville et sa vie brûler. Où qu'il regarde, ses yeux se posaient sur un corps, une cabane en feu, ou un banc fracassé. Et pourtant ses paupières ne parvenaient pas à se fermer, et ses tympans continuaient à lui transmettre les gémissements des mourants, inlassablement.

Au dessus de lui fila une ombre gigantesque, qui souleva une bourrasque furieuse sur son passage. Levant la tête, hagard, il observa la bête qui avait brisé tant de vies s'éloigner dans le ciel, inondant une dernière fois les rues de son souffle brûlant.

Y avait-il seulement un but à tant de souffrance ? Avaient-ils été assez stupides pour espérer la paix, alors que les Divins eux-mêmes se riaient d'eux ? Quel était le but de tout ceci, quelle en était la raison ? Ces corps démembrés, carbonisés, ces familles détruites, ces siècles de construction et de commerce réduits à néant en un instant, était-ce cela, la vie ? Dans ce cas, il n'en voulait plus.

Alors qu'il saisissait une dague, au sol, décidé à mettre fin à sa vie sans but, il se souvint. Sa fille gisait parmi les décombres de cet enfer, sans sépulture, seule. Ses amis étaient sans doute enterrés vivants sous les décombres de leur demeures, attendant une aide qui ne viendrait pas. Alors, il se releva, envahi une fois de plus par la rage incommensurable qui l'habitait quelques minutes plus tôt. Où bien était-ce des jours ? Peu importe, des mois auraient bien pu passer que rien n'aurait perturbé sa volonté.

On lui avait arraché tout ce qu'il aimait, il n'avait plus rien à quoi se raccrocher. Alors, il se battrait pour que plus jamais personne ne subisse un sort pareil, pour que plus jamais il ne soit prit de cette sensation d'impuissance qui le rongeait. Il se mit à courir, laissant les larmes innonder ses joues tandis qu'il fuyait lâchement le brasier. Plus jamais il ne serait obligé de laisser les autres derrière lui.

Après quinze minutes de course effrénée, il passa les portes de la ville aux battants éventrés. L'odeur de la chair brûlée assaillit ses narines alors qu'il enjambait les corps sans vie qui jonchaient le sol. Une fois sorti, il se sépara de son dernier repas contre un mur et se remit en marche en titubant. Tandis qu'il s'éloignait du charnier contenant tout ses souvenirs, l'air se rafraîchit. Alors qu'il avait étouffé dans la chaleur infernale des bâtiments en feu, il grelottait désormais, le visage fouetté d'un air glacial qu'il ne pensait pas revoir de son vivant.

Une demi-heure de marche résignée s'ensuivit. Béric tomba enfin à genoux au détour d'un moulin en feu, laissant le désespoir l'envahir. Ce devait être un rêve, c'était forcément une hallucination. Où bien était-il réellement là, agenouillé dans la poussière, pleurant toutes les larmes de son corps ? Non, cette douleur cuisante au niveau de la gorge était bien trop réelle. Le cadavre du fermier réduit en un amas de chair fumante ressemblait trop à celui de Gundrik, le meunier.

Un bruit de pas se fit entendre dans son dos. Béric se retourna, tremblant, s'attendant à découvrir un autre rescapé aussi effondré que lui. Il n'en fut rien.

L'homme se tenait sur une butte, contemplant les décombres enfumés de la cité au loin. Il portait une cape de voyage noire, solidement enroulée autour de ses épaules. En dessous, on distinguait facilement les contours d'une imposante armure de fer. Ses bottes étaient d'un métal noir comme la nuit, tandis que ses gantelets semblaient faits d'os. Un casque à cornes recouvrait sa tête, empêchant de l'identifier. Mais il n'en fallait pas plus pour que le bréton devine qui se tenait devant lui. Une légende à laquelle il n'avait jamais cru jusqu'à présent. L'Enfant de Dragon.

Mais, il avait beau être le Dovahkiin, il était arrivé trop tard. Il avait échoué.

TheEbonyWarrior
Niveau 35
26 février 2016 à 15:12:05

- Pourquoi ? gémit Béric en rampant désespérément vers lui. Pourquoi n'êtes vous pas arrivé plus tôt !?

Le silence de l'homme fouetta le bréton de plein fouet. Seul le crépitement de l'herbe en feu lui parvenait.

- Pourquoi !? fit-il en agrippant sa cape de ses bras couverts de suie. N'êtes vous pas un héros ? N'avez-vous pas vaincu le Dévoreur de mondes !? Alors pourquoi !?

L'homme baissa les yeux vers Béric, et le toisa froidement. Le bréton eût un mouvement de recul en croisant son regard. Un regard glacial, et pourtant brûlant de haine et de colère. Il entrouvrit les lèvres et prononca un nom.

- Krotorgol !

Un silence pesant s'installa immédiatement, et le vent s'arrêta. Même les flammes parurent cesser de crépiter. Puis un rugissement épouvantable retentit dans le ciel, glaçant le sang du jeune bréton. Il resta immobile, n'osant pas faire le moindre mouvement. Le bruit d'un battement d'aile parvint à ses oreilles, puis le sol trembla, alors qu'il sentait la respiration de quelque chose d'énorme derrière lui. La pointe d'une queue rougeâtre passa près de sa main, puis le dragon se dirigea en direction du Dovahkiin, qui s'était éloigné.

Il était tout simplement monstrueux. Ses pattes avant se terminant par des ailes aussi grandes que les voiles d'un navire. Ses écailles d'un rouge sanglant luisaient à la lueur des flammes. Mais le pire, c'était sa tête. Il contemplait une gueule sertie de crocs abominablement longs, de laquelle de minces flammêches s'échappaient. Elles étaient surmontées de deux pupilles, cruelles, ardentes et vicieuses, contenant toute la souffrance du monde.

Mais L'Enfant de Dragon allait s'en charger. Il allait écraser ce monstre, et dévorer son âme en rançon des vies qu'il avait prises. Il se dirigeait déjà vers lui, l'épée à la main. Le dragon baissa la tête, sans doute en signe de soumission. Mais il était trop tard, Béric la savait, car le monstre ailé avait provoqué la furie d'une légende. Et pourtant...

L'homme arriva au niveau du dragon, qui n'avait toujours pas bougé. D'un bond souple, il se plaça sur son dos, et cria :

- Dovah heyv gahrot kotin brom !

La bête grogna et battit des ailes une fois, deux fois, trois fois. Béric observa la scène avec un mélange de stupeur et de terreur. La bête n'était pas morte. Le Dovahkiin jeta un dernier regard au bréton. Le mépris et le dédain se lisait aisément dans ses pupilles, qui brûlaient d'un feu ardent. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il comprit.

- Tue-moi !!! hurla le bréton, en brandissant fébrilement sa dague en direction de l'homme. Viens te battre, enfoiré !

Seul le rire de son interlocuteur lui répondit. Il s'éloigna rapidement, toujours sur le dos du monstre, qui illuminait le ciel nocturne de son souffle incandescent.

Lentement, Béric se laissa tomber et se recroquevilla dans la poussière. Il s'était trompé depuis le début. Ce n'était pas les yeux d'un sauveur qu'il venait de voir. C'étaient ceux d'un assassin, d'un bourreau. C'étaient ceux d'un dragon.

- Les légendes mentaient ! cria t-il, les joues baignées de larmes. TOUT EST FAUX !!!

Jusqu'au lendemain, ses pleurs et ses cris de rage résonnèrent dans le silence de mort qui avait envahit la région. Plus jamais il n'accorderait crédit aux stupides légendes. Puisque les soi-disant héros étaient incapables de protéger les autres, puisqu'ils les sacrifiaient pour une obscure raison, alors il les combattrait. Pour que plus jamais un innocent ne meure, espérant vainement un geste de pitié de la part de "légendes" qui se montraient plus monstrueuses qu'héroïques.

Mais, malgré cela, il ne pouvait s'empêcher de se sentir impuissant et incapable de faire face à ce qu'il avait vu. Seul, il n'était rien. Il lui fallait de l'aide, il devait absolument trouver de l'aide. Oui, et peut-être qu'un jour, un véritable héros apparaîtrait. Quelqu'un qui se dévouerait au autres, qui arriverait à temps pour sauver les vies en danger. Il ne tenait qu'à lui de faire apparaître ce héros. Il ne tenait qu'à lui de le devenir.

- Béric ! Réveille-toi !

Lorsque le bréton sortit de son sommeil, fermement secoué par Petrus, il poussa un gémissement plaintif. Sa gorge le brûlait affreusement. Il venait de faire un rêve terrible, mais impossible de s'en rappeler.

- Prépare tes affaires, la tempête est finie.

- Je... oui, oui, j'arrive, gémit-il en se levant, les membres engourdis.

Il enroula son manteau autour de ses épaules et saisit sa sacoche, qu'il enfila en bandoulière. Il attrapa au passage sa gourde et la vida d'une traite, sans parvenir toutefois à apaiser la sensation de sécheresse qui envahissait ses poumons. Son mentor avait quant à lui remit son visage à couvert, et revêtu une longue robe blanche. Il n'avait aucune idée de comment l'homme pouvait posséder autant de choses alors qu'il n'avait pas de sac. Encore un tour de magicien, sans doute.

Il fit glisser son épée dans son fourreau et tourna la tête vers le passage d'où ils étaient entrés. En effet, le bruit de la tempête s'était tut. Il fallait repartir.

- Je passe en premier, annonça Petrus en se glissant dans l'ouverture. Attention, c'est aussi serré qu'à l'aller.

Béric passa à son tour, déchirant au passage sa tunique et son manteau. Il ressortit sain et sauf du conduit, au prix de multiples écorchures. Au dehors, rien n'avait vraiment changé. Le sable fouettait toujours ses vêtements, bien qu'avec moins de violence. Seul la vision de la ville apparemment libérée des sables laissait présager d'une quelconque amélioration de la météo. Jetant un oeil aux alentours, il aperçu l'impérial à genoux, quelques mètres plus loin.

- Un problème ? Fit-il en s'approchant.

- Reste ici, lui ordonna Petrus sans se retourner. Ce n'est pas beau à voir.

Ne tenant pas compte des avertissements de son mentor, Béric tendit la tête sans parvenir à distinguer quoi que ce soit dans le sable. Il s'avança alors, et s'arrêta au niveau de son compagnon. En effet, ce n'était pas beau à voir.

Deux cadavres sans vie reposaient sur le sable, au fond d'un trou qu'ils avaient dû creuser de leur vivant. Le premier corps était celui d'un rougegarde de taille moyenne au visage couvert d'anciennes blessures. Son cou était affreusement gonflé sur le côté gauche, tandis que le reste de son corps était complètement desséché. Sa peau formaient de longues rides le long de ses bras nus, dont les extrémités arboraient une couleur violacée.

- Du venin de crache-sable, soupira Petrus en fermant les paupières du malheureux. Il était condamné...

Le second corps était celui d'un impérial aux cheveux noir bouclés, portant une vieille armure de légionnaire. Sa gorge était fendue d'un sourire sanglant, et le sable environnant semblait encore humide.

- Un soldat en mission ? questionna Béric.

- Je ne pense pas. Les impériaux sont pour la plupart exclus de cette province...

- Ils ne sont pas acceptés ? Les habitants avaient pourtant l'air de vous respecter...

- Je bénéficie d'un laisser passer de l'empereur, mais tu te doutes bien qu'un bout de papier ne t'aides guère à te faire des amis... Une chance que la région soit sous le contrôle des Aïeux, sinon je n'aurais jamais pu enquêter en ville... Quoi qu'il en soit, le sang n'a pas séché malgré la chaleur, la scène est donc récente. Une heure tout au plus, je dirais.

- Alors hâtons-nous, acquiesca Béric en hochant la tête.

Il n'avait pas spécialement envie de tester ses compétences pour le moment, mieux valait s'éclipser avant d'attirer l'attention des prédateurs.

TheEbonyWarrior
Niveau 35
26 février 2016 à 21:01:55

Ptit :up:

TheEbonyWarrior
Niveau 35
28 février 2016 à 21:47:58

Chapitre 25

Béric et Petrus se laissèrent tomber sur le sol, couverts de sang et de boue.

- Foutue jungle, pesta le bréton en secouant frénétiquement sa tunique pour en faire tomber un insecte. Si ca continue, vous allez devoir finir le voyage avec mon cadavre sur les épaules.

- Je ne prendrai pas la peine de ramener ton corps avec moi, avoua son mentor, qui arborait une mine calme et détendue comme à l'accoutumée. Mais je m'arrangerai pour qu'il ne t'arrives rien à l'avenir.

Béric jeta un oeil à la clairière dans laquelle ils se trouvaient. Les corps de trois loups d'une taille peu commune jonchaient le sol ensanglanté. Ils avaient attaqué à l'aube, sûrs de prendre à l'improviste les deux hommes pendant leur sommeil. Mais c'était sans compter sur les capacités de Petrus, qui en avait tué un sans même sortir son épée. Le bréton avait quant à lui terrassé l'un des prédateurs, non sans écoper d'une morsure plutôt profonde à la cuisse.

Au cours des derniers jours, ils avaient pénétré une immense forêt composée de marécages au centre et de zones boisées à l'extérieur. N'ayant pas trouvé le moindre indice concernant leur objectif, ils avaient opté pour la stratégie de la sûreté, qui consistait à contourner les marais pour plus de confort. Malgré cela, ils n'avaient pas croisé âme qui vive sur leur route.

La personnalité de l'impérial apparaissait désormais plus clairement à Béric, qui commençait à se détendre en sa présence, même s'il préférait en général éviter les dialogues prolongés. Il avait pu glaner quelques informations sur son passé, par le biais de questions détournées qui lui valaient souvent un soupir ou un regard ennuyé.

Petrus avait grandi dans l'ombre de la guerre entre le Thalmor et l'Empire, dans la ville de Kvatch. Très vite lassé des rêves guerriers de ses amis, il s'était enrôlé dans la garde locale dès ses quinze ans, et avait appris à se battre comme il se devait. Mais l'action lui manquait cruellement, aussi avait-il opté pour une activité plus adaptée à son tempérament : la traque des monstres.

Ce n'était pas un métier à proprement parler, mais avec l'affluence de créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres, la pratique s'était popularisée. Très vite, les premières guildes avaient fait leur apparition, et en l'espace de dix ans, un système hiérarchisé avait vu le jour, réduisant la guilde des guerriers à la traque des malfrats et l'exploration des cryptes.

Mais, même si le bréton connaissait le passé de son compagnon, le mystère de sa réputation demeurait entier. Pour le moment, mis à part ses connaissances, et une grande expérience du combat, l'impérial n'avait rien montré de bien miraculeux. Ce qui n'était bien sûr pas une raison pour sous-estimer son mentor, qui lui inspirait par moment un profond malaise, comme s'il l'écrasait de sa puissance, sans même y faire attention. Béric avait donc préféré ne pas se risquer à poser de question trop indiscrète.

- À votre avis, on en a encore pour longtemps ? Ca va faire neuf jours que l'on marche dans cette forêt, et pas le moindre signe de civilisation.

- Viens par ici, demanda Petrus. Je vais t'expliquer rapidement.

L'impérial commença à tracer une ligne dans la boue avec la pointe de son épée. Le bréton intrigué s'approcha, et ne tarda pas à reconnaître la Baie d'Illiaque tracée grossièrement.

- Désolé, le dessin n'est pas mon fort, s'excusa Petrus en désignant un point sur la côte. Regarde ici.

- Nous sommes si proches de la mer ? s'étonna Béric en fronçant les sourcils.

- Précisément, affirma son mentor. La forêt n'est pas tant impressionnante de par sa largeur que de par sa longueur. En fait, nous serions déjà sortis d'ici depuis belle lurette si nous avions coupé à travers les marais.

- Alors, qu'est-ce qu'on attend ? questionna Béric.

- Nous sommes dans un lieu relativement tranquille ici, expliqua l'impérial. Juge par toi-même, nous n'avons été attaqué qu'une fois en plus d'une semaine, et la chasse ne pose guère de problème. Il est donc aisé de s'entraîner sans pour autant lésiner sur notre rythme de marche.

- Dit comme cela, c'est sûr... Et en parlant d'entraînement...

- C'est en effet l'heure, acquiesca Petrus en se relevant. Met toi en garde face à moi.

Le bréton s'exécuta et enchaîna pendant presque une heure les coups d'estoc, de biais, les parades les feintes, les esquives et les contres. Alors qu'il voyais une énième fois le sol venir à sa rencontre, les jambes balayées, son mentor fit :

- On va y aller différemment à partir de maintenant. Imagine bien la scène que je vais te raconter, tu dois la visualiser au mieux pour que cela soit efficace. D'accord ?

- Entendu, fit le bréton en se relevant tant bien que mal.

- Parfait, alors imagines : Tu arrives au détour d'une ruelle sombre, par une nuit sans lune. Soudain, un grognement monstrueux résonne dans ton dos. Que fait-tu ?

- Je...fuis.

- Non !

- Mais, si je ne fuit pas, je risque de...

- Je sais bien ! le coupa Petrus. Mais avant de prendre la fuite, que fait tu ?

- Je... J'essaye d'identifier mon adversaire, pour adapter une stratégie en conséquence, répondit Béric, hésitant.

- Bien. Donc, tu te retournes tout en courrant, et tu vois... un troll, disons.

- Je met à profit sa lenteur et son incapacité à grimper ?

- Ou bien ?

- Je...

- Réfléchis ! Que t'as t-on appris pendant ta formation ?

Le regard de Béric s'illumina finalement.

- J'utilise un atronach de feu pour le distraire et lui infliger un maximum de dommages, dit-il. Je prends de la distance pendant ce temps pour élaborer un plan plus adapté, dans le cas contraire je cours prévenir mes supérieurs.

- Voila ! Ce n'était pas si compliqué finalement. Mais il te reste à apprendre. Bien que cela paraisse étrange, privilégie en général un atronach de glace, il te fera gagner plus de temps de par sa résistance. Sinon, une rune de feu peut te permettre de couvrir ta fuite sans alerter d'éventuels ennemis. Et, une dernière chose : ne sous-estime pas la vitesse d'un troll, il peuvent se montrer très agiles parfois. Si sa taille dépasse un mètre, fuis sans réfléchir, tu ne pourras pas faire grand-chose à moins d'avoir une arme enchantée et un bouclier avec toi. Ce sera tout pour aujourd'hui.

- C'était... facile, s'étonna Béric.

Son mentor soupira et vint s'adosser à un tronc d'arbre.

- Pourtant, tu as des lacunes. Tu auris dû prendre un ou deux livres sur le sujet avant de m'accompagner.

- Je parlais plutôt du combat, expliqua le bréton. Vous avez nettement baissé la barre aujourd'hui.

- Je ne l'ai pas fait monter, nuance, fit l'impérial avec un sourire. Tu t'adaptes plutôt bien d'ailleurs.

- Mais... pourquoi baisser le niveau dans ce cas ?

- Parce que ce dont tu as besoin n'est pas de devenir plus fort, mais de maîtriser ta force actuelle pour en tirer profit. De plus, tu n'as pas les connaissances nécessaires pour affronter de puissantes créatures, comme les liches ou les daedroth. Alors tu n'as pas besoin de t'entraîner plus durement avant de t'être occupé de quelques monstres par toi-même. Ton niveau est suffisant pour te charger des ennemis que tu connais, et c'est déjà bien.

Sans plus de bavardages, les deux hommes se remirent en marche. Ils avancèrent pendant plusieurs heures parmi les arbres centenaires, les lianes et la boue, suant à cause de la chaleur et de l'humidité. Les insectes volaient autour d'eux dans un vrombissement constant qui aurait pu les rendre fou s'ils n'étaient pas autant focalisés sur leur avancée. Ils s'arrêtèrent en milieu d'après-midi pour chasser et repartirent bientôt, leur repas du soir en poche. Alors que le jour se couchait, ils tombèrent sur un campement d'argoniens, près d'une rivière. Ceux-ci les saluèrent poliment et leur proposèrent de se joindre à eux pour la soirée.

- Pourquoi pas, acquiesca Petrus en s'asseyant entre deux argoniens aux écailles noires et aux yeux jaunes.

Le troisième était vêtu comme ses compagnons d'une armure de cuir légère et portait un arc dans le dos là ou les autres étaient encombrés de lourds bagages. Sa peau verdâtre se confondait avec les feuillages, et ses pupilles brunes brillaient d'un éclat malicieux. Béric s'assit finalement à son tour tandis que son mentor prenait la parole :

- Drôle d'endroit pour chasser, vous êtes au milieu de nulle part ici, fit-il en saisissant un serpent qui cuisait sur le feu.

- Il y a un petit hameau, à une journée de marche en suivant votre direction, expliqua l'argonien aux écailles vertes. Une trentaine de gars, je dirais. La plupart sont d'anciens mercenaires, marchands ou forgerons n'ayant pas trouvé de travail dans la région. Nous, on ne fait que chasser, et comme ils payent bien, on reste dans le coin. Cet endroit me rappelle vaguement le Marais Noir, en plus paisible.

- Petit moment de nostalgie, ricana l'un de ses comparses en remuant les braises.

- La ferme, Tuca, gromela le troisième. J'arrive même pas à comprendre comment les autres peuvent te supporter par moments.

Le reste de la soirée se passa relativement calmement, et le sommeil les emporta en l'espace d'une heure. Bientôt, les insectes se turent, les animaux se tapirent dans l'obscurité, et il n'y eu plus dans le campement que le bruit des ronflements.

Béric fut réveillé par un craquement sec venant des fourrés. Il se releva, les sens en éveil, et saisit son épée. La clairière était brumeuse, et le clapotit de la rivière semblait étouffé par une force invisible. Finalement, dans un nouveau craquement, Petrus sortit des buissons et se dirigea vers lui.

- Tu es réveillé, parfait. Ces trois-là ne m'inspirent pas confiance. L'air est... vicié. On y va.

L'impérial semblait en alerte, presque effrayé. Cela ne lui ressemblait guère. Le soleil serait levé dans deux heures au plus tard, alors si son mentor avait voulu fuir, il l'aurait averti bien plus tôt. Malgré cela, ce n'était pas le moment de discuter, Béric le sentait. Ils firent rapidement leurs affaires, sans un bruit, puis mirent les voiles aussi silencieusement que possible. Au bout d'un quart d'heure de progression pénible et tendue, Petrus s'arrêta et jura.

- Merde ! J'ai oublié mon arme là-bas !

- On y retourne ? demanda son apprenti.

- Je... non, surtout pas ! Dépêche toi un peu ! rétorqua t-il en se remettant précipitamment en marche, le visage fermé.

Un moment plus tard, ils tombèrent sur une haute barricade de bois à laquelle le bréton failli se heurter à cause du brouillard. Son mentor lui indiqua de se taire et de le suivre, ce qu'il fit. Ils longèrent le mur pendant une minute environ, avant de tomber devant le battant d'un grand portail entrouvert. La voix de deux hommes s'entendait clairement derrière. Ils semblaient en pleine conversation.

- Toujours pas là, faisait l'un. Ca m'inspire rien de bon. Tuca est assez prévoyant, pourtant. Devrait deja nous avoir ramener ces deux voyageurs.

- C'est vrai, répondit l'autre voix, plus grave. Commence à voir faim, ca fait trois jours qu'on a choppé personne.

Le sang de Béric se gela. Des cannibales. Il fallait partir d'ici au plus vite. Il allait avertir Petrus de ses craintes quant une troisième voix, celle d'une femme cette fois, retentit non loin.

- Les gars ! On est mal !

- Quoi !? Me dit pas qu'on les a perdu ! On va devoir tirer au sort alors ?

- Non ! s'écria la femme avec une voix paniquée. Fred et Aldus sont morts ! Bertha aussi ! Même Zewa-Tai !

- Quoi !? Mais comment !?

- On est les prochains, sanglotta la femme. On est les prochains !

Une main se posa avec force et précipitation sur l'épaule de Béric. Il se retourna nez-à-nez avec Petrus.

- Cours, lui dit-il avec empressement. Et ne te retournes surtout pas !

- Mais pourqu...

- Ne discute pas !!! hurla l'impérial en le poussant en avant. Retrouve-moi à Laindyn !!!

Les branches fouettaient le visage de Tuca avec violence tandis qu'il courrait pour sa vie. Le hurlement désespéré d'Otaj retentit et brisa le silence. Ils n'étaient plus que deux.

- Merde ! gémit-il en sautant à toute vitesse par dessus une rivière. On est morts !

Un cri glaçant lui vrilla les tympans. C'était le mélange entre un gargouillement, un hurlement humain et un sifflement assourdissant. Si la mort elle-même devait avoir un cri, c'était bien celui-là.

Il arriva enfin en vue de son village, et déboula sur la place comme un fou. En s'arrêtant devant la bâtisse principale, il resta figé. Un mot était écrit en rouge, sur la façade, barbouillé grossièrement et à la hâte.

«FUIS !»

En sentant le sol trembler derrière lui, son coeur explosa dans sa poitrine, et il se rua vers l'échelle la plus proche, poussé par un flot d'adrénaline monstrueux. Il y grimpa, se déchirant les mains sur le bois couvert d'échardes, sentant la mort collée derrière lui, à quelques mètres. Il se laissa tomber sur le toit de l'auberge, haletant. Il était hors de danger, mais pour combien de temps ?

Quelque chose heurta son dos. Il se retourna, et se mit à trembler. La tête d'Otaj reposait sur la paille du toit, figée dans une expression de terreur absolue. Non, Otaj était mort dans la forêt, son corps ne pouvait pas être ici... C'était impossible ! La créature ne pouvait pas monter !

Son bras fut saisit par quelque chose de dur et froid. Il déglutit et jeta un regard terrifié à ce qui l'avait agrippé. Une main, vaguement humanoïde, d'une taille inconcevable, couverte d'épines grises et rouges. Il se sentit happé en arrière par une force incroyable, et se retrouva suspendu à trois mètres du sol, se débattant comme un forcené en gémissant de terreur. Il baissa les yeux. La dernière chose qu'il vit était cette geule ornée de crocs irréguliers. Et cet oeil, cet oeil unique qui le fixait cruellement. Tuca hurla.

ODST-01
Niveau 10
29 février 2016 à 13:52:55

ah ouais quand même, bon qui veux de la sauce tomate et du fromage de tête? :hap:

TheEbonyWarrior
Niveau 35
29 février 2016 à 20:15:22

C'est un compliment :hap: ?

ODST-01
Niveau 10
01 mars 2016 à 10:36:10

juste un commentaire humoristique sur la dernière scene

TheEbonyWarrior
Niveau 35
01 mars 2016 à 15:21:00

Je sais enfin :hap:

Quelqu'un pourrais me mp ? Petit manque d'inspi la :-(

DaLiar
Niveau 8
01 mars 2016 à 20:31:38

Dans le chapitre 23, Dakin parle avec Ernard et d'un coup il y a un Afranius qui sourit, est-ce normal ?
Sur ce je retourne à ma lecture

TheEbonyWarrior
Niveau 35
01 mars 2016 à 21:03:16

Bah le personnage s'appelle Ernard Afranius en fait :hap: Mais Il ne se présente qu'une fois donc ca m'etonne pas que tu ais oublié. En fait moi aussi j'avais oublié son nom de famille :rire:

TheEbonyWarrior
Niveau 35
03 mars 2016 à 18:38:20

Je vais mettre la suite ce soir, la prochaine sera peut-etre pas la avant la rentrée

TheEbonyWarrior
Niveau 35
03 mars 2016 à 22:41:04

Chapitre peut-être un peu plus court que le précédent, les devoirs avant la rentrée vous conaissez :hap:

Chapitre 26

Béric courrait sans s'arrêter depuis maintenant presque une heure. Malgré la douleur cuisante qui remontait de sa jambe blessée à chaque foulée, il continuait de s'éloigner de cet endroit maudit, sans même prendre la peine de regarder vers où il se dirigeait. Son coeur cognait douloureusement dans sa cage thoracique, le faisant gémir tout au long de sa fuite désespérée. Il finit par s'arrêter lorsqu'il fut incapable de respirer, les poumons sur le point d'exploser et les jambes en feu. Il tomba à genoux, ouvrit vainement la bouche dans l'espoir d'avaler une bouffée d'air, puis bascula sur le côté et s'évanouit.

Quand il reprit connaissance, il se releva en gémissant, cherchant Petrus du regard. La dure réalité s'imposa d'elle-même : l'impérial avait disparu. Il était de nouveau seul, immobile au milieu de la végétation sombre et insondable, poursuivi par quelque chose. Quelque chose capable d'effrayer une légende vivante. Quelque chose se qui le guettait peut-être en ce moment même, tapis dans l'obscurité.

- Oh, merde... gémit Béric. C'est pas vrai !

Il se releva d'un bond, et se rua sur sa gauche sans réfléchir. Tandis qu'il fuyait, les branches semblaient se tordre autour de lui, comme pour le saisir de leurs extrémités fantomatiques. De toutes parts, des bruits lui parvenaient à travers les feuillages. Soudain, il s'arrêta, pour ne plus bouger du tout, retenant sa respiration. Il avait entendu quelque chose.

Le bruit venait de devant lui. Le bréton voulut faire marche arrière, mais son pied avança tout seul. Il fit un second pas, puis un troisième. Il était entrain de commettre une terrible erreur, il le sentait. Mais il ne pouvait se détourner, comme si son corps était happé en avant, tournant le dos à la moindre once de logique. Il essuya d'un revers de main son front couvert de sueur en arrivant devant un passage taillé à travers les ronces. Puis il s'avança en retenant son souffle.

Il se tenait dans une petite clairière, occupée en son centre par un arbre déraciné. Celui-ci était encerclé de corbeaux, qui s'enfuirent à sa vue, le laissant seul avec un jeune orque. Ou du moins ce qu'il en restait. Au vu de son état et de l'odeur putride qui en émanait, le corps devait bien pourrir ici depuis une semaine. À la vue de cet orsimer à la poitrine lacérée, il fut saisit d'un profond chagrin, sans pouvoir expliquer pourquoi.

Loin derrière Béric, un hurlement inhumain retentit. Et la peur refit brusquement surface.

À quoi jouait-il !? Personne n'avait le temps de s'appesantir sur le sort des morts dans un moment pareil, à moins de vouloir les rejoindre ! Un deuxième cri retentit. Proche, bien plus proche. Beaucoup trop proche. Il se jeta en avant, et sprinta aussi vite que possible, sentant une présence monstrueuse derrière lui. Son coeur se mit de nouveau à cogner dans sa poitrine, mais la douleur lui rappelait que lui au moins était en vie. Apparemment, les habitants du hameau n'avaient pas eu cette chance. Mais...

Au bout d'une petite minute, il arriva en vue d'une clôture de bois de deux mètres de haut. Sa vision lui glaça le sang. Le hameau était devant lui. Il était revenu sur ses pas à son réveil.

- Non, non... chuchota Béric en se prenant la tête entre les mains. Pourquoi...?

«Cours et ne te retournes pas», lui avait dit Petrus. Il avait bien couru, mais dans deux directions opposées. Voilà pourquoi il haïssait les forêts. Devant lui, le sol était couvert de sang et d'entrailles. Une sensation de mort envahissait chaque pore de sa peau et pénétrait au plus profond de son être. Il voulut vomir à cause de l'odeur infecte mais n'y parvint même pas. Il allait mourir ici.

Non ! Il devait rejoindre Petrus à Laindyn, il devait survivre ! Et pour cela, il devait fuir au plus vite. Mais comment ? Derrière lui, il pouvait presque sentir la mort lui sussurer à l'oreille. Devant, des dizaines de cadavres affreusement mutilés. Il se retourna, essayant de se calmer en inspirant profondément. Mais il ne réussit qu'à se faire mal, ses poumons brûlants faisait remonter des ondes de douleur dans son crâne. Alors il se remit à courir à l'aveuglette, encore une fois.

Les mots de son mentor lui donnaient du courage et de l'espoir. Il avait vu quelque chose en lui, depuis leur première rencontre. Alors, s'il lui avait demandé de le rejoindre en lieu sur, c'est qu'il en était capable. Mais il avait la désagréable impression que ses poumons ne pouvaient pas aspirer assez d'air pour lui permettre de tenir le rythme. Il n'allait pas tarder à devoir s'arrêter.

- Ne te retournes surtout pas... répétait-il, autant pour se calmer que pour se concentrer sur autre chose que la fatigue qui le tiraillait.

Non, il ne devait s'occuper que de sa survie, sans regarder en arrière. Car qui sait ce qu'il aurait pu voir en le faisant ?

Peu à peu, la peur disparut, et laissa place à un profond malaise empreint de résignation. Cette forêt était un véritable enfer. Il devait la quitter avant qu'il ne soit trop tard. Il ne pouvait pas prendre le risque de s'arrêter ou de dormir, il n'avait pas le temps de manger. C'était une course contre la mort. Une course contre ses limites.

De l'aube au crépuscule, il continua à courir, sans prêter attention à ses bottes éventrés, à ses pieds écorchés, ou à la faim qui le rongeait. Il devait s'enfuir. Il devait s'enfuir. Il devait s'enfuir. S'enfuir...

Béric se réveilla au milieu des fourrés, ébloui par le soleil, dont l'éclat était en partie filtré par les épais feuillages. Le bréton réagit au quart de tour. Il s'était endormi. Quand ? Peu importait. Il devait retrouver la direction de laquelle il venait, et éviter à tout prix de tourner en rond. Mais ses jambes refusèrent de le porter. Il lui restait à peine assez d'énergie pour se retourner sur le ventre et ramper. Il jeta un oeil à sa blessure à la cuisse, et découvrit son pantalon déchiré. En dessous, une plaie purulente barrait sa jambe, couverte de croûtes noirâtres. Elle avait presque doublé de volume, sous la peau se distinguait une énorme poche pleine de sang infecté et de brindilles.

Cependant, quelque chose lui arracha un faible sourire. Il se sentait... Au chaud. En sécurité. Une lueur blanche le baignait dans sa chaleur, soignant ses blessures et apaisant son esprit.

Une voix retentit :

- Papa ! Tu es rentré !

Il se redressa en sursaut, faisant craquer ses articulations endolories. La lumière disparu, de même que l'étrange voix. Quelqu'un l'avait appelé. Mais qui ?

Il tenta encore une fois de se lever, mais se laissa retomber sur le dos en criant tant la douleur était forte. En gémissant, il ferma les yeux, pour les rouvrir peu après. L'ambiance avait changé. Il ne ressentait plus le moindre danger, si ce n'était celui de sa mort imminente, suite à un effort démesuré et une vilaine blessure. La chose était partie. Il fut également surpris de constater que la longue cape immaculée de Petrus reposait sur ses épaules. Même en ces moments difficiles, il continuait de le guider.

Il se mit à ramper sur le sol, tentant de ne pas perdre conscience à cause de la douleur. Au bout de longues minutes, qui le firent souffrir comme il ne l'avait jamais fait, sa main rencontra un liquide froid. Une rivière. Il plongea la tête dans le cours d'eau et s'abreuva longuement. Il releva la tête, une éternité plus tard, haletant. Il avait cru mourir. En rampant quelques minutes de plus aux alentours, il parvint à dénicher quelques champignons, qu'il mangea en priant pour ne pas s'empoisonner. Heureusement, la nourriture semblait comestible, et il recouvra assez de force pour s'adosser à un arbre.

Il plaça ses mains sur sa blessure, qui le faisait maintenant trembler tant elle devenait douloureuse. Il serra les dents, puis appuya légèrement sur la plaie. Il eu le sentiment que sa jambe explosait, et chuta sur le côté, suffoquant, laissant les larmes couler le long de ses joues creusées.

- Non non non, articula t-il en gémissant, recroquevillé sur le sol. Pourquoi moi ? Pourquoi moi...

Il fut lentement saisit d'un sentiment d'impuissance et de faiblesse. Avait-il souffert pendant un mois d'entraînement acharné pour mourir d'une pauvre petite blessure ? Avait-il échappé à une créature infernale pour mourir à cause d'une morsure de loup ? Non, il ne pouvait l'accepter !

Béric hurla de rage et appuya de toutes ses forces sur sa jambe, faisant éclater une membrane de peau. Un mélange de pus et de sang en gicla dans un bruit immonde. Il ne sentit pas la moindre douleur dans un premier temps. Puis il hoqueta, incapable de hurler, et se mit à pleurer. Il trouva malgré tout le courage et la force de déchirer ce qu'il restait de sa sacoche pour l'enrouler fermement autour de sa cuisse couverte de sang.

- C'est bon, ca va tenir, gémit-il avant d'être frappé de plein fouet par une douleur incroyable.

Il avait l'impression que chaque centimètre carré de sa peau était écorché puis recousu, et ainsi de suite. C'était un véritable miracle que son coeur puisse supporter quelque chose d'aussi violent sans lâcher. Il finit cependant par s'endormir, terrassé par un mélange de douleur et de désespoir.

Dans les jours qui suivirent, il consacra l'intégralité de ses efforts à la chasse. Malgré son manque évident de talent dans le domaine, il parvint à capturer un lapin, ainsi que quelques serpents, ce qui lui permit de se remettre convenablement. Sa plaie à la cuisse commençait lentement à cicatriser, il pouvait désormais marcher, bien qu'en boitant maladroitement. Malgré cette blessure, il avait trouvé la force d'explorer les alentours à la recherche de tout ce qui pourrait lui être utile. Il avait d'ailleurs trouvé un long bâton de sèdre, près du cadavre d'un moine khajiit noyé dans les marais, et s'en servait pour s'aider à marcher.

Après cinq jours de convalescence, il décida qu'il était finalement temps pour lui de rejoindre Petrus à Laindyn. Il ne mit que quelques heures pour quitter la forêt, mais dormi une dernière fois à la lisière de celle-ci, peu désireux de faire route de nuit.

À son réveil, il saisit ses affaires et regarda longuement les arbres qui l'entouraient. Petrus avait été effrayé par la chose qu'il avait senti. Aurait-ce été la goule ? Si tôt après le début de leur voyage ? Cela semblait peu probable, mais c'était la seule explication plausible pour le moment. Peut-être l'impérial n'avait-il même pas survécu... Si, bien sûr que si, une légende ne mourrait pas dans une forêt marécageuse, oublié de tous. En tout cas, Laindyn était un royaume vaste, où l'on trouvait seulement quelques villages éparpillés. Ce ne serait pas une mince affaire de le retrouver.

Tandis qu'il s'éloignait de cette forêt, qui avait tenté par tous les moyens d'être son tombeau, il se retourna et lui adressa un splendide doigt d'honneur. Il avait perdu la majeure partie de ses muscles, ses yeux étaient cernés, une barbe hirsute couvrait le bas de son visage. Mais il avait survécu. Et il comptait profiter de la vie encore longtemps.

Loin, très loin devant lui, au sommet d'une montagne escarpée, une ombre immense esquissa un mouvement. Sortant de la grotte où elle se trouvait, elle poussa un hurlement à faire trembler le sol, puis se mit à lacérer la roche de ses longues griffes osseuses.

Une silhouette, celle d'un homme, minuscule en comparaison, s'approcha lentement et posa la main sur la patte de la créature. Une voix gutturale s'échappa de son casque métallique :

- Je sais, l'orque n'avait pas bon goût... Je te l'avais dit, le petit bréton qui gambadait à côté était un bien meilleur choix. Enfin...

Une autre voix tout aussi sinistre se fit entendre derrière les deux ombres.

- Regarde-moi ca, il y a du nouveau...

Une lettre fut lancée de la caverne et saisie au vol par le premier individu. Il jeta un oeil à son contenu, puis éclata d'un rire fou teinté de cruauté.

- Petrus Cicere, rien que cela ? Enfin, on va bien s'amuser, ma belle. Pas vrai ?

La goule esquissa un sourire abominable, et hurla une nouvelle fois, faisant retentir son cri déchirant à travers la vallée. Le monde allait craindre leur retour, cela ne faisait aucun doute.

DaLiar
Niveau 8
06 mars 2016 à 18:15:14

Quelle talent ce Petrus ! On reconnaît une légende :noel:

TheEbonyWarrior
Niveau 35
06 mars 2016 à 21:03:33

Suite ce soir :-)

Sujet : [Fic] Au cœur de la tempête
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